La Situation Agropastorale au 31 juillet 2015

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Transcription:

Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sècheresse dans le Sahel Permanent Inter-State Committee For Drought Control in the Sahel Centre Régional AGRHYMET Bulletin DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE EN AFRIQUE DE L OUEST Bulletin mensuel N 02 - Juillet 2015 La Situation Agropastorale au 31 juillet 2015 Message clé Une amélioration significative de la situation pluviométrique pendant le mois de juillet a été observée. Dans les zones soudaniennes et sahélo-soudaniennes et dans quelques localités du Sahel Centre dont le Sud Niger (excepté la région de Zinder et surtout celle de Diffa) et le Centre Mali, les conditions de semis étaient réunies avec des bonnes réserves en eau du sol. La situation acridienne reste calme. La situation pastorale connait une amélioration significative sur 90 % de la zone pastorale. Dans ces endroits, l abreuvement du bétail se fait quasiment au niveau de points d eau de surface ayant été remplis à la suite des importantes précipitations enregistrées pendant le mois de juillet 2015. La situation hydrologique du mois de juillet a été marquée par le démarrage effectif des écoulements et la poursuite de la montée du niveau d eau pour la plupart des cours d eau. Une légère hausse de la demande en céréales avec le début de la soudure et du mois de Ramadan a été observée mais, les prix sont restés stables par rapport à leur moyenne quinquennale avec une tendance à la baisse qui est maintenue dans le bassin Est. Selon les prévisions saisonnières mises à jour, on doit s attendre à une pluviométrie moyenne à excédentaire sur toute la bande sahélienne et soudanienne pour le reste de la saison donnant du coup un espoir sur l issue de la campagne si la fin de saison pluvieuse ne sera pas précoce. I. Situation pluviométrique L'amélioration de la situation pluviométrique survenue à partir du début du mois juillet a dissipé les soucis que le mauvais démarrage de la saison, observé un peu partout en zones Sahélienne et Soudanienne, a suscités. En cette fin de juillet, le Front Intertropical (FIT) continue sa remontée vers le Nord, mais de manière plus accélérée depuis la dernière décade du mois de juin. Ainsi, pour les trois dernières décades, il a été à sa position climatologique, ou plus au Nord sur presque toute la région. Par conséquent, des pluies modérées à fortes ont été enregistrées sur la majeure partie de la région. Les zones précédemment affectées par les déficits modérés à sévères se sont rétrécies de manière significative au Sahel. Elles se limitent maintenant à quelques endroits : la zone couvrant le nord-ouest du Sénégal et le sud-ouest de la Mauritanie, le nord de la région de Maradi, une bonne partie de la région de Zinder et la région de Diffa au Niger, le nord de l'etat de Yobe au Nigeria et la zone couvrant le Batha Est, le Wadi Firra et le Ouaddai au Tchad (figure 1.1). Les informations qui remontent du terrain font état d'une amélioration significative des conditions pluviométriques enregistrées particulièrement à partir de la deuxième décade de juillet. Ce qui a permis des semis généralisés même, par endroits, dans les zones affectées par les déficits sévères citées ci-dessus. Centre Régional AGRHYMET BP. 11011 Niamey (Niger) Tél. (+227) 20 31 53 16 / 20 31 54 36 Fax. (+227) 20 31 54 35 Web: http // www.agrhymet.ne Email : bulletin@agrhymet.ne - admin@agrhymet.ne

Selon les prévisions saisonnières mises à jour, on doit s'attendre à une pluviométrie moyenne à excédentaire sur toute la bande Sahélienne et Soudanienne pour le reste de la saison. Toutefois, les zones ayant souffert de déficit pluviométrique et de retard de mise en place de cultures en zone Sahélienne doivent faire l'objet d'un suivi rapproché, car d'ici à la récolte tout déficit hydrique pourrait causer une baisse significative de rendements. Figure 1.1 : Anomalie du cumul pour la même période en % de la moyenne 2010-2014 II. Situation des cultures Dans toutes les zones soudaniennes et sahélosoudaniennes et dans quelques localités du Sahel Centre dont le Sud Niger (excepté la région de Zinder et surtout celle de Diffa) et le Centre Mali, les conditions de semis sont réunies et les cultures céréalières qui y sont emblavées sont au stade tallage, à la date du 10 juillet 2015. Dans ces localités de la zone sahélienne où les semis ont été assez tardifs tels que le Nord Tillabéry et certains villages de Zinder et de Diffa au Niger, le Centre-ouest du Mali, le Sud Mauritanie et le Centre Sénégal, le stade phénologique le plus avancé est la levée-feuille à la même date. Par ailleurs, le bilan hydrique indique qu en dehors de l extrême Sud-ouest du Tchad et les zones littorales des pays du Golfe de Guinée, à la date du 10 juillet 2015, les besoins en eau du mil et du sorgho sont satisfaits dans toute la bande soudanienne de l Afrique de l Ouest et du Tchad. Dans la bande sahélienne, le niveau de satisfaction des besoins en eau a été mauvais un peu partout au cours du mois, sauf dans le Sud Maradi au Niger et dans le Centre-est et l extrême Ouest du Mali. III. Situation acridienne La situation relative au Criquet pèlerin est calme dans tous les pays de la ligne de front du Sahel. En juillet, aucun criquet n ést présent à l exception d ailés solitaires en faibles effectifs dans le nord du Soudan, et quelques individus signalés dans l Aïr au Niger. BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 2

