MARS 2006 www.tendances.be. Investir en Bourse : ce n est pas sorcier!



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Transcription:

MARS 2006 www.tendances.be Investir en Bourse : ce n est pas sorcier!

FOCUS EDITORIAL par Michèle Audrit GD LE CARNET D ÉPARGNE OU LA BOURSE? Trends à l école consacre sa seconde édition aux marchés financiers. Un sujet sans cesse à la une de l actualité et où le jargon laisse perplexes bien des profanes. Dans son article de couverture, Frédéric Wauters décrypte le vocabulaire utilisé dans ce domaine en impliquant le lecteur dans la succession de Tante Rosa. Une généreuse vieille dame qui, en plus de laisser de confortables avoirs à son neveu Pascal, a eu la sagesse de lui léguer d indispensables conseils. Que faire pour faire fructifier ce pactole? Le conserver sur un carnet d épargne ou l investir en Bourse? Le Belge a une réputation de fourmi. En août 2005, 160 milliards dormaient sur les comptes épargne de nos compatriotes, soit 16.000 par habitant! Eh oui, vous avez bien lu. Il s avère pourtant que le carnet d épargne, investissement on ne peut plus sûr, ne rapporte plus grand-chose aujourd hui. Dès lors, que faire? Opter pour l immobilier ou d autres formules de placements comme les sicav, les obligations, les bons d Etat, les assurances,...? La Bourse constitue un moyen intéressant de gonfler son bas de laine, mais il convient néanmoins de rester prudent car l opération n est pas sans risque. La belle période d avant-2000 et la bulle Internet ont montré les limites d un placement considéré par certains comme un jackpot. C était l ère de la nouvelle économie où les dot.com fleurissaient de tous les côtés, entraient en Bourse pour attirer l argent frais afin d assurer leur croissance, promettaient monts et merveilles à ceux qui y plaçaient leurs économies. Certains investisseurs, accros du clavier et de la banque en ligne, en avaient quasi fait un métier, se muant en day traders, achetant un jour et vendant le lendemain en dégageant de belles plus-values. Puis la bulle a éclaté entraînant avec elle la plupart des dot.com et ces investisseurs qui s étaient pris au jeu de la spéculation irréfléchie. Cette période est aujourd hui révolue, l investisseur est redevenu raisonnable et cherche à gérer au mieux son portefeuille. Suivant son tempérament, il optera pour un profil défensif (une gestion en bon père de famille, aux intérêts modestes mais où l on est assuré de ne pas perdre le moindre cent), neutre ou offensif (comportement plus risqué, avec des rendements plus attractifs, mais où il arrive aussi qu on perde de l argent...). En conclusion, si investir en Bourse reste une activité passionnante, ce n est pas un jeu. Mieux vaut bien s informer avant de s y lancer. Trends à l école Trends à l école est une initiative de Trends-Tendances, rue de la Fusée, 50, bte 9, 1130 Bruxelles. Direction et Rédaction en chef Amid Faljaoui Rédactrice en chef adjointe Michèle Audrit Coordination Jean-Marc Damry Mise en page Marc Deby, Geert Deceuninck, Benoit Haesen Content manager Christophe Charlot Ont collaboré à ce numéro Jean-Marc Damry, Pascale Haine, Lut Vandevelde, Frédéric Wauters. Documentation : Anne-Lise Castiaux Photo de couverture : Corbis Photographe : Corbis, Photo News Editeur : Dirk Vandekerkhove Editeur responsable : Wim Criel Aucune partie du présent ouvrage ne peut être reproduite et/ou rendue publique sous forme imprimée, photocopiée, microfilmée ou sous quelque autre forme que ce soit, sans l autorisation écrite préalable de l éditeur. Website : www.trends.be/fr/trendsalecole Trends à l école est une publication de Roularta Media Group S.A., Meiboomlaan, 33, 8800 Roulers. 2 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

PG SOMMAIRE FOCUS SOMMAIRE MARS 2006 CORBIS 4 Trends à l école 4 Investir en Bourse, ce n est pas sorcier Actions, sicav, bons d Etat, obligations, warrants, options... Ces termes utilisés sur les marchés financiers peuvent laisser le profane sans voix. Il est pourtant utile de savoir de quoi on parle si l on veut investir dans autre chose que son carnet d épargne qui ne rapporte plus guère aujourd hui. Dans cette tour de Babel, accompagnons Pascal, dont la défunte tante Rosa lui a légué quelques biens immobiliers et son «portefeuille», mais aussi quelques précieux conseils. 11 Cocooner les bons éléments Les employeurs l admettent volontiers: les travailleurs sont leur capital le plus précieux. Des travailleurs motivés au bon profil et au bon poste contribuent sensiblement à la réalisation des objectifs de l entreprise. Reste que dans un environnement de plus en plus concurrentiel, la tâche n est pas évidente pour les directeurs des ressources humaines. Investir en Bourse, ce n est pas compliqué, mais il convient de rester prudent. 12 En droit civil, la meilleure preuve reste l écrit. 12 Preuves à l appui «Les Experts» font un malheur sur les écrans et nous familiarisent de près ou de loin à des moyens de preuve acceptés au niveau pénal : balistique, empreintes, analyses en laboratoire, autopsies... Ce n est toutefois pas avec ce genre de moyens qu on va prouver la propriété d un immeuble, la validité d un contrat commercial ou de mariage, la reconnaissance de dette ou le droit d un travailleur non respecté. 15 1 milliard pour la Wallonie Jadis une des plus prospères du monde, la Région wallonne est aujourd hui tombée bien bas. A-t-elle touché le fond? Impossible de le dire. En tous cas, le gouvernement wallon compte beaucoup sur l effet salutaire de son «plan Marshall», un plan dont le nom n a pas été choisi au hasard... PHOTO NEWS Grâce au plan Marshall, Elio Di Rupo veut redonner du tonus à la Wallonie. 15 RTL Ras-le-bol des griffes sur vos CD? Ne les jetez plus : SkipDoctor les répare Le SkipDoctor est un dispositif de réparation de griffes. Il rétablit les disques CD endommagés à leur performance optimale, qu il s agisse de CD audio, CD d enregistrement mais également de cédéroms, de DVD.Trends à l école vous en offre 5! Participez dès à présent au concours sur notre site web. MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 3

