La ferme de Lisa. Rapport de stage en exploitation. Maitre de stage : Mr Laurent VIDEAU



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Transcription:

La ferme de Lisa Rapport de stage en exploitation Maitre de stage : Mr Laurent VIDEAU Sophie LE PAUL ENITA de Bordeaux

Remerciements Il n'est jamais facile pour un étudiant de trouver un stage, c'est pourquoi je remercie la Ferme de Lisa de m'avoir accueillie durant ces quelques semaines. Je tiens à remercier tout particulièrement mon maître de stage Mr VIDEAU qui a su m accorder du temps et répondre à mes nombreuses questions. Je le remercie également pour la confiance qu il m a accordé en me confiant plusieurs travaux en autonomie. Mais également Mme VIDEAU avec qui j ai pu échanger longuement sur de nombreux sujets et qui m a apporté beaucoup d informations clés, qui m ont permises de comprendre au mieux leurs objectifs et leur philosophie. De plus, je souhaite remercier le reste de la famille, notamment les fils de l exploitant avec qui j ai eu l occasion de travailler et qui furent très accueillants, rendant ainsi mon stage non seulement professionnel mais aussi humain. L accueil chaleureux de la famille VIDEAU et toutes les connaissances que j ai pu acquérir au cours de ce stage me laissent un agréable souvenir. 2

1- Analyse globale de l exploitation Localisation Histoire de l exploitation Rapport de stage en exploitation Plan Activités de l exploitation Productions Interactions entre ces productions Mode de conduite Commercialisation Activités de service/accueil Facteurs de production Milieu physique Main d œuvre Equipements Objectifs de l agriculteur Niveau de revenu Organisation du travail Préférences éthiques Environnement socio-économique de l exploitation Les conditions de marché La règlementation Les partenaires techniques Insertion de l exploitation dans le tissu rural Environnement social Analyse synthétique de l exploitation Atouts et contraintes de l exploitation Evaluation de l exploitation Analyse comptable Analyse des forces et faiblesses Recommandations 2- Analyse sectorielle de l atelier élevage de poules pondeuses Opérations de conduite de l atelier Objectifs stratégiques et tactiques Diagnostic sur les résultats Interactions avec les autres productions Etude technico-économique de l atelier 3- Etude thématique Ouverture d un stand de vente Etude de marché Emplacement Les disponibilités en temps Attentes de la clientèle Etude de faisabilité économique Investissements mobiliers et immobiliers Etude technico-économique du projet Conclusion 3

Introduction J ai choisi d effectuer mon stage en exploitation agricole dans l entreprise de Mr Videau, La ferme de Lisa. Souhaitant m orienter vers la filière fruits et légumes, l opportunité de pouvoir faire un stage en maraîchage c est imposée. Mon choix c est porté sur La Ferme de Lisa car c est une exploitation de petite taille, en agriculture biologique et relativement jeune. Le concept d une exploitation à taille humaine, privilégiant la vente de proximité m a tout de suite attiré. De plus, dans l aventure de la Ferme de Lisa, il ne s agit pas seulement d agriculture mais d un état d esprit en accord avec une préservation de l environnement, d un mode de vie sain et un retour aux valeurs les plus nobles de l agriculture. Figure 1 L'une des deux serres chauffées 4

1 Analyse globale de l exploitation Localisation La Ferme de Lisa est située en Centre Bretagne dans le département des Côtes d Armor (22340). Elle fait partie du village de Trébrivan, situé à seulement quelques kilomètres de Carhaix. On note que la Bretagne est la 1ère région française dans la production légumière avec environ 4800 exploitations légumières. Figure 2 Carte de la région Bretagne (source Google Maps) Histoire de l exploitation La Ferme de Lisa est une entreprise individuelle crée en 2007 par Valérie VIDEAU puis reprise en Mars 2009 par son mari Laurent VIDEAU. Avant son arrivée en Bretagne en Avril 2006, la famille habitait en région parisienne, le couple exerçait alors le métier d aide soignant. Mme VIDEAU a donc entrepris en 2007 une formation en aviculture (BPREA avicole) et a débuté son activité d élevage de poules pondeuses afin de pouvoir bénéficier d une production d œufs dans le but de vendre des crêpes sur les marchés. En Mars 2009, Mr VIDEAU reprend l exploitation de sa femme en tant que Jeune Agriculteur (<40 ans), après avoir suivi une formation en maraîchage au cours de l année 2008 (BPREA maraichage). Il rachète alors 30Ha de terre à la SAFER et débute une activité maraîchère sur 1,5Ha, tout en conservant l élevage de poules pondeuses. Aujourd hui l exploitation s étend sur une surface de 31Ha dont 30Ha de SAU. Les productions sont vendues exclusivement par circuits courts, majoritairement en vente directe. 5

Activités de l exploitation Productions o Atelier maraîchage La production maraîchère est la principale production de l exploitation. Elle s étend sur une surface de 1,5Ha de maraîchage plein champ auquel s ajoute 1200 m² de serre. Une grande diversité de légumes sont produits sur l exploitation, pas moins de 20 variétés (Cf. Annexe 1). On retrouve : Courgette, Poireau, Salades, Potirons, Oignons, Echalotes, Tomates, Poivrons, Aubergines, basilic, concombre, betterave, blettes, carottes, pommes de terre Figure 3 Aperçu des différentes productions légumières L exploitant privilégie la diversité et l originalité au travers de la redécouverte de légumes oubliés par les jeunes générations (panais) mais aussi de variétés peu courantes, souvent absentes des rayons de supermarchés (tomate cornue, courgette jaune ) Certains légumes nécessitent d être implanté sous serre, le climat breton et le manque de chaleur ne permettant pas de mener à bien ces cultures. On retrouve les tomates, les concombres, les aubergines, le basilic et les poivrons. La grande majorité des travaux ne sont pas mécanisés, ainsi le semis, la plantation, le bâchage ou le désherbage s effectuent à la main. Les légumes sont arrosés manuellement grâce à un tuyau d arrosage raccordé à une pompe qui puise l eau dans un cours d eau situé en contrebas de l exploitation ou bien sur une citerne elle-même remplie d eau issue du cours d eau. Ainsi, l exploitant paie simplement l électricité nécessaire à l activation de la pompe. Mr Videau envisage d installer un système d irrigation au niveau des 2 serres qu il loue, car l arrosage constitue une charge de temps importante à l échelle journalière. 6

