MANAGEMENT L Hexagone est trop petit pour les managers qui gèrent des Supply Chains internationales ; pour progresser dans leur carrière, partir à l étranger devient de plus en plus fréquent. Quelques conseils et témoignages pour réussir ce choix de vie à la fois professionnel et familial. SC Managers La planète pour terrain de jeu Nam Durand, ancien DRH du groupe de transport public Veolia Transdev, en recherche de poste C.CALAIS «L expérience internationale dans un monde globalisé est un grand avantage supérieur aux risques, déclare Angelika Damman, de nationalité allemande, ancienne DRH, notamment de SAP, ayant travaillé dans une multinationale à Londres et aux Pays-Bas. C est une expérience de vie qui fait grandir professionnellement. Elle aide à porter un regard différent sur son pays d origine, à réfléchir selon différentes perspectives». Si les multinationales permettent d évoluer facilement à l international, les opportunités se développent aussi dans des entreprises plus petites. Et le manager accroît son employabilité interne comme externe. «Faire une ou deux missions à l étranger, prouvant l adaptabilité et l ouverture d esprit, facilite la sélection à un poste haut placé dans un groupe international», constate Pascale Anderson, ancienne DRH, notamment du groupe Publicis au niveau mondial, et Associée du cabinet de conseil en stratégie RH Misceo. Construire son projet avec son entreprise et sa famille, étape de développement personnel et professionnel, est essentiel. Mieux vaut préparer en amont son départ, sa vie sur place, puis anticiper le retour au bon moment. Décrocher un poste à l étranger Olivier Carnet, qui suit un parcours international chez Unilever, conseille «de commencer tôt dans sa carrière, car c est plus facile de s adapter». Les entreprises recherchent pour les postes à responsabilité à l étranger des cadres pragmatiques, mobiles et adaptables, sachant prendre des risques. Ils sont capables de gérer des projets, de travailler en matriciel, dans une langue étrangère, avec des personnes de différentes nationalités. Si l anglais est le minimum requis, quelle que soit la destination, apprendre la langue du pays est conseillé. L expérience et les compétences en management ainsi que la bonne connaissance de la stratégie d entreprise, sont les alliées du cadre international. 82 N 71 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2013
Eric Lanciaux, DRH de FM Logistic, prestataire présent dans 11 pays européens et asiatiques, explique : «Il y a beaucoup d opportunités de contrats d expatriation de trois ans renouvelables en Supply Chain opérationnelle ou fonctionnelle, ou en fonction support, dans les pays où nous sommes présents et les nouveaux (FM vise de nouveaux pays d Europe Centrale et l Amérique Latine). C est un accélérateur de carrière tant pour les jeunes diplômés que pour les cadres confirmés». Dans les grands groupes, la volonté de donner une expérience internationale à de futurs dirigeants coexiste avec le recrutement de personnes locales en remplacement des expatriés, une fois le transfert de savoir et de compétences effectué. Laurent Petit, chez FCI en Asie depuis 2008, conseille de «créer l opportunité, car il y en a de Angelika Dammann, coach de dirigeants C.CALAIS C.CALAIS moins en moins, en définissant une mission qui apportera de la valeur à l entreprise Il faut par ailleurs ne pas s attendre systématiquement a un contrat d expatriation doré. La norme devient le contrat local plus, moins avantageux mais valorisant comme expérience professionnelle et personnelle»». Le statut d expatrié est un salarié de droit français affecté à l étranger ; en moyenne, il «coûte» quatre fois son salaire de base. Mais des contrats locaux sont de plus en plus proposés. Nam Durand, ancien DRH du groupe de transport public Veolia Transdev, en recherche de poste, a géré de nombreuses carrières internationales : «les entreprises cherchent le meilleur rapport qualité/prix. Le jackpot à l expatriation, c est fini. Le salaire ne doit pas être trop déconnecté de celui d un poste similaire dans le pays d origine, sinon le retour Pascale Anderson-Mair, ancienne DRH et Associée du cabinet de conseil en stratégie RH Misceo SDE CORET-FOTOLIA sera d autant plus difficile». Néanmoins, l expat sera toujours gagnant côté rémunération : salaire, bonus, avantages en nature. Le coût de la vie Tokyo est la ville la plus chère selon l indice Mercer contribuera à valoriser la rémunération. Préparer son départ Nos interlocuteurs recommandent de partir avec sa famille, même