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Transcription:

Plan du cours I Rappels sur les Rayonnements ionisants - Généralités sur les rayonnements - Grandeurs dosimétriques et unités II Radiobiologie Lésions moléculaires Conséquences cellulaires: courbes de survie Conséquences tissulaires III Radiopathologie - Effets déterministes - Effets stochastiques IV Radioprotection

I Rappels sur les Rayonnements ionisants Généralités sur les rayonnements Irradiation naturelle Irradiation artificielle

essais et industrie 1 % médicale 58 % 41 % naturelle Irradiation naturelle Irradiation externe cosmique 7 % Irradiation artificielle médicale industrielle militaire sols et eaux 17 % radon 34 % : Irradiation interne Irradiation de la population 2,8 3,4 msv/an/habitant

Irradiation naturelle moyenne : 2,8 3,4 msv/an/habitant Rayons cosmiques: varient en fonction de l altitude - niveau de la mer : 0,25 msv/ an - Mexico (2240 m) : 0,80 msv/ an - La Paz (3900 m) : 2 msv/ an Rayonnements terrestres: varient en fonction des régions - moyenne : 0,9 msv/ an - Espirito Santo (Brésil) : 35 msv/ an - Téhéran (Iran) : 250 msv/ an - Limousin : 1,2 msv/ an Domestique: radon dans les maisons Alimentation - eaux minérales : 0,03 msv/ an - 1,25 msv/ an

Irradiation artificielle Médicale : Diagnostic :radiologie, médecine nucléaire Thérapeutique : radiothérapie, radiothérapie interne vectorisée (médecine nucléaire) Militaire Centrales Industrie

I Rappel sur les Rayonnements ionisants (RI) Les RI interagissent avec la matière en produisant des excitations et des ionisations = absorption Différents types de RI Particules a - Particules b X et photons γ neutrons

I Rappels sur les Rayonnements ionisants (RI) - Grandeurs dosimétriques et unités

la dose : peut être mesurée Pour déterminer la dose absorbée, un détecteur est placé à l intérieur de la matière et on observe la réponse quand on réalise une irradiation. La réponse est directement proportionnelle à l énergie déposée donc à la dose absorbée

Grandeurs qui permettent de quantifier le champs de radiation Relatives à l effet du RI sur la matière dose absorbée dose transférée Grandeurs utilisées en clinique dose équivalente dose efficace débit de dose

Dose absorbée Dose absorbée (unité Gray) pour toutes les particules : énergie réellement absorbée par unité de masse de matière de D= dm J/Kg ou Gy (Gray) - Dose délivrée localement en radiothérapie pour T maligne : qq dizaines de Gy - Dose mortelle 50 % des cas après une irradiation CE avec RI γ = 4 5 Gys

Dosimétrie clinique Dose = notion physique qui ne permet pas d apprécier correctement les effets biologiques (mort cellulaire et mutations) Dose reçue (Gy) Par quel rayonnement : β, x, γ, α, n Sur quelle partie du corps (tissu) En combien de temps : débit de dose

Dose équivalente (Ht) ; unité le Sievert Dose définie pour les besoins de radioprotection, tient compte de la nocivité différente des ryt Ht (Sv) = Wr x D (Gy) Dose de 1 Gy par RI γ Dose de 1 Gy par RI α dose équivalente = 1 Sv dose équivalente de 20 Sv

Facteur de pondération lié à la nature du rayonnement introduit en 1990 Électrons, photons toute E Neutrons <10 kev Protons > 2 MeV Neutrons rapides > 20 MeV et Neutrons : 10 kev 100 kev Neutrons : 2 MeV 20 MeV Neutrons : 100 kev 2 MeV Particules α, noyaux lourds 1 5 10 20 20

Dose efficace (E) ; unité le Sievert Tient compte en plus de la nature du RI, de la vulnérabilité du tissu irradié Dose efficace : somme des doses équivalentes délivrées à chaque organe ou tissu, pondérées du facteur tissulaire Wt E (Sv) = Wt x Ht (Sv) Dose efficace et dose équivalente ont la même unité

Facteur de pondération tissulaire Gonades Moelle osseuse Poumon colon estomac Thyroïde sein peau autres total 0,20 0,12 0,12 0,12 0,12 0,05 0,05 0,01 0,05 1 organisme entier