Pour certaines productions légumières, les plants sont réalisés sur l exploitation (poireaux, potiron ), les semences sont achetées à des entreprises locales spécialisées. L exploitant utilise alors du terreau biologique et dans certains cas des godets biodégradables en tourbe. L usage de la mini motteuse est indispensable afin d obtenir des plants bien distincts et sécables. Dans le cas ou la proportion de réussite au semis est trop faible ou lorsque l opération est trop fastidieuse, les plants sont achetés directement à l entreprise, notamment pour les salades ou les choux. Les légumes tels que les salades, les échalotes, oignons, sont bâchés afin d éviter des travaux de désherbages trop fréquents, on limite ainsi le développement des adventices. L exploitant utilise des bâches plastiques perforées, l usage de bâches biodégradable étant trop coûteux. Certains légumes comme les salades ou radis nécessitent l installation d un voile de forçage afin de faciliter la germination et d améliorer la vitesse de croissance des légumes. La parcelle de maraîchage est implantée à des endroits différents chaque année afin de ne pas épuiser le sol et de réduire les risques de maladies. o Atelier élevage poules pondeuses En 2007, l exploitation ne comptait alors que 30 poules puis s est étendue à 100 poules en décembre 2008 lorsque Mme VIDEAU cède l exploitation. A l époque, la production d œufs servait alors à vendre des crêpes sur les marchés. L exploitation compte aujourd hui 500 poules pondeuses, dont 90% de race Rousse et 10% de poules de races rustiques : les Marans et Araucana. Marans est le nom d'une race de poule domestique française issue de la région de la petite ville de Marans (17) aux abords du Marais Poitevin. L'Araucana est une race de poule originaire de la côte ouest de l'amérique du Sud, découverte en 1880 chez les indiens Araucanas au Chili, d'où son nom. Figure 4 Poule de race Marans Figure 5 Poule de race Araucana Les poules sont élevées en plein air sur une surface de 4000 à 5000m², sur laquelle sont disposés 9 poulaillers en bois de 9m² chacun. 7 Figure 6 Parcours des poules pondeuses

o Atelier céréales Sur le site de la Ferme de Lisa on retrouve 10Ha de grandes cultures dont 4Ha d un mélange triticale et pois et 6Ha de triticale d hiver. La totalité de la récolte est conservée sur l exploitation, à destination de l atelier élevage. Les travaux sur ces cultures ne sont pas effectués par le chef d exploitation mais par un prestataire de travaux agricoles. Figure 7 Parcelle en triticale/pois Figure 8 Parcelle en prairie Le prestataire agricole effectue un labour en Janvier avant le semis des céréales de printemps en Février, durant ce mois il y également labour de la parcelle de maraîchage. En Juillet a lieu la récolte des céréales d hiver. En Août, l entreprise effectue la récolte des céréales de printemps ainsi que le stockage et l aplatissage des céréales. En Novembre est effectué un labour en vue du semis des céréales d hiver en Décembre. Le rendement moyen est de 3,4T/Ha soit 34q/Ha ce qui est un bon rendement au vu des statistiques agricoles annuelles 2010 publiées par l agence AGRESTE, la moyenne du rendement en mélange céréalier sur les côtes d Armor étant de 35q/Ha. Dans les années à venir, l exploitant souhaiterait réduire la taille de ses parcelles en y instaurant des haies/talus afin de limiter l impact du vent sur les cultures et de restaurer une flore de micro organismes au sein de la parcelle. La récolte est stockée par l entrepreneur à l extérieur sous une double bâche afin d éviter aux oiseaux de venir la détériorer. Malgré cela, des trous dans la bâche par les oiseaux ont entrainés de la moisissure dans les céréales l an passé. Figure 9 Stockage des céréales 8

On retrouve également 13Ha de prairie, dont 10Ha sont destinés à la vente aux vachers et 3Ha à l élevage de poules pondeuses. La prairie est semée en septembre à la suite d un labour de la parcelle en Août, puis elle est fauchée en Juin. La rotation s effectue sur une durée de 3ans en alternant des céréales et de la prairie. L exploitant en est actuellement à sa première année de rotation. Les années précédentes on aurait pu voir sur l exploitation des cultures d orge ou de sarrasin mais les semences étant trop chères et les récoltes trop aléatoires l exploitant n a pas souhaité poursuivre ces cultures. De plus, ces productions n étaient pas utiles sur la ferme. Interactions entre ces activités Les céréales (triticale/pois) produits sur la ferme servent à l alimentation des poules, l éleveur achète seulement un complément alimentaire à l extérieur, aucune source de protéine n étant produite sur l exploitation. Le foin produit sur l exploitation sert de litière pour les poules et d aliment pour les ânes et la chèvre lorsque l herbe vient à manquer. Poulettes Cooperl Compléments alimentaires Moulin du Poher Semences Céréales Triskalia Triticale/pois Prairie Aliment Litière Elevage de poules pondeuses Fumier Maraîchage Production de légumes Magasins Biocoop Vente directe Site internet KBTP Foin Production d œufs Semences et plants Vachers Magasins Biocoop Vente directe (paniers) Site internet KBTP lkj Technosem, Biosem, AgroSemence Figure 10 Interactions entre les productions 9

Mode de conduite de ces productions : l agriculture biologique Les principes de base appliqués sur la ferme sont : Le maintien et le développement de la fertilité naturelle du sol. «Nourrir le sol pour nourrir la plante». La non utilisation de produits chimiques de synthèse : les méthodes de protection sont basées sur la prévention. Le maintien et le développement d un écosystème diversifié. Le respect des besoins et du bien être des animaux au sein de l élevage. o Maraîchage Les cultures légumières de Mr Videau sont menées en agriculture biologique, cela signifie qu aucun traitement chimique de synthèse n est apporté sur les légumes. Les engrais minéraux, désherbants chimiques, insecticides sont proscrits par le cahier des charges. Or les cultures légumières sont les cibles d insectes ou champignons. Certains légumes y sont plus sensibles que d autres. Les salades, tout comme les pommes de terre ou les tomates sont régulièrement attaquées par le Mildiou (maladie cryptogamique) aux alentours du mois de Juillet, la chaleur et la pluie favorisant le développement du champignon. Ainsi les pommes de terre sont traitées à l aide de bouillie bordelaise (sulfate de cuivre) de juin à juillet, toutes les 2 semaines, durant la période de floraison. Les salades sont aussi la proie des limaces, l exploitant applique donc un anti limace, autorisé en agriculture biologique (15/06 au 15/07 toutes les 2 semaines). Enfin, les choux sont quasi systématiquement attaqués par la piéride, un papillon dont les larves se nourrissent des choux cultivés. L exploitant applique donc de l anti vers a base de la bactérie Bacillus thuringiensis dès le début de la croissance du chou. Aujourd'hui cette bactérie est l'insecticide le plus utilisé au monde en agriculture biologique. Mais il utilise également des méthodes alternatives par l installation de fleurs (œillet d inde, capucine, soucis) à proximité des légumes (pois par exemple), les pucerons s attaque alors aux fleurs et non aux cultures. Ou bien de géranium pour éloigner les mouches. Il instaure également des associations de légumes afin d éviter des pertes de récolte dues aux maladies ou aux ravageurs et de ne pas appauvrir le sol. Une attention particulière est portée aux successions de culture pour les mêmes raisons que celles citées précédemment. 10

