2015 KungFuMagazine.com. Republished by permission. a plupart des Américains sont très étonnés d apprendre que le Tai Chi est un art martial.

Transcription

1 L a plupart des Américains sont très étonnés d apprendre que le Tai Chi est un art martial. Dans la culture populaire occidentale, le Tai Chi, à l instar du yoga, passe pour un exercice physique anti-stress qui participe à la prévention des chutes chez les personnes âgées. Mais n importe quel pratiquant d arts martiaux le sait bien : dans Tai Chi Chuan (en Mandarin Taijiquan), il y a le mot Chuan (Quan) qui veut dire «le poing». C est un suffixe commun à différents arts martiaux. De toute évidence, le Taiji s est imposé en tant que discipline douce, davantage que les autres arts martiaux. Tandis que la fédération MMA 1 est devenue une industrie multimillionnaire, aucun journal ne parle de Tai Chi dans sa rubrique Sports. Le judo et le Taekwondo sont des disciplines olympiques, et pourtant le nombre de pratiquants de ces 2 disciplines confondues est à peine comparable au nombre impressionnant de pratiquants de Tai Chi rien qu en Chine. Partout dans le monde, le Tai Chi est proposé dans un nombre incalculable de maisons de retraite, et de plus en plus dans les hôpitaux, en tant que thérapie de prévention et de convalescence. Si bien qu il est impossible d évaluer précisément la population qui pratique le Tai Chi. «Nous ne savons pas combien» dit Maitre Yang Jun. «Je l ignore. L année dernière, j ai entendu dire que le Tai Chi est l activité sportive la plus pratiquée dans le monde. C est Google qui le dit. Je ne sais pas comment ils ont fait (rires) mais c est probablement vrai car en Chine la population est vraiment très nombreuse.» Maitre Yang Jun représente la 5 ème génération de la Yang Family, en ligne directe avec Yang Luchan ( ), fondateur du Tai Chi style Yang. Quand la plupart des gens pensent Tai Chi, même s ils ne pensent pas «art martial», c est l image des postures de style Yang qui leur vient probablement à l esprit. C est le style le plus répandu à l heure actuelle. Ce qui place Maitre Yang dans une position unique : son grand-père, Yang Zhenduo, va atteindre ses 90 ans. En 2009 il a officiellement nommé Yang Jun héritier direct de 5 ème génération de l art martial le plus populaire au monde. Maitre Yang Jun est d apparence calme et modeste, tout à fait ce qu on peut attendre d un maitre de Tai Chi. Il a un œil légèrement fermé mais le regard toujours souriant. Il parle anglais couramment et s exprime en mandarin uniquement pour les mots vraiment trop obscurs. Si le succès d un art martial se mesure au nombre de ses pratiquants, alors on peut dire que Maitre Yang domine le style le plus populaire au monde, qu il espère perpétrer et adapter au monde moderne grâce aux principes philosophiques hérités de la tradition. L un de ces principes consiste à éviter de se confronter directement à une force opposée. Si le monde dans son ensemble ne considère pas le Tai Chi comme un art martial, pourquoi s y opposer? Maitre Yang s explique : «Quand on dit que le Tai Chi est un art martial, je pense que c est restrictif. A l heure actuelle, plus de 80 % des gens qui pratiquent le Tai Chi ne le font pas dans un esprit martial. Si vous pensez honnêtement que le Tai Chi est un art martial, moi je pense que c est limitatif. Certes le Tai Chi a pour origine les arts martiaux, mais de nos jours il est davantage pratiqué comme activité physique bénéfique à la santé, et même au mental.» 1 Mixed Martial Arts 1 Traduction : Martine Hernandez Centre YCF LYON, France

