(Dakar, du 18 au 21 avril 2005) LA PLACE DE LA STATISTIQUE DANS LES ACTIVITES DE LA BCEAO : PRODUCTION ET UTILISATIONS



Documents pareils
BANQUE CENTRALE DES ETATS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST DEPARTEMENT DES ETUDES ECONOMIQUES ET DE LA MONNAIE

Quel rôle pour la Banque de France depuis l avènement de l euro?

TERMES DE REFERENCE SELECTION D UNE SOCIETE DE MAINTENANCE ELECTRIQUE & PRESTATAIRE DE MOYENS TECHNIQUES

VI - REALISATION DE LA CENTRALE DES BILANS DES ENTREPRISES DE L UMOA (CBE/UMOA)

UNION MONETAIRE OUEST AFRICAINE BANQUE CENTRALE DES ETATS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

La Nouvelle politique de la monnaie et de crédit de la Banque Centrale de Etats de l Afrique de l Ouest

PROCEDURE D AGREMENT EN QUALITE DE BANQUE ET ETABLISSEMENT FINANCIER

UNION MONETAIRE OUEST AFRICAINE BANQUE CENTRALE DES ETATS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

LES RELATIONS ENTRE LE TRESOR PUBLIC ET LA BCEAO

SELECTION D UN CONSULTANT CHARGE DE LA MISE EN PLACE DES REFERENTIELS DE CONTROLE INTERNE ET DE LA MISE A JOUR DES MANUELS DE PROCEDURES DU GIM-UEMOA

3 ) Les limites de la création monétaire

BILANS ET COMPTES DE RESULTATS DES BANQUES ET ETABLISSEMENTS FINANCIERS

Université d Oran / Faculté des Sciences Commerciales Spécialité : 4 eme. Fiche N 2 : Banque et Monnaie

Le FMI conclut les consultations de 2008 au titre de l article IV avec le Maroc

CONTEXTE ; FORME ; CONTENU ET PERSPECTIVES DES MESURES DE GRATUITE DE SERVICES BANCAIRES POUR LA CLIENTELE DES BANQUES DE L UMOA.

Sénégal. Textes d application de la loi relative à la promotion de la bancarisation

Programme statistique du Secrétariat Exécutif de la CEDEAO

Sélection d un Consultant chargé d accompagner le GIM-UEMOA dans le processus de mise en place d un Plan de Continuité de l Activité (PCA)

CREATION MONETAIRE ET SON CONTROLE

INTERROGATION ECRITE N 3 PFEG INTERROGATION ECRITE N 3 PFEG

Les autres types de cartes de commande et de règlement

OBJECTIFS. Objectif général

AVIS DE RECRUTEMENT UN(E) ASSISTANT(E) TRESORIER(E) GROUPEMENT INTERBANCAIRE MONETIQUE DE TERMES DE REFERENCE

INSTRUCTION N RELATIVE A L'ORGANISATION DU CONTRÔLE INTERNE AU SEIN DES SYSTEMES FINANCIERS DECENTRALISES

GUIDE PRATIQUE des opérateurs privés. Edition 2014 BANQUE OUEST AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT

NOTE DE PRESENTATION DU PROGRAMME STATISTIQUE DE L UEMOA

PROCÉDURES D'ÉMISSION ET DE CIRCULATION DES BONS ET OBLIGATIONS DU TRÉSOR

DOSSIER D'APPEL D'OFFRES N AO/Z00/DBA/010/2015

REPUBLIQUE DU BENIN. Fraternité-Justice-Travail MINISTERE DE L ECONOMIE, DES FINANCES ET DES PROGRAMMES DE DENATIONNALISATION -@@@

Le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l Afrique de l Ouest (BCEAO),

QU'EST-CE QUE LA ZONE FRANC?

