Republique du Burkina Faso Rapport de pré diagnostic des filières Bétail Viande et sésame. Consultante : Félicité TRAORE



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Transcription:

Republique du Burkina Faso Rapport de pré diagnostic des filières Bétail Viande et sésame Consultante : Félicité TRAORE Mai 2012 1

Tables des matières SIGLES ET ABREVIATIONS 4 INTRODUCTION 6 I- Généralités et contexte de l étude 6 II- Objet de l étude 7 III- Méthodologie de l étude 7 PARTIE I : LA FILIERE BETAIL VIANDE 9 Caractéristiques générales 10 I- La cartographie de la filière bétail-viande 11 I.1. Le cadre politique et règlementaire 11 I.1.1. Le cadre politique 11 I.1.2. Le cadre règlementaire 12 I.2. Les principaux produits 13 I.2.1. I.2.2. I.2.3. I.2.4. Le bétail sur pied 13 La viande 13 Le lait 14 Les autres produits issus de la transformation 15 I.3. Les fonctions 15 I.3.1. I.3.2. I.3.3. I.3.4. Approvisionnement en intrants (alimentation, soins vétérinaires) 15 Production : 16 Transformation : 19 Commercialisation : 19 I.4. Les acteurs : 21 I.4.1. I.4.2. I.4.3. I.4.4. I.4.5. Les acteurs de la production 21 Les acteurs de la transformation : 21 Les acteurs de la commercialisation 22 Les projets privés d envergure 23 Les structures d appui 23 I.5. Les contraintes et les forces majeures de la filière bétail viande 27 II- L importance géographique et les pôles potentiels de croissance de la filière 29 II.1. Le bétail sur pied 29 II.2. La viande 29 II.3. Les produits de charcuterie 29 III- Recommandations finales 30 III.1. Sur les approvisionnements et la production primaire 30 III.2. Sur la transformation 31 III.3. Sur la commercialisation 33 III.4. Sur les acteurs 33 III.5. Eléments de contenu d un projet ONUDI dans la filière 34 IV- Annexe 36 2

PARTIE II : LA FILIERE SESAME 37 Caractéristiques générales 38 I- La cartographie de la filière sésame 40 I.1. Le cadre politique et règlementaire 40 I.1.1 Le cadre politique 40 I.1.2 Le cadre règlementaire 40 I.2. Le produit 41 I.2.1. Le sésame brut : 41 I.2.2. Les produits transformés : 41 I.3. Les fonctions : 42 I.3.1. I.3.2. I.3.3. I.3.4. Approvisionnement en intrants 42 Production : 42 Transformation : 43 Commercialisation : 43 I.4. Les acteurs : 45 I.4.1. I.4.2. I.4.3. I.4.4. I.4.5. Les acteurs de la production 45 Les acteurs de la transformation : 46 Les acteurs de la commercialisation 47 Les projets privés d envergure 47 Les acteurs d appui : 48 I.5. Les contraintes et les forces majeures de la filière sésame 53 II- L importance géographique et les pôles potentiels de croissance de la filière 54 II.1. Le sésame brut 54 III- Recommandations finales 55 III.1. Sur les approvisionnements et la production primaire 56 III.2. Sur la transformation 56 III.3. Sur la commercialisation 57 III.4. Sur les acteurs 57 III.1. Eléments de contenu d un projet ONUDI dans la filière 57 IV- Annexe 60 3

SIGLES ET ABREVIATIONS 3ADI AFO AIEPO : Africa s Agribusiness and Agro-industries Development Initiative : Abattoir Frigorifique de Ouagadougou : Association des importateurs exportateurs de produits oléagineux APEAH Association pour la Promotion de l Agriculture, de l Élevage et de : l Hydraulique APEX : Agence pour la Promotion des Exportations ARFA : Association de Recherche et de Formation Agro-écologique BAD : Banque Africaine de Développement CBPCA : Centrale Burkinabè des viandes et Produits Carnés CEDEAO : Communauté Économique des États de l'afrique de l'ouest CFC : Common Fund for Commodities COPROLAIT : Coopérative de Production de Lait DDI FAO FBDES FIDA GIZ KIT GV GPC INERA LWR MRA OCADES OMC ONG ONUDI PAFASP PAPISE PIB PME PNDEL PPA PPCB SAFCOD : : Direction du Développement Industriel : Food and Agriculture Organization of the United Nations: : Fonds Burkinabé de Développement Economique et Social : Fonds International de Développement Agricole : Deutsche Gesellschaft fuer Internationale Zusammenarbeit : Royal Institute for the Tropics : Générale des Viandes : Groupements de Producteurs de Coton : Institut de l'environnement et de Recherches Agricoles : Lutheran World Relief : Ministère des Ressources Animales : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité : Organisation Mondiale du Commerce : Organisation Non Gouvernementale : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industrielle : Programme d Appui aux Filières Agro Sylvo Pastorales : Plan d Actions et Programme d Investissement du sous-secteur de l Elevage : Produit Intérieur Brut : Petites et Moyennes Entreprises : Politique Nationale de Développement Durable de l Elevage : Peste Porcine Africaine : Péri Pneumonie Contagieuse des Bovidés 4

