ASSURANCE-VIE 2012, UNE ANNEE PAS COMME LES AUTRES



Documents pareils
L assurance française : le bilan de l année 2012

Comité Directeur Confédéral Intervention économique. 16 mars 2011

Focus sur les politiques publiques de l épargne en France

UniversitéClients CA 23 février Quels placements privilégier en 2012?

LA LETTRE DE L EPARGNE ET DE LA RETRAITE. N 4 août 2014

Multisupport 3 Aréas. Dynamisez votre épargne et donnez vie à vos projets

Études. Des effets de la réglementation des produits d épargne sur le comportement de placement des ménages

PRODUITS INTERMÉDIAIRES

CERCLE DES EPARGNANTS QUEL AVENIR POUR LE PERP EN PARTICULIER ET L EPARGNE RETRAITE EN GENERAL?

Adapter la gestion de son patrimoine en temps de crise

Les mutations de l offre Epargne Retraite

Mesures patrimoniales de la loi de finances 2014, de la loi de finances rectificatives pour 2013

OBSERVATOIRE UFF / IFOP DE LA CLIENTÈLE PATRIMONIALE

Les placements des organismes d assurance à fin 2012

MÉMO. Des solutions en cas de coup dur ou de coup de cœur SOMMAIRE

3C HAPITRE. 56 Les actifs financiers des résidents 58 Les passifs financiers des résidents 62 La masse monétaire et ses contreparties

point sur l assurance française

RESULTATS ET ACTIVITE 2013 DE LA BANQUE POSTALE

Newsletter. Juin Conseil en Gestion de Patrimoine. Jean de Demandolx Philibert de Rambuteau Roland de Demandolx

Le Groupe Crédit Mutuel en 2007 (1) La dynamique du développement et le 3 e résultat des banques françaises

Toutes les facettes de l assurance vie

n 20 octobre 2013 Grandes tendances de l épargne des ménages français au bilan des banques et des assurances : juin 2012 juin 2013

L essentiel sur L ASSURANCE VIE. Fonds en euros. Fiscalité. Unités de compte

RESULTATS ET ACTIVITE DE LA BANQUE POSTALE 1 ER SEMESTRE 2015

Le groupe Crédit Mutuel en 2010 Un réseau proche de ses sociétaires-clients, au service des entreprises créatrices d emplois dans les régions (1)

Loi de finances pour 2014 et loi de finances rectificative pour 2013 : Quels sont les principaux changements?

Sommaire. La famille. L immobilier. Le couple. La gestion des biens du couple. La séparation. La gestion des biens des mineurs et des incapables

COMPRENDRE LA BOURSE

Mon épargne mon patrimoine. Une épargne, des projets

Une banque démarre son activité sans un euro de dépôt

ÉPARGNE BANCAIRE. Rémunérez vos économies!

PREM Opcimmo L épargne immobilière indirecte réinventée

[ les éco_fiches ] Situation en France :

Document N 10 Document de travail, n engage pas le Conseil Le PERCO en 2014

Fiscalité de l épargne et financement des entreprises. Eléments de constat et propositions

Oddo & Cie. Premavenir. Novembre 2014

Retraite 83 euro. Retraite 83 euro. La retraite supplémentaire des salariés en toute sécurité

ÉPARGNE BANCAIRE. Rémunérez vos économies!

L activité financière des sociétes d assurances

Placements sur longue période à fin 2011

PM&A Gestion. APRIL Patrimoine. AXERIA Vie.

GESTION DU PATRIMOINE

L activité financière des sociétes d assurances

ÉPARGNE. Les solutions. pour votre épargne. > Épargne Disponible > Épargne Logement > Épargne Financière > Assurance Vie

RESULTATS ET ACTIVITE 2011 DE LA BANQUE POSTALE

CONDITIONS TARIFAIRES

Oddo & Cie. La Loi Madelin. Avril 2013

FISCALITÉ 2014 LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE 2013 LOI DE FINANCES 2014

Réunions patrimoniales Janvier Février 2013

LA LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE POUR 2012

Le 4 ème trimestre 2014 et les tendances récentes

> Abréviations utilisées

BIG Expert. Simulateur. Epargne professionnelle

HIMALIA. Orchestrez votre vie avec assurance

guide clarté épargne

Étude sur les taux de revalorisation des contrats individuels d assurance vie au titre de 2013 n 26 mai 2014

SOMMAIRE. 1. Les faits marquants 4 2. L'activité Les perspectives de développement Le gouvernement d'entreprise 18

édition 2009 / 2010 Les essentiels 50 conseils Guide pratique hors-série pour payer moins d impôts UNE RELATION DURABLE, ICI, ça CHANGE LA VIE.

