Rationnement du crédit en situation d'asymétrie d'information dans les PME de la ville Agadir : Résultats d une enquête.



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Transcription:

6 ème Conférence internationale sur l Economie Et Gestion Des Réseaux «Economics and Management of Networks» EMNet 2013 Du 21 au 23 Novembre, 2013 à l ENCG Agadir, Maroc Rationnement du crédit en situation d'asymétrie d'information d les PME de la ville Agadir : Résultats d une enquête. Auteurs : Lahsen OUBDI Professeur à l ENCG, Université Ibn Zohr L.oubdi@uiz.ac.ma & Aicha AMRHAR, doctorante à l ENCG, Université Ibn Zohr a.amrhar@uiz.ac.ma Résumé : Constituant une part essentielle du fond de commerce des banques, et n ayant pas accès facile à d autres sources de financement (le marché boursier, le marché de capital risque), les Petites et Moyennes Entreprises (PME) se trouvent en face de la banque en tant que seule source de financement de leurs projets. Pourtant l accès au crédit semble difficile pour cellesci. La PME souffre d un système d information plus opaque que ne l est celui des grandes entreprises, perçue moins fiables, moins prévisibles d information vis-à-vis de la PME. Par conséquence, le banquier se trouvent d sa relation avec les PME à de nombreuses sources d asymétries d information, et c est difficile de distinguer les emprunteurs honnêtes et ceux malhonnêtes. Ainsi les asymétries d information entre banques et entreprises engendrent le phénomène du Rationnement du Crédit (RC). Cependant pour faire face à la souffrance vis-àvis du financement des entreprises, il faut savoir l ampleur de ce RC et les déterminant qui l expliquent soit au niveau de l entreprise en elle-même, soit au niveau de son dirigent ou au niveau du prêt désiré. En effet, nous essayerons, d le cadre de cette communication, d apporter une contribution et un enrichissement d ce sens pour les entreprises de notre ville Agadir. Ainsi, notre travail a un double objectif : observer s il est possible l ampleur du RC auquel font face les entreprises, et également identifier les déterminants qui expliquent, sur le plan empirique ce rationnement. Pour ce faire, notre population cible sera constituée des entreprises de la ville d Agadir. On traitera notre problématique par une démarche hypothético déductive, pour vérifier les hypothèses qui seront exposées, par le biais d une enquête qui sera réalisée au niveau de ces entreprises. Mots clés: ASYMETRIE D INFORMATION, RATIONNEMENT DE CREDIT, BANQUES. 1

Introduction Nous ne pouvons pas nier le rôle primordial que jouent les Petites et Moyennes Entreprises (PME) d la création de richesses et d emploi. Néanmoins, leur contribution reste largement en deçà des potentialités que cette catégorie d'entreprises peut faire valoir. Puisqu elles ne peuvent pas recourir facilement au marché de capitaux, les PME et TPE privilégient les voies de financement bancaires. Selon un rapport des Nations Unies élaboré en 2010, le total des crédits accordés par les banques au secteur privé s élève à 468 milliards, dont environ 300 milliards (soit les deux-tiers) destinés aux entreprises. Selon la Direction de la Supervision Bancaire de Bank Al-Maghrib, la quotte part des PME d ces crédits est située à seulement 18% en 2008 1. C'est-à-dire que plus de 90% ne profitent que de 18% des prêts aux entreprises. D où on remarque que ce sont toujours les grands oubliés aux guichets des banques. Nous constatons que l accès au crédit semble difficile pour celles-ci. La PME souffre d un système d information plus opaque par rapport aux des grandes entreprises. Elle est perçue moins fiable, moins prévisible d information vis-à-vis de la banque. Par conséquence, le banquier se trouvent d sa relation avec les PME à de nombreuses sources d asymétries d information, et c est difficile de distinguer les emprunteurs honnêtes et ceux malhonnêtes, ce qui rend la PME rationnée. En effet, il s avère que la problématique du financement des PME est avant tout liée à des contraintes informationnelles qui limitent leurs accès au financement bancaire. L existence d une information asymétrique entrave le développement de ces entreprises qui constituent l ossature de l économie marocaine. Elles méritent donc que plus d études leurs soient consacrées surtout pour les soutenir et les aider à mieux confronter les obstacles au financement bancaire. C est pour toutes ces raisons que nous voulons savoir d un premier temps quels sont les déterminants de la probabilité, pour qu une PME aie accès au crédit bancaire et, d un deuxième temps, si le crédit est aussi rationné qu on le suppose généralement d les PED. Afin de répondre à ces deux questions, nous allons mener une enquête portant sur les PME de la ville d Agadir, au Maroc. Les données que nous allons avoir nous permettront d appliquer 1 CDVM, «le financement des PME au Maroc», Mai 2011 2

