L Université Laval lance, elle aussi, une consultation publique sur un programme de Master en anglais. Mémoire déposé à la Direction des Communications et du Recrutement de l UQO par Benoit Bazoge, Ph.D. Professeur au Département Stratégie des affaires de l ESG-UQAM Directeur du MBA pour cadres de l ESG-UQAM Membre de l Assemblée des gouverneurs de l UQ 22 janvier 2007
Contrairement à l Université du Québec en Outaouais, toutefois, l Université Laval veut ouvrir et non fermer la porte aux programmes en anglais. La nouvelle maîtrise de l Université Laval, offerte exclusivement en anglais, est l adaptation nord-américaine d un prestigieux programme de maîtrise pour cadres en gestion de chaînes logistiques. Elle sera offerte en collaboration avec deux grandes institutions francophones d enseignement supérieur, l École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse et l École Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC) à Paris, qui l offrent déjà en Europe. L Université Laval mène donc un sondage sur son site 1 auprès de candidats et d employeurs potentiels pour évaluer l intérêt envers son International Executive Master s in Supply Chain Management. Laval rejoint ainsi la vague d universités européennes et québécoises qui, sans être bilingues, offrent des programmes en langues étrangères, particulièrement en anglais. L Université Paris- Dauphine, première dans le classement des universités françaises en gestion, offre un MBA pour cadres en partenariat avec l UQAM 2 dont la moitié des cours sont donnés en français et l autre moitié en anglais. L UQAM, lorsqu elle reçoit à Montréal ses étudiants de MBA inscrits dans ses programmes en Amérique latine, dispense ses cours en espagnol. L école des HEC, affiliée à l Université de Montréal, offre un MBA intensif en anglais (en parallèle à un autre en français) ainsi qu un programme de baccalauréat en trois langues (français, anglais, espagnol). L Université de Sherbrooke étudie la possibilité de créer un programme en technologies de l information en anglais à Longueuil et à Montpellier, en France 3. Quant à l UQAT, sa proximité avec la province voisine et sa situation de monopole universitaire régional lui font proposer naturellement des programmes en anglais. Ces universités veulent toutes former des gestionnaires compétents, à l aise dans le nouvel environnement mondial. Il ne s agit pas d empêcher qui que soit d apprendre en français, puisque ces programmes existent également en français, mais de donner la possibilité aux gestionnaires québécois, français ou étrangers qui le souhaitent d approfondir leur maîtrise de la langue anglaise ou espagnole, et du langage des affaires. Sans vouloir m immiscer dans les affaires internes d une autre constituante de l Université du Québec, je me permets de porter à votre attention ce que font les autres universités au pays et ailleurs pour enrichir la réflexion qui mènera à une décision avisée. Il serait faux de croire qu enseigner quelques cours en anglais pourrait transformer l identité d une université. Quand un étudiant pratique, adulte, une langue étrangère, il ne change pas de culture, il devient simplement bilingue, voire trilingue. Il ne change pas de nature, il améliore ses compétences. Personnellement, je trouverais paradoxal qu une université québécoise, en particulier celle qui se trouve dans la région la plus bilingue de la province, fasse le choix de se départir de programmes qui permettent aux employeurs de sa région d offrir les mêmes contenus de formation à leur personnel francophone et anglophone. Sans leur équivalent en anglais, les programmes en français perdraient de leur intérêt. Et qui pourrait jurer que la disparition des programmes en anglais ne provoque pas une diminution de la clientèle francophone? 1 www.centor.ulaval.ca/scmaster 2 www.mba.dauphine.fr/ 3 www.cefti.usherbrooke.ca/nouvelles/com_2005-11-23.html