COMPTE RENDU DES PREMIERES RENCONTRES DES ACTEURS DE LA SOLIDARITE FRANCO-HAITIENNE



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ESPACE PARTENARIATS FRANCO-HAITIENS COMPTE RENDU DES PREMIERES RENCONTRES DES ACTEURS DE LA SOLIDARITE FRANCO-HAITIENNE 3 et 4 JUIN 2006 Domaine départemental de Chamarande Centre de séjour Auguste Mione 38, rue du Commandant Arnoux 91730 Chamarande Ces rencontres ont été réalisées avec le soutien de :

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 2 Introduction Après plusieurs mois de préparation et deux jours de rencontres, l heure est venue pour les trois réseaux organisateurs - Plate Forme des associations Franco-Haïtiennes, Collectif Haïti de France et Espace Partenariats Franco-Haïtiens - de dresser le bilan des Premières Rencontres Nationales de la Solidarité Internationale. Ces rencontres avaient pour objectif de définir des orientations communes aux trois réseaux travaillant avec Haïti : l Espace Partenariats Franco-Haïtiens, la Plate Forme des Associations Franco- Haïtiennes et le Collectif Haïti France. Un premier constat, les associations ont répondu présentes. En effet, sur quelques 250 associations invitées, 50 ont participé aux rencontres (voir liste en dernière page). Au total, une centaine de personnes ont participé à tout ou partie du week-end. Les associations étaient très diverses par leur taille, leur objet, leur histoire. Diversité géographique aussi, avec, malgré une sur-représentation des Franciliens 1, des participants de la plupart des autres régions de France : Normandie, Pays de Loire, Bretagne, Aquitaine, Midi Pyrénées, Languedoc- Roussilon, Provence-Alpes-Côte d Azur, Rhône-Alpes, Bourgogne et Centre. D après les questionnaires d évaluation, la grande majorité des participants est repartie très satisfaite de son week-end. Et si certains aspects sont à améliorer, globalement, les rencontres ont semblé utiles à la plupart. Tout était réuni pour en faire un moment agréable et festif : un cadre magnifique, un temps superbe et des participants heureux de se retrouver ou de se rencontrer. Au-delà de l ambiance, les discussions qui ont eu lieu dans les ateliers, le samedi soir et en plénière le dimanche matin, mais aussi pendant les pauses, ont donné aux rencontres sa dynamique d échange. Ces synthèses vous proposent de rendre compte de l essentiel des débats. Elles ne constituent pas une déclaration générale, à laquelle tous les participants adhérent mais essaient de présenter les principaux éléments discutés et les orientations communes qui se dégagent. Reste maintenant à mettre en œuvre ces orientations. Le chantier est ouvert! Nous tenons à remercier les personnes suivantes pour leur participation aux rencontres : Monsieur Chenet Jean-Baptiste, de Justice et Paix Haïti Monsieur Lionnel Etienne, Ambassadeur d Haïti en France Madame Solène Benoit, de la coopération française en Haïti Madame Damarys Ma, représentante du FORIM Monsieur Patrice Finel, élu du département de l Essonne, en charge de la coopération. 1 Du fait de leur importance numérique et de la localisation du week-end 2

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 3 La solidarité franco-haïtienne Quelques mots de contexte Malgré l éloignement géographique et une communauté haïtienne moins nombreuse qu au Canada ou aux Etats-Unis, le secteur de la solidarité franco-haïtienne est très dense. Aujourd hui, on recense : - Une communauté haïtienne, particulièrement nombreuse en Région parisienne et dans les départements français d Amérique. En Région parisienne, la communauté regroupe un nombre important d associations 2 ou de lieux collectifs, comme les églises, qui entretiennent des liens forts avec Haïti et font un travail de représentation et d information sur Haïti en France. - Plus de 300 associations ayant des liens de coopération avec Haïti. Ces associations, sont très nombreuses en Ile de France, Rhône-Alpes, Bretagne, mais on les retrouve dans pratiquement tous les départements de France. De taille et d objet très divers, elles ont en commun d avoir des liens de partenariat avec Haïti. - Des collectifs régionaux existant en Rhône-Alpes, en Bretagne et qui se mettent en place en Provence et dans la région de Toulouse. - De nombreuses Organisations françaises de Solidarité Internationales. La plupart des OSI françaises sont présentes en Haïti, et ce depuis de longues années. Elles ont pour certaines des relations anciennes avec des organisations haïtiennes, surtout après le départ de Jean- Claude Duvalier en 1986. - Des coopérations décentralisées formelles, entre Haïti et la France, dans 5 collectivités françaises (Savoie, Strasbourg, Suresnes, Nantes, La Rochelle) et un ensemble d autres liens de solidarité entre des communes, départements et régions françaises (y compris des Départements Français d Amérique) et haïtiennes, en particulier lors des catastrophes naturelles telle que les inondations aux Gonaïves en 2004. Ces acteurs travaillent ou non ensemble. Pour la plupart, ils participent à un ou plusieurs espaces de concertation. Ils représentent une multitude de liens, de projets, de réseaux avec Haïti. Ces acteurs expriment tous, dans les différents espaces de rencontres, des difficultés similaires, des doutes en communs, des projets à réaliser ensemble. Les réseaux organisateurs COLLECTIF HAITI DE FRANCE Créé en 1988, le Collectif Haïti de France est une association «Loi 1901» depuis 1992. Il s est fixé comme objectif de soutenir le processus de démocratisation en Haïti. Particulièrement attentif au respect des Droits de l Homme depuis sa fondation, le Collectif Haïti de France développe aujourd hui son activité dans : 2 En plus des 24 associations de la Pafha, le fichier du Collectif Haïti de France en compte 22 dans la seule région parisienne. 3

