LA «VIE SCOLAIRE», sa réalité, ses enjeux

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Transcription:

LA «VIE SCOLAIRE», sa réalité, ses enjeux Gérard SERVANT Le 10 mars 2010. Si nous qualifions ainsi la «vie» qui se déroule dans un lieu d études c'est que d une certaine manière, nous prenons également en compte la vie avant et après l école ; ce n est qu une partie de la vie de l élève dans le cadre de sa scolarité. Cette «vie scolaire» doit donc être prise dans un contexte éducatif plus large qui relève de la «communauté éducative» (parents, professeurs, personnels de vie scolaire.). Elle se situe, de fait, à un moment défini de la vie de l enfant/élève dans un cheminement le menant à la vie d adulte. Un petit rappel cependant, pour dire que cet élève reçoit un apprentissage dispensé par les professeurs qui assument leur mission d instruction et d éducation pour les élèves de 6 et 16 ans au cours de leur obligation de scolarité. Et l obligation de scolarité revêt, en France, des modalités d organisation différentes entre le premier et le second degré. En effet, si l obligation de surveillance demeure constante dès lors que les responsables légaux de l élève confient leur enfant à l institution représentée par le directeur de l école ou le chef d établissement, l approche «globale» de la scolarisation obligatoire ne se présente pas de la même façon. La «vie scolaire» s organise à l entrée du collège avec des personnels qui ne font pas partie du corps professoral ce qui constitue un changement notoire avec le premier degré. Partant de là, l approche ne peut -être identique. A la rupture «structurelle» succède la rupture «professorale». A la «vision globale» du professeur du premier degré succède la «vision parcellaire» due à l approche disciplinaire du professeur du second degré. Pour y remédier, la mise en place du projet d établissement est impérative. C est la mise en place du projet d établissement qui devrait remédier à cette situation en unifiant la démarche commune. Donner du sens, toujours! Gérard SERVANT Page 1

Le projet d établissement définit le projet pédagogique mais aussi le volet éducatif pour amener l élève à la citoyenneté. Son rôle fédérateur renforce ainsi les efforts déployés par chacun des personnels de l établissement. De plus, les textes ministériels rappellent l obligation constante de surveillance dans l enceinte scolaire ce qui amène les responsables à mettre en place une ensemble de mesures au quotidien pour en assurer leur respect. Le fonctionnement actuel des établissements publics locaux d enseignement, qui tient compte des heures dispensées par les professeurs, génère des entrées et sorties pour les élèves à différentes heures ainsi que, des permanences pendant le temps scolaire. Un professeur peut-être absent, l emploi du temps peut comprendre un créneau ou plusieurs créneaux horaires libres et dans ce cas les élèves sont accueillis en «permanence». Pour assurer un accompagnement constant de l élève, l intervention d un personnel spécifique est, de ce fait, nécessaire. Si le rôle du conseiller principal d éducation est défini (recrutement, poste ), les autres personnels de la «vie scolaire» ont un emploi plus précaire qui ne s inscrit pas dans le long terme et qui n est pas particulièrement valorisé et valorisant. Une réflexion spécifique dans le cadre de la gestion des ressources humaines mériterait sans doute d être menée pour en faire ressortir les difficultés et les points à améliorer (statut, emploi ) ; cette absence de réflexion au sein d un établissement constitue, parfois, un lourd handicap pour la sérénité de la «vie scolaire», de ses personnels et leur positionnement. Aujourd hui ces personnels ne peuvent être que «fragilisés» dans le sens où ils connaissent des situations difficiles, que leur positionnement est fort délicat et qu ils se sentent parfois délaissés. Or leur rôle est indéniable. Phénomène plus amplifié dans les établissements sensibles. Le manque de formation de cette catégorie de personnel à la relation, aux traitements des incivilités leur est d autant plus préjudiciable qu ils doivent intervenir lors des bagarres ou à la suite d exclusions de classe par les professeurs qui ne peuvent plus assurer leur enseignement. Ces personnels encore appelés communément et à tort, «surveillants», au lieu d «éducateurs», constituent un trait d union entre les professeurs, le conseiller principal d éducation et la direction dans la mesure où ils n ont pas véritablement le «pouvoir» de «punir ou de «sanctionner». Leur légitimité est remise en cause au moindre incident sérieux par les élèves, notamment en Zone d Education Prioritaire où l institution et ses personnels sont sans cesse interrogés dans leur mission. Gérard SERVANT Page 2

