n 20 JANV.-FÉV. 2014 ISSN 2256-8107 / 8 Nutrition : Les camions-usines : une solution pour produire un aliment de qualité à la ferme Équipement : Mécaniser l entretien des logettes La méthanisation, une activité complémentaire pour l élevage À l étranger : Élever 420 vaches en Suède
CÔTÉ NUTRITION Produire à la ferme un aliment technique Pour engraisser ou nourrir ses animaux de race Charolaise, Gilbert Lucas produit son propre aliment avec l appui d un camion-usine. Le mélange de matières premières se distingue par son homogénéité et sa bonne granulométrie. Parfaitement équilibré en vitamines ou oligo-éléments, il offre de très bons résultats techniques avec, en engraissement, des gains moyens quotidiens de 2,2 à 2,5 kilos. Éleveur dans le Pas-de-Calais, Gilbert Lucas soigne, avec un apprenti, un cheptel allaitant de 250 bovins de race Charolaise. Les reproductrices rentrent début novembre dans la stabulation et sortent à partir du 10 avril. Le sevrage des veaux intervient fin août, dès qu ils atteignent 8-9 mois. D ans le hameau de Saint- Pierre, sur la commune de Wismes, rien ne traîne dans la cour entièrement goudronnée de l exploitation de Gilbert Lucas. La propreté et la bonne organisation semblent de mise dans cette entreprise agricole vivant de l élevage. Le chauffeur du camion-usine de 20 tonnes de la société SANM attend les consignes de l éleveur. Il doit préparer l aliment pour les mères Charolaises et les taurillons. L éleveur n aura plus ensuite qu à y ajouter des fourrages. Dans un hangar attenant à l exploitation, l éleveur stocke ses céréales, de la pulpe de betteraves ou d autres coproduits achetés au gré des fluctuations des cours du marché. Les minéraux proviennent de l usine Calcialiment implantée à proximité. Tout est entreposé dans des silos cellules ou à plat, et le chauffeur doit aspirer les bonnes matières premières avant de les mélanger dans le camion-usine. La ration a été calculée avec l appui technique d un nutritionniste de la société Calcialiment, lui fournissant également le minéral et les additifs. Le chauffeur règle les aplatisseurs et les broyeurs suivant les attentes de l éleveur et en fonction du taux d humidité des matières premières aspirées à l aide d un compresseur (lire encadré «Accompagner les Fafeurs»). Une fois le mélange effectué, l aliment est envoyé dans des silos tours à l intérieur «ACCOMPAGNER LES FAFEURS» La société Calcialiment s appuie sur une flotte de camions-usines appartenant à la firme mayennaise SANM. Les châssis sont équipés d une usine mobile fabriquée par l Autrichien Tropper. Davantage présente dans la filière porcine, la société Calcialiment accompagne les Fafeurs (fabricants d aliments à la ferme) à travers des prestations de courtage, de négoce de céréales ou matières premières, de formulation et de mélange des aliments sur l exploitation, ou même de création d unité de stockage. L aliment est ainsi fabriqué à la carte. La partie mélange, broyage et aplatissage est confiée à la SANM, une société mayennaise basée à Vaiges. Tous les camions sont équipés de façon identique, avec une partie usine fabriquée par le constructeur autrichien Tropper. L équipement permet de broyer, d aplatir et de mélanger. Le dispositif fonctionne sous vide à la pression de 0,6 bar, sans vis mécanique. Tout a été imaginé et conçu pour éviter les contaminations grâce à un système de vidange pneumatique. Équipé de 120 marteaux, le broyeur permet de traiter de 15 à 20 tonnes de céréales par heure. Son réglage s effectue en continu et le chauffeur peut moduler le broyeur 3 0