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 4 La collecte et la diffusion d informations : Rédaction d un hebdomadaire «Une Semaine en Haïti» et du mensuel «Nouvelles Images d Haïti», réalisation d un CR-rom à partir des 15 ans du mensuel, site Internet, réunions publiques. Le plaidoyer : Questionnement des autorités françaises et européennes sur leur politique en direction d Haïti, demande d annulation de la dette bilatérale haïtienne, initiative pour la présence de l histoire d Haïti dans les manuels scolaires français, situation des migrants haïtiens en République Dominicaine. Le renforcement de la société civile : Appui a des organisations haïtiennes engagées pour les droits économiques et sociaux, et la lutte pour les Droits de l Homme ; appui aux associations en France en favorisant les échanges de pratiques et la mutualisation de l information. Le Collectif Haïti de France compte 51 associations membres et plus d une centaine d individus. PLATEFORME DES ASSOCIATIONS FRANCO-HAITIENNES PAFHA La Pafha ce sont 25 associations membres, en région Ile de France essentiellement. La Pafha est l interlocuteur du Forim 3 pour Haïti, elle fédère des organisations de solidarité avec Haïti et organise la journée des associations franco-haïtiennes chaque année. La Journée annuelle des associations, un exemple d'action unitaire : Véritable vitrine des actions conduites par les associations franco-haïtiennes, cette Journée Portes ouvertes témoigne de la volonté des associations de s ouvrir et de mieux se faire connaître du grand public. Les principaux objectifs de la Pafha : Information et communication : recensement des projets des associations franco-haïtiennes, site internet, «bulletin de liaison» facilitant la circulation d information entre les membres, campagne de consultation des différents partenaires associatifs et institutionnels. Promotion de l intégration : actions contre l exclusion, lutte contre les discriminations, échanges interculturels. Mobiliser l'épargne de la diaspora vers des investissements productifs : en stimulant les Haïtiens de la zone euro à participer activement à des investissements productifs en Haïti. S ouvrir au partenariat : en renforçant le travail par réseau, mise en place d un reseau-relais avec les représentants en Haïti des différentes associations ; en encourageant la coopération décentralisée, jumelages, échanges d expériences ; en participant activement au FORIM. Former les acteurs : formation au montage et à la conduite de projets, mise en place d un espace de formation. ESPACE PARTENARIAT FRANCO-HAITIEN EPFH L EPFH est un collectif d organisations françaises et franco-haïtiennes dédié à la concertation, au dialogue et à l échange sur les pratiques des participants de la solidarité avec les acteurs du changement social en Haïti. Les organisations et collectivités locales participant à l EPFH inscrivent leur activité dans la promotion, le respect et la défense des Droits économiques, sociaux et culturels en Haïti. L EPFH fait le lien avec la Coordination Europe-Haïti, qui regroupe des organisations de solidarité internationales de 8 pays européens. Les participants de l Espace s informent et analysent les politiques publiques de coopération française et européenne avec Haïti et tant que faire se peut, dégagent et promeuvent des positions communes en interpellant les pouvoirs publics et les parlementaires. L objet principal est de contribuer à améliorer leur action dans leurs domaines respectifs, par une qualification permanente des relations partenariales entre acteurs français et haïtiens de la solidarité internationale. De ce fait, ses objectifs principaux sont : 3 Forum des Organisations de solidarité internationales Issues de la Migration. 4

