Ordre d importance Nom de la banque Actif total au 31 octobre 2003 (en milliards de dollars)



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1 1. Introduction Le but de cette recherche est de quantifier l évasion fiscale pratiquée par les cinq plus grandes banques canadiennes dans des paradis fiscaux notoires, grâce aux nombreuses filiales qu elles y détiennent, pour la période couvrant les 13 dernières années, soit de 1991 à 2003. Nos constatations reposent sur les états financiers vérifiés des cinq plus grandes banques canadiennes qui sont, selon l actif total présenté à leur bilan au 31 octobre 2003, les suivantes : Ordre d importance Nom de la banque Actif total au 31 octobre 2003 (en milliards de dollars) 1 La Banque Royale du Canada 403 2 La Banque Scotia La Banque de Nouvelle-Écosse 286 3 La Banque Canadienne Impériale de Commerce - CIBC 277 4 La Banque Toronto Dominion Groupe Financier Banque TD 274 5 La Banque de Montréal BMO Groupe financier 256 Tout le monde sait fort bien que nos banques canadiennes sont intensément présentes dans les paradis fiscaux et y font, en leur propre nom et pour le bénéfice de leurs clients, des milliards de dollars à chaque année en transactions financières de toutes sortes. D ailleurs, les banques canadiennes ne s en cachent point et elles dressent elles-mêmes, dans leur rapport annuel, la liste des filiales qu elles ont dans ces endroits et en font même la publicité afin «d accompagner» leurs fidèles et fortunés clients pour les aider à évacuer et à frauder le fisc canadien et québécois aux vues et sus des politiciens qui sont leurs complices. N ayons pas peur des mots, l évasion fiscale pratiquée dans les paradis fiscaux par les banques canadiennes et leurs clients constitue bel et bien de la fraude fiscale. Certains argumenteront qu il ne s agit pas de fraude fiscale d un point de vue strictement juridique. Toutefois, en considérant l esprit de la loi plutôt que la lettre et compte tenu du laxisme dans son application, nous croyons qu il s agit bel et bien dans les faits de fraude fiscale. À chaque année, les vérificateurs généraux du Canada et du Québec signalent cette fraude généralisée dans leur rapport annuel sans que nos gouvernements ne bougent le petit doigt et sans même qu ils critiquent cette arnaque qui prive l État de milliards de dollars à chaque année. Mais non, comme l a dit récemment le premier ministre du Canada, monsieur Paul Martin, il faut, selon ce dernier, s ajuster à la concurrence et s adapter à cet état de fait. Les paradis fiscaux qui sont situés dans des colonies britanniques et des pays généralement de moins de 100 000 habitants pourraient être facilement et rapidement éliminés avec un minimum de volonté politique des élus du Canada et des États-Unis, entre autres. Alors que nos

2 gouvernements, nos affairistes et leurs économistes ne cessent de nous répéter qu il y a péril en la demeure en termes de finances publiques et de dette publique, tous, sans exception, nous disent qu il faut couper, privatiser et rembourser la dette publique. La solution, à leurs yeux, passe toujours par la réduction des dépenses et des investissements publics et jamais du côté des recettes fiscales. Oui, simplement en mettant fin à la fraude fiscale généralisée dans les paradis fiscaux, il serait possible de rétablir positivement la situation financière des gouvernements, de réinvestir dans les programmes sociaux et dans les services publics et de rembourser notre dette publique à chaque année. Est-ce au nom du bien commun et du mieux-être des générations futures que nous devons tolérer et même stimuler l évasion fiscale dans les paradis fiscaux pratiquée par le gratin économique de notre société, ceux-là même qui nous disent de couper, de privatiser et de rembourser la dette? Selon ces derniers, nous avons une dette monstrueuse, un État obèse et trop de services publics. Mais jamais un mot sur la fraude fiscale dans les paradis qu ils connaissent bien puisqu ils en sont les responsables. Comment se fait-il que nos gouvernements, à tous les niveaux parlent constamment de précarité des finances publiques et sont incapables de rembourser la dette publique alors que depuis 1990 nous avons connu une croissance économique qui ne s est jamais vue depuis la fin de la deuxième guerre mondiale? Où est donc toute cette richesse? Et oui, avec l acceptation par nos élus du maintien de la fraude fiscale pratiquée dans les paradis fiscaux par les entreprises et les riches contribuables, nos gouvernements se privent volontairement de recettes fiscales qui devraient, en toute légitimité, revenir à la collectivité et dans les coffres de l État. Entendonsnous bien, on ne parle pas de surtaxer qui que ce soit, mais bien de mettre fin à la fraude fiscale constituée par les paradis fiscaux, comme le suggèrent chaque année les vérificateurs généraux du Québec et du Canada et l Agence canadienne des douanes et du revenu.

