BANQUE. cahier de prospective bancaire & financière



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BANQUE n 291 Avril 2011 ISSN 0762-4077 Mensuel - 70 euros revue-banque.fr STRATÉGIE cahier de prospective bancaire & financière dossier Système monétaire international Comment mettre fin aux tensions? Placé par la france sur la liste des sujets du G20, le système monétaire international actuel dysfonctionne. l hégémonie du dollar est de plus en plus contestée, mais les États-Unis souhaitent conserver leur privilège. la Chine sous-évalue le yuan. le Brésil parle de guerre des monnaies. Quant à l europe, elle affronte une grave crise de sa monnaie unique. Pour atténuer les tensions, de nouvelles règles doivent être adoptées mais lesquelles? 4 Sommaire veille STRATÉGIquE 21 Retail banking Barriers to the Adoption and the Usage of Internet Banking by Tunisian Consumers Mohamed Rochdi Keffala, Laboratory of Actuarial and Financial Sciences, ISFA School, Université Claude Bernard Lyon I 32 Place financière L analyse financière indépendante sur le marché français Karine GaBaÏ En bref 42 la vie des affaires

SÉMINAIRES Atelier LES NOUVEAUX DISPOSITIFS DE GESTION DES RISQUES À L ÈRE BÂLE III > Mardi 10 mai 2011 de 9h00 à 12h00 > Salons Hoche 9 Avenue Hoche 75008 Paris 8h30 9h00 9h05 10h15 10h30 11h30 Accueil des participants petit-déjeuner Introduction et animation de la séance Stefan DE LOMBAERT, directeur, SAS EMEA Risk Practice Panorama des évolutions réglementaires en cours et identification des risques G20, FSB, Comité de Bâle : le calendrier et les perspectives des exigences réglementaires Sylvie MATHÉRAT, adjoint au directeur général des opérations, Banque de France et membre du Comité de Bâle Les spécificités du nouveau cadre international et le traitement des risques systémiques, une réglementation renforcée Olivier PRATO, adjoint au directeur des études et des relations internationales, ACP Fonds propres, liquidité et risque souverain : Les régulateurs du système financier se trompent-ils d objectifs? Georges PAUGET, président, Economie Finance et Stratégie Pause Comment minimiser l impact des nouvelles normes Bâle 3 sur la solvabilité et la liquidité? Stefan DE LOMBAERT, directeur, SAS EMEA Risk Practice La gestion des risques au cœur de la stratégie des banques : enjeux et priorités 2011 Cartographie et émergence de nouveaux risques : exemples et meilleures pratiques Comment intégrer les spécificités du nouveau dispositif? La création de la filière risque Optimiser et adapter son organisation en termes de pilotage des risques Jacques BEYSSADE, directeur des risques, Natixis Olivier IRISSON, directeur adjoint des risques groupe, BPCE Philippe AYMERICH, adjoint du directeur des risques du groupe, Société Générale Clôture de la séance Tarif 478,40 euros TTC (400 euros HT) Inscriptions Annabelle Bail Tél.: 01 48 00 54 04 bail@revue-banque.fr Carole Trambouze Tél.: 01 48 00 54 03 trambouze@revue-banque.fr a DIF organisme de formation n 11-7511101-75 Formation éligible En partenariat avec

Dossier SyStèMe MonétAiRe international Comment mettre fin aux tensions? Dossier réalisé par Sophie Gauvent La «guerre des monnaies» a été dénoncée pour la première fois en septembre 2010 par le ministre des Finances du Brésil. Cette expression désigne l attitude des États-Unis, si préoccupés de rétablir la santé de leur économie qu ils n hésitent pas à prendre des décisions radicales mêmes si elles sont déstabilisantes pour de nombreuses autres nations. Par exemple, les pays émergents accusent le Quantitative Easing, cette politique monétaire expansionniste mise en place par Washington, de perturber leurs économies. Plus généralement, l hégémonie du dollar est de plus en plus mal vécue par la communauté internationale, à l exception des États-Unis qui souhaitent continuer de jouir de leur «privilège exorbitant», selon l expression de Charles de Gaulle. Autre dysfonctionnement : la sous-évaluation du Renminbi. «Pour préserver la compétitivité de ses exportateurs, la Chine maintient sa devise à un niveau situé 25 à 40 % en dessous de son taux d équilibre nominal, estime Henri Bourguinat, économiste, professeur émérite à l université de Bordeaux 4 et membre du comité d experts du G20. Les dirigeants chinois semblent déterminés à remédier à cette anomalie, mais ils