ARBITRAGE EN VERTU DU RÈGLEMENT SUR LE PLAN DE GARANTIE DES BÂTIMENTS RÉSIDENTIELS NEUFS (décret du 17 juin 1998)

Documents pareils
X X. Demandeurs. Entreprise DÉCISION DEMANDE D EXAMEN DE MÉSENTENTE EN MATIÈRE D ACCÈS.

Organisme d arbitrage autorisé par la Régie du bâtiment : CENTRE CANADIEN D ARBITRAGE COMMERCIAL (CCAC) Christian Maari (ci-après «le Bénéficiaire»),

TRIBUNAL D ARBITRAGE

TRIBUNAL D ARBITRAGE

Convention européenne sur l'arbitrage commercial international. Genève, 21 avril 1961

Organisme d arbitrage autorisé par la Régie du bâtiment : Centre canadien d arbitrage commercial (CCAC)

Régie du Bâtiment Société pour la résolution des conflits Inc. Plan de garantie no: Dossier

Loi du 20 décembre 2002 portant protection des conseillers en prévention (MB )

Dossier # : Diane Corbeil Bénéficiaire Intimée

SENTENCE ARBITRALE DU COLLEGE ARBITRAL DE LA COMMISSION DE LITIGES VOYAGES

Cour de cassation Chambre commerciale Cassation partielle 30 mars 2010 N

DENIS THIBAULT Demandeur. Entreprise. réclamée. Elle lui confirme que La Capitale, Compagnie d assurance générale (ci-après

LE PROCUREUR CONTRE JEAN-PAUL AKAYESU. Affaire N ICTR-96-4-T

Règlement des prêts (Adopté par le Conseil d administration par la Résolution 1562, le 14 novembre 2013)

POLICE D ASSURANCE AUTOMOBILE DU QUÉBEC F.P.Q. N O 5 FORMULE D ASSURANCE COMPLÉMENTAIRE POUR DOMMAGES ÉPROUVÉS PAR LE VÉHICULE ASSURÉ

Texte de l'arrêté "Site e-business"

DEPENSE ET CHARGES PUR LE LOCATAIRE ET LE PROPRIÉTAIRE

MÉMOIRE DE FRAIS. À jour le 26 mars 2014 I FORME :

COUR SUPÉRIEURE «Procédure allégée»

M. Lacabarats (président), président SCP Lyon-Caen et Thiriez, SCP Masse-Dessen, Thouvenin et Coudray, avocat(s)

LEGAL FLASH I BUREAU DE PARIS

FOCUS: CONFLITS ENTRE MEDECINS : CONCILIATION OU ARBITRAGE?

DÉCISION DU TRIBUNAL DE LA SÉCURITÉ SOCIALE Division générale Assurance-emploi

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS N , , , , M. Olivier Yeznikian Rapporteur

COMMISSION DE L ÉQUITÉ SALARIALE

M. A M. B DÉCISION LA DEMANDE D EXAMEN DE MÉSENTENTE EN MATIÈRE D'ACCÈS

BUREAU DES RÉGISSEURS Régie du bâtiment du Québec

ARBITRAGE En vertu du Règlement sur le plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs (Décret du 17 juin 1998)

B.O.I. N 71 DU 6 OCTOBRE 2011 [BOI 7I-1-11]

Politique de l'acei en matière de règlement des différends relatifs aux noms de domaine Version 1.3 (le 22 août 2011) ARTICLE 1 INTRODUCTION

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU NOM DU PEUPLE FRANçAIS

N de convention Audencia/MAE à rappeler pour toute candidature : 97/08

CONTRAT DE SOUS-LOCATION TABLE DES MATIÈRES

CONVENTION DE SERVICE D'INSPECTION D'UN IMMEUBLE PRINCIPALEMENT RÉSIDENTIEL ET : SPÉCIMEN. Téléphone : No du membre. Courriel :

Les crédits à la consommation

données à caractère personnel (ci-après "la LVP"), en particulier l'article 30 ;

Tél. : Le Ministre de l'agriculture et de la pêche. Messieurs les directeurs régionaux de l'agriculture et de la forêt

DÉCISION DU TRIBUNAL DE LA SÉCURITÉ SOCIALE Division d appel Décision d appel

TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE LILLE N Mme Dejana R M. Dzibrail R RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