REVUE DE LA STABILITE FINANCIERE DANS L UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE. N 1 - Avril 2006

GENERALITES SUR LES BUREAUX D'INFOMATION SUR LE CREDIT ET PRINCIPALES ORIENTATIONS DU PROJET DE L'UMOA

Sélection d un Qualified Security Assessor (QSA), chargé d évaluer la conformité du GIM-UEMOA. à la norme PCI-DSS, level 1

Thème 2 : Le rôle du «secteur informel» dans l intégration régionale

Remarques d Ouverture par M. Mohammed Laksaci, Gouverneur de la Banque d Algérie, Président de l Association des Banques Centrales Africaines

Publication de comptes financiers du secteur privé non-financier

(SGDD) Unité du Système général de. diffusion des données. Département des statistiques du FMI. Janvier 2004

Table des Matières. 2 Secteur monétaire et bancaire (sources : BRH) Finances Publiques. (sources : BRH / MEF)

Des Canaux Complémentaires & Non Parallèles!

Conclusions du Conseil sur l'innovation dans l'intérêt des patients

Quels sont les grands déséquilibres macroéconomiques? Durée : maximum 4h30

Octroi de crédit : la minimisation des risques de défaillance n'a pas le dernier mot

LE COMMERCE ELECTRONIQUE OPPORTUNITES ECONOMIQUES ET SOCIALES

Etablissement et dépôt des comptes consolidés et du rapport de gestion consolidé

Étude de cas : le marché des bons du trésor dans l UEMOA

ITIL V3. Exploitation des services : Les fonctions

Préambule Autodiagnostic 1) QRU - La Banque centrale est : 2) QRU - L encadrement du crédit était une technique :

Atelier sur le Financement de la Filière Coton en Côte d'ivoire: Création d'un Fonds de Garantie

TERMES DE REFERENCE MAI 2012

Allocution de Monsieur le Ministre à l occasion du 1 er meeting sur l information financière

INTÉGRATION DES SERVICES FINANCIERS DANS LES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ Un aperçu Général

Baromètre de conjoncture de la Banque Nationale de Belgique

PLAN D'ACTION POUR UNE GESTION APAISEE DE LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIERE ENTRE LE SAHEL ET LA COTE

Conclusions de la 9ème réunion du Groupe Consultatif du SYGADE

VIVA RIO HAITI (SPGEI) Système de production, de gestion et de suivi d évaluation des informations PREPARE ET PROPOSE PAR :

Perspectives. Les Orientations générales de la politique monétaire en Afrique du Sud. Ediab Ali. que monétaire

Anticiper pour avoir une innovation d'avance : le leitmotiv de Pierre Jouniaux, entrepreneur du big data!

NOTE D INFORMATION n 01 Janvier 2014

Les acteurs de la carte d'achat

Contrôle interne et organisation comptable de l'entreprise

p.2 p Exposé des motifs Texte du projet de règlement grand-ducal Commentaire des articles Fiche financière Fiche d'évaluation d'impact p.

ANNEXE C. ÉLÉMENTS D'ANALYSE FINANCIÈRE

COMPTES D OPÉRATIONS MONÉTAIRES

Agenda numérique - Partie V. Juillet 2015

Les durées d emprunts s allongent pour les plus jeunes

La carte d'achat dans les organisations françaises

L externalisation des activités bancaires en France et en Europe

Monia Amami Franck Brulhart Raymond Gambini Pierre-Xavier Meschi

La nouvelle architecture de contrôle du secteur financier

Le Conseil des Ministres de l'union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)

Loi n 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants

1/ Quelles sont les raisons qui peuvent conduire à la mise en place d un OMS?

rapport annuel D activites 2011

S.A.E.I.F - Bureau d Études

Les principes de la sécurité

PERTES ET BENEFICES DE CHANGE

I- Le système déclaratif de l Administration douanière belge

C ) Détail volets A, B, C, D et E. Hypothèses (facteurs externes au projet) Sources de vérification. Actions Objectifs Méthode, résultats

Baromètre de conjoncture de la Banque Nationale de Belgique

R E G L E M E N T I N T E R I E U R

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

Chapitre 1 : Introduction aux bases de données

SITUATION DES SERVICES FINANCIERS VIA LA TELEPHONIE MOBILE DANS L UEMOA

Principes de liberté d'expression et de respect de la vie privée

Conclusions du Conseil sur le financement pour la croissance et le financement à long terme de l'économie européenne