si elle arrive quelques mois après. Les allers/ retours le week-end usent très rapidement et distendent les liens. Angelika Dammann, qui coache aujourd hui des dirigeants, parle d expérience : «C est un challenge pour le conjoint et les enfants. Il faut réfléchir aux questions pratiques avant de partir : qui peut aider pour les tâches administratives, trouver l école? Quelles opportunités de travail pour son conjoint? Une fois tout ceci réglé, le manager a la tranquillité d esprit nécessaire pour se concentrer sur son travail». Il faut se renseigner sur le type de contrat envisagé et les conséquences induites en termes d imposition, de retraite, d assurance chômage, qui varient aussi selon les pays. La couverture médicale, sauf en Europe, est une vraie question. Dans les grands groupes, le service RH se charge assez souvent de ces formalités et de trouver un logement, ou aide son salarié. Selon Nam Durand, «c est un projet cogéré par la DRH et le collaborateur. La sécurité dans les pays dangereux est évoquée. La question du travail du conjoint est parfois prise en charge par l entreprise, ou souvent la perte de revenus induite est compensée en partie dans le package de mobilité». De grands groupes peuvent aussi trouver un poste au conjoint, l orienter vers un cabinet d outplacement. Quelques jours de découverte de la ville d installation avec son conjoint ou toute sa famille, souvent à la charge de l entreprise, permettent de valider le projet familial. Pour les enfants, l adolescence est l âge où il est plus difficile de quitter ses amis. Des programmes d intégration culturelle avec des organismes spécialisés sont parfois proposés par l entreprise pour bien préparer leur arrivée. Cer- JANVIER-FÉVRIER 2013 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE N 71 83
MANAGEMENT taines entreprises proposent des cours de langue, avant le départ et sur place. Dans le pays Dans le pays, il peut y avoir quelques a priori anti-français (arrogants, râleurs ) à dépasser pour s intégrer. Au travail, les clefs de la réussite sont le respect mutuel, la curiosité, l envie d apprendre et de s adapter. Le manager va apprendre en avançant : à l écoute de son équipe, il va vite sentir les impairs culturels à ne plus commettre. Eric Lanciaux souligne les missions chez FM Logistic : «L expatrié installe les processus, les valeurs et la culture de l entreprise dans le pays. Il sécurise le service au client et la politique de ressources humaines. Dans un second temps, il doit identifier son successeur». En dehors du travail, il est plus aisé de rester entre francophones, ou au sein de la communauté d expatriés. Au Moyen-Orient ou en Asie, c est la norme. Ailleurs, cela dépend de son niveau de langue et de son ouverture. «A Londres, pas facile de se faire des amis Anglais. J y suis arrivée avec des voisins, se souvient Angelika Dammann. Quoique ce n est pas facile non plus pour des Anglais de Liverpool» Anticiper le retour Certes, des «pros de l international» y passent une bonne partie de leur carrière, changeant régulièrement de poste et de pays. Mais il est important de cultiver son réseau professionnel et amical dans son pays d origine, de se tenir au courant de ce qui se passe dans son entreprise, pour faciliter le retour. Revenir au pays d origine est parfois un choc culturel inversé. On ne vous a pas attendu! Pascale Anderson-Mair prévient : «Après cinq ans, le retour s avère très difficile. Aussi, les missions à l étranger sont souvent de trois ans, avec un possible renouvellement de deux ans». Nam Durand ajoute : «le retour d expatriation doit s anticiper au moins un an à l avance pour retrouver un poste dans l entreprise». Eric Lanciaux acquiesce et complète : «Pas toujours facile de retrouver un poste avec autant de responsabilités et d autonomie dans le pays d origine. Nous pouvons proposer un autre pays». CHRISTINE CALAIS FCI Laurent Petit, Vice-président et Directeur Général Asie du Sud-Est Inde Japon, FCI «Au fur et à mesure des voyages, j ai appris les codes, les pratiques et les non-dits» Laurent Petit, titulaire d une maîtrise d économie, évolue dans les achats, gravissant les échelons dans plusieurs entreprises industrielles, touchant à la marge à la Supply Chain. En 2004, il devient Directeur des Achats Europe de FCI, fabricant de composants électroniques dont le siège est en France, à Guyancourt, appartenant depuis 2005 au fonds d investissement américain, Bain Capital. En 2006, après un Cesa achats à HEC, il propose sans succès à sa direction une mutation à Shanghai