SCHÉMAS D INTÉGRATION TEMPORELLE POUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE

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SCHÉMAS D INTÉGRATION TEMPORELLE POUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE David Ryckelynck Centre des Matériaux, Mines ParisTech 28 septembre 2015

Plan du cours 1 Motivations 2 θ-méthode 3 Stabilité 4 Les méthodes de Runge-Kutta 5 Exercices Mastère DMS 2015, Schémas d intégration temporelle 2/33

Motivations De nombreuses lois de comportement sont décrites en adoptant le formalisme d équations différentielles ordinaires (EDO) en temps, pour reproduire les effets d histoire de chargement au travers de l évolution temporelle de variables internes. Dans de nombreux cas, on ne sait pas trouver de solution analytique à ces équations. Il existe des schémas d intégration numérique très généraux, que l on pourra appliquer à différentes lois de comportement où à différents problèmes espace-temps (thermique transitoire, équations paraboliques,...) gouvernés par des équations aux dérivées partielles (EDP). Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 3/33

Quelques exemples d équations différentielles ordinaires en temps En physique et en mécanique on décrit des transformations. Souvent, ces transformations sont considérées au cours du temps. Les variables sont alors des fonctions du temps vérifiant des équations différentielles en temps. Dans ce cours, nous nous intéressons aux équations différentielles ordinaire du premier ordre. Les fonctions ne dépendent que d une seule variable notée t R. La forme générale des équations différentielles ordinaire en temps du premier ordre est la suivante : on cherche q(t) R N, pour tout t dans ]0, T ] vérifiant, q = g(q; t), q R N où g est une fonction à plusieurs variables : q R, t R g(q; t) R N Notation : q = q t Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 4/33

Cas particulier des systèmes linéaires Dans le cas linéaire, il existe des matrices C R N N (N lignes et N colonnes) et K R N N et un vecteur F(t) R N tels que l EDO s écrive : C. q + K.q = F(t) avec C inversible. Dans la suite de ce cours on se limitera aux matrices symétriques. Dans ce cas, g(q, t) est défini de façon implicite : C.g(q, t) + K.q = F(t) g(q, t) = C 1 K q + C 1 F(t) q = g(q; t) Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 5/33

Exercice simple, cas des équations linéaires à coefficients constants On cherche la solution de : q(0) = q o a q + b q = f (t) a, b, q o, q(t) R, N = 1 Recherche de la solution générale du problème homogène (second membre nul). Recherche d une solution particulière pour f (t) = c t. Superposition des solutions et prise en compte de la condition initiale. Régime stationnaire / régime transitoire pour f (t) = c. Passage au cas matriciel par la notion d exponentiel de matrice. Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 6/33

Discrétisation de l intervalle de temps On adopte une approche incrémentale, à un pas. En t n on suppose connu q n et on cherche q n+1, approximation de q(t n+1 ). On note m le nombre total d incréments en temps. temps& t 0& t n& t n+1& Nous adoptons une représentation numérique du temps en considérant des pas de temps ]t n, t n+1 ]. t = t n+1 t n (sans indice pour t) Il faut choisir un traitement numérique des dérivées en temps. Par exemple : par différence finie, en considérant un développement en série de Taylor q(t n + t) = q(t n) + q(t n) t + 1 2 q(tn) t2 + o( t 2 ) Notation de Landau : o( t α ) lim t 0 t α = 0 o( t α ) tend plus vite vers 0 que t α. α est l ordre de convergence de l approximation. Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 7/33

Consistance Une méthode d intégration temporelle est consistante si et seulement si elle engendre une suite (q n) m n=1 tel que : q n+1 q n lim = q(t n) t 0 t La consistance d une méthode d intégration est une condition nécessaire de convergence, quand en pratique on prend des petits pas de temps. Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 8/33

Différence avec un problème de quadrature On sait que : tn+1 q(t n+1 ) = q(t n) + I n, I n = q(τ) dτ t n +& g(q n+1,t n+1 )& I n temps& t 0& t n& t n+1& Schéma de la méthode des trapèzes. Mais ici, la valeur de g est inconnue. tn+1 I n = t n g(q(τ); τ) dτ On ne peut donc pas appliquer les méthodes de quadrature. Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 9/33

