Les témoignages dans la bibliographie générale De la Première Guerre mondiale.



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1 Les témoignages dans la bibliographie générale De la Première Guerre mondiale. Résumé de l intervention de Bernard DEVEZ I) L inventaire de la bibliographie générale 14-18. Cet inventaire, commencé il y a environ quarante ans est en cours et se poursuivra en principe jusqu en 2014, voire 2018. Il est cependant suffisamment développé à ce jour pour donner lieu à des résultats d exploitation statistique de la base de données, résultats encore provisoires, qu il convient de considérer comme indicatifs, mais néanmoins assez significatifs. L inventaire se compose schématiquement de deux fichiers informatisés : Le fichier des ouvrages possédés, ou fichier P : 11 350 références, fin octobre 2009. Le fichier des ouvrages recherchés, ou fichier R : 4 925 références, fin octobre 2009. Soit un total actuel de 16 275 références. 1.1 Champ couvert. La bibliographie porte uniquement (sauf rares exceptions) sur les ouvrages édités, en langue française, à l exclusion de tout manuscrit ou autres documents d archive, non édités. Son champ temporel couvre la période allant des lendemains du Traité de Francfort (perte de l Alsace-Lorraine), jusqu à nos jours. Chaque référence porte sur un «ouvrage». Par convention, chaque ouvrage correspond à un «objet physique unitaire», en principe, un volume. C est-à-dire que l œuvre d un auteur éditée en 4 volumes donnera lieu par conséquent à 4 références dans la base de données. La bibliographie, sur la période considérée, vise à couvrir, autant que faire se peut, toute la production éditoriale, traitant directement ou indirectement du premier conflit mondial, ou inspirée par celui-ci. Considérons, cependant, que les limites de ce champ ne peuvent être définies avec une rigueur absolue et ont donc un caractère appréciatif irréductible. Dans le champ ainsi défini, la bibliographie intègre schématiquement trois types de production éditoriale : les livres proprement dit, les brochures, et les périodiques, revues, journaux ou bulletins (avec certaines réserves sur cette dernière catégorie, en se limitant parfois aux numéros spéciaux ou traitant effectivement de 14-18). Les rééditions ne sont prises en compte dans l inventaire (en sus de l édition d origine) que si elles comportent des ajouts ou modifications significatives par rapport à l édition d origine. 1.2 Contenus actuels Fichier P (ouvrages possédés). Variables descriptives factuelles classiques : nom, prénom de l auteur ou des auteurs, titre, surtitre, sous-titre, éditeur, année d édition, format en cm, présentation, relié, broché, nombre de pages, présence et importance approximative d illustrations, code de rangement, observations (E.O, dédicace, état de l ouvrage, etc ) Variables qualitatives ou index : genre d ouvrage (16 genres), thématique principale (environ 165 codes), thématique secondaire éventuelle (codes idem thém principale), style littéraire (récit, monographie, lettres, roman, etc.), statut de l auteur si connu, nationalité de l auteur, index chronologique (période prise en compte dans l ouvrage, si pertinent), index patronyme (pour les personnalités historiques les plus connues), index arme et index unité (si pertinente et connue), index lieu (si pertinent et connu).

2 Le nombre de ces index comme leurs contenus étant susceptibles d évoluer dans le temps, par approfondissements successifs. Le nombre d informations élémentaires actuellement contenues dans le fichier P est d environ 196000. Fichier R (ouvrages recherchés). Ce fichier est, par définition, moins bien renseigné. Il comporte les variables suivantes : nom, prénom de l auteur ou des auteurs, titre, éditeur, année d édition, nombre de pages, genre d ouvrage, thématique principale, format. Certaines de ces informations pouvant être manquantes ou incertaines. Le nombre d informations élémentaires actuellement contenues dans le fichier P est d environ 32 000. Le système de codification utilisé dans le fichier R étant identique à celui du fichier P, il est possible de réaliser des exploitations d ensemble sur les critères communs aux deux fichiers. 1.3 Principes de classification des ouvrages Il s agit d une classification en arborescence à trois degrés, plus des index complémentaires. Au premier degré, chaque ouvrage est affecté, de manière exclusive, à un code «Genre». Au second degré, dans chaque code genre, il est affecté en «thématique principale», à l un des codes spécifiques de chaque genre (le nombre de codes par genre étant variable, au total, environ 165 codes pour les seize genres). Au troisième degré, et de manière facultative, il peut être affecté en «thématique secondaire», à l un des codes correspondant à un genre différent de celui sous lequel il est codé au premier degré. Ceci permettant de «récupérer» de l information sur les ouvrages dont l affectation à un genre unique est insatisfaisante. Les index complémentaires (cf ci-dessus 1.2 variables qualitatives) sont codés avec des codes spécifiques, et indépendamment de l arborescence Genre/Thématique principale/thématique secondaire. II) Les seize genres d ouvrages et l importance du genre «témoignage» 2.1 Critères d identification du genre témoignage : Ont étés classés dans le genre «Témoignage» les ouvrages répondant, totalement ou partiellement aux principaux critères suivants : - relatant, à la première personne (je-nous), des faits, des événements, des situations dont l auteur à été lui-même l acteur ou le témoin oculaire. - citant des faits précis, notamment des lieux, des dates, des noms de personnes et d unités militaires. - faisant référence à une histoire et un parcours individuel, imbriqué ou mêlé à une histoire collective. Le témoin exprime, à sa manière, ce qu il a vu, fait, éprouvé, ressenti, ce qu il ressent le besoin de noter sur la période de sa vie et sur les événements objets de son témoignage. Les 2 884 ouvrages actuellement répertoriés dans le genre «témoignage» répondent peu ou prou à plusieurs des critères ci-dessus. En revanche, le classement en genre «témoignage» ne préjuge en aucune façon de leur authenticité ni de la qualité du témoin.( Il existe des œuvres de pure fiction qui se présentent comme des témoignages...)