pour prendre en charge les achats en Asie. En 2008, la direction lui propose d accompagner le transfert de la direction des achats globaux de FCI Electronics à Singapour, avec un contrat d expatriation à la clef. Son voyage de reconnaissance avec son épouse est positif. Un responsable RH s est occupé des formalités, notamment l obtention du permis de travail, indispensable à Singapour. «Cela n a pas été facile pour ma femme qui travaillait en France dans les RH. Après un an de vague à l âme, elle a travaillé bénévolement pour l Association Française de Singapour. Aujourd hui, elle passe le diplôme de Français Langue Etrangère pour enseigner notre langue». Si au bout de trois ans, il a mené à bien ses missions de renouvellement du management achats sur les sites industriels asiatiques, de baisse des coûts et d amélioration de la qualité, il ne souhaitait pas rentrer immédiatement en France. Il a alors pris en sus la responsabilité de la Supply Chain en Asie puis des usines, en devenant Directeur des Opérations Asie. En septembre 2012, il est promu Vice-Président et Directeur Général pour l Asie du Sud-Est, le Japon et l Inde. «C est beaucoup de pression ; si je suis à l aise en clientèle, je dois apprendre à arbitrer les investissements, la finance, les RH. Je suis sur un siège éjectable. Mais travailler avec des équipes de cultures différentes, Japonais, Malaisiens, Indiens et Singapouriens est très valorisant et satisfaisant. Au fur et à mesure des voyages, j ai appris les codes, les pratiques et les non-dits.» Toutefois, il remarque que ses N-1, des managers asiatiques font de très bons managers locaux mais ne sont pas formés à devenir des managers globaux, hormis les Japonais, même si cela commence à changer. A Singapour, il regrette la culture du détail et le manque de hauteur de vue et d ouverture au niveau du travail. Il apprécie cependant la qualité de vie et l aspect multiculturel de la Cité-Etat, au sud de la péninsule malaise. Presque cinq ans après, il reconnaît avoir perdu son réseau en France. «Les perspectives d emploi sont meilleures en Amérique Latine ou en Asie.» Olivier Carnet, Vice-Président Supply Chain, Unilever Asie «Respecter et garder l identité de chacun, tout en enrichissant les modes de travail» Ce Gadzarts a fait toute sa carrière chez Unilever, depuis 1990 : «Je suis entré et resté chez Unilever pour avoir une carrière internationale». A ce jour, Olivier Carnet a eu trois contrats d expatriation. Il est parti en Allemagne de 1999 à 2003, comme Responsable de production d une usine, et y a appris l allemand, langue de travail. Il est reparti à Londres en 2006 comme Vice-Président Supply Chain monde pour les produits d hygiène et d entretien, chapeautant des équipes au Royaume-Uni, en Inde et à Singapour. Depuis mars 2011, il est Vice-Président Supply Chain pour l Asie du Sud-Est et l Australie/Nouvelle- Zélande à Singapour. «Il est important de respecter et garder l identité de chacun, tout en enrichissant les modes de travail. L adaptation est mutuelle. Sont universels, une fois la communication bien établie, le plaisir commun des bons résultats, la bonne ambiance de travail, les orientations claires de la direction.» Au niveau n-1, le recrutement d Asiatiques est prioritaire. UNILEVER 84 N 71 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2013
David Chamussy, Directeur Supply Chain, les Plats du Chef, Canada «Peu d entreprises canadiennes ont mis en place une direction Supply Chain» Ingénieur de formation, David Chamussy a fait une grande partie de sa carrière chez Danone, où il a découvert la Supply Chain, occupant des postes fonctionnels et opérationnels en France pendant 14 ans. Après un MBA financé par le groupe agroalimentaire français et effectué à l Ecole Supérieure de Management de Tours Poitiers (ESCEM) et à l Université de Sherbrooke au Canada, il a accepté en 2006 le poste de Directeur Développement Supply Chain au Canada, en contrat local aménagé. Il a mené différents projets Supply Chain pour le groupe agroalimentaire. Par «envie d autre chose», il a négocié un départ pour trouver un autre travail à Montréal. D abord Consultant Supply Chain chez L Oréal Canada, il est embauché par Les Plats du Chef, PME québécoise de 100 M de CA, appartenant au fonds d investissement Claridge qui fabrique des plats cuisinés congelés essentiellement à marque distributeur, pour y mettre en place la Supply Chain. «Canadiens et Américains sont en retard au niveau des concepts et méthodes Supply Chain. Hormis Walmart, les autres distributeurs ont