Figure 2.1 : Occurrences des détections du criquet pèlerin Les bonnes pluies enregistrées en fin juillet sur la majeure partie des aires de reproduction estivale du Sahel septentrional, de la Mauritanie à l Érythrée, auront pour conséquence, une reproduction à petite échelle dans les semaines à venir. L on pourra ainsi assister à une légère augmentation des effectifs acridiens dans tous les pays. Ailleurs, les pluies exceptionnellement fortes enregistrées dans les aires de reproduction estivale, de part et d autre de la frontière indo-pakistanaise, pourraient rendre les conditions suffisamment favorables pour deux générations du Criquet pèlerin. Des prospections régulières sont recommandées dans toutes les aires de reproduction estivale des pays de la ligne de front afin de détecter les éventuelles augmentations d effectifs consécutives à l amélioration des conditions pour la reproduction dans ces aires. IV. Situation pastorale et état de la végétation Situation pastorale La situation pastorale connait une amélioration significative sur 90 % de la zone pastorale. Dans ces endroits, l abreuvement du bétail se fait quasiment au niveau de points de surface ayant été remplis à la suite des importantes précipitations enregistrées pendant le mois de juillet 2015. Une amélioration de l embonpoint des animaux est observée suite à la disponibilité progressive du fourrage vert. Ailleurs, on observe toujours un prolongement de la période de soudure pour les animaux dû au retard important dans l installation de la végétation. Ce problème d installation de la végétation est surtout observé au nord-ouest du Sénégal, à l ouest de la Mauritanie, dans la partie nord de la région de Diffa au Niger, et au nord-est du sahel tchadien. Cette situation est due à un retard de plus en plus inquiétant de l installation de la pluie dans ces zones. Dans la majeure partie de ces zones, les animaux s alimentent toujours (là où il en existe encore) des résidus de la campagne passée et certainement des ligneux accessibles. La persistance de cette situation va provoquer sans doute des pertes importantes d animaux là où les dispositions n ont pas été prises pour positionner à temps des aliments bétails. État de la végétation Dans les pays de l Afrique de l Ouest, on observe un retard de démarrage de la végétation naturelle et cultivée de 3 décades à plus : ce retard est observé notamment dans les régions Sud de Maradi et de Zinder, Tahoua et Diffa au niveau des départements d Aguié, Tessaoua, Guidanroumgui, Madaroumfa, Matamey, Magaria, Gouré, Maïné, Diffa, Nguiguimi, dans le département de Say dans la région de Tillabéry, pour la région de Dosso, les départements de Gaya et de Birni N Gaouré au Niger, quasiment partout sauf les provinces de Seno, koulpelogo et dans les régions de l'est, du Centre Nord, du Nord et de la Boucle du Mouhoum au Burkina Faso ; dans les régions de Kayes et de Koulikoro et dans une bonne partie de Mopti au Mali, un peu partout au Sénégal ; dans les zones de Kankossa, Ould Yenge, Selibaby, et Kaedi en Mauritanie, dans les zones de Hadjer Lamis, Salamat Ouaddai, Assonga, Sila et Guera au Tchad; au Nord Nigeria, au Nord Bénin, au Nord Togo et au Nord Ghana. Cette situation est la conséquence d un retard important de pluies (figure 3.1). BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 3