3 2. Dix milliards de dollars d évasion fiscale faite par les cinq principales banques canadiennes dans les paradis fiscaux au cours des treize dernières années (1991-2003) Au cours des 13 dernières années (1991-2003), les cinq principales banques canadiennes ont réussi, selon les chiffres extraits de leurs états financiers vérifiés, à éluder aux fiscs canadien et provincial un montant de 10 milliards de dollars d impôts grâce au stratagème de l évasion fiscale pratiquée dans les paradis fiscaux par leurs filiales : LES CINQ PRINCIPALES BANQUES CANADIENNES Charge d impôts sur le revenu à l état des résultats Années Exonération d impôts des filiales situées dans les paradis fiscaux Pourcentage de l exonération d impôts liée aux paradis fiscaux sur la charge annuelle d impôts (En millions de dollars canadiens) 1991 308$ 2 012$ 15,3% 1992 307 998 30,8 1993 302 1 570 19,2 1994 330 2 613 12,6 1995 491 2 875 17,1 1996 472 3 709 12,7 1997 556 4 271 13,0 1998 718 3 808 18,9 1999 885 4 019 22,0 2000 1333 4 331 30,8 2001 1662 2 603 63,8 2002 1261 1 666 75,7 2003 1404 3 493 40,2 TOTAL 10 029$ 37 968$ 26,4%

4 Les cinq grandes banques canadiennes ont la très grande majorité de leurs filiales aux États-Unis et dans les paradis fiscaux. Elles ne pourront arguer que leurs exonérations d impôts proviennent principalement de leurs filiales situées aux États-Unis puisque les banques américaines ont un taux d impôts sur le revenu statutaire et effectif plus élevé que les banques canadiennes, comme en fait foi le tableau qui suit et qui présente les taux d impôts des deux plus grandes banques américaines par rapport à ceux des cinq plus grandes banques canadiennes pour l année 2003 : Les deux principales banques américaines Citigroup Bank of America (Impôt fédéral seulement) Les cinq principales banques canadiennes Royale CIBC Toronto- Scotia Montréal Dominion (Impôts fédéral et provincial) Taux d impôts sur le revenu de l année 2003 : Statutaire 35% 35% 31% 31% 31% 31% 31% Effectif 31,1% 26,7% 31,8% 10,4% 21,6% 22,2% 26,7% Il est renversant de constater que l exonération d impôts des filiales bancaires situées dans les paradis fiscaux représente, pour les 13 dernières années (1991-2003), 26,4% de la charge totale d impôts sur le revenu présentée à l état des résultats des cinq plus grandes banques canadiennes. Comme nous sommes à même de le constater à partir d un des tableaux précédents, l évasion fiscale pratiquée par les banques canadiennes dans les paradis fiscaux a tendance à grimper considérablement à chaque année, tant en chiffres absolus qu en pourcentage de la charge annuelle d impôts sur le revenu, comme en fait foi le tableau suivant : Les quatre principales banques canadiennes Évasion fiscale dans les Banque Banque Banque Banque de Total paradis fiscaux Royale CIBC Scotia Montréal (En millions de dollars canadiens) Période de 5 ans allant de : 1991 à 1995 526$ 207$ 311$ 194$ 1 238$ 1991 à 2003 2 006$ 2 437$ 1 365$ 795$ 6 603$ Augmentation En chiffres absolus 1 480$ 2 230$ 1 054$ 601$ 5 365$ En pourcentage 281% 1 077% 339% 310% 433% Dans le tableau précédent, nous avons exclu les données financières de la Banque Toronto- Dominion, puisque cette dernière a commencé à présenter l information ayant trait à l exonération d impôts de ses filiales situées dans les paradis fiscaux seulement qu à partir de

5 l année 1998. De 1991 à 1997, nous avons dû recourir à un estimé des montants impliqués calculé à partir de la moyenne des exonérations d impôts pour les années 1998 à 2003. Uniquement pour les quatre dernières années (2000-2003), l évasion fiscale effectuée par les cinq plus grandes banques canadiennes a totalisé 5,7 milliards de dollars, soit 57% de l évasion fiscale pratiquée au cours des treize dernières années (1991-2003) et représente 47,1% de la charge d impôts sur le revenu totale (12,1 milliards$) des quatre dernières années. Incroyable mais vrai, l évasion fiscale des banques pour les quatre dernières années représente près de 50% de sa charge totale d impôts sur le revenu pour cette période, comme le démontre éloquemment le tableau qui suit : Années Les cinq principales banques canadiennes Évasion fiscale des 4 dernières années (2000-2003) Charge d impôts sur le revenu à l état des résultats Exonération d impôts des filiales situées dans les paradis fiscaux Pourcentage de l exonération d impôts sur la charge totale d impôts (En milliards de dollars canadiens) 2000 1,3$ 4,3$ 30% 2001 1,7$ 2,6$ 65% 2002 1,3$ 1,7$ 76% 2003 1,4$ 3,5$ 40% Total 5,7$ 12,1$ 47%

