Claude Paradis. Lettres d écorce. postface de David Cantin. Éditions du Noroît. Extrait de la publication

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Christelle Laframboise
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1 Claude Paradis Lettres d écorce postface de David Cantin Extrait de la publication Éditions du Noroît

2 Extrait de la publication

3 Lettres d écorce Extrait de la publication

4 Extrait de la publication

5 Claude Paradis Lettres d écorce Nouvelle édition postface de David Cantin Éditions du Noroît

6 Le Noroît souffle où il veut, en partie grâce aux subventions du Conseil des Arts du Canada et de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec. Les Éditions du Noroît bénéficient également de l appui du Programme de crédit d impôt pour l édition de livres du gouvernement du Québec (gestion SODEC). Infographie : Geneviève Desautels Artiste : Yves Laroche, Le tissus des choses se désagrège. Dépôt légal : 4 e trimestre 2012 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISBN : Tous droits réservés Éditions du Noroît, 2012 DISTRIBUTION AU CANADA DISTRIBUTION EN EUROPE EN LIBRAIRIE Librairie du Québec (DNM) Dimedia 30, rue Gay-Lussac 539, boulevard Lebeau Paris Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2 Téléphone : Téléphone : Télécopieur : Télécopieur : liquebec@noos.fr Éditions du Noroît 4609, rue D Iberville, bureau 202 Montréal (Québec) H2H 2L9 Téléphone : lenoroit@lenoroit.com Imprimé au Québec, Canada Extrait de la publication

7 Extrait de la publication à Mark Skarzynski

9 Car je n aime pas qu on lise mon livre à la légère. J éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a six ans que mon ami s en est allé [...]. Si j essaie ici de le décrire, c est afin de ne pas l oublier. C est triste d oublier un ami. Tout le monde n a pas eu un ami. Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

10 Extrait de la publication

11 Extrait de la publication Correspondance

12 Extrait de la publication

13 Lointain ami, l étrangeté nous rejoint, nous qui préservions en nos yeux l espace d aimer. Quel compagnon jadis, dans la chanson des jours, savait me murmurer l instinct de la beauté et des fleurs? Celui-ci parti, mon chagrin est singulier ; mon ennui, multiple. Comment nommer ce qui se meut en secret sous le sol, gronde sous mes pas jusqu à l écorce de cet arbre, puis de cet autre? Je devine la clarté d une ombre, l obscurité d une chair. Je t imagine là où je pense te reconnaître. La distance n invente pas la solitude ; elle lui donne un sens que je cherche à comprendre. 11

14 Vieux compagnon, tes silences comptent tant pour moi ; ici, tu sais, l ombre se veut comme l est notre amitié légère dans les plis de l âge. L amour grandit et connaît maintenant l enfance. Le fleuve si vaste qu il ne rassemble pas les terres mais les recouvre ne nous divise, ne nous fragmente, puisque nous y naissons chaque jour davantage, voisins des herbes et du limon. Ailleurs, tu creuses le sol d une quelconque mémoire. Ici, j ai le sentiment qu un continent progresse et que le siècle n a pas de fin. Des ombres qui nous sont communes brûlent de vieillir sans qu on les observe (des champs de pierres étranges et de coquillages, quelques cadavres de bois et des livres effacés pourrissent en notre absence). Mes enfants esquissent des images de mon attente! 12 Extrait de la publication

15 Et tu t éloignes. Je te sais traversant le torrent de ton sang pour retrouver les eaux de ta parole. Comme un enfant épris de son vertige, tu t éloignes! Quelquefois je flâne près de ce fleuve dont tu touchas l ivresse : je griffonne un obscur message d amitié dans le sol ou sur la pierre, que les eaux glauques effacent aussitôt. 13

16 Je n ai que tard compris où pouvait loger la parole. Le silence que chacune de nos lettres recèle m invite à scruter le dit et le non-dit, jusqu à me taire et te nommer, simplement te nommer. Une amitié de pierres dans un coffret de bois est ce qui reste maintenant de nos paroles, de nos silences nombreux. La poésie est le partage de nos yeux. Si tu savais comme la paternité donne prise au silence! Quelque chose de très petit m échappe. Je bute sur les mots comme sur les pierres d un sentier escarpé. Quel fils, quelle fille te donnera le charme de tes amours? 14