SACS : Société Africaine de Charcuterie et de Salaison SCADD Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement : Durable SOFAB : Société de Fabrique d Aliment de Bétail SOGEAO : Société de gestion des abattoirs de Ouagadougou SOPROLAIT : Société de Production de Lait SPAI TAA SPFBV TDR UEMOA UGPPK/S-Z USADF : Sous Produits Agro industriels : Trypanosomoses Animales Africaines : Société de Promotion de la Filière Bétail Viande : Termes de Références : Union Economique et monétaire Ouest Africaine : Union des Groupements de Productrices des Produits du Karité des Provinces de la Sissili et du Ziro : United States African Development Foundation 5

INTRODUCTION I- Généralités et contexte de l étude Le programme Africa s Agribusiness and Agro-industries Development Initiative (3ADI) est une initiative de l ONUDI en collaboration avec la FAO et le FIDA. Dans le processus qui a conduit à la mise en place de ce programme, ces 3 Institutions Internationales ont organisé une série de consultations internationales sur l'agribusiness comme un moyen pour répondre aux préoccupations de sécurité alimentaire et de réduction soutenue de la pauvreté dans les pays à faibles revenus. La première consultation a ainsi réuni en avril 2008 à New Delhi, Inde aux représentants d'une centaine de pays en développement, dont 44 africains. Elle a été suivie de consultations régionales ciblant les besoins spécifiques de l Asie, l Amérique Latine et en Mars 2010, de l'afrique avec la Conférence de haut niveau pour le développement de l'agribusiness et des agro-industries en Afrique (Abuja, Nigeria). La conférence d Abuja a fait l objet d une déclaration, la Déclaration d Abuja laquelle stipule que la FAO, le FIDA et l ONUDI devraient entamer une action conjointe dans le domaine des chaînes de valeur agricoles; la sécurité alimentaire; les politiques publiques; le financement et le commerce. L'initiative, dénommée 3ADI, invite les partenaires d'exécution à tirer parti sur l intérêt qui est actuellement prêté à l'agriculture pour le développement en Afrique, afin d accélérer le développement des secteurs de l agribusiness et des agro-industries générant de la valeur ajoutée aux produits agricoles de l Afrique; et de soutenir un effort coordonné afin de partager leurs connaissances et d'harmoniser les programmes de façon à retenir les synergies, éviter la fragmentation des efforts, renforcer les effets sur le développement et soutenir un programme d'investissement visant à augmenter de manière notable la proportion de la production agricole en Afrique qui est transformée en produits à haute valeur ajoutée. Par ailleurs, la Déclaration d Abuja recommande à cette fin quatre domaines d appui principaux: politiques favorables et provision de biens publics ; compétences et technologies dans la chaîne de valeur ; services et institutions de post production ; et renforcement des mécanismes de financement et d'atténuation des risques. Suite à la Conférence d'abuja, l'onudi présenta un programme d assistance technique orienté dans un premier temps sur 12 pays (Haïti, Sierra Leone, Libéria, Ghana, Nigéria, Soudan, République Démocratique du Congo, Rwanda, Tanzanie, îles Comores, Madagascar et Afghanistan) où un ou deux produits agricoles clés seraient choisis par les autorités locales. Chaque produit formerait la base d'une 6

