Goebbels et la persécution des Juifs

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1 Chapitre I Goebbels et la persécution des Juifs Il avait fallu trois semaines, après l invasion de la Pologne par l armée allemande, pour que Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, Gauleiter de Berlin et intime de Hitler, notât sa première réflexion en temps de guerre sur les Juifs. Dans cette période grandiose où, à peu de frais, le Reich parvenait enfin à repousser très à l est la frontière de son «espace vital», la «question juive» était provisoirement passée à l arrière-plan. L obsession antisémite, dans les périodes favorables, desserrait son étreinte. Car si les Juifs étaient, par principe, coupables, si même on en arriva à déclarer qu ils étaient tout bonnement «coupables de tout 1», on ne pouvait rien leur reprocher en ces temps de victoire. Pour autant, le 23 septembre 1939, un interlocuteur de Goebbels raconta à celui-ci son périple dans les territoires nouvellement conquis en évoquant l hostilité, la «haine» même, de la population locale vis-à-vis des envahisseurs. Le ministre résuma le lendemain cet échange dans son Journal : «Il va donc falloir encore beaucoup de travail. Ce sont les Juifs qui nous éreintent le plus.» Et il concluait : «Il n y a donc qu un moyen pour parvenir à la paix : la force brutale 2!» Ce mot d ordre serait appliqué bien au-delà de ce qu il pouvait alors imaginer. Mais, malgré un emploi monstrueux de la «force brutale», il n y eut jamais de paix nazie. * Quelques jours plus tard, le 29 septembre, Hitler expliqua avec satisfaction à son ministre et confident que la guerre était finie.

2 32 Auschwitz, enquête sur un complot nazi La Pologne, démantelée entre URSS et Allemagne en vertu du Pacte germano-soviétique, n existait plus. On pouvait commencer à songer à l avenir. Hitler exposa à Goebbels son intention de morceler les territoires conquis en trois zones. La partie anciennement allemande devait être à nouveau germanisée (elle serait rapidement annexée au Reich). À l est s étendrait un protectorat, composé de deux entités : la première serait dévolue au «bon élément polonais», suivant l expression de Hitler, et constituerait une séparation définitive avec la Russie ; au-delà, sur le territoire compris entre la Vistule et la ligne de démarcation, seraient déversés tous les «mauvais éléments polonais et les Juifs, y compris ceux du Reich. Alors, eux, ils devront montrer s ils sont vraiment capables de construire» 3. L information avait été transmise à Goebbels en temps réel ou presque. Avant la mi-septembre, Himmler avait soumis à Hitler des propositions que lui seul pouvait avaliser, étant donné, rapportait Heydrich, leurs répercussions internationales potentielles 4. L accord de Hitler fut donné quelques jours plus tard, puisque, dès le 21 septembre, Heydrich, chef de l Office central de sécurité du Reich, présenta le projet à ses services. Les «mauvais éléments polonais» étaient répartis en trois catégories : la couche dirigeante, estimée à 3 % de la population totale, devait être rendue «inoffensive» et envoyée dans des camps de concentration, tandis que les couches intermédiaires, comprenant toutes les élites politiques, religieuses, militaires ou éducatives, seraient envoyées dans le «territoire résiduel» à l est de la Vistule ; les Juifs polonais, enfin, seraient immédiatement concentrés dans les villes puis expulsés vers le territoire oriental, avec les Juifs et les Tsiganes d Allemagne. L opération devait être achevée en une année 5. Divers éléments laissent à penser que la «réserve» polonaise n était pas la destination ultime des Juifs et que le «but final 6» poursuivi, totalement secret, consistait à les transférer ensuite, au moins partiellement, au-delà de la ligne de démarcation, en URSS 7. Dans tous les cas, la guerre avait ouvert au Reich vainqueur une nouvelle possibilité dans sa politique antijuive : la transplantation forcée hors de ses frontières, dans des territoires sous contrôle ou plus loin encore.

3 Goebbels et la persécution des Juifs 33 Ce modèle, qui devait rester pour partie valable jusqu au printemps 1942, trouva un début de réalisation en octobre avec l opération Nisko : on prévoyait de créer aux alentours de cette petite ville sur la San une réserve pour les Juifs déportés. Quelques convois partirent avant l annulation inopinée de l opération, quelques jours plus tard 8. Goebbels ne fut probablement pas informé de cette expérimentation qui n est pas mentionnée dans son Journal. Il est vrai qu aucun convoi n était parti de Berlin. Pour autant, le ministre ne restait pas inactif : au début du même mois, juste après sa rencontre avec Hitler, il commença à préparer l accompagnement par la Propagande de l expulsion à venir des Juifs en commandant un film grand public sur les ghettos polonais qui serait titré «Le Juif errant 9». Il voulait étayer par l image le caractère supposé repoussant des Juifs et rendre désirable à la population allemande ou occidentale leur expulsion de la sphère allemande 10. Il connaissait la puissance de cette répulsion envers les Juifs, tout particulièrement envers les Juifs de l Est, pour l avoir éprouvée lui-même. Visitant le ghetto juif de Lodz le 31 octobre, il se faisait la réflexion suivante : «Ce ne sont plus des hommes, ce sont des animaux. C est pourquoi il s agit d une tâche non pas humanitaire mais chirurgicale. On doit ici faire une coupure et une coupure absolument radicale. Sinon, l Europe dépérira de la maladie juive 11.» Pendant quelques mois, le projet d une réserve juive sur les territoires polonais conquis demeura d actualité. Himmler ordonna d autres opérations d expulsion, à l automne et au cours de l hiver, mais les plans étaient trop ambitieux pour connaître plus qu un début de réalisation. Ils se perdaient invariablement dans les sables 12. L idée d une «réserve juive» en Pologne fut finalement abandonnée en mars 1940, pour des raisons complexes 13. La politique nazie était dans une impasse sans que son principe en fût pour autant changé. * Le 8 mai 1940, Himmler parla avec Goebbels de la situation dans le Gouvernement général, «et avant tout du Juif. Ce n est