souhaitent le faire à leur rythme et de façon autonome.» Cette réévaluation va en effet modifier des équilibres sensibles pour la Chine : ses exportateurs seront moins attractifs, pour ne citer qu un exemple. Pas question donc de laisser le G20 piloter cette normalisation du taux de change. Comment, dès lors, dessiner un nouvel ordre monétaire mondial? Si les discussions portant directement sur les difficultés majeures sont dans l impasse, il semble en revanche que certaines approches plus subtiles réunissent un consensus. «Le G20 peut arriver à un accord sur le rôle des DTS, estime Henri Bourguinat. De l avis de plusieurs pays, dont la Chine, cette unité de crédit indexée sur un panier de monnaies (dollar, euro, yen et livre) et gérée par le FMI pourrait, sous certaines conditions, acquérir une place plus importante dans le cadre du Compte de substitution créé à cet effet.» Si le poids des DTS croît de façon progressive, l optimisme peut conduire à imaginer qu à terme, cette unité de crédit permettra de lutter contre l hégémonie du billet vert puisqu elle pourrait constituer peu à peu une alternative au dollar mais peut-être aussi contre la sous-évaluation du renminbi puisqu il pourrait devenir convertible afin d intégrer le panier de monnaies. & BANQUE STRATÉGIE 18, rue La Fayette 75009 Paris Fax : 01 48 24 12 97 www.revue-banque.fr La reproduction totale ou partielle des articles publiés dans Banque Stratégie, sans accord écrit de la société Revue Banque SARL, est interdite conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Directeur de la publication : Valérie Ohannessian Secrétaire général : Pierre Coustols Rédacteur en chef : Élisabeth Coulomb Rédacteurs : Andréane Fulconis-Tielens (54 15) ; Séverine Leboucher (54 15) ; Sophie Gauvent (54 02) ; Annick Masounave (54 14) Secrétariat de rédaction : 1 er SR, Alain de Seze (54 17) ; Christine Hauvette (54 10). Maquette : 1 er maquettiste, Emmanuel Gonzalez (54 12) ; Alexandra Démétriadis (54 18) Conception graphique : Rampazzo & Associés Pour nous contacter, devant chaque numéro, ajouter l indicatif 01 48 00. AbonneMentS : Revue Banque-NPAI 39 rue Marcelin-Berthelot 93705 Drancy Cedex Tél. : 01 43 62 66 63 Fax : 01 72 33 55 05 revuebanque.abo@npai.fr ISSN 0762-4077/CPPAP 0611 I 84975 - Imprimé à Pulnoy (54) par SPEI - Dépôt légal 2 e trimestre 2011. Cette revue comporte un encart jeté «Promotion Rb.fr». BANQUE STRATÉGIE Banque Stratégie n 291 avril 2011 3

Sommaire SyStèMe MonétAiRe international Comment mettre fin aux tensions? 5 Un système monétaire intenable? Michel AGliettA, Cepii, Groupama AM, Université Paris Ouest-Nanterre 8 l initiative du Palais-Royal Christophe Blot, OFCE 11 euro année zéro? Gilles MoeC, Deutsche Bank Londres 14 l hégémonie contestée du dollar Virginie CoUDeRt, Banque de France, Cepii, Université Paris Ouest-Nanterre 17 Marchés émergents : éviter la volatilité des taux de change Christian PARiSot, Aurel BCG 19 la longue marche vers l internationalisation de la monnaie du Peuple Bei XU, Natixis 4 Banque Stratégie n 291 avril 2011

Dossier SyStèMe MonétAiRe international Un système monétaire intenable? «Le système monétaire international est un vestige du passé» Président Hu Jintao, Washington D.C., décembre 2011 Michel AgliettA Conseiller scientifique Cepii Groupama AM Professeur Université Paris Ouest-Nanterre Alors que la finance s est globalisée, les pays continuent de mener des politiques non coordonnées. Un tel contexte empêche d accéder à la stabilité financière qui pourtant constitue l un des objectifs du G20. Michel Aglietta suggère la voie à suivre pour sortir de l ornière. D epuis la disparition des règles de Bretton Woods en 1971, confirmée par les accords de la Jamaïque en 1976, le Système monétaire international (SMI) n est plus un cadre formel accepté par les États. Chacun est libre de gérer sa monnaie sous de vagues conditions de bonne conduite que chacun peut interpréter à sa guise. Cette absence de règles contraignantes fait l ambivalence du SMI : il accumule des dysfonctionnements, mais il est capable d évoluer de manière endogène avec les forces qui transforment l économie mondiale. Son avenir dépendra bien plus de la capacité des gouvernements des principaux pays à mener les politiques capables de surmonter leurs difficultés en s adaptant à ces forces, que