BUSINESS MODEL APPROACHES. Cas écrit par Martial Bombrault. Ne pas utiliser en dehors des campus IDRAC sans l autorisation de M.

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1 BUSINESS MODEL APPROACHES Cas écrit par Martial Bombrault Ne pas utiliser en dehors des campus IDRAC sans l autorisation de M. Bombrault CAS PEARLTREES Question 1 : Comment se définit le Business Model choisi par Pearltrees pour se développer, et quelles en sont les caractéristiques génériques? Question 2 : Modélisez le Business Model spécifique de Pearltrees, à l aide du Canvas BMG. Question 3 : Quelles sont les limites et les atouts du Business Model choisi par Pearltrees? Question 4 : Comment a évolué le Business Model de Pearltrees depuis le printemps 2012, et quelles sont les causes de cette évolution? LE WEB 2.0 ET LA CURATION LE WEB 2.0 Apparue en 2004, popularisée par Tim O Reilly, l expression «web 2.0» est emblématique de l explosion des contenus et des contributions des internautes sur le web. Les principes définis pour ce concept sont explicités dans ce schéma (Article 30 sept Tim O Reilly «Qu est ce que le web 2.0?») En 7 ans, le web 2.0 est devenu la logique centrale des usages et des développements business du web, puis de l internet (incluant le web mobile, l internet des machines, ) Il a généré un volume de données dont la croissance est exponentielle : en 2010, 800 milliards de Gigaoctets de données ont été mises en ligne, soit l équivalent de la production d informations de l humanité jusqu en 2003! Cet état de fait se combine avec la logique sociale du web 2.0, qui amène les internautes/acteurs à partager les informations qui les intéressent avec leurs amis (facebook), suiveurs (twitter), cercles (google +) et donc à multiplier les références et liens. Les internautes sont donc de plus en plus à la recherche d outils et de pratiques permettant d organiser les données/informations qui les concernent/intéressent. Les premiers outils utilisés ont été (et sont toujours très majoritairement) les bookmarks (ou favoris) que l on retrouve principalement NANT ES AMIENS BORDEAUX GRENOBLE LILLE LYON MONTPELLIER NANTES NICE PARIS TOULOUSE

2 au travers des navigateurs internet (I.E. / Firefox / Chrome / Opera). D ailleurs, parmi les extensions les plus populaires de ces navigateurs se retrouvent des outils de productivité du type «organisation & partage des bookmarks». LA CURATION La curation de contenu se définit (wikipedia en langue française février 2012) comme «une pratique qui consiste à sélectionner, éditorialiser et partager les contenus les plus pertinents du Web pour une requête ou un sujet donné. La curation est utilisée et revendiquée par des sites qui souhaitent donner une plus grande visibilité et une meilleure lisibilité à des contenus (textes, documents, images, vidéos, sons...) qu'ils jugent utiles aux internautes et dont le partage peut les aider ou les intéresser.» C est un terme qui est apparu en 2010/2011, et qui répond à «l obésité» du web et donc à la nécessaire «cure» permettant un usage productif. En France, ce terme est souvent remplacé par «Agrégation Web», du fait de la confusion avec le terme officiel de «curateur» qui désigne un mandataire de justice. Le principe de la curation est de réaliser un traitement, par rapport à une problématique (ou un centre d intérêt) et un contexte (temporel, géographique, sémantique, ), pour trier ou filtrer l information disponible sur internet. Ce tri est alors mis en relief à travers une «éditorialisation», c'est-à-dire une mise en relation et une explication des informations identifiées. Cette éditorialisation a pour but de faire mieux comprendre les informations aux lecteurs/internautes, et de «faciliter» l accès à ces informations. Le troisième volet est le partage (ou non) de cette curation. Les deux controverses qui existent autour du terme et de la pratique sont :

