Focus Health-IT Expo (Salon HIT) ou la transformation des usages par le numérique L objectif du focus Health-IT est très clairement d apporter des réponses concrètes face à des enjeux tels que la transition vers l hôpital numérique, le big data ou la sécurité des données. DH MAGAZINE L Agora Health-IT propose 3 jours de conférences en libre accès. Quelles seront les grandes thématiques abordées cette année? ROMAIN SEMPTEY Nous avons construit un programme sur-mesure basé sur une étude réalisée auprès de DSI en septembre dernier. Les résultats ont fait émerger les 5 sujets de préoccupations suivants : la sécurité des SI, l imagerie médicale, la dématérialisation / GED, l interopérabilité et les objets connectés de santé. Avec les associations et industriels présents, nous avons donc organisé l Agora en 5 demi-journées thématiques avec l objectif d apporter aux visiteurs des réponses concrètes aux problématiques qui se posent par le biais de retours d expériences, de présentations ou de conférences. À quel public s adresse le focus Health-IT? Les Directeurs d établissements publics et privés, les DSI, RSI, RSSI, les administrateurs réseau, les chefs de projets informatiques sont attendus mais aussi les DIM, les ingénieurs biomédicaux pour la partie imagerie médicale, les DAF pour les solutions de software sur du pilotage médico-économique et les utilisateurs (cadres de santé, chefs de pôle, médecins) pour découvrir les solutions qu ils pourraient déployer dans leur établissement. Notre public est assez éclectique! Avec plus de 200 exposants IT, le visiteur peut se sentir un peu perdu? Il y a une offre très dense sur le salon et il est vrai que les visiteurs peuvent rencontrer un manque de visibilité. Aussi, nous avons mis en place des parcours thématiques pour les aider à optimiser leurs visites. 5 parcours thématiques en lien avec les thèmes des demi-journées ont été définis. En amont du salon, les visiteurs ont la possibilité de s inscrire en ligne pour participer à un ou plusieurs parcours proposés. L angle a été élaboré par le «pilote» du parcours qui est un expert du domaine. Le rendez-vous est fixé aux inscrits à l entrée du salon puis l organisateur prend la main. L objectif est de proposer une visite de 5 à 6 stands sur 2 à 3 heures, avec mini-conférences ciblées. Et concernant les Villages? Nous allons mettre en lumière un certain nombre d acteurs à travers des villages thématiques constitués de regroupements d entreprises ou d institutionnels autour d une thématique. Cette année, plusieurs nouveautés sont à noter : le Village e-santé, élaboré en partenariat avec le CATEL qui rassemble plus de 15 sociétés proposant des solutions innovantes de télémédecine ou de téléradiologie, et le Village virtualisation qui propose un regroupement de solutions d accès à l information de façon sécurisée via des supports mobiles. Les visiteurs auront la possibilité de tester et de voir comment fonctionne un environnement global de virtualisation en établissement de santé. Autre nouveauté : le Village GCS e-santé qui rassemblera 8 GCS. Ces Groupements deviennent des acteurs forts du marché. Il était important de leur offrir un espace dédié pour qu ils puissent y présenter le déploiement de solutions innovantes dans leur région. Enfin, n oublions pas le Village Syntec Numérique qui réunit 10 entreprises membres du Comité Santé du Syntec Numérique. Et le Village start-up, en quoi consiste-t-il? C est un espace réservé aux sociétés qui ont moins de 3 ans à l ouverture du salon. Notre objectif est de permettre à de jeunes entreprises d avoir une visibilité sur le salon, des présenter leurs offres et de pouvoir rencontrer aussi bien des professionnels de santé que le public industriel. Ce village accueillera une vingtaine de start-up sur une centaine de m². Mettre en avant l innovation : c est aussi l objectif du SSA! Faust Favart Entretien avec Romain Semptey, Directeur Commercial de PG Promotion, en charge du focus Health-IT 23
24 DH MAGAZINE 151 / 2E TRIMESTRE 2015
Mutualisation des Images médicales en Région Centre D ici quelques semaines le projet de Mutualisation des Images médicales en Région Centre (MIRC) validera ses premiers usages, à savoir l accès aux examens par la médecine de ville puis l accès aux antériorités radiologiques. Ce projet a été mené à la demande de professionnels de santé de la région qui l ont accompagné et soutenu tout au long de sa construction. Ainsi, 19 structures, publiques et privées, sont d ores et déjà engagées dans la démarche dont l atout majeur est son service d échange et partage. Retour sur un projet qui contribue à une mise en réseau des établissements hospitaliers, des cabinets de radiologie, ainsi que de la médecine de ville, toujours au service du patient. Le GCS TéléSanté Centre a fait partie des cinq régions retenues, fin 2011, par la DGOS, dans le cadre du programme de Soutien aux Technologies Innovantes et Coûteuses (STIC) dédiés au PACS (Picture Archiving and Communication System). Il