3 2.2 Importance du genre témoignage. Le graphique ci-dessous indique, pour les deux fichiers cumulés, c est-à-dire pour l ensemble des ouvrages actuellement recensés (qu ils soient possédés ou recherchés), la répartition par genre, entre les seize genres identifiés. Le genre «Etudes/Essais/Analyses» est de beaucoup le plus important, avec 5 745 ouvrages (mais avec une forte diversité de thématique principale à l intérieur de ce genre : 53 codes de thématique principale). Le genre «Témoignage» vient en seconde position, avec 2 884 ouvrages, soit 17,7 % de l ensemble. Les autres genres sont tous inférieurs à 6 %. Les Seize genre d ouvrage (Fichiers P et R cumulés) Base 16275 ouvrages actuellement recensés (oct 2009) Art et culture Batailles et combats Biographies Enfantina Etudes/Essais/Analyses Hist Gén/Gén guerre Histoire locale Historiques unités Iconographie Médias Mémoires/Vestiges/Commémo Romans/Fictions Tech milit armement Témoignages Textes officiels Divers, dicos, biblios 2.3 Estimation de l ensemble des témoignages figurant dans la bibliographie actuelle. L essentiel des témoignages figurent dans le genre «Témoignage», ce qui paraît logique, mais il en existe d autres, dans des ouvrages qui ont étés codés à titre principal dans un autre genre que «Témoignage», mais qui contiennent cependant un ou des témoignages représentant une fraction significative de l ouvrage. (A titre d exemple, le célèbre ouvrage Péricard sur Verdun est codé en genre «Batailles et combats», car c est bien un récit de

4 bataille, mais il contient de nombreux témoignages, ce qui à conduit à le coder également en «Témoignage combattant» en thématique secondaire. Le tableau ci-dessous permet d évaluer, de manière grossière, le nombre d ouvrages correspondant à ce cas de figure, dans le fichier P uniquement (l information n étant pas disponible dans le fichier R). Ceci nous permet d évaluer à 3 359 le nombre d ouvrages, du genre «Témoignage» ou contenant un ou des témoignages édités, actuellement identifiés. Il va de soi qu il s agit d un ordre de grandeur par défaut, à ne pas confondre avec le nombre de personnes ayant témoigné et dont le témoignage figure dans un ouvrage édité, ni avec les témoignages non édités, dont le nombre est totalement inconnu, mais qui se chiffrent certainement par dizaines de milliers. Estim ation de l ensem ble des témoignages répertoriés actuellem ent en bases de données P et R Fichier R épertoriés en genre tém oignage R épertoriés dans d autres genres Total P 2330 475 2805 R 554? 554 Total 2884 475 +? 3359 III Les témoignages par types de témoins 3.1 Les types de témoins La Première Guerre mondiale, événement exceptionnel et de grande ampleur, a affecté de manière diverse toutes les catégories de population et tous les types d acteurs. Il est donc normal, qu outre les combattants eux-mêmes, de nombreuses autres catégories de personnes aient souhaité témoigner de cette période. Nous avons regroupé ces témoins en quatorze catégories codées. Dans le graphique ci-dessous, nous les avons réduites, par regroupement, à neuf, pour simplifier. Ce graphique ne porte que sur le fichier P, et sur les témoignages codés en genre «Témoignage», à titre principal, soit actuellement 2 330 ouvrages. On observe que les témoignages de soldats, caporaux, sous-officiers et officiers de troupe (jusque commandant) sont majoritaires, avec près de 57 %. Suivis par les témoignages de civils, environ 11 %, les témoignages d hommes politiques, diplomates, chefs d Etat, environ 8 %, ceux d officiers supérieurs et généraux, environ 7 %, les autres témoignages se situant entre 4,4 et 1 %. Il apparaît que la structure de la «population» des témoins édités est très différente de l importance numérique relative de chaque catégorie dans la population de référence.