À période régulière, le camion-usine de la SANM rend visite à l éleveur pour préparer les aliments. En quête de performances, Gilbert Lucas recherche un aliment technique. Le camion-usine conçoit un aliment d engraissement pour les veaux et le cheptel allaitant. Une fois le mélange effectué, l aliment est stocké dans des silos tours dans la stabulation. Ensuite, l éleveur y ajoute les fourrages. de la stabulation. «Je souhaite valoriser au maximum les produits de mon exploitation, assure l exploitant assistant exceptionnellement à la prestation de mélange. Je cherche également à proposer à mes animaux une alimentation dont je contrôle et maîtrise l origine des produits. Il me semble que ce procédé constitue une garantie de traçabilité. Par le passé, j achetais un aliment sec complet. Les performances techniques n étant pas au rendez-vous, j ai décidé de préparer moi-même les éléments.» L éleveur a choisi de déléguer la prestation de mélange pour ne pas surcharger son temps de travail. Il élève seul ou presque un cheptel global de 250 bovins et cultive 48 hectares de céréales et de colza. En quête de précision et de performances techniques, il ne regrette pas son choix. «Avec le camion, la «JE CHERCHE À PROPOSER À MES ANIMAUX UNE ALIMENTATION DONT JE CONTRÔLE ET MAÎTRISE L ORIGINE DES PRODUITS. IL ME SEMBLE QUE CETTE APPROCHE CONSTITUE UNE GARANTIE DE TRAÇABILITÉ.» qualité du mélange constitue un avantage indubitable. Le produit ressort bien homogène et surtout, je peux incorporer des produits ou des additifs techniques à des doses très réduites, sans aucune crainte. Pour les veaux, j apporte notamment des levures vivantes, des vitamines ou oligo-éléments et du sélénium sous forme organique. Les vaches ou les taurillons ne peuvent plus trier l aliment et de ce fait, ils bénéficient d une ration équilibrée contenant tous les éléments prévus. Avant, je préparais l aliment, cela me prenait au moins 45 minutes par jour avec, au final, des problèmes d homogénéité et de granulométrie. Avec le phénomène de densité et de tri, les bovins ne recevaient jamais la bonne dose des différents composants de la ration.» L EXPLOITATION (PAS-DE-CALAIS) DE GILBERT LUCAS EN CHIFFRES un exploitant, Gilbert Lucas, avec un apprenti en alternance ; une surface agricole utile de 100 hectares dont 35 ha de blé, 5 ha d escourgeon, 8 ha de colza, 5 ha de prairies temporaires et 47 ha de prairies permanentes ; un cheptel allaitant de 100 femelles Charolaises avec la suite, soit 250 animaux ; 50 taurillons à l engraissement ; ils sont abattus vers 17 mois et pèsent en moyenne 480 kilos de poids carcasse avec un classement U ou U+ ; tous les animaux sont engraissés sur l exploitation, aucune vente en maigre ; à l automne 2013, les taurillons se sont vendus entre 3,8 et 3,9 euros le kilo et les vaches 4 euros le kilo ; 70 % du chiffre d affaires proviennent de l élevage. Un aliment technique maison En quête de technicité et souhaitant produire des animaux de qualité, l éleveur n en reste pas moins en prise directe avec le marché et en fonction des cours, il peut moduler ou changer les matières premières. Pour rester compétitif, le niveau de protéines de la ration des taurillons a été abaissé à 15 %, en misant sur des matières premières nobles et un profil d acides aminés équilibré et non limitant. La précision du mode de distribution permet de réduire le niveau de proen fonction de l état d humidité. Les aplatisseurs massifs, réglables par hydraulique, comprennent des rouleaux d une longueur de 600 mm et d un diamètre de 400 mm, ainsi que la transmission par courroies. Le réglage facile de l écartement des rouleaux offre la possibilité de s adapter à toutes les matières premières. Leur débit atteint entre 12 et 15 tonnes par heure. Un aimant permet