Dose efficace en pratique Dose absorbée par chaque tissu, exprimée en Gy pondérée une première fois par un facteur Wr (qualité de radiation) pondérée une deuxième fois par Wt (vulnérabilité du tissu irradié) somme pour tous les tissus dose efficace (exprimée en Sv)

Débit de dose Le débit avec lequel une dose de RI est administrée est très importante: Radiothérapie : Gy/h ou Gy/min Radioprotection : mgy/an. d= dd Mais également : le Volume irradié et la durée d irradiation dt

Distribution de l E absorbée Au niveau cellulaire distribution hétérogène, à dose égale dépend du RYT - nature - énergie Notion de TEL : transfert d E linéique : de/dx - rayonnements pénétrants à TEL faible qui cèdent peu d énergie (x et γ) - rayonnements peu pénétrants à TEL élevé (α et β) Photons de 4 MeV Protons de 7 MeV Particules α de 5 MeV 0,3 kev/µ 10 kev/µ 150 kev/µ plus le TEL est élevé plus le trajet est court et ionisant par unité de longueur traversée. la dose est concentrée sur quelques cellules

Dose engagée Irradiation interne Pour évaluer la dose, il faut connaître la biodistribution de l atome radioactif - durée de vie de l élément RA - de sa concentration tissulaire Dose équivalente reçue - décroissance - reste de la vie estimée à 50 ans

III Radiobiologie Lésions moléculaires Conséquences cellulaires courbes de survie Conséquences tissulaires

Principales étapes Lésions moléculaires Conséquences cellulaires : Conséquences tissulaires

Lésions moléculaires 1. Principe général : le phénomène initial : transfert d une partie de l énergie radiante à la molécule (par excitation ou ionisation) L excès d énergie interne compromet la stabilité de la molécule et peut-être responsable de modifications des liaisons chimiques donc de lésions moléculaires Toutes les molécules peuvent- être atteintes mais les plus importantes : - molécules d eau (70 % du poids du corps), - molécules d ADN (patrimoine génétique)

Lésions moléculaires 2. Radiolyse de l eau Aboutit à la formation de radicaux libres très réactifs (radical libre = atome ou molécule qui possède un e- non apparié) Etape initiale excitation : photon + H 2 O H 2 O* ionisation : photon + H 2 O H 2 0. + + e - Etape radicalaire - H 2 O* HO. + H. (H. : puissant réducteur) - H 2 0. + HO. + H + (HO. : puissant oxydant) - L électron éjecté en fin de parcours s entoure de molécules d eau e - acqueux (puissant réducteur)

Etape diffusionnelle : à l issue de la radiolyse de l eau Les produits de la radiolyse de l eau sont distribués de manière hétérogène autour de la trajectoire Recombinaison en composés inertes HO. + H. H 2 0 (pas d effet) H. + H. H2 (hydrogène ) HO. + HO. H 2 O 2 (eau oxygénée, puissant oxydant)

Etape chimique : les radicaux formés hautement réactifs peuvent modifier les liaisons chimiques et entraîner des altérations moléculaires action des radicaux OH. : déshydrogénation et hydroxylation R:OH + OH. R. + H 2 O R. + OH. R:OH action des radicaux H. : déshydrogénation et addition R:H + H. R. + H 2 R. + R. R:R Inactivations enzymatiques, dégradations des molécules

La proportion en radicaux libres ou en espèces moléculaires dépend : de la nature du rayonnement du TEL de l environnement en oxygène

La proportion de radicaux libres dépend De la nature du rayonnement Du TEL De l environnement en oxygène

TEL élevé (particules α, protons, neutrons) radicaux HO. proches les uns des autres probabilité de recombinaison élevée TEL faible (photons, électrons) Probabilité de rencontre de 2 radicaux HO. faible formation H 2 O 2 faible sauf si O 2, formation de péroxides

Effet de l O 2 : radio sensibilisateur L O 2 augmente l action des RI par 2 réactions Création de radicaux libres HO 2. à partir de 2 réactions H. + O 2 HO 2. e - acq + O 2 O 2- et O 2- + H 2 O HO 2. + OH - HO 2. (radical plus stable va former l eau oxygénée) HO 2. + HO 2. H 2 O 2 + O 2. créations de radicaux péroxydes plus toxiques car ½ vie plus longue R. + O 2 ROO. Rôle important de l oxygénation tissulaire