Les personnels de la «vie scolaire» sont pourtant un recours indispensable et méritent une réelle reconnaissance qui ne saurait être dissociée de plusieurs aspects sur lesquels nous devons mettre l accent si nous souhaitons pousser plus en avant notre questionnement. La situation actuelle n est pas satisfaisante. Les médias, les professionnels de l éducation, les usagers des services d éducation font ressortir des défauts de surveillance ou d accompagnement dans les locaux scolaires. Les problèmes sont là et bien là et, ils doivent être résolus. Mais comment? A partir de ces demandes, il serait vain de s efforcer d apporter des réponses, dictées par l urgence de la situation, sans les placer dans une réflexion plus complète et qui devra tenir compte de : - La question de l encadrement des élèves dans l Ecole obligatoire. - Le métier d enseignant entre le premier degré et le second. - Le fonctionnement des structures. - Le statut des personnels (C.P.E à 35 heures ). - Le recrutement et la formation des adultes en charge des élèves dans ce qui constitue la «vie scolaire» ; la vie à l école en dehors de la classe et son suivi. La question de l encadrement des élèves dans l Ecole obligatoire pose le sens même du contenu de la mission des professeurs et de la manière de l exercer. Le professeur peut-il et doit-il tout faire? Et comment doit-il remplir sa mission? La structure actuelle permet-elle de répondre à l exigence de la société? Ne serait-il pas pertinent de reposer la configuration du «collège unique» en privilégiant la notion de parcours et de projet personnel de l élève? La validation du socle commun des compétences et des connaissances, les demandes faites à l Ecole dans plusieurs domaines (éducation à la santé, à l hygiène et à la sécurité, la prévention des violences, l éducation à la sécurité routière ) peut-elle être véritablement réalisée sans revoir les conditions d éducation que nécessitent ces objectifs? Le directeur d école peut-il exercer sa responsabilité dans une fonction qui mériterait une autre approche que celle que nous connaissons? Et comment l organiser dans le contexte des échanges indispensables entre les acteurs de la formation, des dominantes pédagogiques retenues en fonction des spécificités des établissements, de l assouplissement de la carte scolaire? L enseignement des professeurs peut-il et doit-il conserver la forme qu il a (approche horaire disciplinaire ) ou aller vers la responsabilité d un groupe et une délégation pour certains enseignants (coordonnateur, professeur référent ) et traiter ainsi la Gérard SERVANT Page 3

question de l accompagnement de l élève dans son parcours? Qui fait quoi et à quel moment? Les problèmes de la liaison entre le premier et le second degré tant au niveau de l évaluation de l élève, que de la formation et de l évaluation de ces personnels devront être arrêtés de manière satisfaisante, c'est-à-dire en considérant toutes les implications sur les corps d inspection dans une démarche de déconcentration et de décentralisation, ce qui n est pas le cas. C est en s inscrivant dans des démarches innovantes, à titre expérimental, et, dans le cadre de l autonomie des établissements, assortie des moyens financiers et humains, que l on dégagera des solutions qui pourraient mieux répondre ainsi aux problématiques posées. Cette question de la «vie scolaire» doit être revue en repartant de l Ecole obligatoire et des orientations que l on retient ou retiendra (durée, objectifs, contenus, modalités d organisation et de fonctionnement, modalités de recrutement et de gestion ). Il serait souhaitable, également, de s emparer à nouveau de la question de la fonction du conseiller principal d éducation telle qu elle est, avec la volonté de répondre aux contraintes réelles dues à l ouverture des établissements (prise en compte de l amplitude de l ouverture et de la présence d un conseiller principal d éducation ). De plus, l analyse de la «nécessité» et de l «existence» de la «vie scolaire» ne peut faire l impasse, de mon point de vue, sur l évolution du métier d enseignant. Celui-ci devant mieux en compte l approche éducative et répondre aux besoins d aide qu il faut pour les assortir à cette obligation. Avec cependant, un minima, à respecter, qui soulignerait la qualification et la formation des personnels qui œuvrent au sein du service public d éducation. Le respect de ces personnels et des personnes, en général, passe par leur reconnaissance par l institution. Cette reconnaissance par l institution facilitera leur reconnaissance par les élèves et les familles sans qu il y ait une remise en cause incessante. In fine, la question de la «vie scolaire» concerne l instruction et l éducation que les élèves sont en droit d avoir et, qui constituent une obligation pour toute société qui fait de la question de l Ecole un objectif majeur car garant des valeurs communes partagées par tous, au sein de la République qui est la nôtre. Quelle Ecole? Avec quel personnel? Pour quoi faire? Gérard SERVANT Page 4

La vision globale, si elle ne doit pas être sans cesse remise en question mériterait, sans doute, qu elle soit à nouveau interrogée. Et cette vision doit être confrontée «au politique» pour s inscrire dans le long terme, du moins dans ses grands traits (formation, qualification, citoyenneté, droits et obligations.) et répondre aux nouvelles demandes, exigences de l évolution de la société, tout en respectant le «facteur humain». Et garder à l esprit que la «personne» ne peut être l «otage» de la société dans laquelle elle vit ce qui engendre mal être, souffrance. La «vie solaire» s inscrivant, alors, naturellement dans la vie! Gérard SERVANT Page 5