Les mécanismes de défense des soignants Face à la maladie grave,un diagnostic grave,une annonce de handicap
Ces mécanismes de défense, fréquents, automatiques et inconscients, ont pour but de réduire les tensions et l angoisse dans les situations de crise et d appréhension extrême Martine Ruszniewski
Mécanismes de défense Le mensonge La banalisation L esquive La fausse réassurance La rationalisation L évitement La dérision La fuite en avant L identification projective
Le mensonge Il s agit du mécanisme le plus radical et le plus dommageable. Le problème est que cette réaction coupe tout dialogue autour de la maladie et rompt la relation de confiance. Risque d effets pervers : choc de la découverte de la réalité plus tard, parfois par hasard et sans préparation Conséquences : Mentir, c est entraver le mécanisme psychique d angoisse qui est un mécanisme nécessaire de protection pour le parent.
La banalisation Il consiste en une forme de détournement de la vérité tout en occultant la souffrance psychique du patient. Il permet ainsi une prise de distance Conséquences : Le parent ne se sent pas reconnu.
L esquive Sans banaliser ni mentir, on peut parfois rester «hors sujet» pour éluder l angoisse contenue dans les perches tendues par les parents. Conséquences : Sentiment de solitude pour le parent.
La fausse réassurance Ce mécanisme consiste à optimiser les résultats et entretenir chez les parents un espoir artificiel alors qu ils n y croient pas Conséquences :Maintien le décalage entre la réalité médicale et la progression de la maturité psychique du parent en suspendant l accès à une certitude inéluctable.
La rationalisation Ce mécanisme permet ainsi de donner toute la vérité, toutes les informations mais dans la langue du médecin Ceci lui permet souvent d éviter ainsi de s engager sur le versant émotionnel. Mais il ne permet pas au parent de comprendre, ni d intégrer les informations reçues. Ceci peut provoquer de l angoisse sans donner les outils de mieux l affronter. Conséquences :Engendre une rupture de communication créant un vide source d angoisse.
L évitement C est la fuite des parents (ne plus entrer dans la chambre) ou de la conversation avec eux (entrer, regarder le dossier, parler aux collègues ) C est la fuite de la dimension relationnelle Conséquences : la présence du parent est niée. La relation est privée de tout affect que le soignant estime n être pas de son ressort.
La dérision Ce mécanisme consiste à minimiser, à prendre de la distance aux dépens du parent sur un mode ironique. Le rire est très évocateur Ce mécanisme est souvent lié aux situations de lassitude, à une banalisation de la souffrance quotidienne à laquelle est confrontée le soignant voire à une protection. Conséquences : Confine le parent dans l angoisse, le silence et la solitude.
La fuite en avant La fuite en avant consiste à se délivrer de l angoisse liée à la vérité en s en déchargeant sur le parent sans préparation. Exemple : la délivrance d une vérité crue ou d une information excessive sur les traitements difficiles, les rechutes, les statistiques létales. Ce mécanisme est d une grande violence pour le parent et peut avoir pour effet d annihiler l espoir. Conséquences : Provoque une sidération du parent qui majore son angoisse et l enferme dans une impuissance vis à vis de la maladie
L identification projective C est l opposé de la banalisation. C est la tentative du soignant de dissoudre la distance par une prise en charge active et globale. Mais en réalité, le soignant attribue à l autre certains traits de luimême, se substitue aux parents, leur prête ses sentiments, ses pensées, ses émotions. C est projeter nos propres souhaits chez l autre. Conséquences :Enferme le parent dans l illusoire partage de sa souffrance qui le cantonne dans un non dit d incompréhension.
Vous devez avoir une réflexivité de votre pratique a posteriori des situations cliniques pour analyser et éviter ces mécanismes de défense parfois inconscients, ou tout du moins en avoir conscience.