Etienne Bourgy, Chambre d'agriculture de la Nièvre, Relais agri-énergie «Coût de mobilisation de la plaquette, gains, enjeux et compétitivité», Agriculture et collectivités. 1/ La filière bois énergie dans la Nièvre La filière agricole de valorisation du bois déchiqueté à pris un essor en 2007, date d'acquisition par la Cuma Terr'Eau d'un broyeur avec grue grappin. Aujourd'hui, nous dénombrons 110 chaudières agricoles et rurales de moins de 100kW sur le département de la Nièvre (58). Plus de 80% de ces chaudières sont agricoles et servent à chauffer la partie privée. Cette filière économise l'équivalent de 855 000 litres de fioul pour 9500 Mètres Apparents Plaquettes (MAP) broyés annuellement. 25 chauffagistes formés maillent le territoire. Au total, c'est près de 6 MW de puissance installée cumulée. Chaudières plaquettes : des possibilités diversifiées : Les chaudières à bois déchiqueté sont rentables à partir d'une consommation de 2500 à 3000 litres équivalent fioul. Elles sont installées à titre privé, mais aussi pour chauffer des ateliers de transformation fromagère, avicoles, atelier porcs, processus de fabrication divers...
2/ Les valorisations des bois et haies agricoles : Bois énergie : Tableau des Kwh par essence : Le tableau des pouvoirs calorifiques inférieurs (PCI) montre que l'essence de bois influe peu sur le pouvoir calorifique à la tonne. Que se soit des feuillus ou résineux, les PCI sont quasi identiques. Par contre, au volume, il faut souvent 20 à 30% de plaquette supplémentaire en bois tendre (saules, aulnes...) pour égaler une essence de bois dur (chêne, hêtre...). Source : ADEME/ITEBE caractéristiques commerciales des combustibles bois L'essence fait varier la masse volumique du combustible et également son PCI moyen. Les résineux ont en moyenne un PCI supérieur de 5% aux feuillus. PCI anhydre des feuillus : 4 900 kilowatts/heure / tonne PCI anhydre des résineux : 5 200 kilowatts/heure / tonne En pratique, on retient en moyenne un PCI anhydre de 5 000 kilowatts/heure / tonne
Le Produit : des plaquettes de bois Une plaquette de bois sèche est une plaquette de bois entre 20-25% d'humidité. Au delà de 30% d'humidité, les chaudières manifestent des problèmes divers. Il est donc important de respecter le processus de stockage et séchage. Quatre mois sont nécessaires pour sécher une plaquette broyée verte à 50% d'humidité à 20-25%. Le paillage animal : L'utilisation des plaquette de bois en litière revient au goût du jour. Elle était déjà utilisée dans d'autres régions depuis de nombreuses années. Le processus de fabrication est identique à la plaquette de chauffage : le séchage se fait en général directement dans le bâtiment où sera utilisée la plaquette en paillage animal (bovins, ovins, caprins...). Le calibrage est similaire même si certains veulent un calibre plus petit (20mm en paillage au lieu de 30 à 40mm en chauffage). Les intérêts sont nombreux mais le principal est le gain de temps au paillage à l'entrée des animaux et ensuite une économie de 15 à 30% de paille sur les apports ultérieurs. En effet, une sous-couche de 10-15cm permet de drainer la litière. Le bois déchiqueté en litière apporte un gain économique identique au coût de revient de cette même plaquette ce qui en fait un litière gratuite.
3/ Des coûts de mobilisation compétitifs Coût de production des plaquettes : Chiffres 2012 Chambre d'agriculture de la Nièvre Etienne Bourgy Synthèse et comparaison : Le coût de revient (de mobilisation) agricole de la plaquette bois est donc de 55 à 76 /tonne (4 MAP secs = 1 tonne de 230 MAP/34,4 he bois). Le prix d'achat du même combustible sur le marché = 6,68 MAP/he/MAP/t oscille entre 80 à 96 /tonne. = 1,67 t/he x 40 /t Ce qui fait un gain de 20 à 25 /tonne de marge bénéficiaire. => 66,8 /he Cette marge compte le travail de l'agriculteur (coût à 16,5 /heure). En moyenne, le temps passé par l'agriculteur pour sortir du bois plaquette de la haie le Source : Etienne Bourgy, Chambre d'agriculture de la Nièvre rémunère en définitif à hauteur de 66 /heure (soit 3 SMIC). Cette rentabilité s'obtient sur des haies hautes productives en bois.
Plaquettes bois : un coût de production compétitif CHAUDIERE BOIS DECHIQUETE : UN INVESTISSEMENT CONSEQUENT? Le coût d'acquisition d'une chaudière automatique au bois déchiqueté le frein le plus important. Mais est-il si conséquent? Comparons : Votre dépense totale sur 20 ans sera de : Année
4/ Des leviers de réduction des charges d'entretien des haies : L'entretien de la haie basse : un budget annuel conséquent : L'entretien des linéaires de haies en Bourgogne montre un coût d'entretien conséquent. Historiquement, les haies sont taillées en haies basse (1,5m de hauteur x 1,5m de largeur en moyenne). Chaque année, les agriculteurs réalisent entre 3 et 7 passages d'épareuse (taille haie à rotor). On comprend aisément la position agricole de vouloir malmener ou se débarrasser de cette haie qui coûte et ne rapporte rien si ce n'est l'aspect visuel du paysage. Cet entretien annuel est aussi une question culturelle qui veut que les haies entretenues d'une exploitation agricole sont un gage de bonne gestion de l'entreprise. Cette pratique montre sur les deux exploitations en exemple un coût d'entretien total (tracteur, épareuse, carburant, main d œuvre) de 320 à 480 /km. La consommation de fioul est de 576 à 1920 litres annuel soit entre 64 et 96 litres au kilomètre. Le linéaire par exploitation est conséquent. Pour nos deux exemples, à 9 et 20km taillé chaque année, la dépense est de 2880 à 9600 H.T. Cette dépense est une perte nette. En moyenne on retiendra un coût d'entretien de 400 /km pour une consommation de fioul de 80litre/km. Comparons alors l'entretien d'une haie basse et d'une haie basse que l'on transfoirmerait en haie haute.
Comparaison haie haute / haie basse : Synthèse des gains par type de haie :
5/ Une gestion durable systématique du linéaire de haies : plan de gestion L'objectif est de mettre en relation les besoins et les objectifs privés et/ou professionnels avec la ressource présente de l'exploitation. Afin d'orienter l'agriculteur sur une gestion raisonnée et raisonnable dans ces prélèvements sur la haie, la Chambre d'agriculture à mis au point un plan de gestion durable du linéaire bocager. Le plan de gestion consiste en: - un constat de l'état actuel de la ressource - une cartographie des types de haies - des orientations sylvicoles des différents types de haies identifiés à 5, 10 et 15 ans - la détermination du volume mobilisable durable annuel présent CONCLUSION : La ressource agricole forestière et bocagère : 1) est une alternative technique et économique aux besoins de chauffage ou aux besoins partiels ou totaux en paille. 2) Nécessite une organisation de chantier, une filière d'approvisionnement mécanisée et performante 3) Permet de sécuriser les entreprises agricoles et d'améliorer leur compétitivité 4) nécessite une gestion durable (plan de gestion) pour adapter ses prélèvements et 5) contribuer à davantage de biodiversité (transformation des haies basses en haies hautes...)
ANNEXE :