Définitions et exercices de logique

Documents pareils
Chapitre 2. Eléments pour comprendre un énoncé

IUT de Laval Année Universitaire 2008/2009. Fiche 1. - Logique -

Logique. Plan du chapitre

Logique : ENSIIE 1A - contrôle final

Pour l épreuve d algèbre, les calculatrices sont interdites.

Exercices - Polynômes : corrigé. Opérations sur les polynômes

Université Paris-Dauphine DUMI2E 1ère année, Applications

Capacité d un canal Second Théorème de Shannon. Théorie de l information 1/34

Plus petit, plus grand, ranger et comparer

Chapitre 1 : Évolution COURS

a et b étant deux nombres relatifs donnés, une fonction affine est une fonction qui a un nombre x associe le nombre ax + b

Calcul fonctionnel holomorphe dans les algèbres de Banach

Souad EL Bernoussi. Groupe d Analyse Numérique et Optimisation Rabat http ://

Manuel d utilisation 26 juin Tâche à effectuer : écrire un algorithme 2

Résolution d équations non linéaires

Date : Tangram en carré page

Groupe symétrique. Chapitre II. 1 Définitions et généralités

Exercices - Fonctions de plusieurs variables : corrigé. Pour commencer

Introduction à l étude des Corps Finis

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes.

Comparaison de fonctions Développements limités. Chapitre 10

Les devoirs en Première STMG

La persistance des nombres

Exo7. Matrice d une application linéaire. Corrections d Arnaud Bodin.

Fonctions homographiques

Chapitre 3. Les distributions à deux variables

Extrait du poly de Stage de Grésillon 1, août 2010

Chap17 - CORRECTİON DES EXERCİCES

Probabilités sur un univers fini

Moments des variables aléatoires réelles

Image d un intervalle par une fonction continue

Texte Agrégation limitée par diffusion interne

Cours de mathématiques

Représentation d un entier en base b

EXERCICE 4 (7 points ) (Commun à tous les candidats)

Exo7. Calculs de déterminants. Fiche corrigée par Arnaud Bodin. Exercice 1 Calculer les déterminants des matrices suivantes : Exercice 2.

Qu est-ce qu une probabilité?

Activités numériques [13 Points]

Probabilités conditionnelles Exercices corrigés

III- Raisonnement par récurrence

Cégep de Saint Laurent Direction des communications et Direction des ressources technologiques. Projet WebCSL : Guide de rédaction web

THEME : CLES DE CONTROLE. Division euclidienne

Items étudiés dans le CHAPITRE N5. 7 et 9 p 129 D14 Déterminer par le calcul l'antécédent d'un nombre par une fonction linéaire

Exercices de dénombrement

L import massif introduit plusieurs nouvelles fonctionnalités, selon que l on importe un thésaurus, un ensemble de valeurs contrôlées ou un corpus.

Architecture des ordinateurs TD1 - Portes logiques et premiers circuits

Un K-espace vectoriel est un ensemble non vide E muni : d une loi de composition interne, c est-à-dire d une application de E E dans E : E E E

Une forme générale de la conjecture abc

Chapitre 3. Mesures stationnaires. et théorèmes de convergence

Première partie. Préliminaires : noyaux itérés. MPSI B 6 juin 2015

Probabilités sur un univers fini

I. Introduction. 1. Objectifs. 2. Les options. a. Présentation du problème.

Problèmes de Mathématiques Filtres et ultrafiltres

Conversion d un entier. Méthode par soustraction

Programmation linéaire

Initiation à la Programmation en Logique avec SISCtus Prolog

* très facile ** facile *** difficulté moyenne **** difficile ***** très difficile I : Incontournable T : pour travailler et mémoriser le cours

Transmission d informations sur le réseau électrique

Chap 4: Analyse syntaxique. Prof. M.D. RAHMANI Compilation SMI- S5 2013/14 1

6. Les différents types de démonstrations

Consignes pour les travaux d actualité Premier quadrimestre

Continuité en un point

ÉPREUVE COMMUNE DE TIPE Partie D

Chapitre 11. Séries de Fourier. Nous supposons connues les formules donnant les coefficients de Fourier d une fonction 2 - périodique :

CORRIGE LES NOMBRES DECIMAUX RELATIFS. «Réfléchir avant d agir!»

