Après-guerre, la voiture était un

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1 N DÉCEMBRE 1995 PRIX : 14F Un ménage sur quatre dispose d une deuxième voiture Marceline Bodier et Garance Rennes, Division conditions de vie des ménages, Insee Après-guerre, la voiture était un bien familial ; progressivement, elle devient un bien individuel. Ainsi, en 1994, trois ménages sur quatre sont équipés, un sur quatre dispose de deux voitures ou plus. Entre 1982 et 1994, le parc automobile a vieilli. Diverses mesures ont d ailleurs été prises récemment pour encourager le renouvellement des voitures trop anciennes. Le parc comporte désormais une proportion importante de véhicules diesel. De génération en génération, la conduite s est généralisée. Les troisquarts des ménages d actifs qui disposent d une voiture l utilisent pour se rendre au travail. Un tiers des véhicules ne servent qu à des trajets très courts qu une voiture électrique, de faible autonomie, pourrait assurer. En 1994, les ménages ont à leur disposition plus de 26 millions de véhicules à quatre roues : voitures particulières, utilitaires légers et voiturettes (tableau 1) ; en 1982, le parc en comprenait à peine 19 millions. Désormais, trois ménages sur quatre disposent d au moins une voiture particulière, contre un sur deux au début des années soixante-dix (graphique 1). Une proportion non négligeable de familles en utilise même plusieurs : 26 % en 1994 contre 6 % trente ans auparavant. On compte ainsi 61 voitures pour 100 personnes de plus de 18 ans en 1994 contre 49 en Ces dernières années, la proportion de ménages équipés a stagné tandis que le multiéquipement n a cessé de croître. De ce fait, la forte augmentation du parc est avant tout la conséquence du multi-équipement. Son essor a accompagné le développement de l habitat en périphérie des villes, qui a rendu la voiture indispensable à tout déplacement. Il a suivi aussi l amélioration du revenu disponible des ménages. Néanmoins pour rester dans les limites de leur budget, les ménages ont acheté de plus en plus de petites voitures, surtout lorsqu il s agissait de la deuxième. Les voitures de moins de 6 chevaux fiscaux représentent aujourd hui 60 % du parc contre 37 % en 1982 (tableau 2). Le parc automobile a vieilli, le diesel s affirme Le parc s est accru, mais il a vieilli. L âge moyen des véhicules est passé à 7 ans en 1994 alors qu il était de 6,2 en 1982 (tableau 2). Les achats de voitures neuves, qui permettent tant le renouvellement que l accroissement du parc, se sont mis à décliner à partir de 1990, et de façon particulièrement forte en Ce phénomène a contribué au vieillissement du parc, alors qu une relance de la demande à la fin des années quatrevingt avait occasionné un rajeunissement temporaire (graphique 2). La récente faiblesse de la demande a d ailleurs suscité diverses mesures gouvernementales, accompagnées d offres promotionnelles des constructeurs, pour stimuler le renouvellement du parc : prime à la casse de février 1994 à juin 1995 pour les véhicules de plus de dix ans, puis projet de prime qualité d octobre 1995 à octobre 1996 pour les véhicules de plus de huit ans, avec en parallèle un élargissement des obligations de contrôle technique des véhicules. ➀ Evolution du taux d équipement des ménages en voiture particulière NB : les enquêtes quadrimestrielles de conjoncture auprès des ménages montrent par ailleurs que le taux d équipement (disposition d au moins une voiture) a eu tendance à stagner à partir de 1988 alors que le multi-équipement a continué à croître. Sources : enquêtes transports 1967, 1974, 1982, 1994, enquête équipement ménager 1979, Insee INSEE PREMIERE

