LES POINTS CLÉS DE L ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE IRANIEN Les grandes puissances mondiales (les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l ONU plus l Allemagne) et l Iran ont conclu, le 14 juillet dernier capacités, le site d Arak, qui dispose d un réacteur qui peut potentiellement produire du plutonium, sera certainement détruit ou déplacé. à Vienne, un accord visant à résoudre les questions autour du nucléaire iranien. Cet accord, dont certains points clés sont proches d une version préliminaire qui a été discutée en avril à Lausanne, stipule que l Iran est dans la quasi impossibilité d acquérir l arme atomique en échange de quoi le pays obtient la levée des sanctions mises en place à son égard. L Iran préserve le droit d exploiter le nucléaire à des fins civiles, mais son programme nucléaire fera l objet d un contrôle très strict de la part de l Agence Internationale de l Energie Atomique (AIEA) et restera donc très limité. Pour des raisons de sécurité nationale il a cependant été convenu que l accès par l AIEA aux sites militaires sera restreint. Au cours de ces dernières décennies, l Iran a été l un des pays les plus lourdement sanctionnés. Les sanctions à l égard de l Iran ont porté entre autres sur la libre circulation des capitaux, l échange de biens et de services et tout particulièrement sur l exportation de produits pétroliers. En ce qui concerne la levée de ces sanctions, aucun calendrier n a été spécifié. Cette levée des sanctions dépend de plusieurs éléments. Tout d abord, cet accord devra obtenir l aval des différentes instances impliquées (ONU, Parlement iranien, Congrès américain, ). Le 20 juillet, le Conseil de Sécurité de l ONU et les ministres des Affaires étrangères de l Union européenne ont déjà validé l accord. L accord présenté le 14 juillet dernier comporte un certain nombre de détails techniques qui limitent les capacités de l Iran à développer l arme nucléaire et donc de donner un caractère militaire à son programme nucléaire. Il a été ainsi décidé d allonger le breakout time, c est-à-dire le temps nécessaire pour fabriquer assez d uranium enrichi pour la production de l arme atomique, de réduire le stock d uranium En outre, un rapport de l AIEA qui sera publié en décembre de cette année devra confirmer que l Iran ait mis en œuvre les mesures techniques mentionnées plus haut et ait donc tenu ses engagements. Dans le cas contraire, les sanctions seront maintenues. Ce n est donc qu au plus tôt en fin d année (donc d ici 4 à 5 mois) que les sanctions pourront être levées. enrichi, mais aussi de mettre à l arrêt un nombre non négligeable de centrifugeuses et ce pour plusieurs années. De plus, un certain nombre d installations nucléaires seront restructurées, fermées voire détruites. Alors que les sites de Natanz et de Fordo devraient être maintenus, mais limités dans leurs Même en cas de levée des sanctions à l égard de l Iran, l embargo sur les armes conventionnelles et les missiles balistiques sera maintenu pour plusieurs années (respectivement 5 ans et 8 ans). Il convient également de souligner que l accord prévoit que les
différentes sanctions pourront être rétablies à tout moment en cas de viol des termes de l accord. C est le fameux mécanisme de snapback. Ce mécanisme devrait être appliqué pendant une dizaine d années. Mais une nouvelle résolution, déjà annoncée par les grandes puissances, devrait porter la durée de l application de ce mécanisme à quinze ans. Malgré cette anticipation des marchés, le surplus d offre en provenance de l Iran pourrait mettre sous pression les prix des hydrocarbures lorsque les sanctions seront levées. En effet, ce surplus d offre va arriver sur un marché du pétrole qui est déjà très excédentaire, car de nombreux pays producteurs (p.ex. Irak) essayent continuellement de compenser la baisse des cours par une augmentation de la production et Une fois validé, l accord devrait avoir des implications plus économiques que politiques. En effet, même si l accord permet d éviter que l Iran ne se dote de l arme nucléaire, il ne restaure pas pour autant totalement les relations diplomatiques entre pays. Des divergences persistent, notamment quant au rôle joué par l Iran dans certaines guerres (notamment en Syrie et au Yémen). À court terme, l accord permettra, au mieux, une certaine stabilisation des alliances au Moyen-Orient. des exportations de produits pétroliers. Il en résulte que l excédent sur le marché sera encore plus considérable, de sorte que les prix du brut pourraient connaître des pressions baissières encore plus importantes ou au moins être maintenus durablement à des niveaux faibles. Ceci s inscrit dans un contexte où l Agence Internationale de l Energie (AIE) prévoit même un ralentissement de la croissance de la demande mondiale de pétrole. En effet, l AIE prévoit une croissance de la demande de 1,2 millions de barils par jour (Mb/j) en 2016 contre une croissance D un point de vue économique, la levée des sanctions moyenne de 1,4 Mb/j en 2015. qui résulte de l accord devrait surtout permettre une remontée de la production et de l exportation de pétrole iranien et donc pourrait avoir un impact sur les marchés internationaux des hydrocarbures. Qu en est -il vraiment? Il convient de faire remarquer que les prix du pétrole avaient déjà fortement anticipé l annonce de l accord et donc intégré en partie l impact potentiel de ce dernier dans leurs prix. En effet, après avoir entamé une reprise au cours du mois de mars et atteint un plus haut de l année au début du mois de juin, les prix du pétrole étaient ces dernières semaines plutôt orientés à la baisse, le WTI (West Texas Intermediate) ayant même franchi à un certain moment le seuil psychologique de 50 dollars par baril. Ce surplus d offre doit cependant être relativisé et dépend de certains facteurs. Certes, selon des statistiques publiées par British Petroleum (BP), les réserves de pétrole iraniens sont impressionnantes (157,8 milliards de barils). De plus, la production de pétrole iranien s élevait à un peu plus de 3,6 Mb/j en 2014. Mais seulement 1 à 1,3 Mb/j ont été exportés. Selon les dirigeants du pays, la levée des sanctions devrait permettre d accroître la production de pétrole et en même temps d accroître les volumes exportés. Le surplus de pétrole exporté, une fois les sanctions levées, pourrait se situer entre 0,4 et 0,8 Mb/j. Mais ce surplus de pétrole exporté dépendra de la capacité du pays à reconstituer l outil de production, donc de 2
l investissement. Comme la levée des sanctions devrait permettre à l Iran d avoir accès à une manne financière importante (grâce à la vente de pétrole), ces investissements pourraient être facilement financés. La reconstitution de l outil de production nécessitant un certain temps, l accroissement des volumes de production ne sera toutefois que très graduel. fournisseurs de services impliqués dans l industrie du pétrole et du gaz profiteront fortement de cette «ouverture» du marché iranien. Le secteur des infrastructures devrait également tirer profit de cette levée des sanctions, car pour reconstituer son pouvoir économique le pays devra effectuer des investissements importants. Riche d une population d un peu plus de 77 millions d habitants (selon des Les pressions baissières sur les prix du pétrole ne devraient également pas passer inaperçues du côté de l inflation et pourraient donc retarder le rebond de l inflation. Dans le contexte de la zone euro, cet effet données de 2013) et majoritairement âgés de 15 à 34 ans (cohorte un peu plus ouverte aux nouveaux produits), l Iran constitue un marché intéressant pour d autres industriels. pourrait être en partie contrebalancer par certains éléments qui soutiennent l inflation, tels que par exemple la reprise du marché du crédit. Mais cette contribution négative des prix de l énergie pourrait, à travers son impact sur les anticipations d inflation, influencer l orientation des marchés obligataires. Dans le secteur des biens de consommation et tout particulièrement des produits laitiers, le marché iranien peut s avérer profitable. Les producteurs de produits laitiers, notamment ceux confrontés aux sanctions en Russie, à l affaiblissement de la croissance chinoise et à la fin des quotas laitiers dans À côté du pétrole, le gaz naturel est également très abondant en Iran. Selon des données de BP, les réserves de gaz naturel de l Iran représentaient à la fin de l année 2014 environ 18,2% du total des réserves de gaz dans le monde, donc légèrement supérieures à celles de la Russie (17,4%). Ceci signifie que la levée des sanctions à l égard de l Iran pourrait offrir la possibilité à l Union européenne de diversifier ses sources de gaz naturel et donc de réduire sa dépendance en énergie importée de la Russie. l Union européenne (donc à un surplus de production), pourraient considérer le marché iranien comme une alternative intéressante, qui rappelons-le est le 10e marché dans ce secteur et pourrait valoir plus de 10 milliards de dollars d ici la fin de la décennie. Le secteur automobile pourrait également tirer son épingle du jeu. Par exemple, pour Peugeot, l Iran constituait le second marché le plus important avant l instauration des sanctions. Les entreprises actives dans l aéronautique pourraient aussi profiter d une levée des sanctions en Iran, car le pays dispose Enfin, cet accord devrait également permettre à certaines entreprises occidentales de tenter de renouer des relations commerciales avec l Iran. En raison des ressources naturelles dont dispose le pays, il est clair que les entreprises et tout particulièrement les d une flotte aérienne vieillissante. Le marché iranien pourrait aussi s avérer profitable pour les producteurs de cigarettes. Selon des données de British American Tobacco, les Iraniens consomment près de 52,6 milliards de cigarettes chaque année. Certaines 3
marques de luxe pourraient également voir d un bon œil la levée des sanctions. Certes, les sanctions ont eu des effets importants sur la population. Une devise faible et une inflation galopante ont fortement réduit le pouvoir d achat des Iraniens et n ont pas favorisé la constitution d une épargne (source de consommation future). Mais une levée des sanctions devrait provoquer un changement et amener à un moment ou un autre les ménages iraniens à consommer davantage. Dr William Telkes Economiste/Stratégiste BCEE Asset Management 4
Disclaimer Les opinions, avis ou prévisions figurant dans ce document sont, sauf indication contraire, ceux de son ou ses auteur(s) et ne reflètent pas les opinions de toute autre personne, de BCEE Asset Management S.A. ou de Banque et Caisse d Epargne de l Etat, Luxembourg. Les informations contenues dans le présent document proviennent de sources publiques considérées comme fiables, dont BCEE Asset Management S.A. et Banque et Caisse d Epargne de l Etat, Luxembourg ne peuvent cependant pas garantir l exactitude. De fait, les informations peuvent être soit incomplètes, soit condensées. Toute référence aux performances antérieures ne saurait constituer une indication quant aux performances à venir. Ce document ne peut en aucune circonstance être utilisé ou considéré comme un engagement de BCEE Asset Management S.A. ou de Banque et Caisse d Epargne de l Etat, Luxembourg. Les informations ne peuvent servir de seule base d évaluation des valeurs et ce document ne saurait constituer un prospectus d émission. Toutes les estimations et opinions contenues dans ce rapport constituent une opinion actuelle et peuvent être modifiées sans préavis. BCEE Asset Management S.A. et Banque et Caisse d Epargne de l Etat, Luxembourg déclinent toute responsabilité au titre de ce document s il a été altéré, déformé ou falsifié, notamment par le biais de l utilisation d Internet. Ce document est communiqué à titre d information uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d achat, de vente ou de souscription. BCEE Asset Management S.A. et Banque et Caisse d Epargne de l Etat, Luxembourg ne pourront être tenus responsables des conséquences pouvant résulter de l utilisation d une quelconque opinion ou information contenues dans le présent document. Il en est de même de toute omission. Le présent rapport ne peut être ni reproduit, ni communiqué à une tierce personne sans autorisation préalable écrite de Banque et Caisse d Epargne de l Etat, Luxembourg et de BCEE Asset Management S.A.. 5