La filière ovine en Drôme 1 Analyse macro-économique 1.1 - Analyse du marché Organisation de la filière à l échelle nationale La production française représente moins de la moitié de la consommation nationale. Il y a très peu d exportations. 3 grandes régions de production : - Le Sud-Est - Le Centre-Ouest - Le Sud du Massif central On observe un maintien de la production dans le quart Est, alors que sur le reste de la France les effectifs sont en baisse. 2 bassins principaux de consommation : - le Sud-Est (qui produit seulement 25% de sa consommation) - Paris et la région parisienne 3 provenances pour les produits consommés : - la France : 47 % de la consommation. Produit le plus cher - la Nouvelle Zélande : 12 % de la consommation. Produit le moins cher - l Europe (Irlande, Grande-Bretagne) : 32 % de la consommation. Produit intermédiaire. - Autres (Espagne, Pays Bas) 8 % Il n y a globalement pas de problèmes d écoulement de la production française. On observe néanmoins une baisse de la consommation et une baisse de la production française. La part de l agneau Néo-Zélandais réfrigéré dans les importations a fortement augmenté : de 22% en à 42 % en 28. 1.2 - Caractéristiques de la production agricole drômoise Voir tableaux en fin de texte Analyse de la situation drômoise - Depuis, on assiste à la baisse de la population ovine de près de 8 % en 8 ans. Cette baisse a été plus importante les 3 dernières années (-5% de 25 à 28 contre -3 % de à 25). Une baisse particulièrement élevée des effectifs et de la production est observée entre 27 et 28. Cela est du vraisemblablement à plusieurs facteurs : les sécheresses successives, le découplage des aides de 25 et des cours peu favorables. - On observe en parallèle une augmentation des surfaces en landes et parcours. La filière se développe vers un pastoralisme recherchant des baisses de coût de production (sylvopastoralisme).
- La baisse des effectifs affectent principalement les deux grandes régions ovines (Diois et Baronnies). Sur le reste du département les effectifs restent stables. - Le nombre d exploitations a baissé de 2 % de à 28 contre une baisse de seulement 8% du cheptel. Il y a donc un phénomène de concentration des cheptels. Cette concentration s est développée plus particulièrement en première partie de la décennie (de 139 brebis/exploitation en à 153 brebis/exploitation en 25). Depuis 25, on assiste à une stabilisation de cette concentration avec 158 brebis/exploitation en 28. - Proportionnellement au nombre d exploitations, la pyramide des ages des exploitants individuels n est pas modifiée. Il y a développement des structures en sociétés (GAEC, EARL) Analyse de la situation française entre et 28 On assiste à une forte baisse de la production de viande ovine française (- 17%), principalement autour de 27-28.Dans la Drôme cette baisse est moins significative, elle semble atténuée par une augmentation du poids des carcasses des agneaux. 1-3 Les acteurs des filières drômoises Organisation de la filière à l échelle drômoise La collecte des animaux est réalisée par 2 coopératives : - la Coopérative Die-Grillon - la Coopérative Agneau des Alpes Environ 4 % des éleveurs de la Drôme adhérent à ces coopératives. Ils représentent 6 % de la production. Les 4 % restants de production sont commercialisés via les bouchers, les négociants en bestiaux, les chevillards et en vente directe. On estime la production destinée à l Aïd El Kébir et au marché musulman d une manière général à entre 15 et 2% de la production drômoise, la vente directe est très développée sur ce segment de marché. De nombreux labels de qualité existent :, Label Rouge agneaux de Sisteron, Agneau de l Adret, Agneaux bio, Marque Parc du Vercors. Les coopératives vendent ensuite à des opérateurs pour la commercialisation. (Ex : SICA de Grillon, Groupe Dufour à Sisteron) 2. Analyse micro-économique 2.1 - Les systèmes ovin drômois Dans la Drôme, il existe différentes manières de produire du mouton. En regroupant les élevages qui se ressemblent par type, nous distinguons deux fonctionnements d exploitations différents.
