ORGANISATION ET GESTION DE LA SSPI



Documents pareils
Causes d insatisfactions du patient pris en charge en ambulatoire

Bio nettoyage au bloc opératoire

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

ORGANISATION D UN SECTEUR DE RADIOLOGIE INTERVENTIONNELLE

L entretien en radiologie conventionnelle. Comment procède t on? Radiologie conventionnelle. Quel mobilier et matériel?

AUDIT BLOC OPERATOIRE

Consignes de remplissage - Grille de recueil - Thème DAN2

COMPTE RENDU D ACCREDITATION DE L'HOPITAL ET INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS CROIX-ROUGE FRANÇAISE

CHAPITRE 5 OUTILS DE GESTION PRÉDICTIVE DES BLOCS OPÉRATOIRES : IDENTIFICATION ET COMPLEXITÉ 1. GESTION PRÉDICTIVE DES BLOCS OPÉRATOIRES

Conseil. en Organisation et Gestion de Bloc Opératoire. tel : +32 (0) fax : +32 (0)

Centre Hospitalier de Béziers

Evaluation d un nouveau vidéo endoscope bronchique à usage unique avec canal opérateur en réanimation

OFFRE EN STAGE SIP POUR LES ETUDIANT(E)S D ANNEE PROPEDEUTIQUE SANTE ET LES ETUDIANTS BACHELOR FILIERE SOINSINFIRMIERS

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève décrète ce qui suit :

30 MAI 1 er JUIN 2011 PARIS

4 PROTOCOLES DE NETTOYAGE ET DE DESINFECTION A APPLIQUER 1 - PROCEDURE APPROFONDIE DE NETTOYAGE ET DE DESINFECTION DES VEHICULES

INDICATIONS DE L AMYGDALECTOMIE CHEZ L ENFANT

Ministère chargé de la santé Diplôme d Etat d infirmier. Portfolio de l étudiant

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

DOSSIER DE PRESSE OUVERTURE DU NOUVEL HOPITAL DE CANNES. Service Communication Tel Fax a.helbert@ch-cannes.

Constat de la situation existante. Facteurs favorisant les TCPO

Le Centre Hospitalier Universitaire de Reims

L opération de la cataracte. Des réponses à vos questions

Sommaire ... PRESENTATION ... AGENCEMENT ... CLOISONS - PORTES ... ECLAIRAGE - DÉCORATION ... REVÊTEMENT ... RÉSINE DE SYNTHÈSE ...

Service Privé d ambulances 2010

Fiche descriptive de l indicateur : Tenue du dossier anesthésique (DAN)

BOP: Environnement - Entretien des salles d'opération et des locaux annexes

L infirmier exerce son métier dans le respect des articles R à R et R à du code de la santé publique.

Accueil et Formations du personnel recruté en Stérilisation Centrale. Présenté par Dany GAUDELET et le Dr. Julien MOLINA

Vous allez être opéré du coeur

SADIR assistance, Prestataire de Santé à Domicile (PSAD)

Hygiène alimentaire. Réglementation. Restaurants et commerces alimentaires

Conférence de presse «Bientôt le nouvel hôpital» - Toulon - Lundi 4 avril Sommaire. 1 > Relever les défis de la santé du futur...

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

INAUGURATION Du service de Pédiatrie Dossier de presse JEUDI 14 NOVEMBRE 2013

Aide kinésithérapeute : une réalité?

Recommandations concernant les relations entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens, autres spécialistes ou professionnels de santé

Information au patient

Bienvenue aux Soins Intensifs Pédiatriques

Visite test de certification V2014 Retour du CHU de Rennes GCS CAPPS Vendredi 12 juin 2015

Pandémie grippale et réorganisation des soins primaires. Le travail de la Maison Médicale de Garde d Ambérieu

Révision des descriptions génériques Comment monter un dossier?

Prothésistes dentaires. Aide au cahier des charges d un nouveau laboratoire

évaluation des risques professionnels

FICHE 3 Situations les plus fréquentes devant lesquelles l étudiant pourra se trouver Notions de situations clés, prévalentes

Le laboratoire Laerdal, leader du marché du matériel de simulation adhère à ce projet et se propose d en être le principal partenaire.