2 L amélioration de la qualité des véhicules a permis d utiliser plus longtemps un véhicule acheté de première main, mais aussi de le revendre sur le marché de l occasion. De mieux en mieux organisé, celui-ci s est développé : 58 % du parc de 1994 a été acquis d occasion contre 53 % du parc de La deuxième voiture, surtout, est plus souvent une voiture d occasion : 61 % des véhicules détenus par les ménages multi-équipés ont été achetés d occasion contre seulement 53 % des véhicules des ménages mono-équipés. Les voitures acquises en seconde main sont en outre un peu plus anciennes qu auparavant : 5,4 ans en moyenne en 1994, 5 ans en L essor des ventes de diesel en France, qui date du début des années quatrevingt, s est poursuivi : de 6 % en 1981, la proportion de voitures au diesel est passée aujourd hui à 26 % (tableau 2). Il s agit traditionnellement de véhicules qui roulent beaucoup plus que les véhicules utilisant l essence : kilomètres par an contre Pour le moment, les véhicules diesel à usage privé ont souvent une vocation professionnelle : 32 % des véhicules diesel sont utilisés pour un motif professionnel contre 17 % des véhicules à essence. ➊ Equipement* des ménages en quatre-roues et volume du parc en 1994 Voitures particulières, véhicules utilitaires légers et voiturettes Ménages équipés (en %) 76,9 dont : Mono-équipés 45,2 Bi-équipés 26,2 Tri-équipés et plus 5,5 Nombre de véhicules dans le parc * Le taux d équipement des ménages est plus large que le taux de possession : sont comptés également les véhicules mis à disposition ou loués au moins trois mois. Source : Enquête transports 1994, Insee ➋ Caractéristiques du parc automobile Voitures particulières, véhicules utilitaires légers et voiturettes Ensemble du parc ➁ Evolution de l âge médian du parc de voitures particulières Sources : Enquêtes quadrimestrielles de conjoncture 1974 à 1994, Insee Véhicules Voitures Ensemble utilitaires particulières du parc légers Voitures particulières Véhicules utilitaires légers Ensemble du parc + Age moyen (en années) 6,2 6,2 6,9 7,0 7,0 7,6 Répartition selon l âge (en %) Moins de 4 ans à 8 ans à 13 ans ans et plus Ancienneté d acquisition (en années) 3,5 3,5 3,7 3,9 3,9 4,0 Puissance fiscale moyenne (en CV) 6,3 6,3 6,3 6,1 6,0 6,8 Répartition selon la puissance fiscale (en %) Moins de 6 CV à 10 CV CV et plus Part des Diesel (en %) Voitures acquises neuves + Part dans le parc (en %) 46,8 46,7 47,4 42,0 43,0 36,0 Age moyen (en années) 4,2 4,2 4,1 4,8 4,7 5,1 Voitures acquises d occasion + Age moyen (en années) 8,0 7,9 9,5 8,7 8,7 9,5 Age à l acquisition (en années) 5,0 5,0 6,1 5,4 5,3 6,0 Ancienneté d acquisition (en années) 2,9 2,9 3,4 3,4 3,4 3,5 Source : Enquêtes transports, Insee + La conduite se généralise De nos jours, 88 % des hommes ont leur permis de conduire ; ils étaient 80 % en 1982 (tableau 3). Les femmes ont rattrapé quelque peu leur retard : aujourd hui deux femmes sur trois ont le permis alors qu il y a 12 ans, elles étaient moins d une sur deux à l avoir. Ce sont les générations de 60 ans et plus qui ont le moins souvent le permis. Une partie des jeunes non plus n ont pas leur permis avant trente ans, ce qui est certainement lié au fait de poursuivre des études ou d être au chômage. Cela dit, avoir le permis de conduire ne signifie pas forcément l utiliser : aujourd hui, environ 7 % des titulaires du permis ne s en sont pas servi récemment, ni régulièrement, ni occasionnellement. Un tel comportement semble assez stable dans le temps. Il est plus courant chez les femmes. Aujourd hui, les femmes de plus de 60 ans et les hommes de plus de 75 ans sont ceux qui utilisent le moins leur permis. Ainsi, entre 18 et 60 ans, 84 % des hommes et 58 % des femmes conduisent régulièrement ou occasionnellement. En raison de l effet de génération, mais aussi des nécessités de déplacement liées au cycle de vie, les personnes qui conduisent le plus fréquemment sont celles âgées de 30 à 44 ans : à cet âge, 9 hommes sur dix et 8 femmes sur dix conduisent. Les déplacements liés à la vie active Pour les personnes qui exercent une activité professionnelle, la voiture est souvent une nécessité. Les ménages qui comportent un actif (ou plusieurs) sont ainsi nettement plus souvent équipés : neuf sur dix disposent d une ou plusieurs voitures en Les trois quarts d entre eux utilisent la