d un hypothétique accord international sur des règles communes censées corriger les déséquilibres suscités par les discordances de leurs politiques. Dans les années 2000, ces discordances se sont exacerbées parce que les États-Unis, émetteurs de la devise clé, pivot d un système que l on peut appeler «semi-étalon dollar», ont mené une politique financière qui a conduit à une crise globale. Pour cerner les futurs possibles, il importe d abord de comprendre en quoi le système actuel combine des dysfonctionnements et des persistances, telles qu une stabilité de la part du dollar dans les réserves de change de 1973 à 2008 en dépit d énormes fluctuations de cette devise (voir Tableau 3). Ensuite, il faut repérer comment les changements structurels de l économie mondiale interagissent avec les politiques des trois pôles que sont les États-Unis, l Europe et la Chine pour transformer progressivement le SMI. Les avancées possibles dans la gouvernance monétaire internationale s inscrivent dans ce jeu stratégique. Dysfonctionnements du semi-étalon dollar Le SMI est un bien public qui fournit un double mécanisme de régulation monétaire : il crée la liquidité internationale sous des formes et selon des montants adaptés aux besoins des paiements internationaux ; il guide les ajustements des prix internationaux de manière à réaliser les gains mutuels des participants aux échanges. Lorsque la finance est globalisée, l offre de liquidité est largement privatisée. Elle est créée par les systèmes financiers des pays à devises convertibles. Les rendements d échelle, caractéristiques de l usage de la monnaie, font que la concurrence des systèmes financiers est asymétrique. Le système le plus liquide auto entretient son avantage et s impose comme celui de la devise clé. C est pourquoi les avantages du dollar n ont pas été menacés par la disparition des règles de Bretton Woods. Ensuite les transactions financières dominent très largement les transactions commerciales. Ce sont les prix des actifs financiers qui déterminent les ajustements des balances de paiements. Eu égard à ces critères d efficacité, le semi-étalon dollar est un échec total. Parce que le dollar n avait pas de concurrent pour le rôle de devise clé jusqu à l avènement de l euro, ni l Allemagne ni le Japon ne voulant internationaliser leurs monnaies, le système financier américain ne subissait aucune contrainte monétaire extérieure. Aussi la fourniture de liquidités n a-t-elle pas été proportionnée aux besoins du financement de l économie mondiale. Comme les crédits font les dépôts, l excès d expansion du crédit aux États-Unis a fait l accumulation démesurée de réserves de change et par conséquent a diffusé l excès de liquidité dans le monde entier sous la forme d une croissance de la base monétaire mondiale très supérieure à celle du PIB mondial jusqu à la crise. Banque Stratégie n 291 avril 2011 5

En bref La vie des affaires Bataille boursière nasdaq-omx et ice à la conquête de nyse-euronext NYSe-euronext ne doit pas devenir allemand! C est en substance ce que disent les Bourses américaines Nasdaq omx et ice qui proposent à la Bourse transatlantique de fusionner avec elles, et non pas avec Deutsche Börse. Mais l élan patriotique n est qu une enveloppe marketing. les vraies motivations de Nasdaq-oMX sont ailleurs. Axel Pierron, associé au sein du cabinet Celent, rappelle que «cette Bourse souhaite depuis longtemps conquérir le marché européen. Elle a tenté d y implanter un MTF (Neuro, NDLR) mais n a pas rencontré le succès escompté. Elle va donc aujourd hui se donner les moyens de séduire NYSE-Euronext.» la Place parisienne a-t-elle intérêt à voir la balance pencher d un côté plutôt que de l autre? le projet de Nasdaq-oMX et ice semble lui réserver un sort plus favorable que le schéma proposé par Deutsche Börse. Mais pour Axel Pierron, ce sujet n est plus vraiment pertinent : «Sur le terrain très emblématique de l exécution actions, la place parisienne a perdu la partie, les trading desk des brokers étant tous localisés à Londres. Elle doit passer à autre chose et se concentrer sur d autres domaines qui contribuent aussi à la qualité d une place financière et constituent des points forts à Paris : la gestion d actifs et l innovation produit par exemple. De ce point de vue-là, que NYSE-Euronext opte pour