Prépration cutanée de l opéré

Recommandations pour la chirurgie de la CATARACTE en ambulatoire

Communauté de Communes du Pays de Livarot

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

ENQUÊTE NATIONALE SUR LA PLACE DES PARENTS À L HÔPITAL

CONSULTATION PROPRETE DES LOCAUX

BILLON, C. BURNAT, S.DELLION C. FORTAT, M. PALOMINO O. PATEY

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

Laissez-nous. prendre soin. de vous. Recrutement - Intérim - Services

PEUT ON PRESCRIRE HORS AMM? LE POINT DE VUE DU CLINICIEN

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

Vers le renouveau du logement social Un besoin impératif A.DE HERDE

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

Mise en œuvre d un système de procédures de maintenance des équipements biomédicaux au CH de Mulhouse Sylvain Patrice KANGNI INTRODUCTION

Parties communes et services

Actualité sur la prise en charge de l arrêt cardiaque

Référentiel CPAM Liste des codes les plus fréquents pour la spécialité :

PROCÉDURE. Code : PR-DSI

BRANCHE DU NÉGOCE ET PRESTATIONS DE SERVICES

Vous allez être opéré(e) de Membrane Epimaculaire

Contrôle difficile non prévu des voies aériennes: photographie des pratiques

Explications concernant la déclaration d'admission

INAUGURATION DU CESU Centre d Enseignement des Soins d Urgence

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

Tableau des garanties Contrats collectifs

L impact des avis des usagers sur l amélioration de la prise en charge du patient dans un CHU

Conditions supplémentaires d assurance (CSA) Assurance complémentaire d hospitalisation HOSPITAL CLASSICA

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Edition et intégration de logiciels médicaux. Service commercial 22 rue de Chantepie JOUE LES TOURS. Tél : Fax :

FICHES INFORMATIVES HYGIENE DU PERSONNEL

Médecine en Médecine en Exigences techniques

GETINGE CLEAN MANAGEMENT SYSTEM CENTRALE DE DOSAGE LESSIVIEL GETINGE

médecin RESPONSABILITÉ CIVILE PROFESSIONNELLE ET PROTECTION JURIDIQUE Relevé d Informations - Médecins infirmier kinésithérapeute avocat

Le prélèvement d organes anticipé/prémédité. Ethique et Greffe Journée du 9 octobre 2012 Dr Laurent Martin-Lefèvre Réanimation La Roche-sur-Yon

AUDIT ISO SUR CESARIENNE CH MACON

va être opéré d un hypospadias

PROJET DE MEDECINE A. HISTOIRE ET PROJET DE L ETABLISSEMENT ET DU SERVICE

La raison d être des systèmes d information

SERVICES TECHNIQUES CENTRE HOSPITALIER. d AURILLAC. 1er congrès de l AFGRIS

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

MISSION NATIONALE D EXPERTISE et D AUDIT HOSPITALIERS

LA QUALITE DE LA PRODUCTION

livret d accueil s ervice d o ncologie vous informer, c est aussi notre rôle

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

NOTRE HÔPITAL S ENGAGE. Au-delà du soin, vous comprendre. Au-delà du soin, vous comprendre

LA DOULEUR INDUITE C EST PAS SOIGNANT!

UN PROGRAMME POUR LA GERIATRIE

INFORMATISATION DE LA CONSULTATION D ANESTHÉSIE

CONGRES HOPITECH AMIENS OCTOBRE 2012

STAGE D'INITIATION AUX SOINS INFIRMIERS D'ACCES EN PCEM2 ou en 2ème ANNEE DE CHIRURGIE DENTAIRE

CENTRE D EDUCATION ET DE SOINS SPECIALISES POUR ENFANTS POLYHANDICAPES «LE RIVAGE» LIVRET D ACCUEIL DU STAGIAIRE

Transcription:

Session professionnelle 281 ORGANISATION ET GESTION DE LA SSPI A. Bergaud-Barboteu, CSIA, Département d Anesthésie-Réanimation Chirurgicale, Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général Leclerc - 94275 Le Kremlin Bicêtre Cedex. INTRODUCTION Comme les salles d induction, l implantation de la première salle de réveil daterait de 1873 au Massachussetts General Hospital [1]. Elle servait à attendre «l agitation» du réveil. Cependant, il faudra attendre la deuxième guerre mondiale pour retrouver des structures équivalentes à nos salles de réveil. En France, l existence et la mise à niveau des Salles de Surveillance Post Interventionnelle (SSPI) sont effectives depuis décembre 1997 [2]. Cependant, même si nous sommes tous relativement conformes, nous devons franchir le seuil de l impératif pour envisager la rentabilisation de cette structure dans une perspective d accréditation et d évaluation. Dans ce cadre, l organisation et la gestion d une SSPI est complexe, car nous ne maîtrisons pas tous les critères d activité. Toutefois, si chaque SSPI est différente par sa structure, son ampleur, son activité, il existe des caractères communs conducteurs de son exploitation. 1. LES IMPERATIFS L organisation générale d une SSPI dépend de ces aspects légaux [2], et des possibilités architecturales et géographiques. L architecture des locaux d une salle SSPI doit obéir à quelques principes simples : - de surface, - d agencement, - d hygiène. 1.1. LES SURFACES Le nombre de postes s estime à raison d un facteur de 1,5 par rapport au nombre des sites d interventions. Ce rapport est établi à 3 pour 1 pour des sites de chirurgie ambulatoire ou pour des journées avec interventions de courtes durées (amygdales, végétation, RTUP, etc...). Le temps imparti au réveil étant plus long bien souvent que le temps d intervention.

282 MAPAR 1998 La surface pour chaque poste s établit aux environs de 12 à 15 m 2 au sol à laquelle s ajoute les surfaces de circulation des lits. Cette variabilité dépend de l option du support de couchage (lit, brancard, berceaux pour enfant), l idéal pour les patients étant le lit. Quelques postes doivent être estimés à environ 20 m 2 à 25 m 2 ils sont réservés aux patients demandant une logistique médicale plus importante. Les surfaces dévolues aux réserves de matériel, salle de repos du personnel, bureaux, vestiaires, unités de nettoyage sont fonction de l importance de la SSPI. Toutefois, au prix du mètre carré hospitalier, notre réflexion doit tendre à minimiser les surfaces. Certains locaux, vestiaires, réserves de matériels, bureaux, salles de repos, peuvent être commun soit au bloc opératoire, soit à une réanimation chirurgicale adjacente (Figure 1). 1.2. AMENAGEMENT D UNE SSPI Selon l importance de la SSPI, notre choix s orientera vers des dispositions différentes. La surveillance continue des patients régira l aménagement géographique de la SSPI. En effet, il est nécessaire que le personnel soignant ait la possibilité d avoir tous les lits dans son champ de vision. C est pourquoi nous privilégierons une disposition en demi cercle ou avec un poste central (Figure 1). La SFAR recommande des salles de réveil avec un maximum de 10 postes. Cependant, si la demande de capacité d accueil est supérieur à 12 postes, la séparation en deux zones communicantes paraît intéressante (Figure 2). Ce qui permet la fermeture d une partie notamment la nuit et pour le nettoyage. Pour un réveil paisible, il est important de prévoir une insonorisation et des éclairages modulables. L intensité est réglable et certains postes sont équipés de spots types Scialytique. SSPI Réserve Bloc opératoire Poste de soins Détente Vestiaires Figure 1 : Exemple de mise en commun des locaux 1.2.1. UNE CONCEPTION MODULABLE La SSPI n est pas une structure figée. Elle doit pouvoir s adapter instantanément à la demande de logistique médicale ou non médicale exigée par les patients. Des séparations mobiles, comme des rideaux ou des paravents, est un principe souhaitable pour respecter l intimité des patients lors de certains gestes techniques. Lorsqu aucun patient n est présent, la SSPI est un espace vide dégagé de tout matériel. Seuls, sont pré-équipés, les postes définis par la structure avec le matériel minimum obligatoire, notamment : Scope - SpO 2 - PNI, aspiration, petit matériel d apport d O 2 voir de ventilation au masque. Le matériel non systématique est rangé à proximité immédiate ou dans le poste de soins : système de réchauffement, respirateur, chariot d urgence, curarimètre, thermomètre tympanique, bouteilles d O 2.