L égalité femmes-hommes dans le développement : alibi ou réalité? Claudine Drion Le Monde selon les femmes

master Droit bancaire Georges DECOCQ Yves GÉRARD Juliette MOREL-MAROGER 2 e édition Collection BANQUE FINANCE ASSURANCE

SEMINAIRE INTERNATIONAL «Risques de crédit bancaire en Afrique» Ouagadougou du 23 au 26 octobre 2012 Hôtel Laïco Ouaga 2000

1 Informations générales

LES TERRASSES DES EMBIEZ Aujourd'hui

POLITIQUE D EXECUTION DES ORDRES SUR INSTRUMENTS FINANCIERS

Tarification comparative pour l'industrie des assurances

Challenge Fund (Fonds d appui) du CGAP sur la Banque à Distance dans l UEMOA

Dématérialisation et document numérique (source APROGED)

Crises financières et de la dette

Avenue Abdoulaye FADIGA BP 3108 Dakar - Sénégal. Tel. (221) / Fax. (221)

RÈGLEMENT GÉNÉRAL DE CONSULTATION

Transcription:

BANQUE CENTRALE DES ETATS DE L AFRIQUE DE L OUEST SEMINAIRE D INFORMATION ORGANISE PAR PARIS21 POUR LES CONSULTANTS FRANCOPHONES SUR LA STRATEGIE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT DE LA STATISTIQUE DANS LES PAYS DE L AFRIQUE DE L OUEST (Dakar, du 18 au 21 avril 2005) LA PLACE DE LA STATISTIQUE DANS LES ACTIVITES DE LA BCEAO : PRODUCTION ET UTILISATIONS COMMUNICATION DE MONSIEUR ANTONIN S. DOSSOU, DIRECTEUR DE LA RECHERCHE ET DE LA STATISTIQUE A LA BCEAO

INTRODUCTION La complexité croissante de l environnement économique et social contemporain fait de l information statistique un élément incontournable pour la prise de décision et la planification car elle permet non seulement de connaître une situation, de la décrypter, mais aussi d évaluer et d apprécier les effets des actions entreprises et des politiques suivies. Ainsi, en politique, en économie ou dans la vie quotidienne, la statistique occupe une place prépondérante, car les informations sollicitées d elle sont indispensables pour la connaissance des aspirations réelles des populations, la bonne conduite des affaires, et la connaissance de l environnement macroéconomique. A cet égard, à l instar des autres acteurs économiques, pour assurer leur efficacité et renforcer leur crédibilité, les banques centrales doivent posséder un système d'information complet et cohérent leur permettant de disposer de données économiques et financières fiables et actuelles. Elles se doivent également de transmettre au public et à tous leurs partenaires les informations fiables et pertinentes sur leur action, afin de respecter l obligation de transparence. Les banques centrales sont ainsi devenues un acteur majeur dans le développement des systèmes statistiques nationaux. La présente communication décrit la place de la statistique dans les activités d une banque centrale, et singulièrement de la BCEAO. A ce titre, elle rappelle les principales fonctions statistiques des banques centrales modernes et présente la place de la statistique dans les activités de la BCEAO. I LES FONCTIONS STATISTIQUES D UNE BANQUE CENTRALE Les activités statistiques exercées par la banque centrale répondent à un certain nombre d enjeux liés à la complexité croissante de l interdépendance entre les différentes sphères de l économie. A cet égard, l exercice de ces activités vise des objectifs précis. 1.1. Les enjeux de l activité statistique des banques centrales La mondialisation de l'économie et le développement des marchés financiers ont donné une responsabilité particulière aux banques centrales dans la conduite des politiques économiques et la recherche de la stabilité macroéconomique et financière, garante d'une croissance saine et durable. Il est admis aujourd'hui que les banques centrales peuvent assurer plus efficacement leur responsabilité si elles ont pour objectif final la stabilité des prix et disposent d'une forte crédibilité dans la conduite de leur action. Pour ce faire, elles doivent se servir d informations de plus en plus précises et variées sur des économies de plus en plus complexes et interdépendantes. Pour les statisticiens de banque centrale, les défis sont donc importants. Ils doivent mettre à la disposition des décideurs, dans des délais de plus en plus rapprochés, des informations pertinentes et fiables. Ils doivent également produire des données monétaires et financières de plus en plus détaillées, permettant aux autres acteurs de la vie économique de fonder et d'ajuster leur action. Pour relever ces défis, dans un monde globalisé et rendu de plus en plus virtuel par le développement des nouvelles technologies, les banques centrales doivent respecter certains principes de base dont les plus importants sont :