Figure 11 Ruche contenant les bourdons Figure 12 Plant de soucis dans la serre L utilisation de bourdons dans les serres permet de favoriser la pollinisation biologique et ainsi améliorer la productivité. Ces dispositifs sont fournis par l entreprise BioBest. Les engrais minéraux étant exclus du cahier des charges, l exploitant applique un engrais organique riche en azote, phosphore et potassium, le Guano, les sols manquant de matières organiques peuvent alors être rendus bien plus productifs. Cet engrais est constitué majoritairement d excréments d oiseaux marins. On note également l utilisation de purin d ortie. Le purin d ortie est riche en azote, c'est tout d'abord un engrais efficace, qui stimule la croissance des plantes et les renforce contre certaines maladies. Ensuite, il présente un caractère répulsif face aux pucerons et aux acariens. Le désherbage est majoritairement manuel sauf dans les inters rangs ou l usage du motoculteur (fraise) est nécessaire. Le binage est également pratiqué. Quand au travail du sol, le prestataire agricole vient effectuer des travaux sur les parcelles maraîchères en utilisant une herse rotative avant chaque période de semis, au mois de février. Son utilité principale est la préparation du lit de semence en brisant les mottes de façon à ce qu'elles deviennent plus fines. o Céréales Aucun engrais minéral n est apporté sur les grandes cultures, seul un apport d amendement organique (fumier) permet d assurer une bonne fertilité des terres. Conformément au cahier des charges de l agriculture biologique, aucun intrant d origine chimique n est apporté sur les cultures. La rotation est un élément essentiel sur une exploitation en agriculture biologique, elle permet de maintenir les sols propres, d améliorer la richesse du sol en intégrant des espèces enrichissantes comme les légumineuses (pois) et enfin de réduire la pression parasitaire et le risque de maladies. 11

o Poules pondeuses Le cahier des charges de l agriculture biologique défend l utilisation d antibiotiques (seul 2 traitements par an autorisés) et d aliments non certifiés biologique pour les élevages. (Cf. Annexe 2) Sur la ferme de Lisa, les poules sont élevées en plein air et nourries de grain concassé (triticale/pois) produit sur la ferme, l aliment est donc biologique, le complément alimentaire est lui aussi certifié biologique. Les poules ne sont pas traitées contre d éventuelles maladies. De plus, la surface de l enclos étant importante (environ 4000m²), les 500 poules disposent d un espace largement supérieur à l espace minimum autorisé par le cahier des charges (6 poules/m² en logement et 4m² de surface disponible par tête pour le parcours extérieur). Enfin, les conditions d éclairage sont parfaitement respectées (sont autorisés un maximum de seize heures de luminosité par jour, avec une période de repos nocturne en continu sans lumière artificielle d au moins huit heures.) Commercialisation o Segment de marché visé L exploitation privilégie la vente de proximité, les circuits courts afin de pouvoir instaurer des relations privilégiées et de confiance avec leurs clients. L objectif premier étant de pouvoir offrir au consommateur des produits locaux et de qualité. La vente de panier de légumes s effectue au travers d une livraison à domicile tous les vendredis matins. Les clients commandent leur panier directement auprès des Videau. Un panier coûte en moyenne 8 et contient environ 4kg de légume. Il existe différents types de paniers : des paniers à 5, 8, 15 ou 20. Exemple de panier: 8 1kg de pomme de terre 4 oignons jaunes 1 botte de blettes 1 salade 1 botte de persil Figure 13 Quelques paniers de légumes 12

Aujourd hui en moyenne 40 paniers de légumes sont vendus chaque semaine contre une moyenne de 20 paniers/semaine en 2010. De plus, les produits de l exploitation sont vendus sur un site internet de vente en ligne, le site Kreiz Breizh Terre Paysanne. Il s agit d une association de 16 producteurs bretons en agriculture biologique ou non, on retrouve par exemple un producteur de porc ou de fromage de chèvre fermier. Les clients peuvent ainsi commander via internet des paniers de légumes ou des œufs de la ferme de Lisa, mais aussi divers produits des autres producteurs et venir chercher leur commande dans les différents points de vente disponibles (l une des 9 exploitations ayant accepté d être un lieu de dépot). Figure 14 Flyer Kreiz Breizh Terre Paysanne Le mardi matin, Mme Videau livre également les magasins Biocoop de Carhaix et de Mellac. Ces magasins vendant exclusivement des produits biologiques sont approvisionnés en œufs ainsi qu en légumes, à raison de 40 à 50 plaques d œufs/semaine pour la Biocoop de Mellac et de 10 plaques d œufs/semaine pour celle de Carhaix. Tout en sachant que les œufs sont vendus au magasin biocoop par la ferme de Lisa au prix de 0,33 l œuf (2 les 6) puis sont revendus en magasin aux clients au prix de 0,38 l œuf (2,28 les 6). Le magasin Biocoop prend donc une marge sur les ventes de 14%, il en est de même pour les prix de vente sur le site Kreiz Breizh Terre Paysanne. Cette marge est justifiée du fait des frais de fonctionnement du magasin, elle n est pas particulièrement élevée. Si le client achète directement à la ferme il trouve donc ses 6 œufs au prix de 2 (0,33 l œuf). Ces prix sont relativement élevés du fait des coûts de production en agriculture biologique et des poules de race rustique dont les œufs ont un coût de revient plus élevé. 13

Si jamais l exploitation ne peut fournir suffisamment de légumes pour approvisionner ces distributeurs, alors elle fait recours à un CAT tout proche (la ferme de Coatrennec) qui possède une exploitation maraichère également en AB et qui vend aux professionnels. Dès Juillet 2011, l exploitation approvisionnera deux restaurants de Carhaix, une pizzeria et une crêperie. Ce qui leur assure des commandes régulières tout au long de la semaine et une bonne publicité dans le cas ou les clients du restaurant sont satisfaits de la qualité des produits. A terme, les Videau aimeraient approvisionner les cantines des écoles primaires alentours, afin d offrir aux enfants scolarisés une alimentation de bonne qualité et les sensibiliser à la préservation de l environnement dès le plus jeune âge. Or les mairies ne sont pas toutes prêtes à investir dans un tel projet, en effet elles devraient financer une partie de la restauration scolaire, l achat de produits locaux leur revenant plus cher et le prix des repas pouvant difficilement être augmenté. o La communication La communication autour de l entreprise s effectue majoritairement par le bouche à oreille mais aussi par des flyers à l effigie de la ferme de Lisa distribués dans des commerces ou lors de manifestations. L exploitation bénéficie d une bonne visibilité grâce au site internet Kreiz Breizh Terre Paysanne. La construction d un site internet propre à la ferme n est pas envisagée actuellement par les exploitants. On note la présence de l exploitation sur les réseaux sociaux (Facebook) ce qui permet à la ferme de se faire connaitre auprès d un public relativement jeune, qui constitue une majorité de sa clientèle. Les 2 ânesses présentes sur la ferme, Lisa et Tara, sont un élement fort de l exploitation car elles en sont les mascottes et permettent ainsi une communication autour des différentes activités de la ferme. Figure 15 Les mascottes de la ferme Enfin, le camion de livraison à l effigie de la ferme permet de faire connaitre l exploitation à l échelle locale. 14