analyse de chaîne de valeur détaillée qui tracerait la création de valeur à toutes étapes de l'activité économique, de la ressource jusqu au marché. Les activités du programme ont commencé en août 2010 avec des missions sur le terrain dans tous les pays ciblés. L'analyse qui est conduite dans chaque pays permet de circonscrire les principaux intervenants dans la ou les chaînes choisies, mettre en évidence les contraintes de développement et recommander des solutions techniques pour les surmonter. Pour la mise en œuvre des solutions proposées il sera nécessaire d engager des ressources dans trois domaines : secteur privé, accompagnement du secteur public et assistance technique. Le secteur privé doit être la force motrice pour qu une faiblesse dans la chaîne de valeur puisse être transformée en opportunité d entreprise rentable. C est dans ce contexte que des missions ont été menées à Ouagadougou au Burkina Faso en Juin 2011 (du 13 au 18) et en décembre 2011 (du 18 au 23) et qui ont permis de valider l'engagement et la ratification du Burkina au programme du 3ADI. Ces missions ont également été l occasion de rencontrer un très grand nombre d acteurs et d intervenants de plusieurs filières. A l issue de ces missions, un certain nombre de filières ont été pressenties pour faire partie de deux filières à implémenter dans le cadre de l initiative 3ADI. Ces filières sont : pour les filières végétales le sésame, le soja, le haricot vert et pour les filières animales la volaille locale, le lait, le bétail viande et les cuirs & peaux. C est pour permettre de sélectionner deux filières parmi ces sept (7) et de disposer d un niveau d informations suffisantes sur la chaîne de valeur de ces filières que la présente mission a été envisagée. II- Objet de l étude L objet de cette étude, comme l indique les TDR joints en annexe, est de réaliser une étude de préfaisabilité pour la sélection de deux filières qui seront soutenues dans le cadre du programme 3ADI. Il s agit surtout de compiler et d analyser des données recueillies sur la base de documents existants et de conduire des rencontres avec les acteurs et les personnes ressources des différentes filières concernées. III- Méthodologie de l étude Tel que l a recommandé les TDR, l approche méthodologique s est appuyée principalement sur une recherche bibliographique et une étude documentaire à partir de documents collectés auprès des directions et des structures techniques intervenant dans les filières concernées. Il a été également conduit des entretiens ciblés avec les principaux acteurs des deux filières sésame et bétail/viande pour approfondir l analyse de ces deux filières, mieux connaître leurs capacités, échanger sur leurs contraintes et identifier leurs besoins d appui. 7

Ces différents éléments ont permis dans un premier temps d élaborer des fiches filières et des synthèses sur l état des lieux des différentes filières (sésame, soja, volaille, produits laitiers, et bétail-viande). Sur la base de ces premiers éléments, des échanges ont été engagés avec l ONUDI et la partie nationale, ce qui a conduit au choix définitif des filières sésame et bétail viande qui font l objet de ce rapport d étude de préfaisabilité. Rappelons que la filière bétail-viande a été retenu à cause du fait que c est : (a) une filière à fort potentiel au Burkina Faso, grand pays d élevage ; (b) une attention particulière et volonté des politiques à développer la filière surtout à promouvoir les exportations de viandes ; (c) contexte de réflexion en cours sur la gestion privé de l abattoir de Ouagadougou (d) contribution au développement économique rural ; (e) une faible valorisation industrielle du produit et une grande exportation d animaux sur pieds ; (f) potentiel de collaboration avec le secteur privé (demande forte du secteur minier en viande) ; (g) expertise de l ONUDI dans la filière. La filière sésame a été retenue à cause de (a) du niveau de production en croissance continue d année en année ; (b) l intérêt et la motivation des acteurs ; (c) accès aux intrants ; (d) quasi absence d activités de transformation ; (e) haute rentabilité ; (f) impact pro vulnérables (femmes) ; (g) adéquation aux milieux ruraux à faibles précipitations ; (h) potentielles sources de financement à travers le cadre intégré et la coopération japonaise. Il est à noter que l analyse globale s est inspirée de l approche ONUDI de l analyse des chaînes de valeur industrielle. Cependant, la non disponibilité de certaines informations chiffrées surtout au niveau du maillon transformation peut être considéré comme un facteur limitant à ce travail. Néanmoins certaines entreprises rencontrées ont bien voulu donner plus d informations sur leur capacité de production, mais pas forcément leur production réelle. 8

PARTIE I : LA FILIERE BETAIL VIANDE 9

Caractéristiques générales L activité d élevage occupe une place sociale et économique majeure au Burkina Faso. Elle est pratiquée par plus de 80 1 % des ménages qui en tirent l essentiel de leurs revenus. Pourvoyeur d emplois (il occupe environ 80% de la population active), le sous-secteur de l élevage contribue : pour plus de 18 2 % au PIB ; aux exportations totales à hauteur de 26 3 % en valeur, ce qui fait des produits d élevage le 3 ème poste pourvoyeur de devises après l or et le coton ; à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations par un apport de produits de haute valeur nutritive (viande, lait, œuf) ; à la lutte contre la pauvreté par une augmentation des revenus des éleveurs de l ordre de 3% l an. Par ailleurs, l élevage constitue un facteur d intensification des systèmes de production agricoles par la traction animale et la fertilisation des sols. Le sous-secteur de l élevage recèle d énormes potentialités au regard de l importance et de la diversité du cheptel avec 8,233 millions de bovins, 20 millions de petits ruminants, 36,4 millions de volailles et 2,1 millions de porcins (Sous statistiques Ministère des Ressources Animales, 2009). Il se caractérise aussi par un système d exploitation dominant extensif mais bien adapté à la variabilité saisonnière et interannuelle des ressources pastorales. 1 Source : MRA, 2010. Plan d Actions et Programme d Investissements du Sous-secteur de l Elevage (PAPISE) 2010-2015 2 Source : CAPES, cité dans MRA, 2010. PAPISE 2010-2015 33 Source : INSD/Douanes, cité dans MRA, 2010. PAPISE 2010-2015 10

