CHAPITRE VI UN ESSAI DE SYNTHESE
CHAPITRE VI : UN ESSAI DE SYNTHESE Introduction 1) La relation dialectique entre dynamiques démographiques et développement 2) Les dynamiques démographiques et les théories du développement
OBJECTIFS Deux objectifs : Synthèse des relations complexes entre processus de développement et dynamiques démographiques Comment les processus de développement agissent sur les évolutions démographiques Comment les dynamiques démographiques jouent sur les processus de développement Mise en perspective de la question démographique dans un cadre théorique global sur les inégalités et processus de développement, en s inspirant des théories de la transition et de la dépendance
CHAPITRE VI : UN ESSAI DE SYNTHESE Introduction 1) La relation dialectique entre dynamiques démographiques et développement 2) Les dynamiques démographiques et les théories du développement
UNE RELATION DIALECTIQUE (I) Les questions de population et de développement sont intimement liés : Il n y a pas de dissociation possible entre les deux : Les dynamiques de population sont à la fois le résultat et peuvent influer sur les processus de développement à différentes échelles Développement (1) (2) Dynamiques démographiques (1) La transition démographique : natalité, mortalité, migration (2) Populationnisme versus malthusianisme
UNE RELATION DIALECTIQUE (II) Développement Dynamiques démographiques Les évolutions économiques et sociales influent en profondeur sur les dynamiques démographiques Ces processus sont synthétisés par la théorie de la transition démographique : Baisse de la mortalité alimentation, système de santé, vaccination etc. Baisse de la natalité alphabétisation, hausse du niveau de vie, urbanisation etc. La date, l intensité et les moteurs profonds de ces évolutions sont toutefois différents dans le monde développé et les pays en voie de développement Il y a aussi une forte diversité au sein des pays en voie de développement
UNE RELATION DIALECTIQUE (III) Dynamiques démographiques Développement Deux théories décrivent l impact des dynamiques démographiques sur les processus de développement : Malthusianisme ; Populationnisme. Au-delà de ces théories générales, on peut s interroger sur la relation dialectique avec le développement de chacune des composantes des dynamiques démographiques (natalité, mortalité, migration).
CHAPITRE VI : UN ESSAI DE SYNTHESE Introduction 1) La relation dialectique entre dynamiques démographiques et développement 2) Les dynamiques démographiques et les théories du développement
INTRODUCTION Deux approches : Théories de la transition/modernisation Théories de la dépendance et/ou du système-monde
LES THEORIES DE LA TRANSITION (I) Les théories de la transition et de la modernisation supposent que les processus de développement induisent in fine des évolutions sociales en profondeur de nature similaire dans l ensemble des sociétés (Todd, Rostow, Zelinski, ) Le passage d une société «traditionnelle» à une société «moderne» suppose une longue période de transition Une telle théorie peut être de nature économiste : Rostow et les stades du développement Une telle théorie peut aussi supposer que le développement économique n est pas nécessairement le moteur de cette transition : elle en est une conséquence autant qu une cause (Todd par exemple)
LES THEORIES DE LA TRANSITION (II) La transition/modernisation embrasse tous les aspects de la société : Démographique : transition démographique Transition migratoire Transition sociale : structures des ménages, position de la femme, rapport à l enfant, montée des classes moyennes urbaines Transition éducative : vers l alphabétisation universelle Transition économique : hausse du niveau de vie Transition idéologique : laïcisation Transition politique : vers la démocratisation de la société.
LES THEORIES DE LA TRANSITION (III) Ces transitions : Prennent des formes plus ou moins intenses et très différentes selon les contextes mais sont supposées universelles Il est important de noter que les transitions sont des périodes de déséquilibres parce que «l ordre nouveau» remplace «l ancien» : Fortes croissances de la population Souvent accompagnées d intenses processus migratoires Éclatement de la famille ancienne vers un modèle nucléaire Mise en cause (partielle) de la domination masculine.
