L amélioration de l accès aux marchés intérieurs et extérieurs pour les produits alimentaires du Québec Sommet sur l alimentation Développement du potentiel de l industrie alimentaire québécoise sur les marchés d ici et d ailleurs Maurice Doyon Université Laval Fellow Cirano
Plan La distribution alimentaire Exportation de produits alimentaires québécois Lieu d achat Conclusion 2
La distribution alimentaire au Québec Elle emploie près de 155 000 personnes et contribue pour plus de 6G$ au PIB de la province. Bien que les trois plus importants joueurs canadiens détiennent 50 % des parts de marché au Canada et 69 % au Québec, nous notons une détérioration des marges des supermarchés et des épiceries, depuis une dizaine d années. Au Québec, la marge bénéficiaire nette a atteint le niveau critique de 0,9 % en 2012. 3
La distribution alimentaire Les parts de marché des magasins d alimentation au Canada ont reculé de 88 % à 80 % entre 1999-2013. Pour la même période, les magasins à grande surface (marchandises diverses) ont doublé leur part de 8 % en 1999 à 14 % du marché en 2013. 4
La distribution alimentaire Le modèle d affaire des magasins à grande surface permet de tenir moins de produits alimentaires (baisse des coûts) et de fonctionner avec de faibles marges sur l alimentaire, lesquelles sont compensées par les marges sur les autres marchandises. Ce phénomène n est pas unique au Québec et au Canada. 5
La distribution alimentaire La performance financière des distributeurs détaillants s apparente davantage à une situation hautement compétitive (compétition horizontale au détail), contrairement à ce que laisserait croire leur niveau élevé de concentration. Les faibles marges incitent à une plus grande concentration du secteur (consolidation) et à la recherche d efficacité logistique qui ne sont pas nécessairement favorables à la diversité des sources de produits alimentaires et du coup au fournisseur de plus petite taille. Cette compétition horizontale engendre et favorise un pouvoir de marché vertical. 6
La distribution alimentaire Ceci explique qu au cours des dernières décennies, les grands distributeurs-détaillants ont misé sur l augmentation de leur volume de ventes, les marques maisons et sur la technologie pour augmenter leur pouvoir de négociation. Aujourd hui, les données sur les profils d achats des clients accessibles par les programmes de loyauté continuent d accroître leur pouvoir de marché (vertical). Ils détiennent une information détaillée et en temps réel que leurs fournisseurs ne possèdent pas. 7
La distribution alimentaire Les fournisseurs nous disent qu il est plus difficile de devenir un fournisseur autorisé aujourd hui qu il y a 20 ans Plus important volume, automatisation des processus, pluralité des produits offerts et exigences souvent supérieures aux normes gouvernementales en matière de salubrité Exception possible pour un produit original ou novateur Fournisseur de taille moyenne, en danger? 8
La distribution alimentaire Les frais se multiplient (pour compenser les faibles marges), ne sont pas toujours transparents, souvent arbitraires et ajoutent de la pression sur les fournisseurs Gratuité, programme de fidélité, PLV Formation de personnel, frais de listage, accès aux données Frais de déchargement, non livré, invendables Infrastructure, etc. Potentiellement plus difficile pour les fournisseurs de taille moyenne si le modèle d affaires qui semble gagnant devient dominant 9
La distribution alimentaire S il y a moins de produits (moins de gammes), certains se feront sortir des tablettes et ceux qui y resteront devront fournir des volumes plus importants. De l espoir, mais au détriment de qui 10