6 3. Filiales et pays hôtes des cinq plus grandes banques canadiennes dans les paradis fiscaux Les cinq plus grandes banques canadiennes comptent 73 filiales officielles dans les paradis fiscaux, tel que mentionné dans leur rapport annuel 2003, soit en moyenne 14,4 filiales chacune. Il est évident que le nombre réel des compagnies apparentées aux banques canadiennes dans les paradis fiscaux est beaucoup plus élevé car ces dernières ne font qu énumérer, dans leur rapport annuel, leurs filiales légales sans mentionner leurs compagnies associées, satellites, fiducies, sociétés en commandite et en nom collectif, etc. De plus, elles mentionnent dans leur rapport annuel que leurs «principales» filiales, selon leur propre expression, et omettent bien évidemment celles qui, selon elles, ont moins d importance. Il est certain que la Banque de Montréal a plus de 5 affiliées dans les paradis fiscaux. Enfin, il est fort probable que leurs filiales aux États-Unis, dans les paradis fiscaux et ailleurs dans le monde détiennent à leur tour d autres filiales ou ont des participations importantes dans des compagnies apparentées localisées elles aussi dans les paradis fiscaux et qui ne sont pas signalées dans le rapport annuel des banques canadiennes. Voici le nombre de filiales «officielles» détenues en 2003 par les cinq plus grandes banques canadiennes dans les paradis fiscaux : Cinq plus grandes banques canadiennes Nombre de filiales détenues dans les paradis fiscaux en 2003 Banque Scotia 20 Banque Royale 17 Banque Toronto-Dominion 16 Banque CIBC 15 Banque de Montréal 5 73

7 Sur les 73 filiales officielles et divulguées que les cinq plus grandes banques canadiennes détiennent dans les paradis fiscaux, voici la liste des paradis fiscaux, dans lesquels le taux d impôt réel avoisine 0%, les plus populaires avec le nombre de filiales qu elles ont dans chacun d eux : Nombre de filiales des cinq plus grandes Nom des paradis fiscaux banques canadiennes en 2003 16 Iles 11 9 Iles 9 6 Bermudes 5 Singapour 4 Hong Kong 3 Luxembourg 2 Malaisie 1 Ile Maurice 1 Iles Vierges 1 Costa Rica 1 Anguilla 1 Salvador 1 Trinité et Tobago 1 Suisse 1 73 Il n y a vraiment aucune surprise de voir les banques canadiennes de façon aussi intensive à la, aux Iles, aux et aux Iles, quatre colonies ou territoires sous juridiction du Royaume-Uni. Par contre, et c est pour ça que nous disons que la liste des paradis fiscaux fournie par les cinq grandes banques canadiennes dans leur rapport annuel est foncièrement incomplète, il est vraiment surprenant et suspect de constater qu aux dires des banques canadiennes, elles n ont pas de filiales ou d apparentées dans des paradis fiscaux notoires comme Monaco, les Iles Turks et Caicos, Panama, les Philippines, Gibraltar, les Émirats Arabes Unis, le Liban, etc., et ont seulement une filiale, pour les cinq principales banques canadiennes réunies, en Suisse, en Malaisie, aux Iles Vierges, etc. Permettez-nous d en douter.

8 Voici la liste des filiales détenues en 2003 par chacune des cinq plus grandes banques canadiennes dans les paradis fiscaux : BANQUE SCOTIA Filiales détenues en 2003 The Bank of Nova Scotia Berhad The Bank of Nova Scotia International BNS International BNS Pacific Limited The Bank of Nova Scotia Asia The Bank of Nova Scotia Channel Islands The Bank of Nova Scotia Trust Company The Bank of Nova Scotia Trust Company Scotia Insurance Scotia Subsidiaries Scotiabank Scotiabank Scotiabank Scotiabank Scotiabank Scotia International Corporation Mercaban Scotia Bank Scotia Bank Scotia Bank Paradis fiscaux Malaisie Maurice Singapour Vierges Hong Kong Costa Rica Anguilla Salvador Trinité et Tobago