I- La cartographie de la filière bétail-viande I.1. Le cadre politique et règlementaire I.1.1. Le cadre politique Le Burkina Faso s est doté de deux outils cadre qui contiennent les orientations politiques et stratégiques claires aux yeux de tous les acteurs de la filière élevage en général et bétail - viande en particulier. Il s agit du document de Politique Nationale de Développement Durable de l Elevage (PNDEL) qui sert de cadre de référence des actions à moyen et long termes et dont la vision est de faire de l élevage burkinabè «un élevage compétitif et respectueux de l environnement autour duquel s organise une véritable industrie de transformation et qui contribue davantage aussi bien à la sécurité alimentaire qu à l amélioration du niveau de bien-être des burkinabè» ; et du Plan d Actions et Programme d Investissement du sous-secteur de l Elevage (PAPISE) qui est un outil d opérationnalisation de la PNDEL à l horizon 2015. Dans ce dernier document, il ressort que l option stratégique retenue est le développement des filières de l élevage en vue de permettre au sous-secteur de contribuer non seulement à l amélioration de la sécurité alimentaire, mais aussi à l accroissement des revenus, tout en préservant les ressources naturelles. La réalisation de cette vision prend en compte les principaux enjeux et défis du soussecteur de l élevage au Burkina Faso, que sont : Faire de l élevage un des piliers essentiels du développement rural et du développement économique pour le bien-être des ménages et pour le développement ; Assurer une croissance durable de l offre nationale de produits de l élevage pour la sécurisation des besoins alimentaires des animaux, la maîtrise et la gestion du patrimoine génétique, de la santé animale et des conditions d élevage ; Faire en sorte que l élevage contribue durablement à la sécurité alimentaire en mettant à la disposition de la population des produits animaux de qualité et à moindre coût ; Accroître et améliorer la compétitivité des produits et des filières d élevage en agissant tant sur le maillon production que sur les autres maillons des filières d élevage à travers le renforcement des capacités des producteurs pour l optimisation technico-économique de l utilisation des facteurs de production, ainsi que pour la sécurisation de (i) l accès aux informations utiles relatives aux prix et aux marchés des intrants et des produits et (ii) d une juste interprétation et exploitation de ces informations. En aval de la production, il s agit de permettre aux filières de commercialisation et de transformation de s adapter aux opportunités de marchés ; Gérer de manière durable les ressources naturelles exploitées par le secteur de l élevage pour retrouver un équilibre entre le système d élevage et les ressources naturelles ; 11

Promouvoir un système plus efficient de commercialisation tant au niveau national, sous-régional qu international ; Promouvoir la transformation secondaire par des initiatives orientées vers la transformation au détriment de l exportation de la matière brute ; Appuyer le développement d entreprises de production d emballages ; Appuyer le développement de technologie appropriée ; Appuyer l élaboration de normes notamment sur la viande fraiche (et séchée) et la gestion des résidus post production ; Développer des normes sur les systèmes d emballages et de conditionnement afin d atteindre un label reconnu au niveau international ; Améliorer la collecte et la connaissance des statistiques de la filière ; Réexaminer les taxes d importation des intrants zootechniques et vétérinaires ; Rationaliser l exploitation des ressources par une meilleure dotation, organisation et formation des acteurs des maillons de la filière ; Améliorer la compétitivité de la filière par une incitation à l utilisation des produits locaux ainsi qu à l introduction de nouvelles technologies de traitement des animaux ; Mettre en place des abattoirs de qualité répondant aux normes internationales ou appuyer les abattoirs existants à se mettre à niveau Valoriser les produits résultant de l abattage des animaux (cinquième quartiers, cuir, cornes ). Le Fonds de Développement de l Elevage (FODEL) mis en place avec le soutien de l Etat permet de financer des actions en faveur des acteurs de la filière. Notons aussi que d autres actions d appui sont mise en œuvre par d autres programmes comme le Projet de Dynamisation des Filières Agro Alimentaires (PAFASP) qui prendra fin en 2012. I.1.2. Le cadre règlementaire L Agence de Promotion des Exportations (APEX), Ex ONAC est chargé de la définition des normes de la filière bétail-viande. Au niveau de l APEX, l accent est mis sur la promotion de la qualité et la promotion des exportations. Pour la réalisation de sa mission, l APEX s appuie sur la Stratégie Nationale d Exportation (SNE) nouvellement élaboré pour aider à apporter des solutions au maillon commercialisation à travers la recherche de marché et le respect des normes de qualité. Une structure interne dénommée FASO NORM a en charge ce département. A ce jour, nous notons l élaboration de 29 normes sur les produits de la filière bétail-viande. Toutefois, des insuffisances sont à révéler car il n existe pas de normes pour la viande fraiche et séchée qui constitue pourtant les principaux produits issus de la transformation au Burkina Faso. La question d élaboration de normes pour le conditionnement et l emballage des produits reste une préoccupation majeure. Il est important de noter que l APEX manque de moyens pour intensifier les actions en faveur de la diffusion des normes. Les quelques soutiens apportés aux acteurs se 12