Sur certaines séries entières particulières

Programmation linéaire et Optimisation. Didier Smets

Puissances d un nombre relatif

Chapitre 6. Fonction réelle d une variable réelle

Probabilité. Table des matières. 1 Loi de probabilité Conditions préalables Définitions Loi équirépartie...

Les nombres entiers. Durée suggérée: 3 semaines

Logique binaire. Aujourd'hui, l'algèbre de Boole trouve de nombreuses applications en informatique et dans la conception des circuits électroniques.

108y= 1 où x et y sont des entiers

TS 35 Numériser. Activité introductive - Exercice et démarche expérimentale en fin d activité Notions et contenus du programme de Terminale S

Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire

Chapitre I Notions de base et outils de travail

Formes quadratiques. 1 Formes quadratiques et formes polaires associées. Imen BHOURI. 1.1 Définitions

Bases de données documentaires et distribuées Cours NFE04

Compression Compression par dictionnaires

Suites numériques 3. 1 Convergence et limite d une suite

Fluctuation d une fréquence selon les échantillons - Probabilités

Définition 0,752 = 0,7 + 0,05 + 0,002 SYSTÈMES DE NUMÉRATION POSITIONNELS =

Hier, Mathilde rencontrer son professeur. A pu A pue. Les animaux.malades pendant une courte période. Sont été Ont été Sont étés

Cours 1 : Introduction Ordinateurs - Langages de haut niveau - Application

Factorisation Factoriser en utilisant un facteur commun Fiche méthode

Représentation des Nombres

PRIME D UNE OPTION D ACHAT OU DE VENTE

I. Cas de l équiprobabilité

Le chiffre est le signe, le nombre est la valeur.

Polynômes à plusieurs variables. Résultant

Développements limités, équivalents et calculs de limites

Bases de données documentaires et distribuées Cours NFE04

Eteindre. les. lumières MATH EN JEAN Mme BACHOC. Elèves de seconde, première et terminale scientifiques :

Expression des contraintes. OCL : Object C o n t r a i n t L a n g u a g e

Cours d introduction à l informatique. Partie 2 : Comment écrire un algorithme? Qu est-ce qu une variable? Expressions et instructions

Développements limités. Notion de développement limité

Probabilités. C. Charignon. I Cours 3

DOCM Solutions officielles = n 2 10.

Créer le schéma relationnel d une base de données ACCESS

Transcription:

Chapitre 1 Définitions et exercices de logique Ce document vise à fournir les définitions en français de certaines notions du chapitre 1 du livre de référence Discrete Mathematics and its applications, Seventh Edition de K. H. Rosen ainsi que certains exercices qui seront faits en équipe lors du premier cours de MAT210. Il ne constitue pas des notes de cours complètes. Plusieurs exemples et définitions seront traités au tableau. Pour vous préparer à l examen, consultez la liste des exercices suggérés sur le site du cours. 1.1 Logique Définition 1.1 Un énoncé qui est soit vrai, soit faux est appelé une proposition. Un énoncé qui n est pas une proposition (comme un paradoxe, une phrase impérative ou interrogative) sera qualifié d inacceptable. Exercice 1.1 Déterminez si la phrase suivante est une proposition ou non. Si oui, précisez s il s agit d une proposition vraie ou d une proposition fausse. (a) Le nombre 7 est pair. (b) 2+3=6 (c) Où est Montréal? (d) (e) (f) Dépêchez-vous. Il pleut actuellement quelque part sur la ville de Montréal. Il y a actuellement un nuage dans le ciel de la ville de Montréal. (g) x < 5 (h) 3<3 2 (i) (j) (k) (l) Tous les nombres positifs sont strictement inférieurs à leur carré. Je mens toujours. L entier 19 est un nombre premier. Le présent énoncé est faux. (m) L entier 427741 est un nombre premier. 1