4 34 Auschwitz, enquête sur un complot nazi qu un rebut. Ils doivent être tenus dans une discipline de fer [ ]. Ils doivent ne demeurer qu enfermés, sinon ils cochonnent complètement la moralité 14». Mais le but ultime demeurait celui d une expulsion totale, comme en témoigne le projet de réaménagement ethnique à l Est que le Reichsführer rédigeait au même moment et acheva vers la mi-mai Destinée à Hitler seul, cette esquisse est un document particulièrement important pour jauger les projets nazis : il y affirmait noir sur blanc sa «conviction intérieure» selon laquelle il convenait de «repousser comme contraire à l esprit germanique et comme impossible la méthode bolchevique d extermination physique d un peuple». Il n y avait donc alors pas de perspective génocidaire arrêtée et il faudrait encore de longs mois pour qu une telle idée commençât à germer. À ce moment-là, Himmler se proposait seulement d «effacer totalement le concept de Juif» en procédant, dans un avenir indéterminé, à «une grande émigration de l ensemble des Juifs vers l Afrique ou autrement dans une colonie». Preuve de son accord total avec les idées prospectives du Reichsführer qu il trouva «très bonnes et justes», Hitler ordonna de les transmettre à un petit nombre de responsables directement intéressés, sous le sceau du «plus grand secret». Goebbels ne figurait pas sur la courte liste des destinataires 15. En revanche, il prit connaissance, à la même période, d une politique menée secrètement depuis quelques mois par la chancellerie du Führer : la mise à mort de dizaines de milliers de malades mentaux dans les institutions asilaires allemandes. C est le chef de cette institution, Philipp Bouhler, qui l informa de la «procédure de liquidation des fous», sans qu on sache s il alla jusqu à lui décrire les chambres à gaz où les victimes étaient mises à mort. Goebbels ne broncha pas. Cela «est si nécessaire», écrivit-il. «Encore secret.» Sa seule crainte, et elle était justifiée, concernait les répercussions possibles : «Cela promet de grandes difficultés 16.» Expédier les Juifs en Afrique : l idée était loin d être nouvelle ou originale, ou même spécifiquement nazie 17. Elle était revenue avec une insistance particulière en quand la question des réfugiés Juifs allemands et autrichiens devint un problème international, bientôt abordé lors de la conférence d Évian, sans beaucoup

5 Goebbels et la persécution des Juifs 35 de succès. Mais l écrasement des Pays-Bas et de la Belgique et la défaite certaine de la France à court terme inscrivirent les visions de Himmler dans le domaine du possible. Au début de l été, le RSHA, le ministère des Affaires étrangères et même l Office du Reich pour l aménagement du territoire, mandaté par Göring, travaillèrent concurremment à l élaboration d un plan de transplantation vers l île de Madagascar : l armistice permettait en effet d envisager le transfert sous autorité allemande de la colonie française. Leurs projets confirmaient à l envi le caractère non génocidaire de ce programme, qui ne portait plus seulement sur les Juifs allemands ou polonais sous domination allemande, mais sur la plupart des Juifs européens, Europe centrale et URSS mises à part. Le but était certes d isoler les Juifs de manière définitive Madagascar deviendrait une «réserve», mais en prenant soin d assurer leur survie à long terme. On s interrogeait sur le climat, assez insalubre, sur la question des ressources alimentaires, sur les possibilités de développement, sur les rapports de cette future entité avec le monde extérieur, etc. L opération aurait bien sûr entraîné une importante mortalité, ne serait-ce que du fait du transport, au rythme d un million de personnes par an, mais tout indique que cette mortalité n en était en aucun cas le but premier. Goebbels n avait été informé de ces plans qu après quelques semaines. Avant même, cependant, que la campagne de l Ouest ne fût achevée, Hitler lui avait réaffirmé sa volonté de résoudre le «problème juif». Le 5 juin 1940, il avait dit en substance à son ministre : «On en aura vite fini avec les Juifs après la guerre 19.» Prenant acte de ces intentions, aussitôt l armistice signé avec la France, Goebbels demanda à ses services de travailler, de concert avec le RSHA, à la conception d un plan d évacuation totale des Juifs de Berlin : cette déportation, à destination des territoires anciennement polonais, devait être lancée «immédiatement après la guerre» et terminée en huit semaines au plus 20. Le 24 juillet, il eut l occasion de rappeler à Hitler l importance qu il attachait à l expulsion des Juifs de Berlin : elle devait permettre de vaincre les dernières résistances au régime en mettant à l écart les fauteurs de trouble 21. Dès le lendemain, son «grand plan d évacuation des Juifs de Berlin» était approuvé, probablement par Heydrich,

6 36 Auschwitz, enquête sur un complot nazi et il prit soin de noter cette bonne nouvelle. On l avait d ailleurs informé à cette occasion du tour que prendrait l opération : «En outre, l ensemble des Juifs d Europe doivent être déportés après la guerre vers Madagascar. Cela sera un protectorat allemand placé sous un Gouverneur de Police allemand 22.» Lors d un long entretien en tête à tête comme les deux hommes en avaient régulièrement, Goebbels eut, le 16 août, le loisir de discuter de ce plan avec Hitler, qui lui en confirma les grands traits : «Les Juifs, nous les expédierons plus tard vers Madagascar. Là-bas, ils pourront aussi se construire leur propre État 23.» Il y avait de l ironie dans cette réflexion, car Hitler ne croyait nullement à la capacité des Juifs, parasites par essence, à bâtir un État. «Plus tard», «après la guerre» : la réalisation du «plan Madagascar» supposait en effet de disposer de la maîtrise des mers que seule une défaite de l Angleterre permettait d assurer. Dès le mois de mai, une attaque outre-manche était sérieusement envisagée ; en juillet, ordre était donné à la Wehrmacht de la préparer ; en septembre, il devint évident qu un débarquement en Angleterre avait peu de chance d être victorieux. Le projet de transplantation totale des Juifs européens, né dans l euphorie des victoires militaires à l Ouest, fut abandonné, même si on laissait supposer qu il n était que suspendu. Au début du mois de novembre 1940, Goebbels eut un entretien avec Hitler qu il rapporta le lendemain dans son Journal, mêlant sans doute aux propos du Führer des commentaires personnels. Hitler parlait de la politique que souhaitaient mettre en œuvre les Gauleiter des territoires polonais annexés au Reich : «Tous veulent décharger leurs ordures dans le Gouvernement général. Les Juifs, les malades, les flemmards, etc. Et Frank se dresse contre. Pas totalement à tort. Il voudrait faire de la Pologne un pays modèle. Cela va trop loin. Il ne peut, et il ne doit pas en être ainsi. La Pologne doit être pour nous un grand réservoir de travailleurs, ainsi en a décidé le Führer Et, plus tard, nous repousserons à leur tour les Juifs hors de cette région 24.» Ainsi, dès l automne 1940, le Gouvernement général était redevenu un territoire d accueil transitoire pour les Juifs et les Polonais expulsés. Himmler échafaudait de nouveaux programmes de transfert de population et Hitler annonça ses décisions :

