Réhabiliter l intervention publique



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Transcription:

Réhabiliter l intervention publique Après sept années d'une politique allant à contre-sens des enseignements de la crise, les sociétés européennes craquent : partout où les réformes d'ajustements structurels ont été mises en place, la dette publique augmente en même temps que la pauvreté explose. Un changement de cap en France pourrait annoncer des jours meilleurs partout en Europe. Sur le court terme, ce changement de cap repose sur la remise en cause de deux postulats de la politique gouvernementale : l'idée qu'il faille mener une politique de l'offre et la priorité donnée à la diminution de la dépense publique. Deux postulats erronés qui expliquent pourquoi le gouvernement ne cesse de sous-estimer l'impact récessif de sa politique : Croissance annuelle du PIB Prévisions du gouvernement pour 2014 établies fin 2012 Réalité 2 % 0.4 % Déficits publics 2.2 % 4.4 % Dette publique 90,5 % 95,3 % Une fois remis en cause ces deux postulats, il est possible d'envisager une véritable politique de relance pour faire redémarrer la demande et s'engager pleinement, à plus long terme, dans une politique de transition écologique, de partage des gains de productivité et de réduction des inégalités. I) Quelles politiques pour sortir de l impasse actuelle La politique de l'offre ne marche pas. La politique de l offre actuelle repose sur une erreur d'analyse : en effet, depuis 2008, l'utilisation des capacités de production des entreprises, à hauteur de 80,4 % au 30 janvier 2015, est sous sa moyenne de long terme (84,6 %). Ainsi le recul de l'emploi n'est pas dû à un problème de profitabilité ou de coût de production, mais bel et bien à une baisse de la demande notamment dans l'industrie. L'activité baissant, les entreprises doivent ou bien contraindre leurs employés au chômage, ou bien (raison ou opportunisme?) les contraindre à des baisses anormales de leurs salaires nominaux horaires, le dernier point ayant été facilité par l'accord National Interprofessionnel. Dans les deux situations la conséquence en est une baisse de la consommation, et donc l'amplification de cette crise de la demande. Cette politique qui vise à améliorer les marges des entreprises ne peut avoir aucun effet réellement positif sans redémarrage de la demande. Dans le meilleur des cas, le CICE permettra aux entreprises de se désendetter et de

reconstituer des fonds propres. Mais il y a de grandes chances que ce plan d'aide aux entreprises alimente l'augmentation des dividendes versés aux actionnaires des grandes entreprises. Par ailleurs, sans perspectives en termes de débouchés, les entreprises continuent de repousser les investissements nécessaires, pénalisant ainsi au niveau macroéconomique le potentiel de croissance de la France. Nous nous retrouvons alors plongés dans un véritable sophisme de composition : face à l'atonie de la demande, les entreprises ont tout intérêt à utiliser les bénéfices tirés du CICE pour se désendetter, tout en ayant aucune incitation à investir et à embaucher. Ce comportement rationnel au niveau de l'entreprise renforce le blocage de la demande (voire l accentue) au niveau macroéconomique, ce qui n'offre aucune perspective de sortie de crise. La seule lueur d espoir du côté d une sortie de crise provient de la Banque Centrale Européenne. Le plan de rachat des dettes privées et publiques annoncé le 22 janvier 2015 par la BCE est d ampleur et atteste du sérieux de l engagement de l institution pour mettre fin à la déflation. Cependant, il n est pas certain (bien au contraire) que cette politique monétaire puisse avoir tout l effet escompté sans être accompagné d une véritable politique budgétaire. Sans redémarrage de l investissement des entreprises, les banques n auront personne à qui prêter, et ces nouvelles liquidités injectées par la BCE ne feront qu alimenter l augmentation du prix des actifs financiers. Pour ces raisons, l'intervention étatique est nécessaire pour pouvoir briser ce cercle vicieux. Mais pour faire accepter cette idée, il faut en finir avec l'obsession de la dette publique En finir avec l'obsession de la dette publique On peut faire reposer ce refus de la psychose contre la dette publique sur trois constats : - La France est moins endettée qu'un bon nombre de pays de l'ocde qui sont pourtant dans une meilleure situation que la nôtre (croissance supérieure, chômage moins élevé). - Les Etats-Unis, par exemple, ont utilisé le déficit budgétaire pour relancer la croissance. Ainsi, il était de 12,8% en 2009 et de 9,3% en 2012. La croissance est déjà bien repartie outre-atlantique et le taux de chômage est repassé en dessous des 6%. La dette publique commence à entamer son repli. - Les politiques d'austérité ont été un échec partout en Europe. Elles ont conduit à un "second creux" dans la zone euro. Après celui de 2008, le PIB des pays ayant adopté l euro a connu un second choc négatif suite à la mise en place des politiques d'austérité. Ces politiques sont doublement inefficaces car elles n'ont même pas permis un recul de la dette publique, bien au contraire. En ce qui concerne la France, une politique de l'offre combinée à une baisse des dépenses publiques conduit à un cercle de récession : elle empêche les entreprises de sortir du choc de demande négatif, ce qui, comme nous l'avons vu, favorise l'augmentation du chômage et la paupérisation des ménages. La crise de la demande s amplifie, le coût des prestations sociales augmente, et les rentrées fiscales diminuent. Ces deux derniers points ont pour

