Atelier d infiltration. Guylaine Arsenault, M.D., F.R.C.P.C, Service de rhumatologie Université de Sherbrooke



Documents pareils
Quel que soit le matériel d ostéosynthèse, un certain nombre de principes permettent de bien conduire le geste chirurgical

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

LES TROUBLES MUSCULO- SQUELETTIQUES

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Accidents des anticoagulants

Chirurgie articulaire secondaire Pr. Philippe PELISSIER

L ACCÈS VEINEUX DE COURTE DURÉE CHEZ L ENFANT ET LE NOUVEAU-NÉ

LES TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES. Le 2 décembre 2008

Après l intervention des varices. Informations et conseils sur les suites du traitement. Réponses aux questions fréquemment posées

Douleurs des mains. Douleurs des mains les plus fréquentes: pertinence, causes, traitements. C.Zenklusen septembre 2013

La main traumatique: traumatismes ostéo- articulaires des doigts longs. DR Moughabghab

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

et l utilisation des traitements biologiques

Institut Régional de Réadaptation Nancy DUHAM 2010

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 10 mai 2006

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR. Delphi 0,1 % crème Acétonide de triamcinolone

Maintien. Maintien et Immobilisation

INJECTION INTRAMUSCULAIRE

Item 123. Psoriasis. Insérer les T1. Objectifs pédagogiques

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

Traiter la goutte sans être débordé

Les postures, l appareillage Point de vue du médecin MPR. Dr. P. LUBLIN MOREL CMPR de COUBERT 2011

Prépration cutanée de l opéré

Plan de traitement en massothérapie clinique Par: Roberto poirier PATHOLOGIES CERVICALES

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

PROTOCOLE SONDAGE VESICAL

w w w. m e d i c u s. c a

Insulinothérapie et diabète de type 1

Chambres à cathéter implantables

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

GUIDE DE FABRICATION LES ORTHÈSES TIBIO-PÉDIEUSES. Programme de réadaptation physique

le traitement de la douleur

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

Muscles de l'avant-bras et de la main

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

Risques liés à l'activité physique au travail Hyper sollicitation articulaire

Les anomalies des pieds des bébés

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

BIOPSIE PAR ASPIRATION Sous stéréotaxie

LES ORTHESES DE COMPRESSION CONTENTION

Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

Articulations du coude et de l avant-bras

Amputations partielles traumatiques de la main. Colette Gable - Ergothérapeute CDS - IRR Nancy

LE SPORT POUR CHACUN! Docteur CASCUA Stéphane Médecin du sport

Prise en charge médico-technique d une hémiparesie spastique: Evaluation clinique et instrumentale

RÈGLEMENT ANNOTÉ SUR LE BARÈME CORPORELS

BIOPSIE de MOELLE OSSEUSE

Au programme. Les blessures fréquentes chez les coureurs de fond

& BONNES POSTURES TMS TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES. Le guide. Guide offert par la MNT

E03 - Héparines non fractionnées (HNF)

Suva Sécurité durant les loisirs Case postale, 6002 Lucerne. Renseignements Tél

Protocoles canins pour les traitements par ondes de choc radiales STORZ MEDICAL

Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

Les luxations et instabilités de l'épaule Professeur Dominique SARAGAGLIA Mars 2003

La chirurgie dans la PC

D re Francine Borduas, médecin de famille, Québec D r Richard Blanchet, médecin de famille, expert en médecine du sport, Québec D r David Dixon,

A.V.C. Solutions aux séquelles neurologiques du membre inférieur et supérieur. d ATTELLES NEURO - ORTHOPÉDIQUES

Collection Soins infirmiers

PRADO, le programme de retour à domicile

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Problèmes locomoteurs

Prise en charge des fractures du fémur par enclouage intra-médullaire

La technique en 7 étapes. Déroulement du mouvement. ASTA Association Suisse de Tir à l Arc. Conseil des entraîneurs

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 novembre 2009

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

La contention. Application pratique. Le choix unanime des professionnels de la santé et des sportifs

IFAS 11 décembre janvier M. BLOT Ergothérapeute. CHU de NIMES

Item 123 : Psoriasis

Imagerie interventionnelle en pathologie ostéo-articulaire

Athénée Royal d Evere

Lombalgie inflammatoire. François Couture Rhumatologue Hôpital Maisonneuve Rosemont Avril 2010

NOTICE : INFORMATIONS DESTINÉES A L UTILISATEUR. Firazyr 30 mg solution injectable en seringue pré-remplie Icatibant