7 Goebbels et la persécution des Juifs ou Juifs et Polonais seraient transférés vers l ancienne Pologne 25. Mais, comme l avait rappelé Hitler à Goebbels, il ne s agissait que d une mesure intermédiaire, précédant pour les Juifs une transplantation définitive vers un territoire non précisé. Ce revirement, à mon sens, s explique seulement par l option stratégique que Hitler avait commencé à envisager en juillet 1940 et qui devint de plus en plus vraisemblable après le renoncement à une invasion de l Angleterre : une attaque contre la puissance avec laquelle l alliance n avait été qu opportuniste, l Union Soviétique. Il est possible que, dès le mois de septembre, Heydrich ait pu imaginer envoyer les Juifs vers les territoires soviétiques conquis 26. La relance, au début du mois de novembre, des déportations en direction du Gouvernement général constitue une autre indication : ce territoire serait donc une étape dans un déplacement qui se poursuivrait plus à l est. Élément supplémentaire, Hitler autorisa à la fin du mois un programme visant à déporter les Juifs viennois vers l ancienne Pologne 27. Le 18 décembre, finalement, il donna l ordre à la Wehrmacht de préparer l attaque contre l URSS. Et Himmler ordonna dans la foulée la mise en œuvre d un nouveau plan de transplantation de Juifs et de Polonais vers le Gouvernement général, non moins colossal et aussi vite avorté qu une année plus tôt, pour des raisons à peu près similaires 28. L inflexion la plus importante, cependant, concernait moins la mise en œuvre de mesures de court terme que l évolution de la politique antijuive au niveau central. En janvier 1941, en effet, Heydrich présenta les grandes lignes de son «projet de solution finale» à Hitler et à Göring. * Ce projet de janvier 1941, nous le connaissons très imparfaitement, et seulement par des documents secondaires 29. Quelques historiens, encore récemment, ont supputé qu il impliquait d ores et déjà le meurtre ou la mort de tous les Juifs d Europe, mais leur méthodologie est trop insatisfaisante pour que l on puisse retenir leurs hypothèses 30. En vérité, c est en mars 1941 que l on trouve la première trace archivistique actuellement disponible attestant

8 38 Auschwitz, enquête sur un complot nazi un projet que l on pourrait qualifier de génocidaire, puisqu il aboutirait, sans même recourir au meurtre, à la disparition totale du peuple juif. Il s agit d un rapport de Viktor Brack, responsable de la Chancellerie du Führer et organisateur de la mise à mort des malades mentaux allemands victimes sur le seul territoire du Reich jusqu à l été Ce rapport, expressément commandité par Himmler en janvier précédent, portait sur la faisabilité d une campagne de stérilisation de masse. Si la population visée n était pas explicitée dans le document, il était pourtant clair qu il s agissait des Juifs : le dispositif proposé par Brack suivait la forme et le rythme de leur future transplantation, telle qu on peut la reconstituer à partir d éléments épars. Brack avait indiqué qu une stérilisation rapide était possible par irradiation aux rayons X 31 une affirmation que la suite démentirait. Un des plus hauts responsables nazis était ainsi à la recherche d un dispositif qui aboutirait, à long terme, à la disparition totale des Juifs, à l extinction de leur peuple. Néanmoins, Himmler, tout en continuant à se renseigner sur d autres techniques de stérilisation, ne fit aucun usage du rapport de Brack. On peut donc se demander dans quelle mesure il ne s agissait pas seulement d une démarche purement exploratoire de Himmler, effectuée à titre personnel : il n existe aucune indication montrant qu il en aurait parlé à Hitler ou que le dispositif aurait été intégré à la version développée du «projet de solution finale» à laquelle les services de Heydrich étaient supposés travailler à la même période. Pour autant que l on puisse le reconstituer, ce projet était dans la droite ligne du «plan Madagascar», à ceci près qu il était prévu d envoyer les Juifs dans des régions encore plus inhospitalières, en URSS. Dans ces régions conquises grâce à une «guerre d annihilation», on projetait en outre de mettre en œuvre une politique de pillage entraînant le déplacement ou la mort par la faim de «plusieurs dizaines de millions de personnes», comme on pouvait l écrire sans fard dans des documents internes de l époque 32. Afin de ménager l effet de surprise sur lequel comptait Hitler pour abattre l URSS, ce changement de destination devait demeurer totalement secret : on parlait donc de «territoires encore à déterminer 33». Par ailleurs, le programme de transplantation totale

9 Goebbels et la persécution des Juifs 39 des Juifs européens devait s étendre sur plusieurs années. Cette «solution définitive» de la «question juive» était encore assimilée à une «entreprise de colonisation» qu il s agissait de planifier «dans les moindres détails 34». Elle ne serait lancée qu une fois la guerre gagnée. Goebbels n avait pas été avisé de ces réflexions, sans qu on doive s en étonner. Il n avait en effet aucune responsabilité spécifique dans le futur programme. Le ministre n avait pas non plus été informé à ce moment-là du projet d invasion de l Union soviétique (il le serait à la fin du mois de mars 35 ). Ce secret était en somme plus décisif et mieux gardé que tout ce qui touchait à la «solution finale» ou même à l opération T4 d extermination des malades mentaux. Le 30 janvier 1941, le supérieur de Viktor Brack, Philipp Bouhler, avait ainsi parlé à nouveau librement à Goebbels du programme qu il supervisait. Le ministre le rapporta le lendemain dans son Journal : «Parlé avec Bouhler de la liquidation sans bruit des malades mentaux ont disparu, doivent encore disparaître. C est un travail dur, mais aussi nécessaire. Et il doit être fait maintenant. Bouhler est l homme qui convient à cette tâche 36.» Ignorant les projets à moyen terme concernant les Juifs, le Gauleiter de Berlin apprit néanmoins que des convois partaient de Vienne pour le Gouvernement général et cela réveilla la compétition entre les deux capitales. Le 17 mars, lors d une conversation avec Hitler au sujet de Vienne, la question des convois fut abordée incidemment : «Vienne sera bientôt totalement débarrassée de ses Juifs.» Et Goebbels poursuivait dans son Journal : «Alors, ce sera au tour de Berlin. J en parle déjà avec le Führer et le Dr Franck [sic]. Il met les Juifs au travail et ils se montrent dociles. Plus tard, ils devront tous dégager d Europe 37.» L avenir des Juifs, en définitive, intéressait assez peu le Gauleiter de Berlin. Ce qu il voulait, c était chasser le plus rapidement possible les Juifs de la ville dont il avait la responsabilité. Trois jours plus tard, le plus proche collaborateur de Goebbels, Leopold Gutterer, tira prétexte de cette conversation au plus haut niveau pour essayer d accélérer le processus lors d une réunion au ministère de l Intérieur. Il expliqua aux participants, dont Eichmann, que le ton