Lésions moléculaires 3. lésions de l ADN Les effets sur l ADN sont de 2 types Effets directs par transfert direct de l énergie du RI à la molécule d ADN Effets indirects secondaires aux effets physicochimiques des produits de radiolyse de l eau Les radiations ionisantes possèdent 2 particularités - efficacité importante pour créer des lésions moléculaires - absence de spécificité

Lésions de l ADN Selon le point d impact Rupture de chaines +++ simple brin double brin Altérations de bases site abasique base modifiée, oxydée Autres lésions : pontage entre 2 chaînes entre un chaîne et une protéine

Agression permanente de l ADN: radioactivité naturelle radicaux libres produits par le métabolisme cellulaire Mécanismes de réparation - génétiquement contrôlés et conservés au cours de l évolution des espèces - mécanismes complexes faisant intervenir plusieurs enzymes - plusieurs types de mécanismes de réparation réparation fidèles restauration complète de la molécule d ADN Ex : Excision resynthèse (sur chaînes qui ne sont pas en réplication) - reconnaissance de la lésion par une endonucléase - excision du segment par une exonucléase - synthèse par ADN polymérase d un nv fragment à partir du brin intact - ligation du brin resynthétisé sur la chaîne par une ligase réparation fidèle

Mécanisme de réparation de l ADN Fait intervenir plusieurs enzymes: Une glycosylase reconnaît l altération de l ADN - Une endonucléase coupe la lésion Elimination de la partie lésée Polymérase + ligase

Les mécanismes de réparation peuvent être insuffisants - quand le nombre des lésions à réparer est très important (saturation des systèmes enzymatiques ) dans les cas d irradiation à débit élevé - quand la réparation est fautive: la lésion est remplacée par une structure anormale apparition de mutations malgré les systèmes de réparation Si la mutation touche une cellule germinative elle peut être transmise à la descendance responsable d anomalies héréditaires Qaund la mutation touche une cellule somatique elle peut être responsable du développement de cancers

réparations fautives des mutations ex Réparation SOS ou mutagène la lésion est remplacée par une structure non saine mutation

Traduction des lésions de l ADN sur les chromosomes Plusieurs types d aberrations et de réarrangements sont possibles délétions terminales (fragments) ou interstitielles (anneaux acentriques) échanges inter chromosomiques symétriques (translocations) ou non (anneaux dicentriques) échanges intra chromosomiques Certaines sont létales D autres sont associés à des maladies malignes par l intermédiaire de l activation d oncogènes ou la perte de gènes suppresseurs

Dosimétrie chromosomique En cas d irradiation, l étude des chromosomes peut permettre d apprécier la dose reçue. Examen des anomalies chromosomiques sur un échantillon de lymphocytes Anomalies examinées: nombre d anneaux centriques et de chromosomes dicentriques Donne une idée sur l irradiation moyenne : seuil de sensibilité environ 0,2 Gy

Lésions moléculaires Principales étapes Conséquences cellulaires : modifications de l ADN - létales : mort cellulaire - modifications viables : mutations, cancérisation Lésions tissulaires

Mort Cellulaire Mort immédiate - à dose élevée (100 Gy) - cytolyse de la cellule Mort différée: apoptose Les cellules perdent la capacité de division Expression après la 1ère division ou les suivantes Explique les effets tissulaires et les effets retardés sur une tumeur

Mort différée Mécanisme de contrôle de la cancérisation Régie par la protéine p53 et mise en oeuvre par protéases appellées caspases Modifications morphologiques Condensation et vacuolisation du cytoplasme Fragmentation de l ADN Externalisation de la phosphatidyl-sérine membranaire Bourgeonnement de la membrane

Etude de la survie cellulaire en fonction de la dose Par des courbes de survie : relation entre le taux de cellules survivantes S et la dose (S quand D ) Études expérimentales par rayonnement X ou γ, irradiation en une seule séance, dans de bonnes conditions d O 2 Différents types de courbes : courbes exponentielles courbes sigmoïdes influence du fractionnement influence du débit de dose influence du TEL du rayonnement

S= 37 % Courbes expérimentales courbes exponentielles Virus, bactéries et certaines cellules de mammifères S = e -αd α = 1/D 0 D 0 = dose létale moyenne valeur de D pour S = 37% définit la radiosensibilité Valeur de D 0 d autant plus faible que cellules plus radiosensibles

Explication des courbes de survie Courbe de survie exponentielle : Atteinte de cibles létales. Chaque atteinte correspond à une mort cellulaire (lésion non réparable). Courbe de survie avec épaulement : La première partie correspond aux cibles létales (lésions non réparables). La deuxième partie correspondrait : - soit à des cibles sublétales (nécessité de deux lésions au niveau d une cellule), - soit à la saturation des mécanismes de réparation.