2 CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET EXERCICES DE LOGIQUE Il n est pas nécessaire de connaître la valeur de vérité d une proposition pour savoir qu il s agit bien d une proposition. La dernière phrase est une proposition car soit le nombre 427 741 est premier (et alors la proposition serait vraie), soit il n est pas premier (et la proposition serait fausse). En fait, ce nombre n est pas premier car 521 821 = 427741. On peut construire de nouvelles propositions à partir de propositions existantes en utilisant des connecteurs logiques :. Définition 1.2 Soient p et q des propositions. p L énoncé «il n est pas vrai que p» est une nouvelle proposition. On l appelle la négation de p et on la note p (lire «non p»). La proposition p est vraie quand p est fausse et elle est fausse quand p est vraie. p q L énoncé «p et q» est une nouvelle proposition. On l appelle la conjonction de p et de q et on la note p q. La proposition p q est vraie uniquement quand p et q sont vraies. p q L énoncé «p ou q» est une nouvelle proposition. On l appelle la disjonction de p et de q et on la note p q. La proposition p q est fausse uniquement quand p et q sont fausses. Elle est vraie quand une ou l autre ou les deux propositions sont vraies. p q L énoncé «p ou exclusif q» est une nouvelle proposition. On l appelle la disjonction exclusive de p et de q et on la note p q. La proposition p q est vraie uniquement quand une seule des propositions p et q est vraie. p q L énoncé «p implique q» est une nouvelle proposition. On dit que c est une implication ou un énoncé conditionnel, et on le note p q. La proposition p q est fausse uniquement quand p est vraie et q est fausse. Voici quelques formulations différentes pour l implication p q : «si p alors q» «q si p» «p est une condition suffisante pour q» «q est une condition nécessaire pour p» «p seulement si q» p q L énoncé «p si et seulement si q» est une nouvelle proposition. On la note p q et on l appelle biconditionnelle. La proposition p q est vraie uniquement quand p et q ont les mêmes valeurs de vérité. Résumons toute l information fournie par la définition 1.2 grâce à une table de vérité. p q p p q p q p q p q p q V V V F F V F F

1.1. LOGIQUE 3 Le symbole V (vrai) sera parfois désigné par T (true) ou 1. Le symbole F (faux) sera parfois désigné par F (false) ou 0. Les écrans suivants montrent la syntaxe utilisée par le logiciel et la calculatrice Nspire pour les connecteurs logiques. Définition 1.3 la réciproque de la proposition p q est la proposition q p. La contraposée de la proposition p q est la proposition q p. L inverse de la proposition p q est la proposition p q. Exercice 1.2 Attention à la confusion possible entre «SI» et «SEULEMENT SI». Soit d la proposition «Tu as un diplôme de l ÉTS». Soit e la proposition «Je t embauche». Soit p la proposition «Tu as deux ans d expérience.» Écrivez les propositions suivantes en utilisant les lettres d, e et p et les connecteurs logiques. (a) «Je t embauche si tu as un diplôme de l ÉTS.» (b) «Je t embauche seulement si tu as un diplôme de l ÉTS.» (c) «Si tu n as pas de diplôme de l ÉTS, alors je ne t embauche pas.» (d) «Je t embauche si et seulement si tu as un diplôme de l ÉTS.» (e) «Si je ne t embauche pas, alors tu n as pas un diplôme de l ÉTS.» (f) «Je t embauche si tu as un diplôme de l ÉTS et deux ans d expérience.». (g) «Je t embauche seulement si tu as un diplôme de l ÉTS ou deux ans d expérience.» De plus, indiquez laquelle des propositions précédente est la réciproque de la proposition énoncée en (a), laquelle est sa contraposée et laquelle est son inverse.

