Consultations sur la Réactualisation de la Stratégie de la Banque Mondiale en Afrique

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Transcription:

Banque Mondiale Consultations sur la Réactualisation de la Stratégie de la Banque Mondiale en Afrique Rapport final Bertrand Mafouta (Rapporteur) Centre d Etudes et de Recherche sur les Analyses et Politiques Economiques (CERAPE) PB 15031, Brazzaville Congo Tel : 951 30 35 / 576 08 52 Brazzaville, juillet 2010 1

La Banque Mondiale procède actuellement à un réexamen de sa stratégie pour l Afrique. Ainsi dans le cadre des consultations pays devant permettre cette réactualisation, un atelier s est tenu le 15 juillet 2010 dans les locaux de la Banque Mondiale à Brazzaville. Une connexion sous forme de vidéoconférence a également eu lieu avec 7 autres pays africains 1 durant la phase de restitution des résultats. La synthèse de restitution des travaux pour la République du Congo est présentée à l annexe 1. Cet atelier a rassemblé une vingtaine de participants des institutions publiques, privées, des universitaires et de la société civile ainsi que des institutions sousrégionales. La liste des participants est jointe à l annexe 2. L atelier avait pour objet d identifier les défis et les opportunités pour le développement du Continent en liaison avec l appui que la Banque Mondiale peut apporter dans sa nouvelle stratégie de l Afrique. Le présent rapport a pour objectif de faire la synthèse de toutes les interventions et suggestions faites au cours de cet atelier. La participation de toutes les parties prenantes a été totale durant les échanges. La Banque Mondiale n est intervenue que dans quelques cas pour essentiellement apporter certains éclaircissements ou faire des commentaires. Prenant d abord la parole, le Pr Hervé Diata, Doyen de la Faculté des sciences économiques et facilitateur de l atelier a prononcé le mot de bienvenue et a tenu à remercier les participants pour avoir répondu à l invitation de la Banque Mondiale. Ensuite, la parole a été remise à Monsieur le Représentant résident de la Banque Mondiale au Congo (M. Midou Ibrahima) qui a tenu également à remercier les participants tout en rappelant certains aspects liés à l importance de cette consultation. En effet, le Représentant a notifié que depuis l adoption par le Conseil d Administration de la Banque Mondiale d un plan d action pour l Afrique (PAA) en 2005, cette réunion était un espace important qui devrait permettre aux différents acteurs d identifier les axes prioritaires afin d améliorer la stratégie déjà existante d accompagnement de l Afrique dans son processus de développement. Il a poursuivi en disant qu au niveau du Congo, la Banque Mondiale a eu à élaborer des stratégies transitoires au cours des années passées (à cause entre autres du contexte post-conflit). Depuis 2009 avec l adoption par les autorités du DSRP final, la Banque a mis en place une Stratégie de Partenariat Pays avec le Congo. Cependant le contexte des crises alimentaire, financière, énergétique qui ont entrainé la baisse de la demande mondiale combinée aux effets du changement climatique ont légitimé la réactualisation de la stratégie de la Banque pour le Continent et cela doit se faire en collaboration avec toutes les parties prenantes. Il a fini par demander à tous les participants de participer de manière active et d apporter leurs contributions afin que celles-ci soient intégrées dans cette nouvelle stratégie. Par ailleurs, tenant compte de l ordre du jour, cinq questions, utilisées comme canevas pour orienter les discussions, ont été débattues. Les interventions des différents participants se résument comme suit : 1 Les 8 pays connectés par vidéoconférence sont (par ordre de passage) : Guinée-Conakry, RCA, Congo, Angola, Burundi, RDC, Mozambique et Guinée-Bissau. 2