Radiosensibilité et cycle cellulaire Sensibilité minimale en phase S Sensibilité maximale en G2 et M

Facteurs modifiant les courbes de survie Sensibilité aux rayonnements de la lignée cellulaire Ex: Les cellules souches de la moëlle osseuse sont plus sensibles que des fibroblastes Nature du rayonnement : effet des α plus important que β, γ et X Débit de dose : Une dose délivrée à haut débit cause plus de mortalité que la même dose étalée dans le temps. Oxygénation : Les cellules en hypoxie sont plus résistantes

Principales étapes Lésions moléculaires Dommages cellulaires Lésions tissulaires

Effet des RI sur les Tissus Ne peut s observer que lors de la disparition d un grand nombre de cellules N apparaît chez les individus d une même espèce qu à partir d une dose seuil La délai d apparition varie : * En fonction des caractéristiques du tissu - Délai rapide pour les tissus à renouvellement rapide - Délai long pour les tissus à renouvellement long * De l existence de mécanismes de régulation qui accélèrent la prolifération cellulaire

Tissus compartimentaux Plusieurs compartiments disposés en série - Compartiment souche (cellules indifférenciées, nombreuses mitoses): très radiosensibles - Compartiment de maturation: moyennement radiosensibles - Compartiment fonctionnel (cellules différenciées, pas de mitoses): peu radiosensibles Ex: Moelle osseuse

Tissus compartimentaux Les cellules souches sont les plus atteintes, et les cellules différenciées le moins atteintes Le délai d apparition du déficit fonctionnel dépend de la durée de vie des cellules différenciées Ex: Moelle osseuse Thrombocytopénie et leucopénie après quelques jours Anémie après quelques semaines

Tissus Non compartimentaux Pas de cellules souches individualisées Chaque cellule peut en cas de besoin se diviser pour remplacer une cellule qui meurt Ex: Foie

III Radiopathologie - Effets déterministes - Effets stochastiques

Radiopathologie Effets obligatoires : déterministes Dépendent de la dose équivalente délivrée: dose «seuil» Effets aléatoires : stochastiques Dépendent de facteurs individuels Pas d'effet «seuil» mais probabilité liée à dose reçue Existent pour des doses>200 msv Suspectées pour des faibles doses

Effets des RI sur l organisme Les effets déterministes obligatoires liés à la mort cellulaire effets précoces et tardifs Les effets aléatoires stochastiques liés à la transformation cellulaires survenant à long terme

Effets des radiations ionisantes Effets déterministes : non stochastiques irradiation localisée Irradiation globale effets sur l embryon et le fœtus Effets stochastiques (aléatoires) Effets carcinogènes Effets génétiques

Effets déterministes

Irradiations localisées Peau (effets précoces) - < 1 Gy : pas de lésion - 6 12 Gy : érythème - 12 15 Gy : radiodermite sèche - 15 20 Gy: radiodermite excudative - 25 30 Gy : radionécroses (ulcérations infections) Cicatrisation après irradiation sous forme de dermite sèche pigmentée qui disparaît après desquamation

Irradiations localisées Peau (effets tardifs) atrophie cutanée sclérose cutanée et sous cutanée trouble de la pigmentation Cicatrisation après irradiation sous forme de dermite sèche pigmentée qui disparaît après desquamation

Irradiations localisées Gonades : hommes : azoospermies pour doses > 6 Gy femmes : aménorrhée pour doses > à 7 Gy chez femme de 40 ans et > à 12 Gy pour femmes de 25 ans Œil : cristallin partie la plus radiosensible Risque de cataracte pour des doses > 10 Gy et délai d apparition de plusieurs années Poumon : doses > 25 Gy lésions radiques en qq mois Thyroïde Doses de 200 Gy (iode-131 hypothyroïdies)

Irradiations globales Phase initiale : 1 à 10 Sv signes : asthénie, céphalées, nausées et vomissements Phase de latence clinique : - les lésions cellulaires sont constituées mais délai d apparition plus ou moins long selon les tissus - phase d autant plus courte que l irradiation est importante - pour des doses > 10 15 Gy absente Phase d état: on distingue 3 syndromes en fonction de la dose - syndrome hématologique pour D > 2 2,5 Gy - syndrome intestinal D > 6 Gy - syndrome nerveux central pour D > 10 20 Gy

