Les Taux de change. Grégory Corcos et Isabelle Méjean. ECO 434: Economie Internationale Ecole Polytechnique, 2ème Année



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Transcription:

Les Taux de change Grégory Corcos et Isabelle Méjean ECO 434: Economie Internationale Ecole Polytechnique, 2ème Année http://isabellemejean.com/eco434 InternationalEconomics.html

Plan du cours 1 Introduction 2 Ricardo 3 HOS 4 Solde courant 5 Déséquilibres structurels 6 Taux de change 7 Changes fixe et flexible 8 Union monétaire

Plan de la séance 1 Taux de change réel (TCR) La Parité de Pouvoir d Achat Déviations de la PPA 2 Taux de change nominal (TCN) Parités de taux d intérêt Trois théories monétaires du change nominal

Le taux de change réel (TCR) Le taux de change nominal S ij désigne le prix relatif d une monnaie en unités d une autre monnaie. Le taux de change réel désigne le prix relatif du panier de bien d un pays en paniers de bien d un autre pays : Q ij = S ijp i P j Il évolue avec le taux de change nominal et l inflation nationale et étrangère. Les indices des prix à la consommation n étant pas comparables, on utilise l indice standardisé ICOP ou un bien représentatif (Big Mac). Le taux de change effectif désigne un taux de change par rapport à un groupe de pays.

La Parité de Pouvoir d Achat (PPA) Une première théorie du TCR propose que le pouvoir d achat des pays ne peut pas longtemps dévier de la parité : PPA absolue : Q ij = 1 à long terme PPA relative : Q ij constant à long terme Intuition : un TCR supérieur impliquerait une substitution des biens nationaux vers les biens étrangers, et une baisse de la demande pour la monnaie nationale. Test de la PPA par test de racine unitaire rejet de l hypothèse ρ = 0 dans ln Q t ln Q t 1 = ρq t 1 + ε t avec ε t un bruit blanc. estimations de ρ = 0.15 suggèrent une convergence vers la PPA, mais lente (demi-vie 4 ans)

Figure: Indice Big Mac ajusté (carte), sur- ou sous-évaluation (droite), corrélation avec le PIB/habitant (bas/gauche) en juillet 2013

Echec de la PPA et effet Balassa-Samuelson L observation de l indice Big Mac suggère des TCR systématiquement plus élevés dans les pays riches. L effet Balassa-Samuelson peut expliquer la corrélation entre TCR et PIB/habitant en présence de non-échangeables : soit un pays de productivité inférieure à la moyenne mondiale la loi du prix unique implique implique que les salaires dans le secteur des biens échangeables sont inférieurs à la moyenne mondiale la mobilité des travailleurs dans un marché concurrentiel implique l égalité des salaires entre secteurs le prix des non-échangeables est inférieur à la moyenne mondiale les prix nationaux sont inférieurs aux prix mondiaux : la monnaie est sous-évaluée par rapport à la PPP un rattrapage dans le secteur échangeable entraîne une hausse de salaire, une hausse des prix des biens non échangeables, et une appréciation réelle

Hypothèses : 2 secteurs : échangeables (T ) et non-échangeables (N) Production de biens T : y T = a T L T Production de biens N : y N = a N L N Marché du travail concurrentiel, parfaite mobilité entre secteurs du même pays. Concurrence parfaite sur les marchés des biens p i = w a i, i = T, N Loi du prix unique, pas de coûts du commerce : p T = pt S

en remplaçant les salaires la loi du prix unique implique p N = at a N pt, p N = at a N pt On en déduit le TCR p T = pt S pn p N S = a T a T a N a N TCR P P S ( ) p T α ( ) p N 1 α (p T /S) α (p N /S) 1 α = ( a T a T a N a N ) 1 α En notant ˆx la variation en pourcentage dx x de la variable x : ) )] TCR = (1 α) [(ât ât (ân ân Un pays rattrapant la croissance du secteur T de pays plus riches devrait avoir Q < 1 et Q > 0.