Les systèmes fourragers Le territoire de ces exploitations est constitué à la fois de parcours et de terres labourables, la surface de ces dernières est relativement importante (plus de 2 ha). Ces exploitations se situent principalement en montagne sèche (Diois, Baronnies, Pays de Bourdeaux) mais également sur des zones humides (Vercors, Royans) et en secteurs de piémont. D autres productions peuvent être associées aux ovins : grandes cultures, plantes aromatiques, arboriculture, ) La présence de terres labourables permet la culture de céréales et de prairies temporaires. Grâce à la production de ces surfaces une grande partie de l alimentation distribuée est produite sur l exploitation. Les mises bas ont lieu en automne hiver. Les besoins de lactation des brebis et d alimentation des agneaux sont couverts par les récoltes (foin et céréales). Les parcours contribuent principalement à couvrir les besoins des brebis à l entretien. 2.2 : L évolution économique des systèmes ovins Les systèmes pastoraux Le territoire de ces exploitations est constitué de surfaces importantes en parcours par rapport aux terres labourables (moins de 2 ha). Ces exploitations se situent sur la zone sud du département (Baronnies, Diois). D autres productions peuvent être associées aux ovins : plantes aromatiques, arboriculture, ) Sur les terres labourables, l implantation des prairies temporaires voire de céréales permettent des récoltes qui assurent l alimentation des agneaux et une partie des besoins hivernaux d entretien des brebis. Ces récoltes peuvent être complétées par des achats extérieurs. Les mises bas ont lieu en automne ou au printemps. La lactation des brebis et, dans certains cas, l alimentation des agneaux sont assurés par les parcours et les prairies non fauchables aux périodes des pousses de l herbe (printemps et automne). Le pâturage hivernal sur parcours couvre une partie des besoins d entretien des brebis. 16 14 1 EVOLUTION DU RESULTAT DES EXPLOITATIONS OVINE (données réseau d'élevage Chambre d'agricuture) 1 8 6 26 27 28 4 Systéme pastoral spécialisé Systéme pastoral + lavande Système fourrager + noyer
Sur les trois dernières années on constate une baisse du résultat économique des exploitations ovines Drômoises. Cette baisse est attribuée essentiellement à une forte augmentation des intrans (alimentation, fertilisation, mécanisation,..). 3. Les enjeux de la filière L enjeu majeur de la filière ovine passe par le maintien du potentiel de production sur la zone défavorisée Drômoise, pour ce faire différentes pistes de travail peuvent être proposées. - Favoriser la cohabitation de différents mode de commercialisation, circuit traditionnel (GPO, chevillards, bouchers, ) et vente directe au consommateur (vifs, viande, produit transformés). - Maintenir et rendre accessibles les outils d abattage drômois et des départements voisins à l ensemble des acteurs de la filières (de l éleveur au consommateur), développer des outils de travail collectifs (transports vifs et viande, salle découpe, laboratoire de transformation). - Accompagnement des projets d investissements favorisant l amélioration des conditions de travail (bâtiment, contention, pastoralisme, ). - Améliorer la rentabilité des élevages par une meilleure productivité (plus de kg d agneau), encourager la production en périodes de manque d agneaux, valoriser les démarches de qualité existantes. - Réduire les coûts de production par, la recherche d une plus grande autonomie alimentaire, la valorisation des fumiers, l optimisation de la mécanisation. - S adapter aux changements climatiques, à court terme comme à long terme, évolution des systèmes fourragers, micro irrigation, recours aux surfaces pastorales. - Faire évoluer la réglementation pour permettre une plus grande flexibilité des systèmes d élevages ovins pastoraux (complémentarité entre montagne et plaine). - Obtenir des moyens efficaces contre la prédation qui se développe actuellement en zones de présence permanente des troupeaux (Pays de Bourdeaux) - Mettre à profit le bilan de santé de la PAC, favorable à la production ovine, pour adapter les systèmes d élevages ovins à 214. 8 7 Evolution du nombre de brebis déclarées (PCO) par secteur géographique nombre de brebis 6 5 4 3 1 25 29 Royans Vercors Diois Baronnies Bourdeaux Dieulefit Plaine rhodanienne Valloire Galaure herbasse Tricastin TOTAL DROME