divers modèles économétriques qui, à leur tour, nous permettront de savoir le degré de rationnement du crédit auquel elles font face les PME ainsi que ses déterminants. La première partie se focalise sur la problématique de définition du Rationnement de Crédit et un récapitulatif des études antérieurs qui l ont traité. La seconde partie sera consacrée à la méthodologie de travail, alors que la troisième partie portera sur les résultats auxquels notre étude empirique va aboutir. 1. REVUE DES ÉTUDES ANTÉRIEURES La notion de rationnement de crédit est très utilisée d le langage économique et financier. Plusieurs auteurs ont donné leurs avis par apport à une définition formelle du terme. Plusieurs auteurs ont défini ce rationnement de crédit, puisque notre document est de nature empirique on se contenteras de la définition de STIGLITZ et WEISS (1981) 2, il y a rationnement de crédit lorsque l emprunteur est disposé à accepter les conditions de prêt établies par le prêteur même si celui-ci disposant de ressources suffisantes et que le prêt lui est toutefois refusé (certains emprunteurs sont contrains par des lignes de crédit fixées qu elles ne doivent pas dépasser sous n importe quelles circonstances, d autres sont purement refusés de prêts). Ainsi ils proposent des explications aux phénomènes du rationnement du crédit liées aux problèmes d asymétries d information et non plus aux déséquilibres temporaires ou de l intervention de l État. Ils développent un modèle en vertu duquel il y a rationnement du crédit à l équilibre en montrant que le rationnement de crédit est lié à deux phénomènes : la sélection adverse et l aléa moral. Initialement démontré par Arrow [1963] 3 d un article portant sur le secteur d assurance des soins médicaux, le «hasard moral» est défini comme «toute mauvaise allocation de ressources qui résulte de l assurance de risques par des contrats d assurance normaux» [Marshall, 1976, p. 880]. Plus généralement, le hasard moral désigne une situation d laquelle de futurs paiements liés à un contrat peuvent être influencés par des actions d un 2 Stiglitz, Joseph E. et Andrew Weiss, "Credit rationing in markets with imperfect information", American Economic Review, Vol. 71, 1981, 393-410. 3 Arrow, K. (1973). The theory of discrimination. Discrimination in Labor Markets, 3 33. 3

agent, actions qui sont postérieures à la signature du contrat et qui ne sont pas toujours directement observables par l autre agent. Ainsi l aléa moral affecte le comportement des agents en incitant les emprunteurs potentiels se tourner eux-mêmes vers des projets plus risqués au fur et à mesure que la banque augmente le taux d intérêt étant donné que ces derniers deviennent de plus en plus attrayants si on pose l hypothèse de neutralité au risque des emprunteurs. Formalisée quelques années plus tard par les travaux de G. Akerloff [voir notamment Akerlof, 1970] 4, la notion de «sélection adverse» appelée l anti-sélection désigne une situation d laquelle les acheteurs d un bien ne peuvent observer que la qualité moyenne des biens, puisque la partie vendeuse dispose d informations privées avant que la traction soit réalisée. D le secteur bancaire, l anti-sélection apparaît lorsque l emprunteur conserve, même après un examen attentif par le créancier des informations disponibles, un avantage informationnel sur son partenaire. Ainsi à défaut de pouvoir fixer un taux d intérêt qui correspond au risque effectif du projet, la banque applique un taux reflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Cette pratique affecte les caractéristiques des agents 5 en influençant la composition d emprunteurs qui varie au fur et à mesure que la banque augmente le taux d intérêt sur ses prêts en s orientant vers des projets plus risqués puisqu ils deviennent de plus en plus attrayants si on pose l hypothèse de neutralité au risque des emprunteurs. Par ailleurs, d un sens plus large, l équilibre de rationnement fait appel à l analyse du rationnement du crédit lorsque le taux d intérêt est à son niveau de long terme. L analyse de Stigliz et Weiss montre qu il n y a pas de discrimination par les prix sur le marché du crédit à cause de l asymétrie de l information ; l argument est que le taux d intérêt fait fuir les emprunteurs les plus sûrs (biais de sélection adverse) ; ensuite, un taux d intérêt élevé incite les emprunteurs à entreprendre des projets plus risqués (hasard moral). 4 G.Akerlof; 1970: «The market for lemons: quality uncertainety and the market mechanism». 5 M.Bellemare ; 2000 : «Une évaluation empirique des contraintes de crédit au Maroc urbain». 4

