La Rose sud ou rose du midi de Notre-Dame de Paris. Jean-Charles Escribano 7 mars 2013

Transcription

1 La Rose sud ou rose du midi de Notre-Dame de Paris Jean-Charles Escribano 7 mars 2013 Les trois roses de la cathédrale Notre-Dame de Paris constituent l un des plus grands chefsd œuvre de la Chrétienté. La Rose Sud ou Rose du Midi fut offerte par le roi Saint Louis.

2 Les maîtres d œuvres l ayant conçu sont Jean de Chelles, puis Pierre de Montreuil. Le premier maître d œuvre de la Cathédrale, Jean de Chelles, fit poser la première pierre de la façade du transept sud en La Rose Sud, véritable pièce centrale trônant sur la façade du transept, fut édifiée en 1260 en écho à la Rose du Nord, édifiée, quant à elle, vers 1250, soit un écart de 10 ans. Les études mettent en évidence une chronologie, une filiation d inspiration, et des techniques qui s améliorent : Rose de St Denis, Rose Nord puis Rose Sud de Notre Dame de Paris. Son diamètre = 12,90 mètres, la hauteur totale de vitrage = 19 mètres, soit 110 m 2 de verre, cinq fois la Rose de Marseille qui développe 22 m 2. Cette rose sud de N D de Paris est consacrée au Nouveau Testament. Sa géométrie repose sur le chiffre quatre, le tetraktys de pythagore. Elle comporte quatre-vingt-quatre panneaux (21 X 4) répartis sur quatre cercles. Le premier comporte douze médaillons,

3 Le second vingt-quatre. Un troisième cercle est constitué par douze quadrilobes, Le quatrième cercle est ponctué de vingt-quatre médaillons trilobés. Nous retrouvons effectivement le nombre symbolique quatre, l Unité supérieure qui contient le Tout, ainsi que ses multiples douze et vingt-quatre. Le symbolisme des nombres, qui remonte à Pythagore, est très présent dans la construction des édifices sacrés : c est le 4 qui contient la décade. I II III IIII Les dix unités, appelées alors monades, correspondent à l unité supérieure, c'est-à-dire Dieu. Les compagnons bâtisseurs ou artistes traditionnels en témoignent, à l exemple de Pierre PETIT, compagnon du devoir maître-verrier, auteur des vitraux de la grotte de la Sainte Baume : l élément structurant de sa signature est le 4.

4 La rose de N D de Paris a du être étayée à partir de 1543, à la suite de tassements dans la maçonnerie. Restaurée entre 1725 et 1727 par Guillaume Brice sous la direction de Boffrand. Travaux mal exécutés, et encore critiqués aujourd hui. L incendie de l archevêché lors de la révolution de 1830 a gravement altéré la rosace. En 1861 = Viollet-le-Duc. Devant l affaissement prononcé de la maçonnerie, il reprit entièrement la façade du croisillon Sud et fit pivoter la rosace de 15 pour lui donner un axe vertical et un axe horizontal, consolidant ainsi cette dentelle de pierre. Le maître verrier Alfred Gérente restaura les vitraux du XIII e siècle, et reconstitua les médaillons manquants, dans l esprit de l authenticité de l ensemble. Mais les interventions successives sur la rosace ont totalement bouleversé les panneaux. Aujourd hui encore, on ne sait rien de l intention originale voulue par le concepteur. Les douze Apôtres, constituant originellement le premier cercle, sont désormais dispersés dans les deux cercles, se mélangeant à d autres personnages.

5 On reconnaît aussi dans l ensemble les cercles Des Saints et Martyrs St Pothin, évêque de Lyon St Eustache St Laurent, diacre avec le gril de son martyre St Adrien St André St Denis, premier évêque de Paris portant sa tête

6 Ste Marguerite et un dragon St Georges ; Blandine et deux lions Des vierges sages Une vingtaine d anges (dans le quatrième cercle) portant un cierge, deux couronnes ou un encensoir,

7 Des scènes du Nouveau et de l Ancien Testament (dans les troisième et quatrième cercles) La fuite en Egypte Le Jugement de Salomon L Annonciation La guérison d un paralytique On y retrouve dans le troisième cercle (une dans le quatrième), une suite de neuf scènes de la vie de Saint Matthieu, de facture précieuse et bien conservée. Leur origine est inconnue, mais les experts s accordent pour les dater du dernier quart du XII e siècle.

8 Aux extrémités, les deux écoinçons présentent : La descente aux Enfers à l est, entourée de Moïse et Aaron (en haut) et de la tentation d Adam et Eve (en bas) La résurrection du Christ à l ouest avec saint Pierre et saint Paul (en bas), sainte Madeleine et saint Jean (en haut).

9 Le médaillon central contenait probablement à l origine un Dieu en majesté. En 1726, ayant disparu, conséquence de l état de délabrement depuis près de deux siècles de la rose, on décida de le remplacer par les armoiries du cardinal de Noailles, archevêque de Paris de l époque, qui avait dépensé livres pour la restauration de la rose. Viollet-le-Duc, par le travail de Gérente, choisit d y placer la représentation du Christ de l Apocalypse : l épée sortant de la bouche du Sauveur est le symbole que sa parole sépare l erreur de la vérité. Des étoiles brillent sur les plaies de ses mains, tandis que les lampes du temple sont allumées autour de lui. La claire-voie de la Rose Sud Sous la rose, la cour céleste est parfaite par les seize prophètes représentés dans les grands vitraux de la claire-voie, peinte au XIX e siècle par Alfred Gérente sous la direction de Viollet-le-Duc. Conformément à la Cathédrale de Chartres dont ce dernier s est inspiré, au centre, les quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel) portent sur leurs épaules les quatre évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean). C est la méditation même de Bertrand, évêque de Chartres au XIII e siècle, sur le lien entre l Ancien et le Nouveau Testament : Nous sommes comme des nains montés sur les épaules de géants, si bien que nous percevons bien plus de choses qu eux, non que notre vision soit plus perçante ou notre taille plus haute, mais parce que nous sommes transportés et élevés plus haut grâce à leur taille gigantesque. La Rose du Midi symbolise donc le Christ triomphant siégeant au Ciel, entouré d une cour céleste et de ceux qui témoignent de sa venue sur la terre.

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