Question 1 : d après vous, quels sont les défis de développement auxquels l Afrique est confrontée, et quel rôle la Banque Mondiale peut-elle jouer pour aider les pays africains, notamment les Etats post-conflits ou fragiles, à construire des économies plus résistantes et compétitives à l échelle mondiale au 21ème siècle? A cette question, le premier intervenant, Monsieur Jean Jacques Samba, Secrétaire Général d UNICONGO (Secteur privé), a identifié les défis suivants : tout d abord il est important qu il y ait une mobilisation optimale des ressources internes des Etats car selon l auteur le développement d un pays ne peut se faire sans la mobilisation des ressources internes du fait que l aide extérieure ne vient que soutenir ces ressources. De même, Il faut renforcer le système bancaire afin de permettre la mobilisation de l épargne interne. Par ailleurs, ce premier intervenant a mis un accent sur les ressources humaines, le développement du secteur privé et la formation. Il faudra ainsi allouer plus de financement pour permettre aux Etats de diversifier et d intégrer par exemple en connectant le secteur BTP avec celui du bois leurs économies. Monsieur Antoine Ngakeni, Conseiller du Ministre des Finances aux Relations Financières Internationales (Ministère des Finances) et deuxième intervenant sur cette question a identifié trois défis : d abord appuyer le développement des infrastructures permettant ainsi au marché limité du Congo de bénéficier de la proximité géographique des grands marchés (cas du Cameroun et de la RDC). Ensuite, le renforcement des capacités des ressources humaines par une formation dans les universités étrangères (USA, France, etc.). Enfin, il faut appuyer le développement du secteur privé qui est le moteur de la création d emplois. Pour le troisième intervenant, Dr Hyacinthe Defoundoux, Coordonnateur de l Association congolaise de l évaluation (ACE, Institut de recherche), il a affirmé qu en tenant compte du contexte d ouverture actuelle et notamment la mondialisation, il est important de mettre l accent sur la compétitivité des économies africaines, de renforcer la structure productive tout en tenant compte de la demande interne et surtout locale. Monsieur André Eugène Osseté, Coordonnateur général du Comité de liaison des ONG du Congo, CLONG (quatrième intervenant), a soulevé les points suivants : appuyer la mobilisation de l épargne africaine, le système éducatif, la construction d un Etat de droit et la protection des ressources. Par ailleurs il a émis l idée de la création des blocs de la région Afrique en matière d eau, de bois et de pétrole et a mentionné qu il était nécessaire de réduire l écart qui existe entre les villes et les campagnes en mettant un accent sur le développement rural. Le Pr Célestin Mayoukou (Enseignant-chercheur à l Université de Rouen et cinquième intervenant), a identifié six défis majeurs à savoir : - les défis d éradiquer la pauvreté et de réduire la vulnérabilité des populations; - la reconstruction du tissu social et la reconstruction de la confiance ; - le renforcement des institutions de formation ; - la promotion d un système financier inclusif qui passe par le renforcement des banques ; - la prise en compte des congolais de l étranger (Diaspora) ; 3

- l appui à l entrepreneuriat local. Il a terminé son intervention en disant qu il est nécessaire de permettre aux congolais de l étranger de rapatrier leur épargne en citant comme exemple le cas des pays du Maghreb comme le Maroc. A la suite de cette intervention, le Représentant Résident a précisé que la Banque Mondiale a déjà un programme spécifique sur la diaspora. Un sixième intervenant, Honorable Mouelé Serge (Député à l Assemblée Nationale), a mis l accent sur la formation et la gestion des ressources humaines et a fini par poser la question suivante : pourquoi une économie qui se porte bien doit elle emprunter des fonds? Car souligne-t-il l aide de la Banque mondiale n est pas gratuite et les prêts sont consentis moyennant un taux d intérêt qui peut amener encore les Etats Africains au surendettement alors qu on parle de plus en plus de l allègement des pays pauvres (initiative PPTE). Ainsi, pour cet intervenant, l aide de la Banque Mondiale devrait se limiter à son expertise sans pour autant intégrer la demande des fonds. Le huitième intervenant, Monsieur Mazoukandji Guy Martin, qui est le Chargé d études à la à la Banque de Développement des Etats de l Afrique Centrale (BDEAC) a souligné qu il faut que la Banque Mondiale mette un accent sur le développement du secteur privé. Selon lui, un secteur privé qui n est pas financé ne peut pas apporter un dynamisme à l économie. Il a poursuivi son allocution en faisant remarquer que les banques commerciales au Congo gèrent beaucoup plus les dépôts à vue alors qu il est intéressant de créer des guichets de ressources longues afin de permettre le financement à moindre coût. De même, il faut renforcer les capacités techniques en mettant en place des bons indicateurs permettant à la Banque Mondiale et au FMI de surveiller les économies. Le huitième et dernier intervenant sur cette question était Madame Mouassiposso Virginie, Secrétaire générale de l Association des Femmes Juristes du Congo (AFJC) qui a commencé son intervention en insistant sur la question de la formation. Pour cette intervenante, le Congo peut reprendre sa place des années 1980 en matière de scolarisation et cela passe nécessairement par la création des écoles de l excellence et le renforcement des capacités. Par ailleurs, elle a souligné qu il était important d appuyer le secteur informel afin d aider les femmes ayant des activités génératrices de revenu de sortir de la pauvreté. Il sied de notifier que cette première question a suscité plus de réactions en comparaison des quatre dernières questions. La question 2 : comment la Banque Mondiale peut-elle contribuer à développer les compétences des travailleurs africains, promouvoir la création d emplois, notamment à l attention des jeunes dans les Etats post-conflits ou fragiles, et encourager les femmes à créer et à gérer des entreprises performantes? Cette question a été abordée par cinq intervenants. Pour Monsieur Osseté, deux aspects doivent être pris en compte. Il s agit tout d abord du renforcement du dialogue social et ensuite de la valorisation du travail par la Banque Mondiale. Pour Monsieur Mouelé, l appui de la Banque doit surtout porter sur la formation. 4