a) Vue d ensemble sur les études antérieures sur le rationnement Alors que des extensions du modèle de Stiglitz et Weiss montre pourquoi le rationnement du crédit peut se produire même pour les emprunteurs qui sont neutres au risque (Wette, 1983), et que le nombre d emprunteurs découragés augmente d certaines circonstances (Kon & Storey, 2003), certains affirment que le rationnement du crédit n existe pas. Bester (1985), par exemple, argumente que le rationnement du crédit disparaît avec les exigences de garantie. Autres recherches démontrent comment et pourquoi le rationnement du crédit est négligeables ou peut être éliminés grâce à la technologie (Parker, 2002; Riley, 1987) 6. D'autres encore affirment que le rationnement du crédit est expliqué par des facteurs tels que le comportement excessivement optimiste des entrepreneurs (de Meza et Southey, 1996) et les préférences impliqué d la prise de décision en financement (de Meza & Webb, 2006). Étant donné qu'il existe un désaccord sur l existence du rationnement du crédit en théorie, nous devons examiner les résultats qui proviennent des études empiriques. Certaines études ont essayé de montrer l importance du phénomène de rationnement du crédit, et les facteurs qui le déterminent. Par exemple, sur le marché des crédits commerciaux, Sealey (1979) a étudié l'existence et l'ampleur du rationnement du crédit. Berger et Udell (1992) examinent également l'importance de crédit rationnement de l'économie américaine. Les deux études ont trouvé des preuves de rationnement du crédit. Plusieurs études trouvent l existence du rationnement de crédit sur les marchés de crédit à la consommation (Chakravarty & Scott, 1999; Jappelli, 1990), sur le marché du crédit aux petites entreprises (Blumberg et Letterie, 2007; Bopaiah, 1998; Cowling & Mitchell, 2003; Freel, 2007), et les marchés du crédit d les pays en voie de développement (Mushinski & Pickering, 2007; Mushinski, 1999; Petrick, 2005). 7 On remarque que l opinion dominante de ces études est que le rationnement du crédit existe effectivement puisque à la petite entreprise, les propriétaires sont confrontés aux problèmes liés à l'information issus de son asymétrie. 6 Levenson, A. R. and K. L. Willard (2000). "Do firms get the financing they want? Measuring credit rationing experienced by small businesses in the US." Small Business Economics 14(2): 83-94. 7 Naranchimeg Mijid, dissertation 2008 a Colorado state University «Gender, Race, and Credit Rationing of Small Businesses: Empirical Evidence from the 2003 Survey of Small Business Finances»- traduit- 5