4 CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET EXERCICES DE LOGIQUE Exercice 1.3 Soit a la proposition «Le nombre 7 est pair.», soit b la proposition «2 + 3 = 6», et ainsi de suite en utilisant les mêmes lettres qu à l exercice 1.1 pour désigner les propositions. Complétez les phrases suivantes en ajoutant les mots VRAIE, FAUSSE ou encore la phrase ou les symboles appropriés. (a) La négation de a est notée a et se lit «il n est pas vrai que le nombre 7 est pair.» ou «Le nombre 7 n est pas pair.». La proposition a est. (b) La conjonction de e et de f est notée et se lit «Il pleut actuellement quelque part sur la ville de Montréal et il y a actuellement un nuage dans le ciel de la ville de Montréal.». (c) La conjonction b k est une proposition. Elle se lit «2+3=6et 19 est un nombre premier». (d) (e) (f) (g) La disjonction b k, qui se lit «2+3 = 6 ou 19 est un nombre premier», est une proposition. La disjonction h k, qui se lit «3 < 3 2 ou 19 est un nombre premier», est une proposition. La disjonction exclusive h k, qui se lit «ou bien 3 < 3 2, ou bien 19 est un nombre premier, mais pas les deux», est une proposition. La disjonction exclusive h b, qui se lit «ou bien 3<3 2, ou bien 2+3=6, mais pas les deux», est une proposition. (h) La disjonction exclusive m b est une proposition. (i) (j) L implication k h se lit «si l entier 19 est un nombre premier alors 3 < 3 2». C est une proposition. L implication m b se lit «si l entier 19 est un nombre premier alors 2+3 = 6». C est une proposition. (k) L implication b h se lit «si 2+3=6 alors 3<3 2» est une proposition. (Cela peut être surprenant, il faut revoir la définition de l implication attentivement.) (l) L implication b a se lit «si 2+3 = 6 alors le nombre 7 est pair.». C est une proposition. (m) La biconditionnelle b h se lit «2+3 = 6 si et seulement si 3 < 3 2». C est une proposition. (n) «Le Groendland est une île si et seulement si l ÉTS est une école de génie» est une proposition. (o) Vous trouvez cette phrase étrange? C est que la logique propositionnelle traite du raisonnement sur les propositions indépendamment du sens des propositions. Écrivez en mots la proposition e f ainsi que sa réciproque, sa contraposée et son inverse. Exercice 1.4 Considérons le détecteur d erreurs très rudimentaire suivant : lors de la transmission d un message (disons par paquets de 7 bits), on ajoute un bit de parité au train de bits : 0 si la somme des bits est paire et 1 si elle est impaire. Lors de la réception, on vérifie si le bit de parité correspond ou non à la parité du message reçu. Si le bit de parité n est pas bon, alors on sait qu il y a eu au moins une erreur au cours de la transmission. (Nous noterons cette dernière proposition P1.) Par exemple, 111 0001 devient 0111 0001 101 0001 devient 1101 0001

1.1. LOGIQUE 5 (a) Peut-on conclure que la proposition suivante est vraie? «Si le bit de parité est bon, alors il n y a pas eu d erreur au cours de la transmission.» (P2) (b) Peut-on conclure que la proposition suivante est vraie? «S il n y a pas eu d erreur au cours de la transmission, alors le bit de parité est bon.» (P3) (c) Peut-on conclure que la proposition suivante est vraie? «S il y a eu au moins une erreur au cours de la transmission, alors le bit de transmission n est pas bon.» (P4) (d) Peut-on conclure que la proposition suivante est vraie? «S il y a eu un nombre impair d erreur au cours de la transmission, alors le bit de transmission n est pas bon.» (P5) (e) Soit b la proposition «Le bit de parité est bon». Soit e la proposition «Il y a eu au moins une erreur au cours de la transmission.» Écrivez les propositions P1 à P4 en utilisant les lettres b et e et les connecteurs logiques. (f) Indiquez laquelle des propositions est la réciproque de P1 et laquelle est sa contraposée. Priorité des connecteurs logiques La priorité des opérations arithmétiques est une convention qui dicte dans quel ordre effectuer les opérations. Elle permet de réduire le nombre de parenthèses d une expression sans diminuer sa clarté. Par exemple, on peut omettre 4 parenthèses dans l expression 2+(3 (2 2 )). 2+3 2 2 = 2+(3 (2 2 ))=2+(3 4)= 2+12= 14 Il en va de même avec la priorité des connecteurs logiques. Voici les listes de priorité des opérations arithmétiques (un petit rappel!) et des connecteurs logiques. Priorité des opérations arithmétiques 1 Parenthèses, de l intérieur vers l extérieur. 2 Exposants. 3 4 + Priorité des connecteurs logiques 1 Parenthèses, de l intérieur vers l extérieur. 2 3 4 5 6 Ainsi, p q r est équivalent à (p q) r. Exercice 1.5 p q r Ajoutez toutes les parenthèses dans les expressions suivantes. p q r Ôtez les parenthèses inutiles dans les expressions suivantes. ( p q ) (p q) (q p) (( p ) q )

