Question N 1 : Question N 2 : Question N 3 : La démence modifie le ressentit de la douleur? La personne démente souffre moins de douleur?

Documents pareils
EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE


Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Migraine et Abus de Médicaments

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Permis de conduire et maladie d Alzheimer. Denise STRUBEL Service de Gérontologie et Prévention du Vieillissement CHU Nîmes

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

Définition, finalités et organisation

7- Les Antiépileptiques

CEPHALEES CHRONIQUES QUOTIDIENNES AVEC ABUS MEDICAMENTEUX

Semaine de la sécurité des patients: novembre 2012

DOCUMENTATION CLINIQUE D UNE CHUTE D UN PATIENT

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Autisme Questions/Réponses

Référentiel Officine

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

La prise en charge de votre maladie de Parkinson

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Compliance (syn. Adhérence - Observance) IFMT-MS-Sémin.Médict.Nov.05 1

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

Etude MAPT (Multidomain Alzheimer Preventive Trial)

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Recommandation Pour La Pratique Clinique

troubles comportementaux aigus et/ou cognitifs tous les intervenants de l entreprise Prise en charge immédiate sur le lieu de travail.

DOSSIER DE SOINS INFIRMIERS

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

SOINS ET ACCOMPAGNEMENTS. Professionnels de la psychiatrie.

L infirmier exerce son métier dans le respect des articles R à R et R à du code de la santé publique.

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Carte de soins et d urgence

mentale Monsieur Falize la création et l utilisation d imagerie interactive, les associations noms-visages, la méthode des lieux.

PRISE EN CHARGE NON MÉDICAMENTEUSE DE LA MALADIE D ALZHEIMER ET DES TROUBLES APPARENTÉS

Plan «Alzheimer et maladies apparentées»

Douleur. et maladies neuromusculaires REPÈRES JANVIER 2012 SAVOIR ET COMPRENDRE

Le bilan neuropsychologique du trouble de l attention. Ania MIRET Montluçon le

Calendrier des formations INTER en 2011

«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

Délivrance de l information à la personne sur son état de santé

Place et conditions de réalisation de la polysomnographie et de la polygraphie respiratoire dans les troubles du sommeil

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Migraine : traitement de la crise. Comment utiliser les triptans?

L articulation Hôpital de jour Accueil de jour

Critères de Choix d une Echelle de Qualité De Vie. Etudes cliniques dans l autisme. Introduction

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

AGRES Hugues IADE RD LA ROCHE / YON

Le Modèle Conceptuel de Virginia Henderson. P. Bordieu (2007)

Comité Départemental de Prévention en Kinésithérapie de la Drôme FORMATIONS KINÉSITHÉRAPEUTES 2013 KINÉ DRÔME PRÉVENTION

La prise en charge d un trouble bipolaire

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

«Politique des ARS pour les seniors»

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

Définition de l Infectiologie

Marquage CE et dispositifs médicaux

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

IMMED Monitoring vidéo porté

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

d évaluation de la toux chez l enfant

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Infirmieres libérales

Formation sur la sécurisation du circuit du médicament

Les différentes maladies du coeur

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

Ordonnance collective

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

Protocole de rééducation des syndromes fémoro-patellaires

Nouvelles addictions. Dr Marie VERSCHAVE Praticien hospitalier Service de médecine interne E et addictologie

Lépine Providence DOSSIER DE PRESSE

LES TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES. Le 2 décembre 2008

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Education Thérapeutique (ETP)

La migraine : quelle prise de tête!

Les tests génétiques à des fins médicales

Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

PRISE EN CHARGE DE LA FIN DE VIE

Dr Laurence FAYARD- JACQUIN Cœurs du Forez Mise à jour

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

admission directe du patient en UNV ou en USINV

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Démence et fin de vie chez la personne âgée

GARANTIE D ASSISTANCE 2015

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

Démarche d évaluation médicale et histoire professionnelle

Consignes de remplissage - Grille de recueil - Thème DAN2

3 ème plan autisme : Point d étape, un an après son annonce

I. Qu est ce qu un SSIAD?

testez-vous! Préparez vos partiels en toute sénérité!

Le dispositif d annonce. Information destinée aux patients atteints de cancer. édition actualisée Octobre 2009

Transcription:

Question N 1 : La démence modifie le ressentit de la douleur? Question N 2 : La personne démente souffre moins de douleur? Question N 3 : Un patient dément non communiquant aura sa douleur méconnue?

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire réel ou potentiel ou décrit en des termes évoquant un tel dommage. SUBJECTIVE ET INDIVIDUELLE

Queneau P, Ostermann G. Le médecin, le malade et la douleur. Tome 1. ED Masson 2004 Le rappel d un fait douloureux dépend de la subjectivité de chacun (cohérente, sur-estimée, sous-estimée). L information est stockée : il est possible de reconnaître avec précision un stimulus nociceptif déjà perçu => Où? Certaines douleurs chroniques = réminiscence de douleurs aiguës en dehors de toute agression tissulaire (exemple : douleur du membre fantôme) la perception de la douleur mobilise les capacités mnésiques

Evaluation et prise en charge thérapeutique de la douleur chez la personne âgée ayant des troubles de la communication verbale. ANAES.Oct 2000 Les personnes totalement non communicantes n existent pas! La communication verbale et raisonnée peut se perdre, la communication par d autres canaux, d autres modalités non verbales, reste possible. On parlera plutôt de personnes NON VERBALISANTES, NON COMPRENANTES ou NON PARTICIPANTES

Pas d étude épidémiologique spécifique à la personne âgée ayant des troubles de la communication verbale. Evaluation et prise en charge thérapeutique de la douleur chez la personne âgée ayant des troubles de la communication verbale. ANAES.Oct 2000 25-50 % de PA douloureuses à domicile 40-70 % de PA douloureuses en institution en fin de vie (60-70% dans le mois qui précède la mort).