Le but de cette étude est d'examiner si le rationnement du crédit se produit pour les entreprises de la ville d Agadir et qu ils sont les facteurs qui le déterminent. Ceci nécessite de voir des études qui ont était faites au niveau du Maroc avant d entamer la partie empirique. b) Revue des études antérieures au Maroc : En 1999, Joumady 8 montre que la libéralisation a permis de diminuer les contraintes de crédits sur les entreprises. Il montre d une part que la libéralisation a levé les contraintes exogènes (plafonnement des taux, sélectivité du crédit...) et d autre part, qu elle a contribué à diminuer l asymétrie d information sur le marché des capitaux. Son étude empirique porte sur des entreprises manufacturières marocaines appartenant au secteur formel. Les autres études sur le rationnement du crédit au Maroc, se sont penchées sur le financement des micros entreprises situées en milieu urbain. Ainsi en 1998 d après les résultats d une étude fondée sur une enquête auprès de 647 micros entreprises (ME), Mourji 9 montre que seules 4,1% de ces entreprises ont bénéficié d un crédit pour financer la création de leurs activités. Cette étude montre aussi que pour se financer la plupart des ME (91 %) se finance par fonds propres car souvent l offre de crédit informel type prêteurs sur gage est trop coûteuse. D 82,5 % des cas, la demande de crédits est refusée par la banque à cause d un manque de garantie. C est aussi cette raison qui fait que 33,46 % des micro-entreprises ne font pas la démarche nécessaire afin d obtenir un crédit. Quoique ces résultats nous montrent l existence d un rationnement du crédit, l article de Bellemare 10 (2000) montre que les micros entreprises préfèrent se financer par fonds propre (ou en faisant appel aux prêts des membres de la famille) puisque le coût d accès est moins important que celui du crédit bancaire (ni intérêts, ni garanties). Ainsi, ce n est pas parce qu une entreprise n est pas financé par le crédit bancaire, qu il existe un rationnement de celui-ci. Notre étude va montrer ce qui se passe au niveau de la ville d Agadir. Est-ce qu il y a un rationnement? Et qu ils sont ses facteurs d cette zone? 8 O.Joumady ; 1999 ; Revue Région et Développement : «libéralisation financière, rationnement du crédit et investissement des entreprises marocaines». 9 F.Mourji ; 1998, «le développement des micro entreprises en question». 10 Bellemare, M. (2000). "Une évaluation empirique des contraintes de crédit au Maroc urbain." 6

2. METHODOLOGIE : C est l analyse empirique qui va nous montrer les facteurs qui agissent significativement sur le fait qu une entreprise obtienne le crédit qu elle désire. Autrement, cette étude empirique nous permettra de déterminer la probabilité qu une entreprise soit rationnée et d analyser les facteurs qui influent ce rationnement. Alors cela nous permettra de savoir si le rationnement de crédit est omniprésent sur la ville d Agadir ; comme le stipule les études antérieures sur les pays en voie de développement 11, ceci par le biais d une enquête réalisée au niveau de cette ville. Les questions qu elle contient sont issues des facteurs affectant le rationnement de crédit des PME Marocaine. Le questionnaire 12 contient 17 questions réparties en groupes : Caractéristiques de l entreprise Caractéristiques du gestionnaire Caractéristiques financières Nous avons contacté 80 entreprises, le nombre de questionnaires exploitables est de 51, presque 64% du panel. Le choix des entreprises est fait sur la base de la nouvelle 13 définition de la PME par l ANPME (Agence Nationale pour la Promotion de la PME) qui se base sur le critère du chiffre d affaire abstraction faite de l effectif de l entreprise. On peut diviser notre population en 4 catégories : Catégorie 1 : composée des entreprises qui n ont pas tenté d obtenir un crédit parce que : le crédit n est pas nécessaire la demande est trop coûteuse n aime pas avoir de dettes Catégorie 2 : constituée par les entreprises qui n ont pas tenté d obtenir un crédit parce qu elles sont découragées par le fait : 11 Joseph Anne, 2000, Le rationnement du crédit d les pays en développement : le cas du Cameroun et de Madagascar ISBN : 2-7384-9108-1 12 Voir questionnaire en annexes. 13 CDVM, «le financement des PME au Maroc», Mai 2011 7