FOCUS EN COUVERTURE FAIRE FRUCTIFIER SON PATRIMOINE Investir en Bourse : Actions, sicav, bons d Etat, obligations, warrants, options... Ces termes utilisés sur les marchés financiers peuvent laisser le profane sans voix. Il est pourtant utile de savoir de quoi on parle si l on veut investir dans autre chose que son carnet d épargne qui ne rapporte plus guère aujourd hui. Dans cette tour de Babel, accompagnons Pascal, dont la défunte tante Rosa lui a légué quelques biens immobiliers et son «portefeuille», mais surtout quelques précieux conseils. A rrivé chez lui, Pascal ouvre l enveloppe. Dedans, la fameuse liste : actions, bons d Etat, sicav, obligations, options, warrants,... Quel charabia! Apparemment, tout cela vaut pas mal d argent. Pascal se rappelle quelques conversations avec sa tante. «Tu sais, Pascal, les intérêts sur les comptes d épargne sont tellement bas, qu il ne vaut même pas la peine d y placer son argent. Outre la propriété des murs d un hôtel et quelques appartements qui m assurent un confortable complément à ma pension, j ai décidé d investir en Bourse! Au début, ce n est pas facile, mais une fois qu on est bien informé, c est très intéressant et très amusant, mais il faut toutefois rester prudent.» Agrafée à l inventaire du portefeuille, Pascal trouve une lettre de sa tante Rosa : «Mon petit Pascal, je suis sûre que tu te sens un petit peu désemparé en ce moment. J espère que cette petite lettre te permettra d y voir plus clair. Tu disposes à présent d un portefeuille contenant plusieurs titres, qu on appelle aussi valeurs mobilières: actions, obligations, sicav, etc. Voici quelques explications qui t aideront à comprendre de quoi il retourne. Les actions Commençons par les actions. Si demain tu voulais créer ton entreprise, tu devrais réaliser certains investissements : acheter des machines, te procurer les fournitures nécessaires, engager du personnel, etc. Tout cela coûte de l argent, et il faut bien que celui-ci vienne de quelque part. Soit tu as un petit bas de laine (quelques économies) et tu consacres cet argent à ton activité, soit tu dois emprunter. Laissons un moment l emprunt de côté. Si l argent est à toi et que tu décides de créer une société, cet argent deviendra le capital de la société. Il s agit du montant que tu as mis à sa disposition. Cet argent appartient désormais à la société, mais tu possèdes un document qui prouve que tu es le propriétaire de cette société. Tu peux aussi arriver à convaincre un ami ou tes parents d investir avec toi. La société aura alors plusieurs propriétaires que l on appelle les actionnaires. En guise de titre de propriété, chaque investisseur CORBIS recevra plusieurs actions qui symbolisent sa participation dans le capital de la société. Si la société que tu gères société dégage des bénéfices, elle peut soit les réinvestir dans son activité, soit les distribuer aux actionnaires. La partie des bénéfices qui est redistribuée aux actionnaires s appelle le dividende. Chaque actionnaire, en 4 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

ce n est pas sorcier... fonction du nombre d actions qu il détient, aura droit à une partie des dividendes. Si la société réinvestit judicieusement la partie de ses bénéfices qu elle ne distribue pas, elle grandira, et sa valeur augmentera petit à petit : c est ce qu on appelle la plus-value. Un actionnaire peut facilement calculer le rendement de son placement, qui sera exprimé en SICAV ou pas SICAV? Société d investissement à capital variable : drôle de nom. Quelle réalité se cache derrière cette appellation mystérieuse? nvestir en Bourse n est pas à la portée de toutes les... Ibourses, justement. La constitution d un «bon» portefeuille d investissements est complexe et nécessite une somme conséquente : on parle en général de 50.000. La plupart des gestionnaires de patrimoine, les organismes spécialisés qui s occupent de gérer la fortune d investisseurs aisés, considèrent d ailleurs que leurs clients doivent disposer de plus de 75.000 à 100.000 à investir. Pourquoi? Tout d abord, il y a les coûts de transaction : chaque opération sur les marchés financiers donne lieu au prélèvement d une commission par les brokers, et souvent aussi d une taxe. Cela revient vite à une trentaine d euros par opération. Autrement dit, acheter puis revendre les actions d une société déterminée coûte plus de 60 à l investisseur, sans compter les frais comptés par la banque pour la gestion du compte titres. Il donc faut que le montant investi dans une seule action soit suffisamment important pour que ce coût puisse être couvert. Ensuite, il y a le problème du risque. Investir en Bourse est une opération risquée : si le cours l action que j ai achetée baisse, je perdrai de l argent. Parfois beaucoup d argent. Heureusement, les spécialistes de la finance ont découvert qu en diversifiant un portefeuille, c est-à-dire en achetant suffisamment d actions et d obligations différentes, il est possible de réduire le risque encouru par l investisseur. Le problème, c est que les petits investisseurs ne disposent pas d un bas de laine conséquent. C est la raison pour laquelle le secteur financier a créé les sicav. Une sicav est une société anonyme d un genre un peu particulier. Ses actionnaires sont les petits épargnants qui souhaitent investir en Bourse mais ne disposent pas des capitaux ou des connaissances pour se lancer seuls dans l aventure. L argent récolté auprès des investisseurs est ensuite intégralement investi selon une stratégie qui figure dans les statuts de la société. La gestion de la sicav est assurée par une banque ou un organisme financier, donc par des investisseurs professionnels. Le degré de risque et le rendement d une sicav dépendront du type de sicav. Il en existe une très grande variété, avec autant de stratégies différentes de placement : sur un seul marché, sur plusieurs marchés, sur un seul secteur, sur quelques secteurs, uniquement en actions, uniquement en obligations, ou encore un mélange des deux. Certaines garantissent un certain rendement à l échéance, d autres promettent de récupérer au moins l investissement initial, d autres ne promettent rien. Le choix est énorme. A chaque investisseur de «faire son marché» en fonction du rendement qu il attend et du risque qu il est prêt à prendre... F.W. MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 5