D après F.Boureau DOULEUR Mécanismes générateurs Excès de stimulations nociceptives Douleur neurogène Expérience subjective Sensation Cognition Emotion Comportements observables Moteurs Verbaux Physiologiques Psychogène Fact. environnementaux Passés / Présents Familiers - Sociaux - Culturels

Difficulté à: - Identifier la douleur - Analyser la douleur - Réagir à la douleur - Se faire comprendre - QUI VA «DIRE» LA DOULEUR?

Y penser de façon systématique Ecouter (le patient, les proches, les soignants) Et observer.

Démarche classique patient communicant plainte diagnostic évaluation traitement Démarche patient «non communicant» pas de plainte DEPISTAGE diagnostic HETERO EVALUATION traitement évaluation du traitement évaluation du traitement

Patient dément Communicant non communicant plainte Pas de plainte Pas de plainte diagnostic DEPISTAGE

Vigilance ++, en cas de pathologies potentiellement douloureuses! Recherche des antécédents douloureux auprès de l entourage habituel du patient (soignants, famille, aidants). Interrogatoire si encore possible par des questions claires, courtes, positives, au présent de l indicatif, sans interférence. Examen clinique soigneux, appareil par appareil, voire zone par zone.

L observation du COMPORTEMENT est primordiale. Plus la démence est sévère plus la douleur influence les troubles du comportement.

TOUT CHANGEMENT DE COMPORTEMENT DOIT ETRE SUSPECT. Confusion, agitation, régression, prostration. Troubles du sommeil. spontanée de la MOTRICITE (refus de se lever, de marcher). Refus de s alimenter. Refus de soins.

DIFFICILE, mais systématique! Par l intermédiaire d un outil adapté au patient. Avant et après l introduction des antalgiques. Etude du retentissement sur l état psychologique et la qualité de vie.

Considérée comme la meilleure évaluation. Patient = EXPERT. Utilisation d échelles unidimentionnelles. Encore utilisable à un stade peu évolué de la démence. EVA EN EVS

Une personne âgée sur deux ne peut s auto-évaluer. Wary B et al. L évaluation de la douleur chez la personne âgée ayant des troubles cognitifs. La revue de généraliste et de la gérontologie. 2000;64:162-68 50% des P.A. lucides et communicants, ne sont pas capables d utiliser une EVA. Simon AM et al. Évaluation de al douleur chez la personne âgée. La revue du généralise et de la gérontologie.1998;49:6-10

Utilisation d échelles comportementales. Indispensable chez le patient «non communicant». Repose sur l observation et l appréciation du comportement par : les médecins les soignants la famille Nécessite un travail d équipe.

80% des causes des douleurs sont identifiables par une équipe entraînée. La souffrance de l autre doit dépasser ce qui fait norme en nous pour que nous la repérions. Toute anomalie par rapport au bilan initial doit être signalée et analysée.

Mêmes molécules utilisées. Prudence avec les médicaments aggravant un déficit cholinergique. Acupan Antidépresseurs tricycliques Mêmes principes de traitement que chez la P.A. : Importance de l estimation de la CLAIRANCE de la CREATININE. Attention à la polymédication. Attention aux effets secondaires indésirables souvent plus fréquents.

! La population démente est souvent sous traitée. La prescription d antalgiques s avère plus faible chez les patients ayant une altération des fonctions cognitives plus importante. 63,4% des patients atteints de démence décèdent avec un haut niveau d inconfort. Aminoff BZ. Dying dementia patients : too much suffering, too little palliation. Am J Hosp Palliat Care.2005;22(5):344-8

KINESITHERAPIE / MASSAGE RELAXATION SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE

UNE PERSONNE AGEE DOULOUREUSE PRÉSENTANT DES TROUBLES COGNITIFS EST UNE PERSONNE DOULOUREUSE COMME UNE AUTRE La sensibilité à la douleur n est pas modifiée. Un trouble du comportement inhabituel doit justifier d une évaluation de la douleur. Le traitement du syndrome douloureux du dément ne doit souffrir d aucun préjugé, ni d idée reçue afin d obéir aux stratégies à 3 niveaux de l OMS. Agbodjan JE. La douleur de la personne âgée démente en quête d une plus grande légitimité. Revue francophone de gériatrie et de gérontologie. 2003;95:241-43

Prise en charge de la Douleur de la P.A. = Nécessité de Santé Publique. Plan de lutte contre la douleur 2006-2010 : Améliorer la prise en charge des populations les plus vulnérables (personnes handicapées, âgées et en fin de vie). Diffusion d outils d évaluation et d aide à la prescription. Réalisation de formation de sensibilisation dans les établissements hébergeant des P.A. dépendantes et les services de soins à domicile. Importance du soin relationnel attentif