10 40 Auschwitz, enquête sur un complot nazi de l échange «laissait penser qu il n était plus tolérable qu aujourd hui encore la capitale de l empire national-socialiste abrite un si grand nombre de Juifs Certes, au cours de cette conversation, le Führer n a pas personnellement pris la décision que Berlin devrait sur-le-champ être débarrassée des Juifs, mais le Dr Goebbels en a retiré la conviction qu une proposition appropriée en ce sens emporterait l adhésion du Führer 38.» Eichmann dirigeait le service IVB4 du RSHA en charge de la «question juive» et des transferts de population. Il fit valoir que le Gouvernement général n était pas en mesure d accueillir de nouveaux contingents, puis essaya aussitôt et de sa propre initiative de bricoler une solution : il existait un «ordre écrit du Führer» concernant la déportation de Juifs viennois ; or il n y avait que Juifs à Vienne ; on pourrait essayer d utiliser à tout le moins le contingent restant pour les Juifs de Berlin. Eichmann fut chargé d élaborer une proposition en ce sens 39. Goebbels ne fit pas état dans son Journal de la manœuvre qu il avait initiée mais il regretta par écrit que ce schéma astucieux ait été refusé au lendemain de la réunion : «Les Juifs eux-mêmes ne peuvent pas être évacués de Berlin, parce que d entre eux travaillent dans les entreprises d armement. Qui l aurait jamais cru 40?» La situation était bloquée. Il faudrait attendre la fin de la guerre. La seule conséquence de cette péripétie intervint un mois plus tard. Le 21 avril 1941, Goebbels ordonna le port obligatoire d un signe distinctif pour les Juifs de Berlin, suivant une logique qu il expliqua dans son Journal : «Sinon, l air de rien ils se mêlent encore et toujours à notre peuple et ils râlent 41.» C était une mesure de dépit, conséquence directe, ainsi que l expliqua un de ses subordonnés, de la «malheureuse» impossibilité de procéder «pour le moment» à «l évacuation des Juifs de Berlin dans les conditions souhaitées» 42. Mais Goebbels, quand bien même il avait la charge, à travers la propagande, de modeler l opinion publique, ne pouvait pas instaurer seul une mesure aussi importante et son ordre demeura sans suite, Göring tardant par ailleurs à donner son approbation à une mesure similaire proposée par Heydrich puis estimant que c était à Hitler lui-même de trancher la question 43. Décidément, il fallait attendre.

11 Goebbels et la persécution des Juifs 41 * La patience ne fut jamais une qualité nazie. Au cours des deux années précédentes, Himmler, officiellement chargé de la recomposition ethnique des territoires orientaux conquis, avait ainsi imaginé et ordonné plusieurs fois le transfert à court terme de centaines de milliers de personnes dans le Gouvernement général avec l insuccès que l on sait. En juillet 1940, à peine la situation clarifiée sur le front de l Ouest, Goebbels avait demandé à ses services de travailler à un plan d expulsion des Juifs berlinois devant être lancé dès la fin de la guerre. Au même moment, Hans Frank agissait avec plus de précipitation encore. Aussitôt après avoir obtenu l inclusion des Juifs polonais dans le «plan Madagascar», le responsable civil du Gouvernement général ordonna la suspension de la construction des ghettos. Dans la mesure où ceux-ci étaient conçus comme une solution transitoire de moyen terme, ils perdaient leur raison d être quand se profilait à plus ou moins brève échéance l évacuation des Juifs 44. Une année plus tard, ayant entre-temps dû relancer la politique d enfermement des Juifs, Frank réagit de la même manière à l annonce de nouveaux plans de déplacement des Juifs. Le 19 juin 1941, trois jours avant le lancement de l opération Barbarossa, il n avait pas caché sa joie à Goebbels qui nota le lendemain que, «là-bas, on se réjoui[ssai]t déjà de pouvoir expulser les Juifs 45». Puis, sans même attendre un mois, anticipant la victoire et le transfert de population qui suivrait, le gouverneur général ordonna à nouveau l arrêt de la ghettoïsation 46. Hitler n était pas davantage partisan de laisser traîner les choses en matière de conflits : l offensive à l Ouest avait été une guerre éclair, qui plus est victorieuse, et il escomptait de même défaire l URSS en quelques mois, avant l automne, rapprochant d autant le futur radieux de la victoire et, partant, la mise en œuvre de la transplantation des Juifs. Cependant, après quelques semaines de progression ininterrompue, il fallut reconnaître que l on avait sous-estimé la résistance de l Armée rouge et que la victoire ne pourrait intervenir avant l hiver. Le 18 août, Goebbels rencontra finalement Hitler, cloîtré dans son quartier général, et le trouva