FOCUS EN COUVERTURE L analyste : le Monsieur Météo des marchés... omme le météorologue, l analys- financier se base sur une série Cte d observations pour tenter de prévoir l avenir. Il cherche à déterminer comment les valeurs qu il surveille vont évoluer. Ses sources d information? Les cours de la Bourse (passés et présents), les comptes annuels des sociétés, la lecture assidue de journaux et de revues ainsi que de nombreuses entrevues avec les responsables financiers des entreprises qu il scrute. «Il existe deux sortes d analystes financiers, explique Emmanuel Lefèvre, chez Fortis Banque: le primaire et le secondaire. Leurs rôles sont complémentaires.» L analyste primaire suit de cinq à dix sociétés. Il étudie en profondeur leurs comptes annuels et leurs perspectives d évolution, et construit des modèles pour estimer la valeur de ces sociétés. Il compare ensuite cette valeur au cours de l action et prépare ses recommandations: acheter, vendre ou conserver. L analyste secondaire, lui, s occupe d une quarantaine de valeurs, réparties sur un ou deux secteurs. Un secteur est constitué d un ensemble d entreprises ayant le même type d activité. Par exemple, Carrefour, Delhaize et Colruyt font partie du même secteur : le commerce de détail. Mais il y a bien entendu aussi bien d autres secteurs (pharmacie, télécoms,...). L analyste secondaire compare les sociétés d un même secteur entre elles, étudie les perspectives économiques, et essaie de dégager des tendances pour le futur. Pour son travail, il utilise souvent le résultat des recherches des analystes primaires. Les recommandations des analystes financiers sont communiquées aux clients importants de la banque, aux investisseurs institutionnels et à la presse. CORBIS L ANALYSTE FINANCIER Il tente de prévoir les évolutions futures, sur base du passé, des prévisions des entreprises elles-mêmes et de la situation économique. «Les investisseurs institutionnels, ce sont les fonds de pension, les gestionnaires de fonds et les sociétés d assurance, poursuit Emmanuel Lefèvre. Ils baseront leurs décisions d investissement sur les recommandations des analystes primaires. A notre niveau, l objectif est que ces analyses génèrent du volume,autrement dit amènent nos clients à effectuer des opérations d achat ou de vente, sur lesquelles nous prélevons une commission. Evidemment, il faut pour cela que nos conseils soient d excellente qualité, qu ils apportent une réelle valeur ajoutée. Il est hors de question, par exemple, de proposer l achat de telle ou telle valeur parce que nos concurrents ont émis un avis en ce sens. Il faut avoir le courage de prendre des risques : lorsqu un analyste repère une opportunité, une action dont le cours est nettement inférieur à ce qu il estime être sa valeur ou son potentiel d évolution, il doit réagir rapidement. Nous essayons aussi de suivre des thèmes, par exemple la croissance du secteur bancaire en Europe centrale. C est ainsi que nous avons recommandé les titres KBC à l achat : cette entreprise a en effet beaucoup investi dans cette partie de l Europe, et nous pensons qu elle est bien placée pour profiter de la tendance qui se dessine.» Cela ne veut pas pour autant dire que les analystes financiers ne s intéressent pas au travail de leurs concurrents, au contraire. «En tant qu analystes secondaires, nous sommes nous-mêmes clients de certains de nos concurrents, ajoute Emmanuel Lefèvre. Nous avons ainsi accès à leurs analyses et pouvons dès lors comparer leurs études aux nôtres, vérifier nos hypothèses et les confronter aux leurs.» L analyste financier tente donc de prévoir les évolutions futures, sur base du passé, des prévisions des entreprises ellesmêmes et de la situation économique. Comme pour le météorologiste, il s agit d un travail scientifique minutieux, mais dans lequel subsiste néanmoins une part d incertitude. «Il n y a jamais de certitude sur les marchés. Il est possible qu un élément important n ait pas été incorporé dans l analyse ou qu un événement imprévu vienne tout remettre en cause. Ainsi, après de longues discussions avec le management d Agfa, nous étions certains que l entreprise allait se redresser. Le management avait pris les mesures nécessaires, et tout pointait vers une reprise de l activité. Nous avions émis une recommandation d achat. Nos concurrents étaient d ailleurs, eux aussi, parvenus aux mêmes conclusions. Mais hélas, le chiffre d affaires a été beaucoup moins élevé que prévu, et la croissance attendue ne s est pas matérialisée. C est bien la preuve qu on ne peut jamais tout prévoir...» Un peu comme lorsqu il pleut pendant votre pique-nique alors que la météo annonçait du soleil... F. W A l image du météorologiste, l analyste financier réalise un travail scientifique minutieux mais dans lequel subsiste néanmoins une part d incertitude. 6 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

pourcentage : il lui suffit d additionner le dividende et la plus-value et de diviser cette somme par son investissement initial. Mais chaque actionnaire de ta société prend un risque : si tu gères mal la société, elle ne fera pas de bénéfices. Si les choses tournent mal, elle peut même faire faillite. Dans ce cas, tes actionnaires ne récupèreront pas leur investissement. C est à cause de ce risque de perdre de l argent que les actions sont parfois appelées capital à risque. Si tu veux convaincre tes investisseurs de te faire confiance, le rendement que tu leur proposes doit donc être supérieur à celui d un livret d épargne. La différence entre le rendement et le taux d intérêt s appelle la prime de risque. Il s agit-là du supplément que les actionnaires exigeront en contrepartie du risque qu ils prennent en confiant leur argent à la société. MASTERFILE Les actions et la Bourse Tout ce que je t ai expliqué, eh bien ça se passe exactement de la même manière pour les actions que tu as dans ton portefeuille. Ces actions représentent ta part dans le capital de plusieurs sociétés et te donnent droit chaque année à une partie des dividendes qu elles distribuent. Comme ces sociétés sont très grandes, elles ont des milliers, parfois des dizaines de milliers d actionnaires. Bien sûr, ils ne se connaissent pas entre eux c est pour cela qu en Belgique on appelle ces sociétés des sociétés anonymes mais ils ont tous décidé d apporter un peu d argent à la même société parce qu ils pensent qu ils pourront en retirer un bénéfice. L avantage d une action, c est que si demain un actionnaire décide, pour une raison qui lui appartient, qu il ne veut plus être actionnaire de la société, il peut revendre les actions qu il possède. Tout ce qu il doit faire, c est trouver un acheteur. C est à cela que servent les Bourses : elles permettent aux gens qui souhaitent vendre des actions de trouver des acheteurs et vice-versa. La seule condition : se mettre d accord sur un prix. Chaque jour, des milliers d acheteurs et de vendeurs échangent des actions de la même société. Ce sont les prix auxquels se concluent leurs transactions qui déterminent le cours des actions, qu on appelle aussi la cote. Le cours d une action, c est le prix auquel les acheteurs sont d accord d acheter et les vendeurs prêts à vendre. Mais comment font-ils pour estimer ce que vaut la société dont ils échangent les actions? Et comment mettre la main sur cette information? Je te suggère de jeter un œil aux deux petits articles que je joins à cette lettre. Ils t expliqueront qui sont les analystes financiers et ce qu ils font pour déterminer la valeur INVESTIR EN BOURSE C est parfois un coup de dés. Il convient de rester prudent. Ce n est pas un jeu. d une entreprise (voir encadrés). Tu imagines bien que les investisseurs ne se rendent pas eux-mêmes à la Bourse avec leur petit portefeuille sous le bras! Ils feront en réalité appel à des opérateurs spécialisés qui s occuperont à leur demande d acheter et de vendre leurs titres. On les appelle courtiers ou brokers en anglais. Les obligations Imagine maintenant que ta petite société doit réaliser de nouveaux investissements. Si les actionnaires sont prêts à investir plus d argent, la société réalisera une augmentation de capital et émettra de nouvelles actions. Sinon elle pourra emprunter cet argent à la banque ou aux ac- La grande différence entre les actions et les obligations, c est le risque que prennent les investisseurs. MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 7