Figure 3.1 : Avance et Retard de l installation de la végétation au 31 juillet 2015 Dans la partie agricole de l Afrique de l Ouest, l indice de croissance normalisé (ICN) de la végétation montre qu il y a encore des plages au Sénégal et en Mauritanie qui n ont pas enregistré d émergence de la végétation, les meilleures situations ont atteint 60% du potentiel de croissance. En zone pastorale, l ICN met en évidence, sur 70% des aires de parcours, une émergence de 20 à 40 % de la végétation dans la zone pastorale ce qui signifie que dans ces endroits il y a une disponibilité d herbe verte pour les animaux (figure 3.2). Les conditions de croissance de la végétation sont quasiment mauvaises dans 60 % de la zone ouest africaine (figure 3.3). Néanmoins, Il faut souligner que suite aux importantes pluies enregistrées dans la sous-région, ces conditions connaitront une nette amélioration à la première décade du mois d août. Les anomalies de croissance végétatives vues à travers le NDVI standardisé indiquent une mauvaise tendance au Sénégal, au Nord Nigeria et au sud-est du Niger et le sahel Est du Tchad (figure 3.4). Figure 3.2 : ICN troisième décade du mois de juin 2015 BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 4

Figure 3.4 : SNDVI troisième décade du mois de juin 2015 Figure 3.3 : Indice des conditions de croissance de la végétation V. Situation hydrologique La situation hydrologique du mois de juillet a été marquée par le démarrage effectif des écoulements et la poursuite de la montée du niveau d eau pour la plupart des cours d eau dont les données sont parvenues au Centre Régional AGRHYMET. Ainsi, malgré l installation tardive de la saison des pluies, les fortes précipitations enregistrées un peu partout au courant de ce mois ont permis d améliorer significativement les écoulements. La comparaison des volumes écoulés durant ce mois par rapport à la normale 1981-2010 ainsi que celle du niveau de remplissage des barrages par rapport à 2014 indique une situation globalement normale à excédentaire (figure 4.1). Plus particulièrement, la crue locale du fleuve Niger à Niamey a connu une montée fulgurante. Au Burkina-Faso, bon nombre des barrages se trouvent dans une situation de remplissage de leur réservoir et certains ont commencé à déverser. BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 5

On s attend pour le mois d août, si la tendance des précipitations se maintient, à la poursuite de la montée des eaux au niveau des cours et plans d eau de la région avec des risques d inondations dans certaines zones. Figure 4.1 : Synthèse de la situation des cours d eau et barrages en juillet 2015 : Stations de Koulikoro (1), Niamey (2), Oualia (3), Gourbassi (4), Kidira (5), Bakel (6), Ndjamena TP (7), Bagara (8), Kainji (9), Makurdi (10), Lokoja (11), Barrages de Seytenga (B1), Ziga (B2), Bagré (B3) et Moussodougou (B4). Bassin du fleuve Niger La situation hydrologique au niveau de ce bassin est caractérisée par une montée du niveau des eaux pour la plupart des stations hydrométriques. Dans le Niger supérieur, les écoulements du mois de juillet 2015 à la station de Koulikoro sont, toutefois, restés inférieurs à ceux de l année précédente, de la normale hydrologique (1981-2010) et à ceux de l année la plus sèche (figure 4.2a). Le remplissage de la retenue de Sélingué a été amorcé à la mi-juillet. Dans le Niger moyen à Niamey, les faibles débits observés depuis le début de la saison ont connu dès la fin de la première décade de juillet une augmentation continue et importante faisant passer le débit de 97 m 3 /s le 7 à 1404 m 3 /s le 31 juillet (figure 4.2b). Cette montée (a) du niveau des eaux est soutenue par les apports des affluents de la rive droite dont les bassins ont enregistré des quantités de pluies assez significatives. L hydrogramme du fleuve observé à la station de Niamey est passé largement au-dessus de ceux de l année passée et même de l année la plus humide des dix dernières années dès le début de la troisième décade. Le débit moyen mensuel du mois est de 420 m 3 /s contre une valeur de 400 m 3 /s l an passé. Le volume écoulé au droit de Niamey du 1er juin considéré comme le début de l année hydrologique au 31 juillet 2015 est de 34 milliards de m 3 contre 825 millions de m 3 pour la normale hydrologique 1981-2010 et 343 millions de m 3 pour la moyenne des dix dernières. Si cette tendance se maintient, on pourrait observer des pics qui avoisineraient ceux de 2012 ayant conduit à d importantes inondations dans la ville de Niamey. (b) Figure 4.2a et 4.2b : hydrogrammes comparés du fleuve Niger à Koulikoro et à Niamey BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 6