12 42 Auschwitz, enquête sur un complot nazi fatigué et vieilli. Conscient de la situation périlleuse dans laquelle se trouvait le Reich, Hitler se raccrochait aux espoirs les plus fous : Staline pourrait peut-être accepter la paix ou Churchill être renversé ; tout pourrait ainsi basculer en quelques semaines 47. À ces moments d abattement succédèrent des moments d euphorie, suivis de nouvelles crises. Mais le temps passait. L horizon d attente était semblable à la ligne d horizon : il fuyait à mesure que l on avait l impression de s en approcher. Pour ce qui est de la «question juive», l été 1941 avait été marqué pour Goebbels par deux expériences fondamentales et, d une certaine manière, complémentaires. Le conflit semblait, en premier lieu, lui avoir apporté la confirmation de la nature intrinsèquement maléfique des Juifs, laquelle pouvait, le cas échéant, prendre des formes nouvelles et plus radicales qu auparavant. Les Juifs étaient toujours pour lui ces êtres agissant dans l ombre, ces fauteurs de guerre tirant les ficelles à distance, à l abri ; ils fomentaient à l extérieur l hostilité envers l Allemagne et travaillaient à l intérieur à saper le moral de la population 48. Mais ils étaient aussi des ennemis actifs : il y avait ces Juifs qui tiraient sur les soldats allemands au bord de la Moldova 49, il y avait ceux dont l avancée de l armée allemande permettait de découvrir les supposées «atrocités» auxquelles il croyait 50, etc. Et Goebbels serait bientôt conforté dans cette idée par la lecture des rapports d activité des Einsatzgruppen 51, dont un membre du ministère des Affaires étrangères résumait de manière emblématique le contenu : «Au cours de la campagne de l Est, les Juifs se sont conduits [ ] comme des saboteurs, des pillards, des espions, des terroristes, des francs-tireurs, ils ont fait de l agitation communiste, ont résisté passivement et soutenu les bataillons d annihilation soviétiques et les commandos parachutistes 52.» Plus importante encore, peut-être, fut la découverte, en juillet, d un pamphlet antiallemand, publié quelques mois plus tôt à compte d auteur par un Juif américain, Theodore N. Kaufman 53. Le 24 juillet, Goebbels écrivait dans son Journal : «Paraît en ce moment aux États-Unis un livre du Juif Kaufman dans lequel, sous le titre de L Allemagne doit être annihilée!, nous est clairement prophétisé ce qui nous menace si, une fois, nous n arrivons pas

13 Goebbels et la persécution des Juifs 43 à préserver notre posture et, par là, laissons filer la victoire. Il y est très sérieusement proposé d exterminer, plus précisément de stériliser l entière population allemande. Si stupide et si absurde que soit ce projet, il montre cependant dans quel état d esprit se trouve notre ennemi 54.» Stupide, absurde? Goebbels auraitil employé les mêmes adjectifs s il avait su que Himmler réfléchissait, quelques mois plus tôt, à un projet similaire? Mais c était le peuple juif dont le Reichsführer projetait l extinction. Pour Goebbels, l ennemi changeait de nature. Les Juifs ne vou laient pas seulement renverser un gouvernement haï, abattre le Reich nazi, anéantir la germanité du peuple allemand dont le nazisme se portait garant : les Juifs planifiaient de s en prendre au corps même de chacun des Allemands, tout âge et tout sexe confondus, à travers un dispositif qui revenait à «condamner à la mort 55» le peuple entier. Qu il y ait eu, chez Goebbels, un bref moment d effroi est fort possible : il voyait dans le petit livre de Kaufman une «prophétie» dévoilant ce qui «nous» menaçait en cas de défaite. Mais, ce moment vite passé, le ministre avait vu quel profit il pouvait en tirer en diffusant ce «plan d annihilation» à des millions d exemplaires. Il écrivait quelques jours plus tard et l abandon de la première personne du pluriel montre bien qu il avait surmonté son émotion : «Ce sera pour chaque homme allemand et pour chaque femme allemande extraordinairement édifiant d y apprendre ce par quoi on commencera avec le peuple allemand dans le cas où il donnerait encore une fois, comme en novembre 1918, un signe de faiblesse 56.» * La seconde expérience n était pas moins capitale. Dans le même temps où Goebbels voulait voir se confirmer l extrême malignité des Juifs, il constatait avec une satisfaction manifeste que ceux-ci commençaient à en subir les conséquences : ils étaient frappés sur un territoire de plus en plus vaste et les coups étaient de plus en plus forts. Il est clair que, depuis des années, l antisémitisme constituait l un des éléments centraux de la politique européenne du Reich. On pourrait même dire que Hitler voulait aussi réaliser

14 44 Auschwitz, enquête sur un complot nazi l Europe par l antisémitisme, lequel n était pas seulement une fin en soi, mais un moyen : l idée générale était que la mise à l écart des Juifs, partout où ils se trouvaient, diminuait leur nocivité, facilitant de manière mécanique les relations de ces pays hôtes avec l Allemagne. Cette politique de longue haleine d exportation de la cause antisémite connut un succès évident jusqu à un certain point du moins et créa un phénomène d entraînement qui s alimenta lui-même. C est en somme ce que Goebbels voulait dire en décembre 1940 en notant dans son Journal : «À la Sobranje [assemblée législative bulgare], on a adopté une loi sur les Juifs. Pas radicale, mais c est déjà quelque chose. Notre idée marche, même sans commando, à travers toute l Europe 57.» En septembre 1941, Goebbels put de la même manière se réjouir de l instauration, en Slovaquie, d une nouvelle législation antisémite, laquelle allait «en partie plus loin que celle valable chez nous 58». À la mi-août, il s était fait une réflexion similaire au sujet d un autre grand allié de l Allemagne, la Roumanie : «Et pour ce qui concerne la question juive, nous pouvons dans tous les cas aujourd hui constater qu un homme comme Antonescu, par exemple, agit en la matière bien plus radicalement que nous ne l avons fait jusqu à présent 59.» La compétition stimulait Goebbels : il poursuivit la remarque sur la Slovaquie en indiquant qu il allait rendre publique l obligation du port de l étoile jaune en Allemagne ; après avoir parlé de la Roumanie, il ajouta : «Mais je ne vais ni me reposer ni m interrompre tant que nous n aurons pas tiré les dernières conséquences vis-à-vis de la juiverie.» En clair, Goebbels acceptait mal l idée qu en matière d antisémitisme on fût plus radical que lui et voulait reconquérir une première place à ses yeux enviable. Les persécutions ne progressaient pas seulement au sud-ouest de l Europe, dans les pays alliés de l Allemagne, mais également à l Est, sur les territoires conquis par la Wehrmacht la propagande disait : libérés du joug judéo-bolchevique. Mais il ne s agissait pas ici de législation, mais de meurtres, ainsi que le rapporta, le 10 août, un interlocuteur habituel du ministre, Gunter d Alquen. Rédacteur en chef de la revue de la SS, Das Schwarze Korps, et stationné sur le front Est 60, d Alquen profita d un bref séjour à Berlin pour faire à Goebbels un «rapport circonstancié» sur la