FOCUS EN COUVERTURE A quoi tient la valeur d une entreprise... maginez deux boulangeries installées dans la même rue. I Leurs locaux ont la même surface et la même disposition. Les exploitants disposent des mêmes machines, se fournissent chez les mêmes grossistes, emploient le même nombre de personnes et fabriquent les mêmes produits. Le boulanger X est très soucieux de la qualité de son pain et de ses croissants. Pour rien au monde il ne vendrait un pain trop sec ou un croissant trop cuit. Il surveille chaque étape de la préparation et de la présentation de ses produits. Il est toujours bien habillé et aimable avec les clients. Le boulanger Y, lui, se rase quand il y pense. Il porte en permanence un vieux tablier taché. Il essaie toujours d écouler jusqu au dernier de ses pains, même s ils sont un peu rassis. Il laisse ses ouvriers s occuper seuls de la préparation et de la cuisson. Il sourit rarement à ses clients et, quand il est fatigué, ce qui lui arrive souvent, il leur répond de façon peu courtoise ou impolie. Si les deux commerces étaient à remettre lequel, à votre, avis se vendrait au prix le plus élevé? La plupart d entre vous désigneront sans hésiter la boulangerie X. Pourquoi? Posez la question autour de vous, la réponse sera toujours quelque chose comme : «Parce que le boulanger X est aimable avec ses clients.» Quel est le rapport entre l amabilité de Monsieur X et la valeur de son commerce? C est simple. A force de mettre l accent sur la qualité et l accueil, Monsieur X s est construit une clientèle fidèle. Sa boulangerie continuera à bénéficier de cette bonne réputation et ses revenus futurs sont donc assurés. Par contre, Monsieur Y, à cause de son attitude négligente, n a pas pu se construire une clientèle : les revenus de son activité sont moins importants et ses perspectives d avenir sont donc plus incertaines. Lorsque nous cherchons à savoir quelle boulangerie «vaut le plus d argent», notre premier réflexe est donc de comparer le potentiel des deux établissements. Et comment y arrivons-nous? En nous basant sur ce que nous savons du comportement passé des deux boulangers. C est exactement ce que font les analystes financiers. Bien sûr, leur travail est beaucoup plus long et plus complexe, mais le principe qu ils suivent est exactement le même : la valeur d une entreprise dépend de ses revenus futurs. Le travail de l analyste financier consiste donc à estimer avec le plus de certitude possible les revenus futurs de la société qu il étudie. Il se basera ensuite sur ces estimations pour déterminer la valeur des actions de cette entreprise. Les «modèles» d analyse Notre analyste financier se trouve donc confronté à deux questions cruciales : comment estimer les revenus qu aura l entreprise dans le futur? Et comment utiliser ces revenus futurs pour déterminer ce que vaut l entreprise tionnaires. Dans ce cas, il s agit d un prêt que la société devra rembourser et sur lequel elle paie un intérêt. Cet emprunt fera l objet d un contrat où sera mentionné le montant emprunté, la date de remboursement et le taux d intérêt. Les grosses sociétés dont les actions s échangent en Bourse ne sont pas obligées de passer par un banquier ou d emprunter à une seule personne. Elles peuvent directement s adresser aux marchés pour faire leur emprunt. Le mécanisme ressemble un peu à celui des actions: la société émet des titres qui représentent une partie du montant qu elle souhaite emprunter. Ces titres s appellent des obligations. Chaque obligation mentionne le montant emprunté, appelé principal, nominal ou valeur faciale, ainsi que le taux d intérêt et la date de remboursement, qu on appelle échéance. Les investisseurs qui achètent des obligations recevront chaque année un intérêt et, s ils gardent le titre jusqu à l échéance, ils recevront également le remboursement du montant nominal. Comme pour les actions, les obligataires peuvent décider de revendre les obligations qu ils détiennent à d autres investisseurs grâce aux marchés boursiers. Les obligations sont cotées en Bourse et leur cote est exprimée en pourcentage de la valeur nominale. En fait, la grande différence entre les actions et les obligations, c est le risque que prennent les investisseurs. Une obligation, je te l ai dit, est un emprunt : donc, la société est obligée de rembourser les détenteurs des obligations qu elle émet quand la date d échéance arrive. Ce n est pas le cas avec les actions. C est pour cela que le rendement des obligations est moins élevé que celui des actions. Mais comme il reste quand même un risque que la société fasse faillite et ne puisse pas rembourser, les obligations rapportent plus qu un simple livret d épargne. Il y a une prime de risque. Les entreprises ne sont pas seules à émettre des obligations. C est aussi un des moyens préférés des Etats pour emprunter de l argent. Les Etats ne peuvent pas faire faillite, leur prime de risque est donc en général moins élevée que celle des entreprises. Voilà, je crois que je t ai assez ennuyé. J espère que tu comprends mieux à présent ce que sont les actions et les obligations. Bonne chance pour tes premiers pas en Bourse! Tante Rosa.» Et les autres valeurs mobilières? Pascal se sent déjà moins désemparé. Mais le portefeuille de Tante Rosa contient d autres valeurs mobilières. Il décide de faire quelques recherches sur Internet, histoire d en savoir plus. Voici le résultat de ses investigations. Bons d Etat. C est ainsi qu on appelle, en Belgique, les obligations émises par l Etat belge. Options. Une option est un contrat entre deux personnes : l acheteur et l émetteur. Ce contrat est vendu à l acheteur par l émetteur. L acheteur peut s il le souhaite le revendre à un autre investisseur. L option donne à celui qui la détient le droit d acheter (option call) ou de vendre (option put), à un moment déterminé, une action, une obligation, une devise, un indice ou une matière première, à un prix convenu (le prix d exercice), à l émetteur. Si la société réinvestit judicieusement la partie de ses bénéfices qu elle ne distribue pas, elle grandira, et sa valeur augmentera petit à petit : c est ce qu on appelle la plus-value. 8 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