- développer de fortes synergies avec les autres partenaires du système statistique. En particulier, s'ouvrir davantage aux instituts nationaux de statistique. En effet, d'importantes informations gérées par les banques centrales ne sont souvent pas disponibles auprès des services publics de statistique. Il s'agit notamment de données relatives aux interventions de la banque centrale sur les marchés de capitaux à court terme (change, escompte, interbancaire, open market), à son rôle de dépositaire et de gestionnaire de titres publics, aux réserves de change, aux systèmes et moyens de paiement et à l'activité prudentielle. Par ailleurs, la banque centrale assure un rôle important de service public, en collectant et en mettant à la disposition des agents économiques et du public des données monétaires et financières ; - continuer à veiller à la qualité des informations collectées auprès du système bancaire et à produire et publier des statistiques monétaires et financières fiables. A cet effet, les banques centrales doivent intervenir directement auprès des établissements de crédit, notamment en leur imposant des normes et des règles en matière de système d'information ; - développer leur coopération avec les institutions servant de dépositaire central et de banque de règlement sur les marchés financiers. Ces structures sont devenues des sources importantes d'informations financières qui doivent être traitées et mises à la disposition du public. La banque centrale paraît à cet égard l'acteur le mieux placé du système statistique pour remplir cette mission. 1.2. Les objectifs de l activité statistique dans une banque centrale La banque centrale intervient dans le système statistique à la fois comme utilisateur et producteur, mais aussi comme diffuseur de statistiques. L'importance de chacune de ces fonctions varie selon le niveau de développement du pays considéré et l'état de ses traditions statistiques. L activité statistique exercée par la banque centrale vise principalement trois objectifs. 1.2.1. Fournir des informations sur le domaine réservé des banques centrales En tant qu'autorité monétaire responsable de la supervision et du contrôle du système financier, les banques centrales sont souvent les mieux placées dans le système statistique pour collecter et produire les données monétaires et financières. En effet, leur rôle d'émetteur et de gestionnaire de la monnaie fiduciaire, leurs interventions sur les marchés de capitaux à court terme (change, escompte, marché interbancaire), leur rôle réglementaire en matière de stabilité des marchés de capitaux et des systèmes de paiement et, surtout, leur activité prudentielle à l'égard des banques commerciales sont à la base de la plupart des statistiques financières au sens large (statistiques monétaires, bancaires, comptes nationaux financiers, centrales de bilans et, à l'exception des pays anglo-saxons, balance des paiements et position extérieure). En revanche, dans la sphère réelle, le rôle des banques centrales est plus limité. A part la Banque Centrale de Belgique, peu d'entre elles ont officiellement une activité significative en terme de production de statistiques du secteur réel. Cependant, presque toutes collectent directement des données conjoncturelles issues d'enquêtes statistiques auprès de divers agents économiques (entreprises, ménages, etc.). Les résultats de ces enquêtes sont généralement utilisés par les banques centrales pour leurs propres besoins et font rarement l'objet de diffusion.