LOI DU 3 JUILLET 1978 RELATIVE AUX CONTRATS DE TRAVAIL, LA CONVENTION D'UN SALAIRE MENSUEL GARANTI A CERTAINS EMPLOYES EN CAS

CONVENTION REGISTRE - BUREAU D ENREGISTREMENT

ARBITRAGE DE GRIEF EN VERTU DU CODE DU TRAVAIL DU QUÉBEC (L.R.Q., c. C-27) CENTRE HOSPITALIER LE GARDEUR

Cour de cassation de Belgique

Juillet 2013 Recommandations de l ASB et de la COPMA relatives à la gestion du patrimoine conformément au droit de la protection des mineurs et des

ARRÊT DU 30 Novembre Décision déférée à la Cour : Jugement du Tribunal de Commerce de SAINT ETIENNE du 16 novembre N rôle: 2004/369

Advenue cette audience, le Tribunal a vidé son délibéré.

DU COMMERCE DES VALEURS MOBILIÈRES

ORDONNANCE D EXPERTISE DU TRIBUNAL CANTONAL DES ASSURANCES SOCIALES. Chambre 2

Jeu de la conso : 8 L'achat d'un véhicule d'occasion

INTERNATIONAL TRIBUNAL FOR THE LAW OF THE SEA TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA MER Communiqué de Presse (Publié par le Greffe)

MODIFICATIONS DU COMPTE EPARGNE TEMPS

Article 1 er. Code de la santé publique Texte précédent. Nouveau texte. 28/11/2012 Evelyne Pierron Consultants. Article R

COUR DU QUÉBEC «Division des petites créances»

DU 3 JUILLET 1978 RELATIVE AUX CONTRATS DE TRAVAIL, LA CONVENTION COLLEC- MENSUEL GARANTI AUX OUVRIERS EN CAS D'INCAPACITE DE TRAVAIL

POLITIQUE D ASSISTANCE AUX MEMBRES DU SEM

Articles-CODE DES ASSURANCES

L ASSURANCE COLLECTIVE : LES DÉFIS ÉMERGEANTS. Présentation du 27 octobre Par Me MICHEL GILBERT GRONDIN POUDRIER BERNIER S.E.N.C.R.L.

ACCORD ENTRE LE GOUVERNEMENT DE LA PRINCIPAUTE DU LIECHTENSTEIN ET LE MATIERE FISCALE

PLAN DE GARANTIE DE CONSTRUCTION RÉSIDENTIELLE CONVENTION D ADHÉSION

Loi organique relative à la Haute Cour

Karine POTHIN-CORNU AVOCAT A LA COUR

CONDITIONS GENERALES DE VENTE DU SITE PROTIFAST.COM

Cour de cassation de Belgique

DÉCISION DU TRIBUNAL DE LA SÉCURITÉ SOCIALE Division générale Assurance-emploi

Cour de justice de l Union européenne COMMUNIQUE DE PRESSE n 70/14

Contrat de creation de site web et de maintenance

PUBLICITÉ, DOCUMENTATION COMMERCIALE ET CORRESPONDANCE

Commission des Praticiens en Me decine Douce du Que bec

rendu le 26 Janvier ST DENIS LA PLAINE CEDEX S.A.R.L. DIAGNOSTIC IMMOBILIER DU NORD 475 rue Guynemer FERRIERE LA GRANDE défaillant

COUR SUPÉRIEURE SOUS LA PRÉSIDENCE DE : L HONORABLE YVES MAYRAND, J.C.S. MOTIFS ET JUGEMENT Art (2) L.F.I.

_Canada. a l'egard de. y compris les motifs de decision. Compte rendu des deliberations, Best Theratronics Ltd. Demandeur

Adresse : Ville : Pays : Code Postal:

CONTRAT OBSEQUES ET TUTELLE : UN ARRET* PRECISE LES MODALITES D APPLICATION

PROTOCOLE D'ENTENTE ENTRE

DES GOUVERNEMENTS DES ETATS MEMBRES Secrétariat CONF 3980/96

625, rue St-Amable Québec (Québec) G1R 2G5. AVENANT - COMPTE DE RETRAITE IMMOBILISÉ DU MANITOBA (CRI-Manitoba)

Description du Service Service de suppression certifiée des données :