15 Goebbels et la persécution des Juifs 45 situation en URSS, laquelle était «encore plus catastrophique» que prévu. Beaucoup de sujets avaient été passés en revue, puis on parla des pogromes contre les Juifs. Goebbels nota : «Dans les grandes villes, un châtiment est infligé aux Juifs. Ils sont en masse battus à mort dans les rues, par les organisations d autodéfense des peuples baltes 61.» C était la première fois, d après son Journal, que Goebbels disposait d informations «circonstanciées» concernant le sort des Juifs soviétiques. Comme d autres, dans les jours qui avaient suivi l invasion, il avait été informé de tel ou tel pogrome ou lynchage de Juifs, à Lemberg ou Riga, dont la presse s était fait l écho. Le 7 juillet, il y avait lui-même fait allusion, dans un article de Das Reich, en évoquant la «fin dans la terreur pour la classe dirigeante judéo-terroriste du bolchevisme 62». Mais ces informations étaient à la fois trop précoces et trop parcellaires pour refléter ce qui était en train de se jouer durant ces premières semaines de l invasion. La prise de conscience intervint donc avec d Alquen, et Goebbels la transcrivit dans son Journal par une formule solennelle : «[ ] ein Strafgericht [wird] an den Juden vollzogen». Difficile à traduire en français («un châtiment est infligé aux Juifs»), cette expression était utilisée par Goebbels à des moments choisis où il l assortissait d adjectifs superlatifs : le châtiment était divin, historique, draconien, terrible, barbare, affreux, etc. 63. Il est vrai, en l occurrence, que l événement était marquant, ne serait-ce que par la brutalité des moyens employés. Il n est bien évidemment pas possible de savoir de quels événements d Alquen avait été témoin, ni d apprécier le réalisme de sa description. Peut-être avait-il été capable, comme cet officier, dix-huit ans après, de faire passer à son auditeur l horreur de ce qui s était passé dans les rues de Kaunas, comme en cette fin juin 1941 : «En traversant la ville, je passai devant une stationservice, autour de laquelle se pressait une foule dense. Il s y trouvait aussi beaucoup de femmes qui soulevaient leur enfant ou qui se tenaient sur des chaises ou des caisses, pour mieux voir. La clameur qui s élevait en permanence bravos, battements de mains et rires me laissa supposer d abord qu il s agissait d une fête à l occasion de la victoire ou bien d une sorte de manifestation

16 46 Auschwitz, enquête sur un complot nazi sportive. Quand j ai demandé cependant ce qui se passait, on m a répondu que le tueur de Kaunas était à l œuvre. Des collaborateurs et des traîtres étaient censés trouver ici enfin leur juste châtiment! En m avançant cependant, j ai été le témoin de l événement le plus effrayant que j aie vu au cours des deux guerres mondiales.» Et le militaire de poursuivre : «Sur l esplanade bétonnée de la station-service se tenait un homme d environ 25 ans, de taille moyenne et blond, qui s appuyait pour se reposer sur un gourdin de bois, de la grosseur d un bras, qui lui arrivait jusqu au thorax. À ses pieds, il y avait 15 à 20 morts ou mourants. Un flot d eau continu sortait d un tuyau d arrosage et repoussait le sang versé jusqu à une bouche d écoulement. Juste quelques pas derrière cet homme se tenaient une vingtaine d hommes qui, gardés par quelques civils armés, attendaient leur cruelle exécution avec une résignation muette. Sur un petit signe, le suivant s avança alors en silence et fut battu à mort de la manière la plus bestiale, à coups de gourdin, et chaque coup était accompagné d acclamations enthousiastes de la part des spectateurs 64.» Cela s était donc passé à Kaunas où, en quelques heures, le pogrome n avait pas fait moins de victimes, mais cela s était passé ailleurs, à Riga 65 ou dans d autres villes des pays baltes, d Ukraine ou de Galicie orientale, suivant un schéma plus ou moins similaire : ce qui changeait, c était le nombre des victimes et la cruauté de leur assassinat. Quel que soit le pogrome en question, le récit de Gunter d Alquen avait fait une puissante impression sur Goebbels, si forte que son Journal se faisait, dès le lendemain, l écho d une inquiétude inédite : que de tels accès de violence ne surgissent par contagion dans la capitale du Reich. Faisant allusion à la «Nuit de cristal», qui n avait pourtant pas été spontanée, il écrivait : «Je ne voudrais pas revivre ce qui s est passé en 1938, quand la question juive a été résolue par la populace. Mais on ne peut l empêcher sur la durée que quand on prend au bon moment les mesures énergiques appropriées. Surtout, nos soldats en rentrant du front ne comprendront pas qu il soit encore possible à Berlin que des Juifs aient à leur service du personnel aryen et vivent dans des appartements de six ou huit pièces quand des familles allemandes, les femmes et les enfants des soldats du front,

17 Goebbels et la persécution des Juifs 47 restent dans des caves humides ou dans des mansardes exiguës 66.» Moins d une semaine plus tard, le Gauleiter de Berlin exprima la même crainte après avoir appris que seul un tiers des Juifs berlinois était intégré dans le processus productif : «On ne doit absolument pas le dire au peuple allemand parce que, sinon, il en viendrait sûrement à des pogromes. Nous avons l honneur, nous Allemands, de mener la guerre et, pendant ce temps, [il y a] les parasites juifs qui n attendent que notre défaite pour l exploiter à leur profit pour se nourrir grâce à la force de notre peuple. Cette situation est tout simplement scandaleuse. Mais je vais veiller à ce qu il y soit mis fin sous peu 67.» * Dès le lendemain, 18 août 1941, Goebbels essaya en effet de faire en sorte que des mesures soient prises non sans succès, on le verra. Sans doute sa résolution avait-elle été renforcée, le matin même, par la lecture des «rapports circonstanciés» que la Gestapo lui avait fait parvenir sur la situation policière dans les régions occupées. En effet, ces synthèses établies à partir des rapports des Einsatzgruppen insistaient tout à la fois sur la dangerosité des Juifs soviétiques («beaucoup plus insolents et provocants» que les Juifs polonais, remarquait Goebbels), sur les représailles que leur comportement avait entraînées et sur les pogromes commis par les populations locales en de nombreux endroits 68. Il n y a rien d étonnant dès lors à ce que, lors du long tête-àtête qui suivit avec Hitler, les deux hommes s émerveillèrent du fait qu «à l Est, les Juifs doivent payer l addition». D ailleurs, fit remarquer Hitler, «en Allemagne, ils l ont déjà payée en partie et ils doivent à l avenir payer encore». Et cela n était limité ni à l Est ni en Allemagne. L Europe, dans un «front presque uni», se levait contre les Juifs qui n auraient bientôt plus comme refuge que l Amérique du Nord. Tout cela était logique : «La juiverie est un corps étranger dans les nations fondées sur la culture et son action au cours des trois dernières décennies a été si dévastatrice que la réaction des peuples est totalement compréhensible, inéluctable et, serait-on presque tenté de dire, dans la nature même