o Partenaires amont Les travaux pour les grandes cultures sont effectués par l entreprise ETA Rundunic. Les fournisseurs de la ferme de Lisa travaillent également dans le strict respect des normes de l agriculture biologique. Pour les semences et plants maraicher, l exploitant se fournit auprès des entreprises Technosem, AgroSemens ou Biosem. Le matériel horticole est acheté chez le fournisseur HortiBreizh. Pour les semences en grandes cultures, Mr Videau se fournit auprès de Triskalia. Les poules sont achetées à la coopérative Cooperl. Les compléments alimentaires pour les poules sont fournis par le Moulin du Poher. o Partenaires aval Les magasins Biocoop de Carhaix et Mellac sont distributeurs des produits de la ferme de Lisa. Les exploitants ne sont tenus à aucune exigence de production, seul un «contrat de confiance» s est installé entre les 2 coopérateurs. Ainsi, dans le cas ou la ferme ne peut fournir de légumes ou du moins pas en quantité suffisante durant un moment, cela ne pose pas de problèmes. Ce qui ne serait pas le cas si les exploitants approvisionnaient des grandes ou moyennes surfaces classiques qui seraient bien plus exigeantes. Les Videau approvisionnent également un magasin de diététique situé à Carhaix «équilibre» mais aussi deux restaurants de la région, aucun contrat n est établi avec ces différents partenaires. Activités de service, d accueil Une fois par an à l occasion d une journée organisée par le GAB 22 (groupement des agriculteurs bio bretons), un petit déjeuner à la ferme est organisé. Contre 5, les visiteurs peuvent apprécier un petit déjeuner biologique à la ferme et visiter la structure, diverses animations sont alors proposées. En 2011, cette opération à eu lieu au moment du week end de la pentecôte, la majorité des personnes venues visitées la ferme n étaient pas des clients habituels. Il s agit donc d un grand événement de communication.. Les années passées les Videau organisaient un marché à la ferme tout les vendredis après midi, mais ils ont arrêtés cette activité depuis 2010 car cela généraient trop de contraintes (présence des clients aux abords de la maison) et demandait beaucoup de temps. A long terme, les Videau envisagent la création de gites sur le site de l exploitation à partir de bâtiments déjà présents, mais dont la rénovation entraine pour le moment trop de frais. 15

Facteurs de production Milieu physique o Sol On retrouve sur l exploitation un sol limoneux profond présentant une bonne réserve utile et un bon potentiel agronomique, avec peu de cailloux et une roche profonde. Mais on observe parfois des affleurements de roche (profondeur de la roche entre 1m et 10 cm). Cultures pratiquées sur ce type de sol : prairies et cultures de vente. Ce type de sol ne nécessite pas d être drainé, en effet la terre s assèche très vite et l exploitant ne fait jamais face à des problèmes d inondation. En effet, l ensemble des parcelles présente une topographie relativement plate. Ce type de sol se travaille facilement mais peut présenter des risques de tassement en conditions humides. On note que Mr Videau n a jamais fait faire aucune étude de son sol. o Climat Le climat du centre Bretagne (Rostrenen) présente une pluviométrie très élevée de l ordre de 1227mm par an en moyenne de précipitations. Les températures sont moyennes avec des minimales de 5,2 C (moyenne mensuelle) et des maximales de 17,5 C. On parle ici de normales saisonnières, soit la valeur moyenne pour les années comprises entre 1991 et 2000 (Source : Météo France). Ce type de climat ne nécessite pas d irrigation des cultures (arrosage) mais le manque de chaleur oblige à cultiver sous serre certaines légumes ou à installer des voiles de forçage. Le risque de gels printanier est existant. On note que la présence d un climat pluvieux et de températures élevées en été est favorable au développement de maladies cryptogamiques telles que le Mildiou. Figure 16 Courbe des précipitations et températures moyennes en Bretagne (Source : Météo France) 16

o Paysage On peut voir sur le plan du parcellaire (Cf. Annexe 3) que les différentes parcelles sont très proches du siège de l exploitation, juste à l arrière de la maison. L enclos des poules est donc très rapidement accessible depuis la maison, ce qui évite une perte de temps, les œufs devant être ramassés plusieurs fois par jour. De plus, les parcelles sont très proches les unes des autres, ce qui facilite le travail. Seule une route sépare les 2 parcelles les plus éloignées du siège de l exploitation. Bien que Mr Videau ne s occupe pas personnellement des parcelles en grandes cultures, il s y rend régulièrement. Il existe 3 îlots sur l exploitation, décomposés en 5 parcelles. Le premier îlot est divisé en 2 parcelles, l une de 3Ha de prairie, l autre de 6Ha de triticale/pois. Cet îlot est le plus loin de l exploitation, il est nécessaire de traverser une route pour y accéder. Le second îlot est divisé en 2 parcelles, l une de 3Ha de prairie, située à proximité du hangar, l autre de 9Ha (comprenant 1Ha de maraichage et 1ha de céréales et 7Ha de prairie). Le troisième îlot est constitué d une parcelle de 4Ha de triticale/pois de l autre coté du hangar. Enfin, on peut observer sur la parcelle la plus proche de l exploitation, l enclos des poules (5000m²), des ânesses et une surface de maraichage (pommes de terre). Main d œuvre o Demande d astreindre Mr Videau est seul avec sa femme sur l exploitation. Mr Videau se chargeant principalement des travaux de maraîchage et Mme Videau de l élevage de poules pondeuses (collecte des œufs) ainsi que de la commercialisation (livraison). On ne compte qu un UTH sur l exploitation. o Demande exceptionnelle : «pics de travail» Durant le mois d avril jusqu à septembre, l exploitant fait appel ponctuellement à des amis qui viennent l aider sur l exploitation. Trois des fils de l exploitant étant encore jeunes, ils habitent sur l exploitation et constituent donc une part importante de la main d œuvre familiale. Ces personnes ne sont pas rémunérées. Les Videau ne souhaitent pas embaucher de salariés car cela génère trop de contraintes et de charges supplémentaires. On note notamment des pics de travail au moment des chantiers de plantation pour les cultures maraîchère (choux, poireaux ) ou lors des grosses récoltes (pommes de terre). Ces périodes se traduisent par une surcharge horaire pour l exploitant du mois d Avril à Octobre. L acquisition de matériel permettrait de travailler plus rapidement et de limiter ainsi les chantiers collectifs d entraide. 17

Equipements o Bâtiments Trois serres sont présentes sur l exploitation pour un total de 1000m². Un tunnel de 400m² est situé sur l exploitation même, à l arrière de la maison, il est présent depuis le début de l activité maraîchage. Mr Videau loue actuellement 2 nouvelles serres, dont la construction vient de s achevée qui sont situées à quelques kilomètres de l exploitation. Ces serres sont chauffées grâce au dégagement de chaleur produit par un méthaniseur appartenant à une exploitation bovine. Un méthaniseur est dans l'agriculture écologique un réservoir de fumier construit de façon que l'on tire un maximum de méthane du fumier en décomposition biologique. Ces serres seront chauffées dès l hiver prochain, d Octobre à Mars. Le propriétaire de l exploitation bovine peut ainsi bénéficier d aide à l installation de son méthaniseur, la chaleur dégagée étant réutilisée. Figure 17 Serre chauffée, située sur un autre site qui celui de l'exploitation Figure 18 Tunnel présent sur le site de l'exploitation Les nouvelles serres n étant pas situées sur l exploitation mais sur une autre commune, cela implique des allers et retours quotidiens sur une dizaine de kilomètres car les légumes doivent être arrosés tout les jours. Pour l élevage des poules, l exploitation compte 9 poulaillers en bois, de 9m² chacun, les poules étant élevées en plein air. A terme, l exploitant souhaiterait investir dans un bâtiment mobile pour les poules. Figure 19 Un poulailler 18

