La vitamine D joue un rôle prédominant dans le métabolisme phospho-calcique. Mais en plus d une action sur les os et les muscles, elle joue également un rôle sur d autres organes comme le montre la présence de récepteur sur le cerveau, la prostate, le sein, le colon, les cellules immunitaires. La présence de ces récepteurs a également été montrée chez la souris au niveau de l endomètre et de l ovaire (Zarnani et col, 2010). Des souris dont le gène pour le récepteur de la vitamine D est invalidé présentent une hypoplasie utérine et des défaut de folliculogenèse (Yoshizawa et col, 1997). Assez peu d études se sont intéressées à l influence du taux de vitamine D chez les patientes infertiles et les résultats de ces études sont assez contradictoires. L équipe du centre de médecine de la reproduction de l université de Bruxelles (ZVUB) s est intéressé à l influence du taux de vitamine D, dans une population de femmes infertiles ayant eu recours à la fécondation in vitro, sur les taux de grossesses après transfert d un seul blastocyste. Seules étaient inclues dans cette étude les patientes pour lesquelles était prévu un transfert au stade J5 (blastocyste). Il s agissait donc de patientes présentant un bon pronostic avec une cohorte suffisante d ovocytes et une qualité embryonnaire satisfaisante. Au final, 368 patientes ont été inclues dans cette étude (patientes entre 18 et 36 ans). Un point important de l étude était que ne sont prises en compte que les patientes pour lesquelles il a été réalisé le transfert d un seul blastocyste, excluant ainsi le biais lié au transfert de plusieurs embryons. Le prélèvement en vue du dosage de la vitamine D était effectué 7 jours avant le transfert embryonnaire. Le déficit en vitamine D était fixé pour un taux inférieur à 20 ng/ml en accord avec les recommandations de la société d endocrinologie (Rosen et col, 2012). Les taux de grossesses ont été analysés pour le groupe de patientes avec un taux de vitamine D inférieur à 20 ng/ml et pour le groupe de patientes avec un taux de vitamine D supérieur ou égale à 20 ng/ml. Afin d éliminer les biais possibles, plusieurs variables d ajustement ont également été prises en compte : caractéristiques de la patiente (âge, FIV précédentes, type d infertilité), de la stimulation ovarienne, type de gonadotrophines utilisées, 1 / 6
niveau d oestradiol, FIV ou ICSI, qualité embryonnaire : pourcentage de blastocystes de bonne qualité obtenus et qualité du blastocyste transféré (selon la classification de Gardner), transfert électif ou non du blastocyste, réceptivité endométriale : taux de progestérone le jour du déclenchement par l HCG, épaisseur de l endomètre, taux de vitamine D (déficit ou non), saison (hivers, printemps, été, automne) où ont été effectués le prélèvement de sang pour le dosage de la vitamine D et le transfert embryonnaire Les résultats de l étude montrent une différence significative dans le taux de grossesses et de naissance. Vitamine D Vitamine D >=20ng/ml Valeur du p Nb de patientes 239 129 2 / 6
Nb ovocytes (moyenne) 12+/-6 12+/-5 0,91 Nb ovo MII (moyenne) 8,5+/-5,5 8,2+/-4,8 0,58 Tx fécondation (moyenne) 78,7% 78,2% 3 / 6
0,81 % top embryons 9% 10,2% 0,48 HCG positif 124 (52%) 86(67%) 0,006 Grossesses cliniques 98 (41%) 4 / 6
70(54%) 0,015 Naissances 78 (35%) 61 (48%) 0,015 Il semble que ce soit la plus importante étude examinant la corrélation entre le taux de vitamine D et les taux de grossesses dans une population infertile ayant recours à la fécondation in vitro (FIV/ICSI). Les résultats montrent qu un déficit en vitamine D diminue les chances de grossesses et de naissances ; ces différences pouvant s expliquer par l effet du déficit en vitamine D sur la réceptivité endométriale, réceptivité entre autre médiée par la protéine du transcrit HOXA10mRNA, protéine essentielle à l implantation embryonnaire et qui est up-régulée par l administration de vitamine D (Du et col, 2005). Néanmoins, cette étude n a pas intégré l analyse des biomarqueurs de la réceptivité endométriale, ce que les auteurs envisagent de faire en parallèle. Bien que l on soit dans un situation de transfert de blastocyste, preuve à priori de bonnes qualités ovocytaires et embryonnaires dans cette population de femmes, on ne peut pas totalement exclure la possibilité d un effet délétère du déficit en vitamine D sur l ovocyte et/ou 5 / 6
l embryon, d autant plus que certaines études ont montré chez la souris un effet du déficit en vitamine D sur la folliculogenèse (Yoshizawa et col, 1997). A contrario, une étude rétrospective ne trouve pas de relation entre les taux de vitamine D et les caractéristiques des stimulations ovariennes (Rudick et col, 2012). Cette étude de l équipe bruxelloise a également montré que le déficit en vitamine D était très lié à la saison, mais ils n ont pas retrouvé de différences significatives des taux de grossesses en fonction des saisons. Suite à cette étude l équipe de l Université de Bruxelles met en place deux études prospectives : - la première afin d évaluer l effet du déficit en Vitamine D dans un groupe de patientes chez lesquelles sont transférés des embryons congelés, afin d éliminer l effet potentiellement délétère sur l implantation, des taux élevés d oestradiol post-stimulation - la seconde afin d évaluer la relation entre le taux de vitamine D et les marqueurs de la réserve ovarienne (taux d AMH et compte de follicules antraux). Si ces études confirment les résultats de la présente étude, d un effet négatif d un déficit en vitamine D, il faudra alors se poser la question de savoir si une supplémentation en vitamine D pourrait améliorer le pronostic des femmes infertiles ayant recours à l AMP. Vitamin D deficiency and pregnancy rates in women undergoing single embryo, blastocyst stage, transfer (SET) for IVF/ICSI (2014). Nikolaos P. Polyzos, Ellen Anckaert, Luis Guzman, Johan Schiettecatte, Lisbet Van Landuyt, Michel Camus, Johan Smitz and Herman Tournaye. Human Reprod, Vol, N 9 pp. 2032-2040, 2014. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24951484 6 / 6