GÉRER Business Intelligence vos données ont du 32 l ie n 61 l septembre-octobre 2012
Par Guillaume Poulain : potentiel cartographique Apporter une couche de cartographie à une solution de Business Intelligence peut s avérer très bénéfique pour l entreprise. Cet outil d aide à la décision augmente considérablement la productivité et interagit avec les histogrammes traditionnels. Le Web Mapping permet en outre de mettre en lumière les données du système d information ayant du potentiel de représentation graphique. Elles sont plus nombreuses qu il n y paraît et ce n est qu un début... Les historiens semblent s accorder sur le fait que l invention de la cartographie est plus ancienne que celle de l écriture. Des croquis de territoires ressemblant fortement à des cartes furent retrouvés dans nombre de grottes préhistoriques et, trente siècles avant notre ère, des tablettes d argile servaient déjà à graver les itinéraires! Aussi vieille soit-elle, la carte a toujours été à la fois un outil utilitaire et une représentation du monde. Un peu comme aujourd hui. Et nous n avons pas fini d y avoir recours, notamment dans le milieu professionnel. Sites d offices de tourisme et de transports publics, applications mobiles les cartes interactives sont souvent mises à la disposition du public car il sait les manipuler. Internet a bien sûr joué un rôle majeur dans la démocratisation de la carte et de ses codes, notamment Google Maps. La cartographie est entrée dans les mœurs, affirme Damien Palvadeau, ingénieur d affaires chez Business Geografic. Cet éditeur de logiciels, filiale du groupe Ciril, est de plus en plus sollicité par les entreprises pour intégrer des méthodes de visualisation au sein de leur système d information. La puissance de la cartographie Spécialisé dans le développement de progiciels de gestion des collectivités locales et territoriales, Ciril a fait un double constat au début des années 2000. D une part, les clients disposaient de beaucoup de données territoriales dont ils avaient besoin pour gérer leurs missions : assainissement de l eau, gestion des cadastres, etc. D autre part, il y avait une forte hétérogénéité dans ces données, ce qui représentait une contrainte de taille pour leur exploitation. Ciril a donc voulu créer une solution qui prenne en charge l ensemble de ces formats en proposant une visualisation cartographique. La société a investi en Recherche et Développement et les technologies Aigle ont vu le jour, explique Damien Palvadeau. Business Geografic est née par la suite pour démocratiser la cartographie et l usage des Systèmes d Information Géographiques (SIG) auprès des collectivités, le marché d origine de Ciril, et du secteur privé. Aujourd hui, trente personnes sont dédiées aux SIG dans cette entreprise qui propose depuis 2005 d apporter une couche cartographique aux solutions de Business Intelligence. Outre la gamme de solutions métiers AIGLE, Business Geographic a conçu GeoBI et GeoQlick, qui s adaptent respectivement à SAP et QlickView. L éditeur envisage de collaborer avec d autres acteurs de la Business Technology comme Cognos (IBM) et Microsoft afin de répondre aux attentes du marché. Avec une règle d or : Nous ne ferons aucune concession sur la facilité d utilisation. Un marché plein d avenir Esri France et Business Geographic, deux fournisseurs majeurs de SIG en France, l affirment : la cartographie sera bientôt omniprésente dans l univers grand public et professionnel. Selon une étude menée par Ciril, 80 % des données de ses clients ont un potentiel de représentation graphique. Toutes ces informations pourraient prendre du sens et de la valeur grâce aux cartes qui facilitent allégrement leur assimilation. Concernant la Business Intelligence, les principaux bénéfices sont les gains de ie n 61 l septembre-octobre 2012 l 33