Nouvelles versions des formulaires d assurance automobile entrée en vigueur le 1 er février 2010

Vu la demande d'avis de M. Christos DOULKERIDIS, Secrétaire d Etat au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale reçue le 23/02/2012;

L'an deux mil quatorze Et le vingt un octobre

CONTRAT DE MAINTENANCE INFORMATIQUE MISE A JOUR SITE INTERNET

2. Le contrat de location ne comporte aucune stipulation visant le cas de résiliation à l'initiative du locataire.

D)- un pouvoir spécial si le déclarant n'est pas le responsable légale de l'entreprise (Cf. modèle en annexe 7)

VÍCTOR PEY CASADO ET AUTRE REPUBLIQUE DU CHILI. (Affaire CIRDI ARB/98/2) Procédure de révision

FORMULAIRE DE POLICE D ASSURANCE AUTOMOBILE DU QUÉBEC (F.P.Q.)

COMMUNICATION N D. 134

AUDIENCE PUBLI~UE ORDINAIRE DU 11 DECEMBRE Madame FlAN A. ROSINE MOTCHIAN Président; Messieurs BAGROU B. Isidore" Assesseurs,

490 février ASSURALIA Convention RC Auto/RC Exploitation. Convention RC Auto / RC Exploitation TABLE DES MATIERES

JDA Software Contrat de Licence Utilisateur Final

Bulletin en recours collectifs

N Q.)~ ARRET COUJ~ D'APPEL D'AMIENS ARR~=T DU 06 AVRIL 2006 PARTIES EN CAUSE: : &L: INTIMEE DEBATS PPELANTE RG :,05/00092 SA A: PARIS.

Vers la création d un service d appui aux consommateurs en Wallonie

CI-APRÈS DÉSIGNÉ LE «MINISTÈRE»,

POLITIQUE RELATIVE À LA PROCÉDURE DE TRAITEMENT DES PLAINTES

CONSEIL DE LA MAGISTRATURE LE MINISTRE DE LA JUSTICE DU QUÉBEC. - et - - et - - et - - et - RAPPORT DU COMITÉ D'ENQUÊTE

GUIDE POUR LA MISE SUR LE MARCHÉ DE DISPOSITIFS MÉDICAUX SUR MESURE APPLIQUE AU SECTEUR DENTAIRE

CNW Telbec code 1 Sous embargo jusqu à 10 h 45 le 21 novembre Une industrie à surveiller de très près!

L'APPLICATION DANS LE TEMPS DES ASSURANCES DE RESPONSABILITE CIVILE

Transcription:

ARBITRAGE EN VERTU DU RÈGLEMENT SUR LE PLAN DE GARANTIE DES BÂTIMENTS RÉSIDENTIELS NEUFS (décret 841-98 du 17 juin 1998) Organisme d'arbitrage autorisé par la Régie du bâtiment : Le Groupe d'arbitrage et de médiation sur mesure (GAMM) ENTRE : ET : ET : Christine Bériault et Philip Noordberg (ci-après les «bénéficiaires») Synergie Construction-Conseils inc. (ci-après l'«entrepreneur») La Garantie Habitation du Québec inc. (ci-après l'«administrateur») N o dossier QH : 10436-1 N o dossier GAMM : 2005-09-027 SENTENCE ARBITRALE Arbitre : Pour les bénéficiaires : Pour l'entrepreneur : Pour l'administrateur : M. Claude Dupuis, ing. M. Claude Latulippe M. Louis Bombardier M e Avelino De Andrade Date d audience : 31 mars 2006 Lieu d'audience : Carignan Date de la sentence : 28 avril 2006