Monnaie, banques, assurances

Concordances PERP Advance. Les plus beaux patrimoines se façonnent dans l exigence

Epargne, Retraite, Prévoyance et Santé

LE GUIDE DE LA TRANSMISSION DE PATRIMOINE

Mardi 23 octobre Séminaire. Schumann-bourse

FIP : un nouvel outil patrimonial. FIP : le complément logique du FCPI. Des avantages fiscaux importants. Un cadre fiscal particulièrement attractif

Impact de la baisse du taux du Livret A sur les montants collectés

L Info sociale réservée aux dirigeants d entreprise présentée par RV Assurance & Courtage

LA LETTRE DE L EPARGNE ET DE LA RETRAITE DU CERCLE DE L EPARGNE. N 3 juillet 2014

L immobilier en centre ville

L immobilier en centre ville

CECOP LES FRANÇAIS, L EPARGNE ET LA RETRAITE. N Janvier 2014

Programme de stabilité Quel impact sur l investissement local?

GUIDE SPÉCIAL ASSURANCE VIE > TOUT SAVOIR SUR L ASSURANCE VIE

L instabilité politique en Ukraine et en Grèce sont aussi des éléments qui peuvent continuer à perturber les marchés.

Pratique des techniques bancaires

Actualité Juridique & Fiscale

LES VALEURS MOBILIERES LA FISCALITE DES PLACEMENTS A LONG TERME

Les Patrimoniales 2013

La patrithèque. Solution documentaire électronique sur le patrimoine. La patrithèque.

info ACTUALITÉ JURIDIQUE DROIT FISCAL Déclaration des revenus 2014 au titre des revenus 2013 Opérations particulières concernant les coopérateurs

Fiscalité de l épargne. Eric Vacher Conseiller pour les affaires fiscales

Grégoire Sentilhes et Thierry Ortmans. 23 mars Orienter l épargne vers les entreprises de taille moyenne

Le cadre fiscal et social de l épargne salariale pour l épargnant

A la découverte de l assurance vie HSBC France

UNE ACTIVITÉ LÉGISLATIVE FISCALE INTENSE : IMPACT SUR LES EXPATRIÉS

1) L impôt sur le revenu des personnes physiques

RENTABILITE IMMOBILIERE ET PRESSION FISCALE

DU CERCLE DE L EPARGNE, DE LA RETRAITE ET DE LA PREVOYANCE

Glossaire. Pour bien comprendre le vocabulaire de la banque

rapport annuel de l observatoire de l épargne réglementée

Lundi 8 octobre Nancy. Comment optimiser l organisation de votre patrimoine grâce à la loi TEPA et au projet de Loi de Finances 2008?

Epargner à long terme et maîtriser les risques financiers

CAMPAGNE ANNUELLE DES EPARGNES ACQUISES

Forum de l investissement Ateliers d Experts. 15 Octobre Les Dangers de l Assurance Vie

LE COMPTE EPARGNE TEMPS

Les actifs financiers les plus couramment

Les rachats de contrats d assurance-vie après 60 ans en 2012 FFSA

L impôt, les riches, la crise et la justice fiscale

PERP. par Élysée Consulting. Votre épargne pour votre retraite PLAN EPARGNE-RETRAITE POLULAIRE

Transcription:

ASSURANCE-VIE 2012, UNE ANNEE PAS COMME LES AUTRES L assurance serait-elle entrée dans une nouvelle ère en 2012 avec une décollecte de 3,4 milliards. S il ne s agit pas de véritable rupture, il s agit d une évolution avec la montée en puissance des prestations qui ont atteint sur l ensemble de l année 117,6 milliards. En revanche, il est exagéré de crier à la défiance car la collecte brute s élève, en 2012 à plus de 114,2 milliards. La nouvelle ère de l assurance est intimement liée à la maturité croissante de ce produit. Une grande majorité des contrats souscrits ont plus de huit ans, permettant ainsi à leurs titulaires d opérer dans les meilleures conditions des rachats. Les assurés retraités sont les premiers à puiser sur leurs contrats d assurance-vie tant pour réaliser un projet (voyage ou immobilier) que pour maintenir leur pouvoir d achat. Point positif, cette décollecte n empêche pas l encours de l assurance-vie de progresser en 2012 pour atteindre 1391,017 milliards. 1. les nouveaux équilibres de l assurance-vie en milliards Cotisations Prestations Collecte nette 2007 137,080 83,133 53,947 2008 122,368 93,978 28,39 2009 137,923 87,548 50,375 2010 143,837 92,752 51,085 2011 124,109 116,438 8,26 2012 114,202 117,592-3,4 Une collecte nette victime de la crise et de la montée en puissance des prestations La collecte nette qui était en moyenne de 40 milliards avant la crise a enregistré son premier recul en 2012.

Une collecte brute qui reste importante Avec plus de 114,2 milliards de cotisations, l assurance-vie reste au-dessus de ses résultats des années 90. Ainsi, en 1997, les cotisations avaient atteint 77 milliards et, en 1998, 65 milliards. Il faut souligner, par ailleurs, que les années d avant crise ont été marquées par des transferts entre produits financiers dont l assurance-vie a été le principal bénéficiaire. Le changement de la fiscalité des plans d épargne logement a contribué à un dégonflement rapide de ce produit. Ce processus s est achevé autour de 2007. Avec la croissance des prestations, les Français gèrent l assurance-vie comme un compte-courant La véritable mutation provient de la croissance des prestations qui ont été multipliées par trois en vingt ans. Elles s élevaient à 41 milliards en 1999 et à 53 milliards en 2002. Elles ont été de 117,6 milliards en 2012 2012 ou l année de l épargne défiscalisée L année 2012 aura été particulière par le relèvement des plafonds de l épargne défiscalisée, Livret A et LDD, qui a généré pour ces deux produits une collecte nette sans précédent. Certes, les finalités sont différentes entre le Livret A, produit de précaution et de proximité et l assurance-vie, produit d épargne longue. La garantie du capital offerte sur le Livret A et sur le fonds euros tout comme les rémunérations les rapprochent. Mais, il faut souligner que le relèvement des plafonds a surtout impacté les livrets bancaires. Les banques qui doivent améliorer leur ratio de solvabilité ont tenté de conserver leurs clients en ne les incitant pas à placer leur épargne sur leurs contrats d assurance-vie. L immobilier a été, surtout au début de l année 2012, un féroce concurrent en tant que valeur refuge en période de crise financière d autant plus que les banques demandent des apports personnels croissants. Avec le changement des règles fiscales et l atteinte de prix dissuasifs, le nombre de transactions a fortement baissé à la fin de l année. Il est à noter que cette baisse des ventes immobilières coïncide avec une relative amélioration de l assurance-vie.

Les taux des fonds euros en baisse mais le plus dur de la pente est passé La baisse des taux des fonds euros est imputable à l évolution es taux sur les marchés monétaires et obligataires. En outre, l obligation pour les compagnies de réduire leur exposition en titres issus de pays à risques (Sud de l Europe) a pour conséquence une baisse du rendement (choix entre OAT et titres allemands peu rémunérateurs). Pour 2012, les taux pratiqués tournent autour de 3 %. L augmentation des prélèvements sociaux qui atteignent désormais 15,5 % ainsi que les menaces sur la fiscalité de l assurance-vie ont pu dissuader des épargnants à placer une partie de leur disponibilité sur leur contrat. Il faut néanmoins mentionner que les fonds euros bénéficient d une garantie en capital qui a son coût. Avec la baisse de l inflation, le rendement réel brut de l impôt et frais de l assurancevie est de 1,6 point. Après prélèvements sociaux, le taux est de 1,1 %, soit net de tous prélèvements (sur la base de 7,5 %) et d inflation de 1 % ce qui reste supérieur au Livret A dont le rendement net est de 0,5 point. Après avoir subi les conséquences de l effacement d une grande partie de la dette grecque en 2011 et des opérations de recentrage des fonds euros sur des valeurs sûres et donc moins rentables, les taux de rendement devraient avoir atteint un plancher. Les unités de compte toujours à la traine malgré la reprise de la bourse : Les Français acceptent les unités de compte en haut de cycle boursier ce qui entraîne de nombreux mécontentements au moment des krachs. Ainsi, les supports UC ont collecté 36,3 milliards en 2000 avant de baisser à 14 milliards en 2002 après l éclatement de la bulle Internet. Ils ont collecté plus de 34 milliards en 2006 et 2007 avant de rechuter. En 2012, la collecte des UC s élevait à 15,1 milliards soit 13,2 % du total de la collecte brute.