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 5 Partager l information. Echanger et analyser les pratiques de partenariats, produire et diffuser des connaissances en la matière. Stimuler le dialogue et la concertation pouvoirs publics / associations / collectivités locales. Stimuler les dynamiques collectives entre les différents acteurs, y compris en Haïti. Promouvoir des positions collectives sur les politiques de coopération avec Haïti, particulièrement les politiques françaises et européennes. Accompagner les initiatives structurantes de la société civile haïtienne. Les 14 participants actuels adhèrent au principe de respect mutuel et non partisan et s engagent à promouvoir cet espace collectif. Pourquoi ces rencontres? Aujourd hui, malgré l existence des acteurs collectifs, organisateurs des rencontres nationales, le réseau de solidarité franco-haïtien reste très atomisé. Beaucoup d associations sont encore en dehors des réseaux, beaucoup d actions sont isolées. L organisation d un moment collectif, tourné vers un objectif de production de réflexion collective, semblait indispensable pour renforcer chacun des acteurs. Alors que la situation politique et économique haïtienne reste chaotique, il semble plus que jamais nécessaire aux acteurs de la solidarité franco-haïtienne, de travailler ensemble et de façon constructive. Ces rencontres se situent dans un contexte de renforcement des espaces de concertation sur Haïti en France et en Europe, en échos à des phénomènes similaires en Haïti 4. Dans ce contexte, les trois réseaux organisateurs ont souhaité enclencher un processus participatif pour définir les axes de travail commun structurant les futures rencontres, afin d améliorer l efficacité des actions de solidarité internationale. Un premier questionnaire a été envoyé aux associations membres des trois réseaux. Sur cette base, 4 ateliers ont été choisis par les organisateurs : - Développement économique et rural - Education - Partenariat - Migrants haïtiens Pour chaque atelier, un groupe de travail a été mis en place, comprenant des membres des trois réseaux. Ce groupe était chargé de préparer le déroulement de l atelier. Pendant ce temps, un comité de pilotage organisait l ensemble du déroulement des rencontres. Les rencontres elles-mêmes ont été divisées en quatre temps forts : - Un accueil des participants, présentant les objectifs des rencontres - Le déroulement des ateliers, sur l après-midi du samedi - Une soirée consacrée à la rencontre des participants (autour d une vidéo, d un verre, d un débat) - La matinée du dimanche, pour faire une première synthèse des ateliers. Les participants aux rencontres ont reçu un document d accueil, qui exposait les éléments repris dans ce chapitre. Ils ont aussi reçu un annuaire regroupant les associations présentes et celles qui avaient répondu au questionnaire. Ces documents sont disponibles sur demande. 4 On peut citer en Europe : le travail de concertation en région entamé depuis 2003 par le Collectif Haïti de France, les rencontres organisées par la Pafha (journées portes ouvertes des associations notamment), la création de l Espace Partenariats Franco-Haïtiens, le travail de la Coordination Europe-Haïti. Et en Haïti, la Coordination Haïti Europe, les regroupements des mouvements paysans (Planopa), l organisation de Plates-formes thématiques (Droits Humains, Souveraineté Alimentaire, etc). 5

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 6 SYNTHESE DES ATELIERS CHAMP D ACTION N 1 : LE DEVELOPPEMENT RURAL ET ECONOMIQUE 5 Participants : AFDI Dordogne (Jean Roland Lavergne) AMHITI (Abraham Félizier) APAM (Paul Vermande) ARCHE (Lorfils Rejouis et M. Louissaint) ASS HUM (Dominique Berthet, Sylvain Thivillier), CADGH (M. Véricain), CODEV (Jean Louis Robert), Désir d Haïti (Kristel Malegue et Frédéric Llante), Enfants Soleil (M. Renard), GAFE (Virginie Pochon) Ministère Haïtien de l Agriculture, (Solène Benoit, assistante technique de la coopération française), Pour Haïti (Paul Baron) S.O.S. Enfants Sans Frontière, CNEARC (Michel Brochet), La voie de l humanité (Paul Kaeder) Zanmi Lasanté-PARIS (Christine Murray) Individuel : Claude Bouchet Quatre axes se sont dégagés des discussions. 1. Création et appui aux synergies de terrain C est un mode d action idéal qui se heurte souvent aux difficultés locales mais apparaît comme un fil rouge en vue du développement économique et rural. Il conduit à identifier les potentialités de chacun pour bien répartir les rôles. Donc, un partenariat réfléchi qui prenne en compte les attentes de chacun et qui les synthétise. Ce partenariat serait d autant plus efficace s il était circonscrit à une localité ou à un territoire. D où l idée de «l approche territoriale» du développement économique et rural défendue par Michel Brochet, agronome. N.B : Le processus, les difficultés liés à la recherche et au suivi des partenaires sur le terrain, pourrait faire l objet d un prochain atelier. 2. Développement local approche territoriale (Michel Brochet) Nous avons compris que les projets trop importants - «pharaoniques» - ne sont pas les plus adaptés et se heurtent à des difficultés liées aux coutumes et à l histoire qui sont les freins principaux à leur réalisation. La méthodologie pour ne pas prêcher dans le désert est sans conteste l intégration des acteurs locaux. Michel Brochet pour qui «l agriculture est science des localités» est convaincu que le regroupement des ruraux et l empathie éprouvée à leur égard est indispensable à l essor de la coopération. L écoute doit être particulièrement active. Il est plus aisé d écouter une personne ou un petit groupe de personnes à la fois. La synergie qui sera sanctionnée comme telle sera celle qui verra le jour dans une localité. Cette approche anthropologique répond déjà à la question clef : Comment aider dans la durée une population en situation de survie? 5 Ont participé à la mise en place de cet atelier : Christine Murray (Zanmi La Santé), Lorfils Réjouis (ARCHE), Jean-Roland Lavergne (AFDI Dordogne), Michel Brochet (Sos Enfants sans Frontière), Marion Fauré (Collectif Haïti de France). 6

