33. CORVIALE 41 51 00 N - 12 24 41 E Mario Fiorentino - Rome - Italie 1982
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LA SCULPTURE FACE AU PAYSAGE Le Corviale est l immeuble-cité le plus long du monde, 957 mètres de long pour 30 de haut. Il surplombe la campagne romaine en se plaçant sur une colline et se situe à mi-chemin entre la mer méditerranée et la métropole italienne. Commandé en 1972 par l office national des HLM romains, il est livré en 1982 avec sept ans de retard. En poursuivant les théorie utopistes italiennes du début du 20ème siècle, c est un complexe qui essaie d intégrer toutes les caractéristiques de la ville : l habitat, les activités, les loisirs ainsi que les commerces. - une composition - M. Fiorentino considère le Corviale comme le manifeste romain d un nouveau modèle de convivialité. En effet, l architecte, grandement inspiré par la Cité Radieuse du Corbusier qui cherchait à créer un quartier de ville dans le bâtiment avec sa rue intérieure, sa galerie marchande etc., propose un véritable morceau de ville tout en longueur, avec différentes hiérarchies et strates. Dans d autres villes italiennes, les premiers modèles d immeuble-cité avaient une coupe qui se dégradait avec la hauteur, ici à l inverse, la dégradation se fait vers le bas. La partie haute est imposante, elle se démarque du reste par l ombre qu elle crée sur la partie inférieure. Le décrochement en porte à faux de la double barre supérieure la fait «flotter» et au contraire, assied la partie basse de l immeuble. Elle prend alors l apparence d un socle de sculpture qui en serait séparé par un joint négatif. Ce socle en retrait volumétriquement, s exprime pleinement dans la composition I
en s appuyant sur le parking. En effet, ce dernier forme une base biaisée qui marque le poids de tous les éléments mais qui ne touche pas le sol. Chacune de ces partie se compose de deux barres qui se font dos. Du vide entre chacune d entre elles se forme alors et gonfle les proportions de l ensemble. L échelle dépasse alors celle de l homme, le bâtiment se confronte au paysage sans chercher à dialoguer avec lui. Il se place au sommet d une colline pour accentuer encore une fois son gigantisme. Disposer ainsi dans le paysage, le Corviale est plus digne d une sculpture du Land Art que du simple bâtiment de logement social. - du rythme - Cinq tours cassent la monotonie de la longueur. Elles cassent littéralement le cordon de béton brut horizontal. Ces colonnes de béton sont les cages d escalier qui mènent directement du sol à la rue du sixième étage. Ces éléments verticaux marquent la répétition d un même module qui, au niveau de la distribution des logements, fonctionnent indépendamment mais qui se relient les uns aux autres par la rue et par l étage de distribution placé au dessus des garages, au premier. C est sur la façade Est, dirigée vers la ville, que ces colonnes monumentales prennent place et marquent un rapport de «rivalité» entre lui et la ville. Au contraire, à l Ouest, vers le paysage, le module n est marqué que par une rupture dans la façade. De ce coté-ci, le bâtiment le Corviale est beaucoup plus humble, comme s il ne pouvait rivaliser avec la nature. Le bâtiment n exprime sa monumentalité que par la forme et quelques éléments monumentaux. La fenêtre en bandeau participe énormément à l atmosphère moderne et brutaliste de l ensemble. Cette horizontalité presque infinie se rompt suivant les modules et accentue le dialogue entre l échelle de l infrastructure et le paysage auquel elle fait face. II
