La céphalée est due à l'activation de structures sensibles à la douleur dans ou autour du cerveau, du crâne, du visage, des sinus ou des dents.

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Transcription:

Céphalée Le site du Docteur Abdoul Karim CHIRARA Adresse du site : www.docvadis.fr/doc.chirara Article tiré du manuel Merck. Céphalée La céphalée est une douleur dans n'importe quelle partie de la tête, y compris le cuir chevelu, le visage (dont la zone orbito-temporale) et l'intérieur de la tête. La céphalée est l'une des raisons les plus fréquentes conduisant les patients à consulter un médecin. Physiopathologie La céphalée est due à l'activation de structures sensibles à la douleur dans ou autour du cerveau, du crâne, du visage, des sinus ou des dents. Étiologie La céphalée peut survenir en tant que pathologie primaire ou être secondaire à un autre trouble (v. Tab. 1). Les céphalées primaires comprennent la migraine, l'algie vasculaire de la face (y compris hémicrânie paroxystique chronique et hémicrânie continue) et la céphalée de tension. La céphalée secondaire a de multiples causes (v. Tab. 1).

Globalement, les causes les plus fréquentes de céphalée sont : la céphalée de tension, la migraine. Certaines causes de céphalée sont fréquentes ; d'autres sont importantes à reconnaître parce qu'elles sont dangereuses, nécessitent un traitement spécifique, ou les deux (v. Tab. 2). L'évaluation se focalise sur la détermination de la présence ou non d'une cause secondaire. Si aucune cause n'est identifiée, elle se concentre sur le diagnostic de céphalée primaire. L' histoire de la maladie inclut des questions sur la localisation de la céphalée, sa durée, son intensité, sa survenue (p. ex. soudaine, progressive) et sur son type (p. ex. lancinante, constante, intermittente, à type de tension). Les facteurs d'éxacerbation et de soulagement (p. ex. position de la tête, moment dans la journée, sommeil, lumière, bruit, activité physique, odeurs, mastication) sont notés. Si le patient a déjà présenté des céphalées ou s'il en a de façon récidivante, le diagnostic antérieur (le cas échéant) doit être examiné et on doit déterminer si la céphalée actuelle est semblable ou différente des précédentes. En cas de céphalées récidivantes, l'âge de première survenue, la fréquence des épisodes, leur évolution dans le temps (y compris toute relation avec le cycle menstruel) et la réponse aux traitements (y compris les traitements sans ordonnance) sont notés. L' examen systémique doit rechercher des symptômes évoquant une cause, y compris : vomissements : migraine, hypertension intracrânienne, fièvre : infection (p. ex. encéphalite, méningite, sinusite), œil rouge, symptômes visuels (halos, vision floue) : glaucome aigu à angle fermé,

déficits du champ visuel, diplopie, ou vision floue : migraine oculaire, processus occupant cérébral, hypertension intracrânienne idiopathique, larmoiement et bouffées vasomotrices faciales : algie vasculaire de la face, rhinorrhée : sinusite, acouphènes pulsatiles : hypertension intracrânienne idiopathique, aura précédent la céphalée : migraine, déficit neurologique focal : encéphalite, méningite, hémorragie intracérébrale, hématome sous-dural, tumeur ou autres masses, convulsions : encéphalite, tumeur ou autres masses, syncope au début de la céphalée : hémorragie méningée, myalgies, modifications visuelles (personnes > 55 ans) : artérite à cellules géantes. Les antécédents médicaux doivent identifier les facteurs de risque de céphalée, y compris l'exposition à des médicaments, des substances (en particulier la caféine) et des toxines (v. Tab. 1), une ponction lombaire récente, des pathologies immunosuppressives ou l'usage de drogues injectables (risque d'infection) ; l'hypertension artérielle (risque d'hémorragie cérébrale) ; un cancer (risque de métastases cérébrales) ; une démence, un traumatisme, une coagulopathie, ou une prise d'anticoagulants ou d'alcool (risque d'hématome sous-dural). Les antécédents familiaux et sociaux doivent inclure tous les antécédents familiaux de céphalées, essentiellement car la migraine peut ne pas avoir été diagnostiquée parmi les membres de la famille. Les signes vitaux sont mesurés, y compris la température. Le comportement général (p. ex. agité ou calme dans une chambre noire) est noté. Un examen général est réalisé, en mettant l'accent sur la tête et le cou, ainsi qu'un examen neurologique complet. Le cuir chevelu est examiné pour recherche de zones de gonflement et de sensibilté. L'artère temporale ipsilatérale est palpée, et les deux articulations