Bassin du fleuve Sénégal Durant le mois de juillet, Les écoulements ont repris sur la Falémé et le Bakoye au niveau des stations de Gourbassi et Oualia avec une tendance à la hausse malgré quelques fluctuations. Cette tendance à la hausse est aussi observée sur le Bafing ainsi que sur le cours d eau principal à Bakel où le débit de 1222 m 3 /s a été atteint le 28. Les débits de ce mois de juillet 2015 étaient supérieurs à ceux de 2014, ainsi qu à la normale hydrologique sur la plupart des stations du bassin. Toutefois il convient de noter que le volume d eau écoulé à Bakel, depuis le début de l année hydrologique, est proche de celui de 2014 (+4%) et reste supérieur à celui de la normale hydrologique 1981-2010 (+34%). Au niveau de la retenue de Manantali, la baisse du niveau d eau s est poursuivie jusqu au 22 juillet 2015 pour atteindre la côte 194,00 m IGN avant d amorcer sa remontée le 24 juillet, date de remontée un peu tardive comparée aux références (figure 4.3). Situation des barrages au Burkina Faso Figure 4.3 : Hydrogrammes comparés du fleuve Sénégal à Bakel Les importantes précipitations enregistrées sur la plupart des stations pluviométriques au Burkina-Faso, ont entrainé une amélioration assez significative des niveaux des plans d eau qui sont tous dans une dynamique de remplissage. Les taux de remplissage sont nettement supérieurs à ceux de l année précédente sur la quasi-totalité des ouvrages stratégiques à l exception de la Kompienga, du Dourou, du Lac Bam et de Toussiana. Il est à noter que les barrages de Ziga, Liptougou, Loumbila, Tapoa, Seytenga, Tougou, Vy déversaient à la date du 30 juillet 2015. Le taux de remplissage du barrage de Toussiana dans le bassin de la Comoé est resté très faible en fin juillet (3,5%). VI. Situation du marché Le mois de juin marque le début de la période de soudure pour les ménages agricoles au Sahel avec son corollaire de hausse de la demande en céréales de base sur les marchés. Cette année, le mois de juin s est caractérisé au niveau des marchés céréaliers par une hausse saisonnière normale des prix. Il a également connu une hausse au début du mois de Ramadan, ce qui a contribué à l augmentation de la demande en céréales notamment au niveau du mil. Cette demande a été globalement satisfaite par la mise en marchés des stocks commerçants et paysans et par les opérations de vente à prix modérés. Figure 5.1 : situation des marchés au Sahel et en Afrique de louest : variation des prix du maîs rapport à la moyenne des 5 dernières années BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 7

Globalement sur l ensemble des marchés suivis en juin (figures 5.1 et 5.2), les prix du maïs et du mil sont restés globalement stables avec respectivement des variations de 5% et -5% comparativement à la moyenne des cinq dernière années. Toutefois, des hausses de prix localisées de plus 30% sont observées au Ghana; en Mauritanie, au Nord Mali et dans la zone du lac Tchad à cause des conflits et de la baisse de la production agricole au cours de la campagne écoulée dans ces localités. Des hausses importantes de prix maïs ont également été enregistrées sur plusieurs marchés du Bénin. Cette hausse des prix du maïs est essentiellement due à la baisse de l offre qui est jugée inférieure à celle de 2014. Toutefois, les prix des céréales restent globalement stables dans la région avec des baisses toujours observées dans le bassin Est. Toute chose qui concourt à améliorer l accès des ménages aux denrées alimentaires de base. Figure 5.2 : situation des marchés au Sahel et en Afrique de louest : variation des prix du mil rapport à la moyenne des 5 dernières années Directeur de Publication : Prof. BOUAFOU Kouamé Guy Marcel Rédactrice en Chef : Dr Maty BA DIAO Rédacteur en Chef Adjoint : Issa GARBA Contributeurs : Abdallah SAMBA, Agrométéorologue Dr Abdou ALI, Hydrologue Dr Alkhalil ADOUM, Scientist Regional FEWS NET Issoufou MAIGARY, Hydrologue Dr Idrissa MAIGA, Entomologiste Issa GARBA, Pastoralite Martial A. SY TRAORE, Analyste des marchés Hamatan MOHAMED, Hydrologue Mise en page : Binta ZALAGOU BULLETIN DE SUIVI DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE Mensuel de Juillet 2015, Volume 25, N 02 8