Session professionnelle 283 Le poste infirmier doit permettre une visualisation permanente des patients présents. Outre sa position stratégique, ce poste est soit en partie fermé et vitré soit totalement ouvert et limité grâce à un système paillasse-banque. Bloc op. Bloc op. Bloc op. SSPI-1 SSPI-2 Poste de soins Figure 2 : Exemple de plan 1.4. L HYGIENE Les règles d hygiène en salle de réveil sont identiques à celles des lieux d intervention. C est pourquoi elle doit être d entretien facile et les revêtements sols et murs adaptés. Les matériaux de couvertures de surface sont lisses et sans aspérité. L équipement en point de lavages des mains est fonction du nombre de postes, mais aussi de la disposition de la SSPI. Il faut compter environ un point de lavage pour trois postes afin d être au plus près des patients. Ces lave-mains sont équipés de commande infrarouge ou fémorale avec distributeur de savon et essuie-mains. Les circuits d évacuation des déchets sont les plus courts possible et leur stockage se situe à l extérieur de la SSPI. 2. GESTION Chaque gestionnaire de SSPI doit élaborer une gestion spécifique qui tient compte de deux critères essentiels : d une part l activité programmée, d autre part la rentabilisation de la structure qui se compose de : - la gestion de la logistique médicale, - l activité spécifique, - la gestion des ressources humaines, - les gains de productivité, - l évaluation, l accréditation.

284 MAPAR 1998 2.1. L ACTIVITE PROGRAMMEE Cette activité s analyse d après la nature des interventions et les anesthésies pratiquées. Toutefois la majorité des SSPI voit leur activité suivre une même courbe de tendance. (Figure 3). Nbr de pateints 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Moy. mobile sur 2 pér. (Série1) 8:00 10:00 12:00 14:00 16:00 18:00 20:00 22:00 0:00 2:00 4:00 6:00 Heures Figure 3 : Courbe de tendance : occupation des postes/heures La montée en puissance se fait vers 10 heure, avec une occupation maximale entre 11 heures et 16 heures, puis le nombre des patients présents décroît régulièrement. Nous pouvons remarquer sur ce graphique, un regain d activité vers 21 h, ce qui correspond aux urgences faites après le dîner! Cependant, certains facteurs peuvent entraîner une modification de ces plages horaires : - la pratique d actes courts ou chirurgie ambulatoire, - l allongement des temps d intervention dû notamment aux techniques chirurgicales récentes et/ou à l enseignement des «juniors», - l augmentation des patients restant la nuit pour surveillance. L appréciation de ces facteurs permettra une optimisation de la gestion d une SSPI. 2.2. RENTABILISATION DE LA STRUCTURE La SSPI est une structure légale, mais peu rentable en regard de ses coûts de fonctionnement et d immobilisation [3]. Une étude relative à «l évaluation du coût théorique d un passage en SSPI» [3] montre que plus le nombre de passages augmente, moins la structure est coûteuse (Figure 4). Cela est essentiellement dû à l amortissement des matériels et à la rentabilité des personnels (poids budgétaire important). Les objectifs développés doivent donc tendre à une utilisation maximale des moyens à notre disposition. 2.2.1. GESTION DE LA LOGISTIQUE MEDICALE Elle concerne tous les matériels médicaux utilisés en SSPI. Dès le choix d achat des matériels lourds, nous privilégierons les matériels dits modulables. Car le remplacement d un module en cas de casse ou de réparation est moins onéreux que le remplacement de l appareil dans sa totalité; de plus si un seul des paramètre de mesure est défectueux cela