que la demande sera refusée la demande de crédit exige trop de temps Catégorie 3 : inclut les entreprises pour lesquelles la demande de crédit a été refusée Catégorie 4 : englobe les entreprises pour lesquelles la demande de crédit a été acceptée Notre étude sera focalisée d cette communication sur les deux dernières catégories. Les premières et deuxièmes catégories préfèrent s'autofinancer, ou n accepte pas le taux d intérêt ; en effet elles ne sont pas considérées comme rationnées d cette recherche. 3. RESULTATS DE L ANALYSE DES DETERMINANTS DU RATIONNEMENT DU CREDIT Les études de rationnement de crédit utilisent différentes approches économétriques, y compris l analyse univariée et l analyse multivariée. Elles utilisent aussi le Probit simple ou l équation logit des variables dépendantes ; qui est d'habitude régressé sur un ensemble de variables explicatives. Avant d entamer l analyse des déterminants du rationnement de crédit, il s avère essentiel de voir à partir des résultats de notre enquête si ces entreprises souffrent de ce phénomène. En prenant en compte les entreprises du groupe 2 en haut (constituée par les entreprises qui n ont pas tenté d obtenir un crédit parce qu elles sont découragées par le fait que la demande sera refusée ou la demande de crédit exige trop de temps) ; on trouve que le pourcentage des entreprises rationnées est de 25,5% dont celles découragées constituent plus que les deux tiers. Les enseignements de l analyse Bivariée : Le but de ce paragraphe est de comprendre les critères d octroi du crédit (de rationnement aussi) par les banques à l aide d une analyse bivariée. L effet du type juridique sur l octroi du crédit : 8

Le tableau ci-dessous nous montre que la demande est acceptée pour tout type d entreprise. On peut déduire alors que la forme juridique de l entreprise n est pas un facteur déterminant d la stratégie de sélection des banques. résultat de la demande/type SARL SNC SA TOTAL demande refusée 100% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 87,1% 9,7% 3,2% 100% L effet du lieu sur l octroie du crédit : Les résultats parvenus pour cette variables ne sont pas significatifs puisque notre échantillon est constitué des entreprises se trouvant que sur la ville d Agadir, alors elles toutes à proximité des banques. Alors le lieu n est pas vraiment un déterminant pour cette étude. résultat de la demande/lieu zone industrielle centre ville zone touristique TOTAL demande refusée 33,3% 66,7% 0,0% 100% demande acceptée totalement 19,4% 77,4% 3,2% 100% L effet du secteur d activité sur l octroie du crédit : Les secteurs d industrie et du BTP bénéficient plus des autres formes de crédit. Les PME qui opèrent d ces secteurs sont acceptés par les banques du fait qu elles disposent d un actif immobilisé très riche qui peut être une garantie pour la banque. résultat de la demande/activité service commerce industrie BTP TOTAL demande refusée 66,7% 33,3% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 16,1% 41,9% 25,8% 16,1% 100% L effet de l âge de l entreprise sur l octroie du crédit : Les entreprises les plus âgées sont celles qui ont le plus de chances d avoir un accès au crédit bancaire. En effet, cette variable reflète la continuité de l activité de la PME et donc sa performance, puisque ce genre d entreprise est plus sensible à disparaitre. 9

résultat de la demande/âge entreprise moins de 2 entre 3 et 4 entre 5 et 24 plus que 25 TOTAL demande refusée 33,3% 33,3% 33,3% 0,0% 100% demande acceptée totalement 0,0% 12,9% 64,5% 22,6% 100% L effet du Chiffre d Affaire sur l octroie du crédit : Plus le chiffre d affaires de la PME augmente plus la probabilité d acceptation d octroi de crédit auprès de la banque augmente. résultat de la demande/chiffre d'affaire < 5 million entre 5 et 20 million entre 20 et 50 million plus que 50 million TOTAL demande refusée 66,7% 33,3% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 9,7% 25,8% 41,9% 22,6% 100% L effet du niveau d instruction du gestionnaire sur l octroie du crédit : On remarque que la dépendance n est pas significative d cette enquête. résultat de la demande/niveau d'instruction fondamental secondaire supérieur TOTAL demande refusée 0,0% 33,3% 66,7% 100% demande acceptée totalement 6,5% 19,4% 74,2% 100% L effet du sexe du gestionnaire sur l octroie du crédit : Le tableau ci-dessous montre que les banques n ont pas un comportement de discrimination en fonction du genre. résultat de la demande/sexe M F TOTAL demande refusée 100% 0,0% 100% demande acceptée totalement 77,4% 22,6% 100% L effet de l âge du gestionnaire sur l octroie du crédit : Un chef d entreprise plus âgé, toutes choses égales par ailleurs, a plus de chance de demander un crédit auprès de la banque. En effet, les chefs d entreprises les plus âgés sont les plus expérimentés, ce qui pourra servir de garantie ; 10