La reprise de la vie active

La mécanique sous le capot

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

SOINS DE PRATIQUE COURANTE. Prélèvement aseptique cutané ou de sécrétions muqueuses, prélèvement de selles

SYNDROME DU TUNNEL CARPIEN, EPICONDYLITE ET TRAVAIL : POINT DE VUE DU RHUMATOLOGUE

Genou non traumatique

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

FRACTURES OUVERTES DE JAMBE STRATEGIE DE PRISE EN CHARGE

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Les nouveaux anticoagulants oraux (NAC)

Ceinture Home Dépôt. Orthèse lombaire et abdominale. Mother-to-be (Medicus)

Information au patient

Guide de fabrication. Les orthèses tibio-pédieuses. Programme de réadaptation physique

I. TECHNIQUES DE RÉÉDUCATION ET DE RÉADAPTATION 1. KINÉSITHÉRAPIE PASSIVE : PAS D ACTION MUSCULAIRE VOLONTAIRE DU PATIENT

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

La sternotomie. Conseils à suivre après votre intervention

Biomécanique des pathologies de contraintes de l avant-pied et du médio-pied

STOP à la Transmission des microorganismes!

NETTOYAGE ET CONDITIONNEMENT DU MATERIEL DE SOINS EN VUE DE LA STERILISATION

Transcription:

Atelier d infiltration Guylaine Arsenault, M.D., F.R.C.P.C, Service de rhumatologie Université de Sherbrooke

Plan Généralités sur la ponction articulaire Contre-indications Complications Matériel Corticoïdes Le geste infiltratif Répétition des infiltrations Que faire avec le liquide Techniques d infiltration

Généralités sur la ponction articulaire Buts Retrait de liquide synovial ou injection localisée de substance active Intra-capsulaire Extra-capsulaire Bourse Péri-tendineux Gaine synoviale Principe de l infiltration Concentration importante localement de corticoïdes permettant une activité anti-inflammatoire maximale et un effet analgésique et anti-fibrotique

Contre-indications Absolues Infection au site d injection ou à distance Dermatose (psoriasis, eczéma) au site d injection Matériel étranger au site d injection (prothèse, ostéosynthèse) Instabilité de l articulation (rupture ligamentaire, neuroarthropathie) Hypocoagulabilité majeure (thrombopénie sévère, INR très élevé) Fracture intra-articulaire

Contre-indications Relatives Hypocoagulabilité modérée (INR 2,5-3,0) Diabète Psychose aiguë Chirurgie ganglionnaire récente Hypertension artérielle sévère non-contrôlée Plus de trois infiltrations au même site au cours de la dernière année

Complications articulaires Arthrite septique Risque de 1/71 000, si technique appropriée Présentation en 48-72h Staphylocoques Arthrite aux microcristaux de corticoïdes ou aux injections d acide hyaluronique Présentation en 24h avec régression en 1-2 jours Prévention avec AINS pour 24-48h, glace locale Hémarthrose Chez patient avec coagulopathie sévère Ponction très traumatique Chondrolyse rapide Stéroïdes versus maladie sous-jacente Surtout si infiltrations répétées

Complications péri-articulaires Rupture tendineuse Ne jamais injection de corticoïdes dans un tendon Dépigmentation de la peau et atrophie locale sous-cutanée Surtout avec les injections de corticoïdes fluorés ou de longue action Surtout avec les injections extra-articulaires Reflux sur le trajet de l aiguille Afin de minimiser Compression locale Minimiser la mobilisation pendant 24-48h Calcifications au site d injection

Complications liés au produit Hypercorticisme transitoire ou prolongée +/- corticodépendance Doses élevés, cristaux solubles ou injections répétées Flushing Malaise vagal Personnalité, technique, anesthésiques locaux Anaphylaxie Anesthésiques locaux Hypertension Nécrose avasculaire Extrêmement rare

Matériel Aiguilles Calibre Infiltration seulement: plus petit calibre Drainage: 22 ou plus Longueur suffisante Seringues jetables Gants non-stériles Désinfectant Chlorhexidine alcoolique ou non (3 applications) Proviodine: laisser sécher le produit pour stérilisation Savon au préalable si souillé +/- Anesthésique local

Corticoïdes Peu solubles Dépomédrol (Acétate de méthylprednisolone) 40 mg/ml ou 80 mg/ml 1 mg équivaut à 1,25 mg de Prednisone Kenalog (Acétate de triamcinolone) 10 mg/ml ou 40 mg/ml 1 mg équivaut à 1,25 mg de Prednisone Utilisation strictement intracapsulaire Très insolubles Aristospan (Hexacétonide de triamcinolone) 20 mg/ml 1 mg équivaut à 1,25 mg de Prednisone Utilisation strictement intracapsulaire Éviter les corticoïdes fluorés (Décadron ou Célestone)