Page : 2 I : INTRODUCTION [1] À la demande de l'arbitre, l'audience s'est tenue à la résidence des bénéficiaires. [2] Selon les dispositions du plan de garantie, les bénéficiaires ont déposé une plainte relativement à l'état général des armoires (portes, tiroirs et panneaux) de la cuisine, incluant l'îlot et le comptoir de service de la salle à manger, soit fendillement, peinture écaillée et espacement visible à la jonction des pièces de bois. [3] À la suite de cette réclamation, l'administrateur, en date du 2 juin 2005, émettait une première décision, demandant à l'entrepreneur de «faire les vérifications nécessaires et les correctifs requis». [4] Une deuxième décision de l'administrateur, datée du 8 décembre 2005, se présentait comme suit : 1. ARMOIRES ET TIROIRS : CUISINE, ÎLOT ET COMPTOIR DE SERVICE La présente fait suite aux vérifications par l'entrepreneur tel que requis au point 1 du rapport du 2 juin 2005. Un rapport d'expertise en laboratoire réalisé et signé par Monsieur François Faucher, directeur de la firme CanLak, révèle que la porte analysée ne montre aucun défaut. Après discussions avec M. Faucher, le délaminage dans les joints serait causé par l'utilisation du produit. En conséquence, l'entrepreneur a donné suite à ses obligations demandé au rapport d'inspection du 2 juin 2005 et fait les vérifications requises, lesquelles ne résulte pas d'une malfaçon du produit à la livraison. Or, suivant les conclusions de ce rapport, ce point ne peut être considéré comme un vice caché de la responsabilité de l'entrepreneur. Par conséquent, La garantie Qualité-Habitation ne peut reconnaître ce point dans le cadre de son mandat. [sic] [5] En cours d'enquête, en plus des représentants des parties, les personnes suivantes sont intervenues :

Page : 3 B M me Christine Bériault, bénéficiaire B M. Philip Noordberg, bénéficiaire B M. Pierre L'Écuyer, représentant le fabricant d'armoires B M. André L'Écuyer, représentant le fabricant d'armoires B M. Jacques Bernier, représentant technique produit de finition II : POSITION DES BÉNÉFICIAIRES [6] Les armoires ainsi que les tiroirs faisant l'objet de la réclamation ont été sous-traités de l'entrepreneur à Delcraft inc. [7] Le contrat prévoyait l'application de teinture sur ces panneaux d'érable plutôt que de peinture comme c'est le cas, alors qu'il est très difficile de faire adhérer de la peinture sur du bois massif sans que cette dernière ne réagisse. [8] Peu après la prise de possession, un premier fendillement est apparu; puis, par la suite, se sont manifestés d'autres fendillements, des écaillements et des ouvertures de joints. [9] M. Latulippe, l'expert des bénéficiaires, est d'avis que le manufacturier aurait dû appliquer de la teinture et non de la peinture sur les panneaux d'érable; le bois dur absorbant très peu la peinture, celle-ci peut écailler aux extrémités lorsque le bois varie. [10] Selon lui, l'application de peinture sur du bois dur est non conforme et va à l'encontre des règles de l'art. [11] La fissuration se produit sur des panneaux larges au moment où la peinture casse. [12] Le témoin explique que le fendillement peut être causé par des variations d'humidité ou de température.

Page : 4 [13] Toujours selon M. Latulippe, un bois qui ne possède pas de capillarité importante se doit d'être teint, sans quoi des fissures apparaîtront; il ajoute que le sous-traitant Delcraft inc. aurait dû informer les bénéficiaires quant à la possibilité d'obtenir des résultats comme ceux constatés à ce jour. [14] Il n'existe dans ce dossier aucune preuve d'usage abusif ou de mauvais contrôle d'humidité. Des dommages sont apparus dans des endroits non atteignables suite à une pénétration d'air dans les joints, causant ainsi des éraflures. [15] Les bénéficiaires ont choisi leur couleur dans la salle de montre du manufacturier; personne ne les a informés à savoir si c'était de la peinture ou de la teinture qui était appliquée sur les éléments en démonstration. [16] Les déficiences apparaissent graduellement et sont de plus en plus nombreuses, alors que les contrôles de température et d'humidité sont toujours stables. [17] Les bénéficiaires nous informent que leurs meubles sont teints, qu'ils ont été installés deux jours après la pose des armoires et qu'ils n'ont subi aucun dommage. III : POSITION DE L'ADMINISTRATEUR ET DE L'ENTREPRENEUR [18] M. L'Écuyer, représentant du fabricant des armoires, nous informe que son entreprise produit de 400 à 500 unités par année. Le témoin indique que le fendillement sur les panneaux centraux est causé par un chauffage excessif et un mauvais contrôle de l'humidité; ces conditions, dit-il, sont aussi la cause de l'écaillement. [19] Sur un document de spécifications de commande de Delcraft à l'entrepreneur, la couleur indiquée est «335»; M. L'Écuyer avance que c'est là la couleur que les bénéficiaires ont choisie et que ce numéro de couleur correspond uniquement à de la peinture. [20] Un autre document de Delcraft à l'entrepreneur, soit une estimation de prix en rapport avec les armoires des bénéficiaires, indique à trois endroits «érable teint»; à