2 Les racines du Tai Chi Chuan Maitre Yang affirme sans ambiguïté que la popularité actuelle du Tai Chi est directement corrélée à la Yang Family. Comme la plupart des pratiquants le savent, le style Yang n est pas le premier style de Tai Chi à avoir existé, cependant il est le premier dont le nom a été inventé. Maitre Yang explique qu à l origine le style Yang émane du style Chen. «Cela date de notre première génération en Chine. Il [Yang Luchan] s est rendu 3 fois à Chengiaguo (le village de la Chen Family) et à cette époque personne ne connaissait l existence du Tai Chi Chuan. C est un point dont je ne suis pas tout à fait sûr parce qu au début, dans notre ville natale, ça ne s appelait pas vraiment Tai Chi Chuan. On parlait de Sticking Fist (zhanquan, le poing collant) ou Cotton Fist (mianquan, le poing de coton). Un peu plus tard, Yang Luchan est allé à Bejing. C est un ami à lui qui l a présenté et il enseignait dans l un des palaces de la famille impériale (Duanwangfu). Il a enseigné là-bas où il a dû se confronter à de nombreux autres arts martiaux. Personne ne connaissait alors la véritable existence du Tai Chi Chuan. La première contribution de la Yang Family fut qu à l époque, Yang Luchan a fait connaitre le Tai Chi Chuan.» «Je ne sais pas exactement qui a inventé ce nom, mais à l époque, dans notre ville natale (xianshi), on n en retrouve aucune trace, rien sur Tai Chi Chuan, juste mianquan et zhanquan. Plus tard le nom a changé. Personne ne sait exactement quand Tai Chi Chuan est devenu le nom officiel ni à qui on le doit. Toutes les affirmations actuelles ne sont en fait que des suppositions. Moi je dis que je ne sais pas. De nombreuses histoires circulent mais de toutes celles que je connais, aucune n a pu être prouvée.» Du combat à la santé Même si le Tai Chi style Yang provient d une grande tradition de combat, il a dû être adapté pour être plus tourné vers la santé. Avec le recul, c est cette évolution qui lui a permis de se développer pour devenir l art martial le plus populaire. «Après son séjour à Beijing, nous sommes nombreux à savoir que Yang Luchan a servi de coach à la famille royale. Mais il a également servi de coach à la Garde (de la Cité) Interdite. Il avait ces 2 fonctions. Le Tai Chi Chuan de cette époque est dur. La manière de pratiquer, que je n ai jamais vue, était très différente de maintenant. Je ne sais pas trop, c est ma famille qui raconte. A l époque, tous les membres de la famille royale ne pouvaient pas pratiquer. Même si les hommes de Mandchourie étaient des cavaliers, rompus à la guerre, à cette époque ils avaient déjà rejoint les villes. C était différent du passé. Ils ont modifié les mouvements, les ont adaptés aux gens. Sur la théorie, le principe, l enseignement était le même. Il n a jamais changé. Pour ce qui est de la prestation, des mouvements, il y avait plusieurs styles en fonction des différents besoins. En quelque sorte du «marketing» même si ce n est peut-être pas le bon terme. Mais selon les besoins des personnes, ils adaptaient. Nos ancêtres avaient ce dicton tous arts martiaux considérés «Xiang tui yong yi zhong he zai, yi shou yan nian bu lao chun» qu on pourrait traduire par «Avance avec ton esprit pour devenir ce que tu es, retarde le temps et la vieillesse, savoure le grand âge comme un printemps». Dans l ancien temps ils s interrogeaient : qu est-ce qu un art martial? Pour eux il devait contribuer à la santé des personnes, les aider à vivre plus longtemps, comme un printemps éternel. Ce n est pas notre famille qui le disait, mais les classiques. C est ça le but. Le combat n est pas l objectif principal. De nos jours, c est l une des raisons de la popularité du Tai Chi Chuan, bien plus que d autres arts martiaux en Chine qui imposent certaines limites, selon votre âge, vos prédispositions. Mais le Tai Chi Chuan, on peut le pratiquer à tout âge. Si Yang Luchan enseignait le Tai Chi Chuan à la famille royale, c est qu ils devaient témoigner de leur esprit, entre autres. Ainsi les mouvements sont devenus de plus en plus amples pour les amener à ressentir une certaine grâce, et 2 Traduction : Martine Hernandez Centre YCF LYON, France