Problème de Cauchy En associant une condition initiale adaptée à l EDO, on obtient un problème de Cauchy. Le théorème de Cauchy-Lipschitz assure l existence et l unicité de la solution de l EDO, pour t t o : Si on connait q o R N tel que q(t o) = q o et si g(q, t) est localement lipschitzienne par rapport à la première variable : k R +, t t o, q 1, q 2 R N, g(q 2, t) g(q 1, t) k q 2 q 1 C est une condition de régularité de la fonction g. Mastère DMS 2015, Motivations Schémas d intégration temporelle 10/33

Différences finies On introduit l approximation suivante de la dérivée première par rapport au temps : q = 1 t (q n+1 q n) + o( t), t = t n+1 t n Ici o( t) est l erreur de consistance. On suppose négligeable l erreur au premier ordre. q(t) q n +& q n+1 +& temps& t 0& t n& t n+1& Mastère DMS 2015, θ-méthode Schémas d intégration temporelle 11/33

Rappel du théorème des accroissements finis Soit f : [a, b] R une fonction continue sur [a,b] et dérivable sur ]a, b[. Alors il existe c ]a, b[ tel que : f (b) f (a) = f (c) (b a) f '(c) f(a) +" f(b) +" c " a " b " On s inspire de ce théorème dans la suite, pour obtenir f (t n+1 ) en connaissant f (t n) et une estimation de f (c), notée dans ce cours ḟ. Mastère DMS 2015, θ-méthode Schémas d intégration temporelle 12/33

La θ-méthode L approximation par différence finie est complétée d une évaluation en (q θ, t θ ) de l EDO, avec une approximation affine en temps de q(t) : q n q(t ~& θ ) +& q n+1 +& t 0& t t θ & n& t n+1& temps& θ [0, 1] t θ = (1 θ) t n + θ t n+1 q θ = (1 θ) q n + θ q n+1 1 t (q n+1 q n) = g( q θ, t θ ) Remarque Pour les EDO linéaires, il faut résoudre à chaque incrément en temps un système linéaire de taille N. Différents schémas d intégration temporelle : Euler explicite (Forward Euler method) : θ = 0, Crank-Nicholson : θ = 1 (méthode d ordre 2), 2 Euler implicite (Backward Euler method) : θ = 1. Mastère DMS 2015, θ-méthode Schémas d intégration temporelle 13/33

Méthode d Euler explicite On utilise la dérivée au début de l intervalle de temps pour prévoir la réponse sur le pas de temps. On choisit pour cela θ = 0. δ 1 q = t g(q n, t n) q n+1 = q n + δ 1 q + o( t) Remarque : Dans le cas d EDO linéaires, pour avoir un un algorithme complètement explicite pour chaque composante de q, il faut que C soit diagonale :... 0 0 C ij = c i δ ij C 1 1 = 0 0 c i. 0 0.. où δ ij est le symbol de Kronecker. On obtient alors : q i (t n+1 ) = q i(n+1) = q in + t c i ( (K q n) i + F i (t n)), i = 1,...N Mastère DMS 2015, θ-méthode Schémas d intégration temporelle 14/33

Méthode de Crank-Nicholson La méthode de Crank-Nicholson est similaire à une formule de quadrature par la méthode des trapèzes pour les EDO linéaires. q n+1 = q n C 1 t ( 1 2 K qn + 1 2 K q n+1) + C 1 t ( 1 2 Fn + 1 2 F n+1) Cette méthode est d ordre 2. A chaque incrément, le système linéaire suivant doit être résolu : ( C t + 1 2 K) q n+1 = ( C t 1 2 K) qn + 1 2 Fn + 1 2 F n+1 Pour les EDO linéaires à coefficients constants, dans le cas d un pas de temps constant, il est avantageux de conserver en mémoire la décomposition de la matrice C t + 1 2 K. Mastère DMS 2015, θ-méthode Schémas d intégration temporelle 15/33

Méthode d Euler implicite pour une EDO linéaire Le système linéaire à résoudre : q = g(q, t), avec C g(q, t) = K q + F ( C t + K) q n+1 = C t qn + F n+1 Pour les EDO linéaires à coefficients constants, dans le cas d un pas de temps constant, il est avantageux de conserver en mémoire la décomposition de la matrice C t + K. Mastère DMS 2015, θ-méthode Schémas d intégration temporelle 16/33