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- un cœur habité - Les quatre bâtiments qui peuvent se lire comme deux entités superposées ou adossées, sont reliés les uns aux autres par des coursives ou des cages d escaliers. Le vide restant forme des cours apportant de la lumière et de l air dans ce cœur. La circulation se fait par ces passerelles, la fracture horizontale entre les barres offre suffisamment d espace pour héberger les espaces collectifs. On retrouve par exemple des commerces, des cabinets médicaux mais aussi des salles de séminaires, des théâtres extérieurs etc. Cet espace extérieur couvert est continu sur toute la longueur de l ouvrage. Elle se déplace verticalement pour s adapter au variations de terrains. Lors de ces décalages, des espaces en double hauteur se créent, offrant une nouvelle volumétrie et un nouveau cadrage sur le paysage. En effet, cette galerie est un formidable balcon qui projette le passant sur le paysage lointain. Par cette colonne vertébrale, M. Fiorentino cherche à allier la galerie commerçante et le toit terrasse de l Unité d habitation en un seul espace qui aurait les caractéristiques de chacun. Verticalement, les cours offrent des vues croisées entre les barres. Dans la partie basses, ces vides ne servent qu à l aération mais dans la partie haute, elles sont plus larges et accueillent des coursives qui desservent les appartements. Dès lors, une véritable vie collective peut se créer autour de ces vides qui se croisent. La rue commerçante profite de la lumière de cette faille. IV V
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- une cellule unique - Une seule famille d appartement constitue le Corviale, ce sont tous des mono-orientés (vers l Est ou l Ouest) qui disposent cependant d ouvertures sur la cour intérieure mais qui servent plutôt d aération plutôt qu à l apport de lumière dans la partie inférieure. Les deux ou trois chambres ainsi que les espaces de séjours se placent sur la façade extérieure. La cuisine, les salles de bains et les espaces de rangement eux sont sur la parois intérieure, vers la cour. Les paliers qui desservent ces appartements sont généreux et servent aussi de lobby d entrée à ces appartements de taille très modeste. La disposition des pièces dans les appartements peut sembler être en contradiction avec les vides et la collectivité qui peut se mettre en place autour. Mais le Corviale est placé au milieu de nul part, les pièces principales se projettent donc vers ce paysage. De plus, lui comme d autres communautés satellites tels que Laurentino et Spinaceto qui ont été construites à la périphérie de Rome, à la suite de la loi 167 et du plan pour le Bâtiment Economique et Populaire de 1964, souffrent de l absence d infrastructures adéquates pour qu elles fonctionnent pleinement. Elles restent donc physiquement et spirituellement isolées de la grande ville dont elles étaient destinées à être rattachées tels des satellites. Au cours des dernières années, le système de métro de Rome a été étendu à certaines de ces communautés éloignées mais pas au Corviale. Plutôt que de relever le défi d une conception trop monumental ou une typologie trop homogène, la raison la plus probable de l échec du logement est l isolement du bâtiment. L idée d un conteneur autonome au sein d un domaine urbain n est pas une stratégie réaliste pour un immeuble dont la population a de faibles revenus. Les théoriciens soutiennent que le projet est trop idéal et que ce rêve architectural ne peut pas fonctionner dans un monde imparfait tel que le notre.
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- Bibliographie - F. Moschini, Mario Fiorentino, la casa progetti 1946-1981, Kappa, 1985 - Illustrations - I II III IV V VI VII VIII IX Vue ensemble - http://www.archidiap.com/works/quartiere-di-corviale/ Vue entrée - http://corviale.it/wp-content/gallery/corviale_00/corviale(33).jpg Vue ensemble - http://3.bp.blogspot.com/-6yoflpcckgc/tuw8dyp8bpi/aaaaaaaad1g/ hhwcrpzllj4/s640/roma-corviale-05.png Vue rue - http://corviale.it/wp-content/gallery/corviale_00/corviale(27).jpg Vue rue - http://1.bp.blogspot.com/-tld1h2z3rni/tuw81roxlri/aaaaaaaad14/ PYNrpAIYk0E/s1600/ROMA-Corviale-02.png Vue espace éxtérieur - http://3.bp.blogspot.com/-6yoflpcckgc/tuw8dyp8bpi/ AAAAAAAAD1g/hHwcRpZllJ4/s640/ROMA-Corviale-05.png Vue espace extérieur - http://4.bp.blogspot.com/-o67rnmbiwck/tuw8shphbdi/ AAAAAAAAD1Y/44NxK7Z9P1I/s640/ROMA-Corviale-01.png Vue coursive - http://www.archidiap.com/works/quartiere-di-corviale/ Vue coursive - http://www.archidiap.com/works/quartiere-di-corviale/