3 progressivement c est devenu la caractéristique du style de la Yang Family : l amplitude des mouvements qui apporte de l élégance. Dans d autres styles, les mouvements ont tendance à être moins ouverts.» La diaspora Yang Selon Maitre Yang, la 3 ème génération est la plus importante pour le Tai Chi Chuan actuel. Il souligne que le Tai Chi Yang a toujours été reconnu par les officiels du gouvernement, citant la formation du Zhongyang Guoshuguan, une académie d arts martiaux majeure faisant partie d un programme gouvernemental pour l amélioration de la santé des citoyens chinois. «Mon arrière-grand-père, Yang Chengfu ( ) a fait partie du ministère de l éducation avec Sun Lutang ( ). Il dirigeait la section neija, les arts martiaux internes. La différence avec les 2 premières générations, c est que Yang Luchan et Yang Jianhou sont restés basés à Beijing. Alors que Yang Chengfu a démarré à Beijing puis s est déplacé du nord vers le sud. Et sur chaque lieu où il a enseigné, un de ses étudiants a repris le flambeau, et Yang Chengfu s est déplacé vers le lieu suivant. A cette époque-là également, le gouvernement chinois se déplaçait constamment à partir du nord. C est ce qui explique pourquoi le Tai Chi Yang est si populaire et mieux reconnu.» «Un autre facteur important a contribué à l expansion du style Yang : la création de la première forme simplifiée et standardisée au niveau national, la forme des 24 (mouvements). C est sans doute la forme la plus pratiquée de toutes. Elle émane du style Yang. Ils ont extrait les mouvements Yang et les ont reséquencés. Cette forme a été créée vers 1950, à l époque de la Chine révolutionnaire, où il fallait trouver une forme praticable par tous et bonne pour la santé de tous. Il fallait quelque chose de facilement assimilable. C est le style Yang qui est apparu comme le plus populaire, alors ils ont créé une forme simplifiée, d où la forme des 24. La personne qui était chargée de créer cette forme, Li Tianji ( ) pratiquait également les arts martiaux. A vrai dire il avait plus étudié le Xingyi, le Bagua et le Tai Chi style Sun. Mais il s est tourné vers le style Yang qui était le plus populaire. Il est certain qu au départ, et au cours des années, de nombreux maitres traditionnels n ont pas apprécié tous ces changements. Ils avaient nombre d arguments contre la forme simplifiée par rapport à la pratique traditionnelle. Ils s y sont beaucoup opposés. Mais maintenant la forme simplifiée des 24 a plus de 50 ans, presque 60, et oui, à l origine le Tai Chi ne se pratiquait pas de la même façon, mais il n empêche que le gouvernement a toujours fait la promotion du Tai Chi Chuan, et la forme simplifiée a tout de même contribué au succès du Tai Chi, l a même rendu plus populaire. Quel que soit le point de vue, tous ont aidé le Tai Chi Chuan, c est ce qui compte vraiment.» «Qu est-ce qui a rendu cette forme des 24 aussi populaire? C est parce que son apprentissage était obligatoire au collège. Il fallait l apprendre et passer un examen. Ça faisait partie des cours d éducation physique. Voilà pourquoi la forme des 24 a apporté autant de bénéfice». Avec la fondation de la République Populaire de Chine a commencé la première vague d immigration des grands maitres chinois. Beaucoup d entre eux ont fui ce qui allait se révéler comme une page brutale de l histoire de la Chine, échappant aux Communistes ou aux Japonais, afin de retrouver des horizons plus sereins. «Lorsque les Japonais sont arrivés, mon grand-oncle est parti de Guangxi pour Hong-Kong. L un des disciples senior de mon grand-père, Dong Yinjie ( ) est parti également pour Hong-Kong. Et c est ainsi que le Tai Chi Chuan s est fait connaitre au-delà des frontières. A partir de Hong-Kong, au début. Puis il y a eu de nombreux autres disciples, notamment Chen Man-ch-ing (Zheng Manqing ) dont vous avez probablement entendu parler. Comme 3 Traduction : Martine Hernandez Centre YCF LYON, France