Evolution de la SFP par secteur géographique hectares 45 4 35 3 25 2 15 1 5 25 29 Royans Vercors Diois Baronnies Bourdeaux Dieulefit Plaine rhodanienne Valloire Galaure herbasse Tricastin TOTAL DROME Nombre d'exploitations par taille de cheptel. nombre d'exploitations drômoises 2 18 16 14 12 1 8 6 4 2 25 28 < 49 5 à149 15 à 249 25 à 399 > 4
4 Les atouts - Un marché présent avec des démarches de qualité - Des modes de mises en marché diverses (Coop, bouchers, vente directe) - Des outils d abattages aux normes - Des systèmes d exploitations à orientation pastorale (économes, autonomes, flexibles) - Un bilan de santé de la PAC favorable à l élevage ovin 5 Les contraintes - La prédation qui se développe - Un potentiel de production en baisse (nombre de brebis et productivité) - Un revenu des éleveurs en diminution (prix de l agneau et intrants) - Des éleveurs âgés non remplacés - Une concurrence entre les différents mode de commercialisation - Une baisse de l activité des coop sur le département - Des coûts de collecte des agneaux importants - Une réglementation peu adaptée aux systèmes d élevages pastoraux 6 Les principaux enjeux - Obtenir des moyens efficaces contre la prédation - Maintenir le potentiel de production départemental, améliorer la production et la rentabilité des élevages - Favoriser la cohabitation entre les différents modes de mise en marché 7 Les actions proposées 7.1 - Actions collectives La prédation Les actions concernant la prédation doivent être poursuivies et amplifiées afin d aboutir. L élevage ovin ne se maintiendra qu avec une très forte régression de la prédation sur les troupeaux. La filière organisée (Coop) La filière organisée doit rester le mode de commercialisation dominant et être moteur pour l ensemble de la filière ovine drômoise : - Rencontre avec l ensemble des opérateurs de la filière (éleveurs, coopératives, structures de commercialisation, distributeurs), pour fixer un prix de kg d agneau prenant en compte la rémunération de l éleveur - Mise en place de contrats de mise en marché entre éleveurs et coopératives (volumes, type de produit, période de production et prix) - Développement des démarches de qualité existantes, prospection et mise en place de nouveaux débouchés : agneaux biologiques, filière Halal, brebis de réforme, restauration collective,
La filière vente directe Cette filière doit être organisée autour des structures d abattage existantes, qu il convient de conforter. - Mise en place d outils collectifs de transport d animaux, de transport de carcasses, de découpe, de transformation, de surgélation - Moraliser la vente directe aux consommateurs musulmans au travers de dispositifs répondant à leurs pratiques religieuses : choix des animaux en élevages, abattage rituel, stockage des carcasses, - Formation des éleveurs au transport des animaux vivants (CAPTAV). 7.2 Actions en élevage L amélioration quantitative et qualitative de la production drômoise passe par un accompagnement des élevages ovins. Accompagnement technique et économique - Proposer aux éleveurs ovins, en partenariat avec les différentes structures (Coops, Chambre d Agriculture, G.D.S.), un panel d appuis technico-économiques. - Favoriser la reprise des exploitations dont l exploitant arrive à l âge de la retraite. Accompagnement financier - Maintenir l enveloppe PMBE, permettant une modernisation du parc bâtiment ovin drômois (bergerie, stockage, contention, ). - Inciter par des mesures financières les élevages ovins vers une plus grande autonomie alimentaire (pâturage, aliment fermier, ). - Maintenir, au travers des PPT, les enveloppes financières orientées sur le pastoralisme (clôtures, eau, améliorations des parcours, ).