Transmission soignant-soigné de la tuberculose Dominique Abiteboul Service de santé au travail - GERES Hôpital Bichat - Claude Bernard -Paris Contexte Signalement des infections nosocomiales : outil pour signaler l exposition de patients et de personnels à un soignant atteint d une tuberculose contagieuse Renforcement des recommandations de surveillance des personnels exposés (avis du CSHPF 2003) Recommandations pratiques pour améliorer la prise en charge rapide de l entourage d un cas de tuberculose : enquête autour d un cas en milieu de soins (rapport groupe de travail mars 2006) Tuberculoses professionnelles en France Peu de données : maladies professionnelles déclarées Secteur privé (1993-2003) : 30 à 50 cas par an (Primo-infections reconnues depuis 1998: 1998 = 2 cas; 2003 = 16 cas) Fonction publique hospitalière Pas de données nationales AP-HP (1998-2006) : 6 et 12 cas / an Amélioration possible : Formulaire de DO : profession figure Surveillance de l IDR plus fiable en l absence de revaccination par le BCG Nouveaux tests Interféron γ Tuberculoses professionnelles à l AP-HP recensées par les médecins du travail 14 12 10 8 6 4 2 0 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 PIT Tuberculose pulmonaire Tuberculose extrapulmonaire Dr Jean-Luc Benkétira Médecine Statutaire
Incidence des tuberculoses pulmonaires chez les soignants à l AP-HP 2004 Paramédicaux : 9 / 53 693* = 16, 7 / 100 000 IDE : 5 / 18 098* = 27,6 / 100 000 AS-AH : 2 / 18 860* = 10 / 100 000 2005 Paramédicaux : 8 / 53 632* = 14,9 / 100 000 IDE : 6 / 18 490* = 32,4 / 100 000 AS-AH : 1 / 18 870* = 5,3 / 100 000 * Effectifs en ETP : source = rapport d activité AP-HP 2005 Signalements au CCLIN Paris-Nord De 2002 à 2006 : 25 tuberculoses pulmonaires signalées chez des soignants Découverte fortuite A stade tardif : 8 cavernes Délai embauche - diagnostic connu dans 10 cas : 3 fois < 3 mois Professions 9 AS /AH / aux de puériculture 8 IDE + 1 élève 7 médecins Bactériologie 17 EM + / culture + 6 EM neg : 5 culture + / 1 culture neg Signalements au CCLIN Paris-Nord (2) Patients exposés (documenté dans 20 établissements) 15 établissements : 5449 patients exposés à 13 cas index EM+ et 2 EM neg / culture+ 5 établissements : pas de suivi 4 source EM neg (3 culture+, 1 culture neg) et 1 EM+ Sur 5449 patients 3754 ont pu être informés (69%) 768 suivis à 3 mois (14%) 21 infections latentes diagnostiquées à M3 (2,7%) Signalements au CCLIN Paris-Nord (3) Soignants exposés (documenté dans 14 établissements) 12 établissements : 1659 soignants exposés à 9 cas index EM+ et 3 EM neg mais culture + 2 établissements : pas de suivi cas index EM neg (1 culture neg, l autre culture +) Sur 1659 soignants 100% ont pu être informés 580 suivis à 3 mois (35%) 3 infections latentes et 1 TM à M0 7 infections latentes diagnostiquées à M3 (1,2%)
En résumé Dépistage des soignants infectés insuffisant Stade avancé de la maladie 1/3 de médecins souvent peu ou pas suivis Critères de définition des sujets exposés suivi ou non quand patient EM neg culture + effectifs de soignants suivis très variés Rendement faible Rôle du médecin du travail dans la prévention Dépistage précoce des tuberculoses contagieuses Prise en charge du soignant tuberculeux - Veiller à ce qu il soit arrêté et qu il bénéficie d une visite de reprise systématique : pas trop précoce - Recherche de la source de contamination tant intra qu extra-hospitalière : intérêt du typage moléculaire Participation à l enquête autour d un cas volet soignants Recueil de données Cas de tuberculoses professionnelles Infections latentes dépistées Dépistage à l embauche Tout salarié doit bénéficié d une visite d embauche Fonction publique hospitalière : obligatoire AVANT l embauche avec test tuberculinique et radiographie pulmonaire (décret n 85-947 du 16 août 1985) Privé : uniquement recommandations du CSHP Radio à l embauche pour les professionnels exposés Rien pour les libéraux Surveillance médicale en cours d activité professionnelle Visite systématique régulière obligatoire pour tous les salariés Surveillance radio + test tuberculinique fonction de l évaluation du risque basée sur Le nombre de cas accueillis dans les différents secteurs (en établissement de santé : communication mensuelle systématique par le labo de bactério ou le service d Hygiène) Les caractéristiques des postes (endoscopie, kinesithérapie respiratoire )
Recommandations pour la surveillance (CSHPF 2003) Secteur* risque élevé > 5 cas bacillifères/an Secteur* risque intermédiaire 2 à 4 cas bacillifères/an Secteur* risque faible < 1 cas bacillifère/an Radio/1-2 ans IDR/2 ans si IDR initiale < 10 mm IDR/5 ans si IDR initiale > 10 mm Selon évaluation du risque Pas de dépistage systématique Investigation si cas BAAR+ sans isolement respiratoire (T0, T3,T12) * On entend par secteur un lieu précis, ce qui correspond à - une unité fonctionnelle où sont régulièrement accueills des usagers (salle d hospitalisation et non ensemble d un hôpital ou d un service) ; - un D. laboratoire Abiteboul où Journée des prélèvements CCLIN 15/03/07 potentiellement contaminés par le BK sont manipulés et surtout mis en cultures (laboratoire des mycobactéries). Rôle du médecin du travail fixé par le code du travail Article L241-2 : le rôle des médecins du travail consiste à éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail, notamment en surveillant les conditions d'hygiène du travail, les risques de contagion et l'état de santé des travailleurs Article R241-48 : examens médicaux L'examen médical a pour but de rechercher si le salarié n'est pas atteint d'une affection dangereuse pour les autres travailleurs ; Lettre circulaire du 26 avril 1998 (DRT) «but exclusif de prévention des risques professionnels» Effets de ces textes sur les missions des médecins du travail Actions dans un but exclusif de protection des salariés Licites si pour protéger les collègues Illicites pour la protection exclusive des patients Indéfendable en pratique, les deux étant indissociables D autant que la loi de santé publique du 9 août 2004 impose aux services de santé au travail de participer aux actions de santé publique notamment en cas de risque de contagion Conclusion (1) Spécificité du milieu de soins Risque : personnels / malades Risques de transmission élevés : Contacts personnels/malades proches Malades = sujets immunodéprimés Confinement, Manœuvres médicales à risque Caractère nosocomial / Maladie professionnelle : engagement de la responsabilité de l établissement
Conclusion (2) Optimiser les enquêtes autour d un cas Collaboration indispensable de l Unité d hygiène, médecine du travail, médecins traitants des patients Consensus nécessaire sur : Critères de définition des sujets exposés Modalités du suivi : intérêt des nouveaux tests de détection de l Interféron γ Plus le dépistage est ciblé, plus son efficacité sera grande Conclusion (3) Rappeler aux employeurs, aux soignants et aux médecins du travail le risque lié au BK : Importance de la prévention du risque, de la visite d embauche et de la régularité du suivi