Il existe également un hangar d entreposage de 300m² dans lequel étaient anciennement stockées les céréales. A coté de ce hangar, on retrouve 2 bâtiments en ruine, anciennement des habitations. Les Videau ont envisagé de les rénover afin d en faire des gites mais le coût est trop élevé. o Matériel Matériel Attelage Fonction Tracteur International 75Ch Citerne Arrosage Gyrobroyeur Fauchage des herbes hautes Motoculteur Ferrari Fraise Préparation du sol au semis/plantation Mini motteuse Arracheur de pommes de terre Bineuse Récolte pommes de terre Désherbage Confection des plants «pousse- Semoir pousse» Semis Figure 20 Liste du matériel présent sur l exploitation L exploitation dispose également d un camion de livraison à l effigie de «La ferme de Lisa». Dans les débuts de l exploitation, ce matériel était suffisant et permettait d effectuer tous les travaux, or les surfaces et la demande en production ont évolué petit à petit en augmentant, aujourd hui le matériel n est plus adapté à la taille de l exploitation, il est sous dimensionné. Malgré cela, les équipements permettent un travail efficace et sont adaptés aux conditions de milieu et aux objectifs associés aux cultures. 19

Dès l été 2011, l exploitant souhaite commencer à s équiper afin d améliorer sa productivité au travers d un travail plus rapide et surtout de réduire la pénibilité des travaux. L achat d un semoir adaptable sur le motoculteur, d une bâcheuse, d une bineuse et d un pulvérisateur adaptables sur le tracteur sont envisagés, tout comme l investissement dans une calibreuse pour les œufs. L achat d un rotavator est prévu pour la fin de l été 2011 afin d augmenter la rapidité des travaux qui étaient auparavant effectué à l aide du motoculteur équipé d une fraise. Objectifs stratégiques de l agriculteur Niveau de revenu L exploitation étant encore jeune, il ne s agit pas de l objectif premier des exploitants. En effet, les investissements lourds qu ont nécessité l installation ne permettent pas de dégager de revenus durant les premières années. Malgré cela, le nombre de clients augmentant chaque année, l exploitant pourrait dès les mois à venir, se voir assurer un revenu permettant de faire vivre confortablement toute la famille. L objectif étant de pouvoir réinvestir dans du nouveau matériel afin d améliorer les conditions de travail. Organisation du travail L objectif des Videau en ce qui concerne l organisation du travail est de pouvoir réussir à libérer du temps pour leurs enfants. L exploitant a donc décider d arrêter la vente de crêpe sur les marchés depuis 2 ans afin de pouvoir profiter de week end en famille. Mme Videau s occupant principalement de l élevage des poules et des livraisons qui ont lieu le mardi matin et vendredi matin, cela lui permet de dégager du temps pour sa famille. Matin Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche Livraison panier à domicile + travaux maraîchage Livraison biocoop + restaurants Travaux maraîchage Récolte pour les paniers Livraison des paniers à domicile Travaux maraîchage Aprèsmidi Récolte en vue de la livraison du mardi Travaux maraîchage Travaux maraîchage Préparation des paniers de légumes Rendez vous pour la mise en commun des commandes KBTP Travaux maraîchage Figure 21 Emploi du temps hebdomadaire 20

Les Videau savent qu ils pourraient améliorer leur résultat en étant présent sur les marchés locaux pour vendre des œufs ou bien des légumes, ils pourraient également augmenter considérablement le nombre de paniers vendus en faisant plus de publicité, or ils ont fait le choix de rester une petite structure et de ne pas employer de salariés afin de réussir à conserver du temps libre pour les loisirs et pour la famille. Préférences éthiques Au travers un changement radical de mode de vie en quittant la région parisienne, les Videau on fait le choix de se rapprocher de la nature et d offrir à leurs enfants l environnement et le mode de vie le plus sain possible. En pratiquant une agriculture durable, axée sur la protection de l environnement et sur la production de biens de qualité, leur démarche s inscrit dans une philosophie globale en accord leur volonté de changement. Il s agit de mieux respecter les saisons, les cycles de production et limiter l utilisation d intrants. En privilégiant un mode de commercialisation en accord avec une revalorisation de l agriculture paysanne, les Videau marquent une fois de plus leur engagement dans cette démarche écologique. En effet, le commerce local permet de diminuer l empreinte écologique des produits en limitant le transport, les émissions de gaz à effet de serre de plus, ce mode de distribution contribue à la diminution des emballages inutiles. Enfin, il favorise les rencontres avec les producteurs, car manger un produit local c est rencontrer quelqu un de sa région. Dans un idéal, l objectif de l exploitant serait de réussir à vivre en autonomie en limitant au maximum le nombre d entrées sur la ferme et donc en privilégiant les interactions entre activités. Environnement socio-économique Les conditions de marché Le contexte actuel est favorable au développement de l agriculture biologique et à la vente de proximité. Face aux scandales récents concernant la sécurité alimentaire, le consommateur devient méfiant envers la grande distribution et souhaite être rassuré sur la provenance et donc la qualité de son alimentation. On observe dans les commerces un retour aux produits de terroir, de tradition. Ainsi, l essor de la vente de proximité est fulgurant depuis quelques années, les consommateurs pouvant visualiser d où viennent leurs produits et ainsi être sur de ce qu ils ont dans leur assiette. De plus, la conscience écologique est très présente chez les jeunes génerations qui se tournent vers l agriculture 21

biologique afin de participer à la préservation de l environnement et contribuer à leur bien être physique au travers une alimentation de qualité. Ainsi la demande est très forte et les Videau se voient obliger de refuser de nouveaux clients régulièrement car ils ne peuvent fournir suffisamment. La réglementation Les fondements de l agriculture biologique, basés sur la non utilisation de produits chimiques de synthèse, ont été traduits en des règles rigoureuses : - principes de production, de préparation et d importation, - listes positives de produits utilisables (fertilisation, traitements, transformation ), - définition des pratiques par type d élevage, - principes de contrôle, de certification, de sanction et d étiquetage. Au niveau mondial, le dispositif qui régit l agriculture biologique est le codex alimentarius. Il existe une même réglementation dans toute l union européenne. Le 1er janvier 2009, le règlement (CE) n 834/2007 a remplacé le règlement (CEE) n 2092/91 modifié. Le règlement (CE) n 889/2008 en définit les modalités d'application. Ainsi, un agent envoyé par l organisme certificateur Certipack vient régulièrement sur l exploitation contrôler le bon respect de ces pratiques agricoles. Les partenaires techniques Pour gérer sa comptabilité, l exploitant fait appel au centre de gestion CER, qui lui fournit un bilan comptable chaque année et l aide dans la constitution des dossiers PAC. L exploitant n en étant pas satisfait, il pense à changer d organisme de gestion, ou tout du moins de comptable. Pour la certification en AB, l exploitant fait appel à l organisme Certipack qui effectue des contrôles réguliers des bonnes pratiques agricoles. A l origine, les œufs produits sur la ferme de Lisa portaient la mention Nature et Progrès, qui présente un cahier des charges plus exigent que celui de l agriculture biologique. Mais ce système de fonctionnement ne convenait pas à l exploitant qui a décidé d arrêter de traiter avec cet organisme depuis l année dernière. En effet, il s agit d un système associatif dans lequel les producteurs s autocontrôlent les uns les autres (système participatif de garantie) et cela n assurait pas toujours un bon respect du cahier des charges. 22