aujourd hui? Répondre à la seconde question est à la fois simple et compliqué. C est ce qu on appelle le problème de la valeur actualisée : quelle est la valeur, aujourd hui, d une somme à recevoir dans le futur? Posons le problème autrement : si quelqu un m a promis de me donner 100 dans un an, mais que je préfèrerais être payé aujourd hui, quelle somme devrait-il débourser pour que notre situation à tous les deux soit exactement la même? C est cette somme qu on appelle la valeur actualisée de 100 dans un an. Comment la déterminer? Le principe est assez simple : c est la somme que je devrais placer aujourd hui en banque pour que, dans un an, grâce aux intérêts, je puisse retirer exactement 100 de mon compte en banque. Ainsi, au taux de 2%, je devrais placer 98,04 aujourd hui pour récupérer 100 dans un an ( 98,04 + 1,96 d intérêts). La valeur actualisée dépend donc du taux d intérêt utilisé pour le calcul, appelé taux d actualisation. Le calcul de la valeur actualisée des revenus futurs de l entreprise est bien entendu plus compliqué que notre petit exemple, puisqu il s étend sur plusieurs années. Mais la difficulté principale reste la même : déterminer le taux d actualisation le plus réaliste. Arriver à prévoir les revenus d une entreprise dans le futur est une autre affaire. Première piste : les comptes annuels de l entreprise. En étudiant les résultats des années précédentes, l analyste peut se faire une idée de la structure des revenus et des coûts de l entreprise. La plupart des sociétés cotées fournissent également leurs prévisions à intervalles réguliers généralement par trimestre. Mais cela ne suffit pas encore. Généralement, l analyste prend aussi en compte tout ce qui pourrait influencer la demande pour les produits de la société, comme les prévisions économiques pour les pays où la société est active, l évolution des prix, l existence de produits ou services similaires ou l apparition de nouveaux produits ou concurrents, la stratégie menée par les concurrents, etc. Il se base aussi sur tout ce qui pourrait influencer les coûts de production, à savoir l évolution du prix des matières premières, du coût de la maind œuvre, du financement, les politiques menées par les gros fournisseurs, le prix du transport, etc. Il tient également compte de l évolution du secteur (la stratégie des concurrents, leurs résultats passés et prévisions pour le futur,...)... Toutes ces informations permettent à l analyste de se forger son idée des perspectives de l entreprise et d établir ses prévisions de revenus. Les prévisions de revenus qu il prépare et la méthode d actualisation qu il a déterminée permettent à l analyste de construire un modèle d évaluation. Ce modèle lui permet d estimer la valeur de l entreprise et la façon dont elle va évoluer. Il pourra ensuite comparer la valeur qu il a déterminée au cours de l action de l entreprise et préparer ses recommandations. Si par exemple la valeur estimée par l analyste est supérieure au cours de l action, il peut la recommander à l achat. En effet, à long terme, les cours boursiers ont tendance à s ajuster pour refléter la valeur de la société. Dans notre exemple, ils risquent donc d évoluer à la hausse. Le client qui aura acheté des actions pourra alors les revendre en faisant un bénéfice. F. W CORBIS Pendant la période d exercice, le détenteur peut choisir d exécuter le contrat de l option, c est-à-dire vendre ou acheter à l émetteur la valeur sous-jacente. Mais il n y est pas obligé. D où le nom d option. Les options sont utilisées soit dans un but de spéculation, soit dans un but de couverture. Leur intérêt pour le spéculateur est que les options sont moins chères que les valeurs sur lesquelles elles portent. Par contre, leur valeur évolue de façon parallèle mais en multipliant l effet des variations de cours. Avec le même montant, un spéculateur peut donc augmenter fortement son bénéfice (ou sa perte). Celui qui décide de se couvrir va, lui, utiliser les options pour neutraliser un risque. Imaginons une entreprise qui sait qu elle va recevoir dans deux mois une forte somme en dollars qu elle devra changer en euros. Elle ne veut pas risquer de perdre de l argent à cause d une baisse du dollar en dessous de 1,20. Pour se couvrir, elle peut acheter des options put au cours de 1,20 pour la même date d échéance. Si à l échéance le cours du dollar est passé en dessous de 1,20, l entreprise exercera son option. Sinon, elle la laissera s éteindre. C est un peu comme si l entreprise avait acheté une assurance contre la baisse du dollar. Les warrants. Un warrant est une option représentée par un titre négociable en Bourse. Il s agit généralement d une option d achat (call), mais il existe aussi des warrants put. En voici un petit exemple : la Commerzbank a émis des warrants call sur les actions de la société Google. Chaque warrant porte sur 100 actions. Le prix d exercice est de $ 300 par action et la date d exercice est le 17 mars 2006. A cette date, le détenteur du warrant pourra choisir d acheter 100 actions Google à la Commerzbank au prix de $ 300. Si au moment de l exercice, les actions Google va- LA BOURSE Elle permet aux gens qui souhaitent vendre des actions de trouver des acheteurs et vice-versa. MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 9

FOCUS EN COUVERTURE CORBIS Comment se portent les marchés? Quelques indices... Quel est le point commun entre Sherlock Holmes et un investisseur? Tous deux cherchent à résoudre une énigme et se servent d indices. Mais les indices qui intéressent les investisseurs sont assez différents de ceux que recherche le détective... herlock Holmes s est fixé pour Sobjectif de découvrir les coupables d un meurtre ou d un cambriolage. L investisseur, lui, cherche à se forger une idée de la façon dont les autres investisseurs envisagent le futur. Pourquoi? Parce que la valeur d une entreprise dépend de ses revenus futurs. Chaque jour, des millions de transactions s effectuent sur les marchés financiers et la façon dont le prix des actions évolue reflète donc l idée que l ensemble des investisseurs se font de l avenir. Pour un investisseur, il est donc crucial de connaître le «climat» du marché qui l intéresse. Dans son travail d investigation, l investisseur dispose d un genre particulier d indices : les indices boursiers. Il s agit d outils statistiques qui mesurent l évolution du prix d un ensemble de titres considérés comme représentatifs d un marché. En clair, les analystes considèrent que l évolution du cours des actions faisant partie de l indice donne une bonne idée du climat général sur le marché que l indice représente. L indice du marché des actions belges est le BEL 20. Il est calculé sur base du cours de vingt actions de référence (19 depuis la fusion Suez- Electrabel) cotées à Bruxelles. A côté de cela, il existe des indices qui ne sont pas spécifiques à une seule Bourse, mais à un pays, une zone géographique ou un secteur. Par exemple, le S&P500, qui reprend le cours de 500 actions différentes, mesure le climat sur les Bourses américaines. Le FT- SE EuroFirst 300 s intéresse aux Bourses européennes, et le MSCI est une mesure au niveau mondial. Alors, comment se portent les marchés boursiers ce matin? Pour le savoir, il suffit d ouvrir un journal et de rechercher les indices boursiers. Elémentaire, mon cher Watson! F.W. Les indices boursiers les plus connus BEL 20 (Euronext Bruxelles) CAC 40 (Euronext Paris) AEX (Euronext Amsterdam) DAX (Bourse de Francfort) FTSE100 (Bourse de Londres) Dow Jones (Bourse de New York) Nasdaq Composite (NASDAQ, une autre Bourse américaine) Nikkei (Bourse de Tokyo) lent plus cher, par exemple $ 367, il exercera son droit car il pourra revendre les actions achetées avec un bénéfice. Si les actions Google valent moins de $ 300, il ne l exercera pas. Les sicav. Tante Rosa ne possédait pas beaucoup de parts de sicav (société d investissement à capital variable). Et pour cause : la somme dont elle disposait était suffisante pour lui permettre d investir directement en Bourse. Pourquoi? La réponse se trouve dans l encadré «sicav ou pas sicav?». Notre ami Pascal va à présent pouvoir s essayer à faire fructifier son petit portefeuille. Mais c est un investisseur prudent. Avant de commencer à «jouer en Bourse» avec ce que lui a légué sa tante, il décide de s inscrire gratuitement au Concours Investisseurs organisé par Cash, le supplément au magazine Trends-Tendances, qui se déroule du 27 mars au 2 juin 2006. Il pourra ainsi jouer «pour du beurre» pendant quelques semaines et en apprendre plus sur la gestion de son portefeuille. Et puis, si ça marche bien pour lui, peutêtre gagnera-t-il une Mitsubishi Grandis, 2.500 ou l un des nombreux autres prix. Frédéric Wauters Les options sont utilisées soit dans un but de spéculation, soit dans un but de couverture. 10 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

