MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE ===== CABINET RÉPUBLIQUE DU CONGO Unité * Travail * Progrès MOT DE MONSIEUR CHARLES RICHARD MONDJO MINISTRE DE LA DEFENSE NATIONALE DE LA REPUBLIQUE DU CONGO A LA CLOTURE DE LA REUNION DU GROUPE DES AMIS DU GOLFE DE GUINEE G7++ Rome - 27 juin 2017 ------------- 1
Monsieur le sous-secrétaire à la Défense de la République italienne, Monsieur le ministre de la Défense nationale de la République fédérale du Nigéria, Monsieur le Président du Groupe des Amis du Golfe de Guinée, Excellences Mesdames et Messieurs, Chers Participants, C est avec honneur que je prends la parole à l occasion de cette réunion du Groupe les Amis du Golfe de Guinée dont la présidence tournante est assurée par l Italie. J apprécie ce moment de partage d expériences qui permet de lire l évolution de la mise en œuvre des engagements pris par les Etats, dans la recherche des solutions face à la problématique de la sécurisation du domaine maritime du Golfe de Guinée. Permettez-moi donc de remercier le Groupe du G7++ des amis du Golfe de Guinée pour la part qu il prend dans cette cause internationale. Tous mes remerciements au Gouvernement italien qui m a fait l honneur de m inviter à la cloture de cette réunion. Mesdames et Messieurs membres du Groupe, Votre initiative contribue efficacement au renforcement de la coopération entre les Etats du Golfe de Guinée et leurs partenaires en vue de relever les défis qui s y posent en matière de sécurité maritime. Je voudrai donc, en quelques lignes, présenter les points saillants de l expérience congolaise en matière de lutte commune contre les opérateurs illicites dans les eaux du Golfe de Guinée. 2
En effet, le Sommet de Yaoundé en 2013, reste l axe central de l architecture de sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. Ce cadre a été renforcé par la Charte de Lomé en 2016. La stratégie de sécurité maritime de l Afrique centrale est arrimée sur un certain nombre d outils tels que le Centre régional de sécurité maritime pour l Afrique Centrale, en sigle CRESMAC, les centres des opérations maritimes, en sigle COM, et le Centre interrégional de coordination. La réflexion collective en la matière prend appui sur la succession d un certain nombre d actes de violence à partir de la mer. Ces actes ont éveillé la prise de conscience et amené les Chefs d Etat de la CEEAC a adopter une stratégie commune de sécurisation des intérêts en mer des Etats, prenant en compte la souveraineté maritime nationale et la sécurisation des routes maritimes internationales qui traversent le Golfe de Guinée. L urgence des attaques de piraterie a conduit la Communauté économique des Etats de l Afrique Centrale, en sigle CEEAC, à mettre en place un plan de sécurisation de la zone D, qui comprend le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale, pour se prémunir du trafic des êtres humains, de l immigration clandestine et des attaques contre les banques. La mutualisation des moyens entre les Etats membres de la CEEAC, en général, et ceux de la zone D en particulier, a permis la diminution des actes de pêche illicite, de banditisme en provenance de la mer et de piraterie. Dans le but de coordonner les efforts entre régions, le Protocole relatif à la stratégie pour la sécurisation des pays de la CEEAC du Golfe de Guinée a préconisé une synergie entre la Communauté Economique de l Afrique Centrale, la Communauté Economique des Etats de l Afrique de l Ouest et la Commission du Golfe de Guinée. Cette dynamique a débouché sur le Sommet des Chefs d Etat de la Communauté Economique de l Afrique Centrale, de la Communauté Economique des Etats de l Afrique de l Ouest et de la Commission 3
du Golfe de Guinée de Yaoundé 2013. Les conclusions qui en sont sorties, sont devenues le cadre de référence. Nous disposons désormais, entre autres, des instruments suivants: - Un Code de conduite «transitoire et expérimental» relatif à la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée, à l encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique du Centre et de l Ouest ; - Un Centre interrégional de coordination, en sigle CIC. Sont ainsi posées, les bases d une coopération interrégionale entre la CEDEAO par le biais du CRESMAO, et la CEEAC par le biais du CRESMAC, basé à Pointe-Noire en République du Congo. Mesdames et Messieurs, C est à l aune de la mise en œuvre du CRESMAC et du Code de Conduite de Yaoundé que l engagement du Congo peut être apprécié. En effet, les efforts du Congo portés sur la construction des infrastructures, la mise à disposition des équipements et l élaboration des bases de la politique de sûreté et de sécurité maritimes. Ainsi, pour opérationnaliser son Centre des Opérations Maritimes la Républiqe du Congo a installé des sémaphores dans le cadre de la surveillance maritime et acquis des vecteurs mobiles. La réforme de la gouvernance maritime, en application des conventions en vigueur, est aussi un chantier ouvert dans le cadre de mise en œuvre de la politique de l Action de l Etat en Mer, qui bénéfice d ores et déjà d un cadre institutionnel adéquat. La République du Congo a ratifié toutes les conventions internationales sur la piraterie et les actes illicites en mer et a traduit certaines d entre elles en droit interne. La certification ISPS a été réalisée avec le concours des garde-côtes américains dans les installations portuaires congolaises depuis 2011. 4