Irradiations globales Syndrome hématologique (2 2,5 Gy) : symptômes liés à une aplasie avec une pancytopénie infections et hémorragies anémie mort en quelques semaines dans les cas graves La DL 50 = 4 Gy pour une irradiation aiguë en l absence de traitement Syndrome intestinal : (D > 6 Gy) symptômes liés à la destruction de la muqueuse intestinale : diarrhée hémorragies digestives déshydratation Occlusions, perforations Syndrome neurologique (D > 10 Gy) signes méningés coma en quelques heures

Irradiations globales Réactions toxiques: nausées, vomissements,céphalées,diarrhées Lymphopénie,granulopénie, thrombocytopénie Radiodermite, chutes des cheveux, poils, phanères Signes d'entérite avec risques d'hémorragies et perforations intestinales Pronostic: dépend risques infectieux et hémorragiques

Effets observés lors de l irradiation de l embryon et du fœtus pendant la grossesse Les conséquences de l irradiation in utéro dépendent de la période de grossesse Période de préimplantation 1 8j loi du tout ou rien (mort ou normal) Période de l organogenèse : 8j 8ème semaine - risque important de malformations organiques avortements spontanés (40 % des femmes à Hiroshima pour D > à 1 Gy) période fœtale : 8ème semaine fin - risque de retard mental et de retard de croissance (microcéphalies pour D > 0,1 Gy à Hiroshima) - troubles de la croissance pour D > 1 Gy

Pour quelles doses faut-il s inquiéter? le risque dépend de la dose : seuil de 0,2 Gy pour l espèce humaine En pratique : risque négligeable pour D < 100 mgy : ITG non conseillée D > 200 mgy : ITG conseillée entre 100 et 200 mgy : à discuter avec la mère En l absence de certitude : hypothèse pessimiste d absence de seuil irradiation interdite durant la grossesse mais incertitudes aux faibles doses (risque de malformation spontanée de 5 %)

Effets stochastiques Phénomènes cellulaires : réparation fautive et mutations non létales Effets sur les cellules somatiques : risque cancer Effets sur les cellules germinales : risque transmission d anomalie génétique de de Dans tous les cas il ne s agit que d un risque

Effets stochastiques La démonstration de ces effets repose sur la mise en évidence d une augmentation significative de ces effets sur un nombre suffisamment important de personnes exposées Études épidémiologiques difficiles

Effets carcinogènes

Mise en évidence des cancers radio-induits 1913 : mineurs exposés à l uranium : 42 % de dc par cancers bronchopulmonaires 1930 : incidence élevée des ostéosarcomes mandibulaires chez les peintres de cadrans luminescents 1944 : fréquence des leucémies chez les radiologues (10 fois plus) 1945 : Hiroshima et Nagasaki : excès de leucémies (3 fois plus) et de tumeurs solides 1986 : Tchernobyl : excès de cancers de la thyroïde chez les enfants de Biélorussie et Ukraine

Facteurs jouant sur la cancérogenèse Dose absorbée Débit de dose Nature du RI Nature du tissu Facteurs génétiques

Caractéristiques Délai d apparition +/- variable, long selon le type de cancer Rien ne les distingue des cancers spontanés Survenue non systématique, mais la probabilité de survenue augmente avec la dose

Enquête difficile car délai d apparition long (en moy 8 ans) radiosensibilité variable avec le sexe, l âge, et Ryt mortalité par cancer naturel forte de 20 % en France impossibilité d affirmer l existence ou non de cancer aux faibles doses hypothèse pessimiste d absence de seuil et d effet proportionnel à la dose même aux faibles doses

Seuil? Risque élevé au delà d un certain seuil 100 200 msv Risque? aux faibles doses? Faibles doses : Le modèle retenu est celui d une relation linéaire sans seuil C est sur cette hypothèses que se base la réglementation en radioprotection

Radioprotection

Les 3 lois de la radioprotection Justification Pour chaque exposition: le bénéfice doit dépasser le risque Optimisation Exposition à un niveau de dose aussi faible que raisonnablement possible: Principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable) Limitations Limites de doses établies par la loi que l on ne doit pas dépasser: 20 MSv/an travailleur, 1 msv par public

Radioprotection Réglementation radioprotection - des patients - du public - des travailleurs: port de dosimètres Utilisation d écrans