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 7 À la question sur le déboisement, on peut insister sur la nécessité de lier le reboisement à d autres éléments du développement. «L arbre utile à l économie du paysan n est pas coupé». Cela conduit à se demander s il ne faut pas reboiser Haïti qu avec des arbres fruitiers. 3. Le commerce équitable (Jean-Roland Lavergne et Paul Vermande) Il faut assurer des revenus réguliers aux paysans et créer un espace d échanges et de pratiques entre les paysans d ici et là-bas. La filière «commerce équitable» est une voie intéressante pour assurer des revenus réguliers aux paysans. Elle peut inciter le paysan à travailler car elle reconnaît la valeur de son travail. Jean Roland Lavergne nous montre concrètement ce que permet cette filière : l exemple Café Michel, du sucre et du café haïtiens labellisés Max Havelaar et garanti commerce équitable. Même dans le cas d une production importante qu elle soit fruitière ou autre - le paysan pourra bénéficier de ce dispositif pour s assurer des revenus réguliers. Si la filière équitable est porteuse d espoir économique, elle n est pas suffisante à elle seule pour assurer le mieux-être économique des paysans. Parmi les composantes indispensables à l amélioration, il constate combien le défaut d infrastructures (routes, écoles, justice) relativise le succès des initiatives privées de développement a) La nécessité d une route de désenclavement. Paul cite en exemple la route de l amitié qui a permis aux paysans de la région de Jacmel d acheminer très rapidement leurs productions au marché. La filière commerce équitable est un plus qui tend aussi à l approvisionnement du marché intérieur selon le proverbe haïtien : si moun nan mòn pa desann, moun lavil pa manje. (L absence du travail paysan engendre la famine citadine) b) La création d écoles de proximité. L Etat doit prendre en charge l éducation et l instruction des citoyens. Pour les paysans et les autres citoyens, le développement est possible avec un peu plus d instruction, de savoir et de formation. c) L accès au crédit. Possible, car les paysans auraient prouvé une capacité de produire et les banques y trouveraient aussi leurs intérêts. d) L accès au marché. La filière solidaire et équitable s apparente déjà à un sésame. e) La justice pour protéger le marché. Encore un élément qui incombe à l Etat. L exemple de riz américain et d autres produits alimentaires qui envahissent le marché haïtien constate l inutilité de la production nationale et a fortiori celle du travail paysan 4. Les énergies renouvelables (Jean-Louis Robert) Jean-Louis Robert (CODEV, Electricien sans Frontière) évoque les mille possibilités existantes a) D abord les énergies solaires. Le solaire est en plein essor en Haïti (avec le souci du vol des panneaux). Cette énergie a toutefois ses limites. Elle peut-être utilisée pour la cuisson mais n est pas efficace pour faire du froid. b) Les éoliennes posent la question de l espace et sans doute de la pollution visuelle. c) Pour l hydro-électricité, les moyens sont répertoriés, ils existent. (ex de Camp Perrin). Si l on veut être pragmatique, donner de l électricité à 15 ou 20.000 personnes, exige la construction des centrales électriques ou la réhabilitation de l existant. La question de la compatibilité des Centrales hydro-électriques avec la protection des terres arables semblerait résolue. Tout le débat met en exergue l absence de l Etat qui réduit au niveau de palliatifs les initiatives et les propositions de développement économique et rural. La priorité est donc de réhabiliter l Etat. Les synergies concentrées sur une localité auront les plus grandes chances d être efficaces. Encore faut-il que la localité fasse partie d un tout structuré à l échelle de l état. 7

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 8 CHAMP D ACTION N 2 : EDUCATION, FORMATION ET JEUNESSE Participants à l atelier : Jean Clevy, Gref Manu Fleureau, Collectif Haïti de France Didi Bertrand, Zanmi Lasanté Sophie Lemerle, L Appel Agnès Thibault, Haïti Rêve d Ecole Marie-Agnès Bienvenu, GAFE Maguy Vermande, APAM Cécile Martin, Haïti Soleil d Espérance Madely Coursil, Maison d Haïti M. Charmant, Les Anneaux de la Mémoire Suzanne Inguimbert, Gref Blandine Brouty, Association Jean Garreau Enora Hirel, Haïti Couleur, Haïti Chaleur Geneviève Grevêche, Timoun Lekol Michèle Babinet, Alpha Haïti Reynold Henrys, Collectif Haïti de France Claire Guillot, Scouts et Guides de France Lionel Portain, Comité d Aide au Développement de Gressier Agnès Tombo, Coeur de Haïti Michèle Albouy, Amitié et Solidarité avec Haïti René Soler, Timoun Restavek de Belbeuf Un jeu a permis de tenter une définition de l éducation où la rencontre apparaît aussi importante que la transmission, l accès à l autonomie aussi précieux que l art de vivre ensemble, l apprentissage de la responsabilité autant que le sens civique. Enfin, apprendre à comprendre le monde dans lequel on vit et s y adapter ou s y opposer, est vu comme le travail de toute une vie. L atelier s est déroulé en deux temps, avec une répartition en ateliers par : Axes de réflexions - L éducation formelle (les écoles) - L éducation non formelle (type alphabétisation et formation continue) - L éducation informelle (les mouvements de jeunesse) Thèmes transversaux : - Education, alphabétisation et développement (rural santé) - Construction de projets «multi-sectoriels» - Effets pervers de l aide La mise en commun finale a fait apparaître les réflexions suivantes : 1. Education/alphabétisation et développement (rural, santé) Constats : Cet aspect concerne surtout les adultes, et indirectement les enfants si l on se place dans la perspective du maintien de la ruralité ; Il pose la question de la place des hommes et des femmes, le problème du droit qui régit la propriété rurale et de la transmission des biens ; Il induit, afin que les femmes puissent connaître leurs droits, une réflexion sur le rôle des femmes dans l éducation et l instruction ainsi que l importance des associations de femmes. Suggestions d orientations d actions : Valoriser la pratique agricole traditionnelle et le savoir-faire agricole (ainsi que les savoir faire dans le domaine de la santé) et aider à promouvoir des évolutions conçues avec - et prises en charge par - les populations ; Permettre aux personnes de rester dans leurs communes en assurant un «minimum vital» en termes d éducation, de santé, d économie. 8