5 Il est clair que, eu égard à leur poids dans la population de référence, certains types de témoins sont, relativement parlant, «surreprésentés», et que d autres sont au contraire «sousreprésentés». Il en résulte que la «représentation globale» de la guerre donnée au travers de cet ensemble ne reflète pas la réalité de l importance relative de ces catégories de témoins. Ceci n est d ailleurs nullement surprenant, il est naturel que les catégories de personnes, accoutumées par leur éducation ou leurs fonctions à manier la plume, ou exerçant des responsabilités aient eu plus de facilité à écrire un témoignage et à le faire éditer, que les soldats de base qui formaient le gros des bataillons. Témoignages par types de témoins (Base 2330 ouvrages Genre témoignages fichier P) Soldats/Ss-Off,Off Troupe Capt-évas ts grades commandement Sce de santé Religieux Civils H politiques, Diplom Journalistes Divers autres 3.2 Principales formes littéraires des témoignages Le tableau ci-dessous ne porte que sur les 1 322 témoignages des hommes de troupe, caporaux, sous-officiers et officiers de troupe répertoriés au fichier P. On a distingué sept «formes littéraires» principales, étant entendu qu il s agit, soit de la forme unique de l ouvrage, soit de sa forme principale. La forme récit est la plus fréquente, avec 43 %. Le récit peut comporter des dates, mais il n a pas la continuité d un journal. La forme carnet, journal ou chronique vient en second, avec environ un cinquième des ouvrages. Les mémoires et souvenirs représentent 12 % et les lettres, la correspondance, 11 %. Les impressions, réflexions, méditations, notes, représentent 8 %. Les romans (identifiés comme témoignage) 4 %. Il est possible que certains témoignages sous forme roman aient étés codés dans le genre Roman.

6 Enfin, reste 1 % de divers, en notant toutefois que les ouvrages de poésie sont en principe tous codés dans le genre art et culture, bien que certains s apparentent à des témoignages. P rin c ip a le s fo rm e s litté ra ire s d e s té m o ig n a g e s d e s s o ld a ts, c a p o r, s s -o ff e t o ff d e tro u p e F o rm e s L itté ra ire s R é c it C a rn e ts e t jo u rn a l, c h ro n iq u e M é m o ire s e t s o u v e n irs L e ttre s Im p re s s, ré fle x, m é d it, n o te s R o m a n, R é c it ro m a n c é A u tre s (a u to b io, c h a n t ) T o ta l N b re 5 7 0 2 7 8 1 6 2 1 4 2 1 0 7 5 4 9 1 3 2 2 % 4 3, 2 1, 1 2, 1 1, 8, 4, 1, 1 0 0,0 3.3 Eléments de chronologie éditoriale. Il faut noter tout d abord que l information sur la date d édition n est pas toujours fiable, de nombreux ouvrages ont fait l objet de retirages ou rééditions sans que la date de l édition originale soit toujours mentionnée. De nombreux ouvrages ne comportent pas de date d édition et elle a été évaluée à partir de différents indices, et sans doute avec une marge d erreur. Néanmoins, ces erreurs ne sont pas de nature à modifier fortement les résultats d ensemble ci-dessous. Plutôt que de présenter une analyse par année, assez fastidieuse vu le nombre d années prises en compte, nous avons préféré procéder par regroupement en six périodes de l histoire contemporaine : de 1871 à 1913 inclus, période d après guerre de 70 et d avant Première Guerre mondiale ; de 1914 à 1923, la guerre et ses lendemains immédiats ; de 1924 à 1939, période de l entre deux guerres ; de 1940 à 1962, Seconde Guerre mondiale et guerres coloniales jusqu'à fin de la guerre d Algérie ; de 1963 à 1993, période de paix jusqu'à la fin de la guerre froide et jusque après la réunification de l Allemagne ; enfin, de 1994 à aujourd hui, période de croissance d un regain d intérêt pour la Première Guerre mondiale. Le graphique ci-dessous présente trois histogrammes comparatifs. Le premier donne simplement le poids de chaque période, en nombre d années. Le second présente la structure par période pour l ensemble du fichier P (11 350 ouvrages) Le troisième indique les mêmes éléments, uniquement pour les témoignages de soldats, caporaux, sous-officiers et officiers de troupe (base 1 322). On observe que les 43 ans de la première période ne correspondent actuellement qu à 3 % des ouvrages du fichier P, et moins de 1 % des témoignages, ce qui est normal car il existe quelques témoignages ante guerre mondiale, portant sur des conflits tels que les guerres Balkaniques, Russo-Japonaises, etc..