4 il est allé en Occident, il est plus connu. Au départ il est parti pour Taiwan. Ensuite il est allé aux USA. Dong Yinjie est également passé à l Ouest, mais je pense qu il a été à Hawaï. Il est probable qu avant eux, personne ne savait ce qu était le Tai Chi Chuan. Grâce à eux, les gens ont commencé à savoir. C est ainsi que la Yang Family s est fait connaitre, parce qu ils pratiquaient tous le style Yang.» Le Tai Chi : la vie et l équilibre En dépit de la fierté qu il éprouve envers sa famille, Maitre Yang doit faire une confession. «Franchement, avant l âge de 14 ans, je n aimais pas trop le Tai Chi Chuan. Trop lent pour moi. J avais du mal à rester en place. Après 14 ans, j ai commencé le pousser de mains. Là j ai vu le côté martial et c était plus intéressant». Aujourd hui, l intérêt de Maitre Yang pour le Tai Chi s est développé au point d englober les principes philosophiques éternels du Tai Chi. Cela va bien au-delà du pousser de mains désormais. «Vous savez, ça part quand même du côté technique, savoir quel type de technique utiliser, c est le côté physique. Le côté mental m est venu plutôt avec l enseignement. Plus j enseigne, plus je cherche du côté théorique, comment le corps est en relation avec l esprit, en rapport avec notre vie. A certains moments le Tai Chi dit «N utilise pas la force contre la force». Comment dois-je appliquer cette stratégie dans la vie réelle, pas seulement dans les arts martiaux? Vous pouvez l étendre à d autres domaines. Quand j ai commencé à enseigner, j ai pu l entrevoir. Auparavant je me concentrais sur un domaine plus limité, le côté art martial.» «Quand on parle d équilibre en arts martiaux, la première chose évidente c est qu il faut rester debout. Ne pas tomber. Mais ce n est pas tout, il faut de l équilibre en général. Dans tout ce que je vois je fais toujours le rapprochement avec le principe du Tai Chi Chuan. Par exemple, en Tai Chi Chuan, comment garder son équilibre? Il faut être enraciné. Première condition. Ensuite il faut garder le bas du corps lourd et le haut du corps léger. Comment avoir le haut du corps léger? C est concevable si personne ne vous attaque, mais sinon? En Tai Chi Chuan nous avons cette idée de ne pas résister, pas frontalement. Dans de nombreuses situations, vous voulez atteindre un objectif et votre adversaire également. Mais il n est pas nécessaire de s opposer. Si vous voulez appliquer les principes du Tai Chi, évitez l affrontement direct, vous pouvez peut-être même collaborer. Même si nous avons tous des côtés différents, nous ne formons qu un. Un tas de gens disent, et c est quelque chose que je n aime pas, un tas de professeurs d arts martiaux disent «ce professeur d arts martiaux n est pas bon». Ils essaient de se challenger de cette façon, je pense que c est une habitude dépassée. Parce que qui est vraiment le meilleur? D après moi nous avons tous un point de vue, et il y a de la place pour tout le monde. Certains essaient de récupérer les élèves des autres, mais la meilleure manière de faire c est d élargir son horizon au lieu de se concentrer sur son petit domaine. Nous devons nous entraider. Nous avons le même but. Quoique vous fassiez, vous servez les arts martiaux. Moi aussi je le fais. Fondamentalement nous faisons la même chose. Nul besoin de nous neutraliser. Nous grandirons en nous entraidant. Il faut rester positif. Chercher nos similitudes. Rester unis. Si nous persistons à ne voir que nos différences, notre monde se rétrécira. Une fois qu on a bien compris le principe, on peut revenir à l art proprement dit. Si vous vous focalisez sur les détails, sur la manière d aborder cette technique, c est trop, il faut simplifier. Si vous vous considérez, vous et votre adversaire, comme un tout, le yin et le yang, vous pouvez vous adapter à n importe quel lieu et retrouver l équilibre, quel que soit le changement subi par cet ensemble. Si l on comprend l aspect philosophique on comprend mieux son impact sur nous. 4 Traduction : Martine Hernandez Centre YCF LYON, France

5 L héritier de 5 ème génération Maitre Yang est parfaitement conscient de la charge que représente son héritage, mais n en reste pas moins humble. «Je veux être clair sur un point. Je ne me considère pas réellement comme le responsable de qui que ce soit en aucune façon. Je pense que nous travaillons ensemble. La seule responsabilité supplémentaire que j ai provient de mon historique. J ai quelques différences avec les autres. Pour certains, que ce soit bien ou pas, ils vont suivre leur intérêt. Si ça ne se passe pas bien, ils stoppent tout, ok. Mais en ce qui me concerne, en tant que membre de cette famille, j ai ce rôle à remplir, le sens du devoir au fond