1.2.2. Renforcer la crédibilité des banques centrales Pour assurer leur crédibilité et l'efficacité des politiques monétaires qu'elles conduisent, les banques centrales doivent renforcer leur indépendance. Aussi, ne doiventelles pas être complètement dépendantes de sources extérieures pour apprécier la situation de leur objectif final, à savoir la stabilité des prix. C'est dans cette perspective qu'un grand nombre de banques centrales choisit de mettre en place un dispositif interne de collecte des prix sur les marchés de biens et services, afin de les confronter avec les données officielles produites par les instituts nationaux de statistique. Par ailleurs, la politique monétaire mise en œuvre par la banque centrale peut être plus efficace si ses partenaires et le public sont largement informés des fondements de son action et des résultats enregistrés. Cette exigence de transparence nécessite une publication régulière de statistiques pertinentes et fiables, permettant au public d'être informé et de juger l'action de la banque centrale. 1.2.3. Pallier les insuffisances des instituts nationaux de statistique Les instituts nationaux de statistique ne disposent pas toujours des ressources suffisantes pour faire face aux demandes particulières des utilisateurs de statistiques macroéconomiques, au premier rang desquels se trouvent les banques centrales. Dans ce contexte, les banques centrales peuvent décider de collecter elles-mêmes certaines informations qui leur sont nécessaires, surtout lorsqu elles ne sont pas produites par ailleurs. En effet, les banques centrales peuvent plus rapidement dégager les moyens adéquats pour satisfaire leurs besoins en matière de statistiques. Elles peuvent ainsi commanditer des enquêtes statistiques spécifiques sur des sujets souvent très variés (pauvreté, agriculture, etc.). 1.3. Les difficultés de l activité statistique dans une banque centrale Dans la conduite de leurs activités en matière de production statistique, les banques centrales sont, en général, confrontées à un certain nombre de contraintes dont les plus notables sont : 1- La déontologie : les banques centrales sont à la fois responsables de la conduite de la politique monétaire et productrices de la plupart des statistiques qui permettent de juger de l'efficacité de leur action. Elles doivent donc constamment veiller à entretenir une séparation nette entre les fonctions de production statistique et celles d'études et d'analyses. 2- Le respect des normes internationales : les méthodes d'élaboration de la plupart des statistiques macroéconomiques (comptabilité nationale, balance des paiements, statistiques monétaires et financières, statistiques de finances publiques, etc.) sont déterminées par des organismes internationaux (FMI, ONU, OCDE, BIT, etc.) aux travaux desquels les banques centrales sont, en général, associées. Ces normes doivent être respectées, pour assurer la comparabilité des données produites et leur utilisation par le plus grand nombre. 3- La coordination avec les autres composantes du système statistique : l'activité statistique des banques centrales est en priorité tournée vers leurs besoins opérationnels, à la différence des instituts nationaux de statistique, qui assurent avant tout une fonction de service public de la statistique. Les banques centrales doivent donc veiller à limiter leur champ d'action aux domaines ou elles sont le plus efficaces et laisser les services statistiques

publics jouer leur rôle. En tant qu'acteur clé du système statistique, la banque centrale doit coordonner son action avec les autres composantes du système, dans le but d'obtenir des informations pertinentes au meilleur rapport qualité-coût. II LA PLACE DE LA STATISTIQUE DANS LES ACTIVITES DE LA BCEAO Les statistiques occupent une place primordiale dans les activités de la BCEAO à l instar des banques centrales modernes. Cette importance se reflète dans les activités statistiques menées par l Institut d Emission. 2.1. L activité statistique à la BCEAO L activité statistique de la BCEAO à travers le système statistique des pays de l UMOA, s effectue suivant les trois dimensions ci-après : - en tant qu utilisateur de statistiques, la BCEAO collecte les données produites par d autres structures nationales ou internationales, pour formuler et mettre en œuvre la politique monétaire ; - comme producteur de statistiques monétaires, bancaires et financières, eu égard à son rôle d Autorité monétaire, responsable de la supervision du système financier, ainsi que des données de balance des paiements et d indicateurs avancés de l inflation, en liaison avec la poursuite de l objectif de stabilité des prix ; - enfin, la BCEAO joue un rôle important de diffusion de statistiques socioéconomiques provenant des pays de l UMOA. 2.1.1. L utilisation de données statistiques par la BCEAO Les données externes utilisées par la BCEAO servent généralement à la formulation et à la mise en œuvre de la politique monétaire. Elles ont trait aux grands agrégats macroéconomiques (comptes nationaux, commerce extérieur, finances publiques, etc.), aux données conjoncturelles (indice des prix, enquêtes de conjoncture) et à l environnement international. Ces données sont notamment utiles pour la programmation monétaire qui permet à la BCEAO de déterminer l'équilibre entre la demande et l'offre de monnaie. Ces données permettent en outre d'évaluer la conjoncture économique et financière interne et externe, afin d'éclairer la conduite de la politique monétaire et de mesurer son impact sur l'économie réelle. La collecte de ces informations se fait auprès des structures nationales en charge de la production statistique, notamment les Instituts Nationaux de la Statistique (INS), ainsi que des institutions internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale. L ensemble des informations collectées par la Banque Centrale est centralisé dans des bases de données statistiques, ce qui en facilite l'exploitation. 2.1.2. La production de données statistiques par la BCEAO La production de statistiques par la BCEAO couvre principalement les données monétaires et financières, ainsi que les statistiques de balance des paiements. La Banque Centrale dispose également d'un dispositif de suivi de la conjoncture mis en place pour ses besoins internes.