RESSOURCES HUMAINES FOCUS THE RIGHT MAN AT THE RIGHT PLACE Cocooner les bons éléments Les employeurs l admettent volontiers: les travailleurs sont leur capital le plus précieux. Des travailleurs motivés au bon profil et au bon poste contribuent sensiblement à la réalisation des objectifs de l entreprise. Reste que dans un environnement de plus en plus concurrentiel, la tâche n est pas évidente pour les directeurs des ressources humaines. L e CV et la lettre d accompagnement forment le premier obstacle à franchir avant l entretien d embauche qui doit être préparé soigneusement. La sélection s accompagne très souvent d une panoplie de tests: intelligence, personnalité, collégialité. Depuis peu, des centres d évaluation (assessment centers) jugent les capacités de commandement des candidats, leur flexibilité, leur gestion du stress et des conflits, leur vision stratégique ainsi que leur intelligence émotionnelle. Les critères de recrutement se penchent ainsi de plus en plus sur des facteurs de personnalité. Soulignons aussi le rôle grandissant des sociétés d intérim dans le processus de regroupement. Le salaire n est pas la seule motivation Les jeunes connaissent mal le marché du travail: leurs ambitions salariales sont souvent exagérées par rapport à leurs responsabilités et ils ne sont pas suffisamment au courant des avantages extralégaux qui peuvent accroître leurs revenus. Ces derniers sont de plus fiscalement intéressants pour les deux parties en présence: chèques-repas, voitures de société, autres avantages en nature. Une assurance groupe ou une assurance hospitalisation, décès et incapacité de travail fait aussi partie des avantages extralégaux. Récemment, les new age benefits sont venus renforcer l attachement des travailleurs à leur entreprise par le biais de services divers: accueil d enfants, nettoyage du linge, courses, fitness, etc. Les «plans cafétéria» sont une approche moins paternaliste mais ils offrent au travailleur le choix à la carte entre une série d avantages: plus de salaire, plus de congé ou plus d assurances... Et ne parlons pas de la participation dans le capital de l entreprise par l octroi d actions (stockoption) qui associe par ailleurs les travailleurs à la croissance. Le secret d une bonne motivation ne réside toutefois pas uniquement dans un bon salaire. Une carrière intéressante et variée, la formation et la participation dans la prise de décision constituent autant de facteurs qui contribuent à motiver le personnel. Un directeur du personnel doit ainsi veiller aux sensibilités, attentes et besoins de son effectif pour réaliser des améliorations ou des réformes d organisation du travail. Eviter le stress La concurrence internationale a rendu les entreprises plus vulnérables. Les licenciements et l augmentation de la productivité créent des tensions. Le développement de nouvelles technologies et l insécurité d emploi peuvent menacer le bien-être au travail. Les collègues, le manque de soutien de la direction, le déséquilibre entre vie privée et professionnelle, etc., constituent d autres facteurs de stress. Ce LA GESTION DES COMPÉTENCES EST UN CONCEPT RELATIVEMENT RÉCENT Il convient de confronter les objectifs de l entreprise aux compétences et perspectives du personnel. De cette confrontation et de la combinaison idéale des compétences dépendront la réussite de l entreprise. La valeur d un travailleur peut-elle être mesurée? Des études récentes ont révélé que les entreprises avec une gestion des ressources humaines valable génèrent plus de bénéfices que celles dont la gestion est faible. Mais comment mesurer l efficacité d une gestion du personnel? Le rendement de l investissement dans les ressources humaines est-il mesurable? L idée sous-jacente à cette mesure est de réunir non seulement des indicateurs financiers pour mesurer le rendement d une entreprise mais aussi des informations sur sa capacité d innovation, la satisfaction des clients, le service et sur l efficacité du personnel. phénomène est pourtant cause d absentéisme, d une diminution de productivité et de situations conflictuelles. De plus en plus d entreprises développent des programmes qui visent à améliorer la qualité de vie en leur sein. Même le gouvernement prend depuis quelques années au sérieux les signaux de stress. Il a ainsi introduit une loi sur le bien-être au travail (1996) et sur la prévention du stress au travail (1999). Une loi contre la violence et le harcèlement au travail est venue récemment s ajouter à la prévention du stress sur le lieu du travail. La gestion du capital humain est donc essentielle pour l entreprise, c est sans doute la raison pour laquelle les DRH (directeurs des ressources humaines) font à présent leur entrée dans les comités de direction, voire accèdent au poste le plus élevé de la hiérarchie. Lut Vandevelde CORBIS MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 11

FOCUS MOYENS DE PREUVE LE RÔLE DU DROIT CIVIL EST TROP SOUVENT MECONNU Preuves à l appui LES «EXPERTS» CRÈVENT LES ÉCRANS Mais la reine des preuves en Belgique, c est l écrit. RTL 12 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