a ainsi pu mener l état des lieux, puis élaborer les conditions permettant le partage de l imagerie médicale à l échelle régionale. C est ainsi qu est né, en cohérence avec le Programme Régional de Santé, le projet MIRC, aujourd hui financé par l ARS et le Conseil Régional du Centre-Val de Loire à travers le fonds FEDER. Ce projet vise à mettre à disposition un catalogue de services à la carte incluant : - PACS (acquisition, traitement et diffusion des images médicales à l intérieur d un établissement), - Archivage neutre long terme des images médicales, - Échange, partage et diffusion des images médicales. Pour atteindre ces objectifs, la démarche projet pilotée par TéléSanté Centre s est avant tout appuyée sur une coopération étroite avec les professionnels de santé, très mobilisés, depuis l origine et de façon continue. Ceci, notamment à travers à un Comité de Pilotage et des groupes de travail réunissant des représentants des établissements ou structures de santé (directeurs, DSI, cadre de santé, médecins ) participant au projet, de l ARS, de la FHF, du G4 Régional et du GCS TéléSanté Centre. L ensemble de ces acteurs est appuyé par des partenaires de qualité qui ont accompagné le projet : MBA Consulting (AMOA), Carestream (fournisseur technique), Maître Pierre Desmarais (expertise juridique en e-santé). Un dialogue compétitif a permis de bien cerner les enjeux fonctionnels, techniques et de choisir la solution la Le projet MIRC vise à mettre à disposition un catalogue de services à la carte incluant : - PACS (acquisition, traitement et diffusion des images médicales à l intérieur d un établissement), - Archivage neutre long terme des images médicales, - Echange, partage et diffusion des images médicales. mieux adaptée au contexte régional. Le modèle financier, longuement étudié, a validé un modèle SaaS (Software as a Service) et un paiement à l usage pour les Services d Archivage et de PACS, basé sur un coût à l examen que la mutualisation a rendu particulièrement attractif. Pour le Service d échange et partage, un portage central assumé par TéléSanté Centre a été privilégié, avec l objectif pour les établissements et structures, de minimiser le reste à charge induit par leur engagement à mettre à disposition les images, la consul- Co-écrit par Vincent Marcé, Directeur GCS Télésanté Centre & Auriane Lemesle, Responsable régionale de la sécurité des SI- GCS Télésanté Centre 25
Pour les structures et professionnels Remplacer les équipements vieillissants, Faciliter l'accès à l'antériorité radiologique, Permettre l'accès aux examens d'imagerie en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire, Améliorer l'interprétation grâce à une meilleure qualité d'image. Pour les patients Limiter la redondance d'examens, Réduire le cumul des doses, Minimiser les transferts, Diminuer les examens systématiques à l'entrée, Améliorer la traçabilité. tation par la médecine de ville étant gratuite. C est ainsi l ARS et la région Centre qui ont financé la mise en place du service d échange et partage. La prise en charge des coûts d investissement a été un élément clé de l engagement des établissements dans la démarche. Ce frein levé, le succès du projet repose évidemment sur un partage avec le plus grand nombre d acteurs concernés, car c est la masse critique atteinte qui lui donne toute sa valeur! Faciliter les démarches administratives pour les établissements de santé, avec des solutions modulaires, adaptées à leur taille et à leurs besoins, c est aussi l un des partis pris au travers de la mise en place d une centrale d achat. CONFÉRENCE : «déploiement des solutions d échange et de partage de dossiers d imagerie en région Centre (projet MIRC)» avec le GCS Télésanté Centre le 19 mai à 11h15 Faciliter les démarches administratives pour les établissements de santé, avec des solutions modulaires, adaptées à leur taille et à leurs besoins, c est aussi l un des partis pris au travers de la mise en place d une centrale d achat. La mise en œuvre est alors simple : Carestream évalue les besoins de l établissement à l aide d un fichier de simulation ; 10 jours plus tard, le prestataire propose une solution technique, une évaluation financière et un planning. Une fois les bons de commande émis, les services sont activés conformément au planning validé avec l établissement. C est enfin le GCS Télésanté Centre qui garantit, dans un cadre juridique adapté, à la fois l homogénéité et le respect des procédures de gestion des accès utilisateurs et de recueil de consentement des patients. Ainsi, un des sujets clés du projet a été la gestion des identités. Une impérieuse nécessité de sécuriser l identification du patient et de ses données afin d optimiser le recueil d informations du patient à l échelle régionale. Tout au long du projet, le GCS TéléSanté Centre en tant que maîtrise d ouvrage et acteur fédérateur, a géré tout le dispositif organisationnel, anticipé l accompagnement au changement. Il a, par ailleurs, coordonné la mise en œuvre