Supports UC en milliards En % de la collecte 2000 36,337 40 % 2002 14,849 17 % 2006 34,671 24 % 2011 17,388 14 % 2012 15,093 13 % Un encours qui fait de la résistance En milliards Encours 2002 720,912 2003 785,781 2004 859,433 2005 956,051 2006 1 061,518 2007 1 147 264 2008 1 143,978 2009 1 249,505 2010 1 339,904 2011 1 349,687 2012 1 391,017 A l exception de 2008, l encours de l assurance-vie a toujours progressé. 2008 avait été marquée par la crise financière et la chute des bourses. L année 2012 a été marquée par la progression de 15 % du CAC 40 du fait des solutions trouvées pour résorber la crise des dettes souveraines. Les UC représentent 16,09 % des provisions mathématiques au 31 décembre 2012 contre 15,09 % fin 2011. 2. la maturité des contrats d assurance-vie Près des deux tiers des contrats ont plus de 8 ans et près de la moitié ont plus de 12 ans. Dans ces conditions, il n est pas étonnant que les assurés effectuent des rachats car ils bénéficient d un régime fiscal attractif. Il ne faut pas s en offusquer car la souscription est intervenue avec un cadre fiscal encourageant les retraits après 8 ans (taux d imposition de 7,5 % contre 15 % entre 4 et 8 ans et 35 % avant 4 ans avec application d un abattement de 4600 euros pour un célibataire et 9200 euros pour un couple, les prélèvements sociaux étant perçus chaque année à hauteur de 15,5 %).

Les contrats d assurance-vie sont majoritairement possédés par des épargnants de plus de 45 ans. Le vieillissement de la population a pour conséquences qu un nombre accru d assurés sont à la retraite. Ils sont amenés à puiser sur leurs contrats tout à la fois pour financer tout ou partie de leurs projets, pour effectuer des donations ou pour maintenir leur pouvoir d achat. Ce processus ne pourra que s accentuer dans les prochaines années avec la poursuite du départ à la retraite des générations du baby-boom. Les éventuelles remises en cause des retraites pourraient également contribuer à la décollecte sachant qu un des premiers motifs de souscription d un contrat d assurance-vie est la retraite. 3. Les enjeux de 2013 entre consolidation et réforme du régime fiscal de l épargne longue L évolution de l assurance-vie dépendra, en 2013, du contexte économique et des éventuels changements de fiscalité. La conjoncture française devrait rester dégradée durant le premier semestre avec une possible amélioration en fin d année avec la sortie de la récession de plusieurs pays d Europe du sud. L augmentation des impôts du fait des décisions prises en 2012 devrait pénaliser l épargne longue. Le relèvement du plafond du Livret A à 22 950 euros devrait malgré la baisse du taux de rémunération favoriser l épargne défiscalisée. La forte progression du chômage et l augmentation des prélèvements constituent, en règle générale, des facteurs favorables au Livret A et au LDD. L éventuelle réforme de la fiscalité de l épargne longue qui devrait faire suite au rapport Karine Berger et Dominique Lefebvre pourrait impacter l assurance-vie. Plusieurs pistes sont avancées dont le passage de 8 à 10 ans pour obtenir le régime fiscal le plus avantageux. Dans le prolongement du rapport de la Cour des Comptes de 2012 et du rapport Gallois sur la compétitivité, un ciblage plus prononcé des avantages fiscaux sur les unités de compte pourrait être institué. La baisse du taux du Livret à 1,75 % devrait contribuer à rétablir une hiérarchie des taux entre le court terme et le long terme plus cohérente favorisant les produits d épargne à long terme.