LES THEORIES DE LA TRANSITION (IV) Toutefois, les déséquilibres les plus importants sont de nature politique (au sens large) Les rapports de force anciens sont partiellement mis en cause par la modernisation Cela suscite des réactions (au sens politique) Sociétés politiquement instables qui cherchent des réponses politiques et idéologiques L Islamisme, loin d être un processus irréversiblement croissant, peut être considéré comme le produit politique et idéologique de sociétés en transition traversées par d intenses contradictions et déséquilibres
LES THEORIES DE LA TRANSITION (V) Croissance de la mobilité : urbanisation, émigration Développement économique Diffusion des modèles dominants? Transition Transition démographique : baisse de la mortalité + baisse de la natalité Modernisation sociale : modèle familial, statut de la femme etc. Transition éducative Transition politique = période d instabilité. Chemin plus ou moins long vers la démocratie occidentale Transition idéologique vers la laïcité et l individualisme Modernisation économique : hausse du niveau de vie, croissance des classes moyennes
LES LIMITES DES THEORIES DE LA TRANSITION Ces théories supposent une forme de fin de l histoire lorsque la modernisation/occidentalisation aura été entièrement accomplie ethnocentrisme Elles peuvent en cela s appuyer sur l universalité de la transition démographique, tout en masquant sa nature et son intensité très variables Elles ont aussi le mérite de pleinement intégrer les évolutions démographiques aux processus de «développement». En revanche, ces théories souffrent de deux déficits majeurs : L absence d une vraie théorisation du moteur de ces transitions Le sous-développement est théorisé comme un retard progressivement comblé ce qui pose plusieurs problèmes liés l un à l autre : Les conséquences du retard des pays en voie de développement ne sont pas posées La question du développement n est pas pensé en termes d inégalités dans un système unifié Sur le plan économique au moins, l idée de rattrapage a peu de fondement empirique.
LES THEORIES DE LA DEPENDANCE (I) A l inverse des théories de la modernisation, les théories de la dépendance et du système-monde sont des théories du développement (Samir Amin, Wallerstein) En revanche, ces théories n'accordent pas d'autonomie aux évolutions sociales et démographiques La question du développement est pensée dans le cadre d un système global et inégalitaire Dans ce cadre, le sous-développement n est pas un retard, il est une situation de faiblesse et de dépendance dans un système-monde où le centre (développé) s oppose à la périphérie (sous-développée) La théorie du système-monde permet de repenser la dialectique développement /dynamique démographique
LES THEORIES DE LA DEPENDANCE (II) Développement Dynamiques démographiques : Le «retard» modifie l ensemble des processus liés au développement : il suppose des blocages et des déséquilibres pas nécessairement temporaires dans les processus d évolution sociale Par exemple, le retard : Rend le démarrage industriel difficile parce que coûteux Suppose une forte concentration du capital et donc presque nécessairement un rôle actif de l Etat dans le processus de développement C est en pensant le retard dans le cadre d un système global que les théories du système-monde permettent d intégrer les évolutions de nature sociale et démographique : Les évolutions sociales et démographiques sont alors lues comme des processus exogènes déstabilisateurs, plutôt que comme faisant partie d un développement par la modernisation (la modification des familles, la baisse brutale de la mortalité etc)
LES THEORIES DE LA DEPENDANCE (III) Dynamiques démographiques Développement Ces théories permettent aussi de penser autrement l impact des évolutions démographiques sur les évolutions économiques La malthusianisme et le populationnisme supposent un impact mécanique/anhistorique des dynamiques démographiques sur le développement Pour les populationnistes par exemple, les fortes croissances démographiques sont créatrices d innovation agricole et in fine de progrès social
LES THEORIES DE LA DEPENDANCE (IV) Les théories de la dépendance permettent de comprendre que : La paysannerie africaine, dans le cadre d échanges inégaux au niveau global, n a pas les moyens d accumuler, d investir pour innover L aide alimentaire internationale qui vient combler les difficultés agricoles ne fait que renforcer les processus de dépendance globale Dans un tel contexte, le malthusianisme peut mieux décrire la réalité pourvu justement qu il soit contextualisé L impact des évolutions démographiques sur le développement doit être pensé dans le cadre global du système-monde et en intégrant la dimension non neutre du temps (= les conséquences du «retard»)
LES THEORIES DE LA DEPENDANCE (V) Retard de développement dans le cadre du système-monde : une synthèse Une transition largement exogène Baisse rapide de la mortalité Baisse rapide et décalée de la natalité Très forte croissance démographique Retard de développement Coût d investissement pour le rattrapage industriel Position faible dans la division du travail échange inégal Difficultés d accès aux équipements Faible possibilité d expulsion des surplus démographiques Dépendance vis-à-vis d équipements industriels capitalintensive dans un environnement concurrentiel La croissance démographique peut peser négativement sur le développement