Les statistiques monétaires sont produites par l Institut d émission selon une périodicité mensuelle. Les principales données publiées sont les suivantes : - la situation de la Banque Centrale : elle retrace le bilan de l'action monétaire de la Banque Centrale ; - la position nette du gouvernement (PNG) : elle récapitule le bilan des opérations entre le système bancaire et le Trésor public ; - la situation monétaire intégrée : elle donne la quantité de monnaie disponible dans l'économie ainsi que ses contreparties ; - la situation de la base monétaire qui indique le montant de monnaie centrale disponible dans l'économie. En matière de statistiques bancaires, les données relatives aux bilans des banques sont publiées annuellement. Les statistiques correspondant à la centrale des risques (principaux crédits octroyés par secteur) sont publiées mensuellement tandis que celles décrivant les conditions de banque (taux de base bancaire minimum et maximum) sont trimestrielles. La production de la balance des paiements par la BCEAO a démarré depuis la fin des années 60 dans le cadre d'un comité de balance des paiements regroupant l'ensemble des structures concernées (Instituts Nationaux de Statistique, Directions des Douanes, Ministères des Finances, structures chargées de la gestion de la dette extérieure, etc.). L'élaboration des balances des paiements des pays de l'umoa nécessite l'utilisation d'un grand nombre de données économiques et financières. La plupart de ces données proviennent des organismes et institutions membres du comité de balance des paiements. Cependant, certaines données sont collectées par l'intermédiaire d'enquêtes statistiques relativement lourdes, conduites auprès de divers agents économiques (banques commerciales et entreprises essentiellement). Enfin, comme la plupart des banques centrales, la BCEAO a mis en place pour ses besoins internes un dispositif de suivi de la conjoncture. Ce dispositif comprend un mécanisme avancé de suivi des prix, ainsi que des enquêtes de conjoncture qualitatives (opinions des chefs d'entreprises) et quantitatives (chiffres d'affaires du commerce, production industrielle, suivi des conditions de banque). 2.1.3. La diffusion de données statistiques par la BCEAO La BCEAO a historiquement accordé une place importante à la diffusion des statistiques socio-économiques des Etats membres de l UMOA, dans la mesure où elle est restée pendant longtemps, la seule institution supranationale de l'union. En tant qu'institution responsable de la politique monétaire commune, la BCEAO a une vision cohérente et globale de la situation économique des pays membres de l'union Monétaire Ouest Africaine. Par ailleurs, la diffusion au plan international des statistiques des pays de l'umoa a été, pendant longtemps, assurée par les organisations internationales, notamment le FMI et la Banque Mondiale. Pour pallier cette insuffisance, la BCEAO a mis en place des publications destinées au public, dans le but d'assurer la plus large diffusion possible des statistiques socioéconomiques des pays de l'umoa. Ces publications sont :