Echec de la PPA et coûts du commerce Supposons que 2 pays H et F exportent des variétés imparfaitement substituables du même bien échangeable. On néglige les non-échangeables. Soit les fonctions d utilité U H (x H, x F ) = (x H ) α (x F ) 1 α U F (x H, x F ) = (x F ) α (x F ) 1 α avec 0 < α < 1, 0 < α < 1 et α + α > 1 On écrit les indices de prix idéaux P H = (p H ) α (Sp F ) 1 α et P F = (Sp F ) α (p H ) 1 α On en déduit le TCR du pays H TCR H = ( ph Sp F ) α+α 1 Le TCR est une fonction croissante des termes de l échange p H Sp F.

Figure: TCR effectif des Etats-Unis, prix relatif des non-échangeables et termes de l échange, 1982-2009 On a représenté un TCRE utilisant l indice des prix à la consommation, un TCRE utilisant le coût du travail, un ratio des termes de l échange et un prix relatif des biens non-échangeables. Source : FMI, CEPII.

Echec de la PPA et pricing-to-market Même si tous les biens étaient parfaitement échangeables, les prix des exportateurs pourraient être différents entre destinations : différences d élasticité-prix et pouvoir de marché rigidités nominales dans la monnaie du pays importateur : coûts de catalogues, contrats de long terme, indexation des prix... coûts de distribution payés dans la monnaie du pays importateur commerce intra-firme (politique interne, optimisation fiscale) produits de qualité systématiquement supérieure dans les pays riches Implications : les variations de change ne sont pas entièrement refacturées leurs effets macroéconomiques varient d un marché à l autre

Les parités de taux d intérêt Les transactions sur les marchés des changes (5300 mds USD/jour, avril 2013) déterminent les taux de change au comptant et à terme. Une théorie financière des TCN propose que leur valeur suit des équations de non-arbitrage, ou parités de taux d intérêt. Parité couverte ou non-arbitrage des taux à terme (CIP) : ( ) t 1 + i 1 + i = S 0 F 0,t S 0 : taux instantané à la date 0 ; F 0,t taux de change à terme à la date 0 pour t. Egalité de gain entre deux stratégies : convertir 1 euro en dollars à S 0, investir S 0 dollars pendant t périodes au taux d intérêt i, puis tout convertir en euros à F 0,t investir 1 euro au taux d intérêt i pendant t périodes En logs, lorsque t = 1 : i i = s f

Figure: Test empirique de la parite CIP sur le cours GBP/DEM, 1970-1996 Le graphique repre sente les gains a emprunter en livres sterling (GBP) pour investir en deutsche marks (DEM) de 1970 a 1996. La libe ralisation financie re en Allemagne et au Royaume-Uni s accompagne d une chute de ces gains vers des niveaux ne gligeables.

Parité non-couverte ou non-arbitrage du taux au comptant (UIP) : ( ) t 1 + i 1 + i = S 0 S0,t e S 0 : taux au comptant en 0 ; S0,t e taux de change au comptant en t anticipé en 0. Egalité d espérance de gain entre deux stratégies convertir 1 euro en dollars à S 0, l investir pendant t périodes au taux d intérêt i, puis tout convertir en euros à S0,t e investir 1 euro au taux d intérêt i pendant t périodes En logs, lorsque t = 1 : i i = s s e En pratique, les coûts de transaction, le risque pays et les barrières à l échange financier peuvent causer des déviations de CIP et UIP. Le carry trade japonais (emprunter en yen, investir en dollars australiens et reconvertir en yen) est un pari contre la parité UIP.

Figure: Test empirique des parite s de taux d inte re t UIP et CIP a l aide d enque tes sur les anticipations aux Etats-Unis de 1988 a 1993 Le graphique repre sente la de viation du taux de change anticipe implique par UIP au taux de change a terme implique par CIP. UIP et CIP impliquent une de viation nulle et deux droites confondues. Les donne es d enque tes mesurent les anticipations mensuelles des intervenants de marche sur le cours du dollar US contre les monnaies CAD, DEM, CHF, GBP, JPY de fe vrier 1988 a octobre 1993.

