La Romandie. s'expose à l'hôtel de Ville d Yverdon-les-Bains

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1 2008 La Romandie s'expose à l'hôtel de Ville d Yverdon-les-Bains

2 ARTICLE - 24/01/2008 La Romandie s'expose à l'hôtel de Ville YVERDON-LES-BAINS - Le peintre, poète et auteur de livre d art Robert Battard présente ses créations pour la première fois. Chaque année la responsable de la Galerie de l Hôtel de Ville d Yverdon, Bernadette Pilloud, organise une exposition collective réunissant des artistes vivant en Suisse romande. Cette année, quatre peintres, une céramiste et un sculpteur ont été sélectionnés pour présenter leurs œuvres. Dans ce cadre, le jeune sculpteur yverdonnois, Paul Estier, expose ses créations métalliques. Ainsi, fragments de rail et acier récupérés se mêlent dans des formes harmonieuses, délicatement découpées et soudées. Ces œuvres sont présentés en résonance avec les peintures de Jean Devost. Ce Québécois installé à Bevaix (NE) joue sur le thème de l abandon avec ses huiles, néanmoins porteuses d une touche d'espérance. Cette exposition présente également les polychromes de Robert Battard, un Français habitant à L Abergement. Poète et auteur d ouvrage d art, il franchit la barrière en dévoilant pour la première fois son travail artistique et s expose à son tour à la critique. Base de données pour tous Nicole Siron s inspire pour ces «graines de possible» des semences. Elle donne alors à ses céramiques des formes qui rappellent des cosses de petits pois. Enfin, les «médiamix» des photos retouchées du Veveysan Rashid Abbas amène la lumière sur les aquarelles de la Lausannoise Anne Pantillon. Ces six créateurs sont tous issus de la cartothèque des artistes de Suisse romande. Une base de données qui existe depuis plus de 25 ans dans les locaux même de la galerie. Consultable librement, elle est un outil de promotion des artistes. vonallmen

3 Bonsoir à tous, Permettez-moi tout d abord de vous souhaiter la bienvenue au vernissage de cette exposition. Madame Pilloud, a retenu six noms de sa cartothèque des artistes suisses romands. Elle a rassemblé pour cette exposition des œuvres de Rashid Abbas, Robert Battard, Jean Devost, Paul Estier, Anne Pantillon et Nicole Siron, œuvres que nous avons le plaisir de découvrir (ou de redécouvrir) ce soir. Pour la présentation de cette exposition, je vais faire recours à un procédé habituel du critique d art du 19 ème siècle et je vous propose un itinéraire, mon propre parcours, à travers les salles - avant que vous ne partiez vous-mêmes à la rencontre de ces six artistes. Commençons donc par Anne Pantillon dont les œuvres sont exposées dans la salle au fond, à gauche. Ses œuvres racontent le temps qui passe et le temps qu il fait. Le rythme du temps qui passe, c est le rythme de la pluie, du ruissellement de l eau. C est un rythme régulier, mais tendu qui interpelle par le calme qui s en dégage. La pluie devient trace. Les «ruissellements» faits à l encre diluée à l eau et à l aquarelle coulent doucement sur la feuille de papier pour venir s écraser en gouttes sur un deuxième panneau. Le rythme se retrouve aussi dans la répétition des mouvements et dans la séparation des panneaux en séquence qui scandent les compositions telle une musique. Issue d une illustre famille de musiciens chaux-de-fonniers, Anne Pantillon possède aussi un certificat de violon du Conservatoire de sa ville natale. Puis elle s est décidée pour le monde des Beaux-Arts. La musique est présente dans sa vie, comme la nature au travers du «temps qu il fait» qui dévoile dans ses œuvres ses différentes couleurs : il devient grisaille, sombre ou bleuté c est selon - comme nos humeurs qui changent au gré du vent et de l heure, de la journée ou du mois. Ces témoignages de la nature sont associés avec beaucoup de bonheur aux céramiques de Nicole Siron, une céramiste habitant et travaillant à Bôle, dans un verger bucolique. Après l eau et l air, voici la terre. Nicole Siron travaille avec des formes organiques des graines, des cosses d haricots, des coquillages - qu elle agrandit et qu elle transforme, tout en préservant la poésie de la