résultat de la demande/âge gestionnaire moins de 30 30-39 40-49 50-64 65 et plus TOTAL demande refusée 66,7% 0,0% 33,3% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 6,5% 16,1% 32,3% 38,7% 6,5% 100% L effet de l expérience du gestionnaire sur l octroie du crédit : Les banques considèrent l expérience du chef de la PME comme garantie d une certaine solvabilité. résultat de la demande/expérience gestionnaire < 5 5-10 plus que 10 TOTAL demande refusée 33,3% 66,7% 0,0% 100% demande acceptée totalement 3,2% 16,1% 80,6% 100% L effet de la taille du crédit sur l octroie du crédit : Plus la taille du crédit est importante, plus que la demande sera refusée. On remarque que cette hypothèse n est pas confirmée par cette étude. résultat de la demande/taille du crédit Non réponse moins de 100 entre 101 et 500 entre 501 et 1000 entre 1001 et 5000 plus de 5 000 TOTAL demande refusée 0,0% 33,3% 33,3% 33,3% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 0,0% 16,1% 25,8% 19,4% 22,6% 16,1% 100% L effet de la relation banque entreprise sur l octroie du crédit : La durée de relation banque-entreprise est importante puisque plus qu elle est longue tant que l entreprise bénéficie de l octroi du crédit. résultat de la demande/relation premier contact moins d'1 an 11 entre 1 et 5 entre 6 et 10 plus de 10 TOTAL demande refusée 0,0% 66,7% 33,3% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 0,0% 6,5% 22,6% 41,9% 29,0% 100% L effet du taux d endettement sur l octroie du crédit : Plus l entreprise est endettée plus qu elle verra sa demande refusée. Pour les entreprises dont la demande a été acceptée et qui ont un taux d endettement plus de 70%, ce n est que grâce à l effet de la relation qu elles ont pu bénéficier du crédit.

résultat de la demande/taux d'endettement moins de 10% entre 10 et 30% entre 31 et 50% entre 51 et 70% plus de 70% TOTAL demande refusée 100% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100% demande acceptée totalement 29,0% 38,7% 29,0% 0,0% 3,2% 100% L effet que l entreprise soit familiale sur l octroie du crédit : Cette variable n a pas d effet significatif sur l octroi de crédit ou non. résultat de la demande/entreprise familiale oui non TOTAL demande refusée 33,3% 66,7% 100% demande acceptée totalement 71,0% 29,0% 100% La précédente analyse menée à l aide de la statistique descriptive nous a permis d identifier les déterminants de la sélection des banques (et des prêteurs traditionnels) d l offre de crédit. Nous avons pu conclure, toute chose égale par ailleurs, que les caractéristiques suivantes augmentent la probabilité pour qu une PME ait droit au crédit : Une PME exerçant au secteur d industrie ou BTP. Une PME ayant un âge plus que 5 Ayant un chiffre d affaire plus que 20 million de dirhams Ayant un gérant âgé entre 30 et 64 Possédant un gérant avec une expérience plus que 10 Une PME avec un relationnel long avec la banque Une PME avec un taux d endettement faible ou acceptable. Nous proposons en guise de synthèse de corroborer nos résultats à l aide d une analyse économétrique de l octroi du crédit ou de rationnement du crédit par les banques. TESTS A L AIDE DU MODELE PROBIT Afin d étudier véritablement les déterminants de la probabilité d obtenir ou non du crédit (en même temps les déterminants du rationnement du crédit), nous utiliserons un probit univarié, que nous appliquerons aux variables explicatives explicitées ci-dessous. 12

