POURRITURE CUBIQUE SUR LE GRAND MAT DU MARTROGER Chaque année, au moment du carénage, il est fait une inspection de l ensemble du bateau. CONSTAT Nous avons constaté des points de pourriture sur le grand mât, principalement en haut du mât, dans la partie située au dessus du capelage. A de nombreux endroits le tournevis entre dans le bois sans effort et cela sur une hauteur de plus d un mètre. Les points de pourriture comme celui qui est visible sur la photo se trouvent dans la partie du grand mât où sont placé : <= A gauche les poulies du foc et de la trinquette bômée = A droite les trois poulies de la corne de la grand voile <= Emplacement du hauban avant
Il s agit de pourriture cubique (dite aussi pourriture brune) provoquée par des micro organismes qui détruisent la cellulose du bois. Le bois qui présente de la pourriture cubique se colore en brun et se clive selon trois plans orthogonaux et forme des petits cubes plus ou moins réguliers. Le bois perd sa résistance mécanique! Les principaux vecteurs de la pourriture cubique sont : - La mérules pleureuse pour les endroits secs - Le conlophore des caves pour les endroits humides - La lenzite des poutres qui s attaque aux résineux en extérieur - Le gloeophylium qui s attaque aux résineux et aux feuillus à l air libre dans les maisons HISTORIQUE Il faut savoir que le grand mât est en pin sylvestre des Pyrénées (sapin rouge du nord) Il a été installé lors de la première restauration en 1999 soit il y a plus de 16 ans. Lors de la deuxième restauration en 2011, avant le remontage, il a été constaté deux points de pourriture non profond dans la même partie qui on fait l objet de réparation par «remaillage» sur des petites dimensions de l ordre de 100X200 <= Gratté au couteau voici à quoi correspond un des points touchés. Il est clair que le bois restant a perdu une partie de sa résistance mécanique. <= On voit très bien le remaillet effectué lors de le remise du mat en 2011 CONSEQUENCES
Les conséquences sont évidentes : il y a un très grand risque de rupture de cette partie du mât. Une rupture provoquerait une chute brutale de la corne sur le pont du bateau avec de graves conséquences pour l équipage présent et des dégâts importants pour le bateau. Dans un premier temps nous avons pensé qu une réparation de type remaillage était possible (comme celle déjà réalisée en 2011) L examen approfondi du mat montre qu il y a trop d endroits à réparer sur une hauteur de plus d un mètre. On peut penser que c est tout le haut du mat qui est touché. Deux solutions nous semblent envisageables : 1) Réparation du mât en remplaçant toute la partie haute polluée. Ce qui signifie démâter et dénuder la moitié du mât pour un remplacement par about en fuseau de toute la partie haute. 2) Remplacement complet du mât. Ce qui signifie également démâter et dénuder le mât pour servir de modèle au nouveau mât. Nous attendons les couts mais il nous semble qu une grosse réparation du mât va coûter cher pour un résultat moins bon en terme de résistance mécanique. D autant que le mât, âgé de 16 ans, sera sans doute à remplacer dans quelques années. C est pourquoi notre préférence est le remplacement total du mât. ESSENCE UTILISEE POUR LE GRAND MÂT : Essence actuelle du mât : PIN SYLVESTRE (Sapin rouge du nord) Pour des bois arrivés à maturité. Cela peut varier de façon notable selon la provenance et surtout les conditions de croissance des bois Densité : 0,55 ((à humidité 12%) Contrainte de rupture en compression : 50 MPa Contrainte de rupture en flexion statique : 97 MPa Durabilité naturelle : Aux champignons = de moyenne à faible Possibilité : PIN DOUGLAS (PIN D OREGON) Originaire du nord-ouest de l Amérique le DOUGLAS est très utilisé en France.
Les propriétés des bois de plantation européens, jeunes et à croissance rapide sont différentes de celles du PIN OREGON américains, âgé et à croissance lente. Il faut donc bien faire la différence entre le DOUGLAS européen et l OREGON américain très difficile à trouver en France, car protégé. Le PIN D OREGON est imputrescible à cœur. Densité : 0,54 ((à humidité 12%) Contrainte de rupture en compression : 50 MPa Contrainte de rupture en flexion statique : 91 MPa Durabilité naturelle : Aux champignons = de moyenne à faible EPICEA (EPINETTE DE NORVEGE) L épicéa fournit un bon bois mais il est sensible aux attaques de champignons Densité : 0,45 ((à humidité 12%) Contrainte de rupture en compression : 46 MPa Contrainte de rupture en flexion statique : 78 MPa Durabilité naturelle : Aux champignons = faible Classe d emploi : CLASSE 1 MELEZE (PIN DE BRIANCON) Les mélèzes sont les seuls conifères d'europe qui perdent leurs aiguilles en hiver Le bois de mélèze est imputrescible et son bois de cœur est de bonne qualité Densité : 0,60 ((à humidité 12%) Contrainte de rupture en compression : 52 MPa Contrainte de rupture en flexion statique : 90 MPa Durabilité naturelle : Aux champignons = de forte à moyenne Le MELEZE en priorité, ou là défaut le DOUGLAS, nous semblent les bois les mieux appropriés pour un nouveau mât. Pour obtenir un mât neuf il faut prévoir un arbre de 500 mm à la base et 350 mm au sommet en longueur 18 mètres soit plus de 2 M3 et environ 1500 Kg FICHE TECHNIQUE DU MÂT Longueur : 17,10 mètres Diamètre au pied : 310 mm Diamètre à la tête : 220 mm A densité 0,55 cela donne un poids nu de 750 Kg (volume 1,40 M3)