Le troisième intervenant (Monsieur Defoundoux), a rappelé que la Banque a déjà conçu des programmes visant à renforcer les capacités des femmes. Cependant, l aspect sur la formation de ces femmes à l entrepreneuriat mérite d être renforcé. De même, pour les jeunes, il serait intéressant de prendre en compte les jeunes déscolarisés et diplômés. En effet, selon lui, l existence des jeunes âgés de 18 ans et plus mais non scolarisés dans certaines régions du pays comme le Pool devrait amener la Banque à appuyer certaines formations professionnelles telles que la menuiserie, la maçonnerie, la mécanique etc. En ce qui concerne l intervention de Monsieur Mayoukou, ce dernier a notifié que la Banque doit appuyer le système de formation tout au long de la vie en mettant l accent sur le cycle de formation basé sur le savoir. Par ailleurs, il importe de valider les acquis des compétences tout en permettant la mobilité sous régionale de recyclage des travailleurs. Madame Mouassiposso, dernière intervenante a fait remarquer sur cette question de la formation, qu il existe un forum au niveau de la région des grands lacs appuyé par la Banque Mondiale. De même, sur la question de la promotion des projets féminins, actuellement la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement appuient un projet portant sur la fibre optique initié par une femme en Afrique de l Ouest. En ce qui concerne la question de recyclage, l intervenante a notifié que l association qu elle représente envoie par année deux de ses membres pour un échange dans différents pays de la sous région. Cependant, le manque de moyens financiers constitue un obstacle majeur à la poursuite de cette initiative. La question 3 : d après vous, que devrait faire la Banque Mondiale pour améliorer le commerce intra africain, encourager l élaboration de solutions régionales, notamment pour les infrastructures telles que l énergie, tout en s assurant que les problèmes posés par le changement climatique sont pris en compte et que la compétitivité de l Afrique par rapport au reste du monde est renforcée? Les propositions à cette question se présentent de la manière suivante : Selon Monsieur Samba : le commerce africain doit être appuyé par une grande fluidité d informations d une part, et sur la production et la vente des produits des différents pays d autre part. La Banque doit aussi appuyer l organisation des foires africaines afin de faciliter les échanges entre les Etats et promouvoir leur compétitivité. Cette compétitivité est liée à la mutualisation des ressources et à l intégration régionale. Pour Monsieur Osseté, il importe de renforcer les capacités politiques, économiques et techniques du département du commerce au niveau de l Union Africaine. De même, il faut améliorer l état des infrastructures, notamment les routes. Prenant la parole en troisième position, Monsieur Mazoukandji est revenu sur l importance d améliorer l état des infrastructures routières et l énergie. De même, il faudra selon lui que les experts de la Banque Mondiale réfléchissent afin de mettre à la disposition des pays de l Afrique centrale des ressources nécessaires leur permettant de financer les infrastructures. Pour Madame Mouassiposso, dans le cadre de l amélioration de l état des infrastructures, la Banque Mondiale devrait mettre l accent sur le projet d amélioration du port de Pointe-Noire et 5