«Les Experts» font un malheur sur les écrans et nous familiarisent de près ou de loin à des moyens de preuve acceptés au niveau pénal : balistique, empreintes, analyses en laboratoire, autopsies... Ce n est toutefois pas avec ce genre de moyens qu on va prouver la propriété d un immeuble, la validité d un contrat commercial ou de mariage, la reconnaissance de dette ou le droit d un travailleur non respecté. La reine des preuves, c est l écrit! C est celle qui laisse des traces par excellence : il en existe de deux sortes. Celles faites par les officiers publics tout d abord. Rien à voir avec des officiers de l armée. Ce sont des personnes assermentées qui «reçoivent» un acte ou qui le «font» : les notaires en sont les principaux (avec les testaments ou les contrats de mariage, par exemple) mais également les huissiers de justice, greffiers, juges, officiers de l état civil ou de police judiciaire. Ces écrits sont appelés actes authentiques. Viennent ensuite tous les autres écrits faits par d autres personnes qui ne relèveraient pas des officiers publics dans l exercice de ses fonctions. Un notaire qui écrit sur un bout de papier qu il doit 50 à son voisin n a dressé aucun acte authentique, mais un écrit dit «sous seing privé». L écrit ne s impose en qualité d acte sous seing privé qu à condition que la signature soit reconnue. L article 1341 du Code civil est à ce niveau des plus clairs : il n est reçu aucune preuve par témoins contre et outre la contenu des actes ni sur ce qui a été dit avant, lors ou depuis les actes encore qu il s agisse d une somme ou valeur inférieur à 375. Concrètement, si un monsieur reconnaît par écrit avoir vu et parlé avec une dame un jeudi à minuit dans un restaurant, cela signifie pas plus que ce qui est écrit. Le témoin potentiel ne peut pas aller contre ce document écrit. La preuve testimoniale n a rien à voir avec un testament. C est le témoignage. C est une déposition faite par une personne qui n est pas l une des parties engagées dans le litige, personne qui relate ce qu elle a vu ou entendu relativement au fait litigieux. Un cas bien connu serait celui d un piéton qui a vu un accident de voiture entre deux conducteurs qu il ne connaît pas. Viennent ensuite la présomption, l aveu et le serment. Les présomptions sont des «conséquences que la loi ou le magistrat tire d un fait connu à un fait inconnu» dit le code civil. Il s agit d admettre la vérité d un fait litigieux par raisonnement à partir d un autre fait. Une note d hôtel payée par un homme marié à 5 kilomètres de sa maison alors qu il n a raté aucune nuit chez lui, de nombreux et longs appels téléphoniques relevés sur une facture de GSM sont des présomptions bien connues des tribunaux dans les cas de divorce... L aveu est la reconnaissance même du fait litigieux par la personne contre laquelle il est allégué. «Oui, je reconnais avoir acheté ce téléviseur le 17 mars 2005 à Monsieur Tartenpion.» Si, dans les films américains, on voit encore certaines parties, certains témoins ou prévenus porter serment sur la bible, c est parce que, comme chez nous avant 1974, tout serment était prêté «sous la garantie de l invocation à la divinité». Etant donné que, en Belgique, nous sommes de moins en moins effrayés par les foudres divines immédiates qui nous enverraient brûler dans les flammes de l enfer en cas de mensonge, il existe différentes formules de serment qui sont prévues par la loi et qui ne font plus référence à la divinité. Mais vu que nous prêtons aussi serment sur l honneur et que certains n ont pas peur de salir celui-ci par un magnifique parjure, on recourt rarement à ce moyen de preuve, sans doute par scepticisme... Tous ces éléments sont développés dans des livres épais dans toutes les facultés de droit. Et pour cet article, le précis de droit de Nicole Verheyden-Jeanmart de la faculté de Louvain fut un précieux outil. Le but n est pas de recopier le précis, mais de vous mettre l eau à la bouche sur ce sujet vaste. Quand la technologie s en mêle... Dominique Mougenot, avocat au barreau de Mons, présente une très longue synthèse sur le «droit de la preuve et technologies nouvelles». Car en effet, si notre code civil vit grâce à Napoléon, il doit néanmoins se mettre à la page des nouvelles technologies, particulièrement dans le secteur de l informatique. Les documents se dématérialisent et n ont plus de substance tangible. Maître Mougenot fait le tour des technologies et relève avec pertinence les avantages ou faiblesses de chacun d autant que ceux-ci remplacent des nouvelles techniques de copies (photocopie, fax), ou de transmission de documents (mail) voire même de stockage de données (CD-Rom, DVD,...). Qu est ce qui est le plus fiable : le moine copiste ou la photocopie? Une copie manuelle est très imparfaite, tant sur sa confection que sur sa valeur juridique car elle ne donne aucune garantie de conformité par rapport à l original. Sont ensuite apparues les copies carbone et stencils, puis enfin la photocopie. Cette dernière a un usage extrêmement répandu, jusque dans les couloirs de la justice car elle reproduit fidèlement les imperfections de l original ainsi que la signature. Elle serait donc, à la base, plus fiable que la copie manuscrite. Mais elle est aussi susceptible d altération volontaire, parfois peu décelable, sauf sous expertise. Il n y a donc aucune garantie de conformité. Le microfilm Il suffit de demander à un James Bond quelconque : le microfilm relève de la photographie en réduction d un Il est impossible d aborder le sujet de la preuve sur le plan commercial ou social, sans le voir sur le plan civil. MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 13