éléments de chronologie éditoriale 7 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 94-09 63-93 40-62 24-39 14-23 71-13 Struct nbre d'années Struct ens P Struct témoign Combtts La période 1914-1923, qui ne représente que 10 ans et 7 % du champ temporel étudié, représente 40,4 % des ouvrages du fichier P et 35 % des témoignages combattants. La période de l entre deux guerre, 11,5 % des années, mais 22,2 % du total et 25 % des témoignages de soldats. La période Seconde Guerre mondiale et jusqu en 1962, 23 ans, ne représente plus que 4,4 % de l ensemble et 4 % des témoignages combattants. Il est clair que la Seconde Guerre mondiale a largement éclipsé la Première durant cette période, comme d ailleurs durant la suivante, 31 ans, 22,8 % des années, mais seulement 10,5 % de l ensemble, et 12,5 % pour les témoignages. Enfin, dans la dernière période, on assiste à une forte remontée de l activité éditoriale relative à 14-18, en particulier durant ces dix dernières années. Pour 11,5 % des années, cette période représente 19,5 % de l ensemble actuel, et 22,5 % des témoignages combattants. Ceci paraît notamment significatif de l intérêt accru pour l histoire des «gens ordinaires», et pas seulement pour la «grande histoire» ou «l histoire officielle». 3.4 Les témoignages par armes représentées. Ces résultats sont très partiels, car dans 30 % des cas, l indication de l arme dans laquelle servait le témoin fait défaut ou apparaît incertaine, ou encore parce que le témoin a changé d arme durant la guerre ( les armes nouvelles ou en développement puisant leur personnel dans les armes traditionnelles). En dépit de son caractère incomplet, le tableau ci-dessous indique bien la prépondérance de l infanterie, plus de la moitié, en y incluant l infanterie coloniale ; l artillerie et les autres armes venant très loin derrière. Eu égard aux effectifs réels de combattants de chaque arme correspondante, il est clair que la représentation des armes dans les témoignages n est pas proportionnelle.

8 Les témoignages par armes représentées Base 1322 t soldats, capor, ss-off, off de troupe Armes INFANTERIE ARTILLERIE INF COLONIALE et de MARINE AVIATION, AEROSTATION CAVALERIE ARMEES ETRANGERES MARINE et SOUS-MARINS DIVERS, Génie, Chars, train, intendance Arme incertaine ou non identifiée TOTAL Nbre 623 74 52 42 39 35 38 24 402 1322 % 47, 5,5 4, 3, 3, 2,5 3, 2, 30, 100,0. IV En guise de conclusion provisoire De multiples autres analyses et enseignements peuvent être tirés de cette base de données bibliographique, incomplète et imparfaite, mais dont le premier mérite est d exister et d être perfectible. Les témoignages sont comme les grains des épis moissonnés. S ils sont oubliés dans le champ de la mémoire, ils périront. Ils seront balayés à jamais par les vents de l histoire. Mais si l on recueille avec soin ces petits grains d histoire, si on les prend pour ce qu ils sont : des échos de la vie, de la souffrance et du sacrifice des hommes Si on les cultive, si on les sème à nouveau dans la mémoire d aujourd hui et de demain Alors, ils revivront, et leur message, et leur exemple, sera toujours présent dans la mémoire des hommes. Je suis fasciné par le fait que l édition de ces témoignages ait perduré tout au long du siècle, et que près d un siècle après, il se trouve encore des auteurs inconnus, retrouvés, des personnes pour décider de les éditer, des éditeurs pour les imprimer et les diffuser Et des lecteurs, suffisamment motivés pour les acheter et les lire. Comment l expliquer? Sinon par le fait que nous sommes tous, quelque part, les héritiers et les descendants de ces «Poilus» de 14, et que LEUR HISTOIRE EST AUSSI NOTRE HISTOIRE. Bernard DEVEZ

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