TABLEAU 1 : Présentation des variables VARIABLES SIGNIFICATION RESULTAT DE LA DEMANDE =1 si l entreprise a bénéficié du crédit bancaire ; 0 sinon LIEU = 1 si l entreprise se trouve d une zone industrielle ; 2 centre ville ; 3 zone touristique ; ACTIVITE = 1 si l entreprise exerce du service ; 2 commerce ; 3 industrie ; 4 BTP ; AGE DE L ENTREPRISE = 1 si l entreprise a moins de 2 ; 2 entre 3 et 4 ; 3 entre 5 et 24 ; 4 plus que 25 ; CHIFFRE D AFFAIRE 1= si le CA est < 5 million ; 2 entre 5 et 20 million ; 3 entre 20 et 50 million ; 4 plus que 50 million ; NIVEAU D INSTRUCTION =1 si le chef de l entreprise a un niveau d éducation fondamental ; 2 secondaire, 3 supérieur SEXE =1 si le chef de l entreprise est de sexe masculin; 0 sinon AGE DU CHEF D ENTREPRISE EXPERIENCE DU CHEF D ENTREPRISE TAILLE DU CREDIT RELATION BANQUE ENTREPRISE ENDETTEMENT ENTREPRISE FAMILIALE = 1 si le chef d entreprise a moins de 30 ; 2 entre 30-39 ; 3 entre 40-49 ; 4 entre 50-64 ; 5 65 et plus ; = 1 si le chef d entreprise a une expérience < 5 ; 2 entre 5-10 ; 3 plus que 10 ; = 1 si le crédit est moins de 100 ;2 entre 101 et 500 ; 3 entre 501 et 1000 ; 4 entre 1001 et 5000 ;6 plus de 5 000 ; =1 si c est le premier contact ; 2 moins d'1 an ; entre 1 et 5 ; entre 6 et 10 ; plus de 10 ; = 1 si le taux est moins de 10% ; 2 entre 10 et 30% ; 3 entre 31 et 50% ; 4 entre 51 et 70% ; 5 plus de 70% ; =1 si l entreprise est familiale; 0 sinon Nous nous attendons à un coefficient significatif à l égard de l activité de l entreprise, puisque entre une activité à une autre la chance d avoir sa demande de crédit acceptée est différente. L âge de l entreprise dénote de la pérennité de l entreprise et donc sa viabilité. L entreprise la plus ancienne aura les plus grandes chances d avoir le crédit formel. Alors nous espérons aussi avoir des coefficients positifs. 13

Nous espérons aussi avoir des coefficients positifs pour les variables chiffre d affaire, expérience du gestionnaire et le degré de relation banque-entreprise. Le niveau d instruction du gestionnaire est aussi déterminant d la décision de la banque de prêter ou non. Nous attendons à ce que cette variable ait un coefficient positif. La variable «SEXE» est introduite pour savoir s il existe à l égard des femmes une certaine forme de discrimination institutionnelle pour l obtention de prêt. L âge du chef d entreprise et son expérience joue un rôle important vis-à-vis de l octroi du crédit par la banque, alors nous espérons un coefficient positif pour ces variables. Pour la variable relation banque-entreprise, nous attendons aussi un coefficient positif, alors que nous attendons un coefficient négatif pour la variable endettement. Enfin pour les variables taille du crédit et entreprise familiale, nous n avons pas d attentes particulières. Nous avons précédemment mis en lumière la faible proportion des PME ayant accès au crédit bancaire : Qu est ce qui distingue ces PME des autres? Autrement dit, quelles sont les caractéristiques que doit réunir une PME pour maximiser sa probabilité d accès au crédit bancaire et faire face au rationnement? TABLEAU 2 : Résultats des estimations du modèle Probit sur les déterminants du rationnement du crédit par les banques VARIABLES COEFISCIENT SIGNIFICATION LIEU ACTIVITE AGE DE L ENTREPRISE CHIFFRE D AFFAIRE NIVEAU D INSTRUCTION -0.166523730 0.74694989 0.112580305 0.83976510 0.086701547* 0.07730981 0.605268631* 0.10066087-0.832483909 0.12406823 14