sont limités jusque là à des actions d information et de sensibilisation sur les normes au niveau de deux principales villes que sont Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Beaucoup reste à faire dans ce domaine. I.2. Les principaux produits Les produits de la filière bétail viande sont principalement le bétail sur pied, la viande fraiche et les produits transformés à base de viande par les grilleurs/rôtisseurs et les unités de charcuterie. I.2.1. Le bétail sur pied L élevage constitue la seconde activité économique au Burkina Faso après l agriculture. Les principaux produits 4 de cet élevage sont selon les statistiques de 2009 du MRA se présentent ci-dessous : Les bovins, estimés à 8 233 845 têtes ; Les ovins, estimés à 8 003 164 têtes ; Les caprins, estimés à 11 982 987 têtes ; Les porcins, estimés à 2 124 769 têtes ; Les asins, estimés à 1 029 788 têtes ; Les équins, estimés à 38 168 têtes ; Les camelins, estimés à 16 653 têtes. I.2.2. La viande Le principal produit de transformation de la filière bétail-viande est la viande fraîche. Elle représente l écrasante majorité des produits carnés vendus sur le marché national. Les produits de charcuterie moderne préparés dans les supermarchés sont les pâtés, les boudins, les merguez, le chawarma,. Ils gagnent progressivement du terrain dans les deux principales villes du pays (Ouagadougou et Bobo Dioulasso) et quelques villes secondaires (Ouahigouya, Koudougou), mais la production reste encore faible. On note également une forte transformation artisanale dans la catégorie des aliments de rue et des restaurants de la place. Principalement à partir de la viande fraiche pour obtenir soit de la viande grillée, au four ou fumé, soit simplement des plats à base de viande. On peut donc conclure qu il y a très peu de transformation de type industrielle proprement dite au-delà de la viande fraîche issue des abattoirs. Cela résulterait d une part, de la maîtrise insuffisante des techniques par les professionnels, mais aussi d autre part, des habitudes culturelles et culinaires locales. L exportation concerne très peu la viande au Burkina Faso, l essentiel des exportations se faisant sous la forme d'animaux vivants. La viande commercialisée au Burkina Faso provient pour une très grande part sinon presque en totalité des abattages du cheptel national. On peut distinguer deux types d abattages : les abattages contrôlés et les abattages non contrôlés. Les 4 Source : MRA, 2010. Politique Nationale de Développement Durable de l Elevage au Burkina Faso 13

abattages contrôlés sont ceux enregistrés par les services d élevage, après inspection des viandes et des abats dans les abattoirs. Les abattages non contrôlés comprennent : Les abattages non contrôlés par les services de l élevage et qui rentrent dans le circuit de la commercialisation (abattages clandestins) ; Les abattages domestiques non contrôlés par les services de l élevage et qui sont réalisés dans le cadre des fêtes ordinaires (fêtes de fin d années), des fêtes coutumières (funérailles, intronisation etc.), des fêtes religieuses (Tabaski, ramadan, Pâques, Noël etc.) et des manifestations diverses constituées par les baptêmes, les mariages etc. Les carcasses en gros sont gérées par des chevillards qui confient la vente au détail à des bouchers-détaillants ; lesquels revendent la viande au niveau des boucheries plus ou moins aménagées ou tout simplement au niveau d étalages sommairement aménagés en bordure des marchés. Les nombreuses études menées dans le domaine s accordent à dire que seulement un tiers de la viande consommée au Burkina Faso provient des abattages contrôlés ; l autre partie de la viande consommée provenant des abattages familiaux (filière directe). La production nationale de viande serait de l ordre de 130 000 tonnes par an. En 2009, la quantité de viande produite et contrôlée sur le territoire était de 1 597 788 animaux confondus, soit 39 720 tonnes et se repartit comme suit : I.2.3. Le lait Les vaches adultes représentent 40% des effectifs du cheptel, en 2008 environ 1 779 363 litres de lait a été collecté sur le plan national et 823 860 litres pasteurisé. De plus en plus la production laitière est entrain de prendre de l ampleur à cause de multitude d unités laitières et de laiteries plus ou moins modernes installées dans les différentes villes du Burkina Faso. 14