Trois variantes d un modèle monétaire du change nominal Les théories financières du change échouent à expliquer sa volatilité. Nous étudier un modèle monétaire du change nominal à trois variantes : modèle à prix flexibles (Mussa 1976) modèle à prix fixes (Mundell Fleming) modèle à prix rigides (Dornbusch 1976)

Figure: Taux de change nominal DEM/USD et ratio des prix allemand et ame ricain : en niveaux (logs, gauche) et en log-diffe rences (droite). Donne es mensuelles. Source : Obstfeld et Rogoff (1996)

Modèle canonique On considère le modèle suivant en temps continu d une petite économie ouverte : y t = δ(pt p t s t ) + g t σi t m t p t = ψy t φi t ou i t = it + λ(p t u t ) ṗ t = θ(y t ȳ t ) i t = it Eṡ t (IS) (LM ou MP) (PC) (UIP) avec δ > 0, σ > 0, ψ > 0, φ > 0, λ > 0, θ > 0 et δ λσ > 0. Toutes les variables hors i et i sont en logs. p t et i t sont traitées comme des constantes. Extension du modèle AS-AD à une petite économie ouverte : la production et les prix fluctuent à court terme sous l effet de chocs de demande (liés aux politiques budgétaires et monétaires) et d offre. L offre s ajuste lentement vers le niveau de production de long terme.

Soit le modèle Variante 1 : prix flexibles y t = ȳ t = δ(pt p t s t ) + g t σi t i t = it + λ(p t u t ) i t = i t ṡ t (IS,PC) (MP) (UIP) Avec prix flexibles la production est toujours égale au niveau de long terme ȳ t. La première équation fixe le log du TCR : q t = gt ȳt σit δ. Soit s f t = gt ȳt σi t δ + p t u t la valeur fondamentale du TCN : ṡ t = λδ ( st s f ) t δ + λσ La solution à cette équation différentielle prend la forme s t = Be µt + µ + t e µ(τ t) s f τ dτ µ = λδ δ + λσ Il existe un continuum de solutions explosives pour B 0 (bulles) et une seule solution non-explosive. On fixera arbitrairement B = 0.

A l état stationnaire : i t = i t p t = u t Trois enseignements : s t = s f t = g t ȳ t σi t δ q t = g t ȳ t σi t δ + p t u t Le taux de change varie comme un prix d actif financier. Une nouvelle qui affecte s f T fait varier le TCN varie immédiatement de façon discrète, puis de façon continue jusqu en T. Un choc réel négatif sur g (austérité budgétaire) ou positif sur ȳ (gains de productivité) cause une dépréciation réelle et nominale. Un choc positif sur u (politique monétaire expansionniste) cause une dépréciation nominale, et un choc négatif cause une appréciation. l absence de coordination des politiques monétaires entre pays rend le change plus volatile

Variante 2 : prix fixes Modèle ISLM (très court terme) en économie ouverte y t = δ(p t p t s t ) + g t σi t m t p t = ψy t φi t i t = it ( ) On résout s t = pt p t + 1 δ g t σit mt pt+φi t ψ. (IS) (LM) (UIP) L effet des politiques économiques diffère de ISLM : une relance budgétaire (hausse de g t) n a plus d effet sur y t : à p t et i t fixes, la production est contrainte par m t. La hausse de demande nationale due à la relance est neutralisée par une appréciation nominale (et donc réelle) qui réduit la demande étrangère. une politique monétaire expansionniste (hausse de m t) accroît la production comme dans ISLM, et cause une dépréciation comme dans la variante à prix flexibles. Les conclusions changent lorsqu on suppose une mobilité imparfaite des capitaux ou des changes fixes (cf. séance 8).

Figure: Effet d une relance budgétaire et d une politique monétaire expansionniste dans le modèle à prix fixes (Mundell-Fleming en change flexible). s t! LM! s t! s 1! LM! s t! LM! LM! s 0! s 0! IS! s 0! IS! IS! s 1! IS! y 0! LM! y t! y 0! LM! y t! y 0! y 1! LM! y t! LM! i *! IS! i *! IS,!IS! i *! IS! IS! i t! i t! i t!

Variante 3 : prix rigides Ce modèle s écrit y t = δ(pt p t s t ) + g t σi t (IS) i t = it + λ(p t u t ) (MP) ṗ t = θ(y t ȳ t ) (PC) i t = it ṡ t (UIP) A l état stationnaire du modèle, on obtient i t = it y t = ȳ t ȳ t = δ(pt p t s t ) + g t σit d où p t = u t p = u t s = st f = g t ȳ t σit + pt u t δ Même taux de change d état stationnaire que dans la variante 1.