celui de la construction du pont entre Brazzaville et Kinshasa (la RDC constituant un grand marché intégrateur pour la sous-région). Pour Monsieur Mouelé, la facilitation du commerce doit être accompagnée par l appui à la reconstruction d un Etat de droit où la justice doit se faire. Intervenant sur cette même question, Monsieur Mayoukou, a pensé qu il faut libéraliser le marché de l énergie, permettre le développement des énergies propres et transférer les connaissances pour la fabrication des outils techniques notamment photovoltaïques et éoliens. Pour Monsieur Defoundoux, il faut mettre l accent sur la re-minéralisation. Selon lui, il faut réfléchir sur le type de matériaux à utiliser afin de réduire l impact sur le changement climatique. De même, il faut voir le type de financement lié à cette question (le partenariat public-privé serait une option à examiner). Question 4 : comment la Banque Mondiale peut-elle encourager la mise en place des mécanismes de protection sociale qui protègent les Africains les plus vulnérables des crises économiques et sanitaires (VIH/SIDA, malaria, mortalité maternelle, entre autres)? Les propositions suivantes ont été faites sur cette question. Pour Monsieur Osseté : il faut renforcer les capacités de la société civile de tout en tenant compte des effets que peuvent apporter les mutuelles et les tontines. De même, il faut appuyer les programmes gouvernementaux d appui à l assistance sociale. Selon Monsieur Samba : il faut appuyer le secteur informel et cet appui doit intégrer le volet sécurité sociale. Pour Monsieur Mayoukou : il faut promouvoir le système de micro-assurance santé et décès. De même, mettre l accent sur la production des médicaments génériques au niveau national pour permettre les réductions des coûts. Question 5 : que peut faire la Banque Mondiale pour encourager les citoyens, journalistes, médias et organisations de la société civile à exiger une gouvernance et une responsabilité de qualité? Sur cette dernière question, les propositions suivantes ont été faites par les participants. Selon Monsieur Samba : il faut restructurer la formation primaire, secondaire et universitaire. Réintroduire les cours d instruction civique dans l enseignement pour une meilleure intériorisation des principes de base sur l Etat de droit. Pour Monsieur Osseté, il faut mettre à la disposition des acteurs des informations stratégiques, renforcer les capacités des acteurs non étatiques, créer des espaces de concertation et renforcer le rôle et les capacités de la justice et des acteurs non étatiques. Pour Monsieur Defoundoux, la Banque Mondiale doit aider à la réflexion sur la mise en place d un programme de formation et d éducation civique. Pour cet intervenant, il serait important qu au niveau du pays d appuyer les initiatives du Haut Commissariat chargé de l instruction 6

civique et morale, du Ministère de l éducation primaire et secondaire, chargé de l alphabétisation ainsi que celles du Ministère de l éducation civique. En ce qui concerne, les médias, il faut appuyer le recyclage des journalistes, notamment dans les techniques de recherche et d analyse de l information. Pour Monsieur Mayoukou, il faut apporter un appui à la bonne gouvernance, notamment la gouvernance institutionnelle et financière, et appuyer la création des banques de données. De même, il faut renforcer la qualité des services publics, la liberté de la presse et renforcer la qualification des journalistes d investigation. La dernière intervenante, Madame Mouassiposso a proposé le renforcement de la participation de la société civile d une part et permettre à cette même société civile de pouvoir mobiliser les ressources d autre part. Au terme de ces diverses propositions, le facilitateur le Pr Hervé Diata a rappelé que la Banque Mondiale apporte déjà un appui en ce qui concerne la gouvernance au Congo. Passant par la suite la parole au Représentant Résident, ce dernier a remercié les participants pour la qualité des propositions apportées tout en soulignant que certaines d entre elles existent déjà dans les programmes/projets présentement appuyés par la Banque Mondiale. Par ailleurs, ces suggestions devraient permettre de renforcer les acquis et corriger les incohérences. Il a poursuivi son allocution en apportant quelques éclairages et précisions sur certains éléments évoqués par les différents participants. Pour commencer, le Représentant résident a fait remarquer qu actuellement il existe au Congo deux types d instrument d appui aux autorités : tout d abord le financement qui se fait essentiellement sous forme de dons et les prêts ou crédits à des taux concessionnels. De l autre, il y a les aspects de conseils et expertises (c est le cas de l étude sur la croissance économique et l emploi au Congo, en cours de préparation). Par ailleurs au niveau du Congo, les financements de la Banque Mondiale s inscrivent actuellement dans une logique de cofinancement avec les ressources propres du Congo, ce qui permet par ailleurs de renforcer l appropriation nationale. De même, en ce qui concerne la gouvernance, il existe un projet permettant d améliorer la gestion des finances publiques et la lutte contre la corruption. Par ailleurs, au niveau de la question du développement durable, il importe de lier l impact environnemental, économique et social. Il a terminé sur l aspect de l amélioration de l état des infrastructures en notifiant qu il existe des projets portant sur l eau, l électricité et le développement urbain pour le cas particulier du Congo. Après l intervention du Représentant Résident, Il s en est suivi par vidéo conférence la présentation des rapports de synthèse des différents pays, des débats et un mot de clôture par Monsieur Shanta Devarajan, Economiste en Chef de la région Afrique à la Banque Mondiale. Commencée à 10 heures, la conférence a pris fin à 15 heures. 7