Exportation de produits alimentaires Québécois Sur ce même thème (accès aux tablettes), le cas des fromages fins est à surveiller, suivant l entente avec les Européens. Les 16 000 T additionnelles représentent 30% des fromages fins canadiens. Il n y aura pas de prix plus bas pour ces fromages Le premier fromage vendu est celui importé Les supermarchés n ont pas construit de nouveaux étalages Ces nouveaux fromages pourraient donc déplacer des fromages canadiens (60% Québec) des tablettes, ce qui se pourrait surtout se faire au détriment des fromagers de plus petite taille. 11
Exportation de produits alimentaires Québécois Pour compenser cette perte, le marché canadien (hors Québec) offre des opportunités. En effet, ce marché est nettement moins développé que celui du Québec et offre donc un potentiel de croissance. Le marché des fromages ethniques offre également certaine opportunités. 12
Exportation de produits alimentaires Québécois Bien que plus complexe, le marché américain des fromages fins doit aussi être ciblé et l entente avec les Européens nous offre le contexte et les moyens potentiels d attaquer plus sérieusement ce marché de niche. Même en gestion de l offre nous avons des opportunités à saisir pour les produits à très haute valeur ajoutée. 13
Exportation de produits alimentaires Québécois Par exemple, Murray s cheese NYC vend un Beaufort (Français) à 129$/kg. Saxelby NYC vend des fromages à 134$/kg. Le prix du lait au Québec représente moins de 8$/kg de fromage. Pourrions regrouper les producteurs fromagers afin d obtenir les volumes et engager des spécialistes pour le développement des marchés de New York, Boston, Philadelphie, D.C, etc. 14
Exportation de produits alimentaires Québécois Certains y arrivent seuls, mais un regroupement bien pensé et organisé pourrait accélérer et augmenter notre présence aux États-Unis 15
Lieu d achat L achat d aliments en ligne, en forte croissance en Europe, notamment au Royaume-Uni et en France. Mais c est en Asie qu il est le plus important (46% en Chine) AcNielsen 2015. En France, le «Click and Collect» est le modèle dominant. Mais il n est pas jugé rentable. En effet, les «Click and Collect» ne sont pas rentables selon Thierry Cotillard d Intermarché, il élimine les achats impulsifs et une personne doit se promener en magasin pour faire les commandes. À la marge ça va, mais pour plus Notons que ce dernier parle des concepts hybride et non pas dédié 16
Lieu d achat Loblaw a importé au Canada le concept de «Click & Collect». Le premier service canadien a débuté en banlieue de Toronto fin 2014. Le concept s étend à d autres villes (60 locations en ce moment). On peut probablement s attendre à ce que ce concept s implante aussi au Québec bientôt. Amazon.ca augmente la cadence. Novembre 2013: 3 615 produits Novembre 2014: 49 000 produits Novembre 2015: 72 000 produits Novembre 2016: 265 000 produits 17
Lieu d achat Amazon a lancé fin 2016 le premier supermarché sans caisses enregistreuses Amazon GO aux États-Unis et veut faire des lancements grand public en 2017. Difficile à prévoir quel concept ou technologie va dominer ou s il y aura cohabitation, mais ce phénomène va nécessairement créer encore plus de pression sur les marges, favoriser les joueurs importants et augmenter la concentration. 18
Lieu d achat Ceci n est pas particulièrement positif pour nos fournisseurs de taille moyenne. En contrepartie, des solutions émergent tel que «DOT Foods» un redistributeur de «Less than a Truck Load» (LTL) récemment implanté au Canada 19
Conclusion L accès aux tablettes physiques ou virtuelles n est pas garanti et nous avons vu que les fournisseurs de taille moyenne seront particulièrement sous pression. Une stratégie forte et bien orchestrée (pensons à Foodland Ontario), par exemple autour d Aliment du Québec pourrait faciliter l accès aux fournisseurs du Québec. Dans le cadre de cette stratégie, nous pourrions répertorier et diffuser le pourcentage d aliments québécois dans les chaînes. Regrouper des fournisseurs-grossistes au sein d une plateforme de commerce électronique est une autre avenue à explorer afin d améliorer l offre pour les distributeurs et faciliter l accès aux tablettes pour les fournisseurs de moyenne et plus petite taille. 20