La participation du Congo aux exercices conjoints des forces navales est davantage plus régulière que par le passé. Cependant, le renforcement des capacités des personnels en matière de sécurité et de sureté maritimes demeure un défi majeur à relever. Ces actions intègrent la perspective de construction des infrastructures d une base navale couplée à un chantier naval et l acquisition des navires de grand tonnage. Les efforts de sécurisation de l espace maritime national et sousrégional sont en articulation réelle avec ceux déployés pour la sécurisation du domaine continental et de la frange fluviale, de sorte que la menace d où qu elle vienne, soit contrôlée grâce à une synergie d action entre les forces terrestres et navales. Le Centre des Opérations Maritimes a pour finalité d être à la fois un centre d analyse et de synthèse de l information maritime au plan local mais aussi comme centre névralgique de gestion des crises pouvant avoir lieu sur cet espace mouvant qu est l océan au profit de la terre. Il est, en définitive, le point de départ et d arrivée de l architecture de sécurité maritime. C est en cela que l opérationnalisation des COM devient une nécessité et une exigence pour nos Etats respectifs, afin que les CMC, le CRESMAC, le CRESMAO et le CIC jouent pleinement chacun son rôle. Mesdames et Messieurs, La mise en place de l architecture de sécurité maritime définie par le Sommet de Yaoundé appelle, en effet, des efforts de la part des différentes parties, notamment, la CEDEAO/CRESMAO, la CEEAC/CRESMAC, le CIC et les partenaires internationaux. La République du Congo, mon pays, suit avec une attention particulière, le fonctionnement du CRESMAC, cet outil de centralisation et de mutualisation des efforts de différents acteurs de la sécurité maritime. 5
En ce qui concerne la stratégie de l Afrique centrale, le CRESMAC assume, le rôle de tête de pont à l opérationnalisation du Centre Interrégional de Coordination(CIC) basé à Yaoundé dans sa mission de coordination interrégionale. Cependant, on peut noter que cette structure communautaire est confrontée aux difficultés de son financement basé sur les taxes prélevées auprès des Chargeurs Réunis qui tarde encore à se mettre en œuvre. C est dans cette perspective que se lit l engagement de la République du Congo, honorée d ailleurs de donner une appréciation des évolutions en cours en matière de sécurité maritime. C est ici l occasion de noter combien la réunion de Rome aura permis d apprécier l ampleur des défis en matière de sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. A nous de redoubler d ardeur, au sortir de cette réunion, pour privilégier l action. Pour ma part, je ne cesserai d appeler à la mutualisation des moyens, difficile à réaliser et à maintenir dans la durée certes, mais indispensable pour relever les défis qui se posent. Car, à titre d exemple, l acquisition par un Etat des vecteurs mobiles et des équipements des stations radars pour la surveillance côtière coûte cher. Il en est de même pour la maintenance et l entretien de ces équipements indispensables. La mise en place de l Action de l Etat en mer est, quant à elle, plombée par des pesanteurs administratives. Le déficit en ressources humaines spécialisées dans la sécurité maritime est lui aussi un défi à relever. Ces faiblisses signalent la nécessité de mettre en place une démarche de mutualisation des matériels lors des exercices conjoints. 6
La formation des ressources humaines aptes à œuvrer au sein du CRESMAC, du CRESMAO, du CIC, des COM et de l Action de l Etat en Mer, devrait intégrer ce principe de mutualisation. L action commune peut donc être portée sur des formations qualifiantes et diplômantes. L implication de la Communauté internationale est nécessaire, à ce niveau, pour densifier les efforts des pouvoirs publics. Enfin, la coordination de l action de tous les acteurs exerçant en mer est un facteur de succès important pour la bonne exécution du Code de conduite et de toutes les dispositions de stratégie de sécurité maritime. Mesdames et Messieurs, Nos Etats sont pleinement conscients des menaces qui proviennent du domaine maritime, d où ils tirent l essentiel de leurs richesses nationales. Pour relever le défi sécuritaire dans l espace maritime du Golfe de Guinée, les enjeux sont d ordre financier et humain. Les apports souhaités des partenaires internationaux doivent contribuer à relever ces defis. C est ainsi que l urgence d un plan d action pour une mutualisation et une répartition cohérente des ressources (Etats, Communautés économiques régionales, Communauté internationale), sur une certaine durée est avérée. Monsieur le Président du Groupe, Mesdames et Messieurs, Je m en voudrais de terminer mon propos, sans vous réitérer mes remerciements pour cette heureuse initiative, dont chacun peut apprécier l importance. Remerciements d autant plus sincères que votre engagement est manifeste dans la recherche des solutions face aux grands défis de sécurité maritime qui nous interpellent. 7
Je salue le travail qu accompli chaque jour le groupe des Amis du Golfe de Guinée. Puisse votre organisation continuer de porter le flambeau du Golfe de Guinée et renforcer ainsi le plaidoyer et le partenariat entre tous les acteurs, afin de proposer des perspectives pour une réponse encore plus adaptée! Je vous remercie. 8