Insertion de l exploitation dans le tissu rural La ferme de Lisa est en lien étroit avec les autres producteurs locaux au travers de l association Kreiz Breizh Terre Paysanne. Ce regroupement permet une complémentarité entre les différentes productions qui renforce ainsi l attrait du groupe auprès des consommateurs et donc de chaque producteur en lui procurant une meilleur visibilité. En approvisionnant les restaurants locaux, l exploitation favorise la création d un réseau de proximité entre les différents professionnels du secteur et contribue ainsi au développement rural en participant à la revalorisation d une gastronomie locale de qualité. La ferme de Lisa souhaiterait tisser un lien durable avec les collectivités locales en fournissant les cantines de l école primaire du village, il s agirait la d un vrai projet à l échelle de la municipalité, incluant divers partenaires en faveur d une économie de proximité. On peut également voir la un pas pour le développement rural car cette prestation dans les établissements scolaires permettraient d attirer certaines familles vers des écoles situées hors des grandes agglomérations. L exploitation encourage le travail des artistes locaux en accueillant les membres de l association «le plancher» qui ont élus résidence durant un an sur la ferme. La présence d un photographe, d un écrivain et d un peintre a donné lieu à une restitution des œuvres durant la matinée des petits déjeuners à la ferme qui s est tenue le 5 juin dernier Figure 22 et 23 - Œuvres réalisées par les artistes de l'association "le plancher" sur le site de la ferme Environnement social Le centre Bretagne est une région pionnière en termes d agriculture biologique. En effet, il existe une forte concentration d agriculteurs militant en faveur d une agriculture paysanne en centre Bretagne. On observe alors un réseau d entraide qui se met en place entre agriculteurs partageant les mêmes valeurs. De plus, les consommateurs de la région semblent davantage sensibilisés à ce mode de production. Les Videau n appartiennent à aucun syndicat ou groupement d agriculteurs par manque de temps. 23

Analyse synthétique de l exploitation Atouts et contraintes de l exploitation L exploitant Objectifs - Production de qualité selon les normes de l AB - Acquérir un niveau de revenu permettant des investissements - Fidéliser une clientèle régulière - Vivre au maximum en autonomie - Conserver du temps libre pour la famille L histoire - Exploitation crée en 2007 par Valérie VIDEAU seulement 30 poules pondeuses - Reprise en Mars 2009 par Laurent VIDEAU + acquisition de 30Ha de terres démarrage de l activité maraîchage et grandes cultures + 500 poules pondeuses - Acquisition de 2 nouvelles serres au printemps 2011 Combinaison des productions 1,5 Ha de maraîchage plein champ + 1200m² de serres 500 poules pondeuses élevées en plein air 26Ha de grandes cultures céréalières (triticale/pois) et prairie Environnement socio-économique Marché très porteur forte demande Région sensibilisée à ce type de production environnement social favorable Forte insertion dans le tissu rural bonne visibilité de l exploitation Milieu physique Climat pluvieux et tempéré, pas de besoins en irrigation, pas d inondation, manque d ensoleillement Sol facile à cultiver, bonne rétention en eau, tendance au tassement Atouts et contraintes Main d œuvre Main d œuvre familiale en accord avec la taille de l exploitation Pas de salariés simplification des démarches, gain de temps Equipement Bâtiments Peu de matériel pénibilité et perte de temps Pas de bâtiment pour les poules problème sanitaire et perte de temps Figure 24 Atouts et contraintes de l exploitation 24

Evaluation de l exploitation Rapport de stage en exploitation o Analyse comptable Sur l année 2010, le résultat courant s élève à -4 736, tandis que le résultat d exercice est de -2 736 du fait des aides allouées aux jeunes agriculteurs (2000 ). L excédent brut d exploitation (EBE) s élève à 11 325. Ceci s explique notamment par les nombreux investissements réalisés au cours de l exercice qui génèrent des charges d amortissement (7 557 ), ainsi que par le résultat financier important (8 505 ) car les remboursements d emprunts sont considérables. L EBE atteint 11 325 contre 5 440 en 2009, soit une augmentation de 5 885. Les ventes ont progressée de 12 872 avec une production nette de 53 657 en 2010 contre 41 183 en 2009. Mais cette augmentation ne permet pas de faire face aux dépenses financières de 14 505 et aux prélèvements privés de 10 331. En effet, le remboursement des annuités est de 14 080 en 2010 et les annuités à venir seront supérieur puisqu elles atteignent 20 000 jusqu en 2014. Le taux d endettement est donc de 58% en long terme et de 10% en court terme, ce qui est très élevé. Le total des charges de structure est de 33 325 contre 25 748 en 2009. Ces charges sont constituées pour 26% de charges financières et 23% de charges liées à la mécanisation. En effet, les amortissements sont supérieurs que ce soit en matériel ou en bâtiments. Les charges financières sont celles qui augmentent le plus du fait des remboursements d emprunts plus conséquents. Ces charges semblent inévitables lorsque l on débute une activité quelle qu elle soit, il est nécessaire d investir et cela génère des frais qui ne seront remboursés que quelques années plus tard, lorsque l exploitation affichera un chiffre d affaire permettant à nouveau d investir. La marge brute grande cultures est de 3 999 en 2010, ce qui est nettement inférieur à la marge de 2009 (7 502 ). Ces chiffres s expliquent par le très faible rendement des cultures de sarrasin (marge brute de -849 ), malgré le prix de vente intéressant. Cette culture est aujourd hui arrêtée sur l exploitation. On peut donc supposer que la marge brute en 2011 sera bien plus élevée sur les cultures de triticale/pois (marge brute de 4 115 l an passé). On note que sur les grandes cultures, les charges opérationnelles sont composées de semences et de travaux d entreprises qui sont à peu près de 200 /Ha, ces charges ne pourront être réduites, Mr VIDEAU ne pouvant s occuper lui-même de ces cultures. Les aides allouées par la politique agricole commune (PAC) constituent une source de revenu très importante dans le fonctionnement de l exploitation. En effet, en 2010 ces aides s élèvent à 9 730, constitués uniquement d aides découplées (DPU). A cela s ajoute 5 711 25

de mesures agro environnementales (MAE), aides qui n étaient pas perçues en 2009 car il s agissait du début de l activité. De plus, en 2009 l exploitant cultivait de l orge et du blé noir et bénéficiait donc d aides couplées à la production à hauteur de 1332, ce dont il ne bénéficie plus aujourd hui. 20000 15000 10000 5000 0 Evolution des aides PAC MAE DPU Couplées 2009 2010 Figure 25 Evolution des aides PAC On analyse le positionnement de l exploitation par rapport à la médiane de 4844 exploitations sur la période du 01/11/2009 au 31/10/2010 grâce à des chiffres fournis par le centre de gestion (Source : Bilan comptable CER). On remarque sans surprise que l exploitation de la ferme de Lisa est plus petite en termes de SAU et de main d œuvre, avec une médiane de 54,55Ha de SAU pour 2 employés. La production est également légèrement inférieure à la moyenne, ce qui s explique par les mauvais résultats de 2010 tant pour les céréales, avec un mauvais rendement que pour les poules, avec un fort taux de mortalité. Les investissements de la ferme sont largement supérieurs à la médiane, il s agit en effet d une jeune exploitation. Les aides DPU sont moins conséquentes que pour les autres exploitations, avec une médiane à 16 239 pour le montant total des DPU comptabilisés. L Excédent brut d exploitation (EBE) reste faible par rapport à la moyenne des exploitations agricoles bretonnes avec une moyenne de 47 300 sur l année 2010 (Source : AGRESTE- DRAAF Bretagne). Les résultats moyens d exploitation sur l année 2010 en Bretagne s élèvent à 21 600 contre 16 300 pour le résultat courant, ces chiffres sont donc bien supérieurs à ceux de la ferme de Lisa. (-4 736 pour le résultat d exploitation et -2 736 pour le résultat courant). Or ces chiffres sont difficilement comparables, car la ferme de Lisa est une très jeune entreprise qui supporte des frais et des annuités bien plus élevés que la moyenne des exploitations bretonnes prises en compte dans cette étude. De plus, la ferme de Lisa commence tout juste à prendre ses marques localement et à engendrer un chiffre d affaire important. 26

o Facteurs internes Facteurs externes Forces et faiblesses de l exploitation positifs Grande diversité de productions originalité Bonne productivité Mode de commercialisation attractif Très forte demande du marché Prix de vente élevés négatifs Perte de temps et pénibilité due au manque de mécanisation et d installation Expérience limitée Charges importantes liées au remboursement des emprunts et amortissement du matériel Concurrence avec la grande distribution Secteur qui doit encore faire ses preuves auprès des consommateurs, réticence Opportunités Menaces Forces Volonté d élargir le champ de la commercialisation cantines scolaire, restaurants, stand de vente en bordure de route Obligation de se démarquer par rapport aux GMS nouveaux produits pour le consommateur, ou redécouverte de produits anciens, qualité supérieur et service personnalisé (livraison à domicile) Faiblesses Augmentation de la productivité par l acquisition de matériel libération de temps pour la commercialisation et le temps libre Nécessité de conserver une production de niche à petite échelle en n employant pas de salarié et en n exploitant pas de trop grandes surfaces afin de ne pas concurrencer la GMS et d assurer une clientèle spécifique recherchant un produit de qualité. Figure 26 Matrice SWOT (Forces et faiblesses de l exploitation) o Recommandations Il n est pas évident de formuler des recommandations pour la ferme de Lisa. En effet, les Videau ont déjà un tas de projets en tête et savent ce qui pourrait améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus. Or, durant les 3 premières années de l activité, les investissements sont limités car l exploitation ne dégage que très peu de revenus, la totalité du chiffre d affaire servant à payer les annuités. Ainsi, on peut seulement recommander à l exploitation de prendre ses marques petit à petit, de fidéliser une clientèle et de produire en adéquation avec la demande avant d investir sérieusement, car dans les années à venir les remboursements d emprunts resteront élevés. Il faudra également veiller à garder une exploitation à taille humaine, dimensionnée pour 1 ou 2 UTH, sinon la ferme risque fort de perdre de son attrait. La clientèle semblant rechercher une structure authentique et désirant retrouver l aspect tradition du maraîchage. Si l exploitation venait à s étendre de manière importante, alors les productions augmenteraient et il serait nécessaire d employer des salariés ou de fortement mécaniser ce que l exploitant ne souhaite pas. De plus, la commercialisation en vente directe et la relation clients se verrait détériorée. Seuls les effectifs animaux pourraient être augmentés sans surcharge de travail, permettant ainsi de diminuer la part des charges fixes en faisant des économies d échelles. Enfin, la ferme doit se démarquer au maximum des réseaux de grande distribution en proposant des produits rares, originaux ou anciens. Cette démarche est déjà engagée par l exploitant, tout en 27

pensant que ces produits ont un coût de production, il faut donc également garder une gamme de produits plus classiques afin de conserver des prix de ventes corrects et de satisfaire le plus grand nombre de clients. La ferme pourrait également songer à développer l aspect culturel, peut être en s associant de nouveau avec des associations d artistes. Ces manifestations renforcent la communication autour de la ferme et permettent d attirer une nouvelle clientèle. 2 Analyse sectorielle de l atelier élevage de poules pondeuses En 2010, la filière bretonne d œufs de consommation regroupe, dans 581 exploitations, 18,9 millions de places de pondeuses réparties dans 910 poulaillers. La main d œuvre employée au sein de ces exploitations s élève à 1 013 équivalent-temps plein. On note que le département des Côtes d Armor est le plus important producteur d œufs de consommation en France avec 348 exploitations. Figure 27 Répartition sur le territoire des poules pondeuses en mode de production biologique Source : Agence BIO / OC Opérations de conduite de l atelier Les poules sont nourries de Triticale et de pois concassés auxquels sont ajoutés des compléments alimentaires (soja, pomme de terre ). Ces compléments représentent environ 1/5 de la ration alimentaire des poules. Les poules sont nourries une fois par semaine, à raison de 500kg/semaine, soit 1kg/poule/semaine. 28

Les poules ne sont réformées qu au bout de 3ans, elles effectuent une mue, contre 9 mois en moyenne pour des poules élevées en batterie. Les poules pondent en continue au cours de l année, sauf en période de mue car leur aliment est toujours le même (apport de protéines) et elles bénéficient de 16h de lumière par jour en toutes saisons car les poulaillers sont équipés de lampes en hiver. En effet, la lumière et l alimentation sont les éléments prépondérants dans la production d œufs. Il faut savoir qu environ 200 poules par an sont achetées à la coopérative Cooperl. Les poules achetées n étant pas systématiquement biologiques, il est alors nécessaire de les convertir ce qui demande environ 6 mois, pendant lesquels la production n est pas vendue, les œufs servent alors à nourrir les cochons. Pendant cette période, les poules en «transition» sont nourries avec de l aliment biologique. Les poules sont parfois victimes d épidémie, dues à des parasites digestifs mais le taux de mortalité n atteint pas un seuil justifiant l usage d antibiotiques, sauf en 2010 ou le taux de mortalité aurait justifié un traitement (41%). Objectifs stratégiques et tactiques Les Videau ont choisi d élever des poules de race rustique dans l objectif de préserver les races anciennes (biodiversité) mais aussi de diversifier leur production d œufs et de se différencier. Ils offrent au client de l originalité, au travers d œufs bleus ou marron que l on n a pas l habitude de voir dans les rayons des grandes surfaces. Mais contrairement aux poules rousses communes, ces races n ont pas été sélectionnées pour leur productivité. En effet, les Araucana ne pondent que lorsque la température extérieure est supérieur à 20 C soit quelques mois dans l année. Malgré cela, la présence d œufs issus de poules de race rustique apporte une valeur ajoutée sur la production totale qui se vend plus chère que celle des autres producteurs, ces œufs ayant un coût de production plus élevé. L exploitant envisage d investir dans un bâtiment mobile afin d éviter une perte de temps lors de la récolte des œufs et de collecter des œufs propres car ils n auront pas séjourné dans la paille et n auront pas été couvé. De plus, la présence d un bâtiment adapté éviterait les risques de maladies respiratoires dont les poules sont très régulièrement victimes à cause de l humidité dans les poulaillers. Ces maladies se manifestent par la ponte d œufs difformes, ce qui ne pose pas de problèmes à la vente. Enfin, si une épidémie survenait, le fait de pouvoir changer le bâtiment de place limiterait la propagation de la maladie, et permettrait ainsi de limiter les pertes. A terme, l exploitant souhaiterait modifier le mode de conduite de l atelier élevage afin de pouvoir profiter d un mois de vacances. Car dans l état actuel, l atelier génère trop de contraintes. En effet, les mangeoires sont remplies 4 fois par mois et les poulaillers nettoyés 29

tous les mois. Mais la collecte d œufs doit obligatoirement s effectuée 2 fois par jour, ce qui restreint inévitablement les départs en vacances. Il s agirait de réformer les poules au bout de 11 mois et non plus 3 ans, laissant ainsi un mois de libre à l exploitant entre les 2 lots de poules. Diagnostic sur les résultats Les poules produisent en moyenne 300 œufs par jour soit 110 000 œufs par an ou 220oeufs/poule/an. Si l on compare ces résultats aux statistiques agricoles annuelles publiées par l agence AGRESTE sur l année 2010 alors on s aperçoit qu il s agit ici d un rendement moyen en œufs de consommation. En effet, la moyenne en Bretagne s élève à 300 œufs/pondeuse/an. Les conditions météorologiques n étant pas toujours bonnes les mois d hiver, cela affecte les poules qui sont élevées en plein air. En effet, l énergie allouée à la production de chaleur ne l est pas pour la production d œufs, de même pour l énergie que les poules dépensent à courir dehors. De plus, les traitements antibiotiques étant interdits (seul 2 par an) en production biologique, les poules ne sont pas traitées de manière préventive, contrairement à du conventionnel, ce qui entraine un taux de mortalité plus élevé en cas d épidémie. Ce taux est également lié à l humidité qui règne dans les poulaillers en bois, les poules étant sujettent aux infections respiratoires (bronchite, rhino-pharyngite) pouvant causer leur mort. Enfin, on sait que les poules de race rustique produisent moins que les poules de race commune et pas toute l année, ce qui explique ces chiffres. Figure 28 Stockage des œufs prêts à la vente Interaction avec les autres productions La quasi totalité des aliments pour l élevage est donc produit sur l exploitation (mélange triticale/pois). En effet, l absence d apport protéique sur l exploitation oblige l exploitant à acheter des compléments alimentaires à l extérieur (Moulin du Poher). La production des aliments d élevage sur la ferme permet une économie importante, en effet l achat d une tonne de céréales couterait environ 600 à 800 contre 350 si ils sont produits sur l exploitation. 30

Le foin servant de litière pour les poules est entièrement produit sur l exploitation. A terme, l exploitant souhaiterait implanter de la féverole afin d obtenir un apport protéique pour l élevage et de ne pas avoir à acheter de complément alimentaire. Etude technico-économique de l atelier Charges Céréales et aliments 300-350 /tonne 3660 /an produits Aliments concentrés 600 /T 7052 /an achetés Poulette 4,74 * 500 2370 /an Foin en botte 0,90 /botte * 730 657 /an Boite à œufs (pour 0,10 * (110 000/6) 605 /an 6oeufs) Frais d élevage 148,50 /100poules 742,5 /an Total des charges opérationnelles 15 086,5 Produits Vente d œufs de consommation 0,33 l œuf * 110 000 36 666,66 Total des produits 36 666,66 Marge brute prévisionnelle 2011 36 666,66-15 086,5 = 21 580, soit une marge brut de 0,19 par œuf, soit une marge brute de 1758 par mois. La marge brute en 2011 est bien plus élevée que sur l exercice 2010, avec 21 580 en 2011 contre 5 690 en 2010. La marge brute par œuf était de 0,098 par œuf en 2010, elle a doublé. Ces chiffres s expliquent par le fait qu en 2010, le taux de mortalité des poules était très élevé (41%), ainsi la production sur l année était nettement inférieure (de l ordre de 580 œufs vendus sur l exercice) et donc la production nette fut moins bonne, 15 449. En effet, une épidémie est survenue et l exploitant n a pas souhaité traiter ses poules. De plus, les charges étaient élevées en 2010 concernant l alimentation des poules car le rendement en céréales produits sur l exploitation fut faible et la récolte n a pas suffi à nourrir les poules, il a fallu acheter des céréales ce qui augmente considérablement les charges, le prix des céréales étant très élevé. On peut estimer que l achat à venir d un bâtiment mobile pour les poules améliorera les conditions de logement et ainsi on observera une diminution du taux de mortalité (5% en 2011 et une prévision de 2% avec l installation du bâtiment) et donc une meilleure production sur l exercice 2012. (Figure 29) 31

600 500 400 300 200 100 0 300 Evolution des productions 57 400 145 500 220 2009 2010 2011 Nombre de poules nombre d'œufs par pondeuse Figure 29 Evolutions des productions De plus, les charges attribuées à l achat de compléments alimentaires pourraient être diminuées si l exploitant envisage d installer une culture de féverole qui constituerait un apport protéique dans l alimentation des poules et lui éviterait ainsi d avoir à acheter de l aliment. Ainsi, l atelier élevage constitue une part importante du chiffre d affaire économique (Figure 30) et la production va être croissante dans les années à venir. C est pourquoi les investissements sont nécessaires dans du bâtiment et l objectif d une plus grande autonomie pourrait être atteint en produisant la totalité des aliments d élevage sur l exploitation. Enfin, en augmentant l effectif des poules (jusqu'à 600, soit la capacité du futur bâtiment), l exploitant pourrait réduire ses charges fixes sur l atelier. Répartition du chiffre d'affaires économique en 2010 DPU/MAE 20% Céréales 15% autre cultures 3% légumes de plein champ 25% œufs de consommation 37% Figure 30 Répartition du chiffre d affaire économique en 2010 32