SEXE AGE DU CHEF D ENTREPRISE EXPERIENCE DU CHEF D ENTREPRISE TAILLE DU CREDIT RELATION BANQUE ENTREPRISE ENDETTEMENT ENTREPRISE FAMILIALE 0.744682169 0.54630073 0.316365664 * 0.09379870 0.853375798 0.08339225 0.000757677 0.99827453 0.745582263** 0.04362941-0.59333245 0.79352342-0.676830884 0.49499512 Log Likelihood -150.068375 *** La corrélation est significative au niveau 1% ** La corrélation est significative au niveau 5% * La corrélation est significative au niveau 10% En analysant le tableau ci-dessus, on remarque que seulement quatre parmi nos douze variables sont significatives : l âge de l entreprise, le chiffre d affaire et l âge du chef d entreprise, à hauteur de 90% et la relation banque-entreprise à hauteur de 95%. Nous en proposons le classement suivant: Caractéristiques de l entreprise : On remarque qu une entreprise plus âgée augmente les chances d obtention du crédit par la banque, ce qui confirme notre hypothèse en haut. Le chiffre d affaires est aussi significatif et il a le signe attendu. Plus le chiffre d affaires de la PME augmente plus la probabilité d octroi du crédit auprès de la banque augmente. La PME ayant un chiffre d affaires important est une entreprise qui se développe et a un grand besoin en investissement. C est ce qui pourrait expliquer ce comportement. Caractéristiques du chef d entreprise: La variable âge du chef d entreprise a le signe attendu. Avec l augmentation de l âge la probabilité d avoir accès au crédit bancaire augmente aussi. Les banques considèrent l expérience du chef de la PME comme garantie d une certaine solvabilité. Ce résultat 15

rappelle ce que présuppose la théorie et confirme les constats déjà obtenus par Baydas, Mayer et Agulirad-Alfred (1994). Cependant, un effet seuil intervient. A partir d un certain âge (âge optimale), la banque n octroie plus de crédit du fait de l espérance de vie qui devient restreint et de la capacité de gestion qui se dégrade. Cette variable pose un risque si le chef de l entreprise n a pas d héritiers ce qui augmente le risque de faillite. Caractéristiques financière de l entreprise: Le signe attendu est vérifié pour la variable relation. Une longue relation avec la banque fait bénéficier le demandeur de crédit de taux d intérêt plus faibles et moins d exigences de la part de la banque en termes de garantie. Même résultat a été approuvé par l étude empirique de Berger, A. et G. Udell (1995). En guise de synthèse l âge de l entreprise et celui de son propriétaire donnent à la banque des informations sur le degré d expérience du propriétaire. Le chiffre d affaire peut être considéré par la banque comme une garantie d expion de cette entreprise, qui lui permettra de développer un relationnel étroit avec cette banque. Toutes ces caractéristiques viennent pour réduire le degré d asymétrie d information entre la banque et le demandeur de crédit ; bénéficier de la confiance du premier et permettre au deuxième d avoir accès au crédit et éviter ainsi le rationnement. 16

CONCLUSION Nous avons essayé d cette recherche de répondre à la question des déterminants et le degré du rationnement du crédit auquel font face les PME sur Agadir. Spécifiquement nous avons cherchions à savoir les variables qui entraînent une influence significative sur la décision d octroi ou de rationnement de crédit par une banque. Notre étude a aboutit à un rationnement de 25%, un taux qu on peut considérer intéressant puisque ces entreprises rationnées sont issues des entreprises découragées plutôt que celle qui demandent du crédit. D après l analyse de notre échantillon ces dernières sont des sociétés en phase de croissance, qui estiment le refus de leur demande de crédit. Les variables traditionnelles l âge de l entreprise et l âge de son propriétaire, qui reflètent le niveau d expérience de la ME, sont significatives, la variable chiffre d affaire est déterminante pour que la banque octroie du crédit, ainsi que le niveau de relation qui offre à la PME la chance d avoir une bonne réputation et bénéficier du crédit. Certes, nous tenons à expliquer que la représentativité de nos résultats découle surtout de la fiabilité de nos données. Nous avons de bonnes raisons de croire qu il pourrait y avoir des erreurs de mesure du fait que notre enquête s est basée sur un échantillon réduit, qui peut ne pas être représentatif de toutes les catégories d entreprises qui peuvent souffrir du rationnement du crédit. Enfin, nous reconnaissons que notre recherche aurait pu être plus intéressantes si on avait pu, avec plus de temps, appliquer le model de levenson et willard (2000) qui ont intégré les entreprises découragées d leur model. 17

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