Dynamique du modèle ṗ t = θ(y t ȳ t ) = θδ( s s t ) + (θδ + λθσ)( p p t ) ṡ t = λ( p p t ) ce qui peut se réécrire ( ) ( ) ( ṡt 0 λ st s = ṗ t θδ (θδ + λθσ) p t p } {{ } A La matrice A a pour déterminant λθδ < 0 et pour trace Tr(A) = (θδ + λθσ) < 0. Elle a 2 valeurs propres de signe opposé, donc un seul sentier de convergence vers l état stationnaire. )

Figure: Dynamique du taux de change nominal et des prix dans le modèle de Dornbusch p t p t =p+(s- s t )(δθ)/(δθ+λσ) è dp t =0 p t >p è ds t <0 p t >p+(s- s t )(δθ)/(δθ+λσ) è dp t <0 p p t =pè ds t =0 s s t

Une politique monétaire expansionniste (du t > 0) cause à court terme une baisse de i t et une dépréciation nominale. A plus long terme, les prix augmentent, i t tend vers it et la monnaie s apprécie vers un niveau d équilibre plus faible. Sur le nouveau diagramme de phase, s t se déplace instantanément sur le nouveau sentier de convergence, en raison des anticipations rationnelles, pendant que les prix restent fixes. Cette dépréciation est excessive par rapport au nouveau TCN d état stationnaire. Un diagramme de réponse impulsionnelle résume la variation des prix, du change et du taux d intérêt suite au choc de politique monétaire.

Figure: Dynamique du taux de change nominal et des prix après un choc monétaire dans le modèle de Dornbusch p t p t =p+(s- s t )(δθ)/(δθ+λσ) è dp t =0 p t >p è ds t <0 p t >p+(s- s t )(δθ)/(δθ+λσ) è dp t <0 p choc du>0 p E 0 E 1 E 0 p t =pè ds t =0 excès de vola7lité s s s t

Figure: Réponse impulsionnelle des prix, du taux de change et du taux d intérêt après un choc monétaire dans le modèle de Dornbusch p t p t =p t s t excès de vola1lité s t =s i t t i t =i* t

Enseignements des trois variantes 1 Le TCN se comporte comme un prix d actif financier : il incorpore les anticipations, varie avec des nouvelles et subit parfois des bulles. 2 Le TCN est affecté par des chocs réels et monétaires : avec prix flexibles (long terme), des chocs réels négatifs sur g (austérité budgétaire) ou positifs sur ȳ (gains de productivité) causent une dépréciation ; une politique monétaire nationale expansionniste cause une dépréciation, tandis que la même politique à l étranger cause une appréciation. avec prix fixes (très court terme), une relance budgétaire cause une appréciation mais sans changement de production ; une politique monétaire expansionniste cause une dépréciation nominale et réelle, et stimule la production. avec prix rigides, une politique monétaire expansionniste cause une dépréciation immédiate excessive, puis une appréciation lente vers un taux plus faible. La production n augmente que temporairement. Une relance budgétaire cause une appréciation nominale et réelle immédiates, rétablissant la production au niveau de long terme. 3 Avec prix rigides, les variations du TCN causent les variations du TCR. Pendant la transition les variations excessives du TCN opèrent l ajustement que les prix rigides ne peuvent pas opérer.

Conclusions Le TCR mesure le prix relatif des biens nationaux et étrangers. Il détermine l équilibre sur les marchés des biens. Le TCR est lié à la fois aux termes de l échange et au prix des non-échangeables. L effet Balassa-Samuelson explique sa corrélation avec le PIB/habitant. Le TCN est un prix d actif. Il dépend de relations de non-arbitrage (CIP, UIP) et incorpore toutes les anticipations des agents. Le TCN est bien plus volatile que ne le prédit la PPA. Il varie avec des changements d anticipation, voire des bulles, et parce qu il est moins rigide que les prix. Comment les deux taux sont-ils déterminés simultanément? avec prix flexibles, les prix s ajustent pour atteindre le TCR d équilibre ; étant donné ce TCR, la politique monétaire affecte le TCN. Le TCN dépend donc de facteurs monétaires et réels. avec prix rigides, le TCR dévie du niveau d équilibre. La politique monétaire détermine le TCN, qui détermine le TCR jusqu à ce que les prix s ajustent. Dans la transition, le TCN est excessivement volatile.