Corticoïdes Infiltration péri-articulaire Dose selon la pathologie Corticoïde de courte demi-vie Éviter les dérivés fluorés ou triamcinolone pour diminuer atrophie cutanée Maximum de 40 mg de Dépomédrol sauf si très large surface Dose selon la pathologie Intra-capsulaire Corticoïde de longue action Maximum de 80 mg, voire 120 mg de Dépomédrol par articulation Poignet: 1 à 1,5 cc IPD: 0,5 cc MCP, IPP, MTP: 0,75 à 1 cc

Le geste infiltratif Toujours aspirer avant d injecter Si liquide synovial: intéressant pour le diagnostic Si sang veineux ou artériel: repositionnement Ne jamais injecter dans un tendon Risque de rupture Ne jamais injecter contre résistance Repos relatif pour 24-72h Efficacité plus importante et plus prolongée

Répétition des infiltrations Attendre 4-6 semaines entre les infiltrations de corticoïdes Éviter de faire plus de 3 infiltrations par site par année Si vous ressentez le besoin d injecter plus souvent Reconsidérez votre diagnostic ou le traitement Erreur de diagnostic? Autre traitement médical ou chirurgical préférable?

Quoi faire du liquide? Les prélèvements doivent être acheminés le plus rapidement possible au laboratoire Éviter la contamination Éviter l erreur de décompte cellulaire Éviter l erreur dans l interprétation de recherche de cristaux Tube à bouchon rouge brique: culture À prioriser si peu de liquide et suspicion d infection Tube à bouchon lavandre (EDTA): décompte cellulaire (1 ml) Tube à bouchon vert (héparine): recherche de cristaux (1 ml) À prioriser si pas suffisamment de liquide pour le tube lavandre et vert

Techniques d infiltration Épaule Intra-articulaire Approche postérieure Approche antérieure Sous-acromiale Cheville Intra-articulaire Tibio-astragalienne Sous-astragalienne Pied Intra-articulaire MTP

Infiltration de l épaule Approche postérieure Assis, le bras le long du corps Localiser l apophyse coracoïde et l angle postérieur de l acromion (jonction du bord de l acromion et de l épine de l omoplate) Insérer l aiguille à 1,5 cm sous l angle postérieur de l acromion en direction de l apophyse coracoïde

Infiltration de l épaule Approche antérieure Assis, le bras le long du corps ou décubitus dorsal avec le bras allongé Localiser l apophyse coracoïde Insérer l aiguille à 1 cm en inféro-latéral de l apophyse coracoïde, perpendiculaire à la peau Attention: plexus brachial, l artère et la veine axillaire passe en inféro-médial

Infiltration sous-acromiale Assis, le bras le long du corps Localiser l acromion et le sillon sous-acromial Insérer l aiguille sous le rebord inférieur de l acromion

Infiltration tibio-astragalienne Décubitus dorsal Localiser l interligne articulaire à la palpation et en mobilisant la cheville Localiser le tendon tibial antérieur Insérer l aiguille en latéral (ou en médial) du tendon tibial antérieur dans l interligne articulaire sur environ 2 cm Attention: artère pédieuse est latérale au tendon tibial antérieur

Infiltration sous-astragalienne

Infiltration sous-astragalienne Décubitus dorsal, membre inférieur en légère rotation interne Localiser la malléole externe Garder la cheville en légère inversion Insérer l aiguille dans le sinus du tarse, sous la malléole externe sur environ 2 cm

Infiltration MTP du gros orteil Décubitus dorsal Localiser l interligne articulaire en appliquant une légère traction sur la phalange Garder l articulation fléchie à environ 20 degrés Insérer l aiguille sur le bord antéro-latéral ou antéromédial, sur environ 1 cm

Questions? Références Béliveau, Pierre. Infiltrations: Quand? Comment? 40 techniques. Éditions sciences et culture inc., 1990 Tremblay, Jean-Luc. L examen musculosquelettique. Les presses de l Université de Montréal, 2009. Remerciement Dr Gilles Boire Dr Patrick Liang

Infiltration fascia plantaire Décubitus ventral Localiser le point douloureux maximal au niveau de l attache du fascia à l aspect antéromédial de la base du calcanéum Insérer l aiguille au site douloureux Injection en étoile Attention: dernier recours après autres modalités

Infiltration sous-acromiale