temporo-mandibulaires sont palpées pour rec herche d'une sensibilté et de craquements alors que le patient ouvre et ferme la mâchoire. L'oeil et la zone péri-orbitaire sont inspectés pour recherche de larmoiement, de bouffées vasomotrices et d'injection conjonctivale. La taille pupillaire et la réponse à la lumière, la motricité oculaire extrinsèque et le champ visuel sont évalués. Les fonds d'œil sont contrôlés pour recherche de pulsations veineuses spontanées et d'un œdème papillaire. Si les patients présentent des symptômes visuels ou des anomalies oculaires, l'acuité visuelle est mesurée. Si la conjonctive est rouge, la chambre antérieure et la cornée sont examinées à la lampe à fente si possible, et la pression intraoculaire est mesurée. Les narines sont inspectées pour recherche d'une purulence. L'oropharynx est inspecté pour recherche de gonflements et les dents sont percutées pour recherche d'une sensibilité. Le cou est fléchi pour détecter une gêne, une rigidité ou les deux, indiquant un syndrome méningé. Le colonne cervicale est palpée pour recherche d'une sensibilité. Si des céphalées similaires réapparaissent chez des patients qui semblent en bonne santé et ont un examen normal, la cause est rarement de mauvais pronostic. Les céphalées qui réapparaissent depuis l'enfance ou l'âge adulte suggèrent une céphalée primaire. Si le type ou la nature de la céphalée se modifie clairement chez des patients souffrant de céphalée primaire connue, une céphalée secondaire doit être suspectée. La plupart des symptômes isolés de la céphalée primaire autres que les auras sont non spécifiques. Une combinaison de symptômes et de signes est plus caractéris tique (v. Tab. 2). Les signes d'alerte suggè rent une cause (v. Tab. 3). La plupart des patients peuvent être diagnostiqués sans examens complémentaires. Toutefois, certaines pathologies graves peuvent exiger des explorations en urgence.

certains patients requièrent des tests dès que possible. Un scanner (ou une IRM) doit être effectué chez les patients présentant l'un des signes suivants : une céphalée en coup de tonnerre, des troubles du comportement, un syndrome méningé, un œdème papillaire, des signes de septicémie (p. ex. éruptions cutanées, choc), un déficit neurologique focal aigu, une hypertension sévère (p. ex. systolique > 220 mm Hg ou diastolique 120 mm Hg sur des examens successifs). En outre, si une méningite, une hémorragie méningée ou une encéphalite est suspectée, une ponction lombaire pour une analyse du LCR doit être réalisée, si non contre-indiquée par les résultats de l'imagerie. Une mesure du tonus oculaire doit être faite si les résultats suggèrent un glaucome aigu à angle fermé (p. ex. halos visuels, nausées, œdème cornéen, chambre antérieure peu profonde). d'autres examens doivent être faits dans les heures ou jours qui suivent, selon l'intensité et la gravité des résultats et des causes soupçonnées. Une imagerie cérébrale, généralement une IRM, doit être réalisée si les patients présentent l'un des éléments suivants : déficit neurologique focal subaigu ou début incertain, âge > 50 ans, perte de poids, cancer, infection à VIH ou sida, modification du type habituel de céphalée, diplopie. La vitesse de sédimentation doit être mesurée si les patients ont des symptômes visuels, une claudication de la mâchoire ou de la langue, des signes

au niveau de l'artère temporale ou d'autres résultats suggérant une artérite à cellules géantes. Un scanner des sinus est réalisé pour exclure une sinusite compliquée si les patients ont des signes généraux sévères (p. ex. fièvre élevée, déshydratation, prostration, tachycardie) et des signes suggérant une sinusite (p. ex., céphalée frontale, céphalée positionelle, épistaxis, rhinorrhée purulente). Une ponction lombaire avec analyse du LCR est faite si la céphalée est progressive et si les résultats suggèrent une hypertension intracrânienne idiopathique (p. ex. perte transitoire de la vision, diplopie, acouphènes intracrâniens pulsatiles) ou une méningite chronique (p. ex. léthargie, vomissements, déficits neurologiques focaux). Le traitement de la céphalée est guidé par la cause. Les céphalées de novo après l'âge de 50 ans doivent être considérées comme une pathologie secondaire jusqu'à preuve du contraire.