EPIDÉMIE DE GRIPPE EN UNITÉ DE SOIN

Documents pareils
Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

BMR/ BHR en EHPAD Prise en charge des résidents

Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

FAIRE FAIRE DES ECONOMIES A VOTRE ETABLISSEMENT:

Jean-Christophe Richard Véronique Merle CHU de Rouen

Définition de l Infectiologie

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

Détection et prise en charge de la résistance aux antirétroviraux

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Référentiel Officine

RESPONSABILITÉ INDEMNITAIRE

L ANGINE. A Epidémiologie :

URGENCE HUMANITAIRE LES 10 COMMANDEMENTS

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

Vertiges et étourdissements :

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

LES ACCIDENTS D EXPOSITION AU RISQUE VIRAL Prise en charge & Prévention

Le don de moelle osseuse :

Annales du Contrôle National de Qualité des Analyses de Biologie Médicale

O R M A T I O N PLAN D ACTIONS RÉGIONALES 2015 EN 7 AXES CENTRE

Vaccination contre la grippe saisonnière

Application DCC Réseau ONCOLIE --- Application DMI Réseau Gérontologique de Baumes Les Dames ---- Application RAPID Réseau RAPIDFR-NAT

EVALUER LA MAITRISE DU RISQUE INFECTIEUX EN EHPAD

Carte de soins et d urgence

Chapitre VI : Gestion des risques épidémiques

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

Insuffisance cardiaque et télémédecine: Exemple du Projet E care : prise en charge à domicile des insuffisants cardiaques en stade III

Les conséquences sanitaires de l accident de Fukushima Dai-ichi : point de situation en février 2012

Essais cliniques de phase 0 : état de la littérature

«Politique des ARS pour les seniors»

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

Plan «Alzheimer et maladies apparentées»

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

Quelles sont les maladies hautement contagieuses susceptibles d être hospitalisées en réanimation en France?

Apport de la biologie moléculaire au diagnostic des parasitoses

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

Migraine et Abus de Médicaments

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Sélection et Évaluation Quantitative des Médicaments pour la Prise en Charge du VIH/SIDA. Sophie Logez, OMS/PSM Addis Abeba, Ethiopie, Février 2005

Hygiène Bucco Dentaire en EHPAD. 1 ère Réunion du groupe de travail régional «Espace Le Bien Vieillir» Angers Le 19 Janvier 2012

Gestion de la crise sanitaire grippe A

Pour JANVIER 2010 : EPREUVE ECRITE du DF1 :

Traitement antibiotique probabiliste des urétrites et cervicites non compliquées

Profil médico-économique de plerixafor en remobilisation dans le myélome multiple

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

PRISE EN CHARGE D'UN PATIENT ATTEINT OU SUSPECT DE CLOSTRIDIUM DIFFICILE

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Diagnostic des Hépatites virales B et C. P. Trimoulet Laboratoire de Virologie, CHU de Bordeaux

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

Les Infections Associées aux Soins

Pour certains, la maladie est assimilée à une faiblesse (consulter constitue un aveu de défaillance physique).

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Infection VIH et Grossesse Rédigée par : Laurichesse Hélène, C Jacomet

GESTION DES RISQUES Cartographie COVIRISQ

BILLON, C. BURNAT, S.DELLION C. FORTAT, M. PALOMINO O. PATEY

PROJET DE MEDECINE A. HISTOIRE ET PROJET DE L ETABLISSEMENT ET DU SERVICE

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

BURN OUT DES PROFESSIONNELS DE SANTE. Et Hygiène? Dr JC Perréand-Centre Hospitalier Valence

GHUPC Projet de transformation du site Hôtel Dieu. Pr S CHAUSSADE, Dr I. FERRAND

MASTER (M2) MANAGEMENT DU SOCIAL ET DE LA SANTÉ

Marseille 25 octobre 2012 Accompagnement du traitement chez les co-infectés VHC-VIH en pratique

Item 127 : Transplantation d'organes

évaluation des risques professionnels

Epidémiologie appliquée aux sciences vétérinaires DES DAOA DES - DEA


Lépine Providence DOSSIER DE PRESSE

Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum Q19. Psychiatrie adulte Module D Pr Jean Louis Senon Année universitaire

La Pharmacie Clinique en Belgique : Pratique et Formation

Méthode et exemples d application. Congrès SFSE - Jeudi 15 décembre 2011

La stratégie de maîtrise des BHRe est-elle coût-efficace? Gabriel Birgand

Formation sur la sécurisation du circuit du médicament

MINISTERE DE LA SANTE, DE LA FAMILLE ET DES PERSONNES HANDICAPEES

Stratégies de dépistage des bactéries multirésistantes. Qui? Pourquoi? Comment? Après? L exemple des MRSA

STOP à la Transmission des microorganismes!

Mise en place de référents grippe au sein d un centre hospitalier

Présentation des intervenants et modérateurs

RÉFÉRENCES ET RECOMMANDATIONS MEDICALES

First do no harm Hippocrates ( BC)

ACCUEIL DE JOUR ET HEBERGEMENT TEMPORAIRE POUR PERSONNES AGEES EN POITOU-CHARENTES

Note de recommandation Médecins du Monde. Concertation sur la Réforme de l Asile. Octobre 2013

Evaluation des coûts de dépistage d Entérocoques Résistants aux Glycopeptides : Résultats préliminaires

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

NEPALE NORD ESSONNE PALLIATIF

I. Qu est ce qu un SSIAD?

Vaccinations. Actualités et perspectives

Définition, finalités et organisation

Calendrier des formations INTER en 2011

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Transcription:

EPIDÉMIE DE GRIPPE EN UNITÉ DE SOIN DE LONGUE DURÉE ET EHPAD : ANALYSE MÉDICO-FINANCIÈRE L. MARI 1-2, V. CHAU 3, L. ADJEMOUT 3, L. FUSTIER 2, O. BELLON 2 EHPAD (1), unité d hygiène (2), unité de long séjour (3), Centre Gérontologique Départemental, Marseille France 1

Introduction Centre gérontologique départemental est une structure pavillonnaire avec entre autre 120 lits d USLD et 240 lits d EHPAD Depuis 20 ans aucune épidémie de grippe, seuls des cas isolés ont été constatés Rapporté à une vaccination systématique des patients, des rappels informatisés dans le dossier patient et une unité d hygiène et un CLIN actifs Du 10 janvier au 29 février 2012, 70 cas de grippe possiblement acquises dans le centre ont été constatés (52 résidents et 18 personnels). 2 Une analyse médico-financière a été faite.

10 janvier : Début de l épidémie (USLD) une patiente, épisode de décompensation cardio respiratoire fébrile (cas isolé aux deux sens du terme) Dans la période du 25 janvier 4 patients (deux unités de l USLD) présentant soit des hyperthermies soit des syndromes respiratoire associés à des myalgies, (patients vaccinés contre la grippe,) la semaine suivante 14 nouveaux cas apparaissent dans les trois unités : la première demande de tests rapides est faite chez 5 patients. les 5 prélèvements faits par TDR sont négatifs infection respiratoire aigue virale à virus autre que le virus grippal test rapides sont effectués par un biologiste habitué aux prélèvements et a leur technique 3

Début de l épidémie (USLD) La semaine suivante 14 nouveaux cas surviennent dont 12 dans l unité 1 : 5 nouveaux TDR sont faits et reviennent a nouveau négatifs. Devant la sévérité de certains cas, une analyse par biologie moléculaire est demandée avec recherche de virus agents d infection respiratoires : le diagnostic revient positif pour un virus grippal de type A (H3N2) Sur 22 prélèvements réalisés - 13 reviennent positifs - 11 pour la grippe H3N2-2 pour le VRS 4 malades décéderont. 4

Diffusion de l épidémie Trois semaines après le début de l épidémie, dans un autre bâtiment de la structure (EHPAD) surviennent des cas groupes de syndrome grippal, en trois semaines 27 infections seront diagnostiquées sur cette unité de 40 lits et on déplorera 1 décès. On ne constatera pas de nouvelles épidémies dans les autres bâtiments de la structure. 5

Mesures mises en place Dès le début du constat des cas groupés les mesures barrières : installation de portiques pour le matériel nécessaire pour la mise en place des précautions complémentaires. L information des familles a été effectuée par voie d affiches et information directe par le personnel. Les mouvements limités internes (animations, regroupements dans les salles communes) et externes (sorties d animation) ont été annulées ainsi que les mouvements interpavillons. Les entrée de nouveaux patients arrêtées. Les patients ont été traité par Tamiflu (curatif et prophylaxie selon les patients) en plus des thérapeutiques 6 nécessitées par l état clinique.

USLD : Au niveau épidémiologique - taux d attaque (TA) de 44% pour les résidents - TA 20% pour le personnel - TA variable en fonction des trois unités de l USLD atteintes - USLD1 55%, - USLD2 18% - USLD3 58%. EHPAD : - TA 38% pour les résidents - TA 25 % pour les soignants 7

Couverture vaccinale Pour le personnel échec des différents modes de sensibilisation 76 agents sont vaccinés sur les 630. seuls 20% des agents étaient vaccinés dans les unités touchées 33% en EHPAD 14% en USLD efficacité vaccinale : 1 malade chez les 24 vaccinés 28 malades chez les 96 non vaccinés TA 29% chez les non vaccinés TA seulement 4% chez les vaccinés 8

Couverture vaccinale Pour les patients : vaccination en fait pas si systématique que cela. 97 % en EHPAD 73% en fait en USLD couverture plus importante efficacité vaccinale chez les patients et bien plus limitée TA 48% chez les vaccinés TA 44% chez les non vaccinés.. 9

Hypothèses de diffusion retenues l atypie des signes cliniques chez le sujet âgé, la négativité des tests rapides pourtant bien prélevés par du personnel habilité et habitué, la fausse sécurité de la vaccination systématique des résidents le faible taux de vaccination des soignants, l efficacité partielle de la vaccination chez les personnes âgées et sur cette souche virale les mouvements fréquents du personnel, les déambulations et contacts fréquents des résidents et visiteurs, le respect et le maintien difficile des mesures de contrôle chez ces patients âgés et parfois désorientés le respect des mesures contrôles difficile avec certains visiteurs. 10

Cout des épisodes Le cout total de ces épisodes a été évalué à 25889 - masques : 5106, - médicaments : 4526, - personnel : 5863. Certaines conséquences sont mal quantifiables : - isolement des patients (au sens psychologique.) - aggravation des troubles psychomoteurs ++++ - épuisement des équipes par surcroit de travail précautions complémentaires, patients infectés donc traitements supplémentaires, arrêt des déplacements des patients donc accroissement des déplacements du personnel 11 - problème de l image de marque de la structure

Conclusion Une re-sensibilisation à la vaccination a été faite ainsi qu un rappel des précautions à respecter pour tout patient présentant une infection respiratoire (même lorsqu il est vacciné) aussi bien dans l application des précautions de soin que dans le diagnostic étiologique. Il est important de se rappeler que la biologie n est qu une aide au diagnostic et que la qualité de ces résultats dépends étroitement de la qualité des analyses et de la qualité des prélèvements et qu il faut savoir demander d autres analyses de confirmation pour étayer un diagnostic clinique qui semble cohérent. 12