3 Celui du biais de traitement : l acteur de la curation génère un traitement par rapport à des opinions, des connaissances, et donc n a pas «l objectivité» d un moteur de recherche. Le non respect des productions de contenus et des droits d auteurs, qui amènent certains acteurs à comparer la curation au pillage du web. Les principaux acteurs de la curation sont : Curation sous forme de journaux agrégateurs d informations : o Scoop.it : «Easily Publish Gorgeous Magazines» o Paper.li : «Créez votre journal en ligne pour votre communauté» Curation sous forme d histoires racontant un événement, un individu, o Storify : «commenter, interagir et raconter une histoire» o Kweeper : «historisation des contenus d'une communauté» Curation sous forme de portail web : o Netvibes «Tout ce qui a de l importance pour vous, en un seul dashboard» (racheté par Dassault Systems en juin 2012) Curation sous forme graphique / visuelle o Pearltrees : «cultivez vos intérêts» PEARLTREES : UNE AVENTURE FRANÇ AISE PEARLTREES UNE IDEE ET UN HOMME Peartrees est née de l idée d un homme : Patrice Lamothe. Titulaire d un MBA de l INSEAD, senior consultant au Boston Consulting Group ( ). Ses travaux de recherche ont porté sur les réseaux sociaux, la théorie des organisations et les processus de changement au sein des organisations. Au printemps 2008, il quitte le B.C.G. pour fonder Pearltrees, avec l idée de développer un produit de bookmarking graphique original. Les axes principaux de la proposition de valeur sont : Organiser son contenu personnel sur le web, et ses centres d intérêts, de manière visuelle, simple et évolutive Partager ses centres d intérêts et les contenus liés avec les internautes L organisation des contenus s effectue de manière graphique, à partir de «perles», que l on peut connecter entre elles, et «d arbres de perles» (pearltrees ). Chaque perle fait le lien avec un contenu (page web, site, ) et peut être nommée. La logique d organisation est pseudo-hiérarchique (une perle est liée à un arbre et d autres perles, mais une perle peut être reliée à plusieurs arbres). Un éditeur (utilisateur de Pearltrees qui créé des arbres de contenus) peut créer autant de pearltrees et de perles qu il veut. Ceux-ci sont publics et accessibles à tous, inscrits ou non. Un éditeur peut librement copier, reprendre, relier une perle/un arbre de perles déjà créé par un autre éditeur, et l intégrer à son espace. L interface graphique (initialement développée en Flash permet de déplacer les perles de manière intuitive, et de visualiser les arbres de perles simplement. En cliquant sur une perle, on peut visualiser un «extrait» du contenu de la page web de référence, et en double-cliquant, on peut accéder à ce contenu. Enfin, une application est initialement développée pour Mozilla Firefox, afin de pouvoir directement intégrer une page de contenu intéressant dans son pearltree. PEARLTREES 2009 A 2012

4 La startup débute, juin 2008, avec une levée de fonds significative : 1 million d euros de capital, auprès de Business Angels (dont Pierre Koscuiko-Morizet) et d un fond d investissement (Accueil). Son premier exercice est dédié à la Recherche & Développement, afin de poser les bases de la technologie, et de construire le site et les extensions/applications permettant l utilisation de Pearltrees. L objectif de Patrice Lamothe est de développer un usage, de construire une base forte d utilisateurs, puis seulement de construire un modèle économique et une logique de monétisation. En juin 2009, une seconde levée de fond de 1.2 millions d euros permet de passer au stade du lancement. La version beta de pearltrees.com est lancée officiellement en décembre Elle s appuie sur 6 mois de version alpha, et quelques centaines d utilisateurs testeurs. Le développement se fait alors au rythme d une nouvelle version tous les mois pour le site (avec un objectif de version stabilisée 1.0 au printemps 2011). Le succès est très rapidement au rendez-vous, puisque le site enregistre un accroissement du nombre d éditeurs (utilisateurs) de 30 % par mois. Elle est sélectionnée, en mai 2010, au «LaunchPad» du Web2Expo 2010 de San Francisco, parmi les 5 start-up les plus innovantes de l année. La troisième levée de fonds intervient en Juin 2010, pour un montant de 1.3 millions d euros. En parallèle, Pearltrees est reconnu par OSEO comme «innovation de rupture», ce qui lui permet d obtenir une aide de leur part de 320 K. Elle fait démonstration de ses atouts à la manifestation «LeWeb 10» dont elle est partenaire technologique. Les applications pour les navigateurs (notamment Mozilla Firefox et Google Chrome) sont enrichies. Les développements technologiques s articulent en 2010 autour de : Le développement d une version 2.0 du site (2012) réécrit en HTML 5.0 Le développement d applications pour Smartphones (plateformes IPhone, Android, Blackberry) Le développement d une application pour ipad. Fin 2010, de nouvelles fonctionnalités viennent enrichir le site dont notamment la fonction «TEAM», qui fait beaucoup parler : une équipe d éditeurs (nombre illimité) peut créer et partager un/des pearltrees en logique collaborative complète. Cette fonctionnalité intéresse beaucoup les entreprises marque deux étapes clés dans le développement de Pearltrees. Tout d abord, un bureau est installé dans la Silicon Valley, avec un représentant permanent de la firme. En outre, Patrice Lamothe et d autres collaborateurs s y rendent régulièrement. Il faut ajouter que le développement des utilisateurs/éditeurs de Pearltrees a largement traversé les frontières, puisque plus de 25 % des éditeurs sont américains, depuis courant Ensuite, 2011 marque aussi la mise en ligne (novembre) de l application pour Ipad. Cette application est capital car elle renforce la logique «multi-device» de la firme, permet de mettre un pied à la fois dans l univers des tablettes et dans l univers Apple, et inaugure les nouvelles versions de Pearltrees «hors Flash». Le succès du lancement est réel, puisque l application est classée dans le Top 10 de la catégorie «Productivité» de l AppStore 3 heures après sa mise en ligne. L interface tactile est une vraie démonstration des qualités graphiques et intuitive de Pearltrees. En février 2012, Pearltrees réunit, lors d une troisième levée de fonds, 5 M pour compléter ses capitaux propres et assurer son développement. Ces fonds proviennent principalement de la société de capital-risque déjà présente au capital de Pearltrees. En Juillet 2012, Pearltrees lance son application iphone. Voici comme le blog vedette des tic «Presse-Citron» présente cette application :