effet de limiter les capacités d'interventions d'une puissance publique qui se contraint irraisonnablement à une règle d'or budgétaire. L'obsession de la dette publique et les politiques d'austérité qui en découlent sont clairement destructrices. Il est primordial de trouver une autre porte de sortie à la crise. Et cela passe par une politique de relance de la demande. Cependant, cette relance ne doit pas être aveugle, elle doit se porter sur l'urgence principale de nos sociétés modernes : la crise écologique. II) Quelles politiques pour l avenir? Financer la transition écologique La transition écologique repose sur trois priorités : - la rénovation thermique des bâtiments pour mettre fin au gaspillage énergétique ; - la transition vers des modes de transports moins polluants; - la transformation de notre façon de produire de l énergie et l investissement dans les énergies renouvelables. Ces priorités appellent à une remise en cause de nos modes de vie et à une réflexion en profondeur pour imaginer une société moins polluante. Mais elles ont aussi un coût (bien inférieur à celui, à long terme, de l inaction), ce qui nous renvoie à la question du financement de la transition écologique. Plusieurs leviers d actions sont à envisager : - le levier fiscal est inévitable. Il permet à la fois de créer des incitations pour favoriser les changements de comportement des citoyens et des entreprises, ainsi que de dégager des fonds pour mettre en place des politiques d investissement dans la transition écologique. - l incitation à financer des projets écologiques. Dans le domaine privé, ces projets peinent souvent à trouver les fonds nécessaires à leur financement du fait d une rentabilité moins élevée. Si des crédits écologiques se retrouvent garantie par la BCE, cela fera baisser leur coût d opportunité pour les banques commerciales. De même, il est possible d imaginer des mécanismes innovants pour détourner les liquidités des marchés financiers vers des investissements écologiques. Mieux redistribuer les gains de productivité Adopter la grille de lecture classique de la gauche permet à la fois de comprendre les origines de la crise et en même temps de lutter contre la réapparition inévitable de nouvelles grandes périodes d'instabilité si, une fois la relance opérée, aucune politique à horizon temporel plus vaste n est mise en place. Le ralentissement de l augmentation des salaires par rapport à celle de la productivité, depuis les années 1980, ont eu pour effet de freiner la demande et de modérer l inflation. Les banques centrales ont eu alors comme réaction naturelle de chercher à relancer l activité en baissant de manière trop importante