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 9 2. Construction de projets «multisectoriels» Problèmes identifiés : La méconnaissance des partenaires : On constate que sur une même zone, voire sur un même lieu, peuvent intervenir plusieurs institutions qui s ignorent ou entrent en concurrence ; La difficulté pour obtenir des financements : certaines structures n appuient que des projets nécessitant d importants financements (Union Européenne ; Banque mondiale ; PNUD.). Les petites ONG en sont de fait exclues. Recherche de solutions : Développer de meilleurs partenariats entre ONG, mais aussi entre ONG et coopérations bi et multilatérales ; Créer une base de données accessible aux différents acteurs permettant de mutualiser les outils et les moyens / Imaginer une carte d Haïti où figureraient les lieux d intervention de chaque association, ses activités, ses partenariats ; Promouvoir ainsi le travail en réseau entre partenaires nationaux, extérieurs et émigrés ; Ceci pourrait conduire à déterminer un objectif commun avec des modalités d application spécifiques pour chaque association. On pourrait ainsi imaginer que la PAFHA, le Collectif Haïti de France et l EPFH, forts des multiples associations partenaires, élaborent, pour certaines zones, des projets multisectoriels (santé, développement rural, éducation, formation professionnelles, alphabétisation, formation d agents de la paix ) avec recherche de financements auprès de grands bailleurs de fonds. 3. Les effets pervers de l aide : Danger : Se donner bonne conscience en se contentant d un assistanat selon des priorités et des modalités de mise en œuvre déterminées par l intervenant. Recherche de solutions : Faire la différence entre assistanat et accompagnement à l autonomie ; «Faire avec» et non pas «faire pour» ; Répondre à une demande et à des besoins ressentis sur le terrain ; Etre vigilant et penser aux conséquences de notre intervention : par exemple, acheter sur place favorise l économie du pays et peut aider à la production locale, cela peut de surcroît créer du travail ; Veiller à ce que nos partenaires sur place soient formés à différentes notions de gestion d association (professionnaliser notre pratique et la leur aussi), avoir un compte rendu de ce qui est fait (au niveau des actions, de la manière dont l argent est dépensé ) ; Savoir que toute intervention a forcément des effets pervers : En raison des défaillances des structures représentant l Etat, la tentation est grande de les «court-circuiter» et, en conséquence, de ne pas favoriser l émergence d un Etat de droit ; Les injections financières directes peuvent relever de l assistanat et n aident pas nécessairement les organisations locales dans leurs responsabilisation / responsabilité. Il nous incombe d avoir conscience des effets pervers de notre intervention et, dans la mesure du possible, d essayer de les réduire. Pour conclure, il ressort qu il est difficile de travailler dans l urgence et l insécurité : le premier objectif est de tendre vers la paix sociale et tout projet devrait inclure, si possible, un volet de formation «d agents de la paix», «d agents de la non-violence». 9

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 10 MODALITE D ACTION : LE PARTENARIAT Associations participantes à l atelier : Anne Urtubia, Médecins du Monde Romel Louis Jacques, Adhel Annie Viannet, France Libertés Géraldine Nenci, Ass Hum Elisabeth Joannin, Gref Christophe Charles Alfred, Amnesty International Rapahël Minck, Désir d Haïti AHAPAHB Pierre Bigot-Legros, Association Toussaint Louverture Jean-Pierre Giordani, Centre Anacaona Rosa Miriam Ribeiro, Frères des Hommes Isabelle Lepajollec, Haïti Soleil d Espérance Marie Chavannes, Les Innocents Agnès Tombo, Coeur de Haïti Karl Rosier, Comité d Aide au Développement de Gressier Roselyne Philippe, Haïti Enfance Avenir Marie-Laure Gilbert, Alpha Chantal Guerin, AFHSEC Louis Lhopital, Architectes sans Frontières Benoit Faucheux, Collectif Haïti de France Mise en commun des réflexions des sous-groupes 6 A partir des questions que les participants se posent sur leurs partenariats, trois sous-groupes sont créés. 1. Inter culturalité Le groupe a défini la notion d interculturalité comme une rencontre entre des personnes de culture différente. Elle entraîne des incompréhensions dans plusieurs domaines : éducation ; rationalité / irrationalité ; rapports de dominants / dominés dans la société ; notion de temps ; notion de salariat / notion de tache. Un ensemble de questions a servi de base à la réflexion : Comment faire pour se comprendre? Comment avoir un langage commun? Faut-il faire appel à un médiateur haïtien pour communiquer? Comment est perçue l aide? Est-ce que le fait d apporter des fonds est la bonne solution, faut-il rester dans une culture de l aide? En conclusion des échanges, le groupe estime : - Important de se rendre sur le terrain ; de privilégier un accompagnement plus qu une aide financière (en partant des ressources propres, des points forts des partenaires et en les valorisant) ; d exprimer ce qui fonctionne comme ce qui ne fonctionne pas. - Nécessaire de commencer par de petits projets ; d établir une relation de confiance entre les deux partenaires ; d expliquer aussi la culture française, pour pouvoir être compris. 2. Démarches collectives Le groupe a tout d abord constaté des modes décisionnels très différents selon les structures présentes (ONG internationales, Plates forme d associations, petites structures démarrant). Il s est posé la question de la façon d entrer en partenariat, et des moyens pour que le partenaire nous considère comme tel. Il a noté au moins deux critères régulièrement exigé pour rendre le partenariat crédible : que l association ait un fonctionnement démocratique et ait fait ses preuves, soit autonome dans la réalisation de certains projets. 6 Ont participé à la mise en place de cet atelier : Romel Louis-Jacques (Adhel), Benoit Faucheux (Collectif Haïti de France), Caroline Delecluse (Afhad). 10