6 CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET EXERCICES DE LOGIQUE Exercice 1.6 Construisez la table de vérité de la proposition composée suivante. De plus, trouvez une expression plus simple ayant la même table de vérité. (a) (p q) (p q) Bien que certaines parenthèses soient inutiles avec la priorités des connecteurs, il arrive souvent qu on les ajoute pour un maximum de clarté. p q p q p q (p q) (p q) V V V F F V F F (b) (p q) ( p q) 1.2 Applications Quelques exemples seront donnés au tableau. Cohérence d un ensemble de spécifications. Énigmes logiques. Recherches booléennes. Opérations sur les chaînes de bits. Exercice 1.7 Déterminez si cet ensemble de spécifications est cohérent ou non. Autrement dit, estil possible de satisfaire toutes ces spécifications en même temps? Si oui, comment? (Rosen, page 18.) 1. Le message diagnostique est placé dans la mémoire tampon ou il est retransmis. 2. Le message diagnostique n est pas placé dans la mémoire tampon. 3. Si le message diagnostique est placé dans la mémoire tampon, alors il est retransmis. Avec l ajout de la quatrième spécification ci-dessous, le nouvel ensemble est-il cohérent? 4. Le message diagnostique n est pas retransmis. Exercice 1.8 Déterminez si cet ensemble de spécifications est cohérent ou non. (Rosen, page 23 numéro 10.) Présentez au moins une solution «manuelle», i.e. sans utilisation de la technologie. 1. Durant la mise à jour du logiciel, les utilisateurs n ont pas accès au "file system". 2. Si un utilisateur a accès au "file system", alors il peut enregistrer un nouveau fichier. 3. Si les usagers ne peuvent enregistrer de nouveaux fichiers, alors la mise à jour de logiciel n a pas lieu.

1.3. ÉQUIVALENCES PROPOSITIONNELLES 7 Exercice 1.9 Effectuez les opérations suivantes. 1. 1001 0101 2. 1001 0101 3. 1001 0101 1.3 Équivalences propositionnelles Définition 1.4 Une proposition composée qui est toujours vraie, quelle que soit la valeur de vérité des propositions qui la composent, est appelée une tautologie. Une proposition composée qui est toujours fausse est appelée une contradiction. Une proposition qui n est ni une tautologie ni une contradiction est appelée une contingence. Définition 1.5 Les propositions p et q sont dites logiquement équivalentes si la proposition p q est une tautologie. Ainsi, deux propositions sont logiquement équivalentes si elles ont la même table de vérité, c est-à-dire la même valeur de vérité dans tous les cas possibles. Les notations p q et p q signifient que p et q sont logiquement équivalentes. Exercice 1.10 Vérifiez les équivalences suivantes à l aide d une table de vérité. 1. p q p q 2. (p q) p q 3. p (q r ) (p q) (p r ) Exercice 1.11 Vérifiez que la proposition suivante est une tautologie (p q) q Sans l aide d une table de vérité, en utilisant les tableaux d équivalences 6, 7 ou 8. À l aide d une table de vérité. Avec Nspire. Exercice 1.12 Déterminez si les 2 propositions suivantes sont équivalentes. (p q) r et p (q r )

8 CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET EXERCICES DE LOGIQUE 1.4 Prédicats et quantificateurs Un énoncé contenant une ou plusieurs variables tel que x< 10 ou x+ 2=7 y n est pas une proposition puisque, tant que la valeur de x n est pas connue, on ne peut dire s il est vrai ou faux. Terminologie. Dans l énoncé x < 10 x est le sujet, «est inférieur à 10» est le prédicat. Notons P(x) l énoncé x < 10. On dit que P(x) est une fonction propositionnelle. C est une fonction qui prend la valeur vraie ou faux quand x est précisé. Par exemple : P(8) est une proposition vraie P(13) est une proposition fausse P(Julie) n est pas une proposition, car Julie n est pas une valeur possible pour la variable x. L ensemble des valeurs possibles pour la variable x est appelé univers du discours, ou domaine de la fonction P(x). Définition 1.6 Les quantificateurs. : quantificateur universel : quantificateur existentiel xp (x) signifie «P(x) est vraie pour toutes les valeurs de x dans l univers du discours». Ou encore «Quelque soit la valeur de x (dans l univers du discours), P(x) est vraie.» xp (x) signifie «Il existe au moins un élément x de l univers du discours tel que P(x) est vraie». Exercice 1.13 Si l univers du discours est l ensemble des nombres réels et P(x) désigne «x 0» Q(x) désigne «x est un nombre premier» R(x) désigne «3 x + 4 x = 5 x» S(x) désigne «x 100» dites si chacune des propositions suivantes est vraie ou fausse. (a) (b) x P(x) x P(x) (c) x P(x 2 ) (d) x P(x) (e) (f) x P(x) x Q(x) (g) x Q(x 2 ) (h) x R(x) (i) P(x) (j) (k) x ( S(x) P(x) ) ( ) ( ) x P(x) x S(x)