Deutsche Börse ou pour Nasdaq OMX et ICE n a que peu d impact.» Internationalisation des banques de détail le bilan 2010 l écart se creuse entre les banques qui ont pris tôt le virage de l international et les autres. Parmi les pionnières, parties dès le milieu des années 1990, le cabinet Selenium Consulting identifie Citi Group, HSBC, BNP Paribas, Santander et Société Générale. D autres ont du retard, comme Crédit Agricole, Unicredit, intesa Sanpaolo ou RBS. «Or cette dimension internationale est indispensable, estime Bruno Establet, associé au sein de Selenium. Ainsi, on constate que le plan stratégique du Crédit Agricole a été peu apprécié par les marchés, notamment en raison d un volet international ressenti comme faiblement ambitieux.» C est en dehors des pays dits «développés» que les leviers de croissance pour les établissements sont les plus alléchants. Dans les pays d europe centrale et orientale, le degré d ouverture aux banques étrangères est élevé. en Croatie par exemple, 80 % des guichets sont contrôlés par des banques étrangères. Mais la locomotive de la zone est la Pologne, où plusieurs projets de privatisation de banques font saliver les acteurs étrangers. Dans les pays du Proche et Moyenorient et d Afrique du Nord, le potentiel de bancarisation est important, surtout en turquie et au Maroc et, dans une moindre mesure, en Égypte. toutefois, l incertitude politique refroidit les candidats. Parmi les BRiC, le Brésil est le pays le plus attractif. Santander y est en très bonne position. Bien sûr, l inde et la Chine font envie, mais l entrée des acteurs étrangers y est freinée. Quant à la Russie, elle demeure fragilisée par la crise. Sur les marchés les plus intéressants, les acteurs à vendre coûtent aujourd hui très cher. les groupes étrangers qui veulent s y implanter sont souvent rebutés par les niveaux de valorisation. «Il ne faut donc pas s interdire d autres voies de développement, comme l internet banking, le crédit à la consommation, ou encore des modèles de franchises, suggère Bruno Establet. Une autre option pour les banques étrangères est de se positionner uniquement comme producteur et nouer des partenariats pour la distribution.» Crise en Europe 2011 : vers une explosion des ventes d actifs bancaires? le malheur des unes va faire le bonheur des autres : les banques irlandaises vont devoir céder des actifs, ce qui pourrait se transformer en opportunité du point de vue des établissements en bonne santé qui pourront se porter acquéreur. les cessions auront lieu dans un contexte grave puisqu à l issue de stress tests, le besoin en fonds propres des établissements irlandais a été évalué fin mars à 24 milliards d euros. outre l injection de liquidités, le gouvernement va restructurer le secteur et demander aux établissements de se délester de nombreux actifs. Bank of ireland va céder pour 30 milliards d euros d actifs d ici 2013, selon Reuters. AIB (Allied irish Bank) et ebs (educational Building Society) vont, à elles deux, s alléger à hauteur de 23 milliards d euros. AiB songerait à diminuer sa présence dans les îles anglo-normandes et en Angleterre, selon La Tribune. irish life & Permanent va elle aussi céder des actifs. l entité irish life Assurance (qui comprend, outre l assurance, une activité de gestion d actifs) pourrait être vendue. Certes, une ipo a été annoncée par l établissement le 31 mars, mais la porte à une cession resterait ouverte. et les ventes de ce type vont se multiplier en europe. «Dans les prochains mois, en Grèce, en Espagne, et au Portugal, des établissements privés devront alléger leurs actifs et les banques publiques verront l État se désengager partiellement ou totalement», pronostique un observateur. 42 Banque Stratégie n 291 avril 2011