d éviter que toute pièce métallique vienne contaminer l aliment. Le prix de la prestation du camion varie en fonction de la prestation (autour de 23 /tonne). «En travaillant avec Calcialiment, l éleveur a le choix de son niveau d implication, nous pouvons lui proposer nos services de courtage, de préparation de mélange, de formulation, d achat de minéraux et même de conseil en réalisation d unité de Les rouleaux aplatisseurs et le broyeur se règlent facilement, grâce à l écran de contrôle ou depuis des manettes. Le dispositif fonctionne grâce à un compresseur. stockage à la ferme», souligne Benoît Astruc, responsable ruminants au sein de l entreprise. 3 1
CÔTÉ NUTRITION Les vaches vêlent dans une maternité attenante à la stabulation. Outre l alimentation, les aspects sanitaires font l objet d une grande attention. Depuis le début de la campagne 2013-2014, 38 vêlages se sont déroulés, donnant naissance à 39 veaux vivants! téines, sans prendre de risque sur les performances. L aliment composé pour les taurillons comprend du tourteau de soja, de la pulpe de betteraves, de l orge, du blé tendre, de l huile de soja, du glycérol 80 et de l Optical. Le niveau d UFV ressort à 1,07 avec 22 % de matière azotée totale. Son coût atteint 230 euros la tonne auquel l éleveur doit ajouter la prestation du camion-usine atteignant 23 euros la tonne. Les taurillons sont nourris à partir de 6 kilos bruts de cet aliment, auquel l éleveur ajoute 15 kilos bruts d ensilage de maïs et 1 kilo de paille d orge. Pour les vaches, l aliment composé englobe les mêmes matières dans des proportions différentes, avec en plus du phosphate magnésien. Ce mélange coûte 240 euros la tonne pour 20 % de MAT et 1,06 UFV. Au final, il est incorporé dans la ration des vaches à la hauteur de 2,5 kilos, avec en plus de l herbe enrubannée à volonté et 7 à 8 kilos de maïs ensilage et de la paille. Signe de sa rigueur, l éleveur distribue également à ses veaux, dès six semaines, un aliment apportant 16,37 % de MAT et 0,90 UFV. Son prix atteint 250 euros la tonne et englobe de la pulpe de betteraves, des drèches, du maïs, de l orge, de la graine de lin et de soja extrudée, un aliment starter contenant des levures, des vitamines et du sélénium. Ce mélange comporte également une argile, afin de contrôler l ammoniac dans le rumen. Sécurisé, cet aliment est distribué entre 500 grammes et 2 kilos, de six semaines à dix mois d âge. ELD GILBERT LUCAS, UN GÉO TROUVETOUT DU PAS-DE-CALAIS Seul sur son élevage, Gilbert Lucas a dû s organiser pour mener à bien son travail quotidien. Ses installations regorgent d aménagements et de trouvailles conçues pour optimiser son temps de travail. Du parc de tri aux barrières de contention télescopiques, tout a été imaginé pour qu une personne seule puisse déplacer et manipuler les animaux sans risque. Sa créativité a également abouti au dépôt d un brevet. Ainsi pour sa remorque désileuse, l éleveur a conçu un dispositif visant à enrouler automatiquement les filets et les plastiques d enrubannés des balles (voir photo ci-contre). «Aujourd hui, il suffit de déchirer le plastique de la balle et le fixer sur le dispositif d enroulage, et le tour est joué, explique Gilbert Lucas. Auparavant, il me fallait enlever le plastique et le filet avant de mettre la balle dans la remorque. Résultat, ma cour était couverte de fourrage. C est un gain de temps appréciable. J ai proposé mon dispositif à la société Kuhn, qui doit venir constater l intérêt de l équipement.» Gilbert Lucas a conçu un système de barrières de contention très imaginatif et modulable, afin de manipuler seul les animaux. Pour enlever automatiquement les filets des balles, Gilbert Lucas a conçu un système permettant d enrouler ces matériaux de conditionnement. La balle doit être placée dans la remorque avec les filets et la bâche bien sectionnés. L opérateur doit bien fixer les extrémités des matériaux au rouleau. Il actionne le tapis de la remorque pour faciliter le déroulement des filets de la balle. 3 2