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 Au sujet de la vie démocratique des associations, le groupe estime qu une structure ne doit pas reposer sur un individu ; que dans la mesure du possible les décisions doivent être partagées. Les participants ont noté, dans la phase d identification des partenaires, l importance d une démarche participative dans l élaboration du projet ; ainsi que la question de la pérennisation une fois le partenariat engagé. Les pistes de réflexion proposées sont donc les suivantes : - Comment veiller à ce que notre vie associative soit dense et alimentée, notamment dans un souci de durabilité? Cette piste pose la question des besoins en formation. - Comment repérer un partenaire, et comment évaluer ses capacités à entrer en partenariat. Cette piste pose la question du processus de développement des capacités des partenaires, de la coélaboration et de l évaluation. - Quelle pérennisation des actions? 3. Méthodologie La question des moyens à mettre en oeuvre pour améliorer nos actions est apparue. Quatre axes sont proposés : - Des sessions de formation (en France, et peut-être en Haïti) ; - Un accompagnement des porteurs de projet, pendant la durée des projets ; - La définition d un réseau ressource de compétences pouvant être au service des partenaires ; - La mise en commun de pratiques, notamment d évaluation de projet ; - La création de centre de ressources en France et peut-être en Haïti 7. Une clé a été identifiée pour la réussite d un projet : la nécessité, une fois identifiées les compétences nécessaires à un projet, d avoir l humilité de rechercher qui peut les apporter, sans compter uniquement sur soi. En conclusion : Comment passer d un coup de cœur à une sorte de professionnalisation de la gestion de projet mobilisant les compétences nécessaires? Cela suppose l expression d un certains nombre de principes : - Répondre aux besoins de formation, d accompagnement ; identifier les compétences, échanger les pratiques et les ressources. - Poser la question de la pérennisation du partenariat (comment se désengager en faisant en sorte que l autonomie du partenaire soit suffisante pour que le projet continue à vivre) ; - Evaluer les actions. Tout en tenant compte de : - La dimension interculturelle : comment aborder la question des nuances et références culturelles, par rapport à la langue par exemple (question de l usage du créole) ; - La vie associative, de la démocratie intra et inter associative. Comment se définit-on lorsque l on veut entrer en partenariat? Quels sont les critères qui font que l autre nous reconnaît? Une piste de travail serait d apporter un accompagnement ou un ensemble de formations pour faciliter ce renforcement en interne des associations en matière d organisation mais aussi leur donner les moyens de gérer la relation partenariale. 7 Si la légitimité d un tel centre en France est évident pour les participants, en Haïti, une recherche sur ce qui existe déjà serait nécessaire. 11