une organisation basique. Peu d entreprises canadiennes ont mis en place une direction Supply Chain». Il apprécie l approche consensuelle et positive des salariés canadiens, pour qui les Français sont des «chialeurs» des râleurs en québécois mais ont une excellente approche des problèmes. «Une bonne idée en Amérique du Nord est vite mise en œuvre. Le revers de la médaille est de se contenter de peu et de passer à côté de la meilleure solution.» Si en 2006, il n était pas parti avec sa femme et ses trois enfants pour rester de longues années au Québec, aujour- d hui, il demande la double nationalité. Sa femme, modéliste en maroquinerie en France, est salariée d une association qui vient en aide aux jeunes en difficulté scolaire. LES PLATS DU CHEF LES PLATS DU CHEF JANVIER-FÉVRIER 2013 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE N 71 85
MANAGEMENT GROUPE DANONE GROUPE DANONE Yves Amsellem, Vice-Président Supply Chain, Danone Aqua Indonésie «Trouver les forces locales et un collègue qui aide à décrypter les codes» Cet ingénieur agro entre chez Danone en 2001, commençant par un projet à Rome pendant un an. «Originaire du sud de la France et travaillant en anglais, je regrette de n avoir pas travaillé en italien.» Après six ans en France, il est nommé Directeur des Opérations de Danone Eaux Espagne, à Barcelone, pendant quatre ans. Il apprend cette fois-ci l espagnol en deux mois pour travailler : «Faire l effort de parler la langue est apprécié, et est une clef d intégration. Trouver les forces locales en est une autre. En Espagne, quand le chef donne une direction ferme, l équipe agit vite». Remplacé par un Espagnol, il rejoint Djakarta pour devenir Vice-Président Supply Chain en Indonésie, où Danone Aqua embouteille 10 milliards de litres d eau, dans ce pays où l eau est non potable. «La distance hiérarchique est grande, le chef ne doit pas être dérangé. Aussi les problèmes ne sont pas anticipés. J ai dû créer des indicateurs d alerte et expliquer qu il est préférable de me prévenir des risques. La force collective du groupe est néanmoins un atout dont le manager doit tirer parti.» Le Directeur Industriel, indonésien, l a beaucoup aidé. «Trouver un support local aide à décrypter, partager ses doutes et éviter de grosses erreurs. J ai compris qu il faut exprimer de la reconnaissance au groupe, que les problèmes sont à évoquer en entretien individuel, pour que le salarié ne perde pas la face.» Au niveau familial, la qualité de vie à Djakarta, mégalopole embouteillée, est inférieure à celle de Barcelone. Cela est compensé par des voyages en Asie. «Si en Catalogne, j ai réussi à me faire quelques amis espagnols par le travail et le sport, ici nous vivons au sein de la communauté internationale.» Mes news Ressources Humaines Expert, manager et diplômé, les entreprises vous réclament! Si en 2012, les effectifs en Supply Chain et Achats ont jouent le rôle de consultant en amélioration continue et stagné, malgré le ralentissement économique, le niveau Lean chez les fournisseurs pour améliorer la performance des recrutements devrait être intéressant cette année, en termes de qualité et de délais. La professionnalisation de selon le cabinet de recrutement Hays dans son étude de la chaîne d approvisionnement des secteurs en croissance rémunération 2013, en partenariat avec Cadremploi. La que sont la parfumerie, les cosmétiques et l e-commerce, pénurie de candidats se fait sentir sur des profils confirmés progresse. Plus généralement, le passage d un emploi chez alliant expertise et management, tels les prévisionnistes, planificateurs, responsables distribution et transport, respon- fréquent. Finis les profils atypiques, posséder un diplôme un chargeur à un prestataire ou inversement s avère plus sables d exploitation. Pourtant, de manière globale, les bac+5 ou bac+6 en achats et logistique devient la norme. entreprises n ont pas eu tendance à augmenter le salaire à Même pour les agents de maîtrise, un bac+4 est un minimum. Toutefois, les seniors au bagage initial différent mais l embauche. Le secteur aéronautique, sous-performant en termes de Supply Chain par rapport à d autres industries, dotés d une grande expérience occupent encore une place renforce ses équipes de développement fournisseurs : elles importante sur le marché de l emploi. CC Traiter les risques psychosociaux en PME Les risques psychosociaux (RPS) touchent toutes les entreprises quels que soient leur taille et leur secteur. Ne pas soigner le stress coûte plus cher au final à l entreprise que si elle avait pris le temps d étudier ce qui pose problème dans l organisation du travail. Une sous-rubrique dédiée aux petites entreprises au sein de la rubrique RPS du site Internet «Travailler mieux» du gouvernement propose aux chefs d entreprises de moins de 50 salariés (ne disposant pas d un CHSCT) une méthodologie d évaluation et d action pour prévenir les RPS, en association avec les salariés. Elle oriente les PME vers les professionnels susceptibles de les aider dans leur démarche. CC 86 N 71 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - JANVIER-FÉVRIER 2013