des services mutualisés intégrant les études et spécifications communes, puis a défini les méthodologies de la phase pilote et du déploiement à grande échelle. MIRC entre ainsi dans la phase de validation répartie entre les deuxième et troisième trimestres 2015, pour trois usages dans trois établissements pilotes qui sont représentatifs des principaux producteurs d images : - Accès aux examens par la médecine de ville - Accès aux antériorités radiologiques - Accès aux examens des modalités partagées Les six établissements publics et trois structures privées qui sont aujourd'hui utilisateurs du PACS et de l'archivage régionaux représentent 50 % des images cibles produites en région et 2 700 000 examens ont été archivés. Actuellement, 19 structures (13 publiques et 6 privées), sur 30 ciblées, sont engagées dans une démarche d'adhésion au service d'échange et partage. Grâce à la multitude d acteurs engagés dans ce projet structurant et passionnant ainsi qu à la volumétrie d examens couverte, la masse critique donnant son plein sens à l usage de l échange et partage est atteinte. 26
Focus Health-IT Expo (Salon HIT) Dématérialisation et Santé : c est parti! La dématérialisation, nous la pratiquons au quotidien. Alors pourquoi est-ce si compliqué de la déployer à grande échelle? DH MAGAZINE FedISA - Fédération de l'ilm (Information Lifecycle Management), du Stockage et de l'archivage est née en 2005 sous votre impulsion avec l objectif de sensibiliser, de diffuser de l information sur la dématérialisation et sur l archivage électronique et de favoriser la mise en place de certifications et de référencements. Quel bilan aujourd hui? JEAN-MARC RIETSCH Nous pensons avoir atteint nos objectifs, à savoir développer le marché et la connaissance autour de la dématérialisation. C est pourquoi cette année nous changeons d orientation. Nous devenons D2I pour «Digital Information Institute». Nous allons rentrer dans l opérationnel en montrant ce qui fonctionne et les risques à ne rien faire. Nous développons notre champ d investigations sur tout ce qui entoure le numérique, avec l objectif de tirer les meilleurs profits de l information. Le problème aujourd hui n est pas le stockage en volume mais plutôt le traitement des données! Le système de santé n est pas en avance sur la dématérialisation. Pourquoi? Il est vrai que la communication autour de la dématérialisation a pu rendre sa compréhension complexe. Pourtant, la dématérialisation, nous la vivons au quotidien : en envoyant un mail, en donnant sa carte vitale, quand le médecin reçoit notre compte-rendu sur son ordinateur, lors de la réception de nos analyses biologiques en ligne... Beaucoup de mécanismes sont en train de changer dans notre fonctionnement mais nous nous heurtons à la problématique du changement, aux souséquipements techniques des établissements de santé et à des notions liées à l utilisation et à l intérêt de l information. Je pense qu aujourd hui, ne pas se servir de la dématérialisation dans la santé, c est se priver d un gain de temps et d énergie, mais surtout d une base de données incroyable permettant des avancées médicales importantes.* Quelles sont les principales contraintes? Quand un établissement s engage dans un processus de dématérialisation, il ne doit pas chercher à se «calquer» sur le processus papier. Les outils de dématérialisation ne sont appropriés que si l on repense en partie les organisations et l ensemble de la chaîne. Il doit y avoir une véritable prise de conscience que la dématérialisation est un processus transversal qui implique tous les acteurs : la DSI, les services médicaux, les services financiers et juridiques, la qualité... Toutefois, outre la résistance au changement, sa mauvaise perception (souvent trop technique), il ne faut pas négliger un autre frein à la dématérialisation lié, selon moi, à la suppression inévitable d un certain nombre de postes du fait de l automatisation d une majorité de processus. Y aurait-il des exemples à suivre chez nos voisins européens? Les pays Nordiques sont de façon générale plus en avance que nous sur tout ce domaine. HP a monté l un des tous premiers hôpitaux numériques en Norvège. Autre exemple plus générique : le service public danois n accepte plus que des factures numériques depuis 2005! Vous interviendrez lors de la demi-journée thématique «dématérialisation/ged» sur les Salons Santés Autonomie 2015. Quel thème aborderezvous lors de cette conférence? De façon générale l illustration de l importance de l information et de son cycle de vie et de manière ponctuelle l usage d un code optique dans le monde de la santé comme moyen de respect de la confidentialité mais surtout permettant de s affranchir du problème du support qu il soit papier ou numérique. C est ce petit carré noir qui permet de stocker des informations numériques? Oui, c est l équivalent qui, collé sur un document, permet de vérifier son intégrité (facture, dossier patient, compterendu d analyse ) et offrirait une plus grande confidentialité lors du transfert de ces données. Par exemple, les résultats d une analyse ne seraient visibles qu après scan du code par le médecin autorisé! Entretien avec Jean-Marc Rietsch, Président de FedISA * À lire ou à relire : http://www-05.ibm. com/fr/watson/ Et l article de Gérard Peliks dans DH Magazine n 150 : «Ce merveilleux et incontournable BIG DATA dans le domaine de la santé» 27