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 PROBLEMATIQUE DES MIGRANTS HAITIENS EN FRANCE 8 Tour de table : Marjorie Vignon, Haïti Couleur/Haïti Chaleur Assane Ba, CCFD Marie Duflo, Gisti René Benjamin, Haïti Développement Violande Toussaint Glaude, Association des Femmes Haïtiennes de France Gloriat Bigot-Legros, Association Toussaint Louverture Dimitri Bechacq, Collectif 2004 Alain Raymond, Association Française des Volontaires du Progrès Jean-Michel Annequin, Collectif Haïti de France Jolivert Jonas, Association médicale franco-haïtienne Florence Coynault, Alpha Haïti André Bogentson, Adhel Bernard Leray, Collectif Haïti de France. Mackendie Toutpuissant, Embarquons pour Haïti Emile Beldor, Centre Anacaona Un ensemble de questions des participants a amené à une répartition en groupes pour une discussion plus approfondie. L objectif des groupes était plus d apporter des pistes de travail que des résultats définitifs. Groupe «primo-arrivants» Le groupe s est questionné sur l historique et le profil des migrants haïtiens en France, ainsi que sur les raisons de cette migration, pour arriver aux difficultés concrètes auxquelles ces personnes sont confrontées aujourd hui. Le groupe a pu échanger des informations sur la situation des sans papiers 9 : - Les difficultés d accès au sol français (éloignement géographique, coût du billet, accès au consulat de France) - Les difficultés d accès aux papiers (refus quasi systématique du statut de réfugiés par l OFPRA, autres statuts presque impossible à obtenir, suspicion quasi systématique sur la validité des papiers d identité haïtiens) - Le manque de personnes et d associations ayant les moyens de venir en aide aux demandeurs d asile haïtiens. La plupart des haïtiens sont donc rapidement sans papiers. Mais concrètement ils restent sur place, représentant une main d oeuvre bon marché. Ces personnes peuvent être soumises à un arrêté de reconduite à la frontière. D autres difficultés se présentent aux migrants haïtiens, qu ils soient ou non sans papier : - La question de l alphabétisation : peu d haïtiens fréquentent les structures qui proposent des cours d alphabétisation - La question de l hébergement. 8 Ont participé à la mise en place de cet atelier : René Benjamin (Haidev), Marie Duflo (Gisti), Alain Raymond (AFVP), Jean- Michel Annequin (Collectif Haïti de France) 9 Précautions de langage proposées : - Ne pas utiliser le terme de flux migratoire, on parle d être humains qui ont une liberté individuelle de voyager. - Ne pas forcément scruter les motifs de départ : on est là comme militants, qui considèrent que les migrants sont des victimes à aider. - Ne pas dire que les dossiers ne sont pas bons, aujourd hui l OFPRA considère quasiment tous les dossiers comme mauvais. - Ne pas qualifier les mariages entre français et haïtiens de mariage blanc (laisser le bénéfice du doute). 12

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 Pistes de travail évoquées - Travail d information à faire avec les associations, les églises auprès des migrants sur la nécessité de se faire aider, sur les bonnes adresses ; - Proposer aux associations haïtiennes des formations de base, pour donner les réflexes de base ; - Rejoindre le travail de l observatoire du droit à la santé des étrangers ; - Créer un lobby haïtien en France, qui pourrait participer à faire pression sur la question du droit des migrants ; - Fin juin, des familles dont les enfants sont scolarisés vont être concernées par des reconduite à la frontière, comment on s organise face à cela? - Faire pression pour éviter la signature d un accord de réadmission entre Haïti et la France 10. Groupe Caraïbes La discussion du groupe a surtout permis de faire un inventaire des questions qui préoccupent. Ainsi a été discutée la situation des Haïtiens : - Dans les Départements Français d Amérique. Se pose notamment la question du rapport de ces migrants avec l administration française et des moyens d agir pour faire respecter leurs droits? - En République Dominicaine avec une situation qui devient explosive (en lien avec cette question, la situation des zones franches et du trafic des enfants entre les deux pays ont été abordés). Le groupe s est interrogé sur la façon dont se font les mouvements migratoires et sur les solidarités possibles à l intérieur des diasporas (en intégrant les difficultés historiques et sociales dans les Caraïbes). La question de l exode des professionnels haïtiens a été abordée, mais aussi les coopérations possibles, par exemple entre médecins haïtiens en France et haïtiens en Haïti. Mise en commun : la question de la solidarité Il faut constater que, lors des dernières mobilisations contre le projet de loi sur l immigration (Ceseda), il y a eu peu de mobilisation haïtienne. Ce n est pas un fait nouveau. Il est important de comprendre pourquoi (hypothèses : des individus plus qu une communauté, pas de lobby organisé, problèmes de communication, de leadership, question du modèle d intégration français, etc.) Ce peu de mobilisation pourrait être compensé aujourd hui par une convergence d associations de types différents. Il faudrait mobiliser les différentes composantes de la communauté, notamment la composante religieuse qui touche beaucoup plus de monde que les associations Il est noté l importance de ne pas rester dans le descriptif, mais d aller clairement vers une solidarité avec les migrants. Le constat des difficultés ne doit pas paralyser l action. Question concrète de l expulsion possible d élèves et de leurs familles fin juin (cf. Réseau Education Sans Frontières) 11. L expérience montre que les différentes communautés doivent travailler avec les associations françaises. Si on arrive à sensibiliser la communauté haïtienne, c est une occasion, de créer des convergences et des actions en commun. Cela nécessite des outils de communication (par exemple un espace où ces infos puissent passer, le site du Collectif HaÏti en diffuse pas mal mais cela ne touche pas forcément les personnes que l on veut mobiliser). 10 Cet accord rendrait automatique toute reconduite à la frontière, l autorisation au cas par cas du consulat haïtien ne serait plus nécessaire. 11 Par exemple des élèves haïtiens, à la mairie du 20 ième ont été parrainés, par les autorités du 20 ième. 13