I.2.4. Les autres produits issus de la transformation Il n existe pas encore de produits issus d une transformation industrielle locale (production de conserves et autres dérivées). Les principaux produits qui existent sont issus de la transformation artisanale ou semi-industrielle ; ce sont les charcuteries, les grillades et les viandes séchées avec différents assaisonnements. À côté de la transformation alimentaire, la filière génère par ailleurs des sous produits non alimentaires tels que les cuirs, les peaux, les cornes et onglons, les excrétas gastriques (fumier), etc.. Les cuirs et peaux En ce qui concerne les cuirs et peaux, une société burkinabè «le groupe Tan-Aliz» est leader et presque seul opérateur dans la collecte et la commercialisation sur l ensemble du territoire national. Une part substantielle des cuirs et peaux est également transformée en produits d artisanat traditionnel et exportés vers le Ghana et le Nigeria pour la consommation humaine. D autres marchés potentiels comme l Espagne et l Italie bénéficient de ces produits secondaires de la filière bétailviande. Les cornes Au plan national, il n existe aucun suivi de la production en cornes ou onglons des ruminants, tant par les grands abattoirs frigorifiques que par les aires d abattage. On estime toutefois à près de 400 tonnes par an la production de cornes. Ce produit est essentiellement utilisé pour l artisanat d objets utilitaires, d objets de décoration et de bijoux. La traction animale et les déjections (fumier) font parti de la chaine des sous-produits de la filière assez valorisé dans les exploitations agricoles du pays. En 2005, on a dénombré environ 1 715 077 bœufs de trait. I.3. Les fonctions I.3.1. Approvisionnement en intrants (alimentation, soins vétérinaires) L alimentation : L alimentation du bétail est un élément central de la chaîne car elle affecte la santé et la productivité des animaux. Elle est une des contraintes majeures de l élevage du bétail au Burkina. Les éleveurs burkinabés alimentent leur bétail avec des aliments traditionnels comme les pâturages naturels (fourrage sur pied, fourrage conservé, résidus de récoltes ou sous produits agricoles et fourrage), et les Sous Produits Agro industriels (SPAI) à forte valeur énergétique et/ou protéique (aliments de bétail, tourteaux de coton, sons et farines basses, drèches de canne à sucre, mélasse de bière sous-produits de rizerie, etc.). A cela s ajoute la ressource Eau. Il faut noter qu en termes d utilisation de ses ressources pastorales, on observe que les paysans et les petits producteurs nourrissent leurs animaux en fonction des saisons et des aléas climatiques. Les aliments traditionnels constituent donc l essentiel de l alimentation du cheptel au Burkina. Le fourrage des parcours naturels existe 15

essentiellement pendant la saison hivernale et sa disponibilité varie selon les zones. Les sous produits agricoles constituent une partie importante de l alimentation du cheptel durant la saison sèche. Ce sont essentiellement les tiges et feuilles de céréales, les rafles et fanes des légumineuses qui restent après les récoltes. Les SPAI (tourteaux de coton, sons et farines basses, drèches de canne à sucre et mélasse de bière) sont surtout utilisés par les producteurs qui font l élevage d embauche comme compléments de l alimentation des animaux. Mais le coût de cette alimentation réduit son utilisation par un grand nombre d éleveurs. Les soins vétérinaires : Les intrants vétérinaires sont surtout les médicaments et les vaccins. Selon certaines sources, les pertes annuelles de bétail pour cause de maladie représentent environ un quart de la valeur totale de la production animale du pays. Les soins vétérinaires sont donc nécessaires pour diminuer l impact très négatif des maladies animales. Les maladies qui frappent le plus les animaux au Burkina Faso sont : la Péri Pneumonie Contagieuse des Bovidés (PPCB), le charbon symptomatique, les pasteurelloses, les Trypanosomoses Animales Africaines (TAA), la maladie de Newcastle, la peste porcine africaine (PPA). La gestion de la santé animale se fait à travers des campagnes de vaccination organisées périodiquement en plus du suivi régulier du cheptel. En 2009 par exemple, la vaccination contre la PPCB (Péripneumonie Contagieuse Bovine) a touché 2 039 562 têtes, et la vaccination contre la Pasteurellose a concerné 1 978 893 têtes. Afin de protéger les consommateurs des viandes insalubres, des saisies d inspection sont menées par les services compétents. Les taux de carcasses saisies sont de 0.48% pour les bovins, 0.28% pour les bovins et 0.12% pour les caprins (DSA, 2007). I.3.2. Production : Le Burkina Faso est un pays sahélien qui jouit d un avantage comparatif naturel à produire des bovins, des petits ruminants et dans une moindre mesure des camelins exportables. L'élevage constitue après l agriculture la deuxième activité du secteur primaire au Burkina. Systèmes de production La typologie de production reste majoritairement le système d élevage traditionnel (pastoral et agropastoral) qui dépend fortement de l accès aux ressources naturelles (disponible alimentaire et d eau) et aux intrants vétérinaires et zootechniques (sousproduits agro industriels et, médicaments vétérinaire). On peut distinguer trois systèmes d élevage bovin et ovin 5 : 5 CILSS/ Pr. Yalacé Y. KABORET Juillet 2010 16

