RETRO/PROSPECTIVES FISCALES



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Transcription:

RETRO/PROSPECTIVES FISCALES Prof. Dr. BRUNO COLMANT Membre de l'académie Royale de Belgique Responsable de la recherche macroéconomique- Banque Degroof Petercam 1

Messages principaux (II) La taxation n est pas modulée en fonction du risque du revenu des personnes physiques Au contraire, plus un revenu est risqué/volatil, plus il est imposé (exemple: indépendant)) Cette situation formule une fiscalité peu incitative Ceci pénalise la prise de risque, l investissement en actions/la création d entreprises Dans une économie récessionnaire, une réflexion est urgente Il faut passer d une fiscalité redistributive à une fiscalité incitative 2

STRUCTURE DE L EXPOSE 1. Evolution de la fiscalité des personnes physiques 2. Fiscalité et risque 3. Quels futurs pour l immobilier? 3

Module 1 : Evolution de la fiscalité mobilière des personnes physiques 4

Quatre tranches de fiscalité mobilière La période prospère (1962-1976) L effarement budgétaire (1977-1981) L indécision (1982-1992) Le rattrapage rigoureux (1993-2007) L écroulement (2008- ) 5

1962-1976 : La période prospère Réforme séminale de 1962 Economie de croissance Rôle redistributif de l impôt Barèmes progressifs : Taxer de la formation de l épargne En effet, plus le revenu est élevé, plus la propension à épargner augmente Plus le revenu est élevé, plus le taux d impôt est élevé Donc taxation de la création d épargne Pourquoi avoir choisi de taxer la formation d épargne? La fiscalité devait contribuer à la redistribution sociale Sécurité Sociale, Opération Gutt, etc. 6

1977-1981 : L effarement budgétaire DE MAUVAISES DÉCISIONS DANS UN ENVIRONNEMENT HOSTILE 5 ANNEES D ERREURS QUI COUTERONT 20 ANS Gouvernements Tindemans IV, Vanden Boeynants, Martens I à IV Chocs pétroliers et mutation des secteurs primaires/secondaires Réponses circonstancielles à des évolutions structurelles Stagflation/ Réponse keynésienne : Augmentation des dépenses publiques Déficit budgétaire et endettement public Décollage effarant de la fiscalité du travail et globalisation des revenus mobiliers 7

1982-1992 : L indécision Poursuite dramatique de l augmentation de la fiscalité Prélèvement indirect via l inflation et les dévaluations du BEF Nécessité impérative de placer les emprunts d Etat Prime de risque sur le franc belge Effet «boule de neige» sur la dette publique Pénalisation du capital à risque : Squeeze - out Besoins de financement de l Etat taux d intérêt élevé Assèchement de l épargne des belges Et désintérêt pour les actions/placements à risque Précompte alourdi pour les revenus d actions Pourtant : Cooreman-De Clercq/Centres de Coordination/Epargnepension 8

1977-1992 : Les leçons à tirer 1. Une réponse inadaptée à une crise STRUCTURELLE : augmenter les dépenses publiques 2. Conséquence : un déficit budgétaire et un endettement fédéral important 3. Des pressions inflationnistes et des dévaluations (= impôts indirects) 4. Une pression à la hausse phénoménale sur les taux d intérêt 5. Pays en quasi-faillite : nécessité impérative de financer par dette intérieure 6. Des avantages fiscaux pour la détention des emprunts d Etat (précompte réduit, etc.) 9

1993-2007 : Le rattrapage rigoureux Effet disciplinant de l entrée dans la zone Euro Cercle vertueux de la gestion de la dette (vs. Effet «boule de neige») Equilibre budgétaire depuis 1999 Ratio Dette/PIB : 137 % (1993) à 85 % (2007) Stabilisation de la fiscalité des personnes physiques : Abaissement de l impôt des sociétés (41% à 33%), révolution des intérêts notionnels 10

2008- : L écroulement Crise bancaire Crise économique : stabilisateurs économiques Dette publique : 100 % PNB et dette différée Crise souveraine et de la monnaie Dette publique et monnaie Dette collective et propriété privée (impôt sur le capital) 11

Module 2 : Fiscalité et risque 12

Quelle serait une fiscalité «équitable»? Situation actuelle Barèmes progressifs basés sur des revenus nominaux Solution supérieure taux d impôt qui soit modulé par : Le niveau du revenu (barèmes progressifs) Son degré de risque (ou de pérennité) En d autres termes, le taux d impôt devrait : AUGMENTER avec le niveau de revenu, Mais BAISSER en fonction du risque (de la fragilité) du revenu 13

Risque des revenus et fiscalité : choix de 1962 Système redistributif Globalisation des revenus et capacité contributive Exposé des motifs : guerres/gutt et sécurité sociale Taxation Choix politique 1962 système redistributif immobilier obligations actions revenus professionnels revenus patrimoniaux Système incitatif Risque/Manque de pérennité 14

Risques des revenus et fiscalité : 2008 Système désordonné Aberration pour les revenus d actions A-t-on vraiment privilégié la fiscalité du travail? Taxation Moyenne Taxation des actions 33 % immobilier obligations actions revenus professionnels revenus patrimoniaux Risque/Manque de Pérennité 15

Module 3 : Prospectives 16

3 Futurs? Quels sont les grands débats : 1.Re-globalisation des revenus? Mais 1. Double/triple taxation des revenus mobiliers? 2. Mobilité des capitaux? 2.Méta-globalisation : fiscalité et parafiscalité 3.Glissement vers taxation vers la consommation? 4.Taxation du capital (contrepartie des biens publics)? 1. Directe? 2. Indirecte (réserves assurances, bilan bancaires, etc.) 3. Très indirecte : consolidation/rééchelonnement des dettes? 5.Fiscalité annexes (environnement, etc.) 17

Débats taxes sur le travail versus taxes sur le capital impact du tax shift sur le secteur immobilier : taxation des loyers taxation du capital adaptation du revenu cadastral logement neuf en Région de BXL-Capitale : plus de bonus logement (seulement pour les bâtiments existants) Par contre 21% de TVA sur le neuf!!! révision des droits d'enregistrement pour les grandes transactions immobilières professionnelles 18

Conclusion La fiscalité exigera de : Délimiter le rôle de l Etat Abandonner le dogmatisme en matière fiscal Epouser intelligemment l économie de marché Passer d une fiscalité redistributive à un impôt incitatif Assurer la prévisibilité/stabilité juridique 19