GÉRER temps et d efficacité, poursuit Damien Palvadeau. On peut avoir une vision globale de l Europe, par exemple, puis creuser la donnée en zoomant sur l Espagne, puis sur une région et les villes. Que ce soit pour la sectorisation, l organisation commerciale ou l observation des densités sur des zones précises, les codes couleurs des cartes permettent de comprendre une situation bien plus rapidement qu avec n importe quel autre panel d outils indispensables aux acteurs économiques. Par sa capacité à rendre l information visuelle évidente, la cartographie pourrait compléter cet arsenal destiné aux décideurs. Du public au privé Les clients du privé utilisant la cartographie dans la Business Intelligence sont généralement des entreprises ayant une présence nationale ou internationale. La Créer une carte en trois étapes Généralement, dans chaque entreprise, le développement des cartes est confié à un groupe de référents, mais Business Geographic a rendu leur élaboration très accessible. 1 Choisir la donnée que l on souhaite étudier et la carte à utiliser. Exemple : le chiffre d affaires et les départements français. 2 Déterminer la manière dont l information doit être visualisée. Exemple : lorsque le chiffre d affaires sera supérieur à X, on l affichera en vert. Sinon, en rouge. 3 Choisir le mode de diffusion de la carte auprès des décideurs. Exemple : envoyer un lien Internet pour accéder au dashboard. Quand le rapport est à la disposition du décideur, celui-ci peut l affiner et créer ses propres requêtes simplement en cliquant sur des boutons. C est ainsi que l on démocratise l outil. En général, créer une carte nécessite quelques jours ou quelques semaines pour les cas les plus complexes. Damien Palvadeau, Ingénieur d affaires chez Business Geografic élément de représentation. La cartographie va de pair avec les histogrammes et autres graphiques et tous ces éléments de représentation doivent interagir entre eux. En effet, les outils de Business Intelligence ont habitué les entreprises à obtenir des informations précieuses ou à déceler des opportunités en croisant les données. Là, encore, la cartographie simplifie une partie de ces tâches. Et c est de bon augure puisque le volume des données à analyser augmentera de manière exponentielle au fil du temps au même titre que le nombre de formats. Les entreprises réfléchissent actuellement à leur stratégie digitale pour tirer profit du Big Data, un phénomène inévitable qui offrira des opportunités de Business aux entreprises qui sauront l exploiter. Les logiciels capables de récolter, trier, analyser les données font d ores et déjà partie du EN CE MOMENT, NOS CLIENTS REDIMENSIONNENT LEURS APPLICATIONS POUR LES APPAREILS MOBILES. DEMAIN, ILS AURONT AU CREUX DE LEUR MAIN TOUTE L INTELLIGENCE DE LEUR ENTREPRISE représentation des résultats, des potentiels et des clients font partie des besoins les plus répandus. Le monde de la logistique y perçoit également de précieux intérêts puisque les sociétés peuvent optimiser les tournées en croisant des informations telles que les lieux et heures de livraison, le trafic routier, le prix de l essence, etc. Mais la pénétration du secteur privé demandera un certain temps, selon Jean-Michel Jurbert, directeur de marché chez SAP. Tout le monde est prudent, ce n est plus comme au début des années 2000 où les investissements étaient flamboyants, rappelle-t-il. Et de nuancer : Mais les entreprises sont intéressées par ces outils, notamment au niveau marketing. Les équipes visualiseront en un clin d œil les zones couvertes et non couvertes par leur réseau de distribution ou leur marque. Elles pourront par exemple 34 l ie n 61 l septembre-octobre 2012
Alexandre Gultzgoff, DSI de Sanofi Pasteur MSD L informatique doit bien comprendre les besoins du Business Issue de la joint-venture de deux fabricants de vaccins, Sanofi Pasteur MSD est la seule société au monde à être uniquement dédiée à la distribution des vaccins. L industrie de la pharmacie change beaucoup et connaît une actualité dense, de la crise économique à la crise de crédibilité suite à des affaires qu ont connues certains laboratoires. Ces facteurs, ajoutés à d autres, nous imposent de revoir nos modèles commerciaux. Nous devons donc mieux connaître nos clients, c est-à-dire les médecins qui prescrivent nos vaccins. Notre industrie nous imposant d être à la pointe dans nos stratégies et dans l usage des outils, nous recourrons à la Business Intelligence depuis très longtemps et à la cartographie depuis 5 ans. Chez nous, une centaine d utilisateurs finaux utilisent en fonction de leur département