1.4. PRÉDICATS ET QUANTIFICATEURS 9 FIG. 1.1 Exemple de grille du jeu de Sudoku. Exercice 1.14 Considérons le jeu de Sudoku de 9 lignes et 9 colonnes. Désignons C (i, j,k) l énoncé «la case située dans la ligne i et la colonne j contient le nombre k. L univers du discours pour les variables i, j et k est l ensemble des nombres entiers compris entre 1 et 9 inclusivement. Traduisez clairement les règles suivantes à l aide des quantificateurs. 1. Il y a au moins un chiffre par case. 2. Il y a au plus un chiffre par case. 3. Chaque chiffre apparaît dans chaque colonne. 4. Chaque chiffre apparaît dans chaque ligne. 5. Chaque chiffre apparait une seule fois sur une ligne. 6. Chaque chiffre apparait une seule fois sur une colonne. 7. Chaque chiffre apparait une seule fois dans un bloc. (La grille est constituée de 9 blocs 3 par 3, voir figure 1.1.) Théorème 1.1 Lois de de Morgan pour les quantificateurs. xp(x) x P(x) xp(x) x P(x) Exercice 1.15 Si l univers du discours est l ensemble des employés de l ÉTS et M(x) désigne l énoncé «L employé x peut modifier les fichiers du répertoire U», traduisez clairement les propositions suivantes à l aide des quantificateurs. (a) Tous les employés de l ÉTS peuvent modifier les fichiers du répertoire U. (b) Il est faux que tous les employés de l ÉTS peuvent modifier les fichiers du répertoire U. (c) Au moins un employé de l ÉTS peut modifier les fichiers du répertoire U. (d) Il est faux qu au moins un employé de l ÉTS peut modifier les fichiers du répertoire U. (e) Aucun employé de l ÉTS ne peut modifier les fichiers du répertoire U. (f) Au moins un employé de l ÉTS ne peut pas modifier les fichiers du répertoire U. De plus, déterminez les propositions ci-dessus qui sont équivalentes.

10 CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET EXERCICES DE LOGIQUE Exercice 1.16 Si l univers du discours est l ensemble des billes contenues dans un bol, et si G(x) désigne «la bille x est grosse» R(x) désigne «la bille x est rouge» J(x) désigne «la bille x est jaune» B(x) désigne «la bille x est bleue» traduisez clairement les propositions suivantes en prenant soins de bien formuler les phrases. (a) x ( R(x) J(x) ) (b) ( x R(x) ) ( x J(x) ) (c) Les propositions a) et b) sont-elles équivalentes? (d) (e) (f) (g) (h) x B(x) ( x B(x)) Utilisez le quantificateur universel pour écrire une proposition équivalente à la précédente. ( x R(x)) Utilisez le quantificateur existentiel pour écrire une proposition équivalente à la précédente. (i) x (G(x) B(x)) (j) x ( G(x) B(x) ) (k) x G(x) x B(x) (l) Les deux propositions précédentes sont-elles équivalentes? (m) Les deux propositions suivantes sont-elles équivalentes? x R(x) x J(x) et x ( R(x) J(x) ) 1.5 Quantificateurs imbriqués Exemple 1.1 Soit E un ensemble d employés et R l ensemble des répertoires de leur système informatique. Désignons M (x,b ) l énoncé «l employé x peut modifier le répertoire B». Et L(x,B ) l énoncé «l employé x peut lire le répertoire B». Exprimez la proposition suivante à l aide de quantificateurs et des fonctions propositionnelles M et L. «Il existe un répertoire pouvant être lu par tous les employés» B R, x E,L(x,B) ou B x L(x,B) Dans la deuxième expression, on peut déduire quels sont les ensembles de références en observant la position de la variable dans le prédicat. Première variable : employé. Deuxième variable : répertoire.