(1) Système pastoral Le système pastoral, avec des troupeaux relativement importants de bovins et de petits ruminants, est basé sur l exploitation extensive des ressources naturelles sans recours aux intrants zootechniques, à l exception des années avec déficit fourrager critique. Ce type d élevage repose sur la mobilité ou transhumance des éleveurs et des troupeaux à la recherche de l eau et des pâturages pendant la longue période de saison sèche (8 à 10 mois) et sur une faible utilisation d intrants vétérinaires (vaccination en partie des bovins, chimio-prophylaxie contre la trypanosomose). Dans le contexte sahélien et du changement climatique, le pastoralisme apparaît comme la seule forme appropriée de mise en valeur des espaces naturels et de gestion des terres fragiles, et de conservation des écosystèmes du Sahel. La productivité de ce mode d élevage est supérieure à celle de l élevage sédentaire, car il exploite au mieux la variabilité géographique et temporelle des pâturages et des ressources en eau6. En revanche, il est très rigide car il ne s'adapte pas très facilement à l'évolution du contexte des marchés régionaux et internationaux. La transhumance pastorale est aujourd hui menacée par: une progression du front agricole (au rythme de 3% au Burkina Faso) privant les troupeaux de l accès au pâturage et au point d eau ; l'inégale répartition des points d'eau dans l'espace, qui ne permet pas une valorisation optimale de la ressource en pâturage ; une réduction globale des terres de parcours ; une obstruction des pistes à bétail ; de nombreux conflits de cohabitation entre éleveurs et agriculteurs, du fait de l insécurité foncière et la difficulté de gestion des parcours ; difficultés quant à l'accès et à l utilisation des ressources partagées pour la transhumance transfrontalière. (2) Système agropastoral Il utilise un mode sédentaire basé sur une exploitation extensive des ressources fourragères avec des troupeaux de bovins et d ovins de plus petite taille qui bénéficient pour certains d une alimentation complémentaire. Les paysans nourrissent leurs animaux en fonction des saisons et des aléas climatiques. Lors de la saison des pluies, les animaux sont nourris à base d herbes (graminées, légumineuses) et de sous-produits artisanaux (son). Tout au long de la longue saison sèche (8 à 10 mois), les éleveurs font preuve de rationnement et de bonne gestion afin de maintenir la santé de l animal à son plus haut niveau car les ressources fourragères sont insuffisantes en termes de quantité et de qualité et l eau devient une ressource extrêmement rare. La base de l alimentation du bétail est alors composée de pailles, de résidus de cultures (fanes de niébé, d arachide et de dolique) et de suppléments issus de sous-produits (son de mil, de maïs et de sorgho ; tourteaux et parfois concentrés pour les ovins notamment). 6 GIRAUd P.-N.. Une évaluation économique des programmes d hydraulique pastorale au Tchad.Paris-CERNA, mai 2005 : 37p cité par cité par Pr. Yalacé Y. KABORET 17

(3) Système intensif ou semi-intensif d embouche (stabulation permanente ou temporaire durant quelques mois), La production intensive de bétail se rencontre principalement dans les zones urbaines ou périurbaines mais également dans certains villages. Ce système utilise en grande quantité des sous produits agricoles et agro-industriels et d intrants vétérinaires achetés pour soutenir les productions animales. Les coûts de production sont donc relativement élevés. Le mode d exploitation est tourné vers le marché. Il est à noter que dans ce système de production, on peut distinguer l embouche paysanne pratiquée par les agro-éleveurs en milieu rural (1 à 5 moutons ou 1 à 3 bovins) et l embouche commerciale pratiquée par des fonctionnaires, des commerçants et des professionnels Techniques et équipements : Les équipements de production sont artisanaux. Les acteurs qui font l embouche utilisent des charrettes, des brouettes, des mangeoires, des abreuvoirs, et du petit matériel (dabas, râteaux, pelles, etc.). Contraintes de production : Les principales contraintes au niveau de la production sont entre autres : la faible productivité et la prédominance du mode d'élevage extensif ; la précarité de l alimentation du cheptel qui est une des causes majeures de la faiblesse de la productivité animale ; le manque de parcs d élevage, d embouches périurbaines, d entrepôts (pour le fourrage et les autres intrants d embouche industrielle) ; l amenuisement des ressources pastorales du fait des crises climatiques (sécheresses) ; le renchérissement des prix des aliments concentrés, les sous-produits agroindustriels tels que le tourteau de coton en l occurrence les maladies animales qui ont pour conséquence, des pertes annuelles qui représentent environ un quart de la valeur totale de la production animale ; la faible valorisation du potentiel génétique des races locales qui limite leur performance ; le manque de connaissance des techniques d embouche ; la faible liaison production marché ; le manque de contrôle des normes sanitaires. la faible structuration et professionnalisation des acteurs ; la faiblesse du financement public du sous-secteur de l élevage. l inondation, l urbanisation galopante et la progression du front agricole (5 % par an) ; des conflits récurrents, quelque fois meurtriers, entre agriculteurs et éleveurs et le climat de tension permanente entre les deux (2) communautés qui remettent en 18