3 voiture pour se rendre à leur travail ; ils effectuent ainsi, par véhicule, kilomètres par an, soit 43 % du kilométrage annuel. Un tiers utilisent leur voiture pour effectuer d autres trajets professionnels. L utilisation d une voiture à usage privé pour les déplacements professionnels autres que les trajets domicile-travail ➌ Permis de conduire et conduite ➍ Kilométrages annuels moyens par véhicule en 1994 Total est très concentrée parmi les ménages dont la personne de référence exerce une profession indépendante ou une profession intellectuelle supérieure. Pour certains, les déplacements font partie de leur métier au quotidien : agriculteurs, commerçants, artisans, représentants, médecins... Pour d autres, les chefs d entreprise et cadres par Domiciletravail Professionnels Par motif de déplacement Vacances Week-end Autres déplacements privés Ensemble du parc roulant dont : - Véhicules servant aux déplacements professionnels des ménages qui ont au moins un actif Véhicules qui ne nécessiteraient qu une faible autonomie Véhicules qui n effectuent jamais de déplacements de plus de 150 km en une journée. ➎ Proportion de véhicules utilisés pour les différents motifs Motif de déplacement Détention du permis de conduire Conduite régulière ou occasionnelle Ensemble des véhicules En % Véhicules qui ne nécessiteraient qu une faible autonomie 1 Autres déplacements privés Déplacements domicile-travail Sorties de fin de semaine Déplacements professionnels Déplacements vacances Véhicules qui n effectuent jamais de déplacements de plus de 150 km en une journée. Source : Enquête transports 1994, Insee + Permis non utilisé Femmes ans ans ans ans ans et plus Hommes ans ans ans ans ans et plus Ensemble des plus de 18 ans Proportion de personnes qui n ont pas conduit récemment parmi celles qui détiennent le permis. Source : Enquêtes transports, Insee + En % exemple, les déplacements professionnels sont plus occasionnels ; il s agit de voyages d affaires ou de déplacements pour se rendre à des réunions, séminaires et autres colloques. Ce sont surtout les ménages à haut revenu qui disposent d un véhicule pour leurs déplacements professionnels. Cet usage est d ailleurs devenu de plus en plus un motif d acquisition d une seconde voiture, car de tels véhicules parcourent un nombre considérable de kilomètres, dont pratiquement la moitié pour des trajets professionnels (tableau 4). L absence prolongée du véhicule hors du domicile incite à l achat d une seconde voiture pour les déplacements privés des autres membres de la famille : 65 % des ménages avec un actif sont multi-motorisés lorsqu ils doivent assurer des déplacements professionnels, 40 % sinon. Les déplacements liés à la vie quotidienne Les courts trajets de la vie quotidienne peuvent aussi se faire en voiture : aller faire des courses, se rendre sur le lieu d une activité sportive ou culturelle, accompagner les enfants sur leurs différents lieux d activité... Or, tout en ayant une voiture, certains ménages utilisent les transports en commun pour effectuer ces déplacements ou les font à pied. Près d un ménage motorisé sur dix n utilise pas sa voiture dans la vie courante. Les citadins sont un peu plus nombreux à se passer de leur véhicule : 14 % dans l agglomération parisienne, 11 % dans les autres grandes zones urbanisées (comportant plus habitants), mais seulement 7 % dans les communes rurales. En ville, il est généralement possible de faire ses courses dans des magasins de quartier, très proches de son domicile, ou sinon d utiliser le réseau des transports en commun. L habitat n influe donc pas seulement sur la décision de s équiper, mais aussi sur l utilisation que l on fait de sa voiture. Les courts trajets susceptibles d être effectués par les voitures électriques En 1994, en France, près d un tiers des véhicules (30 %) ne sont jamais sollicités pour de grands déplacements : ils