17 La terre est étrangère au silence qui l exalte. Ne pas parler d oubli : les pierres, sur le rivage disposées, transcrivent une mémoire. Un peu de glaise au front du vent, une saxifrage tumultueuse et un berceau de sable jaugeant les âges sont la demeure de l enfance. Nul ne s égare s il ne s enfuit. Et si nos pas se perdent, c est que le sentier parfois nous dévore... 15

18 Un soir, sans en comprendre le sens, je t ai imaginé silencieux parmi des pierres et des hommes : nombreuses statues autour de toi mimaient la mort. L amour? Cette question venue : et cet enfant, aura-t-il, lui aussi, le doute de vivre? Ton enfant, fier compagnon, de quelle petite pierre en ses jeux, de quelle mémoire, pour quel destin attisera-t-il ses rêves? Le temps passe à étirer nos silences, à conserver intact ce doute de l autre tout en brûlant la mèche de notre aveuglement. Je regarde s effriter tranquillement tes écrits. 16 Extrait de la publication

19 L éternité affûte ses outils. Des ossements cisèlent l horizon, percent l infini. Je suis la sentinelle : la nuit me ramène vers le vaste intérieur, vers le sombre, vers l inouï. 17 Extrait de la publication

20 Terre épousée : un feu étale le froid. Je vis de ce côté du monde où règne le givre. La distance ravine un sentier où les corps s obscurcissent. Demain, entre fureur et fleuve, pendant que sommeillera le grain, je murmurerai le nom que je ne fais que taire depuis le désir de nommer. Demain, après-demain, le siècle renouvellera ses cendres. Constante union avec le vide! Je retrouve le chagrin à la croisée des eaux : la nuque ployée, je n épuise cependant pas la source ni le sel. Le visage se détend dans les sables du vent. Demain l hiver, la légèreté des neiges profile l éternité. Un enfant est toujours le contemporain du glacier. 18 Extrait de la publication

21 Table Correspondance 9 Confidence 27 Mensonge du temps 47 (Disparition) Postface 65

22 Du même auteur Poésie Stérile Amérique, Montréal, Leméac, 1985 (Prix Octave-Crémazie 1985). L amourable, Montréal, Le Noroît, Le silence de la terre, Montréal, VLB éditeur, 1993 (Prix Jacques- Poirier 1993). Lettres d écorce, Montréal, Le Noroît, Les mêmes pas, Montréal, Le Noroît, Toujours les mêmes pas, Montréal, Les Éditions marées basses, livre d artiste réalisé et illustré par Eve Beaudry, Un pont au-dessus du vide, Montréal, Le Noroît, Le livre sur la table, Montréal, Le Noroît, Essais Présentation, préface explicative et notes d accompagnement pour la réédition du recueil de poésie Mémoire de Jacques Brault, Anjou, Éditions CEC, coll. «Grands textes de la littérature québécoise» (GT 6), «Peinture aveugle de Robert Melançon. Prendre le pouls de la vie», essai paru dans Le Désaveuglé. Parcours de l œuvre de Robert Melançon, collectif sous la direction d Yves Laroche, Montréal, Le Noroît, 2007, coll. «Chemins de traverse», p. 48 à 61. «Leçon retenue», essai sur l enseignement de la poésie paru dans Leçons du poème, collectif sous la direction de Vincent Charles Lambert, Québec, Éditions Nota bene, coll. «Cahiers du Centre Hector-de-Saint-Denys-Garneau», 2008, p. 89 à 99. Extrait de la publication

23 Lettres d écorce a été composé en caractères Perpetua corps 11 et achevé d imprimer par Imprimerie Marquis le vingtième jour du mois d octobre de l an deux mille douze pour le compte des Éditions du Noroît. Direction littéraire Paul Bélanger Patrick Lafontaine Le logo du Noroît est extrait d une eau-forte de Marc Séguin. Extrait de la publication

25 «On sent dans ces proses intimistes le besoin de vaincre une certaine peur, puisque l écriture met souvent à l épreuve notre propre urgence d exister.» David Cantin Lointain ami, l étrangeté nous rejoint, nous qui préservions en nos yeux l espace d aimer. Quel compagnon jadis, dans la chanson des jours, savait me murmurer l instinct de la beauté et des fleurs? Celui-ci parti, mon chagrin est singulier ; mon ennui, multiple. Extrait de la publication

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