- les Notes d'information et Statistiques (NIS), à périodicité mensuelle, qui diffusent essentiellement des statistiques monétaires et financières, ainsi que certaines données socioéconomiques produites par les systèmes statistiques nationaux ; - le Rapport Annuel, qui comprend une annexe statistique présentant une large sélection de données sur les économies de l'umoa (secteur réel, prix, finances publiques, balance des paiements, monnaie et crédit, secteurs sociaux) ; - les bilans des banques et l'annuaire des banques qui paraissent annuellement. Cette large diffusion des informations répond au souci de la BCEAO de respecter les principes de transparence des politiques monétaires et financières édictés par le FMI. Pour renforcer l'accès du public aux informations qu'elle diffuse, le site de la BCEAO (www.bceao.int) accorde une place importante aux statistiques. A ce titre, la BCEAO publie à intervalles réguliers une série d informations relatives à la politique monétaire, à la situation économique et monétaire des Etats membres de l'umoa, ainsi qu à sa situation comptable. 2.2. Organisation de l activité statistique à la BCEAO Pour conduire efficacement l activité statistique, nécessaire à la l exercice de la politique monétaire, la BCEAO, Institut d Emission des huit Etats membres de l UEMOA, a mis en place une organisation assurant une totale synergie entre les Directions Nationales, présentes dans chacun des pays, et le Siège. Les Directions Nationales sont notamment chargées de la collecte des données de base auprès du système financier et des autres agents économiques, ainsi que de leur traitement préliminaire, nécessaires à l élaboration des statistiques monétaires, de la balance des paiements et au suivi de la conjoncture économique. Le Siège assure la coordination de cette activité de production de statistiques, met à la disposition des Directions Nationales les informations complémentaires et procède à la validation des données. La fonction de diffusion des données est également conduite par les Directions Nationales et le Siège. Dans ce cadre, la Direction de la Recherche et de la Statistique au Siège et les Services de la Recherche et de la Statistique des Directions Nationales jouent un rôle de point focal, en assurant la centralisation et la diffusion des statistiques produites par la BCEAO. 2.3. Perspectives des activités statistiques à la BCEAO Depuis le début des années 90, la Banque Centrale des Etats de l'afrique de l'ouest a entamé un processus de réforme et de modernisation du système financier de l'umoa. Dans ce cadre, le système financier de l'umoa s'est progressivement diversifié au fil des années et comprend aujourd'hui l'ensemble des structures et organismes nécessaires au fonctionnement d'une économie moderne (marché financier régional, systèmes et moyens de paiement, marché des titres publics, marché monétaire, etc.). Dans le même temps, la modernisation et la libéralisation des règles et procédures de la BCEAO se sont poursuivies, afin d assurer la gestion monétaire par le marché. Ces évolutions se sont traduites par un accroissement substantiel des besoins statistiques de la BCEAO. Ainsi, dans les prochaines années, les actions de la BCEAO s'orienteront suivant les axes ci-après :

- améliorer la connaissance du fonctionnement des économies des pays de l'umoa. A cet égard, la BCEAO rationalisera et développera son système de collecte et de traitement de données statistiques, en synergie avec les instituts nationaux de statistique, les institutions régionales et internationales. La coopération avec les autres partenaires du système statistique constituera ainsi un axe majeur pour les années à venir ; - renforcer le suivi conjoncturel des économies de l'umoa, en mettant un accent particulier sur l'amélioration de la qualité des enquêtes de conjoncture et des modèles d'analyse de leurs résultats ; - moderniser les méthodes et pratiques statistiques, afin de les rendre conformes aux normes internationales. Ainsi, l'entrée en vigueur, depuis août 2001, du nouveau manuel de statistiques monétaires et financières du FMI, conduira la BCEAO à une revue de ses méthodes d'élaboration de statistiques monétaires et financières ; - renforcer la transparence et la crédibilité de l'action de la BCEAO, en mettant en place une politique de diffusion moderne, basée sur l'utilisation de technologies multimédias ; - assurer l'adéquation et la cohérence des statistiques monétaires et financières aux niveaux national et supranational, conformément à son statut de banque centrale commune à huit Etats ; - apporter sa contribution aux politiques de lutte contre la pauvreté, en produisant des données statistiques permettant d'éclairer les principaux aspects monétaires et financiers de la pauvreté.!!! Au total, eu égard à la place primordiale qu occupe la statistique dans ses activités, la BCEAO pourrait jouer un rôle important dans la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Développement de la Statistique dans les pays de l UEMOA. -=-=-=-=-=-=-=-=-