Session professionnelle 285 n immobilise pas les autres paramètres. L idéal est de programmer les achats avec l unité d anesthésie et/ ou de réanimation et d opter pour le même industriel. Certains matériels, comme notamment les réchauffeurs à air pulsé, peuvent être communs aux unités. La gestion du petit matériel est établie sur un même principe en instaurant une gestion de stock commune afin d éviter des réserves trop importantes. 14 000 13 000 Coût par passage (FF) 12 000 11 000 10 000 9 000 8 000 7 000 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 SSPI de 4 lits SSPI de 8 lits SSPI de 12 lits 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 500 3 000 4 000 4 500 5 500 5 000 Figure 4 : Evaluation du coût théorique d un passage en SSPI 6 500 7 500 8 500 6 000 7 000 8 000 2.2.2. ACTIVITE SPECIFIQUE L augmentation de l activité de la SSPI ne peut se faire que grâce à une activité spécifique des anesthésistes. Cette activité peut revêtir plusieurs formes : - Actes à but analgésiques : ce sont tous les actes pratiqués pour la prise en charge de la douleur aiguë ou chronique (pose de PCA, ALR à but analgésique...), mais aussi, les actes douloureux exécutés par d autres intervenants comme certaines biopsies. - Actes à buts thérapeutiques : ce sont des actes courts qui demandent une anesthésie (sismothérapies, cardioversions). - Actes invasifs : ce sont notamment les poses de cathéters. - Actes diagnostiques : ce sont des actes invasifs ou non invasifs, pratiqués par les médecins anesthésistes, comme les échocardiographies transpariétales, transœsophagiennes, doppler, les fibroscopies bronchiques etc. La pratique de ces actes en SSPI présente plusieurs avantages : - Occupation des postes sur des plages horaires vacantes (le matin avant 10 h). - Sécurité renforcée de la surveillance des patients pendant et après l acte. - Utilisation maximale des matériels.

286 MAPAR 1998 - Utilisation de personnel performant disponible. - Regroupement en un seul lieu de ces activités, d autant que la présence médicale est déjà effective. D autres possibilités de développement de la SSPI peuvent être étudiées, notamment l élaboration d une fonction tampon de la SSPI avec une unité de réanimation, les unités d hospitalisation, voire une unité d urgence [4, 5]. Les avantages que présente cette structure pour l accueil des urgences chirurgicales lourdes sont indéniables : - elle est située à proximité des blocs opératoires et en relation avec les laboratoires, - la structure modulable assure l espace suffisant pour une prise en charge optimale, - les équipements médicaux nécessaires sont présents et opérationnels, - le personnel est formé et performant. Cette activité d urgence est variée : urgences dites internes (patients s aggravant en services d hospitalisation), urgences externes (polytraumatismes et pathologies chirurgicales ), activité d accueil de patients en état de mort encéphalique. Cependant, l organisation d une telle structure doit être très rigoureuse. Elle est entièrement régulée par les responsables médicaux et paramédicaux de la SSPI afin d éviter tout débordement intempestif. Hormis les urgences, la SSPI doit pouvoir garder des patients instables en postopératoire toute la nuit si besoin, voire même recevoir les patients en préopératoire si besoin. 2.2.3. GESTION DES RESSOURCES HUMAINES Les textes législatifs nous laissent le choix ; infirmières anesthésistes DE ou infirmières DE. La qualification choisie s effectue selon la structure de la SSPI. Pour une SSPI de petite taille (4 postes) non ouverte 24h/24 incluse au sein du bloc opératoire, nous privilégierons un personnel IADE tournant sur le bloc et la SSPI. En revanche pour une SSPI de 10 postes ouverte 24h/24 et médicalisée, il est possible d envisager un personnel IDE. Afin de minimiser les coûts en personnel, il est intéressant de regrouper la gestion de ces personnels avec d autres unités de réveil ou avec une unité de réanimation. De plus, cette gestion favorise les échanges, évite l immobilisme, limite la routine et encourage la polyvalence. Le décret relatif à la sécurité en anesthésie [2] reste très ambigu sur le nombre de personnels à prévoir. En résumé, ce décret prévoit : - 1 IDE ou IADE pour une salle < 6 postes. - 1 IDE ou IADE et 1 AS ou 2 IDE ou IADE pour une salle 6 postes. Cependant, selon le types de patients que nous accueillons, il semble raisonnable de prévoir une infirmière pour 3 patients et une aide-soignante pour 4 patients, et une infirmière pour 2 patients présentant des pathologies complexes associées à une charge en soins importante. Une analyse de l activité nous permettra de calquer les besoins en personnels à la demande. 2.2.4. GAINS DE PRODUCTIVITE Comme nous l avons vu, la SSPI est une structure à forte immobilisation et peu productive. Cependant, bien organisée et bien gérée, la SSPI peut dégager des gains de productivité. Le regroupement des moyens et de l activité offre une souplesse d action et