cause la cohabitation nécessaire entre ces principales catégories d acteurs du développement rural ; l insécurité qui tend à se généraliser et à s aggraver en milieu rural, avec des agressions visant à délester les populations entre autres de leur bétail et des recettes provenant de la vente du bétail. Cette insécurité est de nature à entraver l exécution normale des actions de développement de l élevage dans certaines régions du pays. I.3.3. Transformation : Au Burkina Faso, les systèmes agropastoraux assurent près de 60% des carcasses bovines produites au niveau national et fournissent plus de 40% des exportations nationales. Le détail des effectifs abattus en 2008 par espèces permet de constater une prédominance des caprins (55%), suivie de loin par les ovins (18%) et les bovins (13%). En 2006, la production nationale de viande a été de l ordre de 130 000 tonnes. On note deux types d abattages : les abattages contrôlés et les abattages clandestins. Pour ce dernier type d abattage, il n existe pas de données fiables. En 2008, les abattages contrôlés ont permis de mettre à la disposition de la population 38 972 tonnes de viandes (contre 31 425 tonnes en 2006) dont 33 000 tonnes de ruminants et camelins. Il n existe pas de transformation industrielle (production de conserves et autres dérivés) de viande au Burkina Faso. La viande elle-même est le premier produit de transformation dans la chaîne de la filière bétail viande. Des activités de transformation artisanale et semi-industrielle sont réalisées par des bouchers, rôtisseurs/grilleurs et charcutiers. Les principaux produits que ces différents acteurs sont les carcasses de viandes (abattoirs), les viandes traitées (boucheries modernes), les charcuteries (boucheries/charcuteries modernes), grillades et viandes séchées (boucheries/charcuteries traditionnelles). On constate depuis ces trois dernières années que le secteur de la charcuterie est en pleine croissance avec l implantation et le développement d unités semiindustrielles notamment dans les grandes villes. On en dénombre une dizaine à Ouagadougou dont la plupart sont en lien avec les supermarchés ; en plus de quelques charcuteries de petites tailles. I.3.4. Commercialisation : L offre Depuis 1999, la production mondiale de viande bovine oscille entre 49 et 51 millions de tonnes. Concernant l offre de viande au niveau nationale, des statistiques fiables ne sont pas disponibles mais en 2006, le Burkina a produit 130 000 tonnes de viandes ; ce qui est bien en deçà des besoins internes et externes de viande du Burkina Faso. 19

L offre de bétail du Burkina, est estimée en 2009 à 3 537 260 7 têtes. De façon plus détaillée et sur ces dernières années l évolution des offres du bétail dans les marchés est la suivante Espèces 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Bovins 505 499 307 971 546 720 529 712 535 145 540 539 568 195 Camelins 876 936 823 549 718 3 685 Caprins 1 973 937 472 110 711 896 716 981 708 850 717 196 818 912 Ovins 645 725 524 675 771 877 911 188 694 033 647 611 693 862 Ensemble 3 125 161 1 768 338 2 733 437 2 743 877 2 769 2 765 3 537 260 372 299 Il est à noter que l offre pour les exportations est variable (comme l illustre le tableau ci-dessus). Elle est étroitement liée au déstockage des animaux tenant lui-même au croit naturel des espèces, aux incitations économiques (forte demande), mais aussi à la pluviométrie, à la quantité de fourrage produit et au prix des céréales. L année suivante est marquée par une reconstitution du stock, donc une diminution des mises en vente et des exportations. L offre de bétail dépend également des prix pratiqués sur les marchés. Malgré ces chiffres, la marge de manœuvre du potentiel de l offre de bétail du Burkina est toujours énorme même avec un faible degré d amélioration des conditions et des techniques d élevage et d embouche. La demande La demande en bétail viande du Burkina est une demande aussi bien interne qu externe. La demande interne est essentiellement composée de celle des transformateurs (bouchers, les abattoirs, les charcuteries, etc.) et des exportateurs. La demande externe est surtout dominée par celle de la sous-région avec les pays comme la Côte d Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et maintenant le Nigeria qui tirent la demande régionale globale. L évolution des exportations de 2004 à 2009 se présente comme suit : Depuis 2009, le Ghana s avère être le premier pays importateur de bovins sur pied du Burkina. En dépit des fluctuations enregistrées sur les échanges de ces dernières 7 MRA/DGPSE, 2009 20