Discussion sur le choix de t pour un exemple de diffusion thermique Considérons un problème 1D de conduction de la chaleur. C est une EDP parabolique. Un barreau en cuivre est découpé en 20 éléments finis de longueur h. Exemple de simulation : chauffage d un barreau Méthode des éléments finis h N1 o Noeuds (21) N4... N20... Choix de q o = 0 C ij = ρ C p h 4 (2 δ ij + δ (i 1)j + δ (i+1)j ), i > 1 C 1j = ρ C p h 4 (δ 1j + δ 2j ) F i = φ d δ 21 i K ij = k h (2 δ ij δ (i 1)j δ (i+1)j ), i > 1 K 1j = k h (δ 1j δ 2j ) où les propriétés physiques sont : ρ = 8920 kg.m 3 masse volumique, C p = 385 J.kg 1.K 1 capacité massique, k = 400W.m 1.K 1 conductivité. Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 17/33

... Discussion sur le choix de t pour un exemple N 4 de diffusion thermique q 4 q 10 t N 20 Résultats: T Choix de Euler explicite q 1 Erreur Euler implicite 15% 5%... 100% pour Euler explicite Euler explicite Euler implicite Pour la méthode d Euler explicite, il existe un pas de temps critique, noté t c. Si t > t c alors des oscillations, d amplitude croissante, apparaissent dans la solution. C est la manifestation d un problème de stabilité. Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 18/33

Stabilité d un schéma d intégration en temps Une méthode d intégration est stable si une petite variation du vecteur d état à l instant t n n entraine que des variations consécutives qui ne sont pas croissantes au cours du temps. Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 19/33

Etude de la stabilité de la θ-méthode, dans le cas linéaire Si une petite perturbation est amplifiée au cours des incréments en temps, alors il y a une instabilité numérique. Pour faciliter l analyse de stabilité, on effectue un changement de variable, par projection dans une base de vecteurs propres : On en déduit : Donc : φ k R N, λ k R +, λ k C φ k + K φ k = 0, avec φ T i C φ j = δ ij, λ k 0 y R N, q = N φ k y k = [φ] y, k=1 ẏ = [φ] T C g([φ] y, t) ẏ = [φ] T K [φ] y + [φ] T F [φ] = [φ 1,..., φ N ] R N N avec ([φ] T K [φ]) ij = λ i δ ij. Il s agit donc d un système d équations découplées. Puis, considérons l effet d une petite perturbation δy k à la ligne k : ẏ k = λ k y k + F k Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 20/33

Etude de la stabilité de la θ-méthode, dans le cas linéaire Appliquons la θ-méthode à la ligne k : devient y k n+1 y k n t ẏ k = λ k y k + F k = λ k ((1 θ) y k n + θ y k n+1 ) + (1 θ) F k n + θ F k n+1 (1 + t θ λ k ) y k n+1 = (1 t (1 θ) λ k ) y k n + t ((1 θ) F k n + θ F k n+1 ) Considérons l effet d un petite perturbation δy k n en t n pour la ligne k. On obtient l équation d évolution de la perturbation : Le coefficient d amplification est donc : (1 + t θ λ k ) δy k n+1 = (1 t (1 θ) λ k ) δy k n A k = 1 + t (θ 1) λ k 1 + t θ λ k, δy k n+1 = A k δy k n Si max k 1+ t (θ 1) λ k < 1 alors il n y a pas d amplification de perturbation. 1+ t θ λ k Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 21/33

Etude de la stabilité de la θ-méthode, dans le cas linéaire 1 + t (θ 1) λ k λ = 1 k < 1 1 + t θ λ k 1 + t θ λ k Existe-t-il une valeur de t > 0, notée t ck telle que : 1 + t ck (θ 1) λ k 1 + t ck θ λ k = 1 1 + t ck (θ 1) λ k + 1 + t ck θ λ k = 0 2 + t ck (2 θ 1) λ k = 0 Si θ < 1, il existe tc > 0 tel que : 2 t c = min k 1 ( 1 2 θ) λ k Si θ 1 2, on a max k A k < 1. Le schéma est stable. 1 = ( 1 2 θ) max k λ k Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 22/33