4 "L automobile et ses utilisations", par M. Glaude, Données sociales, Insee, "Le phénomène automobile", par J.-F. Lefol, Premiers Résultats n 28, Insee, novembre "Tour d horizon sur l automobile", par M. Christine et J. Letellier, Premiers Résultats n 145, Insee, octobre Un milliard de déplacements par semaine : la mobilité des Français, étude de l Institut national de la recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS), 1989, La Documentation Française. Pour en savoir plus n effectuent pas de trajets totalisant plus de 150 kilomètres en une journée. Comme ces véhicules ne servent que sur de courtes distances, on peut considérer que, dans l avenir, un véhicule de faible autonomie comme la voiture électrique fournirait un service équivalent. Ces véhicules servent essentiellement aux déplacements de la vie courante, mais aussi assez souvent pour se rendre au travail. En revanche, très peu servent aux déplacements professionnels. Ils sont rarement employés pour partir en vacances (tableau 5). Plus du tiers des ménages motorisés (38 %) possèdent ainsi un véhicule qui n aurait qu un faible besoin d autonomie. En général, ces ménages disposent d une autre voiture : 60 % d entre eux. Consacrer un véhicule aux courts déplacements ne semble pas être lié au revenu, c est plutôt une question de zone d habitation et de mode de vie. En effet, les catégories socioprofessionnelles qui utilisent ainsi leur véhicule ne sont pas vraiment typées, à l exception des ménages d agriculteurs (60 % dans ce cas). Bien que les zones rurales ne soient pas habituellement désignées comme l essentiel du futur marché des véhicules électriques, ce sont celles où les ménages ont le plus fréquemment un véhicule réservé aux courts déplacements : c est le cas de 48 % des ménages habitant dans une commune rurale, contre environ un tiers des ménages vivant en zone urbanisée et même 26 % dans l agglomération parisienne. Pour comprendre ces résultats L enquête transports et communications réalisée par l Insee entre les mois de mai 1993 et avril 1994 porte sur un échantillon de ménages. Son objectif est d avoir une connaissance de la mobilité des ménages et Les comptes des transports en 1992, Insee Résultats n 247, OEST-Insee, juin "Le marché automobile : un cycle spécifique", par B. Gautier, Economie et Statistique n 282, 1995, Insee. Les comptes des transports en 1994, Insee Résultats n 409, OEST-Insee, juin L équipement des ménages en 1993, par Sylvie Monteiro ; Insee Résultats série "Consommation-modes de vie" n 76, Insee, juillet de l usage des différents moyens de transport. Elle permet aussi d analyser les changements intervenus depuis 1982, date de la dernière enquête globale de l Insee sur les transports. L étude porte sur les véhicules dont les ménages ont la libre disposition. Se trouve donc incluse la faible proportion de véhicules (6 %) qui ne sont pas possédés par les ménages mais loués ou prêtés par l employeur ou la famille. Trois types de véhicules sont recensés : voitures particulières, véhicules utilitaires légers et voiturettes. On ne retient pas les voitures de services (uniquement utilisable dans l exercice d une profession), ni les gros utilitaires. Les voitures particulières (qualification VP inscrite sous la rubrique "genre" de la carte grise) sont les véhicules les plus courants ; leur conduite nécessite un permis B. Il existe des berlines et des versions break ou commerciales (volume à l arrière augmenté et vitres latérales). Les véhicules utilitaires légers (qualification CTTE inscrite sous la rubrique "genre" de la carte grise) sont ceux qu il est possible de conduire avec un permis B, c est-à-dire dont le poids total en charge n excède pas 3,5 tonnes. C est dans cette catégorie que sont classés les camping-cars. Les voiturettes ne se conduisent avec un permis que si elles font plus de 50 cm 3 ; il s agit alors d un permis AT (pour tricycles et quadricycles à moteur). Mais leur immatriculation est obligatoire. Les zones d urbanisation évoquées font référence au découpage du territoire en unités urbaines. Une unité urbaine est une zone bâtie de habitants au moins, dans laquelle les habitations sont distantes de moins de 200 mètres les unes des autres. En France, près d un quart des ménages résident dans une commune rurale, 17 % habitent l unité urbaine de Paris, et la plus grande partie des ménages vivent dans les autres unités urbaines (58 %). Direction Générale : 18, Bd Adolphe-Pinard Paris cedex 14 Directeur de la publication : Paul Champsaur Rédacteur en chef : Baudouin Seys Rédacteurs : F.Magnien, V. Guihard, C. Dulon Maquette : B. Doguet ISSN INSEE 1995

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