Le magazine des éleveurs sélectionneurs Génétique Génétique Autour de la génétique «UNE RATION VACHE LAITIÈRE À MOINS DE 3 EUROS PAR JOUR» Antoine Dausque (à droite sur la photo) fait appel aux prestations de Calcialiment pour fabriquer un aliment équilibré et sécurisé pour ses vaches laitières. À quelques encablures de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), sur la commune de Wimille, Antoine Dausque élève un cheptel de 90 laitières. Installé depuis sept ans, il a repris la philosophie de son père, la valorisation des aliments produits sur l exploitation. L entreprise exploite 120 hectares dont 35 ha de blé et 40 ha de maïs. L éleveur souhaite également profiter des opportunités du marché, en achetant au meilleur coût des coproduits ou toute autre matière première. «Si le cours du blé est bas, je vais chercher à le valoriser dans la ration des vaches, sinon je vais le vendre sur le marché», commente Antoine Dausque. Dans un hangar, l éleveur a donc aménagé une unité de stockage fonctionnelle à un coût réduit. Il a investi 15 000 euros dans une cellule de 100 tonnes, une autre de 50 tonnes et une vis de 12 mètres. Avec cet équipement, il peut réaliser de «bons coups». L éleveur n hésite pas à revoir les composantes de la ration pour les vaches laitières ou les veaux. En réalisant des périodes de transition, il n a jamais constaté de dysfonctionnement ou de désordre alimentaire lié aux changements d ingrédients de la ration des vaches laitières. Son objectif reste de nourrir son cheptel laitier à un coût très compétitif. «Le coût journalier par vache atteint moins de 3 euros. Ramené aux 1 000 litres de lait, il culmine à 150 euros», précise l éleveur. Il fait appel aux prestations de Calcialiment et du camion-usine pour des raisons d organisation et de temps de travail. «Je ne cherche plus à pousser mes vaches. Je vise la meilleure marge brute possible. Je pilote la ration en surveillant le taux d urée et la matière grasse dans le lait. Mon cheptel produit une moyenne de 8 000 litres, avec un TB de 44 g/litre et un TP de 31 g/litre», poursuit Antoine Dausque. Sous un hangar, Antoine Dausque a investi 15 000 euros pour concevoir une unité de stockage fonctionnelle. JANVIER-FÉVRIER 2014 Partenaire de Grands Troupeaux Magazine n 114 8 ISSN 1142-2149 ABONNEZ-VOUS! Index. Les succès de l accouplement Planet x Bolton Focus. La descendance homogène du taureau Cæsar Santé. Pister le bon agent pathogène de la mammite Investir dans la ration des vaches taries : un pari gagnant TYPEX - BP 95-92244 MALAKOF CEDEX Tél. : 01 40 92 70 56 Abonnement sur internet avec paiement sécurisé Le magazine des éleveurs sélectionneurs 1 an (6 n os ) au prix de 45 TTC au lieu de 60 TTC (Tarif France) (Tarif étranger : 59 TTC port compris) 2 ans (12 n os ) au prix de 78 TTC au lieu de 120 TTC (Tarif France) (Tarif étranger : 99 TTC port compris) Typex.fr Pour vous abonner, flashez ce code avec votre smartphone 300 installations en élevage! GAEC du Treil (44), producteur de lait et d'électricité 4 associés 150 VL Prim Holstein et la suite 65 mères limousines et la suite Installation photovoltaïque de 100 kwc, mise en service en 2009 Nous, nous avons confié l installation de nos panneaux photovoltaïques à Solewa pour le rapport qualité-prix et pour leur expertise en élevage. www.solewa.com 02 51 40 11 88