Banque & Stratégie ABONNEMENTS 2011 Je choisis l abonnement à BANQUE & STRATÉGIE coché ci-dessous : 3 MOIS DÉCOUVERTE : 3 n os + accès online France (TTC) Étranger Quantité Total Nouveaux abonnés (offre réservée non renouvelable) 180,00 190,00...... n 287 Décembre 2010 ISSN 0762-4077 Mensuel - 70 euros revue-banque.fr BANQUE STRATÉGIE cahier de prospective bancaire & financière 1 AN : 11 n os + accès online France (TTC) Étranger Quantité Total Tous abonnés 655,00 685,00...... COUPLAGE REVUE BANQUE + BANQUE & STRATÉGIE 1 AN : 22 n os + 2 suppléments + accès online France (TTC) Étranger Quantité Total Tous abonnés (offre réservée aux non abonnés) 740,00 780,00...... TOTAL (TVA : 2,10 % incluse sur le tarif France) dossier Bâle III Les nouvelles règles passées au crible adoubées par les chefs d État du G20 à Séoul, les nouvelles exigences du Comité de Bâle durcissent significativement les contraintes en fonds propres des banques. Redéfinition du capital réglementaire, création de deux ratios de liquidité et d un autre sur l effet de levier, mise en place d un coussin dit contracyclique... Bâle III est riche de nouveaux concepts. Ce dossier les décortique. 4 Sommaire veille STRATÉGIquE 36 CommuniCation financière Les obligations légales de transparence des sociétés cotées en France sont-elles souhaitables? Jean-Christophe DuhameL, université Lille 2, LeRaDP etienne FaRvaque, université Lille 1, equippe Catherine ReFaIt-aLexanDRe, université de Franche-Comté, CReSe Dhafer SaïDane, université Lille 3, equippe En BREf 46 La vie des affaires Presse Séminaires Édition Librairie Internet Société... Nom... Prénom... Fonction... Service... Adresse... BANQUE & STRATÉGIE Le complément stratégique et prospectif de Revue Banque 70,00 le numéro Code postal/ville...pays... Code TVA (pour les pays de la CEE)... Téléphone...Télécopie... E-mail (indispensable)... En application de la loi du 6 janvier 1978, les informations ci-dessus sont indispensables au traitement de votre commande et sont communiquées aux destinataires aptes à les traiter. Elles peuvent donner lieu à l exercice du droit d accès et de rectification auprès de Revue Banque. Vous pouvez vous opposer à ce que vos nom et adresse soient cédés ultérieurement en le demandant par écrit au secrétariat général de Revue Banque. à retourner au SERVICE ABONNEMENTS REVUE BANQUE NPAI 39 rue Marcelin Berthelot 93705 DRANCY CEDEX Tél.: 01 43 62 66 63 Fax : 01 72 33 55 05 revue-banque.abo@npai.fr règlement à l ordre de La Revue Banque par chèque par carte bancaire* n Date limite de validité : / *sauf American express et Diner s Club) Le règlement sur l étranger est à joindre impérativement à la commande et doit être effectué en euros, par chèque payable en France, net de frais. Pour les virements bancaires et CCP, nous consulter. SIGNATURE BS11 Vos abonnements se poursuivent en ligne sur revue-banque.fr Feuilletage, accès illimité aux archives de Banque & Stratégie

Vient de paraître Premier manuel en français conforme au programme du CFA Doctrine universelle, l analyse financière est une activité sophistiquée qui contribue, au travers du diagnostic financier, à l efficience des décisions des partenaires d une firme. En qualifiant la situation financière de l entreprise en matière de performance et de risque, elle est au service des acteurs de l industrie financière qui engagent des capitaux. En privilégiant un prisme de lecture dédié à l examen de la création de valeur, elle s est financiarisée pour devenir l un des rouages essentiels du fonctionnement des marchés financiers et des marchés réels. Les normes professionnelles internationales édictées par le CFA Institute ont structuré cette discipline et son exercice : elle est passée d un genre descriptif à une véritable méthode d investigation de la création de valeur économique et actionnariale, outils et procédures normées à l appui. L ouvrage présente le cadre de l analyse financière, la lecture financière de l information comptable et les étapes et les instruments du diagnostic financier. La dernière partie est consacrée à la formulation du diagnostic et aux applications de l analyse dans l industrie financière et bancaire. Ce manuel se singularise par : une approche internationale, renvoyant aux meilleurs outils et standards mondiaux appliqués aux spécificités européennes, avec des références aux modèles pratiqués par les plus grandes banques internationales, un ancrage dans le champ financier et non pas celui de l analyse comptable des états financiers, une approche du risque cohérente avec les hypothèses et les modèles de Bâle II et Bâle III, un contenu conforme au programme du CFA. ANALYSE FINANCIÈRE APPROCHE INTERNATIONALE CFA Philippe Thomas 32 Docteur ès Sciences de Gestion, titulaire d un Master en Finance, PHILIPPE THOMAS est Professeur de Finance à ESCP Europe. Commander cet ouvrage sur Internet : revuebanquelibrairie.com