Page : 5 cet égard, M. L'Écuyer affirme que le mot «teint» apparaissant sur les pages de ce document peut tout aussi bien signifier teinture que peinture. [21] M. Bernier est représentant d'une entreprise de finition qui compte parmi les fournisseurs de Delcraft. Il conclut, de son expérience de 25 ans dans le domaine du bois, qu'il s'agit bel et bien ici d'un problème d'humidité et non pas de fabrication ou de livraison d'armoires. [22] Il affirme qu'il serait impossible d'obtenir la couleur choisie par les bénéficiaires avec de la teinture; d'ailleurs, dans des conditions similaires d'environnement, la teinture elle-même aurait causé du fendillement. [23] Il admet aussi que des problèmes d'humidité lors de la construction des armoires à l'usine auraient occasionné les mêmes résultats. [24] Selon M. Bernier, l'humidité est maintenant adéquatement contrôlée dans la résidence des bénéficiaires; toutefois, s'il y a encore progression dans les défauts, cette dernière est une conséquence de la fissuration de départ; voilà pourquoi les autres meubles des bénéficiaires ne subissent pas de dommages. [25] Le procureur de l'administrateur est d'avis que les bénéficiaires ont obtenu ce qu'ils ont demandé; certes, ils n'ont pas été informés des conséquences de leur choix; cette obligation d'information, même si couverte dans le Code civil, ne l'est point dans le plan de garantie. [26] M. Latulippe a fait mention de l'usage de deux produits incompatibles; rappelons que Delcraft fabrique 400 unités par année et n'a jamais eu de réclamation. [27] Les bénéficiaires ne pouvaient pas obtenir leur choix de finition avec de la teinture. [28] Le procureur cite l'article 1726 du Code civil (vice caché) et indique qu'il n'existe pas une telle gravité dans le présent dossier.

Page : 6 [29] Même si l'arbitre concluait à un vice caché, la dénonciation par les bénéficiaires en mars 2005 ne respecte pas le délai de six mois prescrit par l'article 6.4.2.4 du contrat de garantie. [30] En effet, la prise de possession a eu lieu en août 2002; selon les témoignages recueillis, les défauts sont apparus au plus tard en septembre 2003, alors que la dénonciation est datée de mars 2005; chose certaine, les défauts sont apparus avant septembre 2004. IV : DÉCISION ET MOTIFS [31] Le rôle de l'arbitre au plan de garantie est de confirmer ou infirmer la décision de l'administrateur relativement à la réclamation des bénéficiaires concernant les unités d'armoires. [32] Dans un premier temps, soit le 2 juin 2005, l'administrateur a conclu : Par conséquent, l'entrepreneur devra faire les vérifications nécessaires et les correctifs requis, selon les règles de l'art et l'usage courant du marché. [33] À la suite de son inspection, le conciliateur admet donc qu'il y a des correctifs à apporter. [34] Dans un deuxième temps, soit le 8 décembre 2005, l'administrateur modifie sa première décision comme suit : Un rapport d'expertise en laboratoire réalisé et signé par Monsieur François Faucher, directeur de la firme CanLak, révèle que la porte analysée ne montre aucun défaut. Après discussions avec M. Faucher, le délaminage dans les joints serait causé par l'utilisation du produit. En conséquence, l'entrepreneur a donné suite à ses obligations demandé au rapport d'inspection du 2 juin 2005 et fait les vérifications requises, lesquelles ne résulte pas d'une malfaçon du produit à la livraison. [35] La deuxième décision de l'administrateur est donc modifiée à la suite d'un rapport d'expertise réalisé par M. François Faucher.