Focus Health-IT Expo (Salon HIT) «C est la contextualisation médicale de l outil connecté qui lui donne un sens» Le site DMD Post (www.dmdpost.com) propose une mine d informations sur les applications et objets connectés de santé. Pas de pub, seulement des notes et évaluations objectives et une analyse précise du contenu de l application. Contact est pris avec l un des fondateurs de DMD Santé, le Docteur Guillaume Marchand Psychiatre et Président de DMD Santé. Entretien avec Dr Guillaume Marchand, Psychiatre et Président de DMD Santé DH MAGAZINE En juillet 2012, vous cofondez DMD Santé avec le Dr Nicolas Lafferre et Léo Maury, Ingénieur en TIC de santé. Pour quelles raisons? D R GUILLAUME MARCHAND En 2012, l offre «applications et objets de santé» devient pléthorique et nous pensons qu il existe une opportunité exceptionnelle, pour nous médecins, de travailler différemment. Le tsunami allait arriver et notre idée était simple : guider les usagers, les professionnels de santé et les patients, dans un cadre de confiance, sans faire du marketing mais en se positionnant dans une démarche scientifique. DR En 3 ans, le marché a beaucoup changé? Les usages se sont affinés et l offre s est professionnalisée. Notre objectif est d aller plus loin en proposant clairement une analyse autre que médicale, en s entourant de partenaires sur des domaines tel que la sécurité de l information, le juridique et le réglementaire. La réponse, c est notre mhealth Quality, premier programme de validation de la qualité des applications mobiles de santé à destination des professionnels et du grand public. Application lauréat du Grand Trophée 2015 de l'application mobile de santé et Prix du Jury 2015, catégorie Santé au Quotidien consultable sur le site www.dmdpost.com, MesVaccins : téléchargeable gratuitement sur les plate-formes de téléchargement. À savoir : DMD Santé pilote le parcours thématique «objets connectés» le 21 mai à 10 h 00 Est-ce un label, une norme? La loi française ne nous permet pas de parler de «label», mais c est l idée en effet. Il s agit de créer un «tiers de confiance», comme l est le logo AB du bio par exemple. Nous ne garantissons pas le service médical Nous travaillons depuis 1 an et demi et avons analysé 1100 applications médicales. Je crois pouvoir affirmer qu un travail de cette envergure n a jamais été réalisé auparavant! 28
DR On distingue à tort applications et objets connectés mais aujourd hui une balance seule n a pas d intérêt. Elle n a d intérêt qu avec l application associée. L idée est donc de voir la pertinence du service rendu par l application. Homepage de www.dmdpost.com, site web d'évaluations et d'analyse de contenu d'applications dans le domaine de santé rendu, qui nécessite des essais cliniques. En revanche, tester l ergonomie de l outil, vérifier la pertinence de la restitution des informations médicales, s assurer du bon fonctionnement et du respect de la vie privée des utilisateurs : c est cela le cadre de confiance. Nous travaillons depuis 1 an et demi et avons analysé 1100 applications médicales. Je crois pouvoir affirmer qu un travail de cette envergure n a jamais été réalisé auparavant! De nouvelles applications paraissent chaque jour. Comment faites-vous pour toute les analyser? Le marché est très versatile. Il existe un turn-over de 1% tous les jours (apparition, disparition, mise à jour). Nous mettons en place des algorithmes, de plus en plus précis, pour analyser ce marché de manière aussi automatique que possible. Cela concerne aussi les objets connectés? On distingue à tort applications et objets connectés mais aujourd hui une balance seule n a pas d intérêt. Elle n a d intérêt qu avec l application associée. L idée est donc de voir la pertinence du service rendu par l application. Où se situe la frontière entre les «objets gadgets» et les objets dit «médicaux»? «L objet» est de fait un gadget! Prendre sa tension n a jamais évité à personne d en avoir et votre balance ne vous fera jamais maigrir! En revanche, c est l interface, le service et le feedback qu il y a derrière qui importe. L innovation porte sur l usage et le contexte médical que l on donne aux outils. La fourchette connectée, utilisée chez vous ou au restaurant, n aura pas grand intérêt mais dans la chirurgie bariatrique, en post-op, celle-ci trouvera tout son sens. Elle assurera le médecin que le patient ne mange pas trop vite et le patient sera averti s il s alimente de manière trop rapide. C est donc la contextualisation médicale de l outil connecté qui lui donne un sens! Et de ce point de vuelà, il reste encore beaucoup à explorer. 29