Session professionnelle 287 de gestion appréciable. De plus, la restructuration engagée peut entraîner une dynamique et permettre l émergence de nouvelles organisations. 2.2.5. EVALUATION, ACCREDITATION La mise en place de démarches à l évaluation et à l accréditation obéit à des stratégies relativement proches. Actuellement basée sur le principe du volontariat l accréditation deviendra obligatoire en 2001. Elle s entend comme «une procédure externe d évaluation des établissements de santé» [6]. L objectif est double : 1- assurer la qualité et la sécurité des soins, 2- promouvoir une politique d amélioration continue de la qualité, en la centrant sur le patient et son parcours à l hôpital. Pour ce qui concerne la SSPI, elle s appuie sur la conformité aux textes légaux en vigueur [2], mais aussi sur l instauration de procédures d organisation et de gestion de la structure et des soins : - Charte de fonctionnement. - Procédures d ouverture et fermeture de sites [7]. - Procédures d hygiène validées par le CLIN. - Procédure d hémovigilance. - Procédure de matériovigilance [8]. - Procédure de protection des personnels [9, 10]. - Développement d indicateurs de qualité [11]. - Projet médical. - Projet de soins. La procédure d accréditation est un passage obligé et elle concerne tous les établissements de santé qu ils soient publics ou privés. CONCLUSION Penser ou repenser une organisation et une gestion de la SSPI est indispensable pour tendre vers une démarche de qualité et de rentabilité. La diversité de structure des SSPI, par leur activité et leur architecture notamment, ne nous permet pas d instaurer un modèle unique. Ce n est qu après une analyse d activité et d éventuelles particularités, qu un modèle de fonctionnement peut être établi et réajusté si besoin. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Zuck D. Anaesthetic and postoperative recovery room. Anaesthesia, 1995;vol 50:435-438 [2] Décret n 94-1050 du 4 décembre 1994 [3] Tibi-Lévy Y, de Pouvourville G, Goursot G, Clergue F, Délémontey B, Feiss P, Laxenaire MC, Marty J, Béresniak A. Evaluation du coût théorique d un passage en salle de surveillance postinterventionnelle. Annales Françaises d Anesthésie réanimation 1996;15:1113-1120 [4] Johannes MS. A new dimension of PACU: The dilemma of ICU over flow patient. Journal of post anesthesia nursing, oct. 1994 [5] Allen A. Extension of the role of postanesthesia care unit, specialist: problem or plus. Journal of post anesthesia nursing, oct. 1991

288 MAPAR 1998 [6] Ordonnance n 96-345 du 24 avril 1996 [7] Arrêté du 3 octobre 1995 [8] Raspaud S, Wagnies Ch. - Matériovigilance et anesthésie. AFISAR 1997 [9] Allen A, Badgwell JM. The post anesthesia care unit: unique contribution, unique risk. Journal of perianesthesia nursing, aug 1996 [10] Huffman LM. Regulations, standards, and guidelines protecting PACU healthcare workers. Journal of perianesthesia nursing, aug 1996 [11] Zeller Jill - Developing a quality indicator logbook for the postanesthesia care unit setting