de mon cœur. Un jour je vais revoir mes ancêtres, vous savez? Et je veux qu ils soient fiers de moi, pas qu ils me disent «tu n as rien fait». Alors cela me rajoute de la pression, j essaie de faire de mon mieux de cette forme d art dont j ai hérité. Je ne voulais pas diriger quoi que ce soit, ce n était pas vraiment mon intention. Il y a pas mal de gens qui peuvent dire «je m en vais» mais moi je ne peux pas. C est ça ma pression. Il y a tellement de choses, de nouveaux changements, je me dis qu un jour ce sera dur de suivre quand j atteindrai un certain âge [rires]. Actuellement, je consacre une grande partie de mon temps à approfondir mon art. Cela signifie passer du temps à gérer des choses et cela me fatigue. Je n aime pas ça mais je dois le faire. Je ne peux absolument pas abandonner. C est quelque chose qui ne me réjouit pas vraiment mais je me force. Alors oui je pense qu un jour ce sera dur, car les choses n arrêtent pas de changer. Mon objectif, c est de pouvoir élaborer de mon vivant un standard éducatif pour le futur. Là je pourrai dire que j aurai réalisé quelque chose. Le style Yang a une longue histoire. En même temps c est compliqué. Dans le passé aucun système ne permettait d uniformiser les styles Yang. C est un vrai challenge. Beaucoup de gens se réclament du style Yang mais pratiquent de manière très différente. Et cela peut poser problème à la longue. J aimerais proposer un système standard que chacun puisse rejoindre. Yang Cheng Fu est celui qui a défini la forme du style Yang, et nous ne devons pas trop nous en éloigner, il faut rester dans ce cadre. Le Tai Chi Chuan se développe, et avec lui le nombre de professeurs. Nous devons garder un bon niveau d enseignement, former les formateurs. Le côté éducatif est également très important. Nous nous concentrons principalement sur une forme : la forme longue de Yang Chengfu. Nous n avons qu une seule forme à mains nues. Et nous avons une arme longue et deux armes courtes. L arme longue c est le bâton (qui mesure entre 2m40 et 3 m), les deux armes courtes sont l épée (dao) et le sabre (jian).» Le rôle du Tai Chi Chuan dans les temps modernes «Toutes les traditions martiales font désormais face au même défi : comment se renouveler et s adapter aux nouvelles générations? Le Tai Chi Chuan s inscrit au cœur d un domaine bien établi et en expansion, la communauté du bien-être. Est-ce que cela compromet son intégrité martiale? Est-ce que la forme longue traditionnelle est trop longue dans ce monde actuel où tout va très vite? Réponse de Maitre Yang : «j ai souvent des questions de personnes qui viennent à mon école et me demandent en combien de temps ils peuvent apprendre. Je n ai pas de réponse toute faite. Pour ceux qui ne connaissent pas le Tai Chi je leur demande «Quel est ton objectif? Il faut voir si le Tai Chi Chuan correspond à tes attentes. Si tu vois dans le Tai Chi un exercice relaxant, une forme de fitness, alors le 5 Traduction : Martine Hernandez Centre YCF LYON, France

6 Tai Chi peut être bon pour toi. Si c est le côté philosophique qui t intéresse, on peut explorer cette voie. Cela peut convenir je pense. Et si c est le côté arts martiaux qui t intéresse, on peut aussi travailler dans ce sens. De nos jours le Tai Chi Chuan offre de multiples aspects.» Comment exercer son corps, comment utiliser la stratégie du Tai Chi? Vos amis, vos collègues, votre famille forment un tout. Le Tai Chi parle de l unification de plusieurs éléments, alors appliquez le principe du Tai Chi à chaque chose. Facile à dire, pas facile à apprendre. Au départ les gens ne sont pas dans cette recherche. Mais une fois que l on a compris ça, comment se contrôler soi-même (et il faut pratiquer son art longtemps pour y parvenir), alors, à ce moment précis, vous savez quoi faire. Ne soyez pas impatients. Le Tai Chi m intéresse vraiment parce qu il est très simple par son côté philosophique mais il recouvre un domaine tellement vaste.» Article paru dans le magazine Kung Fu Tai Chi de juin 2015 Auteurs Gene Ching et Gigi Oh 6 Traduction : Martine Hernandez Centre YCF LYON, France