4 forme primitive. La surface des pièces est tour à tour nue ou revêtue d un émail ; elle devient lisse, parfois interrompue par une série de petits trous. A chaque fois, Nicole Siron nous propose d observer la pièce selon un autre angle, une autre perspective, une autre sensibilité. Enfin, au fond de la salle, à droite, voici Jean Devost. Originaire du Canada, cet artiste vit et travaille maintenant à Bevaix, dans le canton de Neuchâtel. Avec lui, nous sortons du monde de la nature pour retrouver l homme face à son humanité. Dans l œuvre de Jean Devost, les spectateurs sont confrontés à des corps immobiles. Nous les devinons morts. Ce sont de pauvres hères, pliées, recourbées, des masses indolentes et serviles qu aucun muscle ne retient. Ce sont des âmes damnées qui errent en attendant une délivrance qui ne vient pas. Ses tableaux parlent le même langage : la couche picturale est étalée, elle est travaillée, sculptée dans la masse comme si le peintre voulait donner une dimension plus humaine à ces figures fantomatiques. Dans le registre du vivant, les «souvenirs de marche» est plutôt un témoignage de notre condition humaine quotidienne : une paire de chaussures jetées par terre après une longue marche. Et enfin, je vous propose de marcher dans la salle d à côté où sont exposées les toiles de Robert Battard, un artiste français qui vit maintenant en Suisse romande. Dans ses toiles de petits formats, l artiste se concentre sur les effets visuels de ces constructions géométriques. Avec un art maîtrisé, il se focalise sur l étude des lignes et des surfaces. Il travaille les surfaces à l aide de différents outils (spatules, brosses, tampons ou pinceaux) qui lui permettent ainsi d amplifier sa force d expression. Robert Battard «dépeint», c est-à-dire décrit et analyse, sans que le tableau ne perde pour autant de sa touche poétique. Les surfaces nettes, lisses, rugueuses, colorées deviennent tristes, mélancoliques ou heureuses à vous de voir! Disséminés dans toute l exposition, vous retrouvez les sculptures métalliques de Paul Estier, un jeune artiste vaudois. J aurais envie de parler de violence douce à propos de ses oeuvres. Elles sont violentes car elles témoignent chacune de la violence d un coup, voire de plusieurs coups, porté à une pièce métallique qui en ressort tordue, coupée, blessée. Je pense par exemple à une poutrelle tombée du ciel et qui brise en deux une plaque verticale. Mais ensuite, ces pièces sont polies, nettoyées puis rassemblées en un ordre qui adoucit le matériau violenté. La violence est toujours présente, mais elle est maintenant ordonnée en un ensemble cohérent et équilibré. Voyez

5 cette sculpture (à gauche). Chaque pièce a été polie, puis remise dans sa position initiale sans pour autant que les étapes antérieures n aient été reniées. La tension est bien réelle entre la violence du métal découpé et les pièces polies, disposées dans un équilibre perpétuel. Ici, l acier lance des éclats étincelants sur les œuvres colorées et lumineuses disposées dans la salle située à ma gauche. Rashid Abbas est né en Irak où il a fréquenté l Ecole des Beaux-Arts de Bagdad avant de venir en Suisse. Maintenant, il vit et travaille à Vevey. Rashid Abbas présente dans cette exposition des photos retravaillées selon différentes techniques. Il superpose diverses couches en transparence. Les surfaces ne sont cependant pas aussi lisses qu on ne le croit au premier abord. Elles s avèrent être parfois rugueuses, grossières ou déchirées. Souvent des formes sont suggérées, évoquées comme dans un rêve. Dans la série exposée, elles ne donnent cependant que rarement naissance à un sujet. Il y a pourtant une exception : une fenêtre à barreaux se transforme en réminiscence de la prison d Abou Ghraib. Voilà, nous arrivons à la fin du parcours. A vous maintenant de vous un frayer un! Rohner Silvia, galerie de l Hôtel de Ville d Yverdon, 2008