Page : 7 [36] Or, en cours d'enquête, le rapport d'expertise de M. Faucher n'a pas été déposé, et ce dernier n'a pas non plus témoigné. [37] De plus, la preuve recueillie n'a pas été convaincante à l'effet que le délaminage dans les joints serait causé par l'utilisation du produit. [38] M. Faucher conclut que la porte analysée ne montre aucun défaut. Or, la plainte déposée par les bénéficiaires ne fait pas état d'un défaut de porte, mais plutôt de défauts dans la peinture appliquée sur les unités de bois franc. [39] Dans ses deux décisions précitées, l'administrateur ne fait point mention, comme motif de refus de la plainte, du non-respect du délai de dénonciation par les bénéficiaires. [40] Ayant fait son nid lors de la rédaction de ses décisions, l'administrateur ne peut en cours d'audition apporter des motifs supplémentaires pour justifier son refus; il se doit de faire un examen complet avant de rendre sa décision. D'ailleurs, la preuve n'est pas très convaincante relativement au non-respect de ce délai, vu la progression lente dans les défauts telle qu'exprimée par les experts. [41] Il n'existe aucune preuve de manque de contrôle d'humidité dans le bâtiment des bénéficiaires. [42] M. Bernier, expert en finition et fournisseur pour le fabricant d'armoires, a témoigné à l'effet que l'humidité est actuellement sous contrôle et a admis que le problème d'humidité ait pu survenir à l'usine lors de la fabrication en plein été. [43] Le fabricant souligne que le numéro de couleur «335» inscrit sur le document Spécifications de commande ne peut correspondre à de la «teinture»; or, ce document est strictement une commande entre le fabricant d'armoires et l'entrepreneur, sans aucune intervention des bénéficiaires.

Page : 8 [44] Toutefois, il existe un autre document d'estimation de prix préparé par Delcraft inc. sur lequel on aperçoit la signature des bénéficiaires et sur lequel apparaissent à trois endroits les termes «érable teint». [45] À cet égard, M. L'Écuyer affirme que le mot «teint» est utilisé dans son entreprise aussi bien pour signifier peinture que teinture. [46] C'est là un argument relativement faible, car l'usage populaire ou courant établit une nette distinction entre un bois teint et un bois peint. [47] D'autre part, il existe une preuve prépondérante à l'effet que l'application de peinture sur du bois dur va à la longue causer des fissures, de l'écaillement ainsi que des dommages sur les panneaux massifs; je cite à cet égard un extrait du rapport d'expertise soumis le 7 mars 2006 par M. Claude Latulippe : [...] que le bois massif, érable, chêne, etc., sont des essences qui sont très difficiles à y faire adhérer une peinture sans que cette dernière ne réagisse. [48] Le tribunal retient donc cette hypothèse vu qu'il n'existe aucune preuve de mauvais usage ni de manque de contrôle de l'humidité. [49] D'ailleurs, il a été reconnu que les autres meubles des bénéficiaires, qui ont été teints et qui ont pris place dans la maison à peu près en même temps que les armoires, n'ont pas subi de dommages. [50] Les bénéficiaires ont choisi cette couleur sur un échantillon dans la salle de montre; le fabricant, en cours d'audience, nous informe qu'il ne pouvait obtenir cette couleur par l'application de teinture sur le bois. [51] Dans l'hypothèse où l'entrepreneur n'avait pas l'obligation d'informer le client à cet égard, il demeure qu'il avait l'obligation de ne point utiliser un produit qui allait éventuellement causer une malfaçon.

Page : 9 [52] Vu l'état actuel des travaux et vu la progression dans le temps des défectuosités, reconnue par les intervenants, le tribunal est d'avis qu'il s'agit ici d'un vice caché au sens de l'article 1726 du Code civil, à savoir que l'acheteur n'aurait pas donné si haut prix s'il l'avait connu. [53] Pour les motifs ci-devant énoncés, le tribunal ACCUEILLE ORDONNE ACCORDE favorablement la présente réclamation des bénéficiaires; et donc à l'entrepreneur d'effectuer les correctifs requis selon les règles de l'art; et à l'entrepreneur un délai de quatre-vingt-dix (90) jours à compter de la présente pour réaliser ces travaux. [54] Conformément au deuxième alinéa de l'article 21 du Règlement sur le plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs, les coûts du présent arbitrage sont à la charge de l'administrateur. [55] En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés à l'article 22 du Règlement sur le plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs, le tribunal ORDONNE à l'administrateur de rembourser aux bénéficiaires, dans les trente (30) jours de la présente, les frais d'expertises pour un montant de mille quatre cent soixante-dix-neuf dollars et cinquante-deux cents (1 479,52 $). BELOEIL, le 28 avril 2006. Claude Dupuis, ing., arbitre [CaQ]