18 48 Auschwitz, enquête sur un complot nazi des choses.» Et Goebbels de conclure : «Dans tous les cas, les Juifs n auront pas beaucoup de motifs pour rire dans le monde qui vient» 69. Du moins, peut-être, seraient-ils encore vivants dans ce monde à venir du nazisme triomphant. C est dans ce contexte et en raison même de la multiplication des attaques contre les Juifs que, pour la première fois, les deux hommes revinrent sur la «prophétie» que Hitler avait faite le 30 janvier Goebbels avait noté : «Nous parlons du problème des Juifs. Le Führer est convaincu que sa prophétie d alors au Reichstag, selon laquelle si la juiverie réussissait à nouveau à provoquer une guerre, elle se terminerait par son annihilation, est en train de se réaliser. C est en train de devenir vrai en ces semaines et ces mois avec un degré de certitude sinistre 70.» Peut-être étaitce lui, Goebbels, qui avait interrogé le «prophète» sur la réalisation de sa «prophétie». Une semaine auparavant, en effet, ayant entendu d Alquen lui décrire les massacres de Juifs commis dans les pays baltes par les populations locales, il s était déjà souvenu du discours annonciateur de Hitler, constatant qu il se traduisait dans les faits : «Dans les grandes villes, un châtiment est infligé aux Juifs. [ ] Ce que le Führer avait prophétisé se produit : que, si les Juifs réussissaient encore une fois à provoquer une guerre, alors le judaïsme perdrait par là son existence 71.» Et quelques semaines plus tôt, avant même le lancement de l opération Barbarossa, il avait une première fois associé la dégradation de la situation des Juifs aux paroles de son chef : «Le Dr Frank me parle du Gouvernement général. Là-bas, on se réjouit déjà de pouvoir expulser les Juifs. La juiverie en Pologne se délabre peu à peu. Une juste punition pour avoir excité les peuples et manigancé la guerre. Le Führer avait aussi prophétisé ça aux Juifs 72.» Dans ces trois cas, ce qui attestait l efficace de la «prophétie», ce qui certifiait sa nature, c était l intervention d agents non allemands : les Juifs mouraient de misère en Pologne, ils étaient tués par les milices baltes, toute l Europe se liguait contre eux. Le prophète et son disciple pouvaient adopter la posture de simples observateurs, qui constataient la survenue de phénomènes auxquels ils ne prenaient pas part. Si le mot «prophétie» était toujours employé à bon escient dans le Journal de Goebbels, en respectant

19 Goebbels et la persécution des Juifs 49 cette logique intrinsèque qui différenciait la chose d une menace, d une annonce ou d un diagnostic, il n en demeure pas moins que ce mot, écrit sincèrement, était le plus souvent fort mal choisi ; mais le diariste ne le savait pas toujours. Car les «pogromes», dans la très grande majorité des cas, étaient en réalité tout sauf spontanés. Une des tâches des Einsatzgruppen lancés par Heydrich à la suite des troupes de la Wehrmacht était justement d initier secrètement ce type de violence, comme le chef du RSHA le précisa dans une instruction aux commandants de ces quatre unités le 29 juin : «Il ne faut pas contrecarrer les aspirations d autopurification des cercles anticommunistes ou antijuifs dans les régions nouvellement occupées. Elles sont au contraire à déclencher, bien entendu sans laisser de trace, à intensifier si nécessaire et à guider dans les bonnes directions, sans que les cercles d autodéfense puissent par la suite invoquer des arrangements ou des assurances politiques qui leur auraient été données.» Ou encore : «Il est souhaitable de déclencher des pogromes populaires locaux 73.» Ces instructions secrètes, Goebbels ne les connaissait pas et les synthèses des rapports des Einsatzgruppen reproduisaient, à une phrase maladroite près, la version officielle de massacres spontanés 74. De la même manière, ces documents ne permettaient pas de prendre la mesure de la dynamique meurtrière qui avait saisi ces unités sur le terrain. «En représailles des incendies, des pillages et des meurtres, écrivait-on par exemple, environ personnes ont été liquidées dans le rayon d action de l Einsatzgruppe B. Une grande partie d entre elles appartenait à l intelligentsia juive 75.» Le nombre des victimes pour le seul mois de juillet, pour la seule Ruthénie blanche, était certes élevé, mais, outre qu il ne s agissait pas seulement de Juifs, il pouvait paraître à Goebbels proportionné à la résistance opposée à l occupant. Mais les chiffres étaient souvent minorés et la description des actions ne correspondait pas à la réalité du terrain. Des «représailles»? Il s agissait de bien autre chose. Hitler avait préféré ne pas détromper son ministre et confident. Car lui connaissait, sans aucun doute possible, le contenu exact des ordres donnés par Heydrich aux Einsatzgruppen. Au début du mois d août il avait d ailleurs demandé à être destinataire des