Les Ailes de la Supply Chain (en partenariat avec Fapics) Emilie Janton, IUT d Orléans «Dépasser les barrières entre les disciplines» Emilie Janton, professeur d anglais, promeut l apprentissage de l anglais de la Supply Chain au département Qualité, Logistique Industrielle et Organisation (QLIO) de l IUT d Orléans. Supply Chain Magazine : Comment travaillezvous sur les concepts Supply Chain en anglais? Emilie Janton : Après une mise à niveau en anglais professionnel en 1 ère année, dans les travaux pratiques ou dans les séances consacrées à l oral en 2 e année du DUT «Qualité, Logistique Industrielle et Organisation (QLIO)», l anglais de la Supply Chain est intégré, par exemple en donnant à travailler sur des articles du magazine de l APICS, l Association Internationale pour le Management des Opérations. En licence professionnelle «Chaîne logistique globale», depuis cette année scolaire, tous les élèves suivent le module «Basics of Supply Chain Management» (BSCM) de la certification CPIM (Certified in Production and Inventory Management), enseigné par deux professeurs, dont Jean-Baptiste Vidal, Directeur Adjoint de l IUT d Orléans, en cours de certification CPIM. Ils donnent des séances pour expliquer les concepts en français concernant un chapitre précis, puis juste après, je fais retravailler ce chapitre en anglais. L année précédente, l inscription à ce module était basée sur le volontariat : cinq étudiants l avaient choisi. «Plus de femmes dans la Supply Chain : la balle est dans le camp des industriels!» SCMag : Quels sont les objectifs visés? E.J. : Nous souhaitons coupler l approche théorique et professionnelle et dépasser les barrières entre disciplines. En DUT, si près de 100 des 900 heures de cours annuelles sont consacrées à l anglais, la langue anglaise est présente dans d autres modules, comme dans le BSCM. Bien sûr, nous souhaitons améliorer le niveau d anglais des étudiants, pas très bon jusqu à présent il faut le reconnaître, en leur redonnant goût à l anglais grâce à d autres voies que l enseignement classique. Un autre objectif est d augmenter le nombre de stages à l étranger. C est un travail de longue haleine. SCMag : Comment appréhendez-vous les concepts Supply Chain, vous-même en tant que professeur d anglais? E.J. : Je n ai pas de formation logistique ; j ai un doctorat en littérature américaine. J ai récemment suivi le module BSCM à l IUT d Orléans, avec une dizaine de personnes : un enseignant en qualité du département QLIO et des collaborateurs d entreprises industrielles de la région. J attends les résultats. DR SCMag : Quelle collaboration entretenez-vous avec Fapics au niveau du serious game «The Fresh Connection»? E.J. : L IUT d Orléans est partenaire de Fapics, l affilié français de l APICS, depuis plus de trois ans. Nous avons pour projet, en partenariat avec l IUT d Annecy, de faire traduire en français les rubriques d aide du jeu «The Fresh Connection» par une équipe d étudiants de licence professionnelle. Par ailleurs, je suis inscrite, avec Jean-Baptiste Vidal, ainsi que des enseignants et industriels, dans une équipe qui participe à la compétition 2013. On répartira les rôles différemment à chaque round, pour goûter à tous les challenges du Sales & Operation Planning (S&OP) simulé dans le jeu. SCMag : Que pensez-vous de la sous-représentativité des femmes dans certains métiers et postes d encadrement de la Supply Chain? E.J. : Les femmes représentent pourtant près de 50% des étudiants du département QLIO. Je dirais que la balle est dans le camp des industriels! Pour ma part, dans mes études littéraires, si les femmes étaient majoritaires, proportionnellement elles obtiennent moins de postes à responsabilité Je souhaite adhérer aux Ailes de la Supply Chain, le réseau des professionnel-le-s de la Supply Chain, lancé récemment par Fapics. PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE CALAIS JANVIER-FÉVRIER 2013 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE N 71 87