1.5. QUANTIFICATEURS IMBRIQUÉS 11 Plusieurs étudiants éprouvent des difficultés avec les quantificateurs universel et existentiel, particulièrement lorsqu ils sont imbriqués. Voici deux conseils, suivis de quelques exemples utilisant les mêmes fonctions propositionnelles M et L. Mais attention de ne pas toujours chercher le truc, il faut vraiment réfléchir au sens de la phrase. 1. Récrire la phrase sous forme passive avant de traduire du français à l expression logique. 2. Placer les sujets du prédicat au début de la phrase. Dans les exemples suivants, on demande encore d exprimer la proposition à l aide de quantificateurs et des fonctions propositionnelles M et L. De plus, le symbole de négation ne doit apparaître que devant les propositions simples (pas devant un quantificateur ni devant une proposition contenant un ou des connecteurs). Exemple 1.2 Chaque employé peut modifier au moins un répertoire. Réécrivons d abord cette phrase sous forme passive avec les sujets du prédicat au début. Ajoutons aussi les variables x et B. Pour chaque employé x, il existe au moins un répertoire B (qui dépend de l employé x) qui peut être modifié par l employé x. Passons ensuite à l expression logique. x E, B R,M(x,B) Attention! Puisque le répertoire B dépend de l employé x, B apparaît après x. Chaque employé peut modifier un répertoire, mais il ne s agit peut-être pas du même répertoire. Erreur type : inversion des quantificateurs. B R, x E,M(x,B) Ceci signifie : il existe au moins un répertoire B tel que, pour chaque employé x, x peut modifier B. Ou encore : il existe au moins un répertoire pouvant être modifié par tous les employés. Exemple 1.3 Il est faux de dire que chaque employé peut modifier au moins un répertoire. Comme nous l avons vu avec les lois de De Morgan (1.1), on construit la négation d une proposition contenant un quantificateur en changeant pour ou réciproquement puis en remplaçant la proposition quantifiée par sa négation. Ainsi, en appliquant deux fois cette règle, on obtient ( x E, B R,M(x,B)) x E ( B R,M(x,B) ) x E B R, M(x,B)

12 CHAPITRE 1. DÉFINITIONS ET EXERCICES DE LOGIQUE Exemple 1.4 Guy peut modifier tous les répertoires que Manon peut lire. Forme passive : Chaque répertoire qui peut être lu par Manon peut être modifié par Guy. Puisqu il s agit d une implication, introduisons les mots si... alors... Pour chaque répertoire B, si ce répertoire B peut être lu par Manon, alors ce répertoire B peut être modifié par Guy. B R,L(M anon,b) M(Gu y,b) Exemple 1.5 Il est faux de dire que Guy peut modifier tous les répertoires que Manon peut lire. Appliquons une des lois de De Morgan puis utilisons ensuite les tables des équivalences logiques pour trouver une proposition équivalente où le symbole de négation n apparaît que devant les propositions simples : (p q) p q. ( B R,L(M anon,b) M(Gu y,b)) B R, (L(M anon,b) M(Gu y,b)) B R,(L(M anon,b) M(Gu y,b)) Exemple 1.6 Les répertoires qui ne peuvent être modifiés par Guy ne peuvent l être par Manon. Remarquons que l expression «Les répertoires» a ici le sens de «tous les répertoires» ou «chaque répertoire». Passons à la forme passive et introduisons clairement les mots clés si.. alors... Pour chaque répertoire B, si ce répertoire B ne peut pas être modifié par Guy alors ce répertoire B ne peut pas être modifié par Manon. B R, M(Gu y,b) M(M anon,b)

1.5. QUANTIFICATEURS IMBRIQUÉS 13 Exemple 1.7 Il existe un employé qui peut modifier tous les répertoires. Forme passive où les sujets apparaissent au début de la phrase : Il existe un employé x tel que chaque répertoire B peut être modifié par cet employé x. x E, B R,M(x,B) Voici deux erreurs types. La première consiste à copier la structure de la phrase initiale. Il existe un employé qui peut modifier tous les répertoires. x E,M(x, B) Mais un quantificateur ne peut pas être sujet d un prédicat : pas de ou àl intérieur du M. La deuxième erreur consiste à inverser l ordre des quantificateurs, ce qui modifie complètement le sens de la phrase. B R, x E,M(x,B) Cette proposition signifie que pour chaque répertoire B, il existe au moins un employé x (qui dépend du répertoire B) tel que x peut modifier B. Chaque répertoire peut donc être modifié par au moins un employé, mais ce n est pas nécessairement le même employé qui peut modifier tous les répertoires.