20 50 Auschwitz, enquête sur un complot nazi rapports de ces unités spéciales 76. Et Himmler le tenait régulièrement informé de ce qui se passait sur le terrain. L avant-veille et la veille de sa rencontre avec Goebbels, Hitler avait ainsi déjeuné avec le Reichsführer qui avait pu lui faire le récit de la mission qu il venait d effectuer à Minsk le 15 août 77. Il n est pas sûr, comme on l a souvent supposé, que Himmler avait ce jour-là donné l ordre aux unités spéciales d exterminer également les femmes et les enfants juifs 78. Mais l on s accorde toujours à penser qu il ordonna à ses subordonnés de trouver une autre manière de procéder à ces exécutions massives qui menaçaient la santé mentale des bourreaux : de cette impulsion naîtraient quelques semaines plus tard les camions à gaz itinérants, supposés être moins éprouvants que les fusillades à l arme automatique 79. Concernant les méthodes également, Goebbels allait être tenu à l écart, comme tous les membres de l appareil d État non directement impliqués dans ces mesures. Et il lui faudrait de longs mois pour les découvrir. * Ce 18 août, il n avait pas seulement été question entre les deux hommes de cette réaction européenne au mal incarné qu étaient, selon eux, les Juifs. Hitler et Goebbels avaient aussi parlé des mesures qu il fallait mettre en œuvre immédiatement contre les Juifs allemands. Le Gauleiter de Berlin avait peaufiné son argumentaire au cours des semaines précédentes : les Juifs constituaient un danger réel, ne serait-ce que pour le moral de la population ; en les laissant à Berlin, on prenait de risque de manifestations populaires, etc. Il était déterminé et sut être convaincant, n hésitant pas à écrire le lendemain dans son Journal : «Concernant la question juive, je peux complètement m imposer face au Führer.» De fait, Hitler donna ce jour-là son approbation aux deux propositions de Goebbels. On supprimerait les rations alimentaires pour les Juifs ne travaillant pas (et c était là un écho de la statistique sur l emploi des Juifs lue quelques jours plus tôt). Et on instaurerait le port obligatoire de l étoile jaune une évolution d autant plus notable que Hitler l avait repoussée pendant des mois. À l inverse, concernant le sort des Juifs à plus long terme,

21 Goebbels et la persécution des Juifs 51 Hitler refusait de prendre des engagements fermes et restait dans le vague : «Par ailleurs, le Führer me promet d expulser de Berlin vers l est les Juifs berlinois dès que se présentera la première possibilité de transport.» À l Est, dans ce monde à venir du nazisme triomphant, les Juifs n auraient effectivement pas beaucoup de «motifs pour rire», puisque Hitler précisait : «Ils seront alors assommés de travail dans le rude climat de là-bas 80.» Le port de l étoile jaune fut institué très rapidement par un décret daté du 1 er septembre 81. Cette mesure s inscrivait dans une période de renforcement de la propagande antisémite. Des brochures tirées à des millions d exemplaires, des articles dans la grande presse donnaient une publicité maximale au pamphlet de Theodore Kaufman, Germany Must Perish! 82 Dans le même temps, la «prophétie» de Hitler devint un énoncé récurent de la propagande : le 7 septembre, l affiche hebdomadaire Parole der Woche, publiée par le NSDAP, reproduisait le texte du discours de Hitler du 30 janvier Ainsi se trouvaient conjointement affirmées dans l espace public l extrême dangerosité supposée des Juifs, les mesures prises en Allemagne pour limiter leur influence et la menace pesant sur eux d un châtiment imminent, d une autre nature. Goebbels assura lui-même la promotion simultanée de ces trois thèmes dans un éditorial de Das Reich, le 16 novembre, intitulé «Les Juifs sont coupables». Il y justifiait explicitement le port de l étoile jaune et implicitement la déportation des Juifs du Reich. Car Hitler, après avoir repoussé pendant plusieurs semaines les propositions concernant la reprise de la déportation des Juifs allemands, avait soudainement inversé son arbitrage, à la miseptembre. Les raisons de ce revirement ne sont pas totalement éclaircies. S agissait-il d une mesure de rétorsion après l annonce par Staline de la déportation de la minorité allemande habitant sur les rives de la Volga? Ou bien Hitler avait-il cédé aux pressions du Gauleiter de Hambourg, qui réclamait de pouvoir installer dans les appartements des Juifs déportés les victimes allemandes du bombardement de sa ville 84? On a également avancé que le moment choisi par Hitler pour lancer les déportations pouvait être un écho du calendrier initialement prévu 85. Plus vraisemblablement, à mon sens, Hitler avait réagi à l évolution des relations

22 52 Auschwitz, enquête sur un complot nazi américano-allemandes. Le 5 septembre avait en effet eu lieu le premier accrochage entre un navire américain et un sous-marin allemand. L entrée tant redoutée des États-Unis dans le conflit et la transformation de celui-ci en une guerre mondiale n étaient plus ainsi qu une question de semaines ou de mois 86. Responsables du bellicisme américain, les Juifs, dans la logique nazie, devraient payer. Le 18 septembre, Himmler annonça au Gauleiter de la ville polonaise de Lodz renommée Litzmannstadt que Hitler «souhait[ait] que le vieux Reich et le Protectorat soient vidés de l ouest jusqu à l est et libres de Juifs le plus tôt possible», et qu en conséquence il envisageait d expédier Juifs allemands dans le ghetto, «pour l hiver 87». Il faut souligner pour notre propos la précocité et la qualité des informations données à Goebbels, informé dès le 23 septembre puis tenu au courant de manière régulière. De ce fait, son Journal constitue, pour l automne 1941, l une des sources les plus importantes concernant l évolution de la «solution finale de la question juive», à la fois dans son contenu et concernant le rythme auquel celui-ci avait évolué. Le 23 septembre, Goebbels se trouvait au quartier général de Hitler quand il rencontra Heydrich avec lequel il avait «des choses importantes à discuter concernant le traitement de la question juive». Il évoqua l étoile jaune mais dut également faire remarquer que cette mesure n était qu un pis-aller, puisqu il ajouta, imitant Caton l Ancien : «En outre, je suis d avis que nous devons évacuer les Juifs de Berlin aussi vite que possible.» La réponse que lui fit Heydrich n était pas très différente de la vague promesse faite un mois plus tôt par Hitler de déporter les Juifs de Berlin à la première opportunité venue en termes de transport : «Cela pourra être le cas, nota Goebbels, aussitôt que nous serons parvenus à un règlement de la question militaire à l Est 88.» Mais cela suffisait à Goebbels pour voir se rapprocher la victoire espérée : Hitler était alors très optimiste et espérait porter un coup décisif aux Soviétiques au cours des semaines suivantes 89 ; il avait de plus cité Berlin en premier dans la liste des villes devant être «évacuées» de leurs Juifs, si bien que le Gauleiter de Berlin imaginait déjà pouvoir «avant la fin de l année transporter une large part des Juifs de Berlin vers

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