FOCUS MOYENS DE PREUVE LE TÉLÉPHONE N APPORTE AUCUN INTÉRÊT SUR LE PLAN DE LA PREUVE Il ne laisse pas de trace quant au contenu. document sur papier afin de faciliter la conservation de documents en petit volume. C est une copie comme une autre, mais dont sa confection s accompagne en général de la destruction de son original. L enregistrement magnétique Si cela regroupait en premier les sons et paroles, l essor de la vidéo a permis d y intégrer les images conservées sur bandes magnétiques. Mais le problème se pose non seulement sur la valeur probante, mais également sur la confidentialité et le respect de la vie privée. Peut-on enregistrer quelqu un à son insu? Sans compter les possibilités de trucages ou d altérations, avec l aide de l informatique... Supports informatiques Disque dur, disquette, fichiers MP3, CD, CD-Rom,... certains supports permettent une lecture et simplement celuici, sans transformation. Le plus facile à comprendre étant le CD émis par un chanteur, un CD-Rom de jeux émis par un grand groupe japonais... Le contenu ne peut être modifié. Mais les soucis relevés portent sur : La durée de conservation : les disquettes peuvent être conservées en bon état, les logiciels pour les lire peuvent avoir disparu. L altération : la gestion du matériel informatique permet de prendre des photos numériques, de les placer sur son ordinateur, de les placer sur une autre image scannée, d en faire un montage et de l imprimer sur papier, ou de le sauvegarder sur support informatique. Le statut : sont-ce des écrits ou pas? Les moyens de transmissions Téléphone, télex, téléfax. Voici trois techniques bien connues de communication. Le téléphone n apporte aucun PHOTO NEWS intérêt sur le plan de la preuve puisqu il ne laisse pas de trace quant au contenu. Et en cas d enregistrement? Il faudra pouvoir apporter la valeur de la force probante de l enregistrement Le télex est tombé en désuétude mais existe encore avec certains pays où le réseau téléphonique est peu développé. Le document ne retransmet que les mots et pas les signatures. Mais le central conserve les traces des échanges ; il y a donc une bonne fiabilité à lui consacrer. Le fax cumule les handicaps de la copie et celui du procédé de transmission. On peut donc le contester de multiples façons : Le destinataire peut prétendre n avoir rien reçu. L émetteur reçoit un rapport reprenant la date, le n du destinataire, le nombre de pages, la durée de la communication et l indication des incidents de communication. Mais rien n empêche de joindre à ce rapport un autre document que celui transmis. C est un problème identique à celui d une lettre postale, sauf recommandée. La valeur de la force probante du fax est donc fragile, même s il commence à faire une timide apparition en justice et aura une force probante selon les circonstances et peut être même les Cours. Et la Toile? Internet a droit à un traitement à part. Son extension est mondiale et son développement foudroyant. Aucune entité administrative ou légale ne contrôle les activités de communication, le stockage d informations ou les utilisateurs. On retrouve en vrac des mails, des forums de discussion, des accès à des données de tous genres, du téléachat. Mais les contrats peuvent aussi être conclus par exemple suite à des échanges de messages électroniques. Mais qui se cache derrière chaque site? Garde-t-on toujours les traces écrites? Lorsqu un message n arrive pas à destination, il est renvoyé à l expéditeur, mais il existe aussi des accusés de réception. Tout le problème réside dans l identification de l expéditeur réel, l absence d altération (par l expéditeur et le destinataire) ou de détournement par un tiers ; à moins que certains procédés n empêchent la modification du document après enregistrement. Et c est tout? «Les Experts» l utilisent parfois, nos tribunaux civils aussi : les moyens scientifiques sont aussi employés comme des moyens de preuve. L ADN est le plus connu dans la reconnaissance en paternité. Vu son caractère incontestable, cela devient une force probante admise par tous les tribunaux. Ces nouveaux procédés sont unanimement acceptés comme des présomptions, certains demandant toutefois un régime probatoire plus fort que d autres. Mais le Code est à ce sujet bien en retard. La jurisprudence en ces matières est très discrète, même si elle existe. On ne peut rejeter purement et simplement ces techniques dans le néant de la nonpreuve. La preuve est un sujet vaste et passionnant. J espère en tout cas vous l avoir... prouvé! Pascale Haine La preuve doit être apportée selon ses propres moyens en droit commun (c est-à-dire pas en droit pénal) et donc, tout d abord, en droit civil. 14 TRENDS À L ÉCOLE MARS 2006

ECONOMIE FOCUS LA GOUVERNEMENT WALLON VEUT RELANCER LA MACHINE ECONOMIQUE 1 milliard pour la Wallonie Jadis une des plus prospères du monde,la Région wallonne est aujourd hui tombée bien bas. A-t-elle touché le fond? Impossible de le dire.en tous cas, le gouvernement wallon compte beaucoup sur l effet salutaire de son «plan Marshall»,un plan dont le nom n a pas été choisi au hasard... Flash-back. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l Europe n est plus que misère, désolation, chômage et les perspectives d avenir ne sont pas encourageantes. Arrive alors le discours qui met du baume au cœur des Européens : celui du général George Marshall, secrétaire d Etat américain et principal conseiller du président de l époque, le démocrate Harry Trumann. Son programme pour la reconstruction de l Europe, dévoilé pour la première fois à Harvard en 1947, va jeter les bases du redressement économique et social des différents pays européens parties prenantes à l opération, et faire déferler une véritable pluie de dollars sur le Vieux Continent entre 1948 à 1951. Le programme pour la reconstruction de l Europe, que l histoire retiendra finalement sous le nom de plan Marshall, a réellement jeté les bases des Trente Glorieuses. Bref, de la période de prospérité la plus extraordinaire de l histoire du Vieux Continent. Le modèle américain pour la Wallonie? Personne ne peut malheureusement nier que misère, désolation et chômage minent le quotidien d un nombre important de Wallons. Depuis des années, la sud du pays, et particulièrement le Hainaut, reçoit pourtant des aides européennes dont le montant cumulé dépasse aujourd hui les 3 milliards. Et malgré cette manne céleste, les «performances» de la Région manquent d une telle vigueur qu elle continue inlassablement à se classer sous la moyenne européenne en termes de PIB par habitant. Quant aux statistiques de chômage, particulièrement chez les 15-24 ans, elles rangent la Wallonie dans la classe des cancres européens! En lançant son plan Marshall, le gouvernement wallon a pourtant posé un geste politique fort car, outre les montants GEORGE MARSHALL ET ELIO DI RUPO, MÊME COMBAT? Le Premier wallon veut sortir la Wallonie de sa léthargie. libérés, c est surtout une révolution des états d esprit qui se met en marche: il s agit de tourner la page de «société de consolation» et de faire place à une logique où les gens retroussent leurs manches et vont de l avant. Bref, on remet en cause et de manière fondamentale des «habitudes» et, entre les lignes, on discerne une logique où, pour résoudre les problèmes, on chercherait à prendre le taureau par les cornes plutôt qu à rechercher le pis de la vache laitière! Sans (r)évolution des mentalités, même les meilleures mesures resteraient malheureusement sans effet tangible sur le redressement structurel de la Wallonie. Les leçons du passé ont été tirées. Oui, trop d argent a été gâché dans des projets sans réelle valeur ajoutée, où le saupoudrage régional a primé sur l efficacité. Tout le monde le reconnaît aujourd hui ouvertement, même nos gouvernants. Le plan Marshall amène à un ciblage optimal des moyens financiers autour de cinq pôles bien précis l aérospatial, la logistique, les sciences du vivant, l agroalimentaire et le génie mécanique où la Région excelle et peut réellement faire la différence à l échelle internationale, voire mondiale. Pour beaucoup cependant, le plan Marshall n est que discours sans grands faits tangibles. Qu il s agisse de formations intensives en langues étrangères, de modules d immersion à l international sous l égide de l Awex, d assainissement de sites industriels désaffectés (Ndlr : pour lequel un budget de plus de 300 millions est dégagé) ou d encouragement de la recherche, pour ne citer que ces éléments, la phase d action va bientôt réellement commencer... Jean-Marc Damry PHOTO NEWS «Résoudre les problèmes en attrapant le taureau par les cornes plutôt qu en recherchant le pis de la vache laitière», c est là un des défis lancés à l adresse des Wallons. MARS 2006 TRENDS À L ÉCOLE 15