5 «A l image de l application ipad, l application iphone est à la fois très simple mais aussi très fonctionnelle. En quelques clics, on peut découvrir et partager des liens mais aussi des photos et des notes. Avec la navigation de perles en perles en swipant de gauche à droite ou la prise de photos ou de courtes notes, l application utilise à très bon escient le tactile et les capacités de l iphone. C était aussi le cas sur l application ipad. Le nouveau mode hors-ligne est une pure merveille pour accéder à son compte, naviguer dans toutes ses pearltrees voire même ajouter des photos et des notes. Il est même possible d éditer ou organiser sa bibliothèque digitale sans aucune connexion, la synchronisation sera faite une fois la connexion retrouvée. En fait, on ne voit pas vraiment de différence avec ou sans connexion. Quant au mode Découverte, il est toujours aussi réussi et permet de profiter de contenus pertinents sur de nombreux sujets édités par une communauté de passionnés.» Enfin, en Octobre 2012, la version 1.0 du site est lancée, et une nouvelle offre dite «Premium» apparait. Elle est présentée, toujours par le blog «Presse-Citron» de la manière suivante : «Pearltrees est un service de curation français très apprécié qui fonctionne très bien, même en dehors de nos frontières. En effet, la start-up a annoncé très récemment la sortie de la version 1.0 et l arrivée des comptes Premium sur son service. Une information relayée notamment outre-atlantique sur des sites très réputés tels que TechCrunch ou The Next Web. Jusqu à maintenant, le service qui permet d organiser et de partager à peu près tout ce que vous aimez sur le web était totalement gratuit et ouvert, avec des «perles» accessibles par tous les utilisateurs. Pearltrees offre encore maintenant d autres possibilités avec les comptes Premium avec une option de confidentialité. Les membres Premium ont en effet la possibilité de garder les perles privées mais aussi d organiser des perles en équipes, en privé ou non, mais aussi de profiter d une assistante haute priorité. Comme le précise à juste titre Patrice Lamothe, le fondateur et PDG de Pearltrees : «La très forte demande des contributeurs de Pearltrees nous a convaincu qu il était nécessaire d ajouter une fonctionnalité permettant de contrôler la confidentialité, pour que l on puisse se considérer en 1.0 et enrichir l expérience.» Il est d ores et déjà possible de souscrire à Pearltrees Premium pour 4.49 par mois ou par an. Pour ce tarif, les membres Premium de Pearltrees pourront donc contrôler la confidentialité de leur bibliothèque, et profiter de nouvelles fonctionnalités telles que la création de pearltrees privés, la gestion de la confidentialité de leurs équipes, ainsi que l utilisation d un code pour protéger l accès à leur compte sur leur appareil ios. La version 1.0 du service, qui apporte une expérience utilisateur plus cohérente sur toutes les plateformes, est par ailleurs disponible sur le web, iphone et ipad.» Quelques chiffres illustrent cette progression : Editeurs Perles Visiteurs Uniques Pages Vues (mois) (mois) Décembre Avril Octobre Février Septembre /3 des usages sont réalisés aux Etats-Unis. 25 % en France, le reste ailleurs!

6 Patrice Lamothe indique qu il a prévu une rentabilité de la société à horizon 2013.