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 PISTES DE TRAVAIL La synthèse des ateliers qui a eu lieu le dimanche matin, permet de dégager quelques pistes de travail ou points d attention : Atelier Développement rural et économique : - Soutenir des expérimentations sur les énergies renouvelables ; - Appuyer le développement de filières agricoles plus rémunératrices ; - Soutenir le développement local, appuyer les synergies locales. Atelier Education, jeunesse, formation : - Appuyer l éducation à la paix ; - Stimuler la mise en réseau, les synergies, les moyens, créer une base de données des différents acteurs ; - Professionnaliser les pratiques ; - Réfléchir à l effet pervers de l aide. Atelier Partenariat : - Mettre en réseau, identifier les ressources humaines (centre de ressources en France) ; - Organiser des échanges de pratiques entre associations franco-haïtiennes ; - Répondre à un besoin de formation en France, à la gestion de projet, à la vie associative, accompagner les porteurs de projet. Atelier Migrants : - Stimuler les solidarités avec les migrants, optimiser le dispositif d accompagnement en France : Travail d information à faire avec les associations, les églises ; Proposer aux associations haïtiennes des formations de base, pour donner les réflexes de base ; - Faire du lobbying sur la situation des demandeurs d asile et des sans papier auprès des Etats français et haïtien, sur la question des haïtiens particulièrement, mais en se joignant aussi au mouvement qui lutte sur la question du droit des étrangers en général. 14

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 Pour conclure Il revient maintenant, aux trois réseaux organisateurs et à leurs membres, d étudier comment, ensemble ou séparément, ces propositions peuvent être mises en œuvre. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog des rencontres nationales où vous pourrez : - Télécharger les documents des rencontres, dont cette synthèse - Voir les photos des rencontres - Donner votre avis, vos idées, etc. rencontresnationales.hautetfort.com Remerciements : Pour l organisation de ces rencontres, nous tenons à remercier : - Le Conseil Général de l Essonne qui a soutenu l organisation logistique et financière des rencontres - Le centre Mione qui nous a accueilli - Le CCFD qui a soutenu financièrement l organisation des rencontres - Tous les participants, évidemment! - Et Aurélie Eloy, stagiaire au Collectif Haïti de France, dont tout le monde a apprécié la précieuse efficacité. CONTACTS : Collectif Haïti de France - CHF 21 ter rue Voltaire 75011 Paris 01 43 48 31 78 contact@collectif-haiti.fr www.collectif-haiti.fr Plate-forme d Associations Franco-Haïtiennes - PAFHA Haïti Développement C/o René Benjamin 35 rue de l Eglise 75015 Paris 01 45 78 04 69 assofrancohaitiennes@online.fr Espace Partenarait Franco-Haïtien EPFH C/o Collectif Haïti de France 15

Synthèse des rencontres Nationales de la Solidarité Franco-Haïtienne Juin 2006 Les associations participantes 1. ADHEL (IDF) 2. AFDI DORDOGNE (AQUITAINE) 3. AFVP (FRANCE) 4. AFHSEC (IDF) 5. ALPHA HAITI (IDF) 6. AMITIE ET SOLIDARITE AVEC HAITI (MIDI PYRENEES) 7. AMNESTY INTERNATIONAL (FRANCE) 8. APAM (LANGUEDOC ROUSSILLON) 9. ARCHE (IDF) 10. ASPECT (IDF) 11. ASS'HUM (RHONE ALPES) 12. ASSOCIATION DES FEMMES HAITIENNES EN France (IDF) 13. ASSOCIATION JEAN GAREAU (RHONE ALPES) 14. ASSOCIATION MEDICALE FRANCO HAITIENNE (PACA) 15. ASSOCIATION TOUSSAINT LOUVERTURE (PAYS DE LOIRE) 16. CADTM-France (FRANCE) 17. CCFD (FRANCE) 18. CENTRE ANACAONA (IDF) 19. CODEV OCCITANIE (MIDI PYRENEES) 20. CŒUR DE HAITI (BOURGOGNE) 21. COLLECTIF 2004 IMAGES (IDF) 22. COMITE D'AIDE AU DEVELOPPEMNT DE GRESSIER (IDF) 23. DESIR D'HAITI (IDF) 24. EMBARQUONS POUR HAITI (IDF) 25. ENFANTS SOLEIL (IDF) 26. FRANCE LIBERTES (FRANCE) 27. FRERE DES HOMMES (FRANCE) 28. GAFE (NORMANDIE) 29. GISTI (FRANCE) 30. GREF (FRANCE) 31. HAITI COULEUR HAITI CHALEUR (BRETAGNE) 32. HAITI ENFANCE AVENIR (IDF) 33. HAITI DEVELOPPEMENT (IDF) 34. HAITI REVE D'ECOLE (RHONE ALPES) 35. HAITI SOLEIL D'ESPERANCE (CENTRE) 36. JUSTICE ET PAIX HAITI (HAITI) 37. L'APPEL (FRANCE) 38. LA VOIX DE L HUMANITE (IDF) 39. LES ANNEAUX DE LA MEMOIRE (PAYS DE LOIRE) 40. LES INNOCENTS (IDF) 41. MAISON D'HAITI (IDF) 42. MEDECIN DU MONDE (FRANCE) 43. POUR HAITI (IDF) 44. SCOUTS ET GUIDES DE France (FRANCE) 45. SOS ENFANTS SANS FRONTIERE (IDF) 46. TIMOUN LEKOL (PAYS DE LOIRE) 47. TIMOUN RESTAVEK DE BELBEUF (NORMANDIE) 48. ZANMI DE LA SANTE (IDF) 49. COLLECTIF HAITI DE FRANCE 50. PLATE FORME DES ASSOCIATIONS FRANCO-HAÏTIENNES 51. ESPACE PARTENARIAT FRANCO-HAITIEN 16