Annexe 1 : Synthèse de la restitution des travaux pour la République du Congo Au terme des discussions internes, les participants du Congo ont arrêté les 4 axes stratégiques qui constituent les défis pour la nouvelle Stratégie de la Banque Mondiale pour l Afrique. Il s agit de : Défi 1 : Ressources humaines - Renforcement des capacités et formation professionnelle (au profit des femmes et jeunes notamment) ; - Construction d une société axée sur le savoir (appropriation des techniques et bonnes pratiques) ; - Appui à la mobilité sous-régionale de recyclage (échanges d expérience) ; - Appui à la contribution de la diaspora au développement local ; - Appui aux programmes gouvernementaux d assistance et de protection sociale Défi 2 : Développement des infrastructures - Appui à la mobilisation plus efficace des ressources propres aux Etats (nécessaire pour financer les infrastructures) ; - Appui à la mise en place des infrastructures d intégration régionale ; - Appui à la mise en œuvre des ressources énergétiques (principal obstacle au secteur privé du Congo). Défi 3 : Développement du secteur privé - Appui à la mise en place du système financier intégré (banques et micro-finances) ; - Appui à l entrepreneuriat local (au profit des femmes et des jeunes) ; - Appui au développement des infrastructures énergétiques ; - Appui aux initiatives locales d intégration régionales (pour la fluidité de l information économique et commerciale). Défi 4 : Gouvernance - Appui au renforcement des capacités de la société civile et des communautés locales ; - Appui au renforcement du système judiciaire ; - Appui à la production et publication des informations stratégiques : - Appui à l amélioration de la qualité du service public. 8

Annexe 2 : Liste des participants Noms et Prénoms Fonctions Institutions Participants 1 Raphaël Mokoko Directeur Général du Plan et du Développement Ministère du Plan 2 Antoine Ngakeni Conseiller aux Relations Ministère des Finances, du Financières Internationales Budget et du Portefeuille Public 3 Raymond Ouaya- Coordination du Pôle des Attaché Economique Ouaya Infrastructures de base 4 Honorable Serge Assemblée Nationale Membre Commission Finances Hubert Mouélé 5 Hyacinthe Defoundoux Directeur Association Congolaise pour l Evaluation (Institut Privé) 6 Jean Pierre Makita Président CONADEC (Coordination ONG) 7 Eugène Ossété Président 8 Jean Jacques Samba Secrétaire Général 9 11 Virginie Mouassiposso- Mackonguy Guy Martin Mazoukandji 12 Célestin Mayoukou 13 Mathieu Essango Facilitateur Secrétaire Générale Chargé d'études à la Division des Etudes et de la Prospection Chercheur Consultant en Microfinance/Vacataire Université Marien Ngouabi Directeur de la Programmation et des Investissements Publics CLONG (Coordination ONG) UNICONGO (secteur privé) Association des femmes juristes du Congo (ONG) Banque de Développement des Etats de l Afrique Centrale (BDEAC) Centre d Analyse et de Recherche en Economie (CARE) Ministère de l Economie et du Plan 14 Hervé Diata Doyen de la Faculté des Sciences Economiques Université Marien Ngouabi 15 Rapporteur Bertrand Mafouta Ouatinou Banque mondiale Economiste Chercheur/Responsable Administratif CERAPE (Centre d étude et de Recherche en Analyse de Politique Economique) 16 Midou Ibrahima Représentant Résident Banque mondiale 17 Monthé Bienvenu Biyoudi Economiste Senior 18 Clémentine Maoungou Chargée de Communication Banque mondiale Banque mondiale 9