Les obstacles à l intégration sociale L optique du faible revenu à long terme Louis Grignon Directeur, Études sur la sécurité du revenu et le marché du travail Direction générale de la recherche appliquée, DRHC Congrès de l Association des économistes québécois Gatineau, 16 et 17 mai 2
Définition de l exclusion «La combinaison de divers facteurs qui enferment les particuliers et les quartiers dans une spirale de désavantage.» «Une étiquette abrégée de ce qui peut se passer lorsque des particuliers ou des quartiers se heurtent à une combinaison de problèmes reliés entre eux, comme le chômage, le manque de compétences, le faible revenu, le logement médiocre, un environnement où la criminalité est élevée, la mauvaise santé et l éclatement de la famille.» 2
Les pauvres du Canada sont de plus en plus concentrés dans certains groupes et certains quartiers Cette concentration est encore plus prononcée parmi les pauvres à long terme. Néanmoins, même au sein de ces groupes très défavorisés, la plupart des personnes échappent au faible revenu à long terme et la plupart des autres personnes sont rarement ou jamais pauvres. Dans cette présentation, nous examinons les caractéristiques qui font la distinction entre les membres des groupes à risque élevé qui échappent à la pauvreté de long terme et ceux qui n y échappent pas. Nous dégageons ensuite les conséquences de ces constatations pour les politiques et programmes gouvernementaux conçus pour éviter la forme d exclusion sociale que représente l exposition de longue durée au faible revenu. 3
En 1999, les taux de faible revenu n étaient pas retournés à leurs bas niveaux atteint en 1989 Taux de faible revenu des personnes de 18 à 64 ans de 1984 à 1999 (SFR après impôt, base de 1992) REPRISE RÉCESSION REPRISE Taux 15 5 Canada Quebec 1984 1986 1988 199 1992 1994 1996 1998 Source: Enquête sur les finances des consommateurs- 4
Groupes les plus susceptibles d avoir un faible revenu persistant 45 4 35 3 25 15 5 % de personnes dans les familles dont le revenu cumulé de 1996 à 1999 était inférieur au cumul des SFR après impôt (d'après les caractéristiques du principale soutien économique de la famille en 1996) 33.2 33. 29.2 Monoparental Seul 45+ Limité au travail 25.7 Immigrant récent 22.3 Autochtone hors réserve 4.9 Non à risque Source : Fichier principal - Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 5
Ces groupes à risque élevé représentent une part croissante des familles pauvres non âgées 6 5 4 3 Part des familles pauvres non âgées de plus de deux personnes que représentent les groupes à risque élevé 1985 et 1997 45.4 56.5 1985 1997 Source: Enquête sur les finances des consommateurs 6
La pauvreté se concentre également dans certains quartiers de nos plus grands centres urbains Zone métropolitaine Concentration des pauvres - 198 Concentration des pauvres - 1995 9 PLUS GRANDES ZONES MÉTROPOLITAINES,3 % 29,1 % AILLEURS 4,9 % 4,4 % TORONTO 14,7 % 29,8 % MONTRÉAL 3,1 % 4,2 % VANCOUVER 7,2 % 13,7 % GATINEAU 3,1 % 21,4 % QUÉBEC,8 % 25,3 % 7
La qualité de la vie est pire pour les enfants des familles à risque élevé 25 15 5 Pourcentage d'enfants dans les familles situées dans le dixième inférieur en matière de résultats négatifs (d'après les caractéristiques du chef de famille en 1994) 23 22.4 19.8.7 18.1 16.9 14.5 12.4 Monoparental Autochtone hors réserve Limité au travail Immigrant récent 7.5 8 Autre Dépression maternelle Dysfonctionnement de la famille Source: ELNEJ 8
Un nombre plus faible de principaux soutiens des familles à risque élevé a un emploi à plein temps, à l année 45 4 35 3 25 15 Pourcentage de familles de plus de deux personnes où le principal soutien économique de la famille ne travaille pas à plein temps, à l'année en 1999 41.6 À risque 17.6 Non à risque Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 9
Mais la participation régulière au travail rémunéré réduit considérablement la probabilité d être pauvre à long terme 3 25 Pourcentage de Canadiens de 16 à 61 ans en 1996 dont le revenu cumulatif après impôt de 1996 à 1999 était inférieur au cumul des SFR après impôt 21.7 15 5 7.6 4.5 À risque À risque-sans interruption de travail Non à risque Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu
Les familles à risque élevé sont également bien plus susceptibles d être des bénéficiaires de l aide sociale durant une longue période 5 4 3 Pourcentage de la population de 16 à 61 ans en 1996 qui a reçu de l'aide sociale pendant les quatre années de 1996 à 1999 49. 37.4 22.5 16.4 8.7 12. 1.6 2.3 À risque Non à risque À risque pauvre Non à risque pauvre Canada Québec Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 11
Au sein des groupes à risque élevé, les assistés sociaux tendent à être ceux qui ont le plus faible niveau d éducation 6 5 4 3 Pourcentage de personnes (de moins de 65 ans) dans les familles dont le chef n'avait pas au moins un diplôme d'études secondaires en 1999 49.5 44.2 35.7 27.4 26.5 27.3 23.2 23.6.9 9.5 Monoparental Limité au travail Immigrant récent Seul 45+ Autochtone hors réserve Ne reçoit pas d'aide sociale Reçoit de l'aide sociale Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 12
Et les personnes à risque élevé qui reçoivent de l aide sociale tendent à en recevoir pendant de longues périodes 6 5 4 3 Pourcentage de personnes qui ont reçu l'as pendant au moins un an entre 1996 et 1999, qui l'ont reçue pendant les quatre années 53. À risque 25.7 Non à risque Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 13
Se détacher d un groupe à risque élevé réduit considérablement les risques d être pauvre à long terme 1..9.8.7.6.5.4.3.2.1. Fonction de survie à la pauvreté chez les personnes qui sont devenues pauvres au cours d'une année donnée entre 1996 et 1999 1 2 Sont restées à risque toutes les années de 1996 à 1999 Sont devenues Non à risque au moins une année entre 1997 et 1999 Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 14
C est important parce que l appartenance à certains groupes à risque élevé est loin d être un état permanent Proportion des personnes faisant partie d'un groupe à risque particulier en 1996 qui sont sorties de ce groupe pendant au moins une année entre 1997 et 1999 Limité au travail Monoparental Immigrant récent Autochtone hors réserve Seul 45+ 8.2 12.5.4 23.3 59.3 3 4 5 6 7 Source: Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 15
Le taux de pauvreté persistante parmi les immigrants récents est plus grand pour les membres de minorités visibles 14 12 8 6 4 2 Probabilités prédites de pauvreté persistante parmi les immigrants récents, selon l'appartenance à une minorité visible (1996-1999) 13.2 Appartient à une minorité visible en 1996 6.1 N'appartient pas à une minorité visible en 1996 Source : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 16
et pour les Autochtones inscrits parmi les Autochtones vivant hors des réserves 4 35 3 25 15 5 Pourcentage de personnes qui vivaient dans des familles autochtones pauvres en 1999, selon que le principal soutien économique de la famille est inscrit en vertu de la Loi sur les Indiens 29.8 24.2 Inscrit en 1999 Non inscrit en 1999 Source : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 17
Entre 1996 et 1999, les taux de pauvreté ont considérablement baissé parmi la plupart des groupes à risque élevé Taux 45 4 35 3 25 15 Pourcentage de la population de personnes de 18 à 64 ans dans les familles dont le revenu est inférieur au SFR après impôt et dont le principal soutien économique est membre d'un groupe à risque élevé 28.1 18.7 Autochtone hors réserve 42.1 34.3 Monoparental 3.7 27.7 22.8 24 Immigrant récent Limité au travail Source : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu 37 37.6 Seul 45+ 1996 1999 18
Qu est ce que cela signifie? Il y a une dichotomie croissante parmi les pauvres. Nous connaissons les groupes socio-démographiques qui courent le plus grand risque d être exclus. Nous savons que la participation régulière au travail rémunéré et que divers caractéristiques personnelles font la distinction entre les personnes courant le plus grand risque d être exclues parmi les groupes à risque élevé et celles susceptibles d échapper à la pauvreté persistante. Le vieillissement de la population, la baisse de l offre de main-d oeuvre et les besoins de compétences accrues peuvent créer un environnement favorable à l intégration des groupes défavorisés. Mais la politique devra faciliter l intégration au marché du travail et assurer la réussite des membres des groupes à risque élevé. 19