les taux d'intérêt. Cependant, cette baisse des taux d'intérêt a alimenté la croissance du prix des actifs, en particulier ceux de l immobilier, sans générer l effet escompté : une augmentation de l investissement productif. Ce décalage de plus en plus important entre prix de l immobilier et salaires ainsi que la réponse de la banque centrale a plongé l économie dans un cercle vicieux de déprime toujours plus importante de la demande. Il s agit donc pour nous, d abord de relancer l investissement par l intervention publique et ensuite d attaquer le mal à sa racine en remettant immédiatement en cause les politiques de modération salariale. Il nous faudra rappeler avec force qu il est juste socialement et efficace économiquement qu une augmentation des gains de productivité se traduise de manière systématique par une augmentation du salaire ou une baisse du temps de travail. Si la classe salariale produit plus vite, elle doit travailler moins ou gagner plus! Sur le long terme, une augmentation du salaire et son effet favorable sur la demande ou une baisse du temps de travail et son effet positif sur le chômage et la productivité nous fera rentrer dans un cercle vertueux. L impôt, mieux que la dette! A plus long terme, il semble important de repenser notre rapport à la dette publique. La doxa libérale se plaît à répéter que la dette publique est le signe que notre pays a trop longtemps vécu au-dessus de ses moyens, et il faut donc en payer les conséquences. Les dépenses publiques ont été trop importantes, et il faut désormais les réduire. Mais ce discours ne résiste pas à l examen, comme en atteste l audit citoyen de la dette. Entre 1978 et 2012, la part des dépenses publiques (or paiement des intérêts) a diminué de 3,5 points. Sur la même période, la part des recettes a diminué de 5,5 points, du fait des cadeaux fiscaux, en faveur des plus aisés, réalisés sous les présidences de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Il s agit clairement d une politique des caisses vides : le gouvernement réduit les recettes de l Etat, la dette publique s accroît, et ce même gouvernement peut ensuite légitimement clamer haut et fort qu il n y a plus d argent et qu il faut réduire les dépenses publiques. Or, cette politique est clairement inégalitaire. La dette publique, d'autant plus quand elle est la conséquence de la réduction de l'imposition des plus riches, constitue un transfert vers les ménages les plus aisés. Ces derniers voient leur imposition diminuer et leurs revenus du capital (issus en partie des intérêts de la dette) augmenter. Pour cette raison, il faut prendre conscience qu'une certaine partie de la dette est le résultat du refus de mener une véritable politique fiscale cohérente et progressive. La régressivité de l'impôt en France n est plus à démontrer : sans même compter les impôts locaux, nous rappelons que le taux moyen d'imposition en France est de 49%, les 5% les plus riches ont un taux légèrement plus faible que les autres, et les 1% les plus riches ont eux un taux nettement plus faible (de l'ordre de 32%). C est pourquoi, conformément aux engagements de François Hollande, nous appelons à une véritable révolution fiscale.

Conclusion : Les multiples crises que connaissent les sociétés occidentales depuis 2008 ont interpellé l'ensemble de la gauche pour deux raisons : premièrement, parce qu'elles ont touché plus directement les hommes et les femmes dont nous représentons les intérêts ; et, deuxièmement, parce qu'elles validaient les thèses et les avertissements que nous envoyions depuis des années aux porte-paroles d'une finance dérégulée, d'une économie libéralisée, et d'un salaire horaire dévalorisé. Alors que partout dans le monde, l intervention publique redevient une priorité, les décideurs européens continuent à préférer s'enfoncer, contre l'avis de leurs peuples, dans des politiques d austérité budgétaire et salariale, au nom de la compétitivité internationale et de la modernisation, sans pour autant véritablement chercher à réguler l'activité financière. Construire un nouveau modèle de développement est une nécessité pour l humanité, cela peut être aussi une chance pour la France de sortir des impasses auxquelles elle est confrontée en lui permettant de renouer, conformément à son génie et à son histoire, avec l idée d intervention publique.