9 BANQUE ROYALE DU CANADA Filiales détenues en 2003 RBC Holdings Royal Bank of Canada Reinsurance Royal Bank of Canada Insurance Finance Corporation Royal Bank of Canada Trust Company Investment Holdings Royal Bank of Canada Royal Bank of Canada (Caribbean) RBC Capital Markets Arbitrage Royal Bank of Canada (Asia) Royal Bank of Canada Financial Corporation Atlantis Holdings RBC Holdings (Channel Islands) Royal Bank of Canada Royal Bank of Canada Trust Company Royal Bank of Canada RBC Investment Management Paradis fiscaux Luxembourg Singapour Suisse Hong Kong BANQUE TORONTO-DOMINION Filiales détenues en 2003 Canada Trustco International Carysforth Investments Haddington Investments TD Financial International TD Reinsurance Belgravia Securities Investments TD Guernsey Services TD European Finding TD Ireland TD Global Finance TD Securities (Japan) Toronto-Dominion International The TD Bermuda Trust TD Trust Toronto-Dominion Jersey Holdings Toronto-Dominion (South East Asia) Paradis fiscaux Bermudes Bermudes Bermudes Anglo-Nromandes Singapour

10 BANQUE CIBC Filiales détenues en 2003 CIBC WM International TAL Asset Management TAL Global Asset Management TAL Global Asset Management TAL Global Asset Management TAL Asset Management CIBC Bank and Trust Company CIBC Investments CIBC Offshore Services CIBC Holdings CIBC Reinsurance Company CIBC Trust Company CIBC World Markets Securities CIBC Offshore Banking Services Corp. CIBC Asia Paradis fiscaux s Hong Kong Bermudes Singapour BANQUE DE MONTRÉAL Filiales détenues en 2003 Bank of Montreal Insurance BMO Investments Limited BMO Nesbitt Burns Trading Corp. Bank of Montreal Ireland BMO Ireland Finance Company Paradis fiscaux Bermudes Luxembourg

11 4. Conclusion L évasion fiscale généralisée pratiquée par les banques canadiennes et leurs nombreux clients corporatifs et individuels dans les paradis fiscaux devrait être frappée d une sanction pénale car dans les faits, il s agit bel et bien de fraude fiscale de plusieurs milliards de dollars par année qui hypothèque grandement l équité fiscale au pays et met en péril le maintien de nos programmes sociaux et de nos biens collectifs. Derrière l évasion fiscale dans les paradis fiscaux se dissimule beaucoup de pauvreté et de drames humains au pays. Et, ce qui est le plus détestable, ces mêmes banques et leurs clients qui s adonnent régulièrement et intensément à l évasion fiscale dans les paradis fiscaux sont souvent ceux qui, devant la précarité des finances publiques, demandent et exigent continuellement de couper, de privatiser, de déréglementer, de défiscaliser, de désyndicaliser et de ratatiner l État à sa plus simple expression. Ils aiment bien aussi nous entretenir d éthique capitaliste, de gouvernance, du rôle social de l entreprise, d auto-règlementation et d auto-discipline du privé. Ce sont eux qui sont responsables de la précarité des finances publiques. Les politiciens qui maintiennent les paradis fiscaux et inondent le gratin économique d abris fiscaux et de baisses d impôts sont leurs complices. Au nom de l intérêt supérieur de la population, il faut mettre fin à la fraude fiscale généralisée dans les paradis fiscaux en éliminant les paradis fiscaux et cela peut-être fait rapidement et facilement avec un minimum de volonté politique. Voyons-donc, nous dire que les pays occidentaux ont signé des ententes ou des conventions fiscales avec ces paradis fiscaux et que nous devons respecter leur liberté est une mascarade. Nous le répétons, l évasion fiscale dans les paradis fiscaux est une fraude et représente annuellement un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars pour nos gouvernements et met en péril la sécurité sociale du pays et le maintien de ses programmes sociaux. C est rire du monde quand nos politiciens, nos banques et nos affairistes nous disent qu il n y a rien à faire, que c est incontournable et qu il faut s adapter et s y habituer. S adapter à de la fraude? Non, ces paradis fiscaux sont facilement contournables et il ne faut point se résigner à ces gestes criminels. Nous dire que les puissants pays occidentaux en général et le Canada en particulier ne peuvent venir à bout de petites colonies britanniques comme les Îles, les Îles Turks et Caicos, les Îles anglo-normandes, les, la, etc. relève de l hypocrisie. Un embargo économique de quelques jours ou ordonner à nos banques centrales de cesser de leur servir de transit ou chambre de compensation règlerait le fléau rapidement et définitivement. Mais, comme ces paradis fiscaux sont au service du gratin économique et que nos élus sont leurs complices, nos gouvernements ne feront rien et préféreront couper dans les programmes sociaux et les services publics du monde ordinaire et privatiser nos instruments collectifs au nom de la précarité des finances publiques et des générations futures. Quelle farce monumentale. «The show must go on», comme ils disent.