Etude de la stabilité de la θ-méthode, dans le cas linéaire Si θ < 1 2, comment choisir t? Nous souhaitons avoir A k > 1 : 1 + t (θ 1) λ k > 1 t θ λ k Il faut donc t < t c. 2 + t (2 θ 1) λ k > 0 t < t λ k < 2 (2 θ 1) 2 (2 θ 1) λ k k = 1,..., N La θ-méthode est stable pour θ 1. Donc Euler implicite et Crank-Nicholson sont des schéma 2 stables. La θ-méthode est conditionnellement stable pour θ < 1. Il faut déterminer un pas de temps 2 critique t c et choisir t < t c. Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 23/33

Application de l étude de stabilité au cas de la diffusion thermique Dans le cas du problème parabolique de diffusion thermique, les valeurs propres λ k dépendent de h, la taille des éléments. On peut alors introduire le coefficient CFL (Courant Friedrichs Lewy) : β = k ρ C p Une estimation de max k λ k peut être obtenue avec la plus grande valeur propre du plus petit élément pris de façon isolée (théorème de de Irons et Threhane). On obtient ici : On en déduit : max λ k k t h 2 8 k ρ C p h 2 ρ Cp h2 t c = ( 1 2 θ) 8 k Plus le plus petit élément est petit, plus il faut réduire le pas de temps pour θ < 1 2. Dans le cas étudié, on a : t t c = ( 1 2 θ) 8 β La condition CFL est donc : ( 1 2 θ) 8 k ρ C p t h 2 < 1 pour avoir un schéma stable. Si θ < 1 plus h est petit pour capter de forts gradients, plus il faut t 2 petit. Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 24/33

Illustration de l effet d un petit élément dans le cas du schéma d Euler explicite On choisit t > t c, mais donnant un schéma stable si on enlève le plus petit élément du maillage. Mastère DMS 2015, Stabilité Schémas d intégration temporelle 25/33

Méthode de Runge-Kutta du second ordre (RK2) q n t 0& t n& t n+1& q(t ~& 1/2 ) +& q n + Δt g(q n,t n ) +& +& qn + Δt g(q(t ~& 1/2 ),(t n +t n+1 )/2) La prévision est construite avec 2 évaluations de la fonction g : δ 1 q = t g(q n, t n) δ 2 q = t g(q n + δ 1q t, tn + 2 2 ) q n+1 = q n + δ 2 q + o( t 2 ) δ 1 q est l incrément calculé par la méthode d Euler explicite. Ce schéma annule le premier ordre de l erreur. temps& Mastère DMS 2015, Les méthodes de Runge-Kutta Schémas d intégration temporelle 26/33

Méthode de Runge-Kutta du quatrième ordre La prévision est construite avec 4 évaluations de la fonction g : δ 1 q = t g(q n, t n) δ 2 q = t g(q n + δ 1q t, tn + 2 2 ) δ 3 q = t g(q n + δ 2q t, tn + 2 2 ) δ 4 q = t g(q n + δ 3 q, t n + t) q n+1 = q n + δ 1q 6 + δ 2q 3 + δ 3q 3 + δ 4q 6 + o( t4 ) Remarque sur la complexité numérique : Les pas de temps utilisés pour ce schéma ne sont pas nécessairement deux fois plus grands que ceux utilisés pour le schéma du second ordre. Mais s il le sont la complexité numérique du schéma est moins grande que celle de RK2. Mastère DMS 2015, Les méthodes de Runge-Kutta Schémas d intégration temporelle 27/33

Adaptation du pas de temps pour la méthode de Runge-Kutta Approche empirique pour évaluer la convergence de l approximation : diviser la taille du pas de temps par 2, comparer les prévisions et recommencer tant que l écart entre les deux dernières prévisions est jugé trop important. Mais en général l erreur d approximation ne converge pas de façon uniforme sur tout l intervalle de temps. Il est parfois utile de concentrer les petits pas de temps en certains endroits de l intervalle de temps. Une méthode adaptative de pas de temps permet de mieux répartir sur l intervalle de temps les erreurs d approximation en ayant le souci de réduire les temps de calcul. L adaptation des pas de temps permet aussi de faciliter la linéarisation de certains problèmes d évolution non linéaires. Mastère DMS 2015, Les méthodes de Runge-Kutta Schémas d intégration temporelle 28/33

Adaptation du pas de temps pour la méthode de Runge-Kutta Approche par extrapolation locale [Press94]. δ 1 q! q(t n +(2 Δt)) q n δ 1 q! δ 2 q δ 4 q! q n δ 3 q! q(t n + Δt + Δt ) En doublant le pas de temps, on estime la solution exacte q de deux façons par RK4 : q(t n + (2 t)) = q n+1 + o((2 t) 4 ) q(t n + t + t) = q n+1 + o( t 4 ) On suppose qu il existe c R tel que : q(t n + (2 t)) = q n+1 + c (2 t) 5 + o((2 t) 5 ) q(t n + t + t) = q n+1 + 2 c t 5 + o( t 5 ) En supposant négligeable l ordre 5, on estime l erreur selon : q = q n+1 q n+1, η = max q i, η = 2 c 15 t 5 i On souhaite connaitre le pas de temps t qui permet d avoir une erreur η = ɛ tol si η > ɛ tol, tel que : η = 2 c 15 t 5 On en déduit le pas de temps adapté : t = t ( η ɛ tol ) 1/5 Mastère DMS 2015, Les méthodes de Runge-Kutta Schémas d intégration temporelle 29/33

Quelques remarques sur l estimaton d erreur L estimation d erreur d approximation a un coût numérique additionnel. Mais c est bien utile! Grâce à l adaptation du pas de temps les erreurs d approximation peuvent être réduite d un facteur 10, 100, voir 1000! Il peut s agir d erreur sur q ou d erreur sur des sorties de calcul déduite de q. On note ces sorties y(q). Remarque Quand q contient des grandeurs dont les valeurs significatives ne sont pas comparables, il faut choisir une norme pondérée pour mesurer les erreurs. Par exemple, si w est le vecteur des valeurs significatives de q, avec w i > 0, alors on peut choisir la norme suivante : q w 2 = N ( q i ) 2 w i=1 i Mastère DMS 2015, Les méthodes de Runge-Kutta Schémas d intégration temporelle 30/33

Exercice 1 : équation différentielle linéaire à une seule inconnue Cas d un modèle rhéologique de type Maxwell. avec ε(t) donné et σ(0) = 0. ε = 1 E σ + 1 η σ Pour valider l intégration numérique, traiter un cas de façon analytique. En exploitant la méthode d Euler explicite, trouver la solution pour ε(t) = 10 3 t, E = 20000 MPa, η = 1000 MPa.s, t m = 10 s. Calculer le pas de temps critique, puis proposer une prévision des contraintes. Faite de même avec la méthode de Runge-Kutta d ordre 4. Utiliser la fonction dopri5 de SciPy (scipy.integrate.ode(f, jac=none)), http://docs. scipy.org/doc/scipy/reference/generated/scipy.integrate.ode.html. Comparer les prévisions. Comment savoir quelle est la meilleure des prévisions? Mastère DMS 2015, Exercices Schémas d intégration temporelle 31/33

Exercice 2 : intégration d une loi de comportement élastoviscoplastique On considère une loi de comportement élastoviscoplastique en déformations infinitésimales avec un écrouissage isotrope. Le tenseur de déformation ε (t) (ε 11 = ε 22 = 0, 02 t/10.) est imposé. ε = 1 + ν σ E ν E Tr( σ ) I + ṗ (σ J 1 2 3 Tr(σ )) J 2 2 = 3 2 (σ 1 3 Tr(σ )) : (σ 1 3 Tr(σ )) J2 H p R n o ṗ = K + avec E = 210000MPa, nu = 0, 3, R o = 200MPa, K = 100MPa, n = 4, H = 100MPa. Pour valider l intégration numérique, traiter un cas de façon analytique. Construire g en choisissant q T = [σ 11, σ 22, σ 33, σ 12, σ 23, σ 13, p]. Trouver une approximation de σ avec la méthode de Runge-Kutta d ordre 4 disponible dans SciPy. Que proposez vous pour valider cette approximation? Mastère DMS 2015, Exercices Schémas d intégration temporelle 32/33

Référence bibliographique [Press94] Numerical Recipies in C, The Art of Scientific Computing, second edition, William H. Press, Saul A. Teukolsky, William T. Vetterling, Brian P. Flannery, Cambridge University Press, 1994. Mastère DMS 2015, Exercices Schémas d intégration temporelle 33/33