la solution GeoQlick ou GeoBI, toutes deux éditées par Business Geographic. Ces solutions d aide à la décision sont également des outils de communication pour les chefs de région. Plus spécifiquement, une à deux fois par an, nous faisons du géomarketing avec l application géo-décisionnelle GeoQlik pour déterminer le potentiel des médecins. On tient ainsi les caractéristiques des zones qui nous intéressent. Dès lors, nous savons quels sont les médecins que nous devons visiter pour promouvoir nos produits. C est une manière de compléter la Business Intelligence. D une manière générale, ces solutions de cartographie permettent à Sanofi Pasteur MSD d améliorer l impact des actions commerciales, de suivre et d optimiser la production et la distribution des vaccins. Depuis l époque où nous nous sommes équipés de tels outils, les outils et les usages se sont développés. Le fruit de la réussite réside dans une parfaite collaboration entre les équipes techniques et Business : l informatique doit bien comprendre les besoins du Business pour configurer une solution pertinente. ie n 61 l septembre-octobre 2012 l 35
GÉRER voir s il est pertinent ou non d installer un SAV dans ce quartier ou dans cette ville. Les promesses de la mobilité Un autre facteur pourrait faciliter l appropriation des outils cartographiques par les entreprises du secteur privé : la mobilité. Les solutions comme GeoBI sont déjà accessibles via l ipad, mais l explosion du nombre de ces terminaux et la mise en place très progressive de la 4G devrait encore plus faciliter leur émergence auprès de nouveaux collaborateurs et secteurs d activité. On n est plus tributaire de l ordinateur portable. On va pouvoir offrir un même niveau de service aux professionnels en situation de mobilité. Même sans réseau, les logiciels peuvent fonctionner hors connexion et se synchroniser dès qu un accès Web est repéré par le terminal. En ce moment, nos clients redimensionnent leurs applications pour les appareils mobiles. Demain, ils auront au creux de leur main toute l intelligence de leur entreprise, renchérit Jean-Michel Jurbert. L éditeur SAP a d ailleurs fait l acquisition de deux solutions de mobilité, suite au rachat de Sybase, afin d accompagner ces mutations. La solution SUP permet le développement et le partage des applications, quel que soit le type de mobiles ; avec Afaria, l Allemand SAP s est SI LES PAYS, LES VILLES OU ENCORE L INSEE METTENT DES DONNÉES À DISPOSITION DES ENTREPRISES, NOUS LES RENDRONS DISPONIBLES DANS NOS OUTILS. ouvert une porte vers la sécurisation des fonctionnalités des terminaux mobiles, apportant ainsi un outil précieux aux entreprises qui mettent en place leur stratégie mobile. Grâce à Afaria, on pourra par exemple rendre l appareil photo du smartphone inaccessible lorsque le collaborateur pénètre dans le bâtiment de R&D. Si besoin, les techniciens du service informatique pourront aussi prendre en main le terminal à distance pour effacer des données confidentielles, développe Jean-Michel Jurbert. Et demain? Au-delà de la 4G et des nouveaux terminaux mobiles qui permettront de consommer plus facilement l information, d autres évolutions technologiques seront propices à la démocratisation de la cartographie. On pourrait voir les GPS de nos véhicules s enrichir de nouvelles fonctionnalités et de véritables fonds de cartes. L usager pourra alors zoomer sur une zone, repérer les hôtels et restaurants à distance sans avoir à s y rendre physiquement. La réalité augmentée pourrait également se greffer à ces outils. Enfin, l Open Data, au même titre que le Big Data, pourrait considérablement changer la donne et intéresser les entreprises du privé. Si les pays, les villes ou encore l IN- SEE mettent des données à disposition des entreprises, nous les rendrons disponibles dans nos outils. On mettra, par exemple, en évidence les zones dortoirs, les bassins d emplois et d autres informations pour aider le décideur à déterminer les zones d implantation de ses magasins. Notons également l importance croissante des données environnementales dans les choix stratégiques. Elles seront naturellement prises en compte, déclare Jean-Michel Jurbert. 36 l ie n 61 l septembre-octobre 2012