Discours de Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN Ministre de la santé et des sports. OUVERTURE des JOURNÉES de la PRÉVENTION de l INPES.

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Transcription:

Discours de Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN Ministre de la santé et des sports OUVERTURE des JOURNÉES de la PRÉVENTION de l INPES (Institut National de Prévention et d Éducation pour la Santé) -Jeudi 2 Avril 2009- à 9h05 (MAISON de la MUTUALITÉ) 24, rue Saint-Victor Paris 5 ème Sous réserve du prononcé Madame la directrice générale, chère Thanh, Mesdames, Messieurs, Trop souvent, la santé a été considérée comme l inverse de la maladie. Dans cette définition restreinte, seules peuvent compter les avancées scientifiques et la médecine curative, qui permettent de recouvrer la santé en traitant la pathologie. Les implications d une telle conception sont évidentes : nous ne devrions notre bonne santé qu à l intervention réparatrice d autrui, sans avoir aucune maîtrise sur notre propre corps, sans pouvoir anticiper les risques et ainsi les éviter. Aujourd hui pourtant, nous en sommes tous intimement persuadés : la santé se préserve et se gagne. 1

Les désirs d autonomie sont de plus en plus forts ; chacun veut devenir acteur de sa propre santé. Chacun comprend que l état de santé est un état global, qui ne saurait se limiter à la seule dimension médicale, conformément, d ailleurs, à la définition que donnait de la santé, dès 1946, le préambule à la constitution de l Organisation mondiale de la santé : «un état complet de bien-être physique, mental et social, [qui ne] consiste pas seulement en une absence de maladie et d infirmité». La prévention et l éducation pour la santé réintroduisent précisément, dans notre rapport à la santé, ces notions d autonomie et de bien-être. Prévenir, c est agir. Prévenir, c est se donner les moyens de conserver, le plus longtemps possible, sa qualité de vie et son bien-être. C est adopter une visée résolument prospective. Aussi ma politique de santé est-elle résolument déterminée par un impératif de prévention, qu il s agisse de mon approche des problématiques de santé publique ou de la modernisation que j entends mener de notre système de santé. Le projet de loi «Hôpital, patients, santé, territoires», qui vient d être voté par l Assemblée nationale, est ainsi né d un constat : notre système de santé est confronté à des évolutions majeures, démographiques, économiques, scientifiques ou sociales, qui sont autant de défis à relever. Cette loi est donc de part en part une loi de prévention, et toutes les mesures qu elle contient doivent se concevoir en cohérence avec nos actions de santé publique. Il était donc bien naturel que ce projet de loi comporte des mesures importantes de prévention en santé, et offre à la prévention, à côté des soins, une place accrue, bien qu il ne s agisse pas d une loi de santé publique puisque celle-ci sera révisée en 2010. 2

Ma politique de santé publique en matière de lutte contre les addictions, en particulier l alcool et le tabac, repose sur un équilibre entre prévention, interdiction et prise en charge. C est pourquoi le projet de loi comporte des mesures d interdiction visant à protéger les plus jeunes de l alcool et du tabac, facteurs de risques clairement identifiés pour notre santé. Cependant, j ai toujours voulu susciter l autonomie et instaurer une éducation préventive. Je sais pouvoir m appuyer, à cet égard, sur l INPES et ses missions d information et d éducation. La réforme de notre système de santé, en créant les agences régionales de santé et en reconnaissant l importance de l éducation thérapeutique du patient dans son parcours de soins, inaugure également une nouvelle étape dans notre système de santé. L an dernier, ici même, je vous faisais part de mon désir d intégrer la prévention dans le champ de compétences des futures agences régionales de santé. Cet engagement a été respecté, tout comme est respectée de manière concrète la «sanctuarisation» des crédits destinés à la prévention, et plus généralement à la santé publique. Bien entendu, je veillerai, lors de la création effective des ARS, à ce que le pôle santé publique de chaque ARS puisse mettre en œuvre une politique régionale volontariste, adaptée aux besoins de la population sur le territoire. Les futurs directeurs généraux des ARS auront des objectifs explicites dans ce champ, pour des politiques de prévention mieux ciblées. Nos politiques de prévention, en effet, doivent s adresser d abord aux plus faibles, aux moins bien informés, qui sont aussi potentiellement les plus exposés aux risques. Les ARS auront ainsi un rôle important de coordination des actions de santé publique. Au plus près des populations vulnérables, elles mettront en œuvre des contrats locaux de santé avec 3

les acteurs concernés, associations, élus locaux, professionnels de santé, renforçant les partenariats sur le terrain autour de projets forts. Le plan stratégique régional de santé et le schéma régional de prévention seront également mis en œuvre pour la promotion de la santé. Les démarches de proximité et la réduction des inégalités seront donc au cœur de l action des ARS. Je sais que vous avez souhaité consacrer, à l occasion de ces journées, une session thématique aux ARS. Je vous en sais gré. J y vois le signe de votre volonté de prendre part aux changements en cours. Sachez que les professionnels de santé, qui ont une parfaite connaissance des réalités sur le terrain, seront associés à l élaboration de nos politiques de santé, par l intermédiaire, notamment, des conférences de territoire. Par ailleurs, je vous le disais, ce projet de loi fait de l éducation thérapeutique du patient un élément à part entière de la prise en charge et du parcours de soins. Face au vieillissement de la population et au développement des maladies chroniques, chacun mesure l importance de l éducation thérapeutique, qui modifie profondément la relation du patient à sa maladie, notamment par un transfert de compétences qui lui permet de la gérer. Éducation thérapeutique du patient et éducation pour la santé poursuivent ainsi le même objectif : favoriser l autonomie. Comment parvenir à ne plus subir son traitement? Comment diminuer les risques de complications et d aggravation de la maladie? Ces questions, l éducation thérapeutique peut nous aider à y répondre. 4

Bien que les soignants soient très compétents dans l établissement d un diagnostic et dans la prise en charge, ils sont encore trop peu à éduquer et à former leurs patients à prendre en charge leur maladie. C est pourquoi le projet de loi prévoit d instituer un cadre destiné à promouvoir et à rationnaliser l éducation thérapeutique du patient par l établissement d un cahier des charges national. Ce cahier des charges sera décliné au niveau régional par les agences régionales de santé, qui signeront des conventions pluriannuelles avec des opérateurs en éducation thérapeutique. Il s agit notamment de préciser le financement de ces programmes, et d évaluer leur conformité avec le cahier des charges national. Les programmes d accompagnement, qui permettent d éviter la démobilisation induite par la chronicité de la maladie et contribuent à la bonne observance du traitement, bénéficieront d un dispositif proche. Parce que l éducation thérapeutique et l accompagnement des patients sont des compléments indispensables aux soins, il est essentiel que les programmes développés par les professionnels de santé et par les associations de malades soient poursuivis et amplifiés. Je me réjouis, en ce sens, que l INPES participe à ce développement. Votre agence a déjà élaboré le projet de cahier des charges des programmes d éducation thérapeutique du patient, soumis à une large concertation. Ce projet fournit des outils méthodologiques, de formation et d information, tout à la fois nécessaires et adéquats. Au cours des sessions que vous consacrerez, aujourd hui et demain, aux modèles et pratiques de l éducation thérapeutique du patient, des experts internationaux, venus d Europe, mais aussi des Etats-Unis, du Canada ou de l Australie, nous feront également partager leurs savoirs et leurs expériences. Je suis certaine que ces exemples pourront nous inspirer et enrichir nos pratiques. Ces Journées de la prévention, que je suis venue cette année encore ouvrir avec un très grand plaisir, traduisent une nouvelle fois 5

votre investissement, et celui de l ensemble des acteurs de santé publique, dans un champ encore trop souvent considéré comme secondaire. Pourtant, qui peut prétendre agir sur la santé sans agir POUR la santé? Car c est là le plus grand défi que, tous ensemble, nous ayons à relever : améliorer durablement l état de santé de nos concitoyens, de tous nos concitoyens, au plus proche de leurs besoins et de leurs attentes. Dans ce combat pour la vie, qui est en même temps un combat pour l émancipation